Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 24 chapitres

Publiée: 24-11-20

Mise à jour: 17-12-20

 

Commentaires: 31 reviews

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SongficRomance

 

Résumé: Une voix dans la nuit, un nouveau chemin, un nouveau regard...

 

Disclaimer: Les personnages de "[vwa]" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: [vwa]

 

Chapitre 3 :: Chapitre 3

Publiée: 26-11-20 - Mise à jour: 26-11-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Donc KAori animatrice d'une émission sentimentale à la radio. Nous sommes effectivement partie pour une songfic avec une chanson à presque tous les chapitres. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 3  

 

Kaori souffla en voyant la porte se refermer derrière Ryo et leur cliente. Elle consulta sa montre et vit qu’il lui restait moins d’une heure pour sauver les apparences et se préparait pour aller à la radio. La mission s’était terminée un peu plus tôt dans la journée lorsque le harceleur de Miyuki avait été arrêté par Saeko. Il n’en était pas à sa première victime mais celle-ci avait été la dernière même s’il leur avait donné du fil à retordre. Normalement, tout aurait dû se terminer la veille mais Miyuki avait permis à l’homme de s’enfuir en se jetant dans les bras de Ryo, morte de peur, l’empêchant de le poursuivre. Heureusement, l’homme avait attaqué de nouveau dans l’après-midi quand Ryo lui avait laissé une ouverture.  

 

Elle avait bien cru qu’elle devrait ruser pour pouvoir se faufiler hors de l’appartement quand Miyuki avait hésité à s’en aller pour finalement se décider à prendre le dernier train pour se rendre chez ses parents. Ryo avait proposé de l’accompagner à la gare avant de partir faire sa tournée nocturne habituelle pour récolter des informations. Il s’était visiblement attendu à ce qu’elle vienne avec eux mais elle avait prétexté devoir rattraper une semaine de ménage. Elle observa le salon ravagé par les dernières attaques à la massue de la journée en soupirant. Ryo s’était surpassé, à la mesure du stress de leur cliente. Elle débarrassa le maximum et, avec un brin de culpabilité, poussa certains débris sous la table basse pour les cacher. Elle ferait mieux le lendemain…  

 

Voyant l’heure tourner, elle se dépêcha de monter et d’aller se préparer. Comme la semaine précédente, elle se changea pour une tenue plus féminine, qui la faisait se sentir plus en confiance, plus à même de répondre aux questions des auditeurs. Ce n’était qu’un subterfuge futile mais ça lui faisait du bien. Son regard sur sa personne changeait et c’était agréable de se sentir un peu plus jolie. Elle ne voulait pas penser au fait que la séance serait filmée et que des personnes pourraient voir son visage avec toutes les implications que cela pouvait avoir.  

 

Prête, elle enfila ses chaussures plates et s’observa dans le miroir. Elle hésita à changer de chemisier en s’apercevant que son soutien-gorge s’apercevait en transparence, chose à laquelle elle n’avait pas prêté attention, mais vit qu’elle n’avait plus le temps. Elle descendit l’escalier quatre à quatre, attrapa sa veste et son manteau et partit en courant jusqu’à la radio.  

 

- Je te manquais tellement que tu n’as pas pu t’empêcher de courir pour me rejoindre ?, la taquina Hiro quand elle arriva à peine essoufflée à la radio.  

- Je ne voulais pas être en retard., répondit-elle.  

- Ca te donne des couleurs. En plus naturel, c’est beaucoup plus joli que les versions fardées., lui murmura-t-il en passant.  

 

Elle grimpa d’une nuance de rouge et le suivit dans le studio. Elle ôta sa veste et la posa sur le canapé derrière elle avec son sac et prit place.  

 

- La caméra est réparée ?, lui demanda-t-elle, anxieuse en voyant la lumière qui se reflétait sur la vitre.  

- Oui mais j’ai discuté avec Shinobi et j’ai réussi à le convaincre qu’il fallait garder un petit côté mystérieux. On a eu de bons retours sur la séance de la semaine dernière. Les auditeurs aiment ta voix et se posent des questions sur toi. On va entretenir cela pour le moment., lui apprit-il.  

- Merci, Hiro. Je… Je n’ai pas vraiment envie d’être reconnue., admit-elle.  

- Mets ça sur le compte de mon égoïsme. J’aime l’idée d’être le seul à pouvoir te voir en plus de t’écouter., lui dit-il d’une belle voix grave.  

 

Elle leva les yeux et croisa son regard posé sur elle alors qu’il plaçait la caméra en fonction de sa position.  

 

- Hiro… Je… Je n’envisage pas d’entamer une relation pour le moment…, lui répondit-elle, gênée.  

 

Il esquissa un sourire chaud, nullement échaudé par sa remarque.  

 

- Moi, je vois deux choses positives dans ce que tu me dis. De un, tu es donc célibataire et, de deux, tu n’es pas complètement fermée à l’éventualité. C’est bon pour moi ça., répliqua-t-il.  

- Hiro…  

- Mets-toi en place. On va commencer., l’interrompit-il.  

 

Elle le regarda sortir de la pièce, se demandant ce qu’elle avait bien pu faire pour lui donner l’impression qu’elle était disponible, et enfila son casque en soupirant.  

 

- C’est quoi le thème du jour ?, lui demanda-t-il.  

- Le coup de foudre., répondit-elle.  

- Tu parles de nous, ma sirène ?, l’interrogea-t-il, lui lançant un regard amusé et baissant son bras pour lui passer la main.  

- Lâche., souffla-t-elle dans le micro avant d’appuyer sur le bouton alors que la lumière « ON AIR » s’allumait.  

- Il est vingt-et-une heures. Vous êtes sur Super Tokyo Radio. Je suis Kaori pour l’émission Atout cœur. Je suis ravie de vous retrouver pour une heure à parler ensemble et évoquer l’un des points essentiels de notre existence. Pour commencer, une petite mise en bouche avec les Pretenders, Don’t get me wrong. A tout de suite., annonça-t-elle d’une voix douce et profonde.  

 

La musique se mit en route et elle coupa le micro.  

 

- J’espère que c’est la façon dont tu penses à moi, ma sirène., la taquina Hiro.  

- J’ai quelqu’un dans ma vie, Hiro. Alors ne te fais pas d’illusions., lui conseilla-t-elle.  

- J’espère qu’il se rend compte de la chance qu’il a., lui répondit-il d’une voix posée.  

 

Elle leva les yeux vers lui, ne sachant quoi répondre. Comment Ryo voyait leur relation ?  

 

A l’appartement, la porte s’ouvrit sur un nettoyeur un peu agacé d’avoir trouvé porte close. Il fronça un peu plus les sourcils en voyant toutes les lumières éteintes et en entendant le silence.  

 

- Kaori ?, appela-t-il sans succès.  

 

Jetant un œil dans le placard, il vit que sa veste et son sac à main n’étaient pas là. Contrarié qu’elle soit sortie sans l’en informer, il se demanda où elle pouvait bien être.  

 

- Oh puis après tout, elle est assez grande. Pour une fois, je n’ai pas à me précipiter pour sortir., murmura-t-il, défaisant sa veste et ses chaussures.  

 

Il chercha son portefeuille, le retrouvant sous la table basse à côté de poussières visiblement jetées là à dessein, et il fronça les sourcils une nouvelle fois.  

 

- Tu étais bien pressée…, remarqua-t-il, se relevant et glissant son portefeuille dans sa poche de veste.  

 

Comme il était encore tôt, il alluma la radio et s’installa dans le canapé, les mains derrière la tête. Il n’avait pas envie de traîner toute une soirée dehors alors s’il pouvait un peu profiter de l’appartement en solo, il ne se priverait pas. Pour une fois, il n’aurait pas à fuir plutôt que de se demander comment éviter de sauter sur sa partenaire et bousculer l’ordre établi.  

 

Don't get me wrong  

Ne te méprends pas  

If I'm looking kind of dazzled  

Si je semble éblouie  

I see neon lights  

Je vois des lumières de néon  

Whenever you walk by  

A chaque fois que tu passes par là  

 

Il eut un léger sourire : c’était un peu la manière dont il se voyait avec Kaori. Elle l’avait ébloui, l’avait sorti des ténèbres en l’entourant d’une lumière qui n’avait cependant rien d’artificielle. Depuis qu’il l’avait laissée entrer dans sa vie, il avait chaud, il avait de l’espoir, il ne se sentait plus seul et pas uniquement par moments. C’était un sentiment constant qui s’était progressivement immiscé et qu’il portait en lui désormais. Il savait que tout cela pouvait encore être plus beau mais il ne voulait pas aller plus loin et il comptait sur le fait que l’amour de Kaori était inébranlable pour ne pas la perdre.  

 

Don't get me wrong  

Ne te méprends pas  

If you say, "hello", and I take a ride  

Si tu dis « bonjour » et que je m’envole  

Upon a sea where the mystic moon  

Au dessus d’une mer où la lune mystique  

Is playing havoc with the tide  

Fait des ravages avec la marée  

Don't get me wrong  

Ne te méprends pas  

 

Kaori sentit son cœur se serrer. Il fut un temps le moindre mot gentil qu’il lui aurait prononcé l’aurait envoyée aux anges. Il avait le pouvoir de la subjuguer comme certainement beaucoup d’autres femmes et il en avait usé. Quelque part, les derniers mots doux qu’il lui avait prononcés c’était lors de son enlèvement au mariage de Miki. Ca commençait à dater, elle se posait parfois la question si cela durerait encore longtemps, si elle avait encore la patience d’attendre et pourtant… Pourtant, elle continuait d’espérer coûte que coûte. Simple habitude ou amour aveugle ? Elle leva les yeux vers Hiro.  

 

- Tu as l’air pensive, ma sirène. Tu te demandes comment me prendre dans tes filets ?, la taquina-t-il.  

 

Elle sourit en réponse à l’amusement qui perçait dans sa voix.  

 

Don't get me wrong  

Ne te méprends pas  

If I'm acting so distracted  

Si j’agis de manière si distraite  

I'm thinking about the fireworks  

Je pense aux feux d’artifice  

That go off when you smile  

Qui éclatent quand tu souris  

 

S’imaginait-elle à quel point c’était compliqué de résister quand elle souriait ou quand elle lui disait qu’elle était bien avec lui ? C’était toujours aussi incroyable pour lui, un émerveillement éphémère parce que tout de suite après, il pensait au danger qui les entourait, à la mort qui rôdait attendant de prendre son dû. Alors il faisait comme s’il n’avait pas vu ou entendu, comme s’il pensait à autre chose, comme s’il s’en moquait. C’était plus simple que de lui montrer ce qu’il ressentait, d’ouvrir la porte et de risquer d’initier quelque chose qu’il n’était pas prêt à assumer.  

 

Don't get me wrong  

Ne te méprends pas  

If I split like light refracted  

Si j’éclate comme la lumière réfractée  

I'm only off to wander  

Je m’en vais seulement gambader  

Across a moonlit mile  

Sur un mile au clair de lune  

 

- Si tu continues à me sourire ainsi, ma sirène, je vais m’envoler dans les étoiles., la taquina Hiro.  

- Tu vas devoir assumer la régie toute seule en même temps qu’animer l’émission et tu ne me retrouveras que devant la porte dans le rôle de chevalier servant., ajouta-t-il.  

- Je n’ai pas besoin d’un chevalier servant., le contra-t-elle.  

- Et si j’ai envie de l’être ?, lui retourna-t-il.  

 

Elle ne sut quoi répondre et resta les lèvres entrouvertes, déstabilisée. Elle ne savait pas sur quel pied danser avec lui : être le sujet de ses attentions était un petit plaisir qui lui faisait du bien et dont elle avait envie de profiter et, en même temps, elle ne voulait pas lui donner de faux espoirs sur la possibilité d’un eux et se sentait un peu coupable vis-à-vis de Ryo.  

 

- Je n’ai rien d’une princesse. Je ne suis qu’une femme ordinaire et mon cœur bat déjà pour quelqu’un d’autre., finit-elle par lui répondre.  

 

Once in a while, two people meet  

De temps en temps, deux personnes se rencontrent  

Seemingly for no reason  

Sans aucune raison apparente  

They just pass on the street  

Elles passent juste dans la rue  

Suddenly, thunder showers everywhere  

Et soudain des averses orageuses partout  

Who can explain the thunder and rain?  

Qui peut expliquer le tonnerre et la pluie  

But there's something in the air  

Mais il y a quelque chose dans l’air  

 

- Le coup de foudre, c’est surfait, Kaori. J’arriverai peut-être à gagner ton cœur avec le temps. Tu veux le tonnerre et la pluie ? Les voilà., lui dit-il, poussant deux boutons pour faire entendre les bruits dans son casque.  

 

Elle tressaillit sur sa chaise tellement le son était réel. Elle observa de nouveau Hiro, n’arrivant pas à croire qu’il venait de lui déclarer vouloir la courtiser.  

 

- Sérieusement, ça te donne envie de m’aimer ? Je ne pense pas. J’ai juste envie d’apprendre à te connaître. Ouvre-moi la porte., lui demanda-t-il.  

 

Don't get me wrong  

Ne te méprends pas  

If I come and go like fashion  

Si je vais et viens comme la mode  

I might be great tomorrow  

Je pourrais être bien demain  

But hopeless yesterday  

Mais sans espoir hier  

 

- On ne s’est jamais rencontrés pourtant Chryssie., ironisa Ryo.  

 

Aller et venir, c’était bien son genre, surtout en mode avancer et reculer. Il l’avait souvent pratiqué avec Kaori, le faisait encore d’ailleurs. Il se mit à rire en trouvant sa devise : un petit pas pour l’homme, une grande perte pour l’humanité. Féminine, l’humanité, bien évidemment. C’était ce qu’il n’arrêtait pas de dire d’ailleurs, qu’il ne pouvait se fixer avec une seule ou même qu’il ne pouvait mourir parce qu’il avait encore trop de miss mokkori à honorer. Quête illusoire, s’il en était puisqu’il en manquerait toujours une à l’appel, la seule qu’il se refusait de toucher.  

 

Pourtant, de toutes, c’était celle qui lui était vitale et pourrait très bien éclipser toutes les autres. C’était celle qui le faisait passer par la passerelle d’un hier sans espoir à un lendemain qui pourrait être bien, voire plus que bien, s’il était honnête… sauf que la passerelle du jour même semblait être sans fin. Il s’y sentait bien, en sécurité. Il y avait pris ses marques et devoir descendre de l’autre côté et évoluer sur un autre terrain n’étaient pour le moment pas dans ses projets.  

 

Don't get me wrong  

Ne te méprends pas  

If I fall in the mode of fashion  

Si je tombe dans le mode de la mode  

It might be unbelievable  

Cela peut être incroyable  

 

Incroyable, ça pouvait l’être, pensa Kaori, le cœur serré. Le tout était qu’il accepte enfin de bouger dans sa direction… ou qu’elle se décide à avancer dans la sienne et de voir comment il réagirait. C’était un pari osé. Pouvait-elle le faire ? Elle ne savait pas mais on venait de lui ouvrir les yeux sur un fait, s’aperçut-elle en regardant Hiro.  

 

But let's not say, "so long"  

Mais ne disons pas « aussi longtemps »  

It might just be fantastic  

Cela peut être juste fantastique  

Don't get me wrong  

Ne te méprends pas  

 

- Tu es avec moi, Kaori ?, entendit-elle dans le casque.  

- Oui., souffla-t-elle, prenant une profonde inspiration avant d’appuyer sur le bouton du micro quand il lui fit signe.  

- J’espère pour bien plus que l’émission., murmura-t-il, la surprenant.  

 

Elle n’avait pas le temps de lui répondre. Il lui fallait maintenant rester concentrée, tenir les cinquante minutes qui restaient puis rentrer à l’appartement et attendre le lendemain pour voir si c’était réalisable, si elle avait le courage de prendre ce risque.  

 

- Vous êtes sur Super Tokyo Radio. C’était The Pretenders avec Don’t get me wrong, une manière très dynamique d’introduire le sujet du jour : croyez-vous au coup de foudre ?, annonça-t-elle, fronçant les sourcils et levant les yeux vers Hiro, ne reconnaissant pas sa voix.  

- Continue, c’est moi qui module ta voix pour lui donner plus de profondeur… même si ce n’est pas nécessaire., avoua-t-il avec un léger sourire.  

- Nous accueillons Tae. Bonsoir Tae., enchaîna-t-elle, acquiesçant.  

- Bonsoir.  

- Alors Tae, croyez-vous au coup de foudre ?, l’interrogea Kaori, sentant l’hésitation de son auditrice.  

 

Celle-ci resta silencieuse quelques secondes.  

 

- Oui. Mes amies me trouvent trop fleur bleue parce que je ne peux qu’être amoureuse d’un homme pour qui j’ai eu le coup de foudre., avoua la jeune femme.  

- C’est quelque chose d’essentiel pour vous ?, l’interrogea-t-elle.  

- Oui. Je pense que mon cœur saura reconnaître l’homme qui sera fait pour moi.  

- C’est la façon la plus évidente, en effet, mais il ne faut pas se fermer à une autre possibilité : celle que vous pourriez côtoyer celui qui pourrait partager votre vie et vous rendre heureuse., lui opposa doucement Kaori.  

- Tu parles de moi, ma sirène ?, la titilla Hiro.  

 

Kaori refusa de lever les yeux de ses fiches. Il bousculait ses habitudes et elle ne voulait rien y voir de plus. Elle ne voulait pas se poser de questions.  

 

- Je… Je ne vois pas. Comment je pourrais le savoir ?, balbutia Tae.  

- Je ne sais pas. Ce serait une personne avec qui vous vous sentiriez à l’aise, pour qui vous avez de l’affection mais à laquelle vous n’avez pas encore ouvert la porte pour laisser d’autres sentiments émerger., proposa Kaori.  

- Sans coup de foudre ? Impossible. Si les sentiments ne sont pas là du départ, pourquoi arriveraient-ils après ?, l’interrogea Tae.  

- Parce qu’ils peuvent être là sans qu’on veuille les voir, parce que nous ne sommes pas prêts, parce que ça ne correspondait pas à ce qu’on attendait., argumenta la rouquine.  

- Comment le savoir ?, lui demanda son auditrice.  

- Il faut prendre des risques. Oser sortir des sentiers battus.  

- Je ne sais pas. Ca voudrait dire que le coup de foudre n’existe pas ?, s’inquiéta Tae.  

 

Kaori prit un très court instant pour réfléchir.  

 

- Si, Tae, le coup de foudre existe mais ce n’est pas forcément avec les feux d’artifice et les tambours que ça arrivera et peut-être que ça ne vous arrivera pas. Peut-être que l’amour de votre vie arrivera discrètement en nouant progressivement des liens avec vous, en partageant des choses avec lui. Il faut garder l’esprit ouvert., lui conseilla-t-elle.  

 

A l’appartement, Ryo avait la main sur la poignée de la porte pour repartir lorsqu’il avait entendu la voix de la présentatrice. Il avait senti un long frisson le parcourir et avait été incapable de finir le mouvement. Cette voix, il ne la reconnaissait pas mais il aurait juré qu’elle lui était familière. Son cerveau turbinait à toute allure pour l’identifier mais pas moyen de coller un visage sur ce timbre si particulier. C’était frustrant. Malgré lui, il écoutait la conversation alors qu’en temps normal, il aurait haussé les épaules dédaigneusement avant de fuir.  

 

Progressivement, il prêta plus d’attention aux mots. Il avait toujours pensé que les animatrices de ce type d’émission étaient cent pour cent fleur bleue à prôner le coup de foudre et l’amour facile et éternel. Il était trop réaliste pour croire à une version si idéaliste. Des coups de foudre, il en avait eu par milliers. Chaque paire de gambettes, de seins, chaque joli minois qu’il avait croisé l’avait fait vibrer. Il avait ressenti un besoin urgent ou irrépressible de saluer la beauté qui l’avait foudroyé. Il en était cependant une qui ne l’avait pas terrassé sur place et, paradoxalement, c’était celle qui restait malgré les années qui passaient.  

 

Il n’avait pas eu le coup de foudre pour Kaori. Il avait été frappé par sa gentillesse, sa joie mais les sentiments plus profonds étaient nés progressivement, à son insu, et il ne s’était pas réveillé un matin avec la révélation ultime, se disant « Ca y est, je l’aime » mais avec la reconnaissance sereine de ce qu’il ressentait grandir au fond de lui depuis un moment… même s’il ne pouvait l’assumer. De plus, il avait déjà mis si longtemps à accepter le fait d’être capable de sentiments, d’aimer qu’il avait eu le temps de réaliser que rien n’était acquis, que c’était un exercice perpétuel que de maintenir la flamme, d’autant plus qu’il avait besoin de cette flamme et qu’il la soumettait à beaucoup de tempêtes.  

 

- Nous allons passer à l’auditrice suivante. Merci Tae pour votre intervention., entendit-il soudain.  

 

Le jingle publicitaire résonna et il profita d’avoir cassé l’espèce de sortilège qui le tenait pour sortir de l’appartement et partir faire sa tournée.  

 

- Vous êtes sur Super Tokyo Radio dans l’émission Atout cœur avec Kaori. Sona, bonsoir. Nous vous écoutons., l’invita-t-elle.  

- Bonsoir. J’ai… J’ai eu la chance d’avoir le coup de foudre pour un homme. Nous sommes ensemble mais je me pose beaucoup de questions car la passion des premiers jours semble s’émousser et je ne sais pas quoi faire. Tout semblait si simple. On passait notre temps ensemble à rire, à s’embrasser et à faire l’amour., exposa la jeune femme.  

- Tu n’es pas en train de rougir, ma sirène ?, s’étonna Hiro.  

- La ferme, Hiro., lui dit-elle, appuyant sur le bouton pour couper le micro une seconde.  

- Depuis quelques temps, nous sommes beaucoup moins complices et j’ai peur de le perdre. Je ne sais pas quoi faire. Je pensais que tout roulerait, que tout serait évident mais…, murmura-t-elle, visiblement anxieuse.  

- Mais ce n’est pas si simple. Une relation s’entretient même en ayant eu le coup de foudre. Ce sont des petites choses, des gestes, des mots, des sorties à deux, des moments passés à deux à échanger. Il vous faut bâtir vos fondations., lui conseilla-t-elle.  

- Je ne sais pas comment faire. Je… Je voulais avoir un bébé pour m’assurer qu’il reste., admit l’auditrice.  

 

Kaori se retint de soupirer. Elle n’était pas là pour juger mais pour aider et, visiblement, si l’idée lui avait traversé l’esprit, elle ne semblait pas encore décidée.  

 

- Un bébé ne vous assurera pas de son amour même s’il reste près de vous., lui dit-elle d’une voix douce et posée.  

- Je sais. Ce n’est pas une bonne idée et je l’ai abandonnée mais je ne sais pas comment faire pour ne pas le perdre., fit Sona, d’une voix faible.  

- Parlez à votre compagnon. Confiez-lui vos doutes, vos envies, vos craintes. Vous trouverez certainement à deux la solution pour durer. Quelque chose vous a poussé l’un vers l’autre. Vous devez trouver ce qui vous permettra de rester l’un avec l’autre. Parlez-lui. Le coup de foudre vous a assuré de beaux débuts. A vous de rendre la suite aussi belle., lui conseilla Kaori.  

- C’était encore une belle émission, ma sirène., la félicita Hiro à la fin du programme.  

 

Kaori ramassa son sac et sa veste. Cette émission l’avait beaucoup fait réfléchir sur sa relation avec Ryo. Elle observa Hiro et hocha la tête.  

 

- Merci. Et merci d’avoir protégé mon image., lui dit-elle, reconnaissante.  

- Ce n’était pas grand-chose. Moi, j’ai la chance de pouvoir te regarder en plus de t’écouter., lui fit-il d’une voix sensuelle approchant d’elle.  

- En revanche, j’ai eu un gros plan sur ça., lui murmura-t-il, caressant du pouce ses lèvres, venant encore plus près.  

 

Il passa la main sur sa joue puis derrière sa nuque et baissa le visage. Kaori le regarda faire comme hypnotisée. Ne sachant comment réagir, elle détourna le visage et sentit ses lèvres se poser sur sa joue. Pressé contre elle, Hiro se mit à rire.  

 

- J’ai compris. Pas le deuxième soir., plaisanta-t-il.  

- Je… Oui… Non… J’ai… j’ai quelqu’un, Hiro., lui rappela-t-elle, se dégageant doucement de son emprise.  

- Donne-moi une chance. Ouvre-moi la porte, Kaori., l’implora-t-il.  

- Non. Je ne peux pas., lui opposa-t-elle.  

 

Sans plus attendre, elle le contourna et s’en alla. Elle regagna l’immeuble en un temps record, courant plus qu’elle ne marchait. Nerveuse, elle tourna un moment dans l’appartement, nettoyant ce qu’elle avait négligemment caché plus tôt. Calmée, elle finit par monter, se démaquiller, changer et se glissa entre ses draps, repensant à sa résolution. Elle voulait faire un pas vers Ryo mais comment s’y prendre ? Elle y pensa un moment avant de s’endormir.  

 

Lorsque Ryo rentra en pleine nuit, il fut soulagé de trouver sa colocataire profondément endormie dans son lit. Rasséréné, il fila sous la douche et se rafraîchit de la moiteur de la nuit. Jetant négligemment la serviette sur le sèche-serviettes, il la fit tomber et elle renversa la poubelle qui déversa son contenu. Il grommela, pensant un instant tout laisser en plan, mais se décida tout de même à ramasser. Il fut surpris de trouver deux cotons encore humides avec des traces de maquillage. Kaori s’était maquillée ? Il savait que ce n’était pas Miyuki puisqu’il avait vu sa partenaire jeter le sac poubelle le matin même. Les escarpins, son absence, le maquillage… le doute commençait à planer dans son esprit et l’empêcha de dormir un long moment.  

 

Lorsqu’il retrouva sa partenaire le lendemain matin, elle revenait fraîche et pimpante de ses courses et de la gare. Il l’observa sombrement, ayant du mal à détacher les yeux de ses longues jambes découvertes par sa mini-jupe et, pour une fois, ce n’était pas celle en jean mais une jupe noire toute simple portée sur un débardeur très sage qui se nouait derrière le cou. Il s’imagina très bien poser les lèvres sur l’une de ses épaules et la remonter. Il s’infligea une massue mentale géante.  

 

Consciente du regard de Ryo, Kaori se retourna pour ranger des courses, le temps de régner sur le feu qui avait pris sur ses pommettes.  

 

- Tu… Tu as bien dormi ?, lui demanda-t-elle d’un ton léger.  

- Pour une fois que tu ne me réveilles pas…, grommela-t-il pour détourner son attention.  

 

Il l’observa un moment et se demanda comment aborder le sujet qui le préoccupait.  

 

- Je suis revenu à l’appartement hier soir après avoir déposé Miyuki à l’appartement. Tu n’étais pas là., lui fit-il remarquer.  

 

La main de Kaori se crispa sur un paquet instinctivement et elle lutta pour ne pas blêmir.  

 

- C’est vrai., concorda-t-elle de la voix la plus calme possible.  

- Tu étais où ?, lui demanda-t-il, le regard apparemment posé sur son journal mais la veillant discrètement.  

- Au Cat’s. Miki m’a appelée peu après ton départ., répondit-elle.  

- J’espère qu’elle ne t’a pas tenue trop longtemps., lâcha-t-il, la surveillant.  

- Je suis rentrée peu après vingt-deux heures., répondit-elle, s’en tenant à la vérité sur ce point.  

- Pourquoi tu t’es maquillée ?, l’interrogea-t-il.  

 

Pendant un quart de seconde, elle envisagea de tout lui raconter, le chantage de Shinobi, l’émission radio mais elle recula au dernier moment.  

 

- Elle avait besoin d’un modèle parce qu’elle doit faire une sortie dans pas longtemps. Elle voulait tester le maquillage qu’elle envisageait de faire pour voir s’il allait avec sa tenue., mentit-elle.  

 

Ryo l’observa un instant. Elle avait toujours le dos tourné et rangeait tranquillement ses courses. Il n’avait noté aucune intonation particulière la trahissant, aucun mouvement involontaire et décida de lâcher l’affaire.  

 

- Tu as une nouvelle jupe ?, lui fit-il remarquer.  

- Oui., souffla Kaori, surprise avant de se blinder contre la remarque désagréable suivante.  

 

Il retint la plaisanterie douteuse qu’il avait eu l’habitude de servir et se contenta d’un léger sourire avant de sortir.  

 

Les yeux écarquillés, Kaori le regarda partir et se demanda ce qu’elle devait en penser. Pas d’allusion à l’inutilité de vouloir paraître féminine, ni au fait que Miki ait demandé à faire ses essais sur un mec, elle avait du mal à y croire mais, malgré tout, ça lui donna la pêche pour la journée et confiance pour l’avenir. 

 


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