Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 17 capitoli

Pubblicato: 30-07-19

Ultimo aggiornamento: 15-08-19

 

Commenti: 29 reviews

» Ecrire une review

 

RomanceDrame

 

Riassunto: Une nouvelle mission pour nos deux nettoyeurs va semer le trouble.

 

Disclaimer: Les personnages de "Le coeur et ses raisons" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

Can I have my fanfiction proof-read?

 

Yes. You just have to choose one of the beta readers of HFC and contact that person by email. Don't forget to indicate the name of your beta reader when posting your story on HFC. Thanks.

 

 

   Fanfiction :: Le coeur et ses raisons

 

Capitolo 11 :: Chapitre 11

Pubblicato: 09-08-19 - Ultimo aggiornamento: 09-08-19

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Merci pour vos retours sur les derniers chapitres. Rkever, concernant le sujet sur lequel j'ai mis un avertissement, il concerne le chapitre 16 et si je le dis, je spoile toute l'histoire ;). Alors encore un peu de patience et pour ceux qui n'aiment pas cela, Le chapitre 14 pourra se présenter comme une fin intermédiaire. Pour la première fois, j'ai écrit une suite à une histoire. elle paraitra environ quatre semaines après la fin de celle-ci. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17


 

Chapitre 11  

 

Ryo regarda Kaori surpris puis lentement un sourire vint étirer ses lèvres alors que son coeur redoublait de vitesse : trois semaines maintenant, cela faisait trois semaines qu’il attendait cela avec impatience. Cela faisait trois semaines qu’elle était rentrée à la maison, cette maison qui n’en avait plus été une quand elle était partie, qui lui avait paru si sombre et vide, qui avait retrouvé quelques couleurs à son retour.  

 

Il lui avait dit qu’il lui laisserait le temps et il l’avait fait mais c’était bien connu : la patience et lui ne faisaient pas bon ménage. Alors il rongeait son frein en espérant chaque matin que les choses changeraient, qu’elle ferait un geste dans sa direction. Certains soirs il se couchait, d’humeur maussade car il n’avait rien vu, rien eu ; d’autres il se sentait plus léger car quelque chose s’était produit qui le laissait espérer. Il mourrait d’envie d’être avec elle, de la tenir dans ses bras, de l’embrasser à perdre haleine, de lui faire l’amour pendant de très longues heures mais il devait se contenter de ce qu’elle lui donnait et, pour le moment, cela se résumait à prendre leur repas ensemble, échanger quelques banalités et passer un peu plus de temps chaque jour avec elle sans être avec elle. Il n’avait jamais eu autant l’impression de marcher sur un fil au dessus du vide. Il aurait dû s’estimer heureux, surtout qu’il l’avait échappé belle à peine deux jours après son retour… Il grimaça au souvenir qui remonta.  

 

Les deux premiers jours après son retour, il avait voulu lui montrer que les choses allaient changer : il l’avait choyée, lui amenant son petit-déjeuner au lit, faisant le ménage, la suivant partout où elle allait. Il voulait se montrer présent et prévenant, trop certainement à son goût car le troisième jour, elle avait piqué une colère noire alors qu’elle allait partir à la gare.  

 

- Attends, je viens avec toi., lui avait-il dit, s’empressant de prendre sa veste.  

- Non ! J’y vais toute seule., avait-elle répondu en lui reprenant le vêtement des mains et le jetant sur le divan.  

- Mais je…  

- J’ai besoin de respirer Ryo ! Tu m’étouffes ! Tu veux certainement bien faire mais je ne veux pas d’un toutou ! Tu n’as jamais été à me coller ainsi et, franchement, je n’en peux plus., lui avait-elle expliqué.  

- Si tu veux que les choses s’améliorent, arrête de m’oppresser. Donc je vais à la gare seule et quand je reviendrai, tu ne seras pas là.  

- Et si je refuse ?, lui avait-il demandé, la voix emplie de défi.  

- Je m’en vais. Définitivement., avait-elle répondu, le toisant de son mètre soixante-dix passé.  

 

Il avait plié : elle pouvait bien se vanter d’être la seule femme, voire la seule personne à pouvoir le faire. Une heure plus tard, quand elle était rentrée, il était prêt à partir.  

 

- J’abdique pour aujourd’hui Kaori. Mais tu devras apprendre à faire avec moi, que ça te plaise ou non.  

- Non, Ryo. Si ça ne me plaît pas, je m’en irai. J’ai déjà trop donné. J’ai besoin de temps, je te l’ai dit. C’est à toi de faire avec.  

- Il faut être deux pour faire un couple, Kaori.  

- Je le sais. Six ans, j’ai attendu l’autre moitié. La situation ne te convient pas ? Alors je vais te soulager immédiatement., lui avait-elle annoncé, montant dans sa chambre.  

 

Il l’avait suivie en colère après elle parce qu’elle se défilait. Il comprit l’étendue de ses paroles quand il arriva à la porte de sa chambre alors qu’elle entassait ses affaires dans un sac. Il s’était alors senti blêmir. En deux enjambées, il était à son lit et posait une main sur son poignet, la retenant.  

 

- C’est bon, j’ai compris. Je… Je vais m’adapter mais ne pars pas. Je t’en supplie, ne pars pas., l’avait-il imploré.  

 

Elle l’avait fixé de ses grands yeux noisette où se mêlaient la colère, l’incertitude et la douleur. Ils étaient restés un long moment ainsi, les yeux dans les yeux, à communiquer sans un mot puis la tension était soudain retombée.  

 

- Je n’aurai pas dû rentrer., soupira-t-elle, reposant ses vêtements.  

- Si, tu as bien fait. Je n’ai pas été habitué à ce que tu me tiennes tête aussi longtemps.  

- Ce n’est pas nous tout ça, Ryo. Tu dragues, je te mets un coup de massue, c’est nous. Moi qui te menace de partir et toi me supplies de rester, ce n’est pas nous. Ca ne devrait pas être comme cela. S’aimer, ça devrait être simple.  

- Dans notre cas, ce n’est pas s’aimer qui est compliqué, Kaori. C’est de savoir pardonner et avancer parce que les blessures que l’on doit affronter sont profondes. Kaori…, commença-t-il, mais il laissa sa phrase en suspens.  

 

Il avait tu les trois mots qui voulaient sortir. Il n’aurait fait qu’envenimer les choses et il ne pouvait pas se le permettre. Ce n’était pas le bon moment. Il soupira.  

 

- Je vais te donner l’espace dont tu as besoin. Promets-moi juste de ne pas partir sans me le dire si vraiment c’est trop dur pour toi., lui demanda-t-il, résigné.  

- Je te le promets., répondit-elle.  

 

Il était parti sans un regard en arrière malgré l’envie qui le tenaillait. Ce jour-là, il avait marché un long moment dans la ville, sous couvert de faire le tour de ses indics. Il était rentré pour le déjeuner qu’ils avaient pris ensemble puis s’était enfermé dans sa chambre puis dans la salle de tir où elle était venue le chercher pour le dîner. Il avait laissé filer la semaine ainsi, lui laissant de l’espace.  

 

A de nombreuses reprises cette semaine-là, Kaori avait failli aller le trouver : elle avait envie de le voir, elle avait besoin de lui. Elle s’en voulait de cette dépendance qui lui semblait d’autant plus illogique qu’à chaque fois qu’elle passait du temps avec lui, elle ne pouvait s’empêcher de repenser à ce qui s’était passé et la colère reprenait le pas sur le reste. Pourtant chaque soir, elle prenait le temps d’y réfléchir et de tenter de trouver un moyen de parer cela. Elle avait vraiment envie d’avancer, de lui pardonner mais rien n’y faisait.  

 

Elle avait bien remarqué les efforts que faisait Ryo et avait une idée de ce que ça lui coûtait. Dans le fond, sans déprécier ses efforts, elle n’en demandait pas tant mais était touchée quand même. Pour une fois, il avait été clair sur ses intentions, ce qui n’était pas une mince affaire pour lui. Elle avait su en revenant à quoi s’attendre et quelque part la balle était dans son camp : c’était à elle de choisir ce qu’elle voulait. Enfin choisir… son choix était clair dans sa tête : rien n’avait changé, elle l’aimait toujours autant. Mais aujourd’hui et pour la première fois, le chemin du pardon et de l’oubli était beaucoup plus difficile.  

 

Après une nuit agitée, elle se dirigea vers la gare. Cela faisait huit jours qu’elle était rentrée, huit jours que le tableau n’affichait aucun message. Elle se retourna pour repartir et fut bousculée par quelqu’un. Son sac tomba par terre et elle se baissa pour le ramasser. Se relevant, elle vit un homme écrire les trois lettres attendues. Elle l’observa puis le laissa partir. Elle nota le message et l’appela une demie heure plus tard du Cat’s. Ils s’accordèrent pour se voir une heure après au café. Kaori prit enfin place au comptoir face à Miki et elles discutèrent de tout et de rien. Depuis une semaine, tous s’étaient accordés pour ne leur poser aucune question et éviter ainsi de leur mettre la pression. C’était souvent très dur pour l’ex-mercenaire qui s’inquiétait pour son amie mais elle arrivait à se tenir.  

 

Peu avant le rendez-vous, Ryo arriva au Cat’s. Umi apparut sur ses gardes mais, fidèle à ses récents principes, il se contenta d’embrasser Miki sur la tempe avant de s’asseoir en laissant une place vide entre Kaori et lui.  

 

- J’ai rendez-vous avec un client dans quelques minutes. Tu veux assister ?, lui demanda-t-elle, se préparant à devoir contrer ses arguments.  

- Oui, je veux bien. Ca t’évitera de devoir tout me répéter., répondit-il simplement.  

 

Le rendez-vous se passa sans encombres. C’était un homme qui recherchait sa jeune sœur qui avait fugué et qui apparemment était arrivée sur Tokyo. Ils acceptèrent l’affaire et Ryo invita même leur client à loger chez eux. Ils passèrent quatre jours à chercher la jeune fille, quatre jours à travailler ensemble, échanger simplement sur les pistes qu’ils trouvaient. Quand ils réussirent à mettre la main sur leur cible, ils furent soulagés : ils arrivaient encore à travailler ensemble comme avant, une collaboration sans heurt, presque intuitive.  

 

De ces quelques jours, découla un autre bienfait : Kaori avait senti sa colère revenir sous contrôle tout doucement. Elle pouvait être là avec lui sans lui en vouloir, sans repenser systématiquement à ça, même si elle ne se sentait pas encore très à l’aise en sa présence. Elle cessa peu à peu de lui lancer des regards glaciaux à chaque fois qu’il apparaissait quelque part et, peu à peu, ils purent cohabiter de nouveau.  

 

Ryo avait senti le vent tourner après la mission. Il en avait profité pour pousser un peu sa chance. Régulièrement dans la journée, il faisait exprès de passer dans les pièces où elle était, s’arrêtant parfois pour lui poser une question sur une bêtise puis repartant, s’attardant chaque fois un peu plus longtemps. Le soir, il s’asseyait dans le canapé et regardait les informations télévisées et, depuis qu’elle était rentrée, Kaori restait dans la cuisine jusqu’à son départ. Un soir cependant, elle vint dans le salon, s’installant sur le banc. Le soir suivant, elle s’assit sur le canapé à l’autre bout. Il ne dit rien, la laissant faire sans la brusquer. A la fin de cette deuxième semaine, ils regardaient les informations côte à côte comme avant. Il pouvait sentir son parfum de là où il était, il aurait pu tendre la main et la toucher même s’il ne le faisait pas. Elle était là à côté de lui et, ce rapprochement, c’était une petite victoire en soi.  

 

Kaori se leva un matin, l’estomac noué. Elle avait fait le programme de sa journée et elle devait s’y tenir même si ce serait dur. Ce serait un mal nécessaire pour avancer ou le déclencheur final de son départ… Elle ne savait pas encore. Pour l’heure, elle devait agir comme d’habitude. Elle alla prendre sa douche et descendit préparer le petit déjeuner. Elle avait à peine fini que Ryo apparut et prit l’initiative de mettre la table. Elle jetait des coups d’oeil furtifs vers lui, tentant de tirer de son image, de son amour pour lui le courage d’aller au bout de son acte.  

 

- Que se passe-t-il, Kaori ?, lui demanda-t-il soudain, bien conscient de sa tension.  

- Rien. Tu veux du café ?, l’interrogea-t-elle innocemment.  

 

Il acquiesça, sachant pertinemment qu’elle avait éludé sa question. Bon sang, ce petit de jeu de funambule commençait à lui peser. Il poussait le curseur tous les jours un peu plus loin mais jusqu’où pouvait-il aller ? Il pesait encore le pour et le contre de chercher à obtenir une réponse sur sa nervosité quand elle quitta la pièce. Il n’avait même pas remarqué qu’ils avaient fini, qu’elle avait tout débarrassé et nettoyé… Sans un mot, il la suivit et la trouva debout devant sa chambre. Elle fixait la porte d’un air douloureux, les larmes au bord des yeux.  

 

- Kaori, que se passe-t-il ?, lui demanda-t-il d’une voix douce.  

 

Elle hoqueta puis se tourna vers lui. Elle était livide et son air tourmenté lui fit mal.  

 

- Je dois changer tes draps et faire le ménage dans ta chambre., lui dit-elle, la gorge serrée.  

 

Il comprit : ce qui n’avait été qu’une tâche anodine jusqu’alors devenait une torture pour elle. Il se rendit compte qu’elle n’avait pas remis les pieds une seule fois dans son antre depuis qu’elle les avait surpris. Ce serait la première fois et c’était douloureux car elle savait qu’elle ne pourrait s’empêcher de revoir la scène.  

 

- Je vais m’en occuper., murmura-t-il, s’interposant entre elle et la porte.  

- Non ! Je… je dois le faire. Je ne pourrai jamais avancer sinon., répondit-elle, le repoussant.  

 

Elle posa la main sur la poignée, les larmes sortant d’elles-mêmes, puis l’actionna et poussa la porte. Incapable de bouger, elle resta sur le seuil, Ryo toujours à ses côtés. Elle revoyait tout : les draps défaits, leurs deux corps nus allongés l’un à côté de l’autre, complètement découverts, sans aucune pudeur, et cette odeur, une odeur de sueur mêlée à autre chose. Elle avait l’impression de la sentir encore et ça lui donnait la nausée. Elle avait besoin d’air. Elle pénétra dans la pièce, déterminée, et ouvrit toutes les fenêtres rageusement. Elle se sentit soudain vidée et fixa l’horizon, laissant l’air lui fouetter le visage.  

 

- Kaori., l’interpela Ryo.  

- Pourquoi Ryo ? Pourquoi elle a pu t’approcher alors que j’ai toujours dû rester à la porte ?, lui demanda-t-elle soudain.  

 

Il la regarda nerveux et entra dans la pièce, venant se positionner à ses côtés.  

 

- Je ne sais pas. Je m’inquiétais moins de sa sécurité certainement…  

- Parce que tu serais parti si tu l’avais choisie ?  

- Peut-être.  

- J’ai mal, Ryo. J’ai tellement mal.  

- Je ne voulais pas que tu l’apprennes ainsi., s’excusa-t-il.  

- Ce n’est pas le fait que tu aies couché avec elle, Ryo, même si ça ne me plaît pas., admit-elle.  

 

Elle se tourna enfin et fixa le lit d’un air lointain, tentant de raisonner ses sentiments et sa douleur.  

 

- J’ai mal parce que tu t’es autorisé à l’aimer en deux semaines, parce que tu as manipulé mes sentiments pour essayer de lutter contre cela. J’aurais tellement préféré que tu me parles. J’aurais voulu…  

- Etre ma partenaire plutôt que mon instrument., conclut-il sombrement.  

 

Elle le regarda et acquiesça.  

 

- Je suis désolé. Je n’ai pas réfléchi. C’était instinctif. Ce n’est pas une excuse, juste une explication, la seule que je pourrai te donner. Je n’ai pas compris et je ne comprends toujours pas d’ailleurs ce qui m’a attiré chez elle. C’était si fort que je pensais que c’était de l’amour mais ça différait de ce que je ressentais pour toi, alors je doutais, j’ai essayé de lutter avec mes moyens, maladroitement.  

- Ca, je l’ai compris, pas encore accepté mais compris.  

- Tu crois que tu as encore la force d’espérer pour nous ?, lui demanda-t-il, le coeur serré.  

- Je ne sais pas. J’espère que oui., répondit-elle.  

 

Elle avança vers le lit et commença à tirer les draps puis s’arrêta, prise d’un doute.  

 

- Rassure-moi : tu les as changés depuis ?  

- Oui., répondit-il en venant l’aider.  

- Merci., murmura-t-elle.  

 

Ils défirent les draps et elle les mit au lave-linge. Elle revint ensuite dans la chambre, le coeur un peu plus léger : le plus dur avait été fait. Ryo la regarda, gêné.  

 

- Je te le répète : je peux le faire. Tu n’as pas à faire le ménage dans ma chambre.  

 

Elle s’immobilisa et le regarda, incertaine. C’était une épreuve pour elle et elle avait très envie de sortir de là mais d’un autre côté…  

 

- Dis-moi Ryo, si… si on devient un couple, on emménagera dans la même chambre, non ?  

- C’est la logique, oui., répondit-il sans être sûr de voir là où elle voulait en venir.  

- Ta chambre est la plus grande, donc je suppose qu’on dormira ici.  

- On peut choisir une autre pièce : ce n’est pas comme si on manquait de place., dit-il, tentant de rester léger.  

- Cette pièce est la plus sécurisée, la plus spacieuse, sans aucun vis-à-vis donc c’est, dans la logique, ici que nous devrions dormir., enchaîna-t-elle, déterminée.  

- Oui., lâcha-t-il à contre-coeur.  

 

Ce fut certainement le moment où il se sentit le plus mal à l’aise depuis leurs retrouvailles. Il n’avait pas pensé à cela avant. Il en occulta même le bonheur qu’il aurait dû ressentir quand elle lui avait dit pourquoi elle devait le faire : pour y dormir à deux.  

 

- Alors laisse-moi. Je dois le faire et je dois le faire seule. Même si ça fait mal., avoua-t-elle.  

- D’accord., accepta-t-il à voix basse, puis il se reprit.  

- Je serai en bas si tu as besoin de te défouler sur moi., lui dit-il en lui adressant un clin d’oeil.  

 

Il sortit, le coeur lourd. Malgré son apparente légèreté, il était très tendu : il avait peur des conséquences de cette confrontation entre elle et ses souvenirs. Lui-même avait dormi dans le canapé pendant quelques jours après les évènements, le temps d’apprivoiser cette pièce qui lui semblait hostile. Il avait du prendre sur lui pour y entrer de nouveau et faire exactement ce qu’elle faisait : affronter ses démons en faisant le ménage.  

 

Il descendit à la salle de tir et s’exerça un long moment. Chaque minute qui passait, il espérait la voir débarquer et même qu’elle lui balança une massue sur la tête. Ca aurait été amplement mérité mais elle ne vint pas. Il consulta sa montre et vit que plus de trois heures s’étaient écoulées. Inquiet, il remonta, ne sachant pas trop à quoi s’attendre : préparait-elle simplement le repas, piquait-elle une crise où elle aurait tout démoli dans son antre ou était-elle dans son refuge entrain de faire ses bagages ? Il n’arrivait pas à savoir et la dernière possibilité le rendait terriblement nerveux.  

 

Il passa dans la cuisine mais rien n’y avait bougé depuis le petit-déjeuner. Il monta d’un pas lourd et s’arrêta devant sa chambre, sa main refusant de se lever pour actionner la poignée. Il soupira, frustré, se sentant ridicule : il n’avait jamais laissé la peur diriger sa vie… sauf la concernant se souvint-il amer. Il se força et ouvrit la porte. Il n’y avait aucune trace de Kaori et la photo de son frère était toujours là. Il relâcha le souffle qu’il avait retenu inconsciemment. Il referma la porte et se dirigea vers sa chambre. Il poussa la porte entrouverte et s’arrêta, l’observant : elle était là…  

 

Après le départ de Ryo, Kaori s’était équipée et avait entrepris de nettoyer à fond la chambre de son partenaire. Elle n’y était pas allée de main morte. Elle avait vidé son armoire, sa commode et avait tout récuré, intérieur et extérieur. Elle avait fait les poussières des meubles puis astiqué les objets qui étaient là. Elle avait lavé les vitres, changé les rideaux, le deuxième oreiller, la couverture ; si elle avait pu, elle aurait même changé le matelas… A défaut, elle l’avait aspiré et frotté jusqu’à en avoir mal dans les bras. Elle avait aspiré le tapis et lavé le sol. Elle n’avait pas vu le temps passer et elle s’en fichait bien à vrai dire. L’activité était cathartique.  

 

Quand elle eut terminé, elle refit le lit et, épuisée, s’assit dessus. Soudain, les vannes s’ouvrirent. Elle se mit à pleurer alors qu’elle ne pensait plus en être capable et à gémir. Ne voulant pas que Ryo s’en aperçut, elle attrapa l’oreiller à côté d’elle et l’écrasa sur son visage pour étouffer le bruit. La douleur étant trop forte, elle se laissa tomber sur le lit et ne lutta pas : il fallait la laisser partir. Au bout d’un très long moment, elle se calma enfin et, serrant toujours l’oreiller contre elle, fixa le radio-réveil sans le voir. Elle devait tenir le coussin de Ryo car elle sentait son odeur. Cela l’apaisa et, sans le vouloir, elle s’endormit.  

 

Ce fut ainsi qu’il la trouva, livide, ses joues marquées par les larmes, les paupières rougies et gonflées. Son coeur se serra mais il espérait que ce parcours qu’elle s’était imposée l’aiderait. Doucement pour ne pas la réveiller, il rajusta sa position dans le lit et la couvrit, caressant ses cheveux au passage, puis il la laissa. L’envie ne lui manquait pas de rester à la regarder mais il ne savait pas si elle réagirait bien et préféra ne pas tenter sa chance. Il descendit à la cuisine et leur prépara un repas.  

 

Anxieusement, il alla la voir régulièrement pour voir si elle dormait bien. Son sommeil était profond et apaisé. La crispation de ses traits s’était progressivement effacée. Pouvait-il penser que les choses allaient s’améliorer ? Il l’espérait. A défaut de l’avoir, il voulait au moins retrouver la jeune femme vive et enjouée, légère et drôle qu’elle était avant tout cela. Il ne voulait pas avoir tué cette personne-là : il ne pourrait se le pardonner.  

 

Quand elle se réveilla enfin en milieu d’après-midi, Kaori se sentait groggy et courbaturée comme si elle était passée dans une machine à laver. Elle croisa Ryo qui lui demanda comment elle se sentait, visiblement inquiet pour elle, et elle ne put que hausser les épaules : elle n’en savait rien. Elle ne se sentait ni mal ni bien, elle était comme anesthésiée. Il la força à avaler quelque chose puis à se poser dans le divan où elle resta silencieuse à contempler le plafond. Il s’était installé à l’autre bout et la veillait discrètement, un magazine à la main, un crayon dans l’autre. La journée se termina ainsi dans le silence.  

 

Quand elle se réveilla le lendemain matin, Kaori se sentait… légère. Pour la première fois depuis des semaines, elle n’appréhenda pas la journée qui s’annonçait. Elle se leva, se prépara et descendit faire le petit-déjeuner. En attendant que le café se termina, elle alla rassembler les magazines sur la table basse et prit celui que Ryo tenait la veille. Par pure curiosité, elle l’ouvrit, s’attendant à ce qu’il l’ait trafiqué pour cacher une des revues de prédilection et faillit tomber à la renverse.  

 

- Depuis quand il fait des mots croisés ?, pensa-t-elle tout haut.  

- Depuis que je me suis rendu compte que toutes les miss mokkori des revues ne valaient pas celle que j’avais à la maison…, murmura-t-il d’une voix chaude derrière elle.  

 

Son souffle caressa son oreille et elle ressentit une chaleur familière naître en elle. Elle baissa les yeux et partit vers la cuisine en marmonnant :  

 

- Le petit-déjeuner est prêt.  

 

Il l’avait suivie et n’avait pas rajouté un mot ni reparlé de la veille. Il l’observa longuement ce jour-là et se rendit compte que, petit à petit, la tension partait, ce qui le rassura. Alors les jours qui suivirent, il restait là, ni trop proche ni trop loin. Ils partageaient l’espace dans un silence relatif qui n’était ni tendu ni embarrassé, échangeaient quelques paroles par moments.  

 

Ce jour-là n’était pas différent. Ils étaient dans le salon, lui sur le canapé avec ses mots fléchés, elle faisant les poussières alors que les meubles brillaient de propreté. Il lui avait déjà demandé à plusieurs reprises de se poser, de prendre un livre ou autre et de s’asseoir mais elle ne voulait pas : elle avait besoin de bouger, de se tenir éloignée de lui. Elle sentait que l’intimité qu’ils partageaient avant était de nouveau là et cela éveillait en elle d’autres envies, d’autres besoins sur lesquels elle n’était pas encore tout à fait sure de vouloir agir. Alors non, elle ne voulait pas s’asseoir à ses côtés.  

 

Après coup, il ne souvint même pas de ce qui provoqua sa réaction. Ils étaient peut-être en train de discuter ou il avait exprimé une pensée à voix haute, il ne savait vraiment plus quand ça arriva. La première réaction du nettoyeur fut la surprise. Il ne s’y attendait pas. C’était comme sorti de nul part, un cri du coeur qu’on ne pouvait retenir. Puis un sourire prit possession de ses lèvres et il regarda cette femme qui faisait battre son coeur plus vite. Sa maison venait de retrouver toutes ses couleurs.  

 

Devant lui, ce merveilleux son qu’il n’avait pas entendu depuis des semaines enchanta ses oreilles : Kaori riait de bon coeur…  

 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de