Capitolo 7 :: Chapitre 7

Pubblicato: 05-08-19 - Ultimo aggiornamento: 05-08-19

Commenti: Bonjour, voici la suite de l'histoire. L'aventure continue. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

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Chapitre 7  

Le concert d’Osaka se révéla être un franc succès. Les spectateurs étaient contents de voir débarquer dans leur ville une star américaine qui en général se cantonnait à Tokyo. Le show était impressionnant et la chanteuse se démenait sur scène. Derrière le strass et les paillettes, c’était une toute autre façade. Les coulisses étaient une véritable fourmilière où les techniciens couraient dans tous les sens. Les deux gardes du corps étaient à leur poste, tendus à l’extrême. La journée avait été longue et difficile aussi bien professionnellement que personnellement.  

Kaori et Ryo faisaient tout pour limiter les contacts. Malheureusement, plus ils essayaient de s’éviter, plus ils se tombaient dessus. La jeune femme était tendue : c’était compliqué pour elle de garder un calme apparent alors que son coeur hurlait de douleur chaque fois qu’elle croisait son regard, qu’elle le voyait parler avec Sasha… Pourtant elle savait que, de son côté, il minimisait également les contacts avec la chanteuse mais il y avait ce lien indéfectible qui existait et grandissait maintenant également dans les yeux de sa rivale. Elle soupira, s’en voulant de la considérer ainsi, mais c’était plus fort qu’elle.  

Ryo maudissait Jim pour son œuvre et les conséquences qui en découlaient. Sans lui, pas de menaces sur la chanteuse, pas de Peter Crow dans la partie, pas de problèmes. Ils continueraient à mener leur vie comme avant, sans complication, sans douleur. En ce qui le concernait, les choses n’avaient pas évolué : il n’arrivait toujours pas à savoir laquelle il devait choisir. Ce qu’il savait, c’était qu’il avait envie d’elles, de les tenir dans ses bras, d’effacer la tristesse du regard de Kaori, la peur de celui de Sasha mais ça ne l’avançait pas.  

Il regarda la chanteuse évoluer sur scène, véritable symbole de féminité dans sa robe noire et ses escarpins. Elle se déhanchait avec grâce et sensualité, mettant ses sens en ébullition. Il tourna la tête et croisa le regard de Kaori un bref instant avant qu’elle ne le détourna. Il admira ses lèvres qu’il savait douces et chaudes, le profil de son visage qu’il avait rêvé de caresser du bout du doigt tendrement. Elle avait le don de l’apaiser en toutes circonstances. Elle le connaissait mieux que quiconque. Il n’avait même pas été étonné qu’elle comprit ce qui se passait, il aurait juste aimé lui épargner cette douleur.  

La tension monta d’un cran et tous deux se regardèrent : Crow était dans les parages. Pourtant, Ryo ne ressentit pas de tension meurtrière. Il leur faisait savoir qu’il était là mais apparemment il n’avait pas l’intention d’attaquer. Ils restèrent néanmoins sur leurs gardes jusqu’à la fin, jusqu’à leur arrivée dans la chambre d’hôtel. Ils sombrèrent dans un sommeil agité sans tarder. La journée qui suivit, ils reprirent la route et arrivèrent à Nagasaki après dix heures de route. Le prochain concert n’avait lieu que trois jours plus tard. Ils profitèrent donc d’une journée de répit pour se reposer et tenter de se détendre. Tenter parce que rester enfermés dans une chambre avec deux personnes qui nourrissaient la tension ambiante n’amenait pas forcément la détente.  

- Ca suffit !, gronda Ryo, soudain.  

Ils avaient passé la matinée à se chamailler âprement pour des petits riens, à se murer dans un silence oppressant en ce qui concernait Sasha. Il n’en pouvait plus.  

- On sort d’ici. On va finir par s’entretuer., leur dit-il, sombrement.  

- Avec Crow dans la nature ? Tu es inconscient., hurla Kaori.  

- Non, regarde-nous : on ne fait que s’engueuler ! Ce n’est pas possible, Kaori !  

- Tu veux quoi ? Tu veux que je m’en aille ? C’est ça, hein ? Dis-le., finit-elle dans un murmure.  

Elle se tourna pour cacher les larmes qui coulaient de ses yeux. Elle était fatiguée et à cran. S’il lui demandait de partir, elle le ferait peut-être. Elle n’était pas sure de pouvoir en supporter plus…  

- Vas-y. Dis-le : ce n’est pas compliqué. Tu l’as déjà fait avant., acheva-t-elle, la voix tremblante.  

Ryo approcha d’elle, nerveux, et leva la main pour la poser sur son épaule mais retint son geste, se souvenant de sa promesse de ne plus la toucher.  

- Je ne veux pas que tu partes., dit-il.  

- Je veux juste qu’on arrête de se disputer pour rien. Kaori…, l’appela-t-il doucement.  

Cesse de m’ignorer, l’implorait-il mentalement. Elle se tourna vers lui et leva le regard, captant le sien. Elle ne se disputait pas pour rien. Elle ne pouvait s’empêcher de le provoquer : elle voulait qu’il souffre autant qu’elle, qu’il réagisse parce que tant qu’il réagissait, cela signifiait qu’elle avait encore une chance. Non, elle ne se disputait pas pour rien : c’était son amour qu’elle voulait voir et elle ne savait pas comment faire. Elle ne pouvait décemment pas lui dire : aime-moi. Elle n’allait pas l’implorer…  

- D’accord, sortons., accepta-t-elle, d’une petite voix.  

Ils s’habillèrent, vérifièrent leurs armes et quittèrent la chambre.  

Entourant Sasha, ils se promenèrent dans la ville de Nagasaki, trouvant enfin un peu de détente malgré leurs sens en éveil. Ils virent le Pont Mégane qui portait bien ce jour-là son surnom de pont aux lunettes, les deux arches en pierre se reflétant dans l’eau qui coulait à ses pieds. Ils visitèrent ensuite le temple Kofukuji où Kaori s’isola un moment, éprouvant le besoin de prier. Ils reprirent la route peu après et marchèrent encore ainsi toute l’après-midi, finissant la journée dans un petit restaurant non loin de leur hôtel. La marche leur avait fait du bien et ils passèrent une soirée relativement agréable sans se chamailler.  

Le lendemain, ils se rendirent à la salle de spectacle pour les répétitions. Plusieurs interviews étaient encore une fois prévues dans le courant de la journée qui passa à une vitesse folle.  

- J’ai hâte d’en avoir fini., soupira Sasha en rentrant à l’hôtel le soir venu.  

- J’ai les pieds en bouillie. Pas vous ? Vous restez debout toute la journée, vous ne devez plus en pouvoir non plus., leur demanda-t-elle, curieuse.  

- Non, non ça va. Question d’habitude, certainement., répondit Kaori.  

- Tu devrais peut-être prendre un bain. Ca te relaxerait., lui conseilla-t-elle.  

Sasha acquiesça et se rendit dans la salle de bains, fermant la porte derrière elle. Les deux nettoyeurs restèrent seuls. Kaori s’allongea sur le lit, les mains derrière la nuque, une position que Ryo adoptait souvent, pensa-t-elle avec un pincement au coeur. Elle ferma les yeux, cherchant le repos, tentant de faire le vide dans son esprit. Elle sentait le regard de son partenaire posé sur elle et tentait de l’ignorer. C’était une sensation à la fois douce et douloureuse.  

La matelas s’affaissa mais elle l’ignora volontairement. Ryo s’était assis à ses côtés et la regardait, attendant un signe de sa part qui ne vint pas comme il s’en doutait. Il ne put s’empêcher de sourire face à son entêtement, sourire qui s’évanouit cependant rapidement.  

- Tu crois qu’on s’en sortira ?, lui demanda-t-il.  

- J’ai confiance en toi. Tu vaincras Crow., répondit-elle, refusant toujours d’ouvrir les yeux.  

- Je ne parlais pas de ça., rétorqua-t-il, avec un soupçon d’impatience dans la voix.  

- Je sais.  

Oui, elle savait. Elle savait qu’il parlait d’eux mais que pouvait-elle lui répondre ? Ce n’était pas elle qui avait les cartes en main. Il était le seul à pouvoir décider de son avenir, de leur avenir à tous les trois même. C’était à lui de décider de celle à qui il donnerait son coeur, de celle à qui il briserait le coeur. Elle sentit une larme échapper de ses paupières.  

- Pourquoi c’est si compliqué nous deux ?, lui demanda-t-il.  

- Pourquoi ça te paraît si simple avec elle ?, lui retourna-t-elle la question.  

- Tu n’as pas l’intention de me rendre les choses faciles ?, se moqua-t-il, tentant de ne pas laisser la tension s’accumuler.  

- Ca fait six ans que tu me mènes la vie dure, Ryo, six ans que je supporte toutes tes frasques, tes dérapages, tes inconséquences. Six ans que je vois le meilleur comme le pire venant de toi. Il y a six mois tu m’as fait comprendre que tu m’aimais et depuis plus rien. Elle arrive et tu t’intéresses à moi de nouveau. Tu m’as ménagée ? Non. Alors non, je ne te rendrai pas les choses faciles, Ryo., lui asséna-t-elle durement, le regardant enfin.  

- Qu’attends-tu de moi ? Je t’ai déjà dit que je t’aime. Je t’ai déjà montré quelle piètre partenaire je fais, que je donnerai ma vie pour toi, que je resterai contre vents et marées et même contre ton gré. Je ne peux pas faire plus.  

- Tu trouves encore le moyen de faire de l’humour…, murmura-t-il.  

- Et toi d’éluder.  

Il détourna le regard, gêné. Il ne pouvait plus la mener par le bout du nez comme avant.  

- Je ne sais pas quoi te répondre., soupira-t-il.  

- Je tiens à toi, Kaori, ne t’y trompe pas.  

- Mais tu tiens à elle aussi, c’est cela ?, acheva-t-elle, amère.  

Il acquiesça.  

- Je ne sais pas pourquoi c’est arrivé aussi rapidement. Est-ce parce qu’il y a moins de passif entre elle et moi, parce qu’elle n’est pas de ce monde, parce qu’elle vit au loin ?  

- Si tu la choisis, tu vas partir avec elle ?, demanda-t-elle, occultant tout le reste.  

- Je ne sais pas. Je n’en suis pas encore là., admit-il.  

Elle se tourna sur le côté et se recroquevilla en position foetale, comprimant la douleur qui la tenaillait. Elle avait la sensation que sa vie n’avait plus aucun sens. Elle lui avait peut-être donné les plus belles années de sa vie, avait risqué tellement de fois sa vie ayant une confiance aveugle en lui, tout cela pour rien ? Parce qu’elle savait que s’il partait, elle mettrait une éternité à s’en remettre, si elle y arrivait un jour. Elle finirait sa vie seule…  

- Je n’arrive pas à croire que je suis sur le point de tout perdre., murmura-t-elle dans un sanglot.  

- Je suis désolé, Kaori., dit-il en posant une main sur son bras.  

Elle le chassa brusquement, mettant sa main en opposition. Il la retira.  

- Laisse-moi s’il te plaît. Je suis fatiguée.  

Il la regarda un instant puis se leva, se positionnant près de la fenêtre, la regardant de loin. Elle finit par s’endormir. Sasha sortit de la salle de bains un peu après et échangea un regard avec Ryo. Elle se glissa dans le lit à côté de Kaori sans demander son reste, se sentant coupable de ce qui se passait entre les deux partenaires. Elle n’avait pas voulu s’immiscer entre eux mais c’était finalement arrivé et elle ne pouvait nier qu’elle était attirée par lui également. La nuit finit par les emporter au pays des songes.  

Le jour du concert, les répétitions se passèrent sans heurts et le concert se déroula sans accroc. Ils se retrouvèrent dans la loge de la chanteuse à la fin du spectacle et attendirent qu’elle se fut changée pour rentrer à l’hôtel. Ils montèrent en voiture et s’engagèrent dans la circulation de ce samedi soir.  

- On est suivis., murmura Kaori, jetant un œil dans le miroir du pare-soleil.  

- Je sais. C’est Crow., répondit-il, concentré.  

- Sasha, accroche-toi., la prévint la nettoyeuse.  

La chanteuse se carra dans le siège arrière, anxieuse. Ryo bifurqua pour s’éloigner de la circulation dense du centre-ville. Il ne tenait pas à faire de victime collatérale. Il s’engagea sur le pont qui enjambait la baie, accélérant dès que possible, s’éloignant de la ville, droit vers le port. C’était le seul endroit où il pouvait affronter Peter sans trop de risque. Certes, ce n’était pas le port de Tokyo dont il connaissait tous les recoins mais ça irait. Il pourrait mettre les filles à l’abri et s’occuper de son ex-compagnon d’arme.  

Il accéléra et réussit à mettre de la distance entre lui et leur poursuivant. Arrivé dans les dédales du port, il coupa les phares et se dirigea à la seule lumière de la lune. Jugeant avoir trouvé un coin suffisamment abrité, il s’arrêta et se tourna vers sa partenaire.  

- Vous allez rester ici pendant que je m’occupe du Corbeau., leur dit-il.  

- Ryo…, murmura Kaori, inquiète.  

- Kaori, je te confie Sasha. J’ai confiance en toi, partenaire., tenta-t-il de la rassurer.  

- D’accord.  

Il réprima l’envie de lui caresser la joue et sortit de la voiture. Il ouvrit le coffre et récupéra des munitions et un deuxième revolver. Il jeta un dernier regard dans la voiture puis s’éloigna. A peine fut-il parti que Kaori se tourna vers Sasha.  

- Venez avec moi, on va se planquer.  

- Mais Ryo ne va pas nous retrouver., s’exclama la chanteuse.  

- Si. On ne peut pas rester dans la voiture, on serait trop faciles à repérer mais on va en sortir et s’en éloigner un peu, c’est tout. Allez, on y va., l’enjoignit Kaori.  

Elles sortirent prudemment de la mini et Kaori lui prit la main pour ne pas la perdre. Elles avancèrent et trouvèrent un coin protégé par des caisses délabrées. Elles se cachèrent et attendirent.  

- Ne criez pas, ne bougez pas. D’accord ?, lui ordonna Kaori.  

Sasha acquiesça. Elle tremblait. Elle ramena ses genoux contre elle pour tenter de garder un peu de chaleur. Elle avait tellement froid.  

De son côté, Ryo s’était assis nonchalamment sur une caisse dans l’entrée du port d’où il vit arriver Crow. Celui-ci arrêta la voiture, laissant les phares allumés, et en sortit. Il s’appuya contre le capot.  

- Alors c’est ainsi que tu veux la jouer, Ryo ? Chevalier en armure blanche pour la damoiselle en détresse., déclara Peter amusé.  

- Je protège ma cliente., répondit Ryo.  

- J’espère que tu te l’aies faite. Elle est drôlement bien roulée., lança-t-il, narquois.  

- Quoique ta partenaire m’a l’air plus fraîche, plus innocente. L’est-elle vraiment ou l’as-tu roulée dans la luxure, Ryo ? Connaissant ta réputation, la demoiselle doit être rodée au sexe maintenant., continua-t-il, un sourire mauvais aux lèvres.  

- Je vais peut-être me la faire avant de te l’envoyer en enfer ainsi que la chanteuse. Ca sera une petite récompense à défaut d’être payé., acheva-t-il.  

- Tu ne toucheras pas à un seul de leurs cheveux. Tu n’en auras pas le temps., attaqua Ryo, la mâchoire serrée.  

Peter dégaina et tira. Ryo riposta en se jetant sur le côté. Le Corbeau Noir s’enfuit se mettre à l’abri d’un bâtiment, suivi de près par Ryo qui ne le lâchait pas. Les coups de feu fusaient, certains passaient près même. C’était toujours le même problème : ils étaient égaux… Ils tiraient, couraient, s’abritaient comme ils le pouvaient, ripostaient, chacun essayant d’avoir le dessus.  

Dans leur cachette, les deux jeunes femmes entendaient les tirs résonner entre les bâtiments. Kaori sursautait encore par moments malgré l’habitude, Sasha elle n’en pouvait plus. Elle pleurait un peu plus à chaque balle, frôlant la crise de nerfs. La nettoyeuse sentant sa tension extrême la prit dans ses bras malgré tout ce qui se passait. Elle ne pouvait se permettre de voir sa cliente s’enfuir à toutes jambes et atterrir au milieu du champ de tir. La chanteuse se laissa faire, tentant de faire abstraction de tout ce qui l’entourait.  

Ryo avançait prudemment, guettant le moindre bruit, entre les bâtiments. Crow n’avait pas tiré depuis deux minutes et il le cherchait. Ce rat s’était planqué. Une tension sur sa droite le prévint de l’imminence du tir et il eut juste le temps de se décaler pour ne pas recevoir la balle en pleine poitrine. En revanche, elle érafla allègrement son bras droit, lui causant une douleur intense. Il fit une roulade sur le sol et tira dans la direction. Le bruit sourd lui indiqua qu’il avait touché son adversaire également. Se cachant, il examina rapidement sa blessure. Rien de grave, ce serait juste une cicatrice de plus à son palmarès…  

- Alors Ryo, tu te ramollis avec le temps., le nargua Peter, malgré la douleur de la blessure à la cuisse.  

- J’ai le temps de partir en exploration et retrouver mes deux compagnes de jeux. Par laquelle dois-je commencer ? Laquelle est meilleure au lit, Saeba ?  

Ryo serra les dents. Il ne devait pas répondre : c’était de la provocation pour l’obliger à se dévoiler.  

- Je vais commencer par la japonaise. On dit qu’elles sont très dociles. C’est une soumise au pieu, ta partenaire ?  

Le nettoyeur eut un sourire ironique. Kaori soumise ? Ca se voyait qu’il n’avait jamais goûté à ses massues et autres kompeitos… Elle paraissait certainement très douce mais elle avait un tempérament volcanique. De feu et de flamme, surtout en ce qui le concernait et il aimait cela chez elle.  

Crow s’était levé et arpenté furtivement les environs. Sans le savoir, il approchait de la cachette où Kaori et Sasha étaient. La nettoyeuse attrapa la main de sa cliente et la fit sortir de là en restant dans la pénombre. Elles avancèrent doucement jusqu’au bout du bâtiment mais furent coincées : revenues près de l’entrée du port, elles n’avaient d’autres choix que de traverser un espace à découvert. Kaori tourna pour les mettre à l’abri. Elles entendaient le clapotis de l’eau à une dizaine de mètres, le bâtiment étant construit le long du quai. Elles devaient d’abord rejoindre la voiture garée, phares allumés au milieu du parking, avant de pouvoir continuer vers l’autre rangée de bâtiments, en tout cinquante mètres éclairés généreusement par le clair de lune.  

Elles s’élancèrent à vive allure, Kaori légèrement derrière Sasha pour la protéger. Soudain, un coup de feu résonna, vite suivi d’un autre. La nettoyeuse entendit la balle siffler derrière son oreille et accéléra le mouvement. Quand un autre coup de feu fut tiré, elle s’élança et atterrit lourdement sur le sol, cachée derrière la voiture où Sasha essoufflée l’attendait.  

- Elle a du cran en tous cas. Tu dois bien t’amuser, Ryo.  

- C’est une partenaire de choc, peut-être la meilleure que j’ai eue., répondit-il enfin, sortant de sa cachette, son python pointé sur Crow.  

Ses paroles firent un bien fou à Kaori qui rosit sous le compliment. Elle regarda un instant Ryo, droit et fier, sûr de lui comme jamais puis se tourna vers Crow qui sortait une deuxième arme de sa poche. La peur l’envahit. Elle vit les clefs sur le contact, la portière étant ouverte. Sans réfléchir, elle monta dans la voiture, mit le contact et accéléra, fonçant sur leur adversaire.  

Surpris, Crow pointa une arme sur chaque partenaire de City Hunter et tira. Kaori se baissa dans l’habitacle sentant les morceaux de verre se répandre sur et autour d’elle. Puis elle ressentit le choc violent d’une voiture qui percutait un corps, entendit le corps tomber lourdement sur le capot. Elle sentit ensuite que la voiture avait quitté la terre ferme et sut qu’elle allait plonger dans l’eau glacée du port. Elle banda tous ses muscles et se protégea la tête mais le choc fut suffisamment violent pour la sonner et la plonger dans le noir avant même que la morsure froide de l’eau ne l’atteignit.  

Figé par ce qui arrivait, Ryo resta immobile quelques instants puis courut jusqu’au bord du quai. La voiture sombrait et Kaori ne ressortait pas. Il retira ses chaussures prestement pour ne pas prendre le risque de couler à cause d’elles puis plongea. Il trouva sans mal la voiture et attrapa Kaori. Il réprima la peur panique qui s’insinua en lui en voyant ses yeux fermés puis remonta à la surface. Il les remonta tous deux sur le quai et allongea sa partenaire pour l’examiner. Sasha arriva, titubant, et se laissa tomber par terre.  

- Elle… elle va s’en sortir ?, bredouilla-t-elle.  

Ryo prit le pouls de Kaori et un sourire s’étira sur ses lèvres quand il le sentit fort et régulier.  

- Oui. Elle doit être sonnée. Kaori… Kaori…, l’appela-t-il, lui tapotant légèrement les joues.  

Elle poussa un léger gémissement de douleur avant d’ouvrir les yeux.  

- Ma tête…, geignit-elle.  

- Tu as dû te cogner., lui dit Ryo en voyant l’oeuf de pigeon qui se formait sur son front.  

- Le corbeau ?  

- Tu lui as fait prendre un bain de minuit définitif apparemment., répondit-il sombrement.  

Il appréhendait sa réaction.  

- C’était lui ou toi. J’ai choisi mon camp., dit-elle simplement en le regardant.  

Et toi quel est le tien ?, se retint-elle de dire. Mais il dut comprendre car il tourna la tête gêné.  

- Ca va, Sasha ?, lui demanda Kaori.  

- Oui, répondit celle-ci, livide.  

- Vous avez été très courageuse., lui affirma la japonaise.  

- Pas autant que vous deux.  

- Détrompez-vous.  

Ils virent bientôt débarquer une dizaine de voitures de police. Ryo les ayant entendues arriver était parti se cacher. Les deux jeunes femmes restèrent donc seules pour expliquer la situation. On ordonna la fouille du port et de toute la rade dès le lever du jour. Elles durent suivre les inspecteurs au poste de police pour faire leur déposition puis furent libérées vers quatre heures du matin. Ryo les attendait dans la mini, non loin du commissariat. Il les ramena à l’hôtel où elles purent enfin dormir. Ils reprirent la route en cours de journée, s’arrêtant à Hiroshima pour la nuit avant de rentrer à Tokyo. Un autre défi les attendait... 

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