Capitolo 8 :: Un rendez-vous d'affaire

Pubblicato: 25-05-07 - Ultimo aggiornamento: 28-11-09

Commenti: Bonjour Encore merci pour vos encouragements à yous et à toutes. Bisous

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Le jour du rendez vous avec Mr Kenta arriva enfin. Le séjour de Kaori devait durer trois jours. Eriko l’avait accompagnée à la gare, elle aurait aimé aller avec elle mais sa présence était indispensable à l’atelier. Ce matin Kaori avait senti son cœur battre à grands coups dans sa poitrine. Une peur prenante avait pris possession de tout son corps. Elle se savait si près de cette souffrance, et si tout se passait bien elle n’aurait plus jamais à revivre ou à penser à cela. Son sac de voyage en main, elle regarda tout autour d’elle chaque meubles, et chaque recoins de cet appartement. Elle allait partir au devant de sa destinée et elle voulait emmener dans son cœur tout ce qui faisait sa vie aujourd’hui. Elle marcha en direction de la porte mais s’arrêta en plein milieu du chemin. Ses jambes refusaient de faire un pas de plus de peur de se retrouver à l’extérieur de l’appartement, de quitter cet havre de paix pour les tourments de la vie en société. Elle ne parvenait pas à croire qu’elle était à ce point terrifiée, terrifiée à l’idée d’affronter son passé, une assemblée qui ne manquerait pas de la juger mais surtout terrifiée d’être seule pour affronter tout cela.  

Elle ferma les yeux, prit une profonde respiration et là elle vit un visage se matérialiser derrière ses paupières closes. Ce visage parvint à la calmer et à la rassurer, elle vit son frère Hide qui lui souriait. Il était le seul homme capable d’avoir une telle emprise sur elle. En rouvrant les yeux, elle se sentit plus forte et plus déterminée à mettre un terme à cette histoire une fois pour toute. Elle quitta l’appartement plus légère avec tout de même une pointe d’angoisse au fond du cœur. Elle retrouva Eriko au pied de son immeuble.  

Durant tout le trajet Kaori n’émit pas le moindre son.  

_Si je t’ennuie, dis le moi !  

_Tu disais.  

_Tu n’as rien entendu de ce que je disais. Quelque chose ne va pas ?  

_Non, tout va bien je suis juste un peu nerveuse ! J’ai peur de ne pas être à la hauteur. Elle avait dit cela à haute voix sans s’en rendre compte.  

_Ne t’en fais pas tout se passera bien, et si je ne croyais pas en tes capacités et en tes talents de persuasion je ne t’y enverrais pas ! s’exclama-t-elle. Tu connais la collection mieux que personne, et les besoins des femmes. Sans oublier que Mr Kenta a un petit faible pour toi donc ça devrait être dans la poche.  

_Et si je ne parvenais pas à surmonter mes angoisses, et mon stress.  

_Ferme les yeux, respire profondément et tout ira bien. Allez Kaori, sois plus confiante !  

_Tu as raison Eriko, que peut-il m’arriver de si terrible après tout ?  

_Rien au pire nous n’aurons pas le contrat.  

_Ce serait une catastrophe.  

_A qui le dis-tu!  

_Merci Eriko, tu es une vraie amie.  

_Tu te sens mieux.  

_ Beaucoup mieux .  

_Fais un bon voyage Kaori et à dans trois jours.  

Elle monta dans le train sous le regard quelque peu soucieux de son amie et prit place dans un wagon.  

_Tu m’appelles à ton arrivée lui cria Eriko au bord du quai en lui faisant des gestes de sa main.  

Kaori se contenta de lui faire un signe affirmative de la tête pour lui répondre et lui faire comprendre qu’elle avait reçu son message malgré le bruit qui régnait sur le quai.  

Durant tout le trajet, elle regarda défiler les paysages par la fenêtre. Pour un mois de mai, le temps était très agréable pourtant Kaori avait froid. Elle sortit un gilet de son sac, le mit sur ses épaules et en resserra les pans sur sa poitrine. Elle était tendue et très anxieuse. Son cœur battait à un rythme effréné si bien qu’elle avait l’impression que tout le monde pouvait l’entendre.  

Aprés plus de deux heures de route, le train arriva enfin en gare. Le rendez-vous était prévu pour 16H30. Elle s’était arrangée pour avancer celui-ci d’une journée sans qu’Eriko ne le sache afin d’être à l’audience le lendemain. Elle pourrait donc passer presque deux jours avec Ryo. Il lui manquait tellement, qu’elle n’avait qu’une hâte lui faire la surprise de leurs retrouvailles. Elle prit un taxi et se rendit au siège de Mr Kenta sans prendre la peine de réserver une chambre d’hôtel. L’édifice était à l’image de son propriétaire grand et moderne.  

_J’ai rendez-vous avec Mr Kenta, Melle Makimura.  

_Il vous attend, suivez-moi.  

_Melle Makimura, c’est un réel plaisir de vous revoir lui dit-il en prenant délicatement sa main dans la sienne pour la porter à ses lèvres. Cela gêna Kaori qui ne put s’empêcher de rougir.  

_Bonjour Mr Kenta lui répondit-elle en fuyant son regard de braise. Dès l’instant où elle franchit la porte de ce bureau elle n’eut qu’une envie terminer cette transaction au plus vite.  

_Avez-vous fait bon voyage ?  

_Excellent je vous remercie.  

_Désirez-vous vous rafraîchir avant de commencer.  

_Un verre d’eau ce serait parfait.  

_Prenez place je vous fais apporter cela immédiatement.  

Elle ôta son gilet qu’elle posa sur son siège puis sortit de sa mallette des dossiers.  

_Merci lui dit-elle en lui souriant. Etes-vous prêt ?  

_Je vous écoute.  

_Nous allons commencer par la ligne haute couture. La dernière collection d’Eriko a eu un grand succès, plus que ce que nous espérions et les ventes en sont la preuve. Les vêtements sont très tendances, la qualité est excellent, et ils répondent aux besoins actuels des femmes.  

_Je sais tout cela Melle Makimura.  

_Je sais que vous le savez, je voulais juste vous l’entendre me le dire.  

_Pourquoi cela ?  

_Et bien la demande est-elle que pour pouvoir y faire face nous avons dû ouvrir un autre atelier ce qui a augmenté nos dépenses, ce qui à donc pour conséquence une hausse de 15% sur nos prix actuels.  

_Ce n’est pas mon problème.  

_C’est là que vous avez tord. Si vous voulez recevoir vos commandes en nombre et en heure.  

_Je peux passer par un autre couturier.  

_Vous le pouvez en effet, mais dans ce cas vous vous portez préjudice tout seul car vos clientes réclament nos produits sans cela vous nous auriez déjà remplacé.  

_Vous marquez un point.  

_De plus, cette hausse ne va en aucun cas faire diminuer votre chiffre d’affaire au contraire. Vos clientes sont fidèles et elles font partie de la haute bourgeoisie. C’est une clientèle sélective pour qui vous organisez généralement des essayages privés.  

_Vous êtes bien renseignée.  

_C’est mon travail de l’être. Elles ne s’arrêteront pas sur cette hausse des prix du moment qu’elles trouvent les tailles dans le bon modèle et dans la bonne couleur. Nous vous vendons plus qu’un vêtement, nous vous vendons une griffe et un style de vie. Nous leur vendons du rêve.  

_Je comprends mieux pourquoi Melle Kitahara vous a prise comme assistante. Si un jour vous cherchez du travail, je serai heureux de vous compter parmi mes employés.  

_C’est une proposition.  

_Oui.  

_Je vous remercie mais mon travail actuel me satisfait amplement.  

_Cette hausse comprend la collection été et hiver.  

_Tout à fait.  

_Je dois réfléchir.  

_Vous savez aussi bien que moi que c’est inutile. Nous ne baisserons pas nos tarifs et nous ne pouvons les maintenir à ce qu’ils sont actuellement. Refusez de renouveller le contrat signifierait pour vous la perte de vos clientes les plus riches, les plus fervents et les plus fidèles, et cela vous ne pouvez pas vous le permettre.  

_Vous êtes impitoyable en affaire.  

_Je ne trouve pas. Je défends avec ferveur cette ligne de vêtement, car je crois en son succès et aux talents d'Eriko. C'est une grande styliste, la meilleure de sa génération.  

_Vous êtes une passionnée, et j'aime cette qualité chez une femme.  

A cette remarque Kaori ne put s'empêcher de baisser le regard afin de masquer sa gêne. Il savait la flatter et cela la mettait mal à l'aise car il avait cette lueur dans le regard, la même que celle que Mick avait à certaines occasions lorsqu'il la regardait à la dérobée.  

_Je re-signe pour une année supplémentaire été et hiver.  

_Voici le contrat, faites le lire à vos avocats.  

_Vous étiez sûre de vous à ce que je vois. Je constate que c'est le même contrat sans clause particulière. La hausse est de 15%. Tout à l'air correct. Il signa le document et en tendit une copie à Kaori. Voilà pour vous. J'aime les entrevues claires et rapides.  

_En faites nous n'avons pas terminé. Je vous ai parlé de sa collection qu'elle a appelé "femmes actives".  

_Brièvement en effet.  

_C'est un nouveau projet, une nouvelle collection qui s'adresse aux femmes , aux femmes actives dans leur vie de tous les jours. Il s'agit de vêtements plus classiques mais tout aussi classes et de qualité similaire à la haute couture. C'est une gamme de vêtements accessibles à toutes les femmes.  

_Je ne crois pas être intéressé. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure mes clientes sont extrêmement riches et elles n'aiment pas être habillées comme tout le monde. Elles veulent du rêve et se sentir unique dans leur robe.  

_Cette collection ne les cible pas elles en particulier, mais toutes les autres femmes, de la femme au foyer à la femme d'affaire. C'est une nouvelle clientèle que nous ciblons et qu'il ne faut en aucun cas négliger car elles représentent les 3/4 des femmes de notre pays.  

_Cela ne m'emballe pas, je veux que le nom de KENTA reste associé à la haute couture et aux luxes. Je ne veux pas me disperser et perdre de mon prestige.  

_Je vois. Kaori se leva et se présenta devant lui. Que dites-vous de ma robe? Elle écarta légèrement les bras puis tourna sur elle même pour lui faire de nouveau face.  

_Elle est très belle et elle vous va divinement bien.  

_Merci, c'est une des nombreuses pièces de cette nouvelle collection. Il est vrai qu'elle ait plus accessible que les robes haute couture de soirées que nous vous vendons, mais elle n'est pas pour autant un chiffon, ça reste de la haute couture mais à un autre niveau je vous l'accorde. Tenez regardez ce catalogue.  

Elle le fixa du regard afin de lire chacune des expressions qui traversaient son visage.  

_Vous avez raison c'est une très belle collection, elle a du style, elle est diversifiée et elle s'adresse à une clientèle de 20 à 50 ans.  

_Collection qui ne va en rien vous dévaloriser vous, votre marque ou vos boutiques. Dites-vous qu'il s'agit d'une extension de vos produits.  

_Je ne sais pas, il faudrait que mes employés étudient le projet et fassent une étude dessus.  

_Que diriez-vous de faire une période test?  

_Expliquez-vous?  

_A l'accueil de votre immeuble j'ai remarqué une pièce vide, pourquoi ne pas en faire un point test en la tranformant en petite boutique. Vous l'aménagez en fonction du style KENTA et nous vous expédions toute la collection de cette année avec les accessoires disons pour une période d' un mois. Après ce mois, nous faisons le point.  

_Et si cela ne marche pas.  

_Et bien nous vous rachetons tous les invendus aux prix de vente, par contre si c'est concluant vous vous engagez à signer avec nous pour une période d'un an renouvelable à nos prix. Face à son hésitation Kaori reprit. Ca ne vous engage à rien, vous avez tout à gagner, tous les risques sont pour nous.  

_Acceptez de dîner avec moi.  

_Acceptez ce test.  

_Vous ne lâchez jamais prise?  

_Jamais. Votre réponse.  

_Je vais vous donner votre chance, un test d'un mois et en fonction des résultats je prendrai ma décision.  

_Du résultat de ce test dépendra donc notre collaboration. Vous ne serez pas déçu.  

_Vous êtes si confiante.  

_Je suis une femme et j'adore la collection.  

_Quelle est votre réponse?  

_A quelle question.  

_Vous le savez très bien, le dîner. Disons qu'il scellera notre accord.  

_C'est impossible car je repars pour Tokyo ce soir, mais à votre prochain passage dans la capitale je serai heureuse de dîner avec vous.  

_Ce ne sont pas des paroles en l'air juste pour que je vous laisse partir.  

_Je tiens toujours mes promesses.  

_Nous nous reverrons plutôt que vous ne le pensez alors.  

_Souhaitez-vous conserver le catalogue.  

_Oui.  

_Là, nous avons terminé.  

_Acceptez au moins de prendre un verre avec moi.  

_Désolée, mais j'ai un autre rendez -vous professionnel et je ne peux pas me permettre d'arriver en retard.  

_Je vous raccompagne alors.  

Sur le chemin de la sortie Kaori ne cessait de regarder autour d'elle. Cet immense complexe l'impressionnait.  

_Je peux vous posez une question.  

_Allez-y.  

_Tout ceci est à vous.  

_Oui.  

_Cela doit être beaucoup de pression pour quelqu'un de si jeune toutes ces responsabilités. Kaori s'arrêta devant une vitrine.  

_J'aime relever les défis. Cette robe vous plaît.  

_Elle est très belle mais trop sophistiquée pour moi.  

_Vous seriez pourtant parfaite dedans.  

_Merci encore de m'avoir reçue Mr Kenta et à très bientôt. Elle lui tendit la main qu'il serra très délicatement en arborant un magnifique sourire sur ses lèvres.  

_C'était un réel plaisir, à très bientôt Melle Makimura.  

Kaori entra dans l'ascenseur puis appuya sur le bouton afin de gagner le rez de chaussée sous le regard insistant de Mr Kenta. Une fois les portes refermées, elle s'appuya contre le mur et expira profondement. Elle se sentait satisfaite et soulagée. Le rdv avait duré moins de 2h et elle avait réussi à obtenir plus que ce qu'elle espérait et que ce qu'elle était venue chercher. En sortant de l'immeuble au contact des rayons du soleil sur son visage elle se mit à sourire. Elle se sentait étrangement bien. Elle se dit qu'il était agréable de se sentir performante dans un domaine et elle en ressentit une grande fierté. Elle avait mené l'action de A à Z et seule. Elle avait été plus qu'à la hauteur et c'est cela qui la grisait. Elle prit un taxi et se fit déposer en plein centre ville afin de faire des courses, puis prit le train de 19H00 pour Yokohama . Cela faisait plus de 14 ans qu'elle n'y avait pas remis les pieds. En descendant du train, elle reconnut chaque endroits, chaque rues, tout était presque comme dans son souvenir. Elle était à présent de retour là où tout avait commencé. Elle prit une chambre dans un hôtel mais ne dîna pas. Son estomac était bien trop noué pour avaler quoi que ce soit. Elle prit un long bain, puis s'allongea sur son lit sans parvenir à s'endormir malgré la fatigue du voyage. Tous les membres de son corps n'aspiraient qu'à se détendre alors que son esprit redoutait l'arrivée du matin et cette confrontation. 

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