Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 26 capitoli

Pubblicato: 01-05-19

Ultimo aggiornamento: 26-05-19

 

Commenti: 38 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: NC-17 AU : Kaori et Ryo se rencontrent en pleine guerrilla. Quel sera leur avenir?

 

Disclaimer: Les personnages de "Lutter pour vivre, vivre pour lutter" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

What do the ratings mean?

 

- G: General Audience. All ages admitted. This signifies that the fanfiction rated contains nothing most parents will consider offensive for even their youngest children to see or hear. Nudity, sex scenes, and scenes of drug use are absent; violence is minimal; snippets of dialogue may go beyond polite conversation but do not go beyond common everyday expressions. - ...

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   Fanfiction :: Lutter pour vivre, vivre pour lutter

 

Capitolo 14 :: Chapitre 14

Pubblicato: 14-05-19 - Ultimo aggiornamento: 14-05-19

Commenti: Bonjour, la suite. Merci KAlyane et ShaninXYZ. JE vous accorde un 00 pour vous charger de Shin (attendez juste la fin de l'histoire SVP) ;). Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26


 

Chapitre 14  

 

Ereinté, les muscles et le corps endoloris, Ryo se traînait pour regagner le camp. Cela faisait près de trois semaines maintenant qu’il était parti. Sa mission, de routine selon Kaïbara, s’était transformée en séance de torture. Il avait été pris par l’armée régulière alors qu’il était endormi. C’était la première fois que ça lui arrivait de s’endormir ainsi et de ne pas sentir l’ennemi arriver. Mais il était tellement épuisé que sa somnolence s’était changée en sommeil profond. Il en voulait à Shin de l’avoir envoyé avec juste une semaine de repos. Ce n’était pas habituel et il était crevé, d’autant plus que Kaori avait fait des cauchemars à n’en plus finir…  

 

Kaori… Elle devait se ronger les sangs. Il espérait qu’elle n’avait pas ressombré. Elle avait fait bonne figure le jour de son départ, lui promettant de faire attention à elle pour qu’il ne s’inquiéta pas, même s’il savait que c’était encore très dur pour elle. Alors ajouter sa disparition à la perte d’Eirin n’était vraiment pas une bonne chose pour elle. Elle devrait en plus affronter Kaïbara qui, il en était sûr, souhaitait l’anéantir. Heureusement pour elle, elle pouvait compter sur trois autres personnes en dehors de lui et c’était ce qui le rassurait… un peu.  

 

Malgré son envie de rentrer au plus vite, Ryo s’arrêta quelques minutes pour se reposer. Ses côtes lui faisaient un mal de chien et sa blessure à la jambe recommençait à saigner. Il resserra le bandage de fortune pour comprimer la blessure. Il grimaça en se disant que, dans son malheur, il avait eu de la chance de tomber sur l’armée et non un autre groupe de guérilleros qui l’aurait probablement beaucoup plus amoché et tué plus rapidement. Il se mit à rire, désabusé, en pensant que c’était au moment où ils avaient voulu le fusiller qu’il avait pu s’échapper et ce, justement grâce à une attaque d’un autre groupe rebelle. Mais aussi reconnaissant leur fut-il, il ne s’était pas attardé pour les remercier, trop conscient du sort qu’ils lui auraient vraisemblablement réservé.  

 

Cela faisait maintenant trois jours qu’il marchait vers le camp, espérant bientôt en voir le bout. Il voulait revoir sa femme, la serrer dans ses bras, l’embrasser et plus encore, si elle se sentait prête. Il se releva et allait partir lorsqu’il entendit du bruit. Il regarda autour de lui et était dans la meilleure cachette possible. Il était complètement désarmé donc autant dire qu’il ne se jetterait pas dans la gueule du loup, chose qu’il aurait certainement faite avant de connaître Kaori. Aujourd’hui, il était plus prudent. Il n’avait plus cette rage de se battre à n’importe quel prix. Il avait la rage de faire le maximum pour la retrouver, revoir son magnifique sourire qui le réchauffait au plus profond de lui-même et, si ça impliquait de battre en retraite ou de rester terré, il le ferait sans rougir. Elle était sa plus belle bataille.  

 

Risquant un œil, Ryo soupira et sortit de sa planque. Il connaissait la personne qui approchait.  

 

- Décidément, c’est toujours toi que je croise en dehors du camp., dit-il avec un sourire épuisé en voyant Jack.  

- Ryo ! On se faisait un sang d’encre. Tu t’es offert une séance de massage ?, plaisanta-t-il bien que son regard soit sérieux, l’examinant.  

- Oui, mais les masseuses avaient un toucher un peu trop rugueux à mon goût…  

 

Jack s’approcha de lui et passa le bras de Ryo sur ses épaules pour le soutenir. Ils avancèrent lentement. Dans cette position, ses côtes l’élançaient fortement mais il saignait moins de sa plaie à la jambe. Ils mirent une demie-journée pour rentrer. Ils avaient peu parlé pendant le trajet, ne souhaitant pas attirer les éventuelles oreilles indiscrètes.  

 

Lorsqu’ils pénétrèrent dans le camp, la première vision qu’il eut fut Kaori préparant le repas. Leurs regards se croisèrent et, pendant quelques secondes, le temps sembla se figer puis, criant son prénom, elle se leva et courut vers lui. Elle lui sauta au cou, lui causant une vive douleur mais pour rien au monde, il ne le lui aurait dit, trop heureux de la sentir contre lui. Il referma les bras autour d’elle, respirant son odeur, se délectant de sa chaleur. Elle s’écarta légèrement de lui et le regarda avec une douceur infinie et une vraie joie de le revoir.  

 

- Je suis si heureuse que tu sois de retour., lui murmura-t-elle.  

- Moi aussi, mon ange. J’ai rêvé de ce moment depuis mon départ., lui dit-il et il l’embrassa passionnément.  

- Je ne veux pas jouer les rabats-joie mais tu ferais bien d’aller voir le Professeur, Ryo., conseilla Jack.  

 

Kaori se détacha et le regarda. Elle vit son teint blafard, ses traits tirés, son pantalon maculé de sang. Elle remarqua les traces d’ecchymoses plus ou moins anciennes et se rendit compte que sa respiration était saccadée.  

 

- Que t’est-il arrivé, Ryo ?, lui demanda-t-elle d’une voix blanche.  

- Je vais bien. Ne t’inquiète pas., éluda-t-il.  

- Ne me dis pas de ne pas m’inquiéter. Que t’est-il arrivé ?, s’entêta-t-elle.  

- Kaori, je…  

 

Il ne put continuer. Il ne voulait pas lui infliger cela. Il ne voulait pas qu’elle s’inquiéta lors des prochaines missions. Il ne voulait pas qu’elle pensa à ce qu’elle aurait pu perdre… pas après tout ce qu’ils avaient déjà vécu et dont elle avait souffert et souffrait certainement encore.  

 

- Dis-moi. Ne me mens pas., insista la jeune femme bien décidée à lui tirer les vers du nez.  

- D’accord., soupira-t-il.  

- J’ai été capturé et questionné.  

- Torturé ?, demanda-t-elle, la voix tremblante.  

- Je… oui., murmura-t-il.  

 

Il vit l’ombre voiler son regard, les larmes monter à ses beaux yeux. Kaori se mordit la lèvre pour contrôler son angoisse, puis releva le menton et le regarda droit dans les yeux, se voulant forte pour lui.  

 

- Jack a raison. Tu dois aller à l’infirmerie et te faire soigner. Le Professeur va te remettre sur pieds en un rien de temps. Viens.  

 

Ils se dirigèrent main dans la main vers la tente. Avant d’entrer, Ryo lui lâcha la main et se rendit sur la tombe d’Eirin. Elle le suivit et s’arrêta à ses côtés, glissant sa main dans la sienne. Ils restèrent ainsi quelques minutes en silence.  

 

- J’ai encore du mal à croire qu’elle est là., murmura Ryo.  

- Moi aussi. J’ai encore l’impression de la sentir dans mon ventre parfois., répondit Kaori, d’une voix qu’elle avait du mal à maîtriser.  

 

Il pressa sa main doucement puis lentement ils retournèrent vers l’infirmerie. Kaori refusa de sortir quand il se déshabilla et grimaça en voyant son corps couvert d’hématomes et les multiples plaies et estafilades laissées par des couteaux. Malgré l’horreur de la situation, elle fit face et ne le quitta pas. Elle soutenait son regard quand il levait les yeux vers elle, aida le Professeur pour les soins et resta avec lui quand il eut enfin l’occasion de se reposer, s’allongeant à ses côtés à sa demande. Son sommeil fut agité de nombreux cauchemars que Kaori eut bien du mal à calmer. Malgré tout, elle ne le quitta pas, caressant son visage barbu, son torse, lui disant tous ces petits mots qu’elle avait dû retenir pendant ses semaines d’absence.  

 

Ryo se réveilla au milieu de la nuit. Après quelques secondes de brouillard, il se souvint d’où il était avec beaucoup de soulagement. Il sentit le poids sur son épaule et la chaleur d’un corps contre le sien. Se tournant, il trouva Kaori allongée contre lui. Le sentant bouger, elle ouvrit les yeux et plongea dans son regard nuit. Sans réfléchir, ils se rapprochèrent l’un de l’autre et ils s’embrassèrent d’abord tendrement puis plus passionnément. Leurs mains partirent à la découverte du corps de l’autre comme si cela faisait un éternité qu’ils ne s’étaient pas touchés et qu’ils devaient retrouver le chemin. Soudain, le jeune homme s’écarta, tentant de calmer le rythme de son coeur et sa respiration. Il caressa tendrement la joue de sa compagne.  

 

- Si tu ne veux pas aller plus loin, je ne t’en voudrai pas., lui murmura-t-il.  

- Je… je ne sais pas., bégaya-t-elle, soucieuse.  

- J’ai peur. Je ne veux pas revivre tout cela mais je ne veux pas non plus arrêter de vivre.  

- Si tu retombes enceinte, on sera prudents, beaucoup plus prudents., lui promit-il.  

- Eirin est née de notre amour et cet amour est toujours là. Je pense qu’on ne lui rend pas justice si on cesse de vivre à notre tour.  

 

Elle le regarda, réfléchissant à ses paroles. Puis doucement le voile soucieux se leva et ses yeux s’éclairèrent. Elle se pencha sur lui et l’embrassa. Ils laissèrent leur baiser s’approfondir et s’aimèrent une bonne partie de la nuit, retrouvant leur complicité, les liens qui les avaient unis au-delà de leur enfant : l’amour, la compréhension, le respect et la tendresse. Tout ne fut pas oublié cette nuit-là mais ils prirent la voie de la guérison.  

 

- Kaïbara t’a embêtée en mon absence ?, lui demanda Ryo, le lendemain matin.  

- Non. Il est parti quelques jours après toi. Avant cela, j’avais trois gardes du corps attitrés., sourit-elle en s’habillant.  

- Il est parti ? Où ?, demanda Ryo, intrigué.  

 

Depuis qu’il le connaissait, il avait rarement quitté le camp.  

 

- Il n’a pas voulu le dire, même à Jack. Il ne nous a pas non plus dit quand il rentrerait. Remarque, peu s’en plaignent au camp. C’est beaucoup plus détendu.  

- Tu m’étonnes.  

- Il faut que j’y aille. Je viendrai t’amener ton repas ce midi. Je préviens Jack pour que tu lui fasses ton rapport ?  

- Tu ne veux pas rester avec moi ? J’ai besoin d’une infirmière pour des soins très particuliers., lui demanda-t-il, un sourire coquin aux lèvres.  

- Garde tes forces pour cette après-midi ou cette nuit., lui suggéra-t-elle, malicieuse.  

 

Elle déposa un baiser léger sur ses lèvres et le quitta, souriante. Son sourire s’effaça en sortant de la tente. C’était dur de faire semblant d’être légère et insouciante en permanence. Elle jeta un œil vers la tombe de sa fille et prit sur elle pour ne pas s’y réfugier. Son coeur se serra mais elle ne pouvait continuer à s’accrocher. Eirin était dans son coeur, elle serait toujours là. Elle devait apprendre à ne plus s’appesantir et passer la moitié de sa journée sur sa tombe comme elle l’avait fait en l’absence de Ryo. Il avait raison : si elle se laissait mourir à l’intérieur, elle tuerait Eirin une deuxième fois. Elle partit rejoindre Pia pour travailler au potager.  

 

La jeune femme ne se priva pas de la taquiner sur les jolies cernes qu’elle arborait ce matin. Kaori rougit et bafouilla une vague excuse sur des cauchemars. Elles s’observèrent quelques secondes puis éclatèrent de rire. Elles travaillèrent d’arrache-pied toute la matinée. A midi, comme promis, la japonaise apporta un repas chaud à son malade préféré. Elle le retrouva rasé, rafraîchi. Sans sa barbe, les hématomes étaient plus visibles et son coeur se serra. Le repas terminé, il l’attira dans ses bras et l’allongea à ses côtés. Elle traça du bout des doigts les contours des marques. D’attouchements en caresses, ils s’appliquèrent à montrer à l’autre l’étendue de leur affection, de leur désir. Ce qu’ils n’avaient pas prévu fut l’arrivée impromptue de Kaïbara qui, bien qu’énervé de les voir à deux, ne sortit pas de la tente pour autant. Ryo recouvrit aussitôt leurs deux corps d’une couverture, Kaori cachant son visage dans son épaule, rouge de honte.  

 

- Je vois que même une séance de torture ne t’a pas remis les idées en place, mon fils. Je t’attends dans ma tente. Dépêche-toi d’en finir., lui asséna-t-il sèchement.  

 

Il repartit sans plus un mot. Cette petite garce avait l’air d’aller mieux et leurs rapports étaient apparemment toujours aussi bons. Que leur fallait-il pour cesser cette stupide histoire ? Il perdait son meilleur guerrier. Il avait vu les blessures de Ryo et Jack lui avait fait un rapport des activités du camp et des retours de mission. C’était bien la première fois qu’il se faisait avoir ainsi. Toutes ses autres blessures avaient été le fruit de combats acharnés, jamais de détentions. Il allait devoir remettre de l’ordre dans tout cela s’il voulait mener son projet à bien.  

 

Ryo et Kaori se regardèrent après le départ de Kaïbara, passablement refroidis. Souhaitant apaiser la colère qu’elle sentait en lui, elle posa la main sur sa joue et la caressa du pouce. Ce geste ramena l’attention de Ryo sur sa compagne et le calma un peu. Il s’abaissa sur elle et l’embrassa tendrement.  

 

- Je vais retourner travailler., l’informa Kaori se dégageant de son étreinte.  

- On n’avait pas fini mon ange., lui susurra-t-il à l’oreille.  

- Mais Kaïbara…  

- Il attendra. Ma priorité, c’est toi., lui dit-il et il le lui prouva.  

 

Une demie heure plus tard, Ryo se présenta dans la tente de son père. Celui-ci lui lança un regard méprisant que son fils ignora.  

 

- Elle en a mis du temps pour te satisfaire…, laissa échapper Kaïbara.  

 

En deux enjambées, Ryo fut à sa hauteur et l’empoigna par le col, le regard meurtrier.  

 

- Ecoute-moi bien : c’est la dernière fois que tu parles mal d’elle en ma présence. Je sais ce que tu as fait le lendemain de la mort de ma fille. Elle aurait pu mourir par ta faute mais c’était ton but, je le sais.  

- Si tu as une telle défiance vis-à-vis de moi, pourquoi restes-tu, Ryo ?, lui demanda son père, le regard noir.  

- Je resterai jusqu’au bout de notre combat. Quand on aura rendu le pouvoir aux locaux, je m’en irai avec elle et on ne se reverra plus jamais.  

- Tu es mon fils, Ryo !, s’écria Kaïbara.  

- Non, je suis l’enfant que tu as recueilli pour en faire un soldat, une machine de guerre. Un enfant reçoit de l’affection, ce que tu ne m’as jamais donné., répliqua Ryo, d’un ton posé.  

 

Ils s’affrontèrent du regard un long moment puis Ryo soupira et brisa le silence.  

 

- Que me voulais-tu ?, dit-il en prenant une chaise.  

- Tu vas repartir en mission à la fin de la semaine. Il me faut des informations sur un groupe hondurien...  

- De une, c’est non. Avec mes blessures, je ne tiendrai pas le coup. Tu devras attendre que ce soit remis au minimum. De deux, au Honduras ? C’est à des centaines de kilomètres d’ici. Que risquons-nous venant d’aussi loin ?  

- J’attendrais un peu que tu sois remis puisque tu es faible., dit-il en lui lançant un regard qui en disait long sur ses pensées.  

- Et je n’apprécie pas que tu remettes en question mes ordres. Depuis quand tu discutes les motifs des missions ?, ajouta-t-il, méprisant.  

- Depuis que tu te permets d’attenter à la vie de ma femme…, répondit son fils sans sourciller.  

- Ta femme ?! Ce n’est qu’une gamine qui découvre les plaisirs du sexe. Elle ne t’apportera rien de bon. Tu es devenu faible depuis que tu la connais.  

 

Ryo serra les dents à ses paroles. Il avait douté de lui au début de leur relation à cause de cela. Il en était revenu mais ça lui faisait tout de même mal d’entendre cela.  

 

- Je ne suis pas faible. J’ai une raison de rentrer maintenant. Je n’ai plus envie de vivre pour me battre. Ce n’est pas une bonne raison de vivre. Il y a plus important.  

- Depuis que tu apprends à lire et écrire, tu deviens philosophe ? Tu te crois plus intelligent ? Le stratège ici, c’est moi, Ryo ! Ne t’avise jamais de remettre cela en cause. Elle t’a détourné et perverti ! Elle sera la cause de ta mort !  

- J’en ai assez entendu. Quand je serai apte à partir en mission, je te le ferai savoir. D’ici là, ne t’approche pas de nous., le prévint Ryo, le regard noir.  

 

Il sortit de la tente sans un mot de plus et retourna à l’infirmerie. Il sentit la tension quitter son corps et la douleur reprendre le dessus, insoutenable. Il s’effondra dans son lit en arrivant, des perles de sueur au front. Le Professeur voyant son état lui donna un médicament qui le soulagea à peine.  

 

- Alors que voulait-il ?  

- Que je reparte en mission au Honduras en fin de semaine., lui apprit le guérillero.  

- Hors de question. Avec tes côtes, tu en as au moins pour quatre semaines. Si tu devais te battre, elles pourraient se casser et tu aurais un pneumothorax. Sans médecin, ce serait la mort assurée.  

- De toute façon, j’ai refusé. Je sais pourquoi il veut que j’aille au Honduras. Il aurait ainsi plus de temps pour s’en prendre à Kaori. Je ne peux pas le laisser faire.  

- Ryo, il faut que tu parles à Kaori de tout cela.  

- Elle est si fragile en ce moment. Elle commence à peine à s’en remettre…  

- Elle est beaucoup plus forte que tu ne le penses. Aide-la à trouver cette force en elle. Ne la couve pas. Elle se battra pour toi mais montre-lui le chemin pour le faire.  

 

Le professeur pressa doucement son épaule avant de le laisser se reposer.  

 

Dans sa tente, Kaïbara réfléchissait aux paroles échangées avec Ryo. Il perdait son meilleur élément. Sans lui, il perdait le moyen de mettre en œuvre son plan. Il devait trouver comment le ramener dans sa ligne de pensée, sous son contrôle. Il ne devait plus compter sur le fait de le voir se séparer de cette greluche mais comment faire pour que cette relation devint un atout de son jeu ? Il en vint presque à regretter d’avoir tué l’enfant. Finalement ça aurait été certainement un excellent moyen de pression. Il ne pouvait cependant plus revenir en arrière… De toute façon, Ryo n’était que le rouage final de son plan. Il avait encore du temps avant de devoir l’actionner. En attendant, il devait tester et mettre en oeuvre sa stratégie.  

 

- Mon pauvre Ryo, tu penses sortir un jour de cette guerre mais tu n’as aucune idée du temps qu’elle va durer. La liberté des autochtones est bien la dernière de mes priorités, mais cela, je suis le seul à le savoir ici.  

 

Il sortit de sa tente et fit le tour du camp. Sur son passage, les rires cessaient, les hommes se redressaient, les visages se fermaient. Il était satisfait de cela. Il aimait voir le respect mêlé de crainte qu’il inspirait à ceux qui l’entouraient. Il n’y avait bien que Jack et Ryo pour oser élever la voix contre lui. Le Professeur ne s’opposait jamais à lui ouvertement mais savait faire passer dans le ton qu’il employait son mécontentement ou son accord. Quant à Kaori… cette petite garce avait peur de lui mais elle ne l’aimait pas et ne se privait pas de lui montrer. Cela ne le gênait pas outre mesure. Ce qui l’embêtait chez elle, c’était le vent d’émancipation qu’elle avait apporté, à commencer par Ryo, puis Jack à qui elle rappelait sa fille qui lui manquait. Il sentait aussi que ce sentiment pourrait très vite se propager au reste du camp. Elle faisait rêver les hommes et les femmes aigris après tant d’années de guerre, leur apportant l’espoir d’un monde en paix où ils n’auraient plus à craindre de mourir de faim ou d’être tués. Elle avait ravivé une flamme qui était néfaste pour lui, pour son autorité, pour ses projets. Il devait trouver un moyen de la contrôler ou de juguler les effets de sa présence.  

 

Du brouhaha se fit entendre à l’entrée du camp. Deux hommes ramenaient des prisonniers. Un sourire sournois fendit son visage. Il allait avoir du travail et des ressources pour ses projets… Il les fit enfermer dans une cage un peu à l’écart. Les trois hommes étaient issus de trois camps différents, ce qui était étonnant, ce qui aurait aussi pu l’inquiéter. Mais il n’en avait cure. Il avait d’autres chats à fouetter pour le moment.  

 

- Tu veux que je les interroges ?, demanda Jack qui était venu voir quelle était la position de Kaïbara.  

- Non, je vais m’en occuper. Ne t’inquiète donc pas. Travaille sur les renseignements qu’on a recueillis dernièrement. Je suis sûr qu’on peut en tirer quelque chose., lui répondit-il.  

 

Kaïbara laissa les prisonniers mariner toute la nuit. Au petit matin, alors que le camp s’éveillait, il fit amener le premier pour interrogatoire. Se préparant dans leur tente, Kaori sursauta quand elle entendit le premier cri. Elle regarda Ryo pour savoir. L’air sombre, il baissa les yeux vers le sol.  

 

- Il l’interroge. Attends-toi à cela toute la journée., l’informa-t-il, gêné.  

 

C’était encore un des aspects de la guerre qu’il aurait aimé lui épargner. Elle avait vu la torture dans les autres camps, mais elle n’y avait jamais assisté dans leur camp. Si elle avait encore des illusions, elles venaient de voler en éclats. Il vit une larme rouler sur sa joue. Elle l’essuya bravement.  

 

- Promets-moi de ne jamais y avoir recours inutilement., lui demanda-t-elle, d’une voix déterminée.  

- Inutilement ?  

- Pour le plaisir. Vu le peu de temps entre les cris, tu ne me feras pas croire qu’il lui pose des questions…, soupira-t-elle, grimaçant en entendant les hurlements.  

- Je t’en fais la promesse., lui dit-il.  

 

Il était étonné qu’elle se fut rendue compte du trop court laps de temps entre les hurlements et de ce que ça pouvait signifier… Il n’aimait pas l’attitude de Kaïbara qui le surprenait. Jusqu’à présent, il ne s’était jamais adonné à la torture aussi vite et pour le simple plaisir. Il le trouvait changé depuis quelques temps et ça l’inquiétait.  

 

- J’y vais., soupira Kaori.  

 

Elle sortit de la tente au moment où le prisonnier fut reconduit dans la cage et qu’un autre, terrifié, fut amené à la tente de Kaïbara. Peu après, les cris commencèrent et, comme l’avait prévenue Ryo, cela dura toute la journée. Les nerfs de la jeune femme furent mis à rude épreuve. Même pendant les moments de silence, elle entendait les cris résonner dans ses oreilles et une sensation de froid l’avait envahie. Elle se demandait comment elle était capable de rester là à ne rien faire. Désabusée, elle se demanda aussi comment elle avait été capable de faire promettre à Ryo de ne pas torturer par plaisir et non pas de ne plus torturer tout court. Celle qu’elle était avant n’aurait jamais admis de telles pratiques mais l’expérience qu’elle traversait l’avait ébranlée fortement dans ses principes et convictions et il lui faudrait certainement beaucoup de temps pour vivre et penser de nouveau comme avant… Elle rit de sa pensée : plus rien ne serait jamais comme avant. Elle ne pouvait pas rester la même en ayant vécu entourée de la mort, de la violence physique et verbale, de l’insécurité et l’incertitude. Elle qui avait eu des projets d’avenir relativement définis n’avait plus maintenant que des rêves pour son avenir sans savoir s’ils se réaliseraient un jour. Mais ces rêves représentaient tout ce qui lui restait : l’espoir.  

 

Ces séances durèrent trois jours et trois nuits avec peu de répit, empêchant le camp de dormir et vivre sereinement. Au matin du quatrième jour, la cage était vide. Au regard sombre de Ryo, Kaori comprit que ces trois hommes étaient morts, à la fois triste et soulagée qu’ils n’aient plus à souffrir. Bien qu’elle le sut déjà, cela lui rappela également que Kaïbara était un être cruel et impitoyable. Il en fut de même pour tous les membres du camp. 

 


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