Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG - Prose

 

Author: cecoola

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 18 chapters

Published: 25-11-03

Last update: 10-03-04

 

Comments: 57 reviews

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RomanceGeneral

 

Summary: Emeraude est rentrée au Japon, et les fêtes de fin d'années approchent. Une histoire où se développeront les sentiments de chacun.

 

Disclaimer: Les personnages de "Un voeu pour Noël" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Un voeu pour Noël

 

Chapter 10 :: Chapitre 10 : La vérité lie plus que le mensonge

Published: 30-12-03 - Last update: 30-12-03

Comments: Bon, ben on dirait bien que la relation Emeraude / Toya prend la tête de la course contre Ryô / Kaori. Mais ne vous en faites pas, je vais de ce pas retourner à nos deux héros et croyez-moi, on va faire bouger un peu les choses de ce côté là également. En attendant, je vous souhaite de passer un excellent réveillon de nouvelle année. Bonne lecture!

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18


 

Décidément, cette balançoire va devenir le lieu principal de leurs confidences. Mais les deux jeunes ne se tracassent pas vraiment pour ce petit détail. Assis l’un à côté de l’autre, éclairés uniquement par le même réverbère qu’il y a deux jours, Emeraude et Toya entreprennent la conversation la plus sérieuse qu’ils n’aient encore jamais tenu.  

Le cœur gonflé à bloc et ayant déjà récité plusieurs fois la démarche à suivre pour tout révéler, la jeune fille commence les révélations. Elle n’omet aucun détail important. En fait, elle ne réfléchit même plus à ce qu’elle dit et laisse son cœur se vider une bonne fois pour toute. Peut-être est-ce dur à avouer, la première fois que ça vous arrive, mais elle en est persuadée : Elle aime Toya. Plus que le simple ami qu’elle avait trouvé en lui au début, et c’est ce qui importe le plus pour elle en ce moment. Mais comment l’aime-t-elle au juste ? Comment pourrait-elle définir l’amour qui vibre dans son cœur ? Emeraude soupire à cette pensée. Comme quoi, le dicton est des plus vrais : L’amour a ses raisons que la raison ignore.  

De son côté, le jeune homme n’en est pas moins pensif. Assimilant chacune des paroles de son amie comme s’il s’agissait de la dernière goutte d’eau d’une cruche, il n’en est pas moins surpris de la vie qu’elle a mené avant de se stabiliser ici, il y a à peine sept mois.  

« Et je suis donc revenue dans ce pays où j’ai fait ta connaissance quelques jours plus tard. » Ainsi se termine le long récit d’une jeune fille souriante. Elle soupire d’aise. Peut-être le regrettera-t-elle un jour d’avoir confié tant de secrets à son ami, mais pour l’instant, elle en est plus que ravie.  

Après quelques instants de silence, Toya regarde sa compagne avec un sourire ironique qu’elle ne lui connaissait pas. Il semblait lui dire : Bon, c’est mon tour maintenant ? T’en fait pas, mon récit est bien plus court que le tien. L’auteur avait moins d’idée pour un pauvre fils de couturière plutôt que pour la fille du nettoyeur n°1 du Japon.  

(NA : Mais non, c’est faut !!!)  

 

« Il y a dix-sept ans de cela, sur une petite plage isolée de Californie, une jeune femme, qui venait tout juste de sortir de l’adolescence, étudiait le stylisme et la couture dans la plus prestigieuse université de mode de l’Etat.  

Et chaque soir, après les cours, elle étendait son essuie sur le sable blanc et étudiait ses cours. Parfois, quand elle s’était bien avancée, elle prenait un bloc-notes et dessinait soit des paysages, soit des tenues tout droit descendus de ses fantasmes. Elle n’avait jamais eu la prétention de devenir une styliste renommée, non. Son seul désir était de coudre, de donner forme en fin de compte, à des vêtements que toutes personnes seraient capables de porter, et pas uniquement ces jolies mannequins auxquelles tant de femmes stupides aimeraient tellement ressembler. Bon, il faut l’avouer, elle est mince naturellement. En mangeant au gré de ses envies, elle ne prend pas un gramme ni un centième de pourcent de taux de gras. En fait, elle est bien, tout simplement. Saine de corps et d’esprit.  

Elle vivait dans un petit appartement en compagnie de ses grands-parents. Ses parents étant décédés dans un accident de voiture lorsqu’elle avait trois ans, ces deux vieillards représentaient pour elle sa seule famille. Mis à part son côté très rêveur, c’était une jeune fille dynamique et pleine de vie. Studieuse à l’école et réservée le reste du temps, elle n’avait pas beaucoup d’amis, pour ne pas dire aucun. Mais cela ne l’incommodait absolument pas et elle ne comprenait même pas comment ces groupes pouvaient rester des heures à parler de choses futiles.  

Sa vie était des plus simples et des plus monotones, même après le décès de ses grands-parents lorsqu’elle eut seize ans.  

 

Un soir pourtant, son petit train-train quotidien bouscula complètement. C’était les vacances d’été, mais la jeune fille ne se rendait sur les plages que le soir, lorsque la foule des touristes s’en allait. Ses feuilles à dessins et ses feutres en main, elle s’installa comme à son habitude près des galets, profitant du magnifique spectacle de la mer qui se retire en même temps que le soleil chaud. Il ne restait plus que quelques disques à l’astre avant que celui-ci ne disparaisse complètement, et c’est là qu’elle le vit. Un homme qui marchait, les pieds dans l’eau, en boitant. Après l’avoir dévisagé longuement, la jeune femme remarqua soudain que cet étranger saignait abondamment à l’épaule qu’il tenait fermé dans sa main. Elle l’interpella et l’homme tourna quelques secondes son regard vers le sien. Quelques secondes, car il s’évanouit soudain. Il n’y avait personne sur la plage, juste elle et lui, et personne en vue non plus pour appeler à l’aide. Elle voulut s’éloigner pour aller appeler une ambulance, mais dans un dernier effort, l’homme attrapa violemment son bras et la supplia de ne pas le conduire dans un hôpital.  

On ne sait trop par quelle force, la jeune femme porta l’homme jusqu’à son appartement, heureusement proche de la digue.  

 

Pendant trois jours, elle prit soin de l’inconnu gravement blessé. Ce dernier se réveilla au petit matin du troisième jour dans une chambre qu’il ne connaissait pas. Il tenta de retrouver les derniers événements dans sa mémoire.  

Il avait poursuivit ces hommes durant des semaines, il les tenait presque. Puis, contre toute attente, un autre groupe les rejoignit et il dut prendre la fuite. Il atterri dans un petit village non loin de San Diego. Malheureusement, les mecs l’ont rattrapé et ils l’ont eu. Comment en est-il sorti vivant ? Il ne s’en souvient pas vraiment. Il revoit vaguement un couché de soleil auprès de l’océan, mais rien d’autre… Si ce n’est qu’un regard d’ange persiste encore dans sa mémoire. Des yeux de la couleur des prés de sa campagne du Texas, état de son enfance.  

En essayant de se redresser, l’homme ressent un poids à côté de lui. Il remarque alors un corps frêle endormi, la tête entre ses bras fins, une jeune femme dormait là, paisiblement.  

Etait-ce elle qui l’avait sauvé ? Etait-ce à elle qu’appartenait ce magnifique regard de liberté infantile ?  

Il n’osa pas bouger, de peur de la réveiller. Alors, tout doucement, il s’étendit à nouveau dans les draps fins du lit, et la dévora des yeux des heures entières.  

 

Il devait être midi quand la jeune femme se réveilla d’un bond. Honteuse de s’être ainsi endormie et d’avoir paressé autant de temps de surcroît, elle ne remarqua pas immédiatement que l’étranger s’était réveillé lui aussi.  

Leurs yeux se croisèrent vraiment pour la première fois. Quelques minutes s’écoulèrent et aucun des deux ne prononça mot, jusqu’à ce que la jeune fille sourit de joie. Elle s’approcha de l’homme et posa une main sur son front. Elle soupira d’aise.  

- Votre fièvre est tombée. Vous m’avez vraiment fait peur, vous savez.  

- Depuis… combien de temps suis-je ici ?  

- Trois nuits, et deux jours. Vous m’avez créé beaucoup de soucis, vous savez. Avec votre envie de vouloir à tous prix éviter l’hôpital.  

- Je…  

- Non, rassurez-vous. Je n’ai pas appelé de médecin non plus, sourit la jeune femme. J’ai simplement été vous chercher des médicaments chez le pharmacien pour faire baisser votre température. Un bon remède maison, que des plantes.  

- Heu… Merci beaucoup.  

La jeune femme rougit mais continuait de sourire. Elle alla préparer de quoi dîner et obligea l’homme à rester dans son lit. Celui-ci avait voulu se lever, mais dut se plier à la sévérité de la jeune fille.  

- Heu… comment vous appelez-vous ? demanda-t-elle avant de partir. Enfin… vous pouvez ne pas me le dire si vous ne voulez pas…  

- Andrew, répondit simplement l’étranger, tentant lui aussi un léger sourire.  

- Je m’appelle Carol, Carol Saïonji.  

- Ca ne fait pas très américain, fait remarquer l’homme malgré lui.  

- Mon père était japonais, sourit simplement la jeune femme. »  

 

- Saïonji ? C’est le nom de ta mère ? interroge Emeraude.  

Toya hoche la tête.  

 

« Les jours passèrent paisiblement. Andrew se remettait assez rapidement de toutes ses blessures, pourtant, contrairement à sa première envie, il ne s’enfuit pas. Il… Il ne pouvait pas, ne voulait pas partir. Comment est-ce que ça peut être possible ? Lui, un homme solitaire, un loup de trente ans, serait en train de tomber amoureux d’une jeune femme d’à peine vingt ans ? C’est pratiquement impossible… Mais pourquoi seulement pratiquement. Quand il se regardait parfois dans le miroir de la salle de bain, il y voyait un homme souriant. Un homme qu’il ne reconnaissait même pas. Et avant que toutes sortes de questions ne l’entraînent encore, il sortait et se rendait dans le salon, où elle l’attendait toujours, le sourire aux lèvres.  

Elle aussi, elle l’aimait. Ca ne faisait aucun doute d’ailleurs. Dès que son regard avait croisé les saphirs qui illuminait le visage fin de l’homme, son cœur avait définitivement décidé de cesser de battre sans lui. Mais, comment avouer à un homme aussi renfermé qu’on l’aime ? Surtout quand on ne sait absolument rien de ce grand sentiment qui a droit à une place d’honneur dans toutes les conversations des jeunes de son âge.  

 

Un soir pourtant, une soirée aussi chaude que douce, un moment où tout devait basculer, arriva.  

Alors qu’ils se promenaient paisiblement le long du rivage, des hommes débarquèrent, armes en mains. C’est là que la vraie nature de l’homme se réveilla. Il fonça droit sur les hommes et les tua, les uns après les autres.  

La pauvre femme, complètement abasourdie, était tombée à genoux. Les beaux yeux de l’homme qu’elle aimait tant n’affichaient plus qu’une haine sans borne, une haine destinée à quiconque croisait son regard.  

Quand Andrew eut fini son « travail », il retrouva son amie cachée sous un rocher, en pleur.  

Il hésita un instant. S’il voulait partir, c’était maintenant ou jamais. S’il désirait vraiment s’en aller, c’était là qu’il devait le faire. La jeune femme n’aurait rien dit d’autre, elle aurait même tout entreprit pour oublier cet inconnu aux yeux saphir qui partagea sa vie durant un petit mois. Il se tourna et commença à avancer, très lentement.  

- NE PARS PAS ! le supplia soudain la jeune femme. Reste !  

- Carol. Si je ne pars pas maintenant…Il sera trop tard…  

- Reste, je t’en supplie. Andrew... Reste.  

Pourquoi ? Pourquoi ne prit-il pas ses jambes à son cou pour courir le plus loin possible, très loin d’elle. C’était pourtant ce qu’il avait en tête. Alors pourquoi son corps n’a-t-il pas voulu obéir ? Tout simplement parce que son cœur s’y opposait.  

- Ne te retourne pas, songea-t-il.  

Mais il se tourna vers elle.  

- Ne la regarde pas, pensa-t-il à nouveau.  

Mais il plongea son regard dans celui de la jeune femme.  

- Bon sang ! Explique lui qui tu es et va-t-en, une bonne fois pour toutes.  

Et c’est ce qu’il fit… à moitié.  

 

Il aida Carol à sortir du petit abri où elle se trouvait, coincée entre deux pierres pointues. Ils s’assirent tous deux dans le sable chaud, la jeune femme tenant la fente de la chemise d’Andrew comme si elle avait peur de le voir disparaître à tout moment.  

Il caressa tendrement ses joues pour essuyer les larmes de la jeune femme et embrassa ensuite son front.  

Carol comprit alors ce qu’il voulait. Il désirait tout simplement qu’elle l’écoute, sans intervenir, pour qu’il puisse enfin vider son regard de cette colère qui y brillait sans cesse.  

Elle lui sourit sincèrement et il tenta de le lui rendre, même si aucun humain n’était vraiment capable de rivaliser avec le sourire d’un ange.  

 

Andrew est issu des campagnes du Texas. Fils unique d’une famille fermière et prospère, il grandit au milieu des prés, du bétail et des chevaux qu’il apprit très tôt à dresser. Dès l’âge de dix ans, il remporta ses premiers concours de rodéo junior et sa vie à la fois calme et pétillante se déroulait sans encombre. Jusqu’au jour où, à l’âge de quinze ans, il vit son quotidien basculer dans le néant.  

A cette époque, une troupe de rebelles gambadaient à travers les divers Etats d’Amérique. Malheureusement pour lui et ses parents, leur ferme fut située en plein centre de leur trajectoire. Une soirée d’été, alors que les troupeaux dormaient dans les prés, ils arrivèrent sur leur moto et ravagèrent tout. Ils brûlèrent, pillèrent ; bref, ils ne laissèrent plus rien de sa maison d’enfance. Dans la nuit, il entendit les cris affolés des vaches et des chevaux, emprisonnés par les flammes. Dans cette nuit horrible où la cruauté de l’homme avait atteint son paroxysme, il entendit hurler ses parents que ces hommes inhumains tuèrent à petits feux.  

Le lendemain, lorsqu’il se réveilla, couvert d’une sueur froide et le corps parcouru de spasme, l’adolescent vagabonda inconsciemment sur les terres calcinées. Il resta là des jours entiers, sans manger ni dormir. Son cœur se remplit petit à petit d’une haine sans borne tandis que ses souvenirs s’effaçaient un à un. Des jours plus tard, à bout de force, rongé par la fatigue et la faim, il s’évanouit sous le soleil torride de l’été. Eloigné de tout, personne ne vint à son secours. Pourtant, quelques heures plus tard, lorsque la chaleur laissa place à la fraîcheur de la nuit, il reprit ses esprits et prit la plus grande décision de son existence : il allait se venger. Se venger pour lui uniquement, car à cause de ces hommes, il avait tout perdu, lui-même y compris.  

Il se lança donc à leur poursuite, à travers des routes, des régions, des Etats qu’il ne connaissait pas. Après des semaines, des mois peut-être, il les retrouva enfin. Il était paré, ou devrai-je plutôt dire armé ? Il ne laissa aucun survivant, se réjouissant de ce spectacle ensanglanté.  

Après cet événement, il sut pertinemment que plus jamais il ne pourrait redevenir comme avant. C’est ainsi qu’à seize ans, âge considéré comme adulte, il signa son contrat avec la vie de solitaire, avec son métier de chasseur de prime. Parfois, il chassait des hommes pour les ramener à leur Etat et toucher la rançon. Mais parfois il en tuait par dizaine, les jugeant trop ignobles pour mériter le droit de continuer de vivre.  

Et c’est ainsi que se résume son existence durant des années de solitude. C’est en exerçant ce métier dangereux qu’il fut amené à s’opposer à un gang redoutable. Malgré cela, le destin a choisi de l’épargner, mieux même, il l’a comblé. En échappant à la mort, il se retrouva sur une petite plage au sable blanc, située non loin de la frontière mexicaine. Il n’oubliera jamais que c’est sur cette petite plage qu’il rencontra son ange gardien, rien qu’à lui.  

 

Andrew finit son récit sans oublier de préciser ce qu’il trouva sur ce même rivage. La jeune femme lui sourit, le visage mouillé de larmes. Carol l’avait écouté, sans jamais ouvrir la bouche. Quand les paroles devenaient dures pour elle, elle s’enfonçait encore plus dans le torse de son ami. Il ignorait si c’était à cause de la gravité des situations dans lesquelles il s’était si souvent retrouvé, ou bien si c’est pour le rassurer lui. Une partie de son cœur lui disait que la première situation ne pouvait être que la seule existante, mais une autre partie infime, telle une lueur d’espoir, lui prouvait par A+B que la deuxième résolution était la bonne.  

Il plongea une nouvelle fois son regard dans les yeux, dans les prés de son enfance où il avait vécu si heureux en compagnie de ses parents, loin de cette existence au jour le jour.  

Il s’étendit sur le dos, entraînant la frêle jeune femme dans sa chute lente. Une vois au fond de lui tenta encore de le raisonner. Il lui expliqua très clairement qu’il n’avait pas le droit d’aimer une femme, surtout pas une femme comme elle, innocente de la vie noire de ce monde. Cette voix tenta en effet, mais plus les secondes s’écoulaient, et plus elle devenait inaudible.  

Andrew avait quelque chose à lui dire et il devait absolument ouvrir la bouche.  

- Je t’aime, murmura une nouvelle fois Carol avant de fermer les yeux.  

 

La nuit était tombée depuis bien longtemps, et ils n’étaient plus éclairés que par les innombrables étoiles qui illuminaient le ciel ce soir-là.  

Plusieurs minutes après la dernière déclaration de la femme, ce fut lui qui se redressa lentement et tenta de la regarder une dernière fois. Malgré la pénombre, il voyait parfaitement ce visage fin et rosé, ses lèvres fines en forme de cœur, ses yeux vert clair.  

- Je t’aime, souffla-t-il à mi-voix avant de s’emparer des lèvres de la jeune fille.  

Il attrapa ses lèvres une première fois, presque timidement, puis ils se séparèrent. Deux secondes, ou trois peut-être, s’écoulèrent à peine que leurs lèvres se recherchèrent à nouveau. Cette fois, avec le consentement de chacun des partenaires.  

Andrew n’abandonna son emprise que le lendemain, lorsque le soleil se pointa à l’horizon, annonçant un nouveau jour radieux.  

 

Dans cette nuit chaude d’un été, sous un ciel parsemé d’étoiles plus brillantes que jamais, un homme et une femme s’aimèrent pour la vie. Sans mot dire, ils se jurèrent un amour brûlant pour la fin des temps. Rien ni personne ne pourra jamais rompre ce lien qui les unit désormais.  

Unis sur ce sable tiède, cet homme et cette femme n’avaient besoin de rien d’autre. Pas besoin de ces paperasses qui séparent plus qu’elles ne solidifient les jeunes couples. Les seuls témoins de leur profond amour furent les constellations ornant la voûte céleste et qui leur promirent protection et dévouement.  

Un homme et une femme pourtant opposés par la vie mais que le destin choisit un beau soir de réunir.  

Un homme et une femme qui s’aimèrent vraiment. Rien de plus, rien de moins. »  

 

Toya se tait un instant. Il avait l’étrange impression de découvrir cette histoire pour la première fois.  

Emeraude non plus ne disait rien. Mais elle lui sourit pourtant. Dans ces yeux, une question brillait cependant.  

- Oui, souffle le jeune garçon. Cette histoire n’est pas très compréhensible sans la suite. En fait, mon père décida le matin même d’abandonner son métier, pour rester en permanence auprès de maman. Mais comme son don reposait exclusivement sur le maniement de la gâchette et du fouillage d’informations, lui et ma mère achetèrent un petit magasin qu’il transforma en salle de tir amateur. C’était souvent des plus jeunes qui venaient apprendre à tirer sur des cibles en argiles.  

- D’où ta passion et ta connaissance des armes.  

- Exact. Mais quand tu dis passion, tu dois comprendre que mon père et moi, on démontait les revolvers un à un pour découvrir les pièces spéciales qui les constituaient, les matériaux utilisés, etc. Ensuite, on passait des heures à tester leurs capacités : précision, poids, résistance, puissance… Et bon, avec ma mémoire pas trop défectueuse, j’ai tout emmagasiné dedans.  

Emeraude rigole un instant, avant de revenir sur le sujet le plus grave de la conversation sans doute.  

- Et comment est-ce qu’il est…  

- Mort ? En fait, il est parti au combat et est mort sur le champ de bataille.  

- Mais je pensais qu’il avait tout abandonné.  

- Oui, mais tu l’as dit toi-même tout à l’heure. On ne peut pas oublier qui on a été durant tant d’années. Et un jour, un réseau vraiment dangereux s’est installé un peu partout en Amérique du Nord. Un réseau de drogue qui ravagea des milliers d’adolescents principalement.  

- Oui, je m’en souviens. Une grande bataille avait été menée il y a trois ans de cela à peu près.  

- Hum hum. A cette époque, les Etats étaient venus à une décision commune : mener une véritable bataille interne. C’est ainsi que chaque état fut prié de rappeler chacun de ses hommes qualifiés.  

- Et c’est ainsi que le Texas est revenu sur le nom de ton père ?  

- Oui.  

- Et pourquoi a-t-il accepté ?  

- Disons qu’il n’avait pas vraiment le choix. Tu sais, contredire l’état directement peut t’apporter de gros ennuis. Et ils auraient sûrement fait pression ou quelque chose dans ce genre là. Papa est donc parti au champ de bataille et n’en est jamais revenu. J’avais douze ans. Ma mère et moi sommes venus au Japon à cette époque car beaucoup de styliste lui offrait une place de choix. Et pour ne pas avoir la même blague, ma mère prit soin de transformer mon nom de famille au sien.  

- Et ton vrai nom, c’est quoi ?  

- Carter. Toya Carter.  

- Andrew Carter Junior, songe aussitôt la jeune fille. C’est impossible, pourtant c’est à la fois si réaliste. Mais qu’elle idiote, dit-elle enfin tout haut en se laissant balancer.  

- Heu… Emeraude ?  

- Et comment as-tu fait pour découvrir mon nom ? coupe-t-elle.  

- Ah… Deuxième… heu… passion de mon père.  

- Le piratage ? Drôle de passe-temps, se moque faussement Emeraude.  

- En fait, j’étais assez doué quand il fallait recruter des informations. Je les vendais. Et disons que j’en suis arrivé à un stade un peu plus haut que mon père. Donc, quand j’ai été désigné pour être ton partenaire de classe, défaut de métier, j’ai tout de suite été fouillé l’ordinateur central du lycée pour en connaître un maximum sur toi.  

- Ce n’est pourtant pas là-dedans que tu as pu découvrir mon identité de soldat.  

- En effet. Disons que mon objectif premier était bel et bien pirater les données du lycée, mais sur ta fiche d’identité, il y avait un nom qui m’a frappé. Il t’avait pris sous sa tutelle durant cinq années et se nommait James Oliger.  

- Le général, songe aussitôt la jeune fille.  

- Ce nom, je le connaissais. Je l’avais déjà lu quelque part, j’en étais persuadé. J’ai donc été rechercher dans ma mémoire toutes les informations possibles à propos de cet homme, mais je suis resté bredouille durant plus d’un mois. Mais j’ai découvert une piste avec le champ de bataille où mon père a disparu. Cet homme était général de ce qu’on appelle la légion étrangère et avait amené avec lui plusieurs de ces soldats pour anéantir le réseau. Je me suis donc dirigé vers l’ordinateur central de cette légion pour voir qui tu étais. Après près de deux mois, tu comprends que je commençais à m’imaginer beaucoup de chose. Ca n’a bien sûr pas été évident de tirer des sources de ce puissant ordi, mais après plusieurs nuits blanches, j’ai réussi à visualiser un court instant ton fichier. Je l’ai enregistré dans ma mémoire.  

- Je vois.  

Emeraude rigole intérieurement. Elle se souvient qu’il y a quelques mois, Robin lui avait téléphoné, complètement au bord de la crise de nerf, pour la prévenir de se tenir sur ces gardes parce qu’un pirate très habile avait réussi à ouvrir certains fichiers, dont le sien. Elle ne se rappelait pas avoir jamais entendu un Robin aussi énervé et furieux, lui le soldat patient par excellence.  

- Bon, rentrons à l’appart’. J’ai quelque chose à te donner, déclare-t-elle plus tard.  

- Me donner quoi ?  

- Tu verras.  

 

En rentrant dans l’immeuble, Emeraude emmène directement son ami dans sa chambre. Elle s’approche de sa garde-robe creusée dans le mur, mais plutôt que l’ouvrir, elle appuie sur la tête de l’oiseau qu’elle a elle-même dessiné sur la porte gauche. Et au lieu de s’ouvrir, l’armoire glisse comme un lit en penderie et laisse découvrir un véritable bureau de laboratoire. Eprouvettes remplies de substances douteuses, ustensiles allant du microscopique au grand couteau à steak, ordinateur de bord incrusté dans le bureau en marbre blanc.  

Emeraude mit en marche l’ordinateur et y entra divers mots codés Un tiroir s’ouvrit automatiquement. Un écrin reposait au milieu de paperasses compliquées.  

- C’est à toi, dit-elle en tendant la boite à son ami.  

- A moi ?  

Il ouvrit la boite. Une broche reposait au centre d’un tissu en velours bleu nuit.  

- L’édelweiss ? murmure-t-il abasourdi.  

- Ton père était un des ces rares hommes dont le courage ne connaît aucune limite, déclare solennellement la jeune fille. Il est mort sur le champ de bataille, dans mes bras. Ses dernières volontés furent de donner cet écrin à son fils, Andrew Carter Junior. J’ai cherché ce garçon depuis trois ans, sans le trouver. Pire encore, lorsque je l’ai enfin trouvé, je n’ai même pas été capable de le reconnaître.  

- Tu… étais… ?  

- Je faisais partie des volontaires qui accompagnèrent le général en Amérique, oui. Et je m’y suis tout de suite entendue avec un homme aux yeux saphir. J’ai vraiment été stupide pour ne pas voir en toi cet homme. Je suis désolée.  

- Et c’est pour moi ?  

- D’après ce qu’il m’a dit, c’est ta mère qui la lui avait donné. Je crois qu’il s’agissait de leur cadeau de mariage, de leur union. Et avant de partir, ta mère l’a supplié de l’emporter avec lui. Voilà pourquoi il m’a chargé de retrouver son fils pour lui rendre cette broche.  

- Merci. Merci du fond du cœur, mon ange.  

Emeraude sourit. Tout le monde l’appelle « mon ange », les bons comme les méchants. Pourtant, personnes ne sait le prononcer comme lui, avec tant de… Non, personne.  

 

Si elle avait entendu ce que Kaori avait déclaré à son partenaire une fois qu’elle eut raccroché le téléphone, Emeraude se serait immédiatement ralliée à la jeune femme. La vérité lie plus que le mensonge.  

Il est vrai que la vérité n’est pas toujours la plus facile à révéler, mais ce dicton tient parfaitement la route. Si on le retourne en disant que le mensonge lie moins que la vérité, il est toujours vrai. Après tout, Toya et Emeraude s’aiment depuis tant de temps, mais jamais ils n’allèrent plus loin que l’amitié. A présent, Emeraude sait, plus rien ne la fait encore hésiter stupidement. Elle l’aime, elle lui accorde sa totale confiance.  

 

L'amour ? Elle s'est souvent demander ce que signifiait vraiment ce mot. Maintenant elle le sait, ce mot porte un prénom : Toya. Elle l'aime, c'est sûr. Et jamais, au grand jamais, elle ne ressemblera son père. Elle ne veut pas peiner cet être si cher derrière tant de bêtise.  

La confiance ? Son grand-père lui répétait si souvent de ne jamais accorder une confiance totale en quelqu'un, de toujours garder un oeil sur lui. Mais comment pourrait-elle ne pas accorder toute sa confiance à ce garçon alors qu'il lui a déjà volé son coeur ?  

Ils s'aiment du grand amour, et c'est pour cette raison que ce soir encore, il s'embrasse passionnément.  

 

Cette nuit, ils dormiront l’un contre l’autre, cœur contre cœur, en tout bien tout honneur. N’allez pas imaginer des histoires d’adultes trop compliquées. Les adultes, ça réfléchit trop parfois. Alors que les choses sont si simples. Il ne suffit de rien, juste un peu de confiance mutuelle pour que l’amour fasse le reste.  

Plus tard dans la nuit, alors que la chambre sera bercée par le silence du sommeil, Emeraude murmurera « Je t’aime ». Ces trois mots lui reviendront en écho, alors qu’elle ne s’y attendra absolument pas.  

Désormais, leur destin sera lié. Ils s’aimeront comme jamais auparavant.  

Demain, ils se lèveront ensemble, partiront pour leur jogging, déjeuneront, iront en ville, rencontreront toute la bande au Cat’s Eye. Rien ne changera extérieurement, mais entre eux, tout sera définitivement différent.  

Quelque chose changera. Cette chose, personne ne la remarquera directement, mais pour eux, elle sera là et ce sera bien.  

 

 


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