Capitolo 14 :: Blessure

Pubblicato: 16-02-10 - Ultimo aggiornamento: 16-02-10

Commenti: D'abord merci à Saoria, 1grisou, Tokra, Xiaomei, Kaoridu86, Tennad, Thalia, Hcity, Fankaori, Tenshi, Kaori62 et M.K. pour vos commentaires du chapitre précédent. Je suis contente qu'il vous ait plus car il m'avait donné du mal... Désolée d'avoir mis plus de temps à majer que d'habitude et en plus, je crains que vous ne détestiez ce nouveau chapitre... Je m'enfuis très vite avant de recevoir une massue.

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Kaori reposa ses baguettes. Son regard flottait dans le vide depuis cinq bonnes minutes... Elle avait un étrange pressentiment... Ryô était sûrement en train de faire des bêtises ! Il était parti trop précipitamment ! Elle connaissait assez l'animal pour savoir qu'une seule chose était assez stimulante pour lui faire sauter un repas : les filles ! Elle se releva d'un bond. Il était capable du pire ! Si elle voulait espérer un mariage honorable, elle devait retrouver l'énergumène qui occupait son corps au plus vite !  

Elle courut dans la chambre de son partenaire, installa rapidement le holster et saisissait une veste quand la sonnerie de la porte retentit. Une montagne humaine familière pénétra dans l’entrée… Même avec la stature de Ryô, Falcon lui paraissait gigantesque !  

- Cette histoire est vraiment perturbante, déclara-t-il en la considérant. Ton aura dans le corps de ce pervers… Cela ne doit pas être facile pour toi !  

- Tu sens que c’est moi ?  

- Bien sûr, ton aura est reconnaissable même si elle est comme brouillée… sans parler de cette odeur…  

- Je viens de me laver ! s’étonna-t-elle en reniflant ses vêtements.  

- Toutes les douches du monde n’y feront rien ! Tu empestes le Ryô Saeba ! Ma pauvre !... Il s’en tire bien, le bougre ! On ne peut même plus lui taper dessus quand il fait des bêtises !  

- Et je t’assure que depuis hier, il n’arrête pas… soupira Kaori.  

- Il n’est pas là, ce dégénéré ? J’ai les infos qu’il a demandées… Il y a effectivement un contrat sur City Hunter. Vu la réputation de Ryô, la plupart des tueurs du milieu ne l’ont pas relevé. Mais vous n’êtes pas à l’abri d’une tête brûlée désireuse de se faire un nom en vous accrochant à son tableau de chasse.  

- Tu sais qui a lancé ce contrat ?  

- Oui, c’est ça qui m’a pris toute la nuit. Il s'agit du Parrain de la Nishiogi. Il paraît qu’il a passé trois ans en prison à cause de vous…  

- La Nishiogi ? Ça me dit quelque chose…  

- Une histoire d’incendie volontaire à ce que j’ai entendu…  

- Ah oui... Ça fait presque cinq ans ! Il a la rancune tenace…  

- L’organisation a mis du temps à se reconstruire. Malheureusement la mauvaise graine repousse toujours… A propos de mauvaise graine, ton partenaire n’est pas là ?  

- Non. Tu ne l’as pas vu, pourtant il était parti… La crapule ! s’écria-t-elle prise d’une soudaine fureur. Il m’a encore raconté des bobards !  

- Attends… Il ne m’a peut-être pas trouvé…  

- Depuis quand prends-tu sa défense ? Tu sais qu’il n’a pas son pareil pour…  

- Enfin, Kaori ! Je ne suis même pas repassé chez moi ! Il nous attend sûrement au Cat’s Eye.  

- Tel que je le connais, il propose à Miki de prendre un bain avec elle !  

- Dépêche-toi ! On doit le retrouver ! déclara aussitôt Falcon en l’empoignant par le bras.  

Ce fut avec diligence qu'ils se rendirent au Cat's Eye. Dès qu'ils ouvrirent la porte, ils constatèrent le pervers recherché n'y était pas. Derrière son comptoir, Miki préparait le café tandis que Kasumi servait des clients dont les visages se décomposèrent en apercevant le colosse qui pénétrait dans la salle.  

- Kaori est passée te voir, Falcon, lui dit sa jeune épouse. Elle tenait absolument à ce que tu l'attendes ici. Ça avait l'air très important !  

La vraie Kaori qui s'était légèrement détendue en entendant les premiers mots de Miki sentit sa rage se rallumer instantanément à la fin de la phrase. Il l'avait encore bernée ! Il s'était servi de son inquiétude et de Falcon pour se livrer à un de ses délires libidineux... Elle allait l'atomiser !  

Une massue au tonnage si monstrueux qu'il ne figurait même pas en entier dessus apparut entre ses mains.  

- Je vais le tuer !  

- Attends, Kaori ! s'écria Umibozu en s'élançant à sa suite devant les deux femmes hébétées.  

Les passants se retournaient sur cette jeune femme. Ses vêtements mis en toute hâte étaient à l'image de son désordre intérieur. Plus que sa tenue, son regard perdu et sa démarche hagarde trahissaient le trouble de son esprit... Il s'était asséné des coups de poing sur le crâne et avait plongé sa tête sous des jets d'eau glacé, rien n'y avait fait. Même les baigneuses les plus délicieuses n'avaient pas réussi à effacer de sa mémoire la vision à la fois enchanteresse et terrifiante de la nudité de Kaori... Etrangement, il songeait à l'ombre de cet homme attendant l'ouverture d'une banque d'Hiroshima un matin d'août 1945. En un instant, le corps de cet inconnu avait été soufflé par l'explosion dévastatrice et sa silhouette s'était figée pour l'éternité sur le mur. Cette comparaison était des plus indécentes cependant il lui semblait réellement qu'une bombe avait explosé en lui, atomisant chaque parcelle de sa raison... Cette beauté avait tout ravagé en lui, ne laissant que son image gravée si profondément dans son cœur que rien ne pourrait plus l'effacer.  

Il avait admiré des centaines voire des milliers de femmes nues toutes plus excitantes les unes que les autres, aucune ne l'avait ainsi bouleversé... Mais aucune n'avait fait battre son cœur comme Kaori... Que pourrait-il faire à présent ? S'il s'était appliqué à lui nier toute séduction pendant presque sept ans, même avec toute la mauvaise foi du monde, il ne parviendrait pas à maintenir cette posture hypocrite... Même dans ce corps féminin, il désirait Kaori... il la désirait de toute son âme...  

- RYÔ !  

Il se figea sur le trottoir. A quelques mètres de lui, se dressait une Kaori démontée tenant la massue la plus gigantesque qu'il ait jamais vue... Elle savait ce qu'il avait fait... Le châtiment serait... Un frisson le traversa subitement. L'air s'était alourdi... Il y planait une volonté meurtrière bien plus dangereuse que la colère de sa partenaire. Il n’eut pas le temps de dégainer qu’un choc violent le plaqua contre le sol. Deux détonations résonnèrent dans la rue... Son premier mouvement fut d'essayer à nouveau d'attraper son arme. Il était entravé par ce poids sur lui... Il découvrit alors son propre visage à quelques centimètres du sien... Non... Kaori...  

Elle ne pouvait plus bouger. La douleur qui enflammait sa poitrine était trop cuisante et le moindre mouvement la ravivait. Ryô était-il indemne ? Elle ne voyait pas son visage… Une minute plus tôt, elle aurait été prête à l’écorcher vif. Cependant dès qu’elle avait perçu le danger, elle s’était élancée pour le protéger se servant de son corps comme d’un bouclier. Elle avait été touchée mais lui ? Elle avait entendu deux coups de feu... Un voile recouvrait ses yeux... Seigneur, elle ne s'était pas imaginée qu'une simple balle fût si douloureuse... Comment Ryô endurait cela si stoïquement. Il se relevait toujours tandis qu'une seule blessure suffisait à la terrasser... Pourquoi le soleil avait-il disparu ? Tout s'assombrissait...  

- Ryô ? Kaori ? fit Umibozu rangeant le revolver encore fumant avec lequel il avait abattu malheureusement trop tard le tireur.  

- Il faut vite aller chez le Doc, dit Ryô qui n'osait se dégager de peur d'aggraver la blessure de sa partenaire. Tu as ta voiture ?  

- Elle est garée à cent mètres...  

- Vas-y !... Kaori, tu m'entends ?... Réponds, Kaori ! répéta-t-il en passant la main sur son visage livide.  

- Ryô… gémit-elle. Tu n’as rien ?  

Quelle idiote ! Toujours à s’inquiéter pour lui !  

- Non, à part que tu m’écrases…  

Elle esquissa un geste pour lui permettre de se dégager. Un rictus déforma aussitôt ses traits.  

- N'essaie pas de bouger ! Umi va revenir !  

Ses doigts tremblants couraient sur le front de sa partenaire. Elle était de plus en plus pâle... Il connaissait cette teinte cireuse qui décolorait sa peau... Il l'avait vue trop souvent... Son corps pesait de plus en plus lourd... Les signes ne trompaient pas... Ses paupières se fermaient doucement.  

- Reste avec moi, Kaori...  

- Ryô... Je...  

Chaque mot meurtrissait son corps blessé... La torpeur qui l'enveloppait lentement paraissait bien douce à côté de la brûlure tiraillant ses chairs... Pourtant elle ne voulait pas laisser Ryô... Il l'aimait, elle en avait à présent la conviction... Elle n'allait pas mourir alors qu'elle savait enfin que ses sentiments étaient partagés...  

- J'ai si mal…  

- Je sais... Mais il faut que tu t'accroches... Tu n'as pas le droit d'abandonner...  

Son pire cauchemar prenait corps. Kaori allait mourir... touchée par une balle qui lui était destinée… Non, il ne devait même pas songer à cela... Elle allait vivre... Elle devait vivre... Sans elle, il n'était rien…  

- Tu es têtue comme une mule, Kaori ! Une petite balle ne te fera pas renoncer à City Hunter !  

Il caressait délicatement ses joues. Par ce contact, il espérait la maintenir dans le monde des vivants… Les quelques passants de cette rue peu commerçante avaient fui les coups de feu, il n’y avait plus qu’un géant chauve garant sa voiture. En dépit de sa cécité, le halo de tendresse s’émanant du couple était si puissant que ses yeux morts le percevaient.  

Ses ongles plantés dans les épaules de Ryô, elle se battait de toutes ses faibles forces pour demeurer auprès de lui. Elle devait résister à cette langueur envahissante… Elle ne pouvait pas laisser Ryô replonger dans les ténèbres… Mais c’était si dur…  

- Pardonne-moi… murmura-t-elle alors que des larmes glissaient sur leurs deux peaux.  

- N’abandonne pas, Kaori… Ne m’abandonne pas…  

Ses lèvres s'écrasèrent sur celles de la jeune femme. Il agissait sans réfléchir. L’angoisse de la perdre avait eu raison des murs de faux-semblants qu’il avait dressés entre eux. Leurs bouches se mêlèrent avec passion… Il espérait obscurément que son amour insufflerait à Kaori la vie qui s’échappait de son corps… Leurs enveloppes respectives ne comptaient plus. Il n’y avait plus que deux âmes entrelacées qui refusaient désespérément de se séparer…  

Kaori ne sentait plus la douleur. Elle planait à mille lieues au dessus du sol… Rien n’existait à part l'amour de Ryô. Pour la première fois de sa vie, elle était pleinement heureuse… Quand elle découvrit le visage qui lui faisait face, ce bien-être fut balayé par une horreur sans nom.  

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