Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 24 chapitres

Publiée: 24-11-20

Mise à jour: 17-12-20

 

Commentaires: 31 reviews

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SongficRomance

 

Résumé: Une voix dans la nuit, un nouveau chemin, un nouveau regard...

 

Disclaimer: Les personnages de "[vwa]" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: [vwa]

 

Chapitre 17 :: Chapitre 17

Publiée: 10-12-20 - Mise à jour: 10-12-20

Commentaires: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 17  

 

- Il est vingt-et-une heures, vous êtes sur Super Tokyo Radio. Ici Kaori pour l’émission Atout cœur. Tout de suite, nous écoutons The night before par Hooverphonic., entendit Ryo à la radio.  

 

Il ferma les yeux et soupira, conscient du mal qu’il avait fait à sa compagne depuis la veille au soir. Si sa voix était douce, il sentait la froideur sous-jacente. Il manquait cette légère mélodie à ses paroles et, pour cause, leur mélodie du bonheur sonnait comme le glas. La réaction qu’il avait eue après la fusillade avait été à la mesure de la semaine qu’ils avaient eue, démesurée, hors de contrôle, instinctive.  

 

Il n’avait pas eu de mal à retrouver ceux qui leur avaient tiré dessus. Il lui avait suffi de secouer le pommier et les pommes étaient tombées, certaines encore bien vertes, d’autres très mûres et une heure avait à peine sonné qu’il sortait de l’entrepôt, l’odeur de poudre fraîche l’entourant, le regard froid, le cœur lourd. Il venait d’éliminer quatre membres de l’escadron froidement et avait blessé sérieusement le cinquième. Avec obligeance, il avait chargé les corps dans la voiture et avait ordonné au dernier de les ramener auprès de leur chef. Ne comprenant pas d’où venait cet élan de clémence, l’homme avait claudiqué, une ceinture faisant office de garrot autour de sa cuisse blessée. Il avait démarré en trombe et Ryo l’avait suivi. Lorsqu’il avait compris où il se rendait, il s’était garé non loin et s’était perché sur une toiture, le vent fouettant sa silhouette. Magnum dans une main, téléphone dans l’autre, il observait la scène et composa le numéro dès que le chef du gang fut en vue, sortant à l’approche de la voiture.  

 

- Voilà ce qui arrive à ceux qui veulent s’en prendre à ma partenaire., avait-il asséné froidement sans laisser le temps à son interlocuteur de parler.  

 

Il visa la voiture, plus précisément le réservoir de carburant, et tira. A un mètre du chef, la voiture explosa et finit sa course dans la maison, fauchant plusieurs hommes au passage. Le message était passé. Froid, démesuré, violent. C’était à double-tranchant : certains comprendraient qu’il faudrait la laisser tranquille, d’autres y verraient une offense et se déchaîneraient de plus belle. Ne faisait-il qu’enchaîner les mauvaises décisions ? Il avait regardé le feu rougeoyant des flammes éclairer la nuit noire et s’était dit que, maintenant que le vin était tiré, il n’avait plus qu’à le boire. Poussant un long soupir, il avait regagné la voiture et était rentré. Il ne savait pas ce qu’il dirait à Kaori, ce qu’elle lui dirait mais il ne pouvait pas fuir perpétuellement.  

 

I ring your bell  

Je sonne à ta porte  

The buzzer opens the door  

Le buzzer ouvre la porte  

As I walk in, I only mind the floor  

Alors que j’entre, je fais seulement attention au sol.  

 

Il ferma les yeux en se rappelant le spectacle qui l’avait accueilli à son arrivée. L’appartement était sens dessus dessous, des débris de verre jonchaient le sol, anciens témoins de l’existence d’une table basse dont le socle était retourné, les plateaux des meubles bas avaient été débarrassés de leur contenu violemment, très violemment, les coussins du canapé étaient éparpillés dans la pièce tout comme les revues érotiques qu’il cachait juste derrière à portée de main. Il sentit son estomac se serrer, craignant pour sa vie alors qu’il ne la voyait pas. Où était Kaori ? Pourquoi l’avait-il laissée seule ? Pourquoi n’avait-il pas imaginé qu’elle serait attaquée dans leur appartement ?  

 

Il avança dans la pièce, prenant sur lui pour rester calme et éviter de multiplier les erreurs de jugement. Son cœur sembla s’arrêter quand il aperçut des traces de sang. Non… Ce n’était pas possible, pas Kaori… Il n’aurait jamais dû céder, il n’aurait jamais dû vouloir plus que ce qu’il avait. Le plus injuste, c’était que c’était elle qui en payait le prix. Il avait été trop gourmand, trop empressé de croire que le destin se montrerait clément avec lui…  

 

I raise my head and I see  

Je relève la tête et je vois  

A shadow on the wall  

Une ombre sur le mur  

Vibrantly, reminding your last call  

Me rappelant de manière vibrante ton dernier appel  

 

Ce n’était pas une ombre sur le mur qu’il avait vue mais les traces d’un liquide ambré et au pied les débris d’une bouteille brisée, la bouteille du whisky qu’il buvait. Il avait regardé de nouveau la scène et compris, à moitié soulagé, à moitié seulement… Il s’était rappelé son baiser, son regard juste avant de la quitter. Elle n’avait pas été attaquée. C’était elle qui avait ravagé l’appartement et, comme pour mieux lui confirmer, il l’avait enfin trouvée.  

 

- Qu’as-tu fait ?, avait-il murmuré, atterré.  

 

You are lying on the floor  

Tu gis sur le sol  

Trying to remember  

Tentant de te souvenir  

What happened the night before  

Ce qui s’est passé la nuit d’avant  

 

Il avait approché d’elle et dégagé son visage, manquant de tomber sur ses fesses quand il croisa son regard vide. Il avait pensé qu’elle était évanouie ou endormie mais pas éveillée et complètement apathique. Inquiété par les traces de sang sur son visage, il l’avait tâté doucement pour chercher les blessures mais elle n’avait rien.  

 

- Kaori ?, l’avait-il appelée, le cœur à l’agonie.  

 

Elle n’avait pas bougé. L’ongle du pouce coincé entre ses dents, allongée face contre terre, c’était à peine s’il la voyait respirer. Délogeant son doigt, il avait attrapé sa main glacée et l’avait dépliée pour la réchauffer entre les siennes, trouvant alors l’origine de l’hémorragie. Elle avait plusieurs entailles à la main, entailles qui s’étaient remises à saigner. Culpabilisant car il n’avait aucun doute sur la cause de cette déferlante rageuse, il l’avait prise dans ses bras et emmenée à l’étage, la couchant dans son lit avant d’aller chercher le kit de premiers soins. Il avait bandé rapidement l’une de ses mains avant de nettoyer l’autre, retirant les morceaux de verre restés coincés, désinfectant et pansant avant de renouveler l’opération de l’autre côté. Il avait dû faire la même opération sur ses jambes parsemées de tâches rouges peu profondes mais nombreuses…  

 

L’anxiété montant alors qu’elle n’avait toujours montré aucun signe de vie, il s’était allongé à ses côtés et l’avait prise dans ses bras. Elle n’y était pas restée plus de quelques secondes, le repoussant violemment avant de se tourner de l’autre côté, se roulant en position foetale. C’était une réaction même si ce n’était pas celle qu’il escomptait.  

 

- Kaori…, avait-il tenté.  

 

Elle n’avait pas répondu et il n’avait pas insisté. Peut-être valait-il mieux pour le moment ne pas la presser et leur laisser le temps à tous deux de faire retomber la pression.  

 

Step by step  

Pas à pas  

The sound of breaking glass  

Le son du verre cassé  

What happened here, well I can only guess  

Ce qui s’est passé ici, je peux seulement le deviner.  

 

Sentant le regard d’Hiro posé sur elle, Kaori regarda les bandages à ses mains. Il avait bien tenté de la questionner sur le sujet mais elle avait éludé, ou plutôt l’avait ignoré et, pour ce faire, elle n’avait pas eu à fournir trop d’effort. Elle avait eu un maître en la matière pendant des années. Sentant de nouveau le froid l’envahir, elle tenta à nouveau de se remémorer la nuit précédente. Ses souvenirs s’arrêtaient peu après le départ de Ryo quand, hurlant de douleur, elle avait dans un moment de rage balancé sa bouteille de whisky qui était restée posée sur le bar à travers la pièce, l’entendant se fracasser contre le mur comme se fracassait son cœur. Après, c’était le flou artistique.  

 

La douleur, les bruits de verre cassé, d’objets qui tombent, de papier froissé, la douleur qui revenait encore, les hurlements, la douleur qui lui vrillait les entrailles, mais était-ce vraiment elle ?, les muscles qui se tétanisaient, les crissements sous ses chaussures, les piqûres sur la peau de ses jambes, ses cuisses, la sensation un peu chaude et poisseuse, la douleur, sa tête qui touche le sol puis le néant… Etait-ce elle qui avait vu des formes bouger plus tard ? Etait-ce elle qu’on avait soulevée plus tard ? Elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Tout avait été irréel, si irréel.  

 

You seem asleep  

Tu sembles endormi  

As I try to put you on the bed  

Alors que j’essaie de te mettre sur le lit  

As I find traces of regret  

Comme je trouve des traces de regret  

 

Quand avait-elle regagné un état de conscience suffisant pour comprendre ce qui se passait ? Elle ne savait pas vraiment. Quelque part entre le moment où il avait touché son visage et celui où il avait voulu la prendre dans ses bras peut-être. Elle ne voulait cependant pas en sortir car, plus elle revenait à la réalité, plus la douleur et la colère revenaient et elle ne voulait pas sentir… ça. Elle voulait juste rester dans la bulle de bonheur et de plénitude qu’ils avaient créée. Elle voulait se souvenir du moment où ils s’étaient séparés avant l’émission, où ils avaient fait l’amour dans l’urgence alors qu’ils avaient la soirée après ce moment de séparation. Sentaient-ils le vent tourner ?  

 

Elle ne voulait pas affronter le regard de Ryo, son indifférence ou ses regrets, son incompréhension ou sa colère pour ce qu’ils avaient fait. Elle savait qu’ils étaient coupables, qu’ils avaient été trop inconscients, qu’ils avaient perdu le contrôle mais elle ne voulait pas voir dans ses yeux la conclusion logique de tout cela. Elle ne voulait pas lui montrer à quel point elle avait mal de ce qu’elle savait arriver. Elle ne voulait pas se demander si elle avait encore la force d’espérer un énième revirement. Elle ne voulait pas se demander si elle avait encore la force d’accepter un énième revirement.  

 

You are lying on the floor  

Tu gis sur le sol  

Trying to remember  

Tentant de te souvenir  

What happened the night before  

Ce qui s’est passé la nuit d’avant  

 

Il s’était réveillé bien avant elle ce matin-là. Enfin réveillé… aurait-il encore fallu qu’il ait dormi pour cela… Il s’était levé et l’avait laissée seule, attristé de la voir toujours recroquevillée dans son sommeil, engoncée dans la couverture comme si elle était frigorifiée. Se chaussant, il avait commencé à ramasser les débris qui jonchaient le sol du séjour. Il ne pourrait lui épargner les marques sur son corps, il ne pourrait lui épargner la douleur de son incertitude mais il pouvait lui épargner la corvée de nettoyage. Ce n’était après tout que le résultat de son œuvre.  

 

Arrivant à l’endroit où il l’avait trouvée allongée, il s’était immobilisé, revivant ce moment douloureux. Ca aurait pu être d’autres circonstances. Ca aurait pu être la position dans laquelle il l’aurait retrouvée morte ou salement amochée parce qu’on aurait voulu le viser lui à travers elle. Sentant un haut-le-coeur le prendre à cette pensée, il posa la main sur sa bouche avant de la passer nerveusement sur son visage et dans ses cheveux. Ce n’était pas quelque chose qui devait arriver mais qui était-il pour se permettre de croire qu’il pourrait toujours déjouer les pièges de la Faucheuse ?  

 

- Ce n’est pas à toi de débarrasser le bordel que j’ai foutu !, avait-il soudain entendu claquer derrière lui.  

- Quoique c’est exceptionnel de te voir tenir un balai qui plus est dans le bon sens !, avait-elle lancé d’un ton acerbe.  

- Va-t’en, Ryo. A moins que tu sois capable de me dire que nous deux, ça va durer sans aucune hésitation, va-t’en. Je veux être seule. Te voir sans pouvoir te toucher, c’est trop douloureux pour le moment.  

 

Il avait vu ses prunelles emplies de colère, son regard brillant des larmes qu’elle retenait et, même s’il aurait aimé la soulager, l’épargner, il n’avait pas pu lui dire ce qu’elle attendait. La nuit d’avant, son pire cauchemar avait failli se concrétiser et lui avait rappelé toutes les raisons pour lesquelles il s’était abstenu de la toucher jusque là.  

 

You, are you really that sure  

Toi, es-tu vraiment si sûre  

That I'm the prince who'll wake you?  

Que je suis le prince qui te réveillera  

 

Kaori se mit à rire nerveusement, essuyant les larmes qui perlaient à ses yeux. Pour être réveillée, elle l’était bel et bien. Son corps hurlait, son cœur hurlait, son âme hurlait. Elle avait l’impression de tout vivre de manière décuplée depuis ce matin. Sa présence, un temps chérie, lui était insupportable tant elle crevait de se jeter à ses genoux pour le supplier de les laisser être et, en même temps, refuser de s’abaisser à le faire. Il lui restait un peu de dignité, juste assez pour espérer pouvoir se relever et mettre un pied devant l’autre et continuer d’avancer.  

 

Ryo un prince ? Elle n’y avait jamais cru. Ryo n’était pas un prince. Il avait du charme, du charisme, beaucoup de qualités mais elle connaissait ses côtés sombres et ses défauts. Prince n’était pas un terme qui lui seyait… sauf si on se référait à Machiavel. Peut-être que ce prince-là était pour lui, pensa-t-elle, pinçant les lèvres de colère. Elle se retourna pour échapper au regard de son collègue. A qui voulait-elle mentir ? Elle connaissait Ryo et, même s’il venait de lui faire mal, elle ne pouvait pas le catégoriser ainsi. Elle savait qu’il avait encore des doutes quand il s’était engagé. Il devait vaincre ses peurs. Elle aurait peut-être dû plus l’écouter ou il aurait dû prendre plus de temps pour lui expliquer mais, malgré cette compréhension, la douleur était là.  

 

We can't rewind the movie called our life  

Nous ne pouvons pas rembobiner le film qu’est notre vie  

And though I'm your hero  

Et même si je suis ton héros  

I'm not that sure, so unsure I'll save  

Je ne suis pas sûr, vraiment pas sûr de te sauver  

 

Achevant de mettre ses revues dans un carton, Ryo s’arrêta un instant, méditant les paroles. La vie pour eux n’était pas une journée sans fin. Ils ne revivraient pas la même journée en cherchant à corriger les erreurs. Ils ne ressusciteraient pas au petit matin s’ils étaient tués. Pour lui, ce n’était pas un si gros souci même s’il n’avait pas vraiment envie de mourir, si certaines choses, une certaine personne lui avaient donné plus de raisons de durer. Il mourrait et tout s’arrêterait, point. Si Kaori mourait, il devrait vivre avec ça sur la conscience, avec une douleur certainement bien plus grande que celle qu’il avait ressentie pendant un court instant la veille au soir en la voyant allongée. Il ne saurait pas. C’était ingérable tout comme l’était sa peur de la perdre, d’autant plus maintenant qu’il avait eu l’audace de la tenir dans ses bras, de goûter à ce petit morceau de Paradis sur Terre.  

 

Pouvait-il continuer à l’aimer en sachant qu’il risquait de perdre la tête en la touchant ? Il ne pouvait avoir aucun moment de faiblesse. Etre faible dans son métier, c’était ouvrir la porte à la mort. S’il tentait sa chance, pourrait-il ne l’aimer qu’un peu, à moitié, raisonnablement ? Serait-ce juste pour elle ? C’était tellement plus simple quand il n’y avait pas de sentiments en jeu. Il venait, il entrait, quelques allers-retours et l’affaire était faite. Une nuit, une fille, pas d’attaches, donc pas de souffrance. C’était aussi bien ainsi… mais moins beau, beaucoup plus loin du sublime…  

 

You are lying on the floor  

Tu gis sur le sol  

Trying to remember  

Tentant de te souvenir  

 

Fermant le carton sur le canapé, il ne put s’empêcher de revisualiser leur retour de discothèque une semaine plus tôt. L’eau qui avait goutté sur le sol, leurs vêtements trempés qu’ils avaient peiné à retirer, leurs baisers tantôt sauvages, tantôt tendres, leurs caresses qui provoquaient des frissons des plus agréables, ses regards qui l’avaient fait chavirer, ses gémissements qui l’avaient touché au plus profond, loin des halètements obscènes des autres femmes plus expérimentées qu’il avait côtoyées… Il ne pouvait pas oublier tout cela, s’en passer serait une épreuve difficile mais peut-être n’auraient-ils pas le choix. Ils n’auraient peut-être que cette semaine pour savoir ce qu’aurait pu être leur vie…  

 

You are lying on the floor  

Tu gis sur le sol  

Trying to remember  

Tentant de te souvenir  

What happened the night before  

Ce qui s’est passé la nuit d’avant  

 

Malgré la douleur, Kaori serra les poings. L’estomac noué, elle se demanda à quoi ressemblerait la suite. Même si elle s’en doutait, elle ne pouvait imaginer que tout s’arrêterait. Elle savait très bien ce qu’il lui dirait, les raisons qu’il invoquerait, les comprendrait même. Elle acquiescerait mais serait-elle capable de ranger son cœur au placard ? Y aurait-il assez de place dans ce placard pour ses désirs, ses rêves pourtant bien minimes, l’espoir qui l’avait animée jusque là ? Y aurait-il de la place pour ses souvenirs, si beaux, si intenses, et la grandeur qu’ils lui avaient donnée ?  

 

You, are you really that sure  

Toi, es-tu vraiment si sûre  

That I'm the prince who'll wake you?  

Que je suis le prince qui te réveillera  

 

Il ne connaissait pas les princes de conte de fées mais tout ce qu’il savait, c’était que les fées avaient oublié leurs berceaux quand ils étaient nés. Comme certains étaient destinés à tout avoir sans effort, ils semblaient condamnés à affronter tout ce qu’il pouvait y avoir de douloureux dans ce monde. Ce n’était pas juste. Oui, pour lui qui avait rarement ressenti de l’injustice en ce bas monde, se contentant de ce qu’il avait, ce n’était pas juste. Pourquoi devaient-ils perdre ce qu’ils avaient de plus beau ? Pourquoi ne se sentait-il pas assez fort pour affronter cette peur de perdre le contrôle et de la perdre par la même occasion alors qu’il était capable de se dresser face au plus dangereux des malfrats ?  

 

Incapable de continuer à l’entendre, il éteignit la radio. Il devait réfléchir, trouver une solution parce que les deux qui s’offraient à lui ne lui convenaient pas : il ne pouvait pas la laisser partir mais il ne pouvait continuer à perdre la tête… C’était un dilemme insoluble.  

 

- Qu’est-ce que tu fais là ?, lui demanda Kaori abruptement en sortant de la radio.  

 

La mini était garée juste devant la sortie, Ryo l’attendant appuyé dessus.  

 

- Je suis venu te chercher tout comme j’aurais aimé t’accompagner tout à l’heure., lui opposa-t-il, tentant de rester calme.  

- Je n’ai pas besoin que tu me maternes., cracha-t-elle.  

 

Ryo soupira se demandant comment désamorcer la situation.  

 

- Je t’ai collé une cible sur le front. Je ne te laisserai pas seule.  

- Mais ça fait longtemps que j’ai une cible sur le front, Ryo ! Ca fait des années, avant même qu’on devienne partenaires ! Tu te souviens de l’Union Teope, tu te souviens de ceux qui ont tué mon frère et qui voulait nous tuer aussi ?, ragea-t-elle.  

- On n’était même pas partenaires ! On n’était même pas ensemble ! J’étais déjà folle amoureuse de toi mais on n’était pas ensemble. Ca n’a pas changé grand-chose qu’on baise ensemble depuis une semaine !, hurla-t-elle, cherchant juste à lui faire mal comme elle avait mal, au-delà de toute raison.  

- Ne dis pas ça. Ce qu’on a fait… ne dis pas ça., murmura-t-il, comprenant mais refusant d’avilir ce qu’ils avaient fait.  

- Monte en voiture, Kaori. Si tu veux que je m’en aille, je m’en irai mais monte en voiture et laisse-moi te ramener… s’il te plaît., l’implora-t-il.  

 

Elle hésita un long moment puis accepta, ne se sentant pas la force de rentrer à pieds. Elle se sentait vidée, épuisée et n’aspirait qu’à se coucher, dormir et oublier. Elle grimpa dans la voiture et le laissa conduire sans jamais tourner le regard vers lui. Elle sentait sa tension, son désespoir, sa colère… comme elle et ferma les yeux pour ne pas pleurer. Comment tout avait-il pu si mal tourner ?  

 

- Que comptes-tu faire ?, finit-elle par lui demander à mi-voix alors qu’ils pénétraient dans l’appartement.  

- Partir si tu me le demandes…, répondit-il, le cœur lourd.  

- Je… non… Je veux dire… pour nous., précisa-t-elle, se demandant si elle avait bien fait de poser la question.  

 

Le silence lui répondit et elle ne releva la tête pour le regarder que lorsqu’elle en trouva le courage. Elle croisa son regard et le vit écarter les lèvres.  

 

- Non ! Ne dis rien… Quoi que tu dises, ce sera définitif alors ne dis rien si tu n’es pas sûr de toi., l’implora-t-elle, se raccrochant aux coussins du divan.  

- Il faudra pourtant qu’on avance…, murmura-t-il même si ses paroles l’avaient soulagé.  

 

Il n’était pas prêt ni dans un sens ni dans l’autre.  

 

- Je sais… mais… pas ce soir. Je ne peux pas. J’imagine ce que tu vas me dire et… je ne peux pas. Je ne veux pas de doute et j’en aurai toujours si tu me le dis ce soir. Je me demanderai toujours si tu as agi sur un coup de tête à cause d’hier soir, parce que je t’aurais mis la pression ou je-ne-sais-quelle autre raison… Alors pas ce soir., expliqua-t-elle, d’une voix désespérée.  

- Quand alors ?, l’interrogea-t-il, tendu.  

- Une semaine… Dans une semaine jour pour jour. On aura eu quelques jours pour se calmer et réfléchir, autant de temps qu’il nous a été permis de perdre la tête., répondit-elle spontanément.  

 

Ryo hésita, la regarda un moment perdu dans ses pensées.  

 

- Pas ce soir… Ne me dis rien. Pas ce soir. Je ne suis pas prête pour cela., murmura-t-elle, les larmes roulant sur ses joues.  

- Tu m’as lancé un XYZ, Ryo. C’était ton choix et c’est toi qui me plantes un couteau dans le dos. Je sais que tu as tes raisons et je peux les comprendre mais pas ce soir. Ce soir, j’ai juste le sentiment que tu m’as trahie. Je ne veux pas. Ce n’est pas toi. Ce n’est pas nous. Pas ce soir.  

 

Il approcha et elle ne recula pas. Il la prit dans ses bras et elle ne s’échappa pas. Elle se laissa aller contre lui, la seule personne à pouvoir lui faire mal et la réconforter, et pleura.  

 

- D’accord., souffla-t-il.  

- Sept jours., lui concéda-t-il.  

 

Elle acquiesça et resta encore là un moment avant de s’écarter de lui. Ils s’observèrent un long moment avant qu’elle approcha de lui à nouveau et l’embrassa.  

 

- Kaori…, souffla-t-il, ne comprenant pas.  

- Aime-moi… peut-être pour la dernière fois. Je veux ce dernier moment avec toi s’il ne doit plus y en avoir d’autres. Je sais que c’est déraisonnable et illogique. Je sais que je suis en colère et que j’ai mal, certainement comme toi mais je sais aussi que tu es le seul à pouvoir m’aimer. Alors aime-moi une dernière fois. Je ne te le demanderai plus après jusqu’à ce que tu te sois décidé., plaida-t-elle.  

 

Il contempla un long moment le mur derrière elle puis baissa les yeux, plongeant dans son regard. Il posa la main sur sa joue et se pencha pour l’embrasser. Leur baiser fut désespéré tout comme les gestes qui suivirent. Ils ne prirent pas la peine de monter et, comme leur première fois, cette fois-là eut lieu sur le fauteuil, serrés l’un contre l’autre, les bras l’un autour de l’autre, tellement imbriqués qu’ils auraient pu symboliser le yin et le yang. Aucun cri ne vint souligner la fin de leur intermède amoureux. Ils restèrent juste enlacés, finissant par s’endormir ainsi malgré l’inconfort de la position. 

 


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