Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 26 capitoli

Pubblicato: 01-05-19

Ultimo aggiornamento: 26-05-19

 

Commenti: 38 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: NC-17 AU : Kaori et Ryo se rencontrent en pleine guerrilla. Quel sera leur avenir?

 

Disclaimer: Les personnages de "Lutter pour vivre, vivre pour lutter" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Lutter pour vivre, vivre pour lutter

 

Capitolo 11 :: Chapitre 11

Pubblicato: 11-05-19 - Ultimo aggiornamento: 11-05-19

Commenti: Bonjour la suite Bonne lecture et merc i pour vos commentaires^^

 


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chapitre 11  

 

Les jours passèrent semblables les uns aux autres. Ryo veillait jalousement sur Kaori, s’arrangeant pour ne jamais être loin d’elle. Ils n’avaient parlé à personne de ce bébé qu’ils attendaient sauf Jack et Pia qui s’étaient montrés ravis pour eux malgré le danger et les conditions difficiles. Lorsqu’il avait dû repartir pour une semaine, Kaori avait à nouveau dormi sous la tente de Jack qui avait pris le relais de son ami pour sa protection. Mais ni Kaïbara ni Elena ne l’avaient à nouveau approchée à leur grand soulagement.  

 

Nos deux amoureux se retrouvèrent avec bonheur au retour de Ryo. Ils se reposaient enlacés dans leur lit après un tête à tête passionné. Dos contre torse, la main de Ryo posée sur le ventre de sa femme, ils profitaient d’un moment de calme. La nuit était tombée et, à part quelques piaillements et soupirs lascifs, le silence régnait, un silence qu’on ne pouvait entendre qu’à l’extérieur d’une grande ville. Kaori n’était pas habituée à ce silence qui était à la fois reposant mais stressant pour elle, qui lui rappelait qu’elle était dans un monde sauvage, coupé de tout, qu’elle était loin de son frère et de sa ville, de son pays…  

 

- Ryo, que vas-tu faire après ?, lui demanda-t-elle soudain.  

- Je ne sais pas : dormir ou te faire à nouveau l’amour., lui répondit-il en lui mordillant le cou légèrement.  

- Idiot., murmura-t-elle en riant.  

 

Mais elle appréciait ses caresses qui faisaient monter en elle des sensations toujours aussi intenses.  

 

- Je te parle de plus tard., reprit-elle en se tournant dans ses bras pour lui faire face.  

- Je suis de corvée de nettoyage des armes demain et je devrais certainement repartir quelques jours dans une semaine ou deux., lui répondit-il en déposant de légers baisers sur son visage et dans son cou.  

 

Elle sentait ses mains glisser sur son corps, légères et sensuelles, caresser sa poitrine tendue et très sensible, lui arrachant un léger gémissement de plaisir.  

 

- Tu ne penses qu’à ça., murmura-t-elle, voyant son regard chargé de désir se poser sur elle.  

- Quand tu es là, oui., avoua-t-il en fondant sur sa bouche.  

- C’est la meilleure manière que je connaisse pour te montrer à quel point je t’aime., murmura-t-il, se séparant d’elle.  

- Alors aime-moi., répondit-elle, ce qu’il s’appliqua à faire.  

 

Rassasiés, ils se tenaient à nouveau dans les bras l’un de l’autre sagement. Kaori restait pensive. Depuis qu’elle savait qu’elle était enceinte, des dizaines de questions lui venaient à l’esprit. Leur enfant naîtrait-il dans la jungle ? Combien de temps allaient-ils encore rester ici ? Que feraient-ils après ? n’en étaient que quelques exemples. Cette grossesse était quelque chose de magique pour elle mais aussi une source d’angoisse qu’elle avait besoin d’exprimer ou juguler.  

 

- Tu ne m’as pas répondu tout à l’heure, Ryo., reprit-elle d’une voix douce.  

- A quel sujet ?, demanda-t-il d’une voix ensommeillée.  

- Que feras-tu après ?  

- Je te l’ai dit : j’ai les armes à nettoyer et une mission d’ici quelques jours.  

 

Elle le regarda en fronçant les sourcils. Il le faisait exprès ou ne comprenait-il pas le sens de sa question ?  

 

- Je ne te parle pas de demain ni des jours à venir, Ryo. Je te parle d’après la guerre., lui expliqua-t-elle.  

 

Il fixa un point derrière elle, le regard vide. Il n’y avait jamais réfléchi. Pour lui, il ne s’était jamais vu sortir de cette guerre. Il mourrait au combat et c’était tout. Son futur se cantonnait au lendemain et à l’avenir immédiat. Il ne faisait pas de projet à plus de quelques jours voire quelques semaines exceptionnellement. Il posa les yeux sur elle. Ils allaient avoir un bébé. Elle se posait des questions et c’était certainement normal. Lui n’était même pas sûr d’être encore là au moment de sa naissance. Cela relèverait du miracle.  

 

- Je ne sais pas, Kaori. Je ne serai probablement plus là à la fin de cette guerre. Alors à quoi bon ?, répondit-il d’une voix sombre.  

 

Il sentit la tension s’emparer de son corps. Kaori se figea à ses paroles. Un froid l’envahit malgré la chaleur de ses bras. Elle se dégagea de son étreinte et se leva, nue devant lui.  

 

- Comment oses-tu me parler de mort alors que je te parle de vivre ? Comment oses-tu me dire que tu ne seras pas là pour voir notre enfant grandir ? Tu t’imagines réellement que je t’ai suivi dans cet enfer pour que tu me dises que tu ne t’en sortiras pas ?  

- Il faut voir la réalité en face, Kaori. C’est la guerre. Mes probabilités de survie sont moindres. Alors à quoi bon rêver d’un avenir que je n’aurai pas ?, lui dit-il en s’asseyant sur le lit.  

 

Elle serra des poings et ne put se retenir. Elle le gifla. Elle avait mal, mal de l’entendre dire qu’ils ne vieilliraient pas ensemble, que leur enfant grandirait sans son père… Elle ne voulait pas l’entendre, elle voulait être rassurée. C’était tout ce qui lui permettait de tenir malgré ce qui lui était arrivé : l’espoir. L’espoir que leur amour pourrait s’épanouir ailleurs qu’en ces contrées hostiles, que leur enfant grandirait avec ses deux parents…  

 

- Je t’interdis de m’abandonner., lui répondit-elle, les larmes coulant sur son visage.  

- Je veux continuer d’espérer qu’on s’en sortira vivants tous les trois., murmura-t-elle, se jetant dans ses bras.  

 

Malgré la gifle qu’elle venait de lui infliger, Ryo ne lui en voulut pas. Cela faisait plus de deux mois maintenant qu’elle vivait dans ce monde qui n’était pas le sien et leur relation avait également apporté son lot d’épreuves, bonnes ou mauvaises. Tout cela ne pouvait laisser indifférente une personne comme elle.  

 

- Continue d’espérer, mon ange. Mes chances de survie se sont nettement améliorées depuis que tu es entrée dans mon monde. J’ai des raisons de lutter pour vivre maintenant. Mais ne te méprends pas : je ne peux pas quitter cette guerre. C’est ma vie. Si je partais, je m’en voudrai d’avoir abandonné.  

- Je ne veux pas te demander d’abandonner. Je veux que tu réfléchisses à notre avenir après la guerre.  

 

Elle frissonna. Les nuits étaient fraîches dans ces hauteurs du Guatemala. Elle se rhabilla et revint s’allonger près de lui.  

 

- Toi, que voudrais-tu faire ?, lui demanda Ryo.  

- Je voudrai retourner au Japon, si tu veux bien. Reprendre mes études et trouver un travail.  

- Tout a l’air si simple pour toi…, murmura-t-il.  

- C’est le monde dans lequel j’ai grandi, la logique dans laquelle j’ai évolué. On prépare notre avenir depuis notre enfance. On va à l’école, tente d’avoir les meilleurs notes, choisit un métier. Entre temps on grandit et on rencontre des gens jusqu’à LA rencontre de celui avec qui on fera notre vie, qu’on épousera et avec qui on aura des enfants. Et on reproduira le cycle avec eux…  

- J’ai été élevé pour être un soldat et rien d’autre, Kaori. Que ferai-je quand ce sera terminé ? Je veux bien partir au Japon avec toi mais qu’y ferai-je ?, lui demanda-t-il, amer.  

- On trouvera, Ryo. On y réfléchira si tu veux.  

- Je ne veux pas dépendre de toi et je ne sais rien faire à part me battre. Je refuse d’être un poids pour toi ou notre enfant et c’est certainement ce que je serai là-bas.  

- Non, on trouvera. Je ne suis pas naïve au point de penser que ce sera facile mais il faut qu’on essaye.  

 

Elle sentait la tension émaner de son corps, la colère également. Ryo était contrarié. Il s’en voulait de ne pas avoir pensé à tout ce qu’engendrerait sa décision de la garder auprès de lui, de ne pas avoir imaginé qu’elle pourrait tomber enceinte aussi vite, de ne pas avoir pensé qu’elle apporterait tellement de choses dans sa vie dont peut-être la plus terrible pour un soldat : l’espoir. Oui maintenant il avait de l’espoir, l’espoir qu’un jour, tout irait mieux et qu’il sortirait de là, qu’ils sortiraient tous les deux de là, qu’il verrait son enfant grandir. Mais il pensait aussi aux autres conséquences de son nouveau futur et ce que ça comporterait comme inconvénients. Elle devait le comprendre.  

 

- Kaori, tu comprends que je ne suis personne. Je n’existe pas. Si j’arrive à entrer au Japon, je ne pourrais pas trouver un travail comme tout le monde.  

- On se renseignera auprès des autorités. Il y a bien quelque chose à faire pour les gens qui ont ton parcours.  

- Je suis un guérillero, Kaori. J’ai tué des gens et tu le sais, tu l’as vu. Je ne sais même pas comment tu peux encore m’aimer et me regarder en face après cela.  

- Je t’ai vu tuer des gens qui voulaient me tuer, qui avaient tué des adolescents innocents et sans défense. Tu as tué Manuel pour lui épargner des souffrances. Oui, tu es un tueur mais pas sans coeur. Je ne te connais peut-être pas depuis longtemps mais je sens qu’il y a en toi beaucoup plus qu’un sordide soldat.  

 

Il fut touché par ses paroles. Depuis son arrivée, il commençait à voir les choses sous un autre angle et il avait peur de la perdre, qu’elle ne le quittât après ce qu’il avait fait… Lui qui s’était toujours voulu indépendant et qui se fichait du regard des autres était devenu dépendant d’elle et de l’image de lui qu’elle lui renvoyait. Et cette image était bien différente de celle qu’il connaissait. Elle avait percé sa carapace et avait fait naître l’homme sous le soldat. Cet homme-là éprouvait des choses, pouvait s’émouvoir, se mettre en colère, aimer, espérer…  

 

- Kaori, je ne pourrai peut-être jamais t’épouser et notre enfant ne portera certainement pas mon nom.  

- Qui te dit que je ne voulais pas lui donner le mien ?, lui dit-elle, taquine en levant un sourcil.  

 

Il la regarda et lui sourit, reconnaissant qu’elle mit un peu de légèreté dans leur conversation.  

 

- Ryo, je ne te mentirai pas en disant que je n’ai jamais rêvé de me marier, de la cérémonie et tout ce qui va avec mais, très honnêtement, à quoi ça sert si je ne peux pas le faire avec l’homme que j’aime ?  

- Et tu m’aimes ?  

- Oui, bougre d’idiot, je t’aime plus que tout. Je me fiche de la robe blanche, de porter ton nom, etc. Je porte ton enfant, Ryo, et crois-moi qu’en terme de symbole, il n’y a pas plus fort à mes yeux.  

- Tout le monde pensera que tu élèves ton enfant seule.  

- Ce ne sera pas le cas. Notre état civil n’est pas noté sur notre front. Notre enfant aura ses deux parents à ses côtés et c’est ça le principal.  

- On t’a déjà dit que tu étais très mure pour ton âge ?, lui demanda-t-il en caressant sa joue.  

- Il y a des moments où on n’a pas d’autre choix que de grandir mais tu es certainement plus au courant que moi., murmura-t-elle.  

 

Ils s’observèrent un long moment, laissant les paroles échangées s’infiltrer dans leur esprit.  

 

- Tu as un nom, Ryo ?, lui demanda-t-elle, en repensant à une de ses paroles.  

- Oui. Saeba. Ryo Saeba.  

- C’est le nom de tes parents ?  

- Non, c’est le nom que Shin m’a donné quand il m’a recueilli.  

- Pourquoi ne t’a-t-il pas donné son nom ?  

- Je ne sais pas. Je n’y avais jamais réfléchi., avoua-t-il, étonné.  

- Et toi ?  

- Makimura. C’est le nom de mon père adoptif.  

- A quel âge as-tu été adoptée ?  

- Quand j’étais bébé. D’après ce que je sais, mon père adoptif a tué mon père biologique et, se sentant coupable, il m’a recueillie.  

- On a laissé un assassin t’adopter ?, demanda Ryo, étonné.  

- Il était policier et mon autre père un malfaiteur., répondit-elle, une lueur triste dans les yeux.  

 

Il la serra dans ses bras pour la réconforter. Il n’y avait pas qu’au Guatemala que la vie était injuste… Il sentait sa fragilité mais elle se montra forte et lui sourit.  

 

- Je sais que mon père adoptif m’aimait. Il a tout fait pour me protéger et me faire sentir comme sa propre fille. J’aurais juste aimé qu’il me dise la vérité en face. J’aurais ainsi pu lui dire que ça m’était égal, que les liens du coeur étaient aussi forts que ceux du sang, parfois même plus.  

- C’est ton frère qui t’a tout raconté alors…, devina Ryo.  

- Non, il ignore que je le sais et je ne le lui dirai pas. C’est mon frère, un point c’est tout., décréta-t-elle.  

 

C’était sa Kaori forte et aimante, attentionnée envers les autres, prête à tout pour ceux qu’elle aimait. Cette femme était son miracle, son ange de miséricorde, celle qui le ferait sortir de cet enfer, qui lui apporterait la rédemption.  

 

- Ca va te paraître moche mais je remercierai presque le destin de t’avoir mise sur ma route., lui dit-il à voix basse.  

- Tu aurais mieux fait de t’égarer au Belize que moi au Guatemala, en effet., répondit-elle, sarcastique.  

- Comment arrives-tu à tenir ?  

- J’ai de l’espoir et tu es là quand je faiblis. Je suis celle qui décide de mon destin et je veux vivre, je veux que notre enfant vive avec nous. Je suis prête à tout pour cela même à lutter avec ou contre toi pour que tu saches que la vie vaut la peine d’être vécue, qu’il y a autre chose que cette violence et que la mort, quelque chose de plus beau et plus fort.  

- Même si ce ne sera pas simple ?  

- Même si ce ne sera pas simple. Je te jure que ça vaut le coup, Ryo. C’est pour cela que je suis restée avec toi. Notre amour, notre bébé, tout cela vaut le coup de subir cette épreuve tant qu’on reste ensemble.  

- Tu devrais faire de la politique, Kaori.  

- Non merci. Il y a trop de faux-semblants et de mensonges. Je préfère me rendre utile à un plus petit niveau.  

 

Elle avait l’air blasé. Elle posa la tête sur son torse et les doigts de Ryo vinrent s’emmêler dans ses cheveux, les caressant tendrement.  

 

- Pourquoi vous vous battez, Ryo ? Shin ne rassemble jamais les troupes et j’avoue ne pas être au fait du conflit ici.  

- On défend les populations locales contre les exactions de l’armée régulière. On veut pouvoir mettre en place un gouvernement régulier et légitime.  

- Pourquoi vous vous battez contre les autres groupes armés rebelles ? Vous ne faites pas partie du groupe qui s’est formé il y a deux ans ?  

- De quoi tu parles ?, lui demanda-t-il, étonné.  

- On en a parlé en cours. Il y a un groupe qui s’est formé rassemblant différents mouvements rebelles. Je ne me souviens plus du nom…  

- Encore un groupe qui veut prendre la tête…, grogna Ryo  

- Mais l’union fait la force non ?  

- Kaori, sois gentille. Laisse ce sujet-là aux hommes., lui répondit-il sombrement.  

 

C’était comme s’il l’avait giflée. Il ne l’avait jamais rabaissée ainsi. Elle ne savait pas si elle se sentait plus insultée en tant que femme ou jeune adulte. Elle se referma et se détourna de lui sans toutefois quitter leur lit. Elle avait besoin de sa chaleur corporelle.  

 

- Kaori…  

- Laisse-moi. Je suis fatiguée, je veux dormir., lui répondit-elle froidement.  

 

Elle sentit ses bras se glisser autour d’elle et les dégagea.  

 

- Laisse-moi, je t’ai dit. Tu ne m’amadoueras pas par des caresses ou des étreintes.  

- Kao, ne boude pas, s’il te plaît., lui murmura-t-il à l’oreille.  

 

Elle réprima le frisson que provoqua son souffle contre son oreille. Tout son corps vibrait à le sentir si proche d’elle mais elle était fâchée, vexée. Elle avait besoin de digérer cette rebuffade, la première qu’elle essuyait avec lui.  

 

- Kaori, s’il te plaît.  

 

Ryo n’aimait pas la voir de mauvaise humeur, surtout qu’il en était à l’origine. Il n’avait pas voulu lui paraître arrogant, c’était juste sorti comme ça et il le regrettait. Ses questions avaient été justes et il s’était senti dépassé. Il avait réagi à son habitude en la repoussant dans ses retranchements. Elle se retourna vivement vers lui, les yeux lançant des éclairs.  

 

- Quoi Kaori ? Je suis assez grande pour écarter les jambes mais pas pour faire fonctionner mon cerveau ? Assez grande pour ouvrir ma bouche pour accueillir ta langue mais pas assez pour poser des questions ?, lui demanda-t-elle énervée  

- Ne dis pas cela. Notre relation n’est pas basée que sur le sexe et tu le sais., dit-il d’une voix tendue.  

- Alors pourquoi tu m’as rembarrée ?  

- Je ne sais pas. J’étais mal à l’aise., expliqua-t-il.  

- Pourquoi ?, l’interrogea-t-elle, un peu calmée.  

- Je ne sais pas. Je n’arrive pas à me l’expliquer.  

 

Elle voyait dans ses yeux que c’était vrai. Il semblait soucieux et vraiment désolé. Elle s’en voulut de s’être emportée ainsi.  

 

- Pardon. Je n’aurais pas dû me fâcher. J’ai l’impression que tu ne dois pas être habitué à parler autant…  

- C’est vrai, surtout avec une jolie femme., lui répondit-il, avec un sourire taquin.  

- Kaori, évite de poser trop de questions dans le camp, surtout sur la guerre. Ca pourrait ne pas plaire., la prévint-il, sérieux.  

- Kaïbara ?  

- Oui, il pourrait ne pas apprécier que tu éveilles les consciences.  

 

Elle le regarda sans comprendre. De quoi parlait-il ? Elle n’avait nullement ce pouvoir ni cette intention. Elle voulait juste comprendre où elle avait mis les pieds, contre quoi ils luttaient…  

 

- Je veux juste comprendre., se justifia-t-elle.  

- Je sais mais tu n’as aucune idée de l’impact qu’a eu ta présence non seulement sur moi mais sur tout le groupe. Si tu poses des questions à tout va, tout risque d’être bouleversé et nous n’y sommes pas prêts., lui expliqua-t-il.  

- Je… je ne m’en rendais pas compte., murmura-t-elle.  

- Sois ouverte avec moi quand nous sommes ici. Je tenterai de répondre à tes questions. Mais, s’il te plaît, fais profil bas avec les autres.  

 

Il avait peur pour elle. Kaïbara n’apprécierait certainement pas un élément subversif dans son camp et il ne la portait déjà pas dans son coeur. Il n’en voulait pas à sa femme de faire aller son cerveau et de s’intéresser à ce qui se passait là où ils étaient mais il craignait les répercussions de ses questionnements. Il savait que lui-même avait déjà changé à son contact, que Jack s’était disputé avec Shin à son sujet… Les choses avaient déjà bougé. Il ne s’en plaignait pas en ce qui le concernait mais l’autorité du chef pouvait s’en trouver bouleversée et Shin n’aimait pas voir son autorité piétinée.  

 

- D’accord. Je ferai attention.  

- Merci, mon ange., répondit-il en déposant un baiser sur son front.  

- Tu sais où je pourrais avoir du papier et un crayon ?, demanda Kaori, changeant de sujet.  

- Je peux voir avec Jack. Pourquoi ?  

- Il va falloir trouver un prénom à ce bébé. J’aimerais qu’on puisse noter les idées sur une feuille pour s’en souvenir le jour J.  

- Je vais voir ce que je peux faire pour le papier. Je te laisse le choix du prénom., lui dit Ryo en détournant le regard.  

 

Surprise, Kaori le dévisagea. Elle ne voulait pas choisir seule le prénom de leur enfant. Ils devaient le faire à deux. Se serait-elle trompée ? Avait-il des regrets pour le bébé ? N’en voulait-il plus ? Elle sentit les larmes lui monter inexorablement aux yeux et n’arriva pas à les contenir. Ryo la regarda sans comprendre pleurer à chaudes larmes, accrochée à son tee-shirt.  

 

- Kaori, que se passe-t-il ?, s’inquiéta-t-il.  

- Je… je croyais que…, hoqueta-t-elle sans pouvoir en dire plus.  

- Tu croyais quoi ?, l’invita-t-il à poursuivre d’une voix douce.  

- Que… que tu… tu… tu vou… voulais… ce bébé., acheva-t-elle, ses pleurs redoublant.  

- Quoi ? Mais bien sûr que j’en veux de cet enfant, mon ange. Tu n’imagines même pas à quel point…, lui répondit-il en la serrant contre lui.  

 

Il dut attendre un moment avant qu’elle ne se calma. Progressivement les pleurs cessèrent. Elle était toujours agrippée à son vêtement, la tête posée sur son torse, écoutant son coeur battre. Ce son régulier l’apaisa.  

 

- Qu’est-ce qui t’a fait penser que je n’en voulais plus ?, lui demanda Ryo.  

- Tu ne veux pas choisir son prénom., lui répondit-elle, la voix étranglée.  

- C’est important pour toi qu’on le choisisse à deux ?  

- Oui. C’est notre enfant.  

 

Il sourit. Leur enfant… il ne se lassait pas de ces deux mots associés. Leur enfant à Kaori et à lui, aussi improbable qu’incroyable, un mélange d’un guerrier et d’un ange, c’était tellement beau.  

 

- Alors on le choisira à deux. Mais tu es responsable de la liste.  

- Pourquoi moi ? Je la laisserai ici et tu n’auras qu’à noter les idées que tu as.  

- Non, Kaori., répondit-il, intransigeant.  

- Pourquoi ?, s’entêta-t-elle.  

- Tu n’en as pas fini avec tes questions ?, s’irrita-t-il.  

- Je ne suis pas la secrétaire de Monsieur. Tu n’auras qu’à noter tes idées toi-même !  

- Tu m’énerves. Je ne peux pas, Kaori.  

- Pourquoi ? Quand on manie une arme, ce n’est pas si compliqué que ça de manier un stylo !  

- Sauf qu’on ne m’a pas appris !, lui asséna-t-il, la laissant bouche bée.  

 

Ils se dévisagèrent un long moment sans mot dire. Kaori était stupéfaite d’apprendre que Ryo ne savait pas écrire. C’était impensable pour elle. Elle savait bien que l’illettrisme existait dans le monde mais elle n’avait pas supposé qu’il en serait une victime. On ne lui avait donc appris que l’art de la guerre… Elle comprenait mieux ses inquiétudes sur sa capacité à trouver un travail s’ils venaient à emménager au Japon…  

 

Ryo baissa les yeux. Il se sentait minable. Il avait dû admettre qu’il ne savait pas écrire. Il n’avait aucune éducation. L’école était un lieu dont il avait entendu parler, étant souvent l’objet de dispute entre Shin et Jack, mais qu’il n’avait jamais visité. Il avait appris sur le tas. Il se rappelait de sa stupéfaction lorsque Kaori avait écrit son prénom dans la terre. C’était symbolique pour lui.  

 

- Kaori, je ne sais pas lire ni écrire. On ne m’a pas appris ces choses-là. Mes connaissances autres que guerrières sont le fruit de mes rencontres. Je connais le Japon au travers de quelques histoires de Shin et maintenant toi, les Etats-Unis via Jack. Pour le reste, c’est très limité. Mon univers s’est toujours résumé à cette forêt et aux armes.  

 

Elle l’écouta parler sans l’interrompre. Elle était émue par la solitude qu’elle percevait dans sa voix, cette souffrance qu’elle ressentait.  

 

- Tu… tu voudrais apprendre ?, lui demanda-t-elle, timidement.  

 

Il la regarda étonné. Apprendre ? Il ne s’était jamais posé la question. A quoi cela lui aurait-il servi jusque là ? Mais les choses évoluaient : il allait être père et il voulait une meilleure vie pour son enfant. Il avait Kaori et elle méritait qu’il fit le maximum pour leur assurer une vie correcte après. Après… et dire qu’en début de soirée, il n’avait jamais pensé à après, pas cet après-là en tout cas.  

 

- J’ai certainement passé l’âge.  

- Il n’est pas trop tard. Tu es intelligent, Ryo. Je suis sure que tu peux y arriver., l’encouragea-t-elle.  

- Tu m’apprendrais à écrire et à lire ?  

- Si tu veux, oui. Je ne serai peut-être pas la meilleure prof mais ça serait déjà un bon début.  

- Tu me donneras des récompenses ?  

- Pas de bons points pour toi. J’ai de meilleures idées en ce qui te concerne., lui répondit-elle, mutine.  

- Vraiment ?, l’interrogea-t-il en basculant au-dessus d’elle.  

- Oui. Tu veux une avance ?, lui proposa-t-elle, un regard empli de désir plongé dans le sien.  

- Apprends-moi.  

 

Il se baissa et l’embrassa d’abord tendrement puis passionnément. Il la déshabilla lentement. La caressant tendrement, il laissa sa main s’attarder sur son ventre. Il releva le regard vers elle, chaud, aimant, reconnaissant.  

 

- Tu as changé ma vie, Kaori Makimura, et quelque chose me dit que ce n’est pas fini., lui murmura-t-il, reprenant ses lèvres. 

 


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