Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 17 capitoli

Pubblicato: 30-07-19

Ultimo aggiornamento: 15-08-19

 

Commenti: 29 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: Une nouvelle mission pour nos deux nettoyeurs va semer le trouble.

 

Disclaimer: Les personnages de "Le coeur et ses raisons" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Le coeur et ses raisons

 

Capitolo 5 :: chapitre 5

Pubblicato: 03-08-19 - Ultimo aggiornamento: 03-08-19

Commenti: Bonjour, voilà la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires. Oui, cette fic va être éprouvante. A savoir comment elle se finira, il vous faudra patienter ;). Tout ce que je dirai, c'est qu'elle éprouvera nos héros certainement au delà de leurs limites. Bonne lecture et merci pour reviews^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17


 

Chapitre 5  

 

Les quelques jours qui suivirent n’aidèrent pas Ryo à démêler ses sentiments confus. Au contraire, chaque jour qui passait pointait une petite chose qui le faisait pencher d’un côté ou de l’autre sans arriver à se fixer. Ca avait commencé le lendemain matin avec Kaori au réveil.  

 

- Debout Ryo., l’avait-elle appelé d’une voix douce, passant les doigts dans ses cheveux.  

 

Elle avait tellement rêvé de faire ce geste : sentir le soyeux de ses cheveux frôler la peau de sa main faisait battre son coeur plus vite. Ryo encore endormi se dit qu’il était encore au pays des rêves, là où sa Kaori se montrait douce et passionnée, où les réveils mokkori étaient permis et ne se terminaient pas par un coup de massue… Quand elle ébouriffa tendrement ses cheveux, il réalisa qu’il ne rêvait pas et grogna un coup pour la bonne mesure, ce qui la fit rire. C’était tellement plus agréable de l’entendre rire que hurler. Il se redressa sur les coudes et regarda son réveil.  

 

- Il est trop tôt., geignit-il, cachant sa tête sous l’oreiller.  

- Je sais. Prends ton temps… n’abuse pas quand même. Je te laisse ça sur ton chevet., dit-elle, le laissant.  

 

Il releva la tête et sentit l’odeur de café se répandre autour de lui. Elle lui avait amené une tasse de café au lit ? S’il n’avait été sûr de ses sens, il se serait certainement frotté les yeux pour chasser l’hallucination. Touché, il se leva et, assis dans son lit, attrapa sa tasse. Un peu mieux réveillé, il partit se doucher et entra dans la salle de bains. Il tomba nez à nez avec sa cliente sortant de la douche. Tous les deux surpris, ils ne réagirent pas immédiatement : Sasha était dans le plus simple appareil, laissant à la vue ses atouts féminins qu’elle cachait la plupart du temps sous des vêtements amples. Ryo n’arrivait pas à détacher les yeux de ce corps qui l’attirait comme un aimant. Il n’avait rien à lui reprocher. Elle avait des proportions comme il les appréciait et son œil de connaisseur lui certifiait que tout était cent pour cent naturel.  

 

- Ryo, attends avant d’aller à la salle de bains. Sasha y est., l’avertit Kaori au pied de l’escalier, mais il était trop tard.  

- Désolé. Je… je ne voulais pas…, bafouilla-t-il, sortant précipitamment de la pièce.  

 

Il se précipita dans sa chambre où il s’enferma, s’appuyant sur la porte pour remettre de l’ordre dans ses idées. Il aperçut la tasse et fixa son attention dessus. Penser à Kaori devint son mantra pour les minutes qui suivirent.  

 

Dans la salle de bains, la chanteuse regarda encore un moment la porte par laquelle il était parti puis sentit le rouge lui monter aux joues. Elle attrapa brusquement une serviette dans laquelle elle s’enroula puis se brossa les dents et se coiffa avant de sortir et se rendre dans sa chambre pour s’habiller. Lorsqu’elle ressortit pour rejoindre Kaori dans la cuisine, elle tomba nez à nez avec Ryo une nouvelle fois. Ils s’observèrent un instant puis détournèrent le regard, gênés.  

 

- Pour tout à l’heure…, commença-t-il.  

- Il ne s’est rien passé. C’était un accident., le coupa-t-elle brusquement avant de partir.  

 

Elle ne comprenait pas pourquoi son coeur s’emballait en le voyant. Cet homme était pris et elle le savait. Même si leur couple n’était pas officiel, il existait et elle n’était pas une briseuse de ménage. Elle retrouva Kaori et, prenant sur elle, entama une discussion légère qui lui permit d’oublier la gène de l’incident. Lorsque Ryo arriva, il se força à rester concentré sur Kaori alors que Sasha gardait obstinément les yeux baissés. Ils partirent ensuite au commissariat où Saeko interrogea la jeune femme.  

Deux jours plus tard, après deux réveils à la nouvelle mode Kaori auxquels il s’habituait rapidement, ils prirent tous trois la route pour Sendai, à quatre heures de Tokyo. Ils avaient dû batailler sec avec Jim qui avait déjà prévu un jet privé pour sa chanteuse. Kaori avait expliqué à Sasha l’aversion de Ryo pour les voyages en avion et la jeune femme n’avait pas hésité une seconde avant de le soutenir pour un voyage terrestre. Elle avait fini par planter son manager en hurlant qu’elle en profiterait pour voir un peu plus du pays que les salles de concert, que ça lui plut ou non.  

 

- Sinon, je peux m’arranger pour être indisponible pour les interviews que tu a programmées…, le menaça-t-elle, très sérieuse.  

 

Il la dévisagea durement puis tourna les talons. Elle soupira puis se mit à rire, relâchant la pression accumulée.  

 

- Je n’aurais jamais pensé que ça marcherait., avoua-t-elle, un grand sourire aux lèvres.  

- Tant mieux. Je ne l’aurai pas supporté longtemps. Allez les filles, on va préparer nos bagages et on prend la route., leur dit Ryo que l’homme insupportait de plus en plus.  

 

Le nettoyeur n’était pas naïf : il savait que Crow les observait. Il préférait garder la maîtrise de l’environnement et voyager par la route lui donnait cette maîtrise. Il connaissait sa mini, sa mécanique, ses bruits, ses réactions et, si Crow tentait de la piéger, il le saurait. Ce ne serait pas le cas en avion ou dans une voiture de location…  

 

Ils emmenèrent avec eux le carton de lettres de menaces reçu la veille. Arrivés à Sendai, ils s’arrêtèrent à l’hôtel où ils passèrent la nuit. A trois dans la même chambre, l’intimité était restreinte et la présence des autres se faisaient d’autant plus sentir. Peinant à trouver le sommeil, Ryo regardait le lit à côté du sien où les deux jeunes femmes dormaient paisiblement. Il était assis, le dos appuyé contre le mur, et avait une vue de leurs deux visages endormis. Son coeur battit un peu plus vite… mais pour laquelle ?  

 

Il regarda Kaori et son coeur se serra : il n’aimait pas la tournure que prenaient les évènements et craignait vraiment de la blesser. Lui qui avait fait le joli coeur pendant des années, courant après tout ce qui portait jupon dans Tokyo, n’avait pas vu ce coup-là venir. Au fond de lui, il n’y avait jamais eu qu’elle, même si longtemps il avait refusé de mettre un nom sur ce qu’il sentait. Il avait éprouvé du désir ou une certaine affection pour certaines clientes mais jamais à un niveau similaire à ce qu’il ressentait pour Kaori, jamais jusqu’à Sasha…  

 

Voyant sa partenaire remuer dans son sommeil, il se rallongea, une main derrière la nuque, et ferma les yeux, simulant le sommeil. Finalement, il sombra quelques minutes après dans un sommeil agité. Il fut réveillé au petit matin par le bruit de la douche. Ouvrant les yeux, il vit un spectacle rare mais qui affola ses sens : Kaori en sous-vêtements farfouillant dans son sac pour trouver des vêtements. Elle ne l’avait pas vu ouvrir les yeux et ne se doutait pas de la vision qu’elle lui offrait. Tel un félin, il se glissa sur le lit voisin et saisit sa taille, la faisant sursauter.  

 

Sans lui laisser le temps de réagir, il déposa une série de baisers le long de sa nuque et de son épaule. D’abord tendue, elle se laissa aller contre lui, frémissant à chaque attouchement. Lorsqu’elle sentit qu’il revenait en sens inverse, elle tourna légèrement son visage vers lui, lui offrant un meilleur accès à ses lèvres. Il embrassait la commissure de sa bouche lorsque la porte s’ouvrit brusquement, les laissant tous deux dans l’expectative.  

 

Le couple enlacé leva les yeux vers leur cliente. Le regard inconsciemment empli de défi de Ryo fit baisser les yeux à Sasha. Elle comprenait le message même si elle le trouvait injustifié : tiens-toi à l’écart, lui disait-il. Elle n’avait rien demandé, rien cherché. Elle ne voulait pas tomber amoureuse de lui parce que d’ici trois semaines elle serait repartie et que Kaori était ce qui se rapprochait le plus d’une amie pour elle et qu’elle ne voulait pas la blesser. Que pouvait-elle faire pour lutter contre les élans naturels ? Elle ne le savait pas. Ca ne s’apprenait pas dans les livres… Elle sortit mal à l’aise de la salle de bains et se réfugia dans le coin de la pièce où était posé son sac, lui prêtant une attention démesurément exagérée.  

 

- File prendre ta douche, Ryo. On va être en retard pour les répétitions., le poussa Kaori, les joues rosies par leur intermède amoureux et la gêne d’avoir été surpris.  

- Je suis désolée, Sasha. On ne voulait pas te mettre dans l’embarras., s’excusa la nettoyeuse.  

- Pas de problème. Les choses ont évolué, c’est bien., répondit la jeune femme, une pointe de jalousie lui taraudant le coeur.  

 

Elle n’aurait pas dû, elle ne voulait pas être jalouse mais c’était plus fort qu’elle. Kaori baissa les yeux.  

 

- A vrai dire, je ne sais pas trop où on en est. On ne s’est pas dits qu’on était ensemble. Il est juste plus… démonstratif.  

- C’est une bonne chose, non ?  

- Je pense. Enfin… j’espère., soupira Kaori.  

 

Toutes deux finirent de s’habiller en attendant Ryo et de partir à la salle Macana où avait lieu le concert. La salle plaisait plus à la jeune femme : plus petite, elle serait plus proche de son public. Le spectacle perdrait en faste mais gagnerait en chaleur. Le répertoire et la musique avaient d’ailleurs été adaptés en fonction. En revanche, la proximité posait un problème à Ryo. Ce serait plus compliqué pour lui de la protéger. Il savait qu’à la place de Crow, il profiterait de la configuration de la salle. Ils en avaient longuement parlé avec Sasha et elle avait accepté de porter un gilet pare-balles et d’adapter sa garde-robe en fonction. Elle savait que la performance serait encore plus difficile à cause de la chaleur supplémentaire qu’elle allait devoir supporter mais elle ne rechigna pas.  

 

Le concert commença à l’heure prévue. La foule était excitée et l’ambiance monta très vite. Tous les spectateurs dansaient sur place, la salle n’offrant que peu de places assises. Ryo était aux aguets, scrutant l’environnement du bord des coulisses, Kaori juste derrière lui. Elle surveillait la scène et s’assurait que Sasha ne serait pas empoisonnée. Dans leurs plans, elle était celle qui devait la mener lors de l’évacuation, Ryo les couvrant. Il n’aimait pas toute cette foule pressée sur le devant de la scène. Il n’avait que peu de visibilité.  

 

Sasha effectuait sa prestation sans se soucier d’autre chose que le show et de donner du plaisir aux personnes qui étaient là. Soudain, elle ressentit un profond malaise l’envahir et jeta un regard inquiet vers les coulisses. Les deux nettoyeurs saisirent le message, surtout qu’ils avaient tous deux ressenti cette aura néfaste à un degré plus ou moins élevé. Ryo avait déjà sorti son magnum muni d’un silencieux et examiné la foule et la salle. Kaori restait fixée sur la scène. Soudain, elle vit une lumière vaciller et leva les yeux. Elle vit une ombre au-dessus de la scène.  

 

- Là-haut !, hurla-t-elle à son partenaire qui visa et tira.  

 

Il rata sa cible mais vit avec horreur l’un des projecteurs se détacher et tomber droit sur sa cible. Réagissant immédiatement, il courut sur scène et plongea, attrapant Sasha au passage, le projecteur s’écrasant la seconde qui suivait à l’endroit où elle se trouvait sous les cris horrifiés du public. Ils atterrirent un peu plus loin, Ryo ayant réussi à se tourner d’un quart de tour pour tomber sur son côté plutôt que sur elle en maintenant sa tête contre lui. Ils restèrent ainsi un instant le temps de reprendre leurs souffles puis il desserra son étreinte.  

 

- Ca va ?, lui demanda-t-il, son souffle chaud caressant son oreille.  

- Oui., murmura-t-elle, ayant un peu de mal à reprendre pied.  

 

Il baissa les yeux vers elle et contempla son visage. Elle était livide et la pâleur de sa peau faisait ressortir le rouge de ses lèvres. Ses pupilles d’habitude bleu clair avaient viré au bleu profond et étaient dilatées par la peur qu’elle venait de ressentir. Elle était belle et il dut lutter pour ne pas se laisser aller et l’embrasser. Il était plongé dans son regard et avait oublié tout ce qui l’entourait. Ne restait que cette femme qui le regardait en retour perdue, comme en transe.  

 

- Sasha…, murmura-t-il.  

- Vous allez bien ?, demanda Kaori, inquiète en arrivant.  

 

Son intervention ramena Ryo à la réalité et il sentit la culpabilité de nouveau l’étreindre. Il avait tout oublié, il en avait même oublié Kaori…  

 

- Oui., répondit-il brusquement en se relevant.  

 

Il tendit la main à la chanteuse et la relâcha dès qu’elle fut debout. Le directeur de la salle arriva et ils se rendirent en coulisses. Malgré ce qui venait de se passer, Sasha voulut continuer le spectacle après qu’ils eurent nettoyé la scène des débris. Elle s’assit un moment, Kaori à ses côtés, et but. La bouteille tremblait dans ses mains, signe évident du stress qu’elle venait de subir. Malgré tout, au bout de cinq minutes, elle avait réussi à reprendre le contrôle et retourna finir son tour de chant sous les applaudissements et sifflets du public. Le spectacle se termina sans plus aucun heurt et ils rentrèrent à l’hôtel. Tous s’endormirent sans aucune difficulté, la fatigue ayant raison de leurs esprits agités.  

 

Ils reprirent la route le lendemain matin très tôt pour Sapporo. Le trajet de six heures jusqu’au ferry se passa dans un relatif silence. Sasha dormit une bonne partie du voyage, Ryo était perdu dans ses pensées et Kaori respectait le besoin de silence de son partenaire. Elle le sentait contrarié et se demandait ce qui pouvait autant l’éprouver car quelque chose lui disait que ce n’était pas seulement liée au Corbeau Noir. Elle l’aurait bien questionné mais n’osait le faire en présence de leur cliente. Ryo n’était pas du genre à s’épancher, encore moins en public.  

 

Arrivés sur le ferry, ils descendirent de voiture et se rendirent sur le pont. La nettoyeuse partit chercher des sandwichs et boissons pendant que Ryo restait seul avec leur cliente.  

 

- Je ne vous ai pas remercié pour hier soir, pour m’avoir sauvé la vie., commença la chanteuse.  

- Je n’ai fait que mon travail., éluda-t-il.  

- Un travail où vous pourriez perdre la vie à ma place… ou Kaori. Comment vous acceptez cela ? Je ne sais pas si je serais capable d’accepter cela de l’homme que j’aime., lui demanda-t-elle, détournant le regard pour fixer l’océan.  

- C’est notre vie. C’est tout. Nous avons fait un choix et l’assumons.  

- Vous n’avez jamais voulu changer de vie ?  

 

Ryo soupira et fixa l’étendue d’eau devant lui. Bien sûr qu’il avait déjà voulu changer de vie, à commencer par ne pas se retrouver seul dans la jungle à trois ans. Il y avait déjà pensé à plusieurs reprises, surtout lorsque Kaori avait été blessée ou avait failli mourir mais, au final, elle s’en était toujours sortie et la vie avait repris son cours. C’était illusoire de rêver d’autre chose : il se sentait une responsabilité envers ceux qu’il protégeait, Kaori, ses amis, ses clients, Shinjuku, Tokyo, même s’il l’aurait nié devant la plupart des gens. Il ne pouvait pas partir et tout laisser en plan. Il ne pourrait plus se regarder dans une glace après cela.  

 

- Comme tout le monde, je présume. Mais c’est ma vie., répondit-il sombrement.  

- Rien ni personne ne pourrait vous faire changer d’avis ?, insista-t-elle.  

 

Toi, pensa-t-il avant même d’y réfléchir. Il sentit un poids s’abattre sur lui. Ce n’était pas la réponse qu’il voulait. Abasourdi par le cours de ses pensées, il se tourna vers la jeune femme et l’observa. Il était tombé amoureux d’elle… Quel idiot ! Il ne pouvait pas être amoureux d’elle : il aimait Kaori. C’était Kaori, ça avait toujours été Kaori alors pourquoi ? Mais non, il ne pouvait se mentir : il était amoureux de Sasha. Il s’était épris d’elle. Il ne se rendait pas compte que ses sentiments transparaissaient dans l’expression de son visage, de ses yeux. Il ne se rendait pas compte qu’à quelques mètres de là, une autre personne réalisait ce qui se passait.  

 

Impuissante, le coeur serré, Kaori voyait la myriade d’émotions qui passait sur le visage de son partenaire. C’était déjà inhabituel en soi qu’elle put le lire mais ce qu’il laissait paraître lui donnait envie de hurler et de pleurer : il n’était pas seulement attiré par elle, il éprouvait des sentiments pour elle, ce qui expliquait son comportement étrange depuis le début de cette affaire. Il n’avait eu aucun geste déplacé envers elle, n’avait tenté aucune visite nocturne, ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : qu’il avait du respect pour elle, des sentiments assez forts pour ne pas la blesser. La question était : allait-il agir sur ses sentiments ? La question subsidiaire s’imposa d’elle-même à son esprit alors qu’elle ne voulait même pas l’envisager : à quel jeu avait-il joué avec elle dès lors ?  

 

Elle ne pouvait laisser ces questions parasiter leur mission et décida d’attendre. Elle reprit un masque neutre, ce qui ne fut pas une mince affaire, et les rejoignit.  

 

- Tenez !, dit-elle avec un sourire.  

- Merci Kaori. J’ai une faim de loup., s’exclama la chanteuse.  

 

Ils s’adossèrent au bastingage et mangèrent en silence. La traversée se termina dans une ambiance légère, Kaori décrivant à Sasha ce qu’elles observaient depuis le bateau. Approchant du port, ils regagnèrent la voiture et, quatre heures plus tard, arrivèrent à Sapporo. La journée étant bien avancée, ils dînèrent en ville puis rejoignirent leur hôtel. Ils laissèrent leur cliente se doucher en première, profitant de ce temps pour revoir le planning du lendemain.  

 

- La journée est plutôt calme. Il y a deux interviews programmées mais elles seront tenues à la salle. Ca nous laissera du temps pour prendre connaissance des lieux et peut-être même avancer sur ces fameuses lettres.  

- Oui., répondit brièvement Kaori, mal à l’aise.  

- Ca va ?  

- Oui.  

- Kaori, il y a un souci ?, lui demanda Ryo, fronçant les sourcils.  

 

Il tendit la main pour remettre une mèche de cheveux derrière son oreille mais elle s’écarta. Il allait lui en demander la raison lorsque la porte de la salle de bains s’ouvrit et Kaori se détourna.  

 

- Je vais prendre ma douche si tu veux bien. Je suis fatiguée : je voudrais me coucher.  

 

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et s’enferma dans la salle de bains. Sasha se tourna vers lui.  

 

- Il y a un problème ?  

- Non, non. Tout va bien., répondit-il, évitant de la regarder.  

 

Pourquoi avait-il la désagréable sensation que tout lui échappait ? Ses sentiments, Kaori, rien n’était comme d’habitude. Ca n’allait pas. Le pressentiment qu’il avait eu au départ de cette mission se réalisait et il n’aimait pas cela. Il devait reprendre le contrôle : c’était indispensable pour pouvoir continuer dans de bonnes conditions à la fin de cette mission, quand elle repartirait et que tout reprendrait sa place.  

 

La journée du lendemain se déroula à vitesse grand V. Les répétitions s’enchaînèrent, entrecoupées par les interviews. Toute la journée, dès qu’il essayait de grappiller quelques moments un peu plus intimes avec sa partenaire, elle était indisponible. Il ressentait son hésitation et il était à deux doigts de jurer qu’elle l’évitait volontairement. Elle lui manquait. Leur complicité lui manquait. Il avait besoin d’elle comme jamais et elle ne semblait pas s’en apercevoir. Il avait besoin d’elle pour combattre cet amour naissant qui semblait tout éradiquer sur son passage et il ne pouvait admettre que cela balaierait également les sentiments qu’il éprouvait pour Kaori. Il ne pouvait accepter trahir ainsi la jeune femme et par delà son frère, son meilleur ami disparu.  

 

Ils se retrouvèrent à trois dans la loge. Kaori ajustait le gilet pare-balles sur Sasha, réprimant la boule d’angoisse qui semblait grossir dans sa gorge, l’obligeant à prendre de profondes inspirations pour pouvoir respirer, chasser ce sentiment d’oppression. Ils partirent ensuite en direction des coulisses. Le spectacle commença dans une salle surchauffée, survoltée. Les spectateurs dansaient et chantaient en même temps que la chanteuse.  

 

Des coulisses, les deux nettoyeurs observaient la scène, la salle. La tension née de l’attaque il y a deux jours était remontée au début de la soirée et leur avait permis d’occulter les sentiments personnels qui les agitaient. Du mouvement attira l’oeil de Ryo dans les coulisses de l’autre côté qui étaient condamnées comme il l’avait vérifié plus tôt. Il avertit Kaori qu’il partait de l’autre côté et elle avança en bord de coulisses pour prendre sa place.  

 

Arrivé de l’autre côté, il vérifia les lieux et ne trouva rien. Ressortant, il trouva une note à son attention collée sur la porte. Il la prit et l’ouvrit. Les mots qu’il lut le mirent en fureur : « laquelle des deux vas-tu sauver ? Peter » Il retourna en bord de scène et, à peine quelques secondes plus tard, il avisa les points rouges visant chacune des deux jeunes femmes. Son coeur s’arrêta de battre puis repartit à une vitesse folle. Il n’avait aucun choix à faire, de toute façon il en aurait été incapable. Il ne lui restait que la logique et un coup de pouce du destin. Il courut sur la scène au moment où il entendit qu’on armait les chiens. Pourquoi fallait-il qu’il tomba sur le seul homme ambidextre capable de tirer parfaitement et simultanément avec deux armes ?  

 

Tout en s’élançant sur la scène, il dégaina son python. Il attrapa Sasha au vol, entendant les deux coups de feu partir, et tira pour stopper la deuxième balle. Il atterrit lourdement sur le sol avant de se tourner pour protéger la chanteuse de son corps. Il l’aida à se relever et l’emmena en courant en coulisses. Dans la salle, les spectateurs criaient et couraient vers la sortie. Ryo chercha des yeux Kaori et la retrouva, arme à la main, cherchant le tireur. Elle n’avait rien et il respira un peu mieux.  

 

Il se concentra et chercha la présence de Peter mais il était déjà parti. Il serra les dents de rage et rangea son arme, faisant signe à sa partenaire d’en faire autant. Il se retourna et trouva sa cliente, livide et en larmes. Sans réfléchir, il la prit dans ses bras pour la rassurer… pour se rassurer ? Il sentait son corps pressé contre le sien, son souffle sur son torse, les larmes qui humidifiaient son tee-shirt et ses sens s’apaisèrent à ces sensations. Il resserra son étreinte sur elle comme pour mieux la protéger. Elle releva la tête vers lui et il la regarda intensément. Il la sentit trembler dans ses bras et, sans réfléchir, approcha son visage du sien. Elle le regarda interrogative, ses yeux s’agrandirent. Lui restait hypnotisé et approchait toujours plus ses lèvres. Lorsqu’elle sentit son souffle sur sa joue, Sasha sortit de sa transe et s’écarta brusquement de lui.  

 

- Non. Je… je ne peux pas… Je ne peux pas faire ça à Kaori., dit-elle, les larmes aux yeux.  

 

Elle recula et croisa Kaori qui arrivait au niveau de leur rideau de séparation. Elle la regarda et baissa les yeux. La nettoyeuse tourna le regard vers son partenaire. Il avait l’air hagard, comme sorti brusquement d’un rêve, et lorsqu’il leva les yeux sur elle, elle lut toute la culpabilité qu’il éprouvait. Son coeur se brisa mais elle se retint de s’enfuir en courant. Elle devait rester professionnelle même si la femme qu’elle protégeait était la femme qui risquait de lui ravir son homme. Elle avait une mission, ils avaient une mission et rien ne ferait échouer City Hunter. Pour une fois, elle ne serait pas le coeur mais la raison de City Hunter. Et après cette mission… après il aviseraient. Peut-être que les choses changeraient vraiment mais pas dans le sens où elle l’avait pensé… 

 


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