Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 24 chapitres

Publiée: 24-11-20

Mise à jour: 17-12-20

 

Commentaires: 31 reviews

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SongficRomance

 

Résumé: Une voix dans la nuit, un nouveau chemin, un nouveau regard...

 

Disclaimer: Les personnages de "[vwa]" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: [vwa]

 

Chapitre 5 :: Chapitre 5

Publiée: 28-11-20 - Mise à jour: 28-11-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Je n'ai pas pu m'en empêcher. Désolée. Comme je l'ai dit, difficile de contrer ses humeurs en écrivant quotidiennement. J'espère que ça vous plaira quand même. Bonne journée, bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 5  

 

- Si l’idée saugrenue te reprend de prendre un mec pour client, tu m’oublies tout de suite. Voir un autre mokkori que le mien, très peu pour moi., lui asséna Ryo, la main sur la poignée de la porte.  

 

Rougissant, Kaori détourna les yeux au rappel de la scène matinale. Elle aussi avait assisté à la scène, alertée par le cri des deux hommes. S’invectivant tous les deux, ils n’avaient pas prêté attention à leurs serviettes qui s’étaient détendues et étaient tombées de leurs hanches. Surprise, elle n’avait pas tout de suite détourné les yeux, surtout d’un spécimen et il s’en était aperçu.  

 

- N’aie pas l’air si effaré. On est entre hommes, non ?, s’était-il moqué, passant devant elle sans même se couvrir.  

 

Elle avait juste tourné les talons et était redescendue, évitant de le croiser autant que faire se pouvait. Yanosuke était finalement parti en milieu d’après-midi, son article étant paru, et ils étaient restés à deux.  

 

- Je sais, Ryo. Je sais… Il n’y a pas qu’un autre mokkori qui te donne peu envie de voir…, soupira-t-elle.  

- Mais peut-être qu’un jour prochain, il te faudra bien ouvrir les yeux., ajouta-t-elle.  

- Tu as des choses à me dire ?, lui demanda-t-il, se tournant vers elle et lui offrant une chance de lui parler.  

 

Kaori hésita un instant et n’imagina que trop bien la scène qui pouvait suivre. Après les derniers jours, elle n’en avait pas la force. Elle était trop tendue, trop déboussolée pour affronter ce genre de conversation qui nécessitait d’être en pleine possession de ses moyens et elle n’avait pas le temps, l’émission débutant une heure plus tard.  

 

- Non. Je ne te gâcherai pas une autre soirée avec tes lapines. J’ai mieux à faire. Tu peux y aller., lâcha-t-elle sans réfléchir.  

 

Tout était préférable à une dispute en ce qui la concernait. Ryo serra les dents, se demandant pourquoi elle lui mentait, ce qu’elle lui cachait, ce qu’elle avait de mieux à faire, avec qui… On était jeudi soir. Sortirait-elle à nouveau dans son dos ? Peut-être y avait-il mieux que de chercher la confrontation…  

 

- Tu as raison. Moi aussi, j’ai mieux à faire., répliqua-t-il.  

 

Sans plus un mot, il s’en alla. Elle le regarda partir en soupirant et monta à l’étage. Elle passa rapidement sous la douche, appréciant la douceur de l’eau chaude sur ses muscles contractés, puis alla se préparer. Une demi-heure plus tard, elle sortit de l’appartement et partit à pieds à la radio.  

 

Abrité au coin d’une ruelle sombre non loin, Ryo attendit de la voir tourner au coin de la rue et lui emboîta le pas. Il resta à une distance plus que raisonnable, conscient que les capacités de sa partenaire s’étaient bien améliorées depuis le temps et, s’il y avait une chose qu’il ne voulait pas, encore plus que se déclarer, c’était se faire piquer en train de la suivre. Il ne savait pas où ils allaient mais les choses tournaient mal en ce moment pour eux et il ne voulait pas la perdre… même s’il pressentait que c’était ce qui arrivait. Il avait eu largement le temps de cogiter pendant qu’il l’attendait et la seule hypothèse qui lui était venue, c’était qu’elle avait rencontré quelqu’un. Ca faisait mal, très mal mais il avait suffisamment joué avec le feu pour connaître les risques qu’il prenait en jouant au yo-yo avec elle. Restait à savoir s’il était prêt à la laisser partir ou enfin avancer…  

 

Il fut néanmoins surpris de la voir pénétrer dans un immeuble de seulement quelques étages, immeuble des plus anodins sauf que c’était aussi le siège de la radio qui les avait embauchés quelques semaines plus tôt pour leur animatrice d’émission du cœur. Il passa mentalement en revue toutes les informations qu’il pouvait avoir, se demandant ce qu’elle pouvait bien y faire. Il n’y avait pas trente-six façons de le savoir. Il pénétra dans le bâtiment par une porte arrière et grimpa jusqu’à l’étage de la radio.  

 

- Très sérieuse aujourd'hui., la taquina Hiro, voyant Kaori entrer habillée d’un pantalon noir et d’un pull mordoré duquel dépassait le col d’un chemisier.  

- Vu le temps, je n’avais pas le cœur à sortir une jupe., répliqua-t-elle, se dirigeant vers le studio.  

 

Comme pour lui faire une excuse, la pluie s’était invitée sur la route et elle ne faisait qu’écho à son humeur chagrine.  

 

- Le temps ? D’accord., concéda-t-il.  

- Tant que ça n’a rien à voir avec moi, toutes les excuses sont bonnes., ajouta-t-il.  

- Pas ce soir, Hiro. S’il te plaît, pas ce soir., lui demanda-t-elle.  

- A ce point ?, s’inquiéta-t-il.  

- Oui., souffla-t-elle.  

- Tu peux compter sur moi., lui répondit-il sérieusement.  

 

Elle acquiesça, reconnaissante, et s’installa dans le studio laissé vacant par l’animateur précédent. Elle sortit ses quelques notes et ferma les yeux pour se concentrer après les avoir relues. Oublier Ryo, oublier sa frustration, oublier, juste oublier… Elle n’était plus une amoureuse éperdue, une jeune femme qui attendait que l’homme de sa vie, l’homme qui l’aimait et qu’elle aimait ait envie d’aller plus loin dans leur relation. Elle était Kaori l’animatrice, celle qui aidait les personnes autour d’elle à se sentir mieux, à bien vivre leur relation sentimentale.  

 

- Ca va à être à toi, Kaori., lui apprit Hiro.  

 

Elle enfila le casque, jeta un regard vers le signal « ON AIR » qui s’alluma et attendit la fin du jingle.  

 

- Vous êtes sur Super Tokyo Radio, il est vingt-et-une heures et c’est Kaori qui vous écoute pour l’émission Atout cœur. Que nous apporte une relation amoureuse ? Peut-elle être le moteur d’un changement profond ? Nous laisse-t-elle de marbre ? C’est ce dont nous parlerons aujourd’hui mais, pour commencer, comme c’est devenu notre petit rituel, un peu de musique. Voici Capital Letters par Hailee Steinfeld., annonça-t-elle, appuyant sur le bouton qui fermait le micro.  

- Tu t’affranchis de jour en jour, Kaori. Quatrième soirée et on croirait que tu as fait cela toute ta vie., la félicita l’ingénieur du son.  

- Merci Hiro., répondit-elle avec un léger sourire.  

- Merci d’illuminer ma soirée., répliqua-t-il, posant un regard profond sur elle.  

 

Never was a leader  

Je n’ai jamais été une meneuse  

Never had a thing for fairytales  

Je n’ai jamais vraiment cru aux contes de fées  

Not really a believer, oh-oh  

Je ne suis pas vraiment croyante, oh oh  

Small voice in the quiet  

Petite voix dans le calme  

Guess I never dared to know myself  

Je crois que je n’ai jamais osé me connaître  

Can my heart beat quiet? No  

Mon cœur peut-il être silencieux ? Non  

 

Kaori le regarda encore un moment et se demanda ce qu’aurait pu donner une relation entre eux. L’aurait-elle remarqué s’il n’y avait pas eu Ryo ? Peut-être mais lui, l’aurait-il remarquée ? Elle n’en était pas si sûre. Elle était d’apparence confiante et joyeuse, ses massues trompaient souvent en laissant penser qu’elle ne craignait rien mais il y avait beaucoup de choses cachées en elle. Dès qu’un homme s’intéressait vraiment à elle, elle se faisait toute petite. A ses yeux, elle n’avait rien pour elle : trop grande, trop plate, trop garçonne, trop crue dans son langage, trop effrontée pour cacher le malaise provoqué.  

 

Elle n’avait jamais osé s’imposer comme femme, même lorsque Hide lui avait proposé de se maquiller, allant jusqu’à insinuer qu’il demanderait la permission au directeur de son lycée. Elle se sentait bien comme elle était et, très honnêtement, elle avait d’autres chats à fouetter que les garçons. Il venait de démissionner et elle avait appris qu’elle était adoptée. Elle se posait beaucoup de questions. Elle craignait pour son frère et sa relation avec lui. Devait-elle ou pas chercher sa famille biologique ? Devait-elle lui dire qu’elle savait qu’ils n’étaient pas liés par le sang ? Elle avait vite choisi que non.  

 

But then there was you (but then there was you)  

Mais tu es arrivé  

Yeah, then there was you  

Oui tu es arrivé  

Pull me out of the crowd  

Tu m’as sortie de la foule  

You were telling the truth (you were telling the truth)  

Tu disais la vérité  

Yeah (yeah, yeah)  

I got something to say now  

J’ai quelque chose à dire maintenant  

'Cause you tell me that there's no way I couldn't go  

Parce que tu m’as dit qu’il n’y avait nul part où je ne pouvais aller  

Nothing I couldn't do  

Rien que je ne pouvais faire  

Yeah  

 

Et un jour, il avait fallu que son maladroit de frère fasse tomber son calepin et, curieuse, inquiète, elle avait lu ce qui y était inscrit, choquée d’y lire le mot « assassinat ». Elle ne pouvait laisser faire. Elle l’avait donc suivi ce jour-là sans se douter de ce qui allait se passer. Elle avait rencontré Ryo et ses petites manies qu’il étalait, Ryo et son franc-parler dur et grossier, Ryo et son métier illégal dont il avait voulu la tenir éloignée déjà ce soir-là… Mais elle avait aussi rencontré Ryo et son grand cœur qu’il cachait, Ryo et ses principes qu’il aurait niés, Ryo et son dévouement qu’il négligeait. Elle était tombée amoureuse de lui, de l’homme contradictoire, libre, sincère et droit.  

 

Il l’avait écoutée quand elle lui avait parlé de son frère, l’avait emmenée chez lui et s’était confié à sa manière puis il l’avait traînée avec lui chez ce marchand d’armes pour trouver les preuves, lui faisant implicitement confiance, puis emmenée rencontrer sa cliente d’une mission à cinq cents yens. Elle sourit en repensant à cet épisode. Elle avait été morte de trouille à ce moment-là mais elle n’avait pas fui comme elle n’avait pas fui cette nuit-là dans le parc face au Général. Il l’avait révélée. Empreinte d’une confiance qu’elle n’avait jamais ressentie, drapée dans son besoin de justice pour son frère, elle s’était levée dans l’obscurité et avait affronté sa peur en arpentant ce parc.  

 

Elle avait surtout choisi son destin envers et contre tout : celui de suivre un homme qu’elle connaissait à peine mais en qui elle avait confiance, un homme qu’elle aimait déjà bien au-delà d’une simple attirance physique. C’était lui et personne d’autre. Il l’avait révélée à elle-même.  

 

I want to get louder  

Je veux parler plus fort  

I got to get louder  

Je dois parler plus fort  

We 'bout to go up baby, up we go  

Nous sommes sur le point de monter bébé, en haut nous allons  

We 'bout to go up baby, up we go  

We're blowing out speakers  

Nous crions dans des hauts parleurs  

Our heart a little clearer  

Notre cœur un peu plus léger  

We 'bout to go up baby, up we go  

We 'bout to go up baby, up we go  

For worse or for better  

Pour le pire ou le meilleur  

Gonna give it to you  

Je vais te le donner  

In capital letters  

En lettres majuscules  

 

C’était tout ce qu’elle voulait, aller plus loin, être là avec lui pour le meilleur et pour le pire même sans mariage, sans enfant, même s’il fallait ne rien dire et taire ce bonheur existant. Elle voulait lui hurler son amour mais que pour lui, que pour ses oreilles et pas forcément avec des mots. Ils pouvaient être tellement plus qu’actuellement.  

 

We put a crack in the shadows  

Nous faisons une entaille dans la pénombre  

And you tell me it's okay to be the light  

Et tu me dis que c’est bien d’être la lumière  

And not to swim in the shallows  

et de ne pas nager en eaux peu profondes  

No, no  

And I wanna get drunk with you  

Et je veux me saouler avec toi  

When we lie so still, but you're taking me places  

quand nous reposons immobiles mais que tu m’emmènes dans des lieux  

Holding me onto you  

en me tenant contre toi  

And we don't care who's watching us, baby  

et qu’on s’en fiche de qui nous regarde, bébé  

 

Ryo avait réussi à se glisser dans le studio et s’était trouvé une place dans un coin sombre. Il n’arrivait à détacher ses yeux de ce qu’il voyait : Kaori au micro d’une émission courrier du cœur. Cette voix, ces lèvres, c’étaient elle alors. Ces cachotteries pour expliquer ses absences, c’était pour cela. Pourquoi ? Qu’est-ce qui l’avait amenée là ? Et surtout, pourquoi ne lui avait-elle pas simplement dit la vérité ? Il ricana silencieusement. Il osait même se poser la question…  

 

Il écouta les paroles de la chanson même si ce n’était pas son style et se demanda si c’était Kaori ou quelqu’un d’autre qui l’avait choisie. Il observa sa partenaire en pleine réflexion et lut sans peine sur ses traits ses pensées. Il sourit en entendant les premières paroles du deuxième couplet. C’était elle qui avait fait entrer la lumière dans l’obscurité. Elle l’avait faite entrer et il l’avait laissée faire sa place sans se douter de l’importance qu’elle prendrait. C’était lui l’homme fort, courageux et invincible. Pourtant, il savait, même s’il ne voulait l’admettre, que d’eux deux, c’était elle la plus forte, le moteur de leur duo parce qu’elle était capable de s’adapter et de tout supporter de sa part. Elle l’avait porté, poussé dans ses retranchements, poussé à devenir cet homme qui ressentait et avait été capable de lui dire qu’il l’aimait. Par des moyens détournés certes, mais il lui avait dit. Il en était resté là. Il était passé du sable fin et chaud de la plage aux eaux tièdes mais peu profondes. Finalement, c’était lui qui surnageait en attendant de plonger.  

 

Se rendait-elle compte des changements qu’elle avait induits chez lui ? L’homme nerveux sous la carapace, le noceur invétéré, celui qui ne s’attachait à personne avait trouvé un point d’ancrage. Elle lui avait fait visiter des contrées inconnues pour lui : la confiance et ces eaux chatoyantes dont il fallait se méfier, la lumière qui nimbait les choses de couleurs traîtresses et illusoires, les sentiments, nids de toutes les faiblesses. Elle lui avait fait visiter ces mondes-là et avait changé son point de vue.  

 

En revanche, il avait tout fait pour la tenir éloignée de son monde sombre et hostile. Elle était un pays à protéger, un asile de paix et de douceur, un havre de tranquillité pour son âme. Il observait sa complexion plus pâle qu’à l’habitude, les légères cernes sous ses yeux rehaussés d’une touche de mascara, ses lèvres légèrement marquées de ce pli amer. Tout ça, c’était le résultat de sa politique de préservation. Une bien drôle de manière de la remercier de ce qu’elle lui avait amené.  

 

But then there was you (but then there was you)  

Mais tu es arrivé  

Yeah, then there was you  

Oui tu es arrivé  

Pull me out of the crowd  

Tu m’as sortie de la foule  

You were telling the truth (you were telling the truth)  

Tu disais la vérité  

Yeah (yeah, yeah)  

I got something to say now  

J’ai quelque chose à dire maintenant  

'Cause you tell me that there's no way I couldn't go  

Parce que tu m’as dit qu’il n’y avait nul part où je ne pouvais aller  

Nothing I couldn't do (no, no, no, no)  

Rien que je ne pouvais faire  

Yeah  

 

- Comment tu te sens, Kaori ?, demanda soudain l’ingénieur.  

 

Ryo observa l’homme. Il avait entendu la douceur dans sa voix, cette pointe d’inquiétude et vit son regard posé sur elle, se voulant confiant, rassurant. Les mains posés sous son menton, il observait Kaori comme il aurait pu le faire lui-même s’il avait été assez courageux, comme s’il n’y avait qu’elle. Ne pouvant s’en empêcher, le nettoyeur se tourna vers sa partenaire et la vit baisser les yeux avant de les relever, masquant sa tristesse.  

 

- Ca va aller. Je ne vais pas te lâcher., lui assura-t-elle.  

 

Ryo se retint de sortir de sa cachette pour lui dire ce qu’il en pensait mais se retint. Il n’avait aucun droit sur elle. Tant qu’il ne se décidait pas, il n’avait aucun droit.  

 

I want to get louder  

Je veux parler plus fort  

I got to get louder  

Je dois parler plus fort  

We 'bout to go up baby, up we go  

Nous sommes sur le point de monter bébé, en haut nous allons  

We 'bout to go up baby, up we go  

We're blowing out speakers  

Nous crions dans des hauts parleurs  

Our heart a little clearer  

Notre cœur un peu plus léger  

We 'bout to go up baby, up we go  

We 'bout to go up baby, up we go  

For worse or for better  

Pour le pire ou le meilleur  

Gonna give it to you  

Je vais te le donner  

In capital letters  

En lettres majuscules  

 

Avait-il seulement le droit de risquer plus sa vie, son innocence, sa vertu ? Est-ce qu’un homme comme lui avait le droit de poser ses sales pattes sur elle ? L’aimer était une chose tant qu’il ne la touchait pas. La faire sienne en serait une autre et il ne se sentait pas homme à la satisfaire. Il n’avait aucun doute sur ses compétences physiques. Il saurait l’initier et l’emmener sur les chemins du plaisir charnel, lui donner du plaisir à la faire pleurer ou hurler. Mais sur un autre plan, il n’était pas du tout prêt et préparé à faire ce qu’il fallait pour la rendre heureuse. C’était un engagement bien trop grand pour lui qui n’avait vécu qu’entouré d’armes, de violence et de la mort et, s’il y avait bien une personne qu’il voulait garder en dehors de tout cela, c’était elle.  

 

Pour lui, leur couple ne les mènerait pas plus haut. Il l’emmènerait six pieds sous terre. Trop bas, bien trop bas et trop loin à son goût, dans un monde de ténèbres qui n’étaient pas le sien. Il ne voulait pas du meilleur si c’était pour avoir le pire. Il se battrait pour cela. Il se montrerait fort et invincible pour lutter contre elle, pour elle.  

 

In capital letters  

En lettres majuscules  

In capital–  

Gonna give it to you  

Je vais te le donner  

Gonna give it to you  

Gonna give it to you  

 

I want to get louder  

Je veux parler plus fort  

I got to get louder  

Je dois parler plus fort  

We 'bout to go up baby, up we go  

Nous sommes sur le point de monter bébé, en haut nous allons  

We 'bout to go up baby, up we go  

We're blowing out speakers  

Nous crions dans des hauts parleurs  

Our heart a little clearer  

Notre cœur un peu plus léger  

We 'bout to go up baby, up we go  

We 'bout to go up baby, up we go  

 

- Tu as envie de venir boire un verre avec moi après ? C’est moi qui invite., lui proposa Hiro.  

- J’avais dit pas ce soir., soupira-t-elle.  

- C’est juste pour te changer les idées. Je ne demanderai rien d’autre, aucune allusion déplacée et tu choisis l’endroit., se défendit-il.  

 

Il était sincère, comprit Ryo. Il était attiré par Kaori mais, là, ce n’était pas cela qui le préoccupait. C’était elle, juste elle et son bien-être… comme il aurait dû le faire et il se serait certainement senti moins mal s’il l’avait fait. Peut-être que sa voie était là, peut-être qu’elle devait tenter sa chance avec lui. Sans un regard en arrière, il sortit de son recoin et s’en alla. S’il s’effaçait, elle ne pourrait qu’ouvrir les yeux sur une autre possibilité. C’était sa façon de l’aimer, la laisser partir. La seule question qui lui restait à affronter : en serait-il capable ?  

 

I want to get louder  

Je veux parler plus fort  

I got to get louder  

Je dois parler plus fort  

We 'bout to go up baby, up we go  

Nous sommes sur le point de monter bébé, en haut nous allons  

We 'bout to go up baby, up we go  

We're blowing out speakers  

Nous crions dans des hauts parleurs  

Our heart a little clearer  

Notre cœur un peu plus léger  

We 'bout to go up baby, up we go  

We 'bout to go up baby, up we go  

 

- Un verre et je te ramène. Pas un geste, pas un baiser, pas un mot…, lui promit-il.  

- J’ai quelqu’un…, commença-t-elle.  

- Dans ta vie, je sais. Et ça te mine. Si tu préfères, on peut aller sur la côte, se planter sur une falaise et hurler au vent., lui suggéra-t-il avec un sourire amusé.  

 

For worse or for better  

Pour le pire ou le meilleur  

Gonna give it to you  

Je vais te le donner  

In capital letters  

En lettres majuscules  

 

Elle le contempla un instant, pensa à Ryo et s’imagina avec un ticket d’entrée et de sortie. Elle se demanda lequel aurait chacun. La musique s’acheva.  

 

- C’était Hailee Steinfeld avec Capital Letters. Vous êtes sur Super Tokyo Radio et nous accueillons notre première auditrice., commença-t-elle.  

 

L’émission se déroula sans anicroches et s’acheva à l’heure prévue.  

 

Quand il rentra à l’appartement vers deux heures du matin, Ryo le trouva bien silencieux. Quelque chose clochait et, quand il rangea sa veste dans la penderie, il comprit : celle de Kaori n’y était pas. Malgré toutes ses bonnes résolutions antérieures, il sentit la morsure de la jalousie. Il n’avait pas imaginé que ça puisse être si douloureux. C’était une chose de voir un homme lui tourner autour et d’être là pour contrer ses attaques, c’en était une autre d’imaginer la femme qu’il aimait dans les bras d’un autre, seule, abandonnée…  

 

Comme s’ils s’étaient donnés rendez-vous, Kaori rentra à peine deux minutes plus tard, les joues légèrement rouges, les cheveux ébouriffés, le regard brillant et un léger sourire aux lèvres, sourire qui s’effaça quand elle le vit comme la lueur de son regard qui se teinta de culpabilité. Par fierté, elle redressa le menton et approcha pour ranger ses affaires avant de le contourner et de se diriger vers les escaliers.  

 

- Tu étais sortie ?, lui demanda-t-il aussi innocemment que possible.  

- J’étais avec Miki., mentit Kaori.  

- Laisse Miki en dehors de tes mensonges, Kaori., lui asséna-t-il, la mâchoire serrée.  

 

Il l’attrapa par le bras et la força à lui faire face, ses yeux la fixant, aussi sombres qu’un ciel d’orage.  

 

- Tu as passé une bonne soirée ?, ne put-il s’empêcher de lui demander d’une voix sourde.  

- Excellente, une compagnie très agréable., exagéra-t-elle d’une voix pleine de défi.  

- J’espère qu’il a assuré., railla-t-il.  

- J’ai hurlé, Ryo, hurlé comme jamais., répondit-elle, se retenant de se jeter à son cou pour l’implorer de l’aimer.  

- A ce point-là ? Il ne s’est pas trompé d’endroit ?, ironisa-t-il, se sentant mal.  

- Ca te gêne tant que ça que ton travelo de partenaire ait passé du bon temps avec un autre ?, répliqua-t-elle.  

- C’est quoi le problème ? Que quelqu’un m’ait trouvée attirante ou que tu n’aies pas eu le plaisir de me dénigrer ?, lui cracha-t-elle, misant sur la colère pour éviter de se mettre à pleurer.  

 

La conversation lui faisait mal parce qu’elle savait qu’elle lui mentait, qu’elle ne faisait que cela depuis trois peut-être quatre semaines, elle ne savait même plus. Elle voyait bien la douleur qu’elle lui infligeait et qu’il taisait sous une façade agressive mais elle n’arrivait pas à arrêter le flot des paroles.  

 

- Si le pauvre est aveugle, je ne peux que le plaindre… ou toi peut-être., lui répondit-il, sarcastique.  

- Je ne sais pas qui je plains : l’homme avec qui je viens de passer un peu de temps et qui aime une femme qui en aime un autre ou l’autre incapable d’ouvrir au bonheur qui frappe à sa porte., lui retourna-t-elle.  

- Je t’aime, Ryo. Je t’aime et je ne sais plus quoi dire ou faire pour que tu acceptes ce que nous pourrions être. Alors, crois ce que tu veux si ça t’arrange. J’étais prête à tout pour nous mais j’en ai assez. Je suis fatiguée. Je jette l’éponge., lui déclara-t-elle, les larmes aux yeux.  

 

Ils s’observèrent encore un moment, incapables de bouger malgré le tremblement de terre qui venait de les secouer. Ce n’était pas ce qu’elle avait prévu, se dit-elle en tournant finalement les talons et montant les escaliers. Hiro venait de la déposer après la virée qu’ils avaient faite sur la côte, une idée un peu folle qui avait fait son chemin pendant l’émission. Ils avaient trouvé un coin isolé, avaient fait face à l’océan et avaient juste crié pendant un long moment avant de se laisser tomber par terre et de reprendre leur souffle avant d’éclater de rire comme des gamins. Ca avait été lénifiant et c’était garanti sans effet gueule de bois. Ils avaient juste hurlé dans le vent sans rien faire d’autre, sans un geste ni mot ni parole déplacés comme promis.  

 

Elle était rentrée en se sentant bien jusqu’à ce qu’elle voit les lumières allumées au dernier étage. Elle avait espéré des paroles inquiètes qui trahiraient les sentiments de leur auteur mais elle avait dû affronter sa colère. Quelque chose s’était déchaîné en elle. La frustration, la colère s’étaient exprimées sans pouvoir les museler. Son cœur malmené avait fini le reste.  

 

Ryo la regarda monter avec l’horrible impression que tout s’effondrait autour de lui. S’il s’était senti mal en l’imaginant avec un autre, il ne savait comment qualifier ce qu’il ressentait au moment où elle lui annonça son abandon. C’était pire, nettement pire. Ca ne pouvait simplement pas arriver. 

 


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