Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Auteur: patatra

Status: En cours

Série: City Hunter

 

Total: 23 chapitres

Publiée: 02-03-11

Mise à jour: 19-07-22

 

Commentaires: 159 reviews

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GeneralDrame

 

Résumé: City Hunter n’existe plus. Après avoir accepté une mission, Kaori rencontre un homme qui veut détruire City Hunter et qui y réussit. Qui est cet homme ? Que veut-il à Ryo ? Comment réagit Kaori ? Pourquoi Ryo perd-il son ange ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Le vent", excepté celui de Keiji, sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo. Le personnage de Keiji m'appartient exclusivement.

 

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   Fanfiction :: Le vent

 

Chapitre 4 :: L'affaire

Publiée: 06-03-11 - Mise à jour: 30-06-15

Commentaires: mis à jour le 30/06/2015

 


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L’AFFAIRE
 

 

 

Kaori s’approchait du café de Miki. Une douce sérénité l’envahit lorsqu’elle ressentit en ces lieux la présence de l’être qui lui était le plus cher au monde. Elle respira un grand coup avant d’ouvrir la porte car elle se doutait bien que son chenapan de partenaire avait dû faire des siennes et qu’il lui faudrait faire preuve d’une grande mansuétude pour ne pas lui refaire le portrait. La journée était trop belle pour être gâchée par cet énergumène !  

 

— Bonjour tout le monde !  

 

Elle entra avec le sourire et ne jeta qu’un œil distrait au nettoyeur qui pleurnichait sur son sort dans un coin de la salle. Pour son malheur, il avait réussi à surprendre Miki par une entrée fracassante inédite, et avait failli se saisir de l’opulente poitrine de la mercenaire. Falcon avait alors fait preuve d’un sang froid exceptionnel, n’avait pas sorti de bazooka ; il s’était juste emparé du corps du dépravé en plein vol, tel un frisbee, puis l’avait noué comme s’il s’agissait d’une vulgaire cordelette. Il l’avait ensuite abandonné sans scrupule. Et Ryô était encore tout enchevêtré lorsque sa partenaire pénétra dans le café.  

 

— Bonjour Kaori, lui répondit sa meilleure amie. Tu as l’air de très bonne humeur on dirait, ajouta-t-elle, surprise du manque de réaction face au spectacle désolant du pervers.  

— Excellente, je l’avoue, força-t-elle un peu le trait.  

 

Elle lança malgré tout un regard noir à son acolyte qui essayait de démêler ses membres. Miki sourit en s’approchant doucement de son amie et lui demanda :  

 

— Un rapport avec ça ?  

Elle lui retira un brin d’herbe des cheveux et lui tendit avec curiosité.  

 

— Tu t’es roulée dans l’herbe avec ton amoureux ?  

 

Kaori rougit instantanément au souvenir de la récente rencontre et, fière de son effet, Miki toisa le nettoyeur, visiblement peu convaincu. Perdue dans son trouble, la partenaire de City Hunter ne perçut pas que Ryô, enfin dénoué, s’approchait d’elle, intéressé par la conversation. Ce dernier lui passa un bras autour des épaules, accentuant encore le far de la jeune femme. Il regarda l’ancienne mercenaire et leva l’index pour la rappeler à la raison.  

 

— Miki, Miki, Miki, sois donc un tant soit peu lucide et ouvre les yeux ! Notre petite Kaori n’aura jamais d’amoureux ! Quel homme normalement constitué pourrait être attiré par un tel travelo informe ? Si tu étais une vraie professionnelle et si tu avais le sens de l’observation, tu saurais que ce brin d’herbe n’est que la conséquence d’une mauvaise chute.  

 

Et, joignant le geste à la parole, il fit voler la jupe de Kaori, dévoilant ainsi les genoux en sang mais aussi la petite culotte blanche en coton. Alors que sa théorie se voyait confirmée, Ryô ne put endiguer le trouble dont il fut l’assaut. La culotte blanche, les cuisses dénudées mais aussi le chagrin qui éclaboussait la pièce ; tout cela tendait à le bouleverser. Un trouble dérangeant, où se mêlaient attirance refoulée, culpabilité de faire mal et plaisir de la blesser. Encore et toujours…  

Kaori, quant à elle, ne réagissait pas, assommée par la violence des paroles de l’homme qu’elle aimait et qui, ces derniers temps particulièrement, la couvrait de fiel et de méchanceté. Ce n’était pas tant la teneur de ses propos ; en cela elle était habituée. Non, c’était plutôt le ton qu’il employait, cette fêlure qu’elle décelait maintenant dans chacune de ses attaques. Fêlure qu’elle interprétait comme une exaspération d’elle-même. Se pouvait-il qu’elle l’insupporte à ce point ? Elle sentit les larmes monter mais elle ravala sa salive afin de garder contenance et refoula avec difficulté la peine qui la submergeait.  

 

— Va au diable, tu es monstrueux !  

 

Miki avait emprunté une massue à Kaori et venait d’envoyer Ryô s’encastrer dans le mur du fond. Il s’y incrusta merveilleusement. A croire que les murs étaient destinés à le recevoir !  

C’est le moment que choisit Saeko pour faire son entrée dans le café, accompagnée d’une charmante personne ; une jeune femme dont chacun des protagonistes put deviner qu’il s’agissait d’une future cliente de City Hunter. Kaori profita de cette diversion pour essuyer une larme persévérante qui avait, malgré ses efforts, trouvé le chemin de ses yeux. Ryô s’en aperçut et en fut contrit ; cependant il ne parut pas affecté, habitué qu’il était à dissimuler sa vraie nature, les sentiments dont il ne voulait pas prendre conscience. Il se précipita, au contraire, vers Saeko qui le reçut avec un genou dans l’estomac.  

 

— Chizu, je te présente Ryô Saeba, l’homme dont je t’ai parlé. Ryô, voici Chizu Makame. C’est pour elle que j’ai demandé à te voir.  

 

L’inspectrice fixa le visage de Ryô, espérant y voir apparaître rapidement un rictus immonde ; cela serait le meilleur signe de sa future acceptation de la mission. Hélas, le nettoyeur restait stoïque, imperturbable.  

Non pas que la jeune fille n’était pas à son goût ; non, c’était une parfaite miss mokkori, avec tout ce qu’il fallait là où il fallait, et il se serait bien volontiers conduit en pervers digne de ce nom si un regard noisette attristé n’observait pas toute la scène. Il savait qu’il n’avait plus le droit à l’erreur aujourd’hui et il ne souhaitait pas blesser davantage l’autre moitié de City Hunter.  

 

Toute l’équipe s’installa à une table : le nettoyeur et Saeko face à Kaori et la future cliente. Kaori se gardait bien d’échanger le moindre regard avec son partenaire ; elle n’avait pas encore pardonné l’humiliation des minutes précédentes.  

 

— Que nous veux-tu exactement Saeko ? s’enquit le japonais, bras croisés, prêt à encaisser la débauche de charme de sa plus ancienne amie.  

 

— Rien d’insurmontable pour toi, précisa la plantureuse inspectrice les yeux pleins de malice, juste une petite mission de protection. Dans les faits, pour être concrète, mademoiselle Makame est harcelée ; et ce depuis quelques jours.  

 

— Quelques jours ?  

 

Ryô était surpris. L’inspectrice ne venait vers lui qu’en dernier recours.  

 

— Quel genre de harcèlement ? demanda Kaori en se tournant vers Chizu.  

 

— Cela fait un peu plus d’une semaine que je suis suivie. A de multiples occasions dans la journée. Quand je vais au travail, quand je fais mes courses, quand je sors, je sens toujours une présence derrière moi. Je suis très prudente, je n’emprunte que des chemins très fréquentés, je vais vite et essaie de le distancer. Pourtant, cet homme est toujours là. Je ne le vois pas, je ne l’entends pas, mais je sais qu’il ne me lâche pas. Je ne parviens pas à échapper à sa vigilance.  

 

— Vous ne l’avez jamais vu ?  

 

Chizu secoua négativement la tête.  

 

— C’est maigre, non ? fit remarquer Ryô en prenant à partie l’aîné des Nogami.  

 

— Attends la suite, lui conseilla-t-elle.  

 

— Cela fait quatre soirs qu’il entre directement en contact avec moi, reprit la jolie japonaise avant de s’interrompre pour frissonner.  

 

Les deux nettoyeurs virent le visage de Chizu grimacer, ses mains se crisper sous l’angoisse qui était la sienne à l’évocation des derniers évènements.  

 

— Depuis quatre soirs cet homme parvient à s’introduire chez elle, relaya Saeko.  

 

— Et vous ne l’avez jamais vu ? demanda Kaori, ayant un peu de mal à comprendre le manège du harceleur. Vous n’étiez pas chez vous ?  

 

— Si, murmura Chizu. Je vois une ombre mais n’ai pu directement le voir. Par quatre fois, il m’a surprise par derrière. Par quatre fois, j’ai été enlacée par lui ; il me bâillonne d’une main et me parle à l’oreille.  

 

Devant la mine inquiète de Kaori, Saeko se hâta de préciser :  

 

— Il se montre menaçant mais n’a jamais eu de geste déplacé, il ne semble pas avoir de motivation sexuelle.  

 

— C’est vraiment étrange, ajouta Ryô avec une mine dubitative. Vous a-t-il parlé ? A-t-il exigé quelque chose ?  

 

— Lorsque je lui ai demandé ce qu’il attendait de moi, précisa Chizu, il m’a répondu que pour l’instant il me demandait d’avoir peur … juste d’avoir peur.  

 

Elle racontait avec un air glacé, visiblement terrorisée. Kaori posa la main sur celle de la jeune femme pour la réconforter, Chizu lui répondit d’un sourire et continua :  

 

— Il y a deux soirs, il s’est aussi excusé de me mêler à cette histoire mais il m’a dit qu’il n’avait pas le choix… Je n’y comprends rien mais j’ai très peur. Aidez-moi, je vous en prie.  

 

— Ce type a l’air cinglé, cependant il a eu maintes fois l’occasion de vous agresser et ne l’a pas fait. Je ne suis pas sûr qu’il ait de si mauvaises intentions envers vous Chizu. Pourquoi ne pas simplement demander la protection de la police ? intervint Ryo.  

 

— C’est ce que j’ai fait dès le premier soir où il a pénétré chez moi ; mais visiblement la présence de policiers n’a jamais empêché cet homme de récidiver.  

 

Elle regarda Saeko, qui donna quelques détails.  

 

— Il a réussi à déjouer la surveillance de tous les hommes que j’ai mis sur l’affaire. Trois d’entre eux ont été assommés. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de morts.  

 

— Je ne comprends pas trop les motivations de ce type. Si ce n’est vous faire peur. Ca n’a pas beaucoup de sens, poursuivit Ryô en observant avec intérêt la jeune femme. Peut-il s’agir d’un homme que vous avez éconduit ?  

 

— Absolument pas ! réagit immédiatement Chizu. Je n’ai aucune relation avec qui que ce soit, j’ai très peu d’amis et ne vois pas qui aurait intérêt à s’approcher de moi de la sorte.  

 

— Ah, rugit Ryô, une célibataire en plus ! Je suis comblé. MISSION ACCEPTEE !!!!  

 

Il s’élevait dans les airs en brassant avec énergie, prêt à se jeter sur la belle institutrice. Hélas, il fut cueilli en plein vol par une massue qui le projeta sur le sol. Il s’y encastra avec fracas, se perdant en injures pour le dragon impitoyable qui venait, encore une fois, de lui gâcher ses chances d’amour.  

 

— Pourquoi ne la mets-tu pas à l’abri ailleurs que chez elle, peut-être se lasserait-il ? proposa Kaori qui recherchait une autre solution que de faire de cette nouvelle rivale une nouvelle cliente.  

 

— Déjà fait, coupa l’inspectrice. Cette nuit, il est venu à bout de tous les dispositifs de sécurité d’un appartement dédié à la protection des témoins.  

 

Ryô s’était de nouveau assis et regardait Saeko en faisant la moue.  

 

— C’est un peu léger tout ça quand même, déclama-t-il le plus sérieusement du monde. Ne me dis pas que nous sommes la dernière solution envisagée. C’est un peu nous prendre pour des clampins.  

 

— Pour ton information, ajouta l’inspectrice en blêmissant légèrement, j’assurais moi-même la protection de Chizu cette nuit. Il a tout de même réussi à pénétrer dans l’appartement et à la menacer… Ryô, je n’ai rien vu, rien entendu, rien senti. Et je ne l’ai laissée seule qu’un instant. Comment quelqu’un peut-il me berner à ce point ?  

 

Le regard de Ryô s’assombrit. Il comprenait enfin pourquoi son amie faisait appel à lui. Saeko était une professionnelle hors pair, une tigresse aux aguets lorsqu’il s’agissait du domaine professionnel. Elle était plus que redoutable et ses aptitudes surpassaient de loin celles de tous ses collègues réunis. Kaori comprit également, au trouble de l’aînée des Nogami, que celle-ci avait laissé une part d’orgueil non négligeable dans le pseudo affrontement. Elle interrogea :  

 

— Chizu, quelqu’un a-t-il des raisons de vous en vouloir ? Avez-vous des ennemis ?  

 

— Je ne pense pas, répondit-elle immédiatement, j’ai une vie bien tranquille, je suis institutrice et je n’ai pas d’activité dangereuse. Du moins pas que je sache.  

 

Le nettoyeur se tourna vers l’inspectrice.  

 

— Tu as fait les recherches de routine ?  

 

— Nous nous intéressons tout de même à la famille Makame, dit-elle en évitant le regard de la victime visiblement gênée. Le frère de Chizu, Akimoto Makame, était un chef de la pègre de Kobe. Il a été impliqué dans de multiples trafics : drogue, armes, prostitution. Et je ne parle pas des innombrables exécutions et meurtres dont il est soit l’auteur, soit le commanditaire.  

 

— Je n’ai jamais eu aucune relation avec mon frère, se justifia l’institutrice dans un souffle. Nous avons le même père mais il n’y a que ça qui nous relie.  

 

— Akimoto Makame a été assassiné il y a quatre mois de cela, tint à préciser l’inspectrice.  

 

— Comment ça ?  

 

— Certainement un règlement de compte. Il a été assassiné dans sa cellule alors qu’il purgeait une peine de perpétuité dans un quartier de haute sécurité ; vingt-trois coups de couteau.  

 

— Le coupable ? s’enquit le nettoyeur passablement intrigué.  

 

— Jusqu’à maintenant introuvable… Vingt-trois coups de couteau et seul le dernier était mortel.  

 

Les deux membres de City Hunter haussèrent les sourcils dans un même mouvement, avant de recentrer leur attention sur la jeune institutrice. Le frère de cette dernière avait visiblement connu une dernière heure des plus éprouvantes.  

 

— Quand avez-vous vu votre frère pour la dernière fois ? questionna Kaori.  

 

— Il y a plus de quinze ans, confia Chizu. Je vous jure n’avoir rien à voir avec lui.  

 

— Effectivement, ça ne semble pas trop coller, confirma Saeko. Chizu et Akimoto n’ont jamais eu la moindre relation et à aucun moment le harceleur n’a fait allusion à quoi que ce soit. Et vu les casseroles d’Akimoto Makame, il y a fort à parier que les prisons regorgent de personnes qui rêvaient de lui faire la peau. Aucun lien mis à jour avec notre affaire pour le moment.  

 

— C’est que c’est particulièrement compliqué d’atteindre quelqu’un dans un quartier de haute sécurité, de le torturer sans attirer l’attention et de ne pas se faire attraper après l’avoir zigouillé. Des pistes quand même ?  

 

— Pas pour le moment, reconnut Saeko. Mais aucun des détenus du même quartier n’est sorti de prison. Le coupable est certainement encore dans la prison de Kobe.  

 

Ryô se tourna vers la jeune femme et la dévisagea longuement.  

 

— Nous devons travailler en confiance Chizu. Si j’accepte de vous protéger, il me faut connaître absolument tout ce qui vous concerne. C’est primordial, vous comprenez ?  

 

La jolie brune acquiesça silencieusement.  

 

— Avez-vous eu votre frère au téléphone avant son assassinat ou quelqu’un vous a-t-il questionné à son sujet ? Avez-vous reçu un paquet suspect ? Un cadeau ? Des affaires en héritage ?  

 

Chizu secoua fortement la tête.  

 

— Je vois où vous voulez en venir Monsieur Saeba, éructa-t-elle à mi-chemin entre larmes et colère. Jamais ô grand jamais je n’ai, de près ou de loin, mis le nez dans les affaires de ce monstre qu’était mon frère. Je n’ai absolument rien reçu après sa mort : ni colis, ni visite. Je travaille avec des enfants, je suis investie dans l’éducation de la jeunesse japonaise ; je n’ai jamais fumé ne serait-ce qu’une cigarette ou bu une seule goutte d’alcool. Rien dans les dernières semaines n’a éveillé mon attention. Mon existence est monotone Monsieur Saeba. C’est ainsi que j’aime la vie et le moindre changement est pour moi un bouleversement. Il n’y a rien eu. Et que vous me croyez ou non, je n’ai absolument rien à voir avec mon frère et cet homme n’y a à aucun moment fait allusion.  

 

L’argumentaire de l’institutrice suintait de sincérité. Rien ne semblait relier cette affaire au harcèlement dont elle était victime. Et il n’était pas non plus dans les habitudes de la pègre de terroriser de jeunes femmes pour récupérer une quelconque marchandise, ni pour obtenir des informations. Des méthodes plus brutales et plus radicales étaient alors de rigueur. Ryô ne l’ignorait pas et n’en était pas dupe. Cette affaire revêtait des côtés pour le moins inquiétants et son sixième sens était en alerte. Etrange.  

— Oh chère Chizu, dit-il d’un air des plus idiots. Cette vie monacale ne vous correspond absolument pas ! Vous êtes trop belle pour vous interdire d’être heureuse et aimée ! Il est recommandé dans un cas comme le vôtre de rencontrer un homme charmant et attentionné qui saura vous convertir aux plaisirs de l’amour !  

 

De la bave coulait déjà le long de son menton.  

 

— Ca ne court pas les rues des hommes comme ça Monsieur Saeba.  

 

— Ah ça, je ne vous le fais pas dire, intervint Kaori, tançant son partenaire d’un œil sévère, prête à dégainer. Les princes charmants c’est que dans les contes de fée !  

 

Ryô lui adressa une grimace qu’un enfant de cinq ans n’aurait pas reniée mais la perspective d’une massue le maintint à sa place.  

 

— Cela signifie-t-il que vous acceptez l’affaire, s’enquit Saeko sans dissimuler un certain soulagement.  

 

Redevenant brusquement sérieux, Ryô opina du chef.  

 

— Cet homme est dangereux Ryô, je le sais, dit-elle en insistant. Et en plus, il est doué.  

 

Il fut entendu que Chizu s’installait dans leur appartement le soir même. Kaori était partagée : elle avait conscience que la jeune femme avait besoin d’être secourue ; et nul autre qu’eux ne pouvait mieux assurer sa protection. Mais, dans le même temps, il faudrait ruser pour que son obsédé de partenaire ne parvienne pas à la séduire ! C’était peine perdue et, cela, Kaori le savait déjà. Elle en éprouvait, à l’avance, une très grande lassitude. Elle espérait donc que la mission serait ultra-rapide. Avec un peu de chance, le sinistre individu se ferait remarquer dans les prochaines heures, il aimait s’attaquer à sa victime dans la soirée. Il serait formidable que l’affaire soit réglée dès le lendemain. Elle afficha un air satisfait, convaincue qu’elle était des capacités hors du commun de City Hunter ; son invulnérabilité. Un simple détraqué, aussi malade soit-il, ne pouvait pas leur causer de souci. Elle lança discrètement un regard tendre à son associé, il lui avait laissé exceptionnellement traité la question de la rémunération avec Saeko, point ô combien délicat ; et elle avait négocié une bonne prime en concédant quelques coups, certes, mais cela, elle ne l’avouerait à Ryô que plus tard.  

 

Kaori installa confortablement Chizu dans sa chambre, elle avait prévu de dormir avec elle afin de mieux assurer sa protection, non seulement contre l’homme qui la harcelait mais aussi des visites nocturnes que ne manquerait pas de lui faire son pervers de partenaire. Elle admira discrètement la jeune institutrice. De longues boucles brunes encadraient un visage mutin qui dégageait un charme naturel, sa bouche fine laissait – rarement – apparaître un sourire parfait et ses grands yeux marron lui donnaient un air occidental. Mais ce qui attirait le plus le regard, c’était sa silhouette parfaite : des jambes fines et galbées, une taille de guêpe et une poitrine ronde et opulente, gage de promesses pour le dégénéré qui avait dû déjà noter tous ces détails.  

« C’est bien ma veine ça ! », se morfondit Kaori tout en baissant les yeux sur ses deux petits seins, Ryô allait s’en donner à cœur joie !  

 

Laissant Chizu prendre le chemin de la salle de bains, elle rejoignit son partenaire dans le salon et le trouva plongé dans ses pensées, scrutant les environs par la fenêtre.  

 

— Je viens d’appeler Mick et Falcon pour faire le tour de nos indics. Peut-être que quelqu’un a entendu parler de cette histoire, dit-il simplement sans même tourner les yeux vers Kaori. Je refuse de vous laisser seules aujourd’hui, on ne sait pas ce qui peut arriver même si je suis certain qu’il ne viendra pas ce soir.  

 

— Qu’en sais-tu ? demanda Kaori. Il a quand même pris l’habitude …  

 

— Il est déjà là, la coupa-t-il sans ménagement.  

 

La nettoyeuse écarquilla les yeux, incrédule, elle ne ressentait aucune présence.  

 

— Inutile, tu ne pourras rien ressentir, dit-il en voyant les efforts qu’elle faisait pour se concentrer, c’est une aura très diffuse, on peut dire qu’il maîtrise ses effets. Personnellement, je sais qu’il est là mais je n’arrive pas à le localiser précisément.  

 

— Vraiment ?  

 

Elle parut inquiète ; il lui adressa un sourire.  

 

— Pas de problème Sugar, la réconforta-t-il doucement. Il sait que je l’ai senti, c’est pour ça que je suis sûr qu’il ne viendra pas.  

 

Il fronça néanmoins les sourcils et parût songeur. Il parla sans même s’en rendre compte.  

 

— Je ne comprends vraiment pas ce qu’un homme comme lui veut à Chizu. Tout ça n’a pas beaucoup de sens.  

 

— Tu sais Ryô, il est parfois difficile de comprendre ce qu’un homme veut à une femme.  

 

Il resta interloqué et la considéra d’un air amusé. Elle ne se rendit pas immédiatement compte du double sens de ses paroles et ce n’est que lorsqu’elle vit le regard appuyé de Ryô sur elle qu’elle rosit et se mordit les lèvres. Elle détourna le regard, visiblement troublée.  

 

Qu’il l’adorait quand elle était ainsi ! Déconcertante d’innocence et d’une beauté sage et bouleversante. Il la couva d’un œil avisé et attendri. Dieu qu’il aimait ce corps qu’il décriait sans cesse ; il pouvait pourtant en dessiner les formes les yeux fermés. Oui, il connaissait chacune de ses courbes par cœur. Celles de son visage, dont elle ignorait la grâce ; tout comme celles de son corps ; sa poitrine, son cou, ses hanches. Oui, il connaissait chacun de ces détours. Il les trouvait harmonieux, élégants ; appétissants. Et, malgré tout ce qu’il pouvait en dire, nombreux pouvaient être les hommes prêts à se damner pour les posséder. Et lui, étalon de Shinjuku, n’échappait pas à la règle. Malheureusement non, il n’échappait plus à la règle !  

Pris dans son fantasme, il se laissa aller au rêve et déambula par le regard sur le corps interdit. Chaque parcelle visitée représentait un appel à la débauche, pouvait attirer ses mains, ses lèvres, sa langue. Qu’il devait être fascinant d’y voir naître le plaisir. Comment vivait-elle le plaisir, d’ailleurs ? Comment s’abandonnait-elle ? La question le déstabilisa quelque peu et une espèce de rage et de désespoir l’envahit. Le plaisir chez Kaori n’était pas envisageable ! Pas avec lui ! C’était ainsi…  

 

Il se força à revenir à la raison et à soutenir le regard suspicieux que sa partenaire fixait sur lui.  

 

— A quoi rêves-tu Saeba ?  

 

— Euh,… as-tu remarqué le pli rebondi de Chizu au niveau de son corsage ? Elle doit avoir les PLUS BEAUX SEINS QUE JE N’AI JAMAIS VUS !!!!  

 

Son visage avait pris l’expression d’un horrible carnassier pendant que ses mains mimaient une palpation mammaire.  

Il se mangea alors une massue 10 puissance 99 tonnes et perdit quelques dents par la même occasion. Il était vraiment, vraiment désespérant. Irrécupérable.  

 

Kaori avait à peine quitté la pièce, droite et fière, sa massue sur l’épaule que Ryô reprenait son air noir et se tournait vers la fenêtre.  

 

De l’autre côté de la rue, des prunelles dorées dissimulées derrière une paire de lunettes de soleil ne cessaient de regarder l’immeuble. Un homme de belle stature. Tendu et immobile. Concentré. Ressentant l’aura de Ryô, il ne put empêcher la colère et la haine de se répandre dans toutes les parcelles de son corps ; et il laissa ces sentiments dévastateurs lui déchirer les entrailles, y trouva même du plaisir. Le seul qu’il s’octroyait encore. La sensation était proche de la noyade ; la tête lui tournait, les battements de son cœur résonnaient frénétiquement dans son crane ; l’évanouissement guettait. Qu’il était grisant de sentir la vie affluer ainsi !  

 

Mais l’homme s’obligea bientôt à reprendre le contrôle de ses émotions. S’il voulait vaincre City Hunter, il se devait de rester froid et maître de lui-même. La victoire ne pourrait se conquérir autrement. Et la victoire n’était pas négociable. Il n’avait de toute façon pas le choix, s’il voulait un jour retrouver la paix, il fallait que Saeba paie ; il fallait qu’il meure !  

Il ferma les yeux et se concentra sur l’aura de son ennemi, haussa les sourcils d’admiration ; puis il se mit à sourire.  

 

— Alors comme ça, tu sais que je suis là ? … Bravo ! … Mais cela ne m’étonne pas de toi, tu es le grand City Hunter après tout et je ne m’attendais pas à moins. Il va falloir tous mes talents pour te vaincre mais j’y arriverai, je ne vis plus que pour ça ! … Oui Saeba … Que pour ça ! Mais avant de te tuer, je vais te faire souffrir, comme jamais… Tu vas avoir mal Saeba, très mal !  

 

Sa tête bourdonna à la douce perspective de l’anéantissement de City Hunter. Quelques jours suffiraient. Mais pour autant, Keiji n’en paraissait pas plus heureux que ça. Non, il pensait à ces deux femmes qui seraient sacrifiées sur l’autel de sa vengeance. Il n’avait pas d’autres moyens pour atteindre Saeba de la manière qu’il projetait ; et cette partie de son plan, nécessaire, lui donnait la nausée. Il introduisit la main dans une poche, y caressa un bout d’étoffe et repensa aux jolis yeux noisette qu’il avait croisés l’après-midi même ; cette jeune femme était la clé de voute de sa réussite, elle était celle par qui le malheur allait arriver… et il en était désolé. Keiji s’éloigna de l’immeuble.  

 

— Profite de tes derniers moments d’insouciance Saeba ! La fin est proche.  

 

***
 

 

 

 

La nuit avait été la meilleure qu’elle ait passée depuis longtemps, aucun cauchemar ne l’avait taraudée et elle remerciait secrètement l’inspectrice Nogami de l’avoir confiée à City Hunter. Son agresseur n’avait pas osé les affronter et elle se sentait en sécurité avec ce couple - quelque peu étrange certes - mais sympathique au demeurant. Et même si leur immeuble était bruyant, cela ne l’avait pas empêché de dormir du sommeil du juste. Elle se leva et arriva dans la cuisine où Kaori préparait le petit déjeuner. Ryô la suivit bientôt, vêtu d’un simple caleçon et la jeune cliente ne put s’empêcher d’admirer le corps parfait de son garde du corps. Son visage était tuméfié et il portait des traces violettes autour du cou, semblables à celles qu’aurait laissé un collier étrangleur. Interloquée, Chizu crut qu’il s’était battu toute la nuit contre son agresseur et lui en fut muettement mais chaleureusement reconnaissante. Cet homme était la perfection incarnée !  

Ryô s’installa en face de la jeune femme, se prit la tête dans les mains puis se perdit dans la contemplation du peignoir entrouvert qui s’offrait à lui.  

 

— Vous n’avez pas été réveillée par les cris du chacal en rut ? s’inquiéta Kaori en se tournant vers Chizu.  

 

— Euh… ? Non, il y a des chacals par ici ?  

 

— Seulement UN chacal mais il est très coriace.  

 

Son regard foudroyait le nettoyeur qui n’en avait cure, fixant toujours le spectacle troublant de la poitrine qui suivait agréablement les mouvements du corps de l’institutrice.  

 

— Et que s’est-il passé ? osa demander Chizu qui ne comprenait pas grand-chose à l’échange.  

 

— J’ai potassé mes cours de vétérinaire et ai tenté une CASTRATION ! Mais je crains qu’elle ne soit que provisoire ! Je passerai acheter du bromure à la pharmacie tout à l’heure !  

 

— GLOUPS ! fit Ryo à l’écoute de la dernière remarque … mais il replongea vite dans sa contemplation.  

 

TOC… TOC… TOC…  

 

Les deux jeunes femmes se regardèrent, médusées. Quelqu’un tapait à la porte ?... Non, ce n’était pas la porte !  

 

TOC… TOC… TOC…  

 

Chizu était tremblante, le bruit venait de sous la table.  

 

Kaori, se retournant un couteau à la main, se précipita pour voir de quoi il s’agissait. Grand mal lui prit : elle se retrouva « nez à nez » avec un pédoncule géant qui sous l’effet du désir de son propriétaire se relevait bruyamment et cognait contre la table.  

 

— MAIS C’EST PAS POSSIBLE SAEBA !!!!!!!!!! TU ES UN EXTRA-TERRESTRE !!!!!!!!!!!! QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE PROTUBERANCE MONSTRUEUSE ?????????  

 

Elle se releva de toute sa hauteur, une massue géante au-dessus de la tête, les yeux lançant des éclairs. Un coup magistral incrusta le nettoyeur dans le mur du couloir qui se fendit illico et tomba en miette.  

 

— F’est pas poffible !! se plaigna-t-il ! V’ai rien fait du tout !! Fé pas ma fôôôte fi v’ai pas l’habitude de voir une femme dévirable !!  

 

Kaori replaça une mèche rebelle et lâcha bien malgré elle :  

 

— Comment peut-on être affublé d’un engin pareil ? Abominable !  

 

Elle se rendit directement dans la salle de bain devant le regard incrédule de leur cliente et le sourire coquin de son partenaire.  

 

— Je suis chez des fous …  

 

 


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