Chapitre 21 :: Chapitre 21

Publiée: 14-12-20 - Mise à jour: 14-12-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Avant de commencer, mettez Snow patrol avec le titre chasing cars en fond sonore. C'est l'ambiance générale de ce chapitre et après le tumulte de l'histoire ça fait beaucoup de bien. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

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Chapitre 21  

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Kaori sombra dans le regard de son compagnon. Prise d’un accès de pudeur alors qu’elle sentait l’air frôler la peau nue de son dos, elle remonta le drap sur elle, ce qui fit pétiller les yeux de Ryo.  

- J’ai déjà tout vu… et tout goûté même, tu sais., murmura-t-il d’une voix suave.  

La réponse ne se fit pas attendre et un joli fard vint colorer les joues de la jeune femme, ce qui le fit sourire.  

- Ca fait longtemps que tu es réveillé ? Qu’est-ce que tu faisais ?, lui demanda-t-elle, sentant des papillons s’envoler dans son ventre.  

- Assez longtemps pour te regarder dormir puis émerger. Assez longtemps pour avoir envie de pousser ce drap et te faire l’amour une nouvelle fois. Assez longtemps pour me demander comment j’ai eu la chance de me faire pardonner une nouvelle fois., lui avoua-t-il, se glissant sur elle.  

- Une dernière fois., le corrigea-t-elle.  

- Que je peux te faire l’amour ?, la taquina-t-il.  

- Ca dépend si tu comptes me faire mourir de plaisir., répliqua-t-elle, le désir enflammant ses prunelles.  

- Oh oui mais qu’au sens figuré., approuva-t-il, prenant ses lèvres avec douceur.  

- J’aurai peut-être encore des choses à me faire excuser mais plus jamais pardonner. Je ne te ferai plus passer par là, Sugar., lui promit-il.  

- J’ai confiance en toi., murmura-t-elle, le laissant lui montrer la voie qu’il voulait emprunter.  

Ils s’aimèrent tendrement avant de se reposer l’un contre l’autre dans le lit oisivement.  

We'll do it all  

Nous le ferons entièrement  

Everything  

Tout  

On our own  

Par nous-mêmes  

Il l’avait fait, se dit Ryo, fixant le plafond. Il avait enfin osé et repoussé ses peurs au plus profond, au plus loin. Elles étaient encore là mais il les avait domptées et elles ne régiraient plus sa vie. C’était autre chose qui avait pris les commandes, quelque chose de plus beau, plus puissant et plus positif.  

- On aura un bel avenir, Kaori. Je te promets qu’on aura un bel avenir., murmura-t-il soudain, sans quitter des yeux le plafond.  

- Je sais. Je l’ai toujours su. J’attendais juste que tu acceptes., répondit-elle, caressant son torse.  

Il posa une main sur la sienne, l’immobilisant sur son cœur qui battait d’un feu nouveau depuis deux nuits auparavant. Deux nuits, trente-six heures, il aurait pu tout perdre et il avait tout gagné. Elle lui avait de nouveau tendu la main, ouvert son cœur et ses bras et ils étaient là l’un avec l’autre, l’un contre l’autre, prêts à vivre leur vie ensemble.  

- Tu m’as montré le chemin. Je n’avais plus qu’à suivre., lui dit-il.  

- Mais un étalon ne suit pas les sentiers battus, Ryo. Il court à travers les plaines, franchit les obstacles, rue et se cabre. Il est libre comme l’air. Ne pense jamais que je veux te brider et, si tu en as la sensation, parle-moi., lui répondit-elle, anxieuse.  

- Tu sais quand même que mon surnom n’avait rien à voir avec mon caractère général ?, plaisanta-t-il.  

- Ne me prends pas pour une mijaurée. Je le sais bien mais il te définit bien quand même., argumenta-t-elle.  

Il baissa enfin les yeux et plongea dans son regard, ne trouvant que son amour et sa compréhension.  

- Alors j’ai de la chance d’être tombée sur la seule qui pouvait murmurer à mon oreille., lui dit-il, prenant sa main et la portant à ses lèvres.  

- Pour quelqu’un qui ne sait pas s’exprimer, tu te débrouilles plutôt bien., chuchota-t-elle, émue.  

- J’apprends. C’est comme tout le reste., fit-il, la serrant contre lui.  

We don't need  

Nous n’avons besoin  

Anything  

De rien  

Or anyone  

ni personne  

- Ryo, mon contrat avec la radio s’est terminé vendredi., lui apprit-elle peu après.  

- Tu ne m’as jamais dit comment tu avais atterri là-bas., remarqua-t-il.  

- A cause de toi., lâcha-t-elle, anxieuse.  

- Moi ?  

- Oui. Aiko les a lâchés du jour au lendemain après que tu l’aies convaincue qu’il fallait savoir prendre des risques dans la vie, qu’aimer en faisait partie. Elle s’est déclarée à son ingénieur du son et ils ont tous les deux quitté la radio pour d’autres cieux… sans préavis. Le directeur était fou furieux et, lorsque je suis allée pour récupérer le chèque, il a refusé de me le donner tant que je ne l’aurais pas dédommagé., expliqua-t-elle.  

- Et il t’a demandé d’animer l’émission ? J’aurais demandé autre chose, moi…, lâcha-t-il avec un sourire mutin.  

- Tu aurais dit quoi s’il avait demandé autre chose ?, l’interrogea-t-elle, bougeant pour poser les mains sur son torse et l’observer, menton posé au dessus.  

Elle vit le flash de jalousie passer dans ses yeux, encore surprise par ses nouvelles réactions. Quoique ce n’était peut-être pas que les réactions étaient nouvelles mais le fait de les voir, pensa-t-elle.  

- Je ne l’aurais pas laissé faire., lui assura-t-il.  

- Alors tant mieux pour lui qu’il m’ait juste demandé de faire des émissions., déclara-t-elle.  

- C’est vrai. Donc tu as fini… Pourquoi je sens un « mais » arriver ?, lâcha-t-il, un léger sourire aux lèvres.  

- Je voudrais continuer. Ca nous ferait un revenu supplémentaire, fixe qui plus est, mais surtout, ça me plaît. J’ai le sentiment d’aider les gens. C’est peut-être sans intérêt et futile mais j’ai envie de le faire., lui avoua-t-elle.  

- Sachant que je fais partie des gens que tu as aidés, je ne dirai rien sauf fais-le, surtout si tu le fais pour toi., l’encouragea-t-il.  

Elle l’observa un moment en silence avant de sourire.  

- Je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que tu voudrais que j’arrête., admit-elle.  

- Si tu ne l’avais fait que pour l’argent, c’est ce que je t’aurais dit. On n’a pas besoin de fric, on a besoin de nous. Si tu trouves du plaisir à le faire, si ça te rend heureuse, alors fais-le. Ton bonheur fait le mien., lui dit-il.  

- Tu deviens romantique…, le taquina-t-elle, le rose aux joues tant elle était touchée.  

- Non, pragmatique. Peut-être que tu sentiras redevable et m’accorderas tes faveurs…, lui retourna-t-il.  

- Tu crois que j’ai besoin de me sentir redevable pour cela ?, répliqua-t-elle, se hissant sur lui.  

- C’est peut-être toi qui me pousseras hors du lit pour avoir un peu de repos., lui déclara-t-elle, se baissant pour déposer des baisers sur son torse.  

Il admira les déplacements des cheveux roux sur son corps, cette image lui semblant encore irréelle par moments. La sensation humide et chaude sur sa peau, la chaleur qui se répandait dans son corps était bien réelle en revanche, tout comme l’était celle de son mokkori qui prenait vie. En manque de ses lèvres sur les siennes, il la fit basculer sur le dos et alla se servir, se laissant emmener sur les chemins de la passion par les caresses et attouchements sensuels de sa partenaire.  

If I lay here  

Si je m’allonge ici  

If I just lay here  

Si je m’allonge juste ici  

Would you lie with me and just forget the world?  

T’allongerais-tu avec moi et oublierais tout ce qui nous entoure ?  

- Tu sais que ce n’est pas que pour le sexe, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-il à la fin de leur chevauchée alors qu’il était encore en elle, redescendant doucement du nuage sur lequel ils étaient montés.  

- Oui, je sais., murmura-t-elle, son regard lumineux plongé dans le sien.  

- Je me plais à penser que tu seras la première femme que je pourrais tenir toute une nuit entre mes bras sans sexe et que j’en serai tout autant satisfait., lui avoua-t-il.  

- Je t’en crois capable mais que ferais-tu alors ?, lui demanda-t-elle, caressant son front, décollant les mèches humides qui s’y étaient collés.  

Il la regarda, se posant la même question puisque l’expérience était inédite pour lui.  

- Rien, juste oublier le monde et te regarder, te parler, te tenir entre mes bras., répondit-il.  

- Et si on commençait maintenant ?, lui proposa-t-elle, passant une main derrière sa nuque et l’attirant contre elle.  

Il nicha sa tête au creux de son cou alors que ses bras l’entouraient et, soudain, se mit à rire.  

- Kaori, il n’est même pas midi., lui fit-il remarquer.  

- Commençons par de petits objectifs., lui suggéra-t-elle.  

Il se redressa juste pour pouvoir la voir.  

- Je crois que le premier sera raté., murmura-t-il.  

- Je me sens tellement bien en toi que je n’ai pas envie d’en bouger… mais, quand je suis en toi, j’ai envie de bouger., lui murmura-t-il d’une voix langoureuse, joignant le geste à la parole.  

- Agis comme tu le sens. On a toute la vie devant nous., souffla-t-elle, fermant les yeux, la tête rejetée en arrière, offrant son cou à la gourmandise masculine.  

I don't quite know  

Je ne sais pas vraiment  

How to say  

Comment dire  

How I feel  

Ce que je ressens  

- Toute la vie devant nous… Ca me paraît tellement invraisemblable., pensa-t-il à voix haute un long moment plus tard alors qu’ils somnolaient après l’amour.  

- Pourtant, c’est la vérité, Ryo. On a la vie devant nous et c’est à nous de faire en sorte que ça dure le plus longtemps possible et d’être heureux., lui dit-elle.  

- Je m’y emploierai. Je te promets de ne plus laisser mes doutes entraver notre chemin., lui assura-t-il.  

- Moi aussi, j’ai ma part à faire., déclara Kaori, très sérieusement.  

- De quoi tu parles ?, s’étonna-t-il.  

Elle n’avait aucun souci pour assumer leur couple à première vue alors à quoi devrait-elle faire attention ?  

- Je veux rester avec toi, te protéger en me protégeant. Apprends-moi. Entraîne-moi encore plus. Je te demande de me faire confiance… totalement même en ce qui me concerne., lui demanda-t-elle.  

Se tournant vers elle, il plongea son regard dans le sien et y lut toute son envie ainsi que sa détermination. C’était ce qu’elle voulait pour elle, pour eux.  

- D’accord mais, en contrepartie, le jour où je te demande de vraiment rester à l’écart, tu le feras., lui retourna-t-il.  

- Mais…  

Il coupa sa réponse d’un doigt posé sur ses lèvres.  

- J’apprends à ne pas avoir peur de te perdre. J’apprends à te laisser ta place dans ma vie. Dans le feu de l’action, je ne saurai peut-être pas gérer cela alors permets-moi de ne pas m’inquiéter de ta sécurité et de rentrer te retrouver., l’implora-t-il.  

Those three words  

Ces trois mots  

Are said too much  

sont tellement dits  

They're not enough  

Ils ne sont pas suffisants  

- Je t’aime, Ryo. Je t’aime et pourtant, ces mots ne semblent pas retranscrire ce que je ressens pour toi., lui répondit-elle.  

- Pourtant, ils me suffisent à moi qui n’ai jamais appris à les dire. Tu pourrais même les taire tant tes yeux les hurlent à chaque fois qu’ils se posent sur moi., souffla-t-il.  

- C’est moi qui me sens nul. J’ai baratiné tant de filles mais, quand je suis face à toi, j’ai du mal à te dire « je t’aime » alors que mon cœur bat pour toi., ajouta-t-il, dépité.  

- Alors ne te force pas à me le dire. Montre-le moi. Tu sais le faire., chuchota-t-elle.  

Il vit ses lèvres s’étirer dans un sourire d’encouragement et leva la main vers elle. Il caressa sa joue avant de se glisser sur le matelas, plus proche d’elle, l’enlaçant. Il sentit ses bras l’entourer, son front se poser sur sa poitrine, alors qu’il la serrait contre lui. Le désir aurait pu les prendre, leurs corps nus se touchant pleinement mais il n’en fut rien et ils restèrent un long moment serrés l’un contre l’autre dans un cocon de douceur.  

If I lay here  

Si je m’allonge ici  

If I just lay here  

Si je m’allonge juste ici  

Would you lie with me and just forget the world?  

T’allongerais-tu avec moi et oublierais tout ce qui nous entoure ?  

- On devrait peut-être aller au Cat’s. Ca fait un moment qu’on n’y a pas mis les pieds., suggéra Kaori, préparant le repas dans la cuisine.  

- On pourrait aussi rester ici., répondit Ryo, se hissant sur le plan de travail à côté d’elle.  

Il attrapa un morceau du filet de saumon qu’elle découpait et l’avala, affamé. Il en chipa un deuxième, se faisant taper sur les doigts au passage.  

- Arrête, je n’aurai plus rien pour cuisiner., le tança-t-elle, le regard indulgent.  

- Ouvre la bouche., lui demanda-t-il.  

- Ryo, je suis occupée., répondit-elle.  

- Ouvre la bouche., répéta-t-il.  

- Je suis occupée., lui opposa-t-elle de nouveau.  

- Si tu ne me laisses pas accéder à l’espace entre tes lèvres pour y glisser ce morceau de saumon, je pourrais avoir l’idée saugrenue de le glisser entre d’autres lèvres., lui répondit-il avec un sourire mutin.  

Elle lui lança un regard gêné tout en rougissant et se mordilla la lèvre. Il avait bien envie de la mordiller à sa place mais ça dériverait et ils avaient tous deux convenu d’une accalmie temporaire dans leurs élans amoureux. Finalement, elle ouvrit timidement les lèvres et il y glissa le morceau de poisson posé sur son doigt, doigt qui se retrouva emprisonné dans l’antre chaude et humide soumis à un supplice des plus sensuels qui lui renvoyait d’autres images en tête.  

- Kaori…, grogna-t-il.  

Elle ne répondit pas et, avec un petit sourire malicieux, serra plus fort les lèvres quand il tenta de le retirer. Elle ne le lâcha qu’un moment plus tard, se tournant vers la table un plat en main.  

- On peut manger., annonça-t-elle comme si de rien n’était.  

Un cri de surprise résonna quand elle se retrouva soudainement attirée entre deux bras puissants, à peine après avoir posé le plat sur la table. Une bouche quémandeuse lui infligea un baiser dévastateur qui la laissa pantelante avant de se retrouver front contre front.  

Forget what we're told  

Oublie ce qu’on nous a dit  

Before we get too old  

Avant que nous soyons trop vieux  

Show me a garden that's bursting into life  

Montre-moi un jardin qui s’ouvre à la vie  

- J’aime te voir heureuse. Le bonheur te va bien., souffla-t-il, le souffle encore court.  

- J’ai l’impression de te redécouvrir.  

- Je n’ai pas changé pourtant. C’est peut-être ton regard qui a évolué ou la voie que tu as choisie de suivre qui te montre les choses sous un angle différent., répondit-elle doucement.  

Il n’y avait ni moquerie ni condescendance dans ses paroles et il comprenait le succès de son émission. Les auditeurs avaient trouvé une oreille amie.  

- Tu es la voix qui m’a sorti de ma nuit.  

- Tu étais le seul à pouvoir prendre le chemin de la sortie.  

- Je suis un peu perdu, Kaori. Tout cela semble trop beau., soupira-t-il.  

Elle s’écarta et prit son visage entre ses mains, lui adressant un sourire rassurant.  

- Ce n’est pas trop beau. C’est notre vie désormais., lui dit-elle.  

- A toi de voir ce que tu veux faire des portes qui s’ouvrent à toi, à nous. N’oublie pas que je suis là. Tu n’es plus tout seul et, surtout, on a le temps.  

Let's waste time  

Gâchons notre temps  

Chasing cars  

A suivre des voitures  

Around our heads  

Autour de nos têtes  

- On a le temps…, répéta-t-il, songeur.  

- Oui, le temps. Le temps de s’aimer, de vivre, de faire l’amour, de ne rien faire… Oublie qu’il peut y avoir une échéance, il y en aura toujours une. Profite de ce moment. Profite de ceux qui viendront après. On n’a pas de temps à rattraper, juste du temps à passer ensemble., répondit-elle.  

Etait-ce se sentir faible que de se sentir submergé par les émotions que suscitaient ses paroles ? Etait-ce perdre le contrôle ? Il ne savait pas et s’en fichait. Il savait qu’il aimait cette femme à la folie mais là, elle venait juste de le bouleverser une fois de plus. Elle aurait pu exiger tant après toute cette attente, après les montagnes russes qu’il lui avait fait subir mais elle était juste là pour lui, à le rassurer. Il prit à son tour son visage entre ses mains et l’embrassa passionnément, espérant lui montrer à quel point il tenait à elle, à quel point il l’aimait, ce qu’elle lui faisait éprouver.  

I need your grace  

J’ai besoin de ta grâce  

To remind me  

Pour me rappeler  

To find my own  

De trouver la mienne  

- Merci., souffla-t-il, la respiration encore un peu erratique.  

- Merci d’être restée toi, vive, enjouée et spontanée. Merci d’oser te découvrir femme et amante malgré les rebuffades que je t’ai infligées. Merci d’être là… pour moi alors que je le mérite si peu. Tu es belle, Kaori. Intérieurement et extérieurement, tu es magnifiquement belle. Ne change pas, jamais., murmura-t-il, un regard éperdu la mirant.  

Elle passa les mains derrière son cou, émue par ses mots, remuée par ses deux prunelles luisant d’un éclat si particulier.  

- Toi non plus, ne change pas. Reste celui que tu es au fond de toi. Laisse cette personne émerger parce qu’elle est belle, elle est aimable et admirable., répondit-elle.  

- Tu es un homme bien, Ryo., ajouta-t-elle.  

Plongé dans son regard, il croisa l’homme qu’elle voyait et il y crut : cette homme existait là quelque part en lui et peut-être qu’un jour, il accepterait enfin d’associer cette image à sa personne.  

If I lay here  

Si je m’allonge ici  

If I just lay here  

Si je m’allonge juste ici  

Would you lie with me and just forget the world?  

T’allongerais-tu avec moi et oublierais tout ce qui nous entoure ?  

- Il serait temps de déjeuner, non ?, fit-elle au bout d’un moment en entendant son ventre gargouiller.  

- Il y a des choses qui ne changent pas., apprécia-t-il, alors qu’un deuxième gargouillis se faisait entendre.  

- Tant mieux. Ryo…, l’interpela-t-elle doucement, un sourire dans la voix.  

- Oui ?  

- Il faut me lâcher., lui fit-elle remarquer.  

- Quelle drôle d’idée…, s’amusa-t-il, la laissant partir.  

Ils prirent place à table et déjeunèrent calmement avant de sortir de table et débarrasser ensemble.  

- Ca change de prendre un repas à table…, plaisanta le nettoyeur.  

- Ca change d’être habillés., répliqua-t-elle, malicieuse.  

Ils rirent ensemble aux souvenirs de la veille où ils avaient vaguement grignoté dans le lit entre deux rounds.  

- Qu’est-ce que tu fais ?, s’étonna-t-elle, le voyant prendre un torchon.  

- J’essuie la vaisselle. Tu ne diras rien à Umi., lui ordonna-t-il, un sourire aux lèvres.  

- J’y gagne quoi ?, l’interrogea-t-elle.  

- Toute ma gratitude… ou une partie de jambes en l’air., rétorqua-t-il.  

- Ta gratitude… C’est pas mal…, le taquina-t-elle.  

- Je vais devoir redoubler d’efforts pour que tu ne veuilles plus que le sexe…, grogna-t-il, faussement vexé.  

Elle lui lança un regard amusé auquel il répondit naturellement. La vaisselle faite, ils prirent un café sur le divan et, éreintés par les dernières heures, finirent par s’y endormir.  

Forget what we're told  

Oublie ce qu’on nous a dit  

Before we get too old  

Avant que nous soyons trop vieux  

Show me a garden that's bursting into life  

Montre-moi un jardin qui s’ouvre à la vie  

Quand il se réveilla deux heures plus tard, Ryo eut l’impression de revivre la scène du matin, les rôles inversés.  

- Bien dormi ?, lui demanda-t-elle.  

- Très bien et toi ?  

- Réveillée par des mains baladeuses., lui apprit-elle, narquoise.  

- Même pendant mon sommeil ? Définitivement, certaines choses ne changent pas., musa-t-il, caressant sa joue.  

Elle leva les yeux vers lui d’un air interrogateur.  

- Avant qu’on soit ensemble, tu ne me tripotais pas pendant ton sommeil., lui rappela-t-elle.  

Il laissa éclater un sourire coquin sur ses lèvres, faisant naître le désir au creux du ventre de sa partenaire.  

- Pendant mon sommeil, je faisais bien plus que te tripoter alors. On a déjà expérimenté bien des positions ensemble… dans mes rêves. Pour le moment, nos ébats réels n’en sont qu’un faible aperçu., lui avoua-t-il, un peu gêné mais voulant jouer franc-jeu avec elle.  

Il l’observa, s’attendant à la voir virer en mode tomate, mais elle resta un moment le regard rivé sur l’écran de la télévision éteinte.  

- J’aimerais bien un jour que tu m’expliques la teneur de tes rêves… avant qu’on soit trop vieux pour les pratiquer., lui dit-elle, les joues rosies.  

Il resta baba un moment avant d’acquiescer.  

- Tu resteras toujours maîtresse de ce qu’on fait. Ce que tu ne veux pas, on ne fait pas. Nos rapports me plaisent déjà comme ils sont., lui assura-t-il.  

- Et… si j’ai quelques idées ?, fit-elle, se mordant la lèvre.  

Il posa un doigt et dégagea la prisonnière.  

- Je serai ton obligé., fit-il, ravi de la voir s’ouvrir ainsi à lui.  

All that I am  

Tout ce que je suis  

All that I ever was  

Tout ce que j’ai jamais été  

Is here in your perfect eyes, they're all I can see  

est là dans tes yeux parfaits, ils sont tout ce que je peux voir  

- Tu me donnes des ailes, Ryo., lui avoua-t-elle.  

- Je me sens aimée, désirable et belle dans tes yeux.  

- Tu l’es. N’aie pas honte de ton corps ni de tes désirs. On se complète, Kaori. Moi, tu m’apprends à ne pas avoir honte de ressentir des sentiments. Dans tes yeux, je suis un homme comme un autre. Tu n’imagines pas le bien que ça me fait., lui avoua-t-il.  

- On ne pourra pas effacer le passé mais tu n’es plus cet homme-là, Ryo. Je sais qu’il existe au fond de toi mais tu ne le laisses pas gérer ta vie. Tu as fait le bien, tu le fais encore. Fie-toi à moi si tu doutes. Je ne suis pas naïve., lui répondit-elle.  

I don't know where  

Je ne sais pas où  

Confused about how as well  

Je suis aussi confus sur la manière  

Just know that these things will never change for us at all  

Je sais juste que ces choses ne changeront jamais pour nous  

Il l’observa un moment puis la souleva pour la glisser sur lui, amenant son visage au niveau du sien.  

- J’ai confiance en toi et j’ai confiance en nous. Tout ce qui m’effrayait, tout ce qui me faisait douter, ce n’est pas vraiment parti mais ça ne guide plus ma vie., lui apprit-il.  

- Et ce n’est pas valable pour ce week-end ou les sept jours à venir ni jusqu’à la prochaine attaque. C’est valable pour tout le temps parce que j’ai enfin compris qu’il valait mieux vivre sans toi en ayant vécu avec toi qu’à côté de toi… même si je ne compte pas te laisser partir., lui dit-il, caressant son visage avant de l’embrasser.  

- Je t’aime Kaori., murmura-t-il quand ils se séparèrent.  

- Moi aussi, je t’aime., répondit-elle.  

Ils s’embrassèrent tendrement avant de laisser les choses dériver et se passionner, roulant sur le divan avant de tomber par terre. Ryo l’examina attentivement soucieux avant de s’apaiser.  

- Rappelle-moi de bien calculer la distance entre le canapé et la table basse quand on en rachètera une., lui dit-il.  

- A en juger par notre position, soixante-quinze centimètres., répondit-elle de but en blanc.  

- Tu as songé à celle où tu es allongée sur la table ou le canapé avec ma tête entre tes jambes. Même à genoux, j’ai besoin d’un peu d’espace pour manoeuvrer., la taquina-t-il.  

- Oh… il faudrait peut-être faire un premier essai alors., suggéra-t-elle, rougissante.  

- Je suppose que, si ton gabarit passe, le mien passera aussi lorsque les rôles seront inversés., ajouta-t-elle, mutine.  

- Je vais attraper des crampes au mokkori avec toi., grogna-t-il avant de reprendre son exploration buccale.  

If I lay here  

Si je m’allonge ici  

If I just lay here  

Si je m’allonge juste ici  

Would you lie with me and just forget the world?  

T’allongerais-tu avec moi et oublierais tout ce qui nous entoure ?  

Allongés sur le divan, de nouveau dans les bras l’un de l’autre, un plaid posé sur eux, le couple savourait les derniers restes du plaisir qu’ils venaient à nouveau de partager. Ils se parlaient à voix basse quand le besoin se faisait sentir, sinon le silence était de mise. Les gestes parlaient pour eux. Des doigts s’entrelaçaient avant de se détacher pour errer délicatement sur la peau dénudée, la faisant frissonner. Les regards se croisaient, se plongeaient l’un dans l’autre, s’arrachant avec difficulté, les sourires étaient échangés, les baisers également…  

Dans un soupir, Kaori posa la tête contre le torse de son compagnon et ferma les yeux, sentant ses doigts fourrager dans ses cheveux. Elle était bien, sereine et les battements de cœur sous son oreille lui laissaient comprendre que c’était réciproque.  

- Je pourrais rester ainsi des heures…, soupira Ryo.  

- Moi aussi., admit-elle.  

Ils replongèrent dans le silence à nouveau.  

- Il va falloir se lever et sortir, n’est-ce pas ?, murmura-t-elle.  

- Oui. Commençons par une visite agréable., proposa-t-il.  

- Les bunnies du Kabuki ?, supposa-t-elle.  

- Je suis ravi de te voir t’ouvrir mais à ce point-là, c’est peut-être un peu trop…, ironisa-t-il, le regard pétillant, la faisant sourire.  

- Idiot… Quelle est ton idée alors ?, l’interrogea-t-elle, se redressant, le plaid serré contre sa poitrine.  

- Le Cat’s., proposa-t-il, glissant un doigt sur le tissu et le faisant descendre, découvrant ses deux collines.  

- Pervers !, le tança-t-elle, se levant et cherchant ses vêtements.  

Il se tourna sur le côté et la regarda évoluer.  

- Ce n’est pas moi qui me ballade nue dans l’appartement., plaida-t-il.  

- Tu ferais mieux de t’habiller pour aller voir nos amis., lui lança-t-elle en même temps que son caleçon.  

Il daigna enfin sortir du fauteuil, délaissant le sous-vêtement. Nu, il approcha d’elle et l’enlaça, lui infligeant un baiser langoureux.  

- Je vais d’abord prendre une douche. Qui m’aime me suive., fit-il, lui adressant un clin d’oeil.  

Il monta à la salle de bains et se glissa sous l’eau chaude. Un peu déçu de ne pas voir sa partenaire le rejoindre, il commença à se savonner. C’était peut-être mieux ainsi après tout s’ils devaient sortir après. Cela permettrait de faire redescendre le niveau d’hormones dans l’air.  

- Tu me savonnes ?, entendit-il derrière lui alors qu’un corps se pressait contre le sien.  

Un léger sourire étira les lèvres du nettoyeur.  

- Avec plaisir. Avec beaucoup de plaisir., lui promit-il, se tournant vers elle et posant les mains sur ses épaules.  

Il croisa son regard aimant où luisait le désir et sentit la bulle émerger de nouveau. Les autres attendraient. Pour l’heure à venir, il n’y avait qu’une chose qui comptait et elle était face à lui. 

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