Capitolo 12 :: Encore un matin

Pubblicato: 21-01-10 - Ultimo aggiornamento: 21-01-10

Commenti: D'abord merci à toutes pour toutes vos reviews ! Je suis vraiment contente que mon dernier chapitre vous ait plu. Shamane, Didinebis, Hcity-nodino, Rowane, Helenaick, Kaoridu86, Tennad, Scrapinette44, Fankaori, Tenshi, Xiaomei, Angélique, Saoria, Kaori62, Lauraw et M.K, vos remarques m'ont beaucoup touchée... J'espère que ce petit chapitre vous plaira...

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Il étira lourdement ses bras et entrouvrit ses yeux encore embrumés de sommeil... Il était bien trop tôt pour se lever ! se dit-il en constatant la faible lumière de la pièce. Par chance, s'il ne dormait toujours que d'un œil, son endormissement était toujours rapide. Il se tourna sur le côté... Son corps était étendu à ses côtés... Kaori... Les souvenirs de cette nuit lui revinrent en mémoire. Ils étaient restés un long moment enlacés dans le salon. Ni l'un ni l'autre n’avait parlé. Les mots auraient brisé cet instant d'intimité si rare et si précieux dans leur vie. Ils ne savaient se dire que des sottises mais dans le silence, ils se comprenaient parfois si bien. Ce fut tout naturellement qu'après de longues minutes, ils étaient retournés se coucher... ensemble. Ils n'avaient fait que s'endormir côte-à-côte. Ils ne s'étaient même pas serrés l'un contre l'autre... Cependant à présent que les rayons du soleil avaient dissipés l'irréelle clarté de la nuit, l’abandon laissait place à l’embarras. Cette situation devait cesser ! Et au plus vite ! Si Kaori avait accès à son inconscient, ce serait une catastrophe. Elle avait supporté un cauchemar mais combien de ses fantômes pourrait-elle endurer ? Il était un tueur de sang froid, un ancien guérillero… Il avait fait tant de victimes… La plupart était des criminels pourtant il n’avait oublié aucun de leurs visages… Il ne voulait pas qu’ils hantent les nuits de Kaori… Si elle savait ce qu’il avait fait quand il était drogué à la Poussière d’ange, le ressentir dans sa chair serait… Comment la préserver de tous ses souvenirs infernaux ?... La deuxième partie de la nuit avait été calme. Leur proximité physique faisait-elle fuir les spectres du passé ? Grotesque ! Absurde ! Et de toute façon, ils n'allaient pas passer toutes leurs nuits ensemble !  

Il contempla d'un air pensif son visage apaisé. Il était assurément un des plus parfaits spécimens de la gent masculine ! Ses traits étaient fermes, énergiques sans être dépourvus d'une certaine douceur… à l’image de l’amant tendre et fougueux qu’était l’Etalon de Shinjuku ! Son corps musclé n'avait rien à envier à ces statues de jeunes dieux grecs. Et surtout il possédait l'outil de volupté le plus performant de la décennie ! Pas étonnant que toutes les femmes fussent folles de lui ! S'il avait été une vraie femme, ou même une demi-femme comme Kaori, il se serait sauté dessus... Mais il était un homme ! Et s'embrasser était impossible ! Il serait bon pour des années de thérapie après ça !  

Il fixa tristement ses pieds. Son érection matinale lui manquait cruellement !... Il devait tout faire pour recouvrer son corps d'étalon ! C'était bien trop dangereux de laisser Kaori l'utiliser ! Les pires choses se produiraient si cette situation s'éternisait ! Elle pouvait se faire tuer, briser sa réputation auprès de toutes les hôtesses de Kabukicho ou pire découvrir les sentiments qu'il nourrissait à son égard ! Une chance que depuis des années il s'évertuât à nier toute séduction à la jeune femme ! Ainsi elle ne risquait pas de se voir dans une de ses fantaisies érotiques ! Il aurait eu trop honte !... A ce propos, il n'allait pas pouvoir reporter plus longtemps l'épreuve du lavage !... Non ! Il ne voulait pas voir Kaori toute nue ! Cela le traumatiserait !  

Il se releva brutalement ! Il n'y avait pas à tergiverser ! Il était un homme d'action que diable ! Du courage ! Ce n'était qu'un baiser ! Après il se laverait la bouche avec une solution hydro-alcoolique et il n'y paraîtrait plus !  

Les lèvres pincées en un rictus grotesque, il s'approcha de son propre visage. Allez... Courage... C'était comme embrasser un miroir ! Rien d'effrayant ! Il en avait vu d'autres ! Deux paupières s'écarquillèrent sur des prunelles d'un gris sombre et il heurta violemment son propre front.  

- Aïe ! gémit-il en tenant son nez sanguinolent. C'est pas vrai ! Même sans massue, tu trouves le moyen de m'assommer au réveil !  

- De t'assommer ? grogna Kaori mal réveillée tout en frottant son front endolori. Non mais je rêve ! C'est toi qui as écrasé ta tête sur...  

- Ta tête, Kaori ! C'est ton nez que tu as sûrement cassé !... Bah ! Ce n'est pas dramatique ! Ça renforcera ton petit air viril !  

La magie de cette nuit s'était bel et bien évaporée. Kaori était déjà en train de poursuivre son partenaire à travers la chambre pour lui faire ravaler ses paroles... Après lui avoir asséné quelques coups, plutôt modérés, elle se laissa tomber au bord du lit.  

- Ce n'est toujours pas fini, soupira-t-elle.  

Ryô s'assit à ses côtés. Si elle l'avait un peu malmené, leur chamaillerie matinale leur avait évité des minutes bien embarrassantes.  

- Je suis le premier à m'en plaindre ! Je n'ai pas eu mon mokkori du matin et je me suis quand même pris un coup sur la tête !  

- C’est de ta faute ! Quelle idée de te pencher sur moi comme ça ?  

- Euh... Je me disais qu'il serait temps que tu te rases, ma chère... Cette barbe de deux jours fait négligé !  

- J'en ai marre !  

L'air abattu, elle réalisa que contrairement à son partenaire, elle avait droit au mokkori du matin.  

Pourquoi était-elle allée chez l’esthéticienne la semaine dernière ? Cela n’aurait été que justice que Ryô ait à subir une séance d’épilation ! Cela lui aurait passé l'envie de rigoler comme un phoque alors qu'elle s'échinait à manipuler ce fichu rasoir ! Au moins, elle savait quoi lui offrir pour son prochain anniversaire ! Il fallait la précision d'un Ryô Saeba pour manier cet engin archaïque sans se blesser ! Ses massues étaient plus maniables que ça !  

Un cri s’échappa de ses lèvres quand la lame du rasoir entailla sa mâchoire... Aussitôt suivi des jurons les plus gracieux.  

Un visage hilare se glissa dans la porte entrebâillée.  

- Un problème, Kaori ?  

Ryô considéra un instant le mince filet de sang qui perlait non loin de son oreille.  

- Tu n'es vraiment pas habile pour les travaux minutieux ! A ce rythme là, tu m'auras défiguré avant la fin de la matinée !... Allez, je vais t'aider ! Il ne faudrait pas que tu abîmes le beau visage de l'Etalon de Shinjuku !  

- Que tu peux être prétentieux !  

- Oserais-tu prétendre que je ne suis pas aussi mokkori que Mick ? demanda-t-il mi-figue mi-raisin.  

Kaori s'empourpra aussitôt. Elle balbutia des paroles incompréhensibles puis le somma d'arrêter de dire des cochonneries en lui jetant le rasoir qu'il réceptionna sans difficulté... Décidément elle était moins colérique depuis qu'elle occupait son corps. En temps normal, elle l'aurait exterminé. De son côté, Ryô réalisait qu'il avait plus de mal à conserver son sang-froid. Il semblait que les traits les plus saillants de leurs personnalités n'aient pas totalement déserté leurs enveloppes corporelles... C'était pour cela que Kaori était devenue une véritable obsédée ! Pour s'exciter sur la plastique de Mick Angel, il fallait être sérieusement perverse !... Et pour y repenser avec une telle obstination, il fallait posséder un peu de la jalousie maladive de Kaori.  

Tandis qu'il se livrait à ces réflexions, Kaori s'asseyait docilement sur un tabouret et laissa son partenaire régler ce problème somme toute bien masculin... Comment cet idiot avait-il osé lui poser une telle question ? Alors que la jeune femme fixait la vasque remplie d'eau, la gêne prenait le pas sur l'indignation... Elle se serait fait arracher la langue plutôt que de répondre honnêtement... Cet imbécile avait un corps superbe... Oui, il était mokkori à souhait... songea-t-elle en rougissant. Elle venait de prendre une douche et bien qu'elle se fût lavée le plus rapidement possible, elle n'avait pu s’empêcher d'admirer sa musculature parfaite... En dépit de ses nombreuses cicatrices, sa peau était incroyablement douce... Elle aurait tant aimé la caresser dans d'autres circonstances... Non ! Elle devait vite arrêter le cours de ses pensées ! Elle sentait déjà dans son bas-ventre un picotement caractéristique... Elle avait déjà eu toutes les peines du monde à calmer la bête pendant ses ablutions ! Elle avait dû user d'eau si froide qu'elle ne serait pas étonnée d’attraper un rhume carabiné ! Pour un peu, elle aurait plaint Ryô de vivre au quotidien avec cet organe indiscret... Mais lui n'en était pas incommodé ! Il était le dernier des sans-gêne ! La pudeur était une notion qui lui était étrangère... Quoique quand il était question de ses sentiments, il se montrait plus que réservé, réalisa-t-elle. Les images de son rêve lui revenaient en mémoire. Elle avait toujours su qu'il dissimulait ses blessures derrière son attitude joviale et désinvolte pourtant elle ne soupçonnait pas que sa désespérance fût si profonde... Elle avait ressenti ses émotions dans sa chair... sa douleur... sa noirceur... son dégoût de lui-même surtout... Si seulement il pouvait se voir avec ses yeux, il saurait qu'il avait le cœur le plus noble qu'il y ait en ce monde... Il comprendrait que quelles que fussent les turpitudes de son passé, elles n'entachaient pas son âme...  

Le regard de Kaori s'était fait lointain. A quoi pensait-elle ? s’interrogeait le nettoyeur... Il devait reconnaître qu'il était diablement séduisant quand son visage adoptait cette expression pensive... Etrange ! Depuis qu'il était dans le corps de Kaori, il se trouvait encore plus beau que d'habitude... Sans doute que le magnétisme animal de l'Etalon de Shinjuku faisait bouillonner ses œstrogènes ! Aucune femme ne lui résistait même lui même... Oh la... Cela devenait de plus en plus perturbant ! Il était au bord de la schizophrénie !  

Pour calmer le flot de ses pensées, il se concentra sur sa difficile entreprise. Raser un tiers était loin d'être aisé. Il était habile certes mais il était nettoyeur pas barbier ! Et le reflet que lui renvoyait le miroir ne l’aidait guère dans sa tâche… L’image de sa partenaire penchée vers lui et tenant délicatement son menton pour raser ses joues était des plus singulières. Ils ressemblaient à un couple partageant une matinée de tendre intimité… Il secoua vivement la tête… Ce matin, son esprit l’entraînait dans des contrées qu’il prenait grand soin d’éviter habituellement.  

- Ça va, Ryô ?  

Quand elle se tourna vers lui, il lui sembla plonger dans deux lacs sombres… Un frisson le parcourut. Sans qu’il comprît pourquoi, son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine et une douce chaleur se diffusa dans le creux de son ventre… Bon dieu que lui arrivait-il ? Le corps de Kaori prenait de plus en plus le pas sur son esprit… Un court instant, il avait été Kaori… C’était effrayant !  

Il se redressa vivement.  

- Ce n’est pas parfait mais ça ira pour aujourd’hui ! déclara-t-il en déposant le rasoir.  

Il sortit sans plus de façon de la salle de bain.  

- Tu pars ? s’étonna Kaori en le voyant se diriger vers l’entrée.  

- Je vais voir Tête de poulpe ! Il a peut-être déjà des infos sur celui qui t’a attaqué hier !  

- Tu n’as pas pris de petit déjeuner !  

- Je mangerai au Cat’s Eye. Ce sera meilleur que ce que tu prépares… En attendant, tu restes ici ! Si tu te fais tuer, je ne retrouverai jamais mon mokkori !  

- Espèce de… hurla-t-elle alors qu’il disparaissait dans l’escalier.  

Les lèvres fendues dans une grimace suspicieuse, elle demeura un long moment devant la porte close… Quand Ryô partait ainsi, il avait une idée tordue derrière la tête. Il allait encore faire des bêtises ! Sinon quoi qu’il en dît, il n’aurait pas renoncé à son déjeuner. Il n’avait même pas pris de douche ! Elle poussa un léger soupir. Elle lui accordait le bénéfice du doute pendant trois heures puis elle partirait à sa recherche.  

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