Capitolo 11 :: Réveil brutal

Pubblicato: 13-06-07 - Ultimo aggiornamento: 28-11-09

Commenti: Bonjour. Et bien que dire si ce n'est que je n'aurai jamais pensé que cette aventure entre Reika et Ryo suscite autant de passion, d'intérêt et même cette polémique. J'en arrive presque à éprouver de la compassion pour Reika, vu toutes les vilaines choses qui ont été dites à son sujet alors qu'un tango se danse toujours à 2. Mais bon c'est le jeu et c'est l'histoire, alors je m'y conforme. Ensuite pardon, et oui je m'excuse de faire souffrir cette pauvre Kaori qui ne le mérite vraiment pas, et de vous rendre cette lecture difficile. Je sais ce que c'est lorsque cela ne se déroule pas comme on le souhaiterait. Et enfin merci pour vos nombreuses reviews, elles me font toujours autant plaisir. Bonne lecture, et pleins de bisous. A bientôt.

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Dans le train qui la ramenait à Osaka Kaori ne pensait qu'à une personne Ryo. Il était dans toutes ses pensées. Elle avait un besoin viscéral de le voir, car elle savait que lui seul parviendrait à calmer ce tourbillon d'angoisse qu'elle avait vu naître depuis son départ de Shinjuku. Un seul regard et tous ses doutes et ses peurs disparaîtraient comme par magie. Elle avait décidé de tout lui dire, de tout lui raconter, l'appel téléphonique, l'audience et ce jour où 14 ans plutôt sa vie avait basculé. Plus le train s'éloignait et plus elle se rapprochait de l'échéance.  

Une fois sur le quai de la gare, elle prit un taxi qui la déposa devant le fameux hôtel, le Paradisiaque. Elle regarda l'immense enseigne quelques secondes puis se décida à pénétrer dans son hall. Elle prit la direction des escaliers, une fois au second son coeur se mit à battre de grands coups. Elle regarda à droite, puis à gauche du couloir qui était désert. Elle fit quelques pas, puis s'arrêta face à la porte de sa suite. Elle se sentait comme un lycéenne à son bal à la fois très excitée mais aussi la peur au ventre de voir le mécontentement sur le visage de Ryo. Elle s'apprêta à frapper lorsqu'elle remarqua que la porte n'était pas fermée à clé et que celle-ci se trouvait dans la serrure. Quelque chose clochait. D'une main hésitante, elle poussa légèrement la porte et s'autorisa à passer la tête. Le salon semblait terriblement calme, elle en franchit alors la porte et referma doucement derrière elle. Elle allait avancer lorsque ses pieds se prirent dans un vêtement qui faillit la faire tomber. Elle le ramassa et constata qu'il s'agissait d'une robe de soirée. Que faisait cette robe par terre? C'est alors que son regard se posa sur une veste toujours par terre non loin d'elle. Elle appartenait à Ryo, ne lui avait-elle pas préparé sa valise? Réalisant ce qui se jouait sous ses yeux, elle n'osa plus bouger. Elle devint subitement très calme, et elle n'entendait que les battements lourds et pesants de son coeur.  

_Ils n'auraient tout de même pas oser s'entendit-elle dire, la colère la gagnait.  

Elle ne pouvait plus bouger, une boule s'était formée au creux de son ventre et déjà son esprit carburait à mille à l'heure. Comment avaient-ils pu lui faire ça, lui..... mais Saeko? Même si elle ne faisait pas confiance à Ryo sur ce plan là, elle avait été persuadée que Saeko aurait su mettre la distance nécessaire afin de le freiner dans ses ardeurs pour que cela n'arrive jamais. Depuis combien de temps cela durait-il? Après tout lorsque le chat n'est pas là, les souris dansent. Pauvre petite Kaori, stupide et naïve se dit-elle, ils t-ont prise pour une véritable idiote. Son regard commença à s'humidifier mais elle s'interdit de pleurer. Elle était perdue dans ses pensées et sa douleur.  

Ce fut un bruit en provenance de la chambre qui la sortit de sa torpeur. A pas lents, elle se dirigea vers celle-ci et face au spectacle sans fin qui se déroulait sous ses yeux, elle laissa ses larmes s'écouler silencieuses et intarissables. Elle aurait voulu crier à cet instant, mais la douleur qui lui étreignait le coeur la laissa presque léthargique et sans voix. Un froid glacial se saisit d'elle n'épargnant aucune parcelle de son corps meurtri et blessé. Sous le choc de cette découverte elle se mit à trembler, elle était anéantie. C'était comme si sa vie venait de s'arrêter, comme ci une partie d'elle venait de mourir à cette seconde où la vérité venait de lui être révélée.  

Eprouvant de la difficulté à se maintenir debout, elle s'appuya sur le chambranle de la porte. Préférant ne pas se faire remarquer, elle porta sa main à sa bouche afin d'étouffer tous sanglots. Elle essuya ses larmes puis quitta la pièce en courant poussée par une soudaine nausée laissant la porte comme elle l'avait trouvé à son arrivée. Elle longea le couloir non sans se cogner puis descendit les marches une à une, traversa le hall de l'hôtel en bousculant au passage clients et photographes. Elle fut étourdie quelques secondes par le flash de l'appareil d'un photographe et faillit tomber. Kaori ne prit pas la peine de s'excuser, elle voulait mettre le plus de distance entre cet hôtel et elle. Une fois hors de celui-ci, elle se mit à courir comme jamais elle ne l'avait fait de sa vie, comme si elle avait la mort à ses trousses. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle se rendait et aucune idée non plus de l'endroit où elle se trouvait, elle savait juste qu'elle devait courir encore et encore, s'éloigner de cet hôtel, de lui, et de ces images qui tournaient inlassablement dans sa tête. Ce fut son regard plein de larmes qui lui brouillait la vue qui l'obligea à s'arrêter. Ses yeux humides et rouges cachaient dans leur profondeur une terrible douleur qui ne cessait d'augmenter la laissant presque au bord de l'agonie.  

Seule dans cette ruelle, elle se plaqua tout contre un mur crasseux où elle laissa éclater sa colère et sa rage. Elle frappa du pied dans une poubelle qui alla rouler un peu plus loin d'elle. Anéantie, elle se colla de nouveau contre le mur et cette fois ci se laissa choir sur le sol, où elle se laissa submerger par sa peine. Ce jour était un des pires de sa vie. Elle avait pensé à des tas de scénarios quant-à leurs retrouvailles mais pas à celui-ci. Tout ce détour uniquement pour lui, pour le voir lui et elle l'avait vu dans toute sa splendeur et en pleine action. Il méritait bien sa réputation d'étalon de Shunjuku. Rien que d'y repenser elle en éprouva du dégoût si bien qu'elle se mit à quatre pattes et vomit. Il faisait l'amour à une autre femme et pas n'importe laquelle à Reika. Elle ne comprenait plus rien, que faisait-elle ici avec Ryo? Et où était Saeko? Elle ramena ses jambes sur sa poitrine et se recroquevilla sur elle même regardant la pluie tombée. Après de longues minutes, elle se releva, s'essuya la bouche avec la manche de son gilet et décida de se remettre à marcher, la tête baissée et les deux bras ramenés sur son ventre comme pour contrôler cet excès de douleur. Elle n'avait aucune destination en tête, elle ne savait pas où elle voulait aller, elle n'avait envie de rien, si ce n'est tout oublier et n'avoir jamais entreprit ce voyage.  

Elle marcha de longues minutes sous la pluie puis s'arrêta devant un petit hôtel où elle se prit une chambre. Sans ôter ses vêtements trempés, elle s'allongea sur le lit et se recouvrit après s'être mise en boule. Décidément il n'y avait que dans cette position qu'elle se sentait en sécurité. Elle n'avait pas pris la peine d'allumer la lumière, cette obscurité lui convenait parfaitement, c'était un peu le reflet de l'état de son coeur, de son moral, et de son état d'esprit. Oui elle se retrouvait en elle, cette obscurité c'était elle. Elle ne pouvait penser qu'à ces deux corps enlacés ne formant plus qu'un seul et même être. Chaque fois qu'elle fermait les yeux c'était pour les voir en pleine action et cela la révulsait. Le sexe en lui même ne la dégoûtait pas, ce qui la mettait dans cet état c'était qu'il ne s'agissait pas d'elle mais d'une autre femme et pas n'importe laquelle. Pourquoi elle? Kaori connaissait ses sentiments à l'égard de Ryo mais celui-ci se comportait avec elle comme il se comportait avec Saeko, Miki ou Kazue. Jamais elle n'avait pensé que lui aussi partageait les mêmes sentiments.  

A trop penser, un terrible mal de tête se saisit d'elle. Elle avait obtenu en deux semaines ce que Kaori n'avait jamais réussi à avoir en six ans de vie commune. Oui, il lui avait donné à elle ce que secrètement elle avait espéré un jour recevoir de lui, à savoir de l'attention, des caresses, des baisers, du plaisir et peut-être de l'amour oui son amour. Elle s'était leurrée, durant six ans et même après la scène du bateau et au mariage de Miki, elle avait espéré. Il ne l'aimerait jamais comme elle l'aimait, il ne l'aimerait jamais comme il avait aimé Reika cette nuit et ce constat lui arracha des sanglots terribles. Elle avait ouvert son coeur et il s'était joué d'elle. Au fond il n'avait aucune considération pour elle, sans cela jamais il n'aurait choisi Reika. Elle n'était pas dupe, elle savait que Ryo durant ses soirées de débauches fréquentait des femmes mais le voir de ses yeux donnait une autre dimension à la chose. Elle se retrouvait confronter à la dure réalité de la vie.  

Au petit matin, avec des gestes lourds elle quitta ce lit et se dirigea dans la salle de bain. Lorsqu'elle vit son visage dans le reflet du miroir elle ne put s'empêcher de jeter une poignée d'eau sur son reflet afin que celui-ci se brouille. Elle avait les yeux rouges à trop avoir pleuré, gonflés et cernés. Elle passa la tête entière sous le robinet d'eau froide qui la réveilla en lui arrachant un cri. Elle releva la tête et laissa l'eau s'écouler sur son visage, le long de sa nuque et de son dos ainsi que sur ses vêtements. Elle aurait voulu que cette eau la lave de toutes ces images qui lui martelaient la tête, purifie son esprit mais c'était bien sûr impossible. Elle fixa longuement son reflet avant de s'écrouler sur le sol. Elle avait beau chercher au fond de ses yeux, elle ne vit rien, il n'y avait rien. Elle n'avait plus cette envie, cet espoir qui la faisait avancer chaque jour et voir la vie du bon côté. Elle n'avait plus cet entrain, ne ressentait plus cette vitalité qui s'écoulait dans ses veines, comme si le mécanisme avait cassé. A bout de bras, elle se releva, passa ses mains dans ses cheveux afin de leur donner un peu de tenu, rassembla ses affaires puis quitta cette chambre pour la gare où elle prit un billet de train pour Shinjuku.  

A l'hôtel, dans la suite n° 305 le réveil fut difficile. Ryo remua une nouvelle fois dans son sommeil baigné par la semi-clarté du jour qui l'éblouit à tel point qu'il porta sa main à ses yeux afin de se protéger de la lumière. Il se sentait terriblement fatigué et tout son corps lui faisait mal. C'était un de ces matins où il n'était pas au mieux de sa forme. Sa bouche était pâteuse son regard hagard et lourd, et tout son corps courbaturé. C'était comme s'il revenait d'un de ses rêves dans lequel il s'était adonné à mille et un plaisirs mais en avait ramené avec lui la fatigue. Il ressentait une sensation bizarre qu'il ne parvenait pas à définir, un trouble, une gène, de la honte, il n'aurait su le dire. Il voulut se lever mais fut stoppé dans son élan par un poids qui pesait de tout son corps sur lui. Il baissa alors la tête en direction de ce poids et vit Reika qui l'enlaçait amoureusement à la taille. Elle avait posé sa tête sur son torse. Perturbé par cette vision, il se frotta les yeux afin de s'assurer qu'il ne rêvait pas.  

_Et merde ! s'entendit-il dire.  

Il était dans un lit complètement nu avec Reika, qui elle aussi était entièrement nue. La première pensée de Ryo ne fut pas pour elle, ou pour ce qui avait bien pu se passer cette nuit, car pour lui leur nudité parlait pour eux, non rien de tout cela, sa première pensée fut pour Kaori et le mal qu'il venait de lui faire.  

_Qu'est ce que j'ai fait?  

A cet instant précis, il se détesta. Il posa alors son regard sur Reika qui l'enlaçait fortement, elle ne semblait pas vouloir le laisser partir. Face à ce corps nu, un filet de bave dégoulina aux coins de ses lèvres.  

_C'est pas le moment Ryo reprends-toi ! Il prit le drap puis la recouvrit jusqu'aux épaules.Comment j'ai fait pour me mettre dans un tel pétrin.  

Lentement il se dégagea d'elle afin de ne pas la réveiller. Il ne fallait surtout pas qu'elle se réveille, il ne voulait pas l'affronter, il ne se sentait pas prêt. Il avait un terrible mal de tête. Il se leva péniblement perturbé par un flot de sensations qui refaisaient surface, en témoignage son corps courbaturé ainsi que les griffures sur son torse et son dos. Nu, il quitta le lit et la regarda dormir. Bien qu'il n'avait aucun souvenir de ce qui s'était passé, l'état du lit ainsi que les vêtement éparpillés aux quatre coins de la pièce lui révélèrent la douloureuse vérité. Il avait bien couché avec elle. En colère, il pesta contre lui même avant de gagner la salle de bain. Il fit couler l'eau et se mit sous le jet d'eau froide afin de retrouver son calme et ses esprits Il colla son font tout contre la paroie de la douche et se laissa gagner par cet instant de grâce qui lui fit le plus grand bien, mais très vite sa conscience la rattrapa si bien qu'il ne cessa de se frapper le front contre le mur. Il ressortit cinq minutes plus tard une serviette enroulée autour de la taille. Ce fut cet instant que choisit Reika pour émerger du pays des songes. Elle fit glisser sa main à côté d'elle pensant y trouver son amant, mais elle ne trouva qu'un vide froid. Elle se releva légèrement et le vit sur le seuil de la porte de la salle de bain. Elle lui sourit tendrement. Face à ce sourire il se dégoûta plus encore.  

_Bonjour Ryo lui dit-elle d'une voix suave.  

_Bonjour Reika.  

_Tu as bien dormi. Elle quitta le lit enroulée dans le drap et se posta devant lui.  

_Pas très bien lui dit-il en détournant la tête sur le côté.  

_C'est normal avec la nuit qu'on a passé. Tu aurais du me réveiller j'aurais pris ma douche avec toi.  

Elle se colla tout contre lui, puis se mit sur la pointe des pieds afin d'arriver à sa hauteur. Sentant son souffle chaud dans son cou, il se recula d'un pas , ne s'attendant pas à cette réaction Reika faillit perdre l'équilibre. Elle laissa alors le drap glisser au sol et se retient au cou de Ryo. Elle était à présent nue dans ses bras, leur visage face à face et le regard dans celui de l'autre.  

_Ryo Saeba tu es un sacré coquin, c'était bien joué lui dit-elle ravie du résultat.  

_Ce n'était pas ce que je voulais. Il était sincère en lui disant cela.  

_Bien sûr. Elle lui sourit et l'embrassa d'abord lentement puis plus passionnément. Face à son absence de réponse, elle se dégagea puis fit un léger pas en arrière afin de faire face à son visage. Que se passe-t-il Ryo, tu étais plus enthousiaste cette nuit?  

_Je suis fatigué Reika.  

_Toi l'étalon de Shinjuku tu es fatigué.  

_Je reste un homme avant tout Reika. Tu devrais aller prendre ta douche, nous avons une journée chargée.  

Sans lui laisser le temps de répondre, il ôta ses mains de son cou puis la contourna afin de quitter la chambre pour le salon. Son attitude avait complètement décontenancé Reika qui resta pantoise quelques secondes. Elle ne comprenait pas ce brusque changement de comportement. Elle ne se laissa pas démonter pour autant, pas après la nuit qu'ils avaient passé, pas avec toutes ces images et tous ces souvenirs qui lui revenaient en mémoire. De sa vie, jamais elle n'aurait cru être capable de ressentir un tel plaisir. Elle avait connu l'extase et il avait le nom de Ryo Saeba. Avec un doux sourire aux lèvres , elle alla se prélasser dans un bon bain.  

Au salon Ryo s'habilla rapidement, il constata que la porte de leur suite n'était pas fermée et que les clés étaient toujours sur la serrure. Quelque chose clochait? Jamais il n'avait été et n'aurait été aussi négligeant. Un événement s'était forcement passé mais lequel? Il ne lui restait plus qu'à le découvrir. Il se rendit à la salle du restaurant afin de prendre son petit déjeuner et seul à sa table il se mit à repenser à la nuit dernière. Tout s'était bien passé jusqu'à ce qu'ils remontent dans leur chambre après plus rien. C'était donc par là qu'il devait chercher. Il avait été drogué c'était la seule explication pour lui, la plus logique mais à quel moment? Il avait toujours été sur ses gardes, sauf oui cela ne pouvait être qu'à ce moment, lorsqu'il avait tourné le dos à ces deux types pour regarder Reika. L'un d'eux avait du en profiter pour lui verser quelque chose dans son verre. Réalisant ce qui s'était joué à son insu, il serra fortement le verre qu'il tenait dans sa main jusqu'à le briser.  

_On ne se joue pas impunément de moi dit-il les dents serrés et le visage défait par la colère.  

_Tu aurais pu m'attendre Ryo ! clama Reika en prenant place en face de lui.  

_J'aurais pu en effet.  

_Tu es bizarre ce matin. Mais tu t'es blessé lui fit-elle remarquer inquiète mais celui ci ne porta aucune attention à ses paroles.  

_Il faut que l'on parle de ce qui s'est passé hier. Il lui dit cela sans même la regarder.  

_Tu veux parler de nous, je t'écoute.  

Le nous avait ramené Ryo dans la réalité, et cela lui avait vraiment déplu. Elle voyait un nous où lui ne voyait qu'un monstrueux malentendu, une terrible erreur.  

_Reika il n'y a pas de nous. Sa voix avait été calme et ferme. Il lui parla en la regardant droit dans les yeux afin qu'elle capte sa sincérité et que tout malentendu soit balayé.  

_Comment peux-tu dire cela après ce que nous avons vécu, la nuit que nous avons passé ensemble.  

_C'est tout le problème, je ne me souviens de rien.  

_Tu te fiches de moi Ryo. Ce n'est vraiment pas amusant.  

_Je n'ai aucun souvenir de cette nuit et de ce qui s'est passé, de ce que nous avons fait, même si je sais que nous l'avons fait. Je n'oublie jamais ce genre de chose, jamais je ne me suis réveillé au côté d'une femme en ayant oublié tout ce qui avait précédé la veille.  

_Pourtant nous l'avons bien fait et c'était merveilleux, tu as été merveilleux. Nous n'avons plus rien à apprendre du kamasutra.  

Face à cet aveu Ryo ne put que sourire, un sourire franc et vrai.  

_Reika ce que je veux que tu comprennes, c'est que ce n'était pas moi.  

_Tu te défiles, je n'aurais jamais cru cela de toi. C'est la réaction de Kaori que tu crains.  

_Il ne s'agit pas de Kaori, alors laisse là en dehors de cela. Il avait posé fermement sa main sur la sienne afin de lui faire comprendre que ce n'était pas le moment de lui faire une scène.  

_De quoi s'agit-il alors? Lui demanda-t-elle en le défiant du regard.  

_De drogue.  

_De drogue répéta-t-elle plus que surprise.  

_On m'a drogué.  

_Tu veux me faire gober ça, tu étais pourtant en pleine possession de tes moyens et plus que lucide vu tout ce que tu m'as fait.  

_Ca je veux bien te croire. Il dit cela à voix basse plus pour lui que pour elle.  

_Tu ne te souviens de rien du tout, pas un baiser, pas une caresse, rien.  

_Rien du tout Reika lui répondit-il sans la lâcher du regard et en s'adossant à son siège. Elle venait enfin de réaliser la situation et il n'avait plus besoin de tenter de la convaincre. Sur cela il était soulagé. C'était une erreur Reika, cela n'aurait jamais dû se passer.  

_Moi je ne regrette rien.  

_Tu devrais car en temps normal je ne t'aurais jamais touché. Il ne se passera plus rien entre nous. Il plongea son regard dur et ferme dans le sien afin qu'elle s'imprègne de ses paroles et qu'elle en constate la véracité. Nous n'étions pas nous même.  

_Parle pour toi, moi j'étais bien consciente.  

_C'est faux et tu le sais. Si tu avais eu toute ta lucidité, jamais tu ne m'aurais laissé faire.  

_Tu ne veux pas nous donner une chance. Je sais que je ne te laisse pas indifférente et sexuellement entre nous c'est géniale. Ryo je t'aime, alors pourquoi ne pas faire un essai.  

Elle s'était approchée de lui et avait posé sa main sur la sienne afin qu'il ressente toute son envie et tout son amour. Elle paraissait confiante trop confiante certainement à cause de la nuit dernière.  

_C'est vrai que tu es une belle femme et tes charmes ne me laissent pas indifférent mais une relation ne se base pas que sur le sexe. Je ne veux pas te faire de la peine, ni te faire souffrir Reika.  

_C'est pourtant ce que tu fais. C'est à cause d'elle n'est ce pas. Sa voix était sèche et dure.  

Il savait que cette discussion la faisait souffrir mais il n'avait pas d'autre choix que d'être sincère avec elle. Il ne voulait surtout pas qu'elle se fasse de faux espoirs et se berce de fausses illusions quant à leur avenir et même si pour cela il devait la faire pleurer, il se devait d'être ferme et intransigent.  

_Qu'a -t-elle de plus que moi? Tu ne cesses de dire que c'est un garçon manqué, une planche à pain alors explique-toi je t'en prie le supplia t elle d'une voix tiraillée par le trouble et la tristesse. La raison à ce refus catégorique ne peut-être que cette chère Kaori.  

_Tu confonds tout Reika, pourquoi tiens-tu absolument à ce qu'elle en soit la cause.  

_Mais par ce que tu as peur d' elle et de sa réaction, je me trompe.  

_Reika je ne t'aime pas, pas comme tu le voudrais, pas comme tu m'aimes et ce serait dégueulasse de ma part de te faire croire le contraire afin de profiter de toi. De plus je n'ai peur de personne.  

_C'est pourtant ce que tu as fait hier.  

_Pardon.  

_C'est un peu trop tard tu ne crois pas.  

_A quoi t'attendais-tu Reika! s'éleva alors la voix de Ryo. Tu connais ma réputation et tu me connais. Tu sais que je ne couche jamais deux fois dans le même lit. J'aime les aventures d'un soir, je ne vis que pour elle et par elle. Je ne veux aucune attache. Je ne peux que m'excuser, c'est tout ce que je peux te donner mon pardon.  

Elle était au bord des larmes, son coeur souffrait et malgré tout le mal que Ryo venait de lui faire, il débordait d'amour pour cet homme alors que tout son corps n'éprouvait à cet instant que répulsion pour lui. Elle aurait voulu quitter cette table, fuir le plus loin possible de lui, mais sa fierté l'en empêchait. Il la faisait se sentir coupable sans le vouloir, coupable de l'avoir aimé, coupable de s'être donnée à lui comme jamais elle ne l'avait fait avec un autre homme, coupable de continuer à l'aimer malgré la situation et ses sentiments non partagés. Coupable, coupable, coupable, ce simple mot ne cessait de résonner dans sa tête lui arrachant à chaque résonance un peu plus de son espoir qu'elle voyait s'envoler. Elle se sentait coupable car elle avait fauté, seules les personnes qui savent qu'elles ont mal agi ressentent de la culpabilité et c'était son cas.  

_Seras-tu capable de garder la tête froide afin de terminer la mission.  

_Pour qui tu me prends?Le regard qu'elle lui jeta le glaça.  

_Si tu sens que tu ne peux pas faire la part des choses, ne pas mélanger vie privée et vie professionnelle je dois le savoir tout de suite Reika. Je dois pouvoir compter entièrement sur toi.  

_Tu peux.  

_Nous devons voir ta soeur. Tu veux commander?  

_Non je n'ai pas faim.  

Elle se leva et quitta la table sans l'attendre. Il l'avait blessée et il en avait plus que conscience. Il avait touché son amour propre et pour cela il se détestait. Il se contenta de la suivre à distance, il savait qu'elle avait besoin de temps et d'être seule afin de faire le point. Chacun vaqua à ses occupations, elle dans la chambre et lui dans le salon à nettoyer son arme lorsque l'on frappa à la porte. Il la rangea puis alla ouvrir.  

_Bonjour Ryo, Reika est là?  

_Dans la chambre entre vite. Mais dis-moi tu es très en beauté inspectrice de mon coeur.  

_Ce n'est pas le moment lui dit-elle en passant devant lui après avoir posé sa main sur son visage afin de le maintenir à une certaine distance.  

_Bonjour Saeko fit Reika en entrant dans le salon alertée par le vacarme de Ryo.  

Le regard de Saeko alla de l'un à l'autre.  

_Vous avez des mines affreuses. On dirait que vous n'avez pas dormi. Ryo tu ne l'as pas harcelée de tes fameuses visites nocturnes. Attends que j'avertisse Kaori.  

_Mais que vas-tu chercher là ! Nous sommes un jeune couple marié et nous avons fait ce que tout couple fait.  

_A savoir.  

_Nous avons passé la nuit dehors à danser et à nous amuser.  

_Je vous signale que vous êtes là en mission et pas pour vous amuser. Ca ne m'étonne pas de Ryo mais toi Reika. Tu es l'adulte responsable de vous deux.  

_Tu aurais peut-être voulu que je le laisse seul sans surveillance.  

_C'est vrai que vu sous cet angle. Trêve de bavardage au boulot. Quelles sont les nouvelles?  

_Le contact a eu lieu hier au restaurant. Nous avons un nouveau rendez-vous dans le salon de thé de l'hôtel à 14H00. Ils doivent nous fournir l'échantillon.  

_Aux yeux et vu de tous.  

_Oui et je ne leur fais pas confiance reprit Ryo. De ton côté auras-tu l'argent à temps.  

_Je m'y emploie. Si tout se passe bien je l'aurai à la fin de la semaine.  

_C'est dans 5 jours Saeko.  

_Que veux tu les rouages de la bureaucratie.  

_Ne me dis pas que l'on fait tout cela pour rien.  

_Non calme-toi. J'aurai l'argent. Reika on ne t'entend pas beaucoup, tu es sûre que ca va?  

_Oui je suis juste fatiguée. Elle se leva de son fauteuil puis se dirigea vers la fenêtre afin de leur tourner le dos.  

_Qu'est ce que vous me cachez tous les deux? Il y a de la tension entre vous, c'est limite électrique. Vous vous êtes disputés.  

_Saeko tout va bien, j'ai juste besoin de dormir et de rattraper les heures de sommeil que j'ai perdu. Je vais aller faire une sieste et dans 2 heures je serai en pleine forme.  

_Tu ne veux pas voir avec nous les derniers détails.  

_Il ne se passera rien à ce rendez-vous, alors c'est inutile.  

_Elle a raison Saeko, ils vont nous donner l'échantillon et fixer un nouveau rendez-vous.  

_Je vous laisse alors tenez-moi au courant.  

Saeko prit congés après avoir jeté un dernier regard à Ryo. L'heure du rendez-vous arriva enfin. Reika opta pour une tenue classique et simple petit pantalon en toile noir et large avec un petit top de la même couleur. Elle rejoignit Ryo qui se trouvait déjà au salon en train de siroter un monaco. Avec le sourire aux lèvres, elle prit place à côté de lui, mais ne lui parla pas et ne lui adressa pas le moindre regard.  

_Je t'ai commandé un monaco.  

_Ils sont en retard.  

_Non, ils sont à l'heure. Très discrètement il lui indiqua trois directions.  

_Les mêmes qu'hier.  

_Et c'est parti.  

Les trois hommes prirent place sur les fauteuils autour de la table basse.  

_Vous êtes ravissante Mme Saeba. Mr Saeba. Je vois que cette nuit n'a eu aucune incidence sur votre teint de pêche.  

_Non aucune, vous êtes déçus?  

_Je l'avoue, je pensais vous trouver en moins bonne forme et la mine plus défaite.  

_Désolée de vous décevoir.  

_Ne le soyez pas, je pense que celui qui en a tiré le plus de bénéfice et tout le plaisir est Mr Saeba. Ca a été explosif n'est ce pas.  

_Un véritable feu d'artifice. Lui répondit Ryo sans le quitter du regard de ses prunelles noires.  

_J'en conclus que vous êtes satisfaits de l'échantillon.  

_Très.  

_A petite dose elle déshinnibe les gens, et fait remonter à la surface leurs désirs cachés.  

_Et à plus forte dose, qu'elles en sont les effets.  

_Les mêmes mais amplifiés.  

_A quel point?  

_Perte de la réalité, violence et si on en abuse, consommé à outrance elle peut générer la mort. Dans votre cas, nous avons juste voulu vous faire vivre une seconde lune de miel.  

_C'était réussi, je vous en remercie ! lui dit-il en posant sa main sur la cuisse de Reika et en accentuant la pression tellement il éprouvait de la colère plutôt de la rage envers cet homme qui lui avait fait commettre l'impardonnable.  

_Serait-il possible d'avoir un autre échantillon ? demanda Reika.  

_Bien sûr!  

_Je peux vous poser une question?  

_Je vous écoute.  

_Mon époux se rappelle ce qui s'est passé à cause des sensations. Il a tout oublié, et en même temps il sait ce que nous l'avons fait, alors que moi, je me souviens de tout pourquoi?  

_C'est un des effets du produit, mais rassurez-vous les souvenirs de votre époux vont peu à peu refaire surface. Il a dû boire toute sa flûte à champagne c'est pour cela qu'il ne se souvient pas des détails. Vous n'avez pas bu votre champagne.  

_J'y ai juste trempée mes lèvres.  

_Ca a suffit à lever toutes vos inhibitions.  

_Qu'y a t-il dans cette drogue?  

_C'est du PCP retravaillé  

En écoutant le mot PCP le visage de Ryo s'assombrit mais il conserva tout son flegme  

_Concernant le règlement.  

_L'argent sera transféré dans mon compte à la fin de la semaine. Une fois la marchandise en possession je ferai transférer la somme sur votre compte, il vous suffira de me communiquer le n° de celui-ci.  

_Ca me semble parfait. Disons alors vendredi prochain, hangar n°5 sur le port.  

_A vendredi alors.  

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