Hojo Fan City

 

 

 

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Rated PG-13 - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 26 capitoli

Pubblicato: 01-05-19

Ultimo aggiornamento: 26-05-19

 

Commenti: 38 reviews

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DrameRomance

 

Riassunto: NC-17 AU : Kaori et Ryo se rencontrent en pleine guerrilla. Quel sera leur avenir?

 

Disclaimer: Les personnages de "Lutter pour vivre, vivre pour lutter" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Lutter pour vivre, vivre pour lutter

 

Capitolo 12 :: Chapitre 12

Pubblicato: 12-05-19 - Ultimo aggiornamento: 12-05-19

Commenti: Bonjour, nouveau chapitre. Il sera dur. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 12  

 

Indifférent à la pluie qui tombait, Ryo se tenait debout devant la tente de Shin, tentant de maîtriser la colère qui l’habitait toujours suite à l’agression de Kaori. Ils ne se parlaient plus que rarement depuis le jour où il lui avait envoyé son poing dans la figure, juste quelques mots lorsque Ryo devait partir pour une mission. Les informations récoltées, Ryo les donnait à Jack qui transmettait. Soupirant, il pénétra dans la tente.  

 

- Bonjour Shin. Je peux te voir une minute ?, demanda Ryo, le visage fermé.  

- Tant que tu ne me frappes pas une nouvelle fois, je t’écoute, mon fils., répondit-il, une lueur dangereuse au fond des yeux.  

 

Il n’avait toujours pas digéré ce coup ni le fait que Ryo se fut émancipé de son autorité. Il obéissait sans mot dire lorsqu’il s’agissait des missions mais, pour le reste, il ne lui faisait plus confiance.  

 

- Je voulais juste t’informer que Kaori est enceinte et qu’on compte mener cette grossesse à terme.  

- Elle t’a eu jusqu’au bout alors… Tu te fais mener par le bout du nez par une gamine, Ryo. Je ne sais pas ce qu’elle te fait miroiter mais ce n’est qu’une petite garce sournoise.  

- Je me fiche de ton opinion, Shin. Je continuerai à faire mon travail mais je compte bien être présent pour la naissance de mon enfant. Je tenais à te prévenir de cela. Bonne journée., fit Ryo, en sortant.  

- Tu ne l’emporteras pas au paradis…, marmonna Kaïbara, furieux.  

 

Il était hors de question qu’il perdit son meilleur soldat. Ryo devait être disponible tout le temps. Il avait besoin de lui et de ses aptitudes sur le terrain. Un sourire sadique naquit sur ses lèvres. Après le repas du midi, il fit venir Elena. Celle-ci arriva, anxieuse. Shin l’invita à s’asseoir à côté de lui. Elle attendit patiemment qu’il lui expliqua la raison de sa présence.  

 

- Tu souhaites toujours récupérer Ryo ?, lui demanda-t-il de but en blanc.  

 

Elle le regarda étonnée puis son visage se ferma.  

 

- Oui mais tant qu’elle sera là, ce sera peine perdue. Il ne jure que par elle., répondit-elle d’une voix où perçait la fureur.  

- Ils vont avoir un enfant. Cette petite conne est enceinte.  

 

Elena le dévisagea surprise. Elle crispa les poings sur sa jupe à s’en blanchir les phalanges. Elle ne pourrait plus rien faire sauf si…  

 

- Je comprends mieux pourquoi tu m’as fait venir. Tu sais que c’est moi qui aide nos compagnes à se débarrasser de leur petit fardeau non désiré., lui dit-elle, le ton neutre.  

- Débarrasse-toi de ce fardeau-là. Il la quittera et il nous reviendra. Peut-être même qu’avec un peu de chance, elle mourra.  

- Il me tuera s’il l’apprend.  

- Je te tuerai si tu ne le fais pas., la menaça-t-il avec un regard meurtrier.  

 

Elena tressaillit. Shin n’était pas un homme tendre : il était tout à fait capable de le faire.  

 

- Arrange-toi pour qu’il ne l’apprenne jamais., lui conseilla-t-il.  

- D’accord., murmura-t-elle.  

- Pendant que tu es là, occupe-toi de moi., lui ordonna-t-il.  

 

Elle s’exécuta le coeur lourd.  

 

Deux jours plus tard, Kaori se leva et soupira. La pluie tombait en continu depuis une semaine maintenant. Il faisait chaud et humide. Elle allait devoir enfiler cette jupe et ce chemisier qui lui donneraient encore plus chaud… Elle lorgna un moment sur la malle et ne put s’empêcher d’en extraire son short et son débardeur. Elle les passa, heureuse de retrouver la sensation de l’air sur son corps. Mais bien vite, elle déchanta. Son débardeur laissait entrevoir un décolleté profond, sa poitrine ayant pris du volume, et cela la gênait et elle n’arrivait pas à fermer son short, ce qui la fit sourire. Là au niveau de la ceinture, ce petit renflement qui apparaissait abritait son enfant, leur enfant. Deux mains l’enlacèrent tendrement.  

 

- Loin de moi l’idée de te vexer mais je pense que tu ne rentreras plus dedans avant quelques mois., lui murmura Ryo à l’oreille.  

 

Son regard fut attiré par le décolleté plongeant de sa compagne et ses yeux s’écarquillèrent.  

 

- Hors de question que tu sortes ainsi. Tu vas créer une émeute.  

- Je sais mais il fait tellement chaud. Je ne supporte plus cette humidité., se lamenta-t-elle.  

- Il va falloir t’habituer : on est partis pour quelques semaines.  

- Tu ne m’encourages pas…  

 

Elle se déshabilla et enfila à nouveau ses vêtements quotidiens. Ryo la regardait amoureusement sans rien perdre du spectacle. Son ventre s’était arrondi et il trouvait cela magnifique. Il était ému à chaque fois qu’il pensait au petit bout qui y grandissait à l’abri. D’après le Professeur, elle était à bientôt quatre mois et tout se passait bien.  

 

- C’est bizarre, je sens des bulles dans mon ventre., dit-elle soudain en posant la main sur l’arrondi.  

- Peut-être le bébé qui bouge. Pia en avait parlé il y a peu., répondit Ryo, posant la main à côté de la sienne.  

- C’est passé. Désolée., murmura-t-elle.  

- Bientôt je pourrais moi aussi le sentir. Ne t’inquiète pas., lui dit-il en l’embrassant tendrement.  

 

Elle se sortit de son étreinte peu après et partit rejoindre Pia. Elle devait s’acquitter de la lessive avec Ana. Ce n’était pas la tâche qu’elle préférait mais elle ne dit rien. Les deux jeunes femmes partirent chercher de l’eau et les baquets. Toute la matinée, elles frottèrent les vêtements et autre linge du camp. Kaori grimaça lorsqu’elle dut nettoyer les bandes de tissu ensanglantées qui provenaient de l’infirmerie. Lorsqu’elles eurent fini de tout nettoyer, les deux jeunes femmes s’assirent quelques minutes, le temps de boire un peu et de souffler.  

 

- Les gourdes ont besoin d’être lavées. Cette eau est dégoûtante., se plaignit Ana.  

- C’est vrai. Il faudra prévenir Pia. En attendant, on n’a que ça…  

 

Elles burent à nouveau toutes les deux finissant la gourde en un rien de temps. Ne perdant pas plus de temps, elles se remirent à l’ouvrage et mirent le linge à sécher.  

 

- Bon sang, je n’en reviens pas. Vive la machine à laver. Je vais aller brûler un cierge pour son inventeur…, s’exclama Kaori.  

- C’est quoi une machine à laver ?, demanda Ana.  

- C’est une espèce de boîte dans laquelle tu mets ton linge, du produit pour nettoyer, tu appuies sur un bouton et ça fait ce qu’on vient de faire tout seul. Plus besoin de frotter et rincer, juste étendre le linge pour qu’il sèche. On gagne un temps fou…, lui expliqua Kaori.  

 

Elle ne pesterait plus pour mettre la machine en route en rentrant au Japon… Ana elle restait dubitative sur l’utilité d’une telle machine. Si Kaori disait que c’était bien, ça devait l’être. Elles rejoignirent le reste du camp pour le repas du midi.  

 

Elles étaient installées quand Ryo vint s’asseoir à côté de sa compagne. Il la regarda, fier de lui, et attendit sa réaction.  

 

- Qu’est-ce que tu as à sourire ainsi ? On dirait que tu as joué un tour à quelqu’un., lui demanda Kaori, curieuse.  

- Je… J’ai inscrit un prénom sur la feuille., lui dit-il, les yeux pétillants.  

- Tu as eu une idée ? C’est… Oh mon dieu ! Tu… tu l’as écrit ?, s’exclama-t-elle, n’en croyant pas ses oreilles.  

 

Les regards s’étaient tournés vers eux. Ils s’observaient, fiers et émus. Cela faisait six semaines qu’ils avaient commencé les cours d’écriture et de lecture. Ryo s’appliquait énormément. Même pendant ses missions, quand il se reposait, il prenait un peu de temps pour s’entraîner. Elle était fière de lui, de son abnégation…  

 

- Oui, je l’ai écrit. J’ai même réussi à lire quelques prénoms que tu avais notés., lui confirma-t-il.  

- C’est génial. Je te félicite, Ryo., murmura-t-elle, les larmes aux yeux.  

- J’aurai droit à une récompense après le repas., lui demanda-t-il, mutin.  

- Tout ce que tu voudras.  

- Tout ce que je voudrais… Tu n’imagines pas à quoi tu t’engages., lui répondit-il en riant.  

 

Shin regardait les deux jeunes gens d’un mauvais œil. Ainsi elle avait entrepris de l’éduquer ? Il serra les poings de rage. Bientôt, tout se finirait. Elle s’en voudrait de s’être mise entre son fils et lui, pensa-t-il. Il jeta un œil à Elena qui soutint son regard avec un léger hochement de tête. Satisfait, il se maîtrisa et finit son repas.  

 

Jack intercepta Ryo alors qu’ils se dirigeaient vers la tente. Kaori partit en avant, se sentant fatiguée.  

 

- Tu devrais être plus discret, Ryo. Kaïbara n’a pas apprécié ce qu’il vient d’entendre.  

- Je me doute mais il devra s’en accommoder., répondit-il, une lueur déterminée dans les yeux.  

- En tous cas, félicitations. C’est bien ce que tu fais., l’encouragea Jack.  

- Merci, Jack. Je sais que tu t’es battu avec Shin à ce sujet.  

- Ryo !, entendirent-ils crier.  

- Kaori…, murmura-t-il avant de s’élancer.  

 

Kaori était arrivée à la tente sans encombres. Elle était fatiguée et se sentait vaseuse. Elle aspirait à s’allonger pour calmer cette douleur lancinante qui revenait dans le bas de ses reins. Elle retira sa jupe pour être un peu plus à l’aise et soudain elle sentit un liquide chaud couler le long de ses cuisses. Elle n’eut pas le temps de paniquer qu’une douleur lui vrilla le ventre, lui coupant les jambes. Elle tomba lourdement par terre, tentant de reprendre son souffle. Lorsqu’enfin la douleur passa, elle baissa les yeux vers le sol et sentit l’angoisse s’emparer de son corps : il y avait tellement de sang. Le cri sortit de sa bouche sans qu’elle s’en rendit compte et juste après la douleur la coupa à nouveau en deux.  

 

Il la trouva agenouillée, se tenant le ventre, visiblement dans la douleur. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, il vit le sang sous elle et, sans réfléchir, la prit dans ses bras et courut à l’infirmerie suivi de Jack. Le Professeur était déjà avec Ana. Lorsqu’il vit Ryo arriver, il fronça les sourcils, inquiet.  

 

- Jack, va chercher Pia., lui ordonna le médecin.  

- Ryo, va chercher une bassine d’eau et des linges propres. Dépêche-toi !, lui dit-il d’un ton autoritaire pour le sortir de la panique qui l’avait gagné.  

 

Ryo jeta un œil vers sa compagne livide et s’exécuta précipitamment. Remplissant le récipient, il se calma et reprit la maîtrise de son corps. Kaori avait besoin de lui. Il devait se montrer fort pour elle même s’il avait peur de ce qui pourrait leur arriver. Quand il revint, Pia et Jack entraient dans la tente.  

 

Tout en s’occupant de Kaori, le médecin donna des instructions pour Pia.  

 

- Ana vient de faire une fausse couche. Elle ne savait même pas qu’elle était enceinte. Les saignements diminuent rapidement mais garde un œil sur elle.  

- Kaori, qu’a-t-elle ?, demanda Pia, inquiète.  

 

Le médecin ne répondit pas mais lui jeta un regard sombre. Elle baissa la tête ayant une idée de sa réponse.  

 

- Messieurs, je vais vous demander de sortir. Il faut que je l’examine.  

 

Ryo ne voulait pas la laisser. Jack le prit par le bras et l’emmena dehors. Passé le seuil, Ryo refusa de faire un pas de plus.  

 

- Elle va perdre le bébé, Jack., murmura-t-il, la tête baissée.  

- Tu n’en sais rien. Attends le verdict du Professeur., tenta-t-il de le rassurer bien qu’il fut du même avis que Ryo.  

 

A l’intérieur, le médecin examina sa patiente et, ayant terminé, il la recouvrit pour protéger sa pudeur. Il appela Ryo. Kaori avait des contractions et souffrait. Les larmes coulaient seules sur ses joues et la peur se lisait dans son regard. Le jeune homme s’approcha d’elle et lui prit la main.  

 

- Alors Doc ?, murmura-t-il d’une voix étranglée.  

- Je suis désolé. Je ne peux plus rien faire pour le bébé.  

 

Un cri déchirant retentit dans la tente. Kaori ne pouvait accepter le verdict du docteur. Elle ne pouvait pas avoir perdu ce bébé qu’elle avait senti bouger en elle le matin même. Il ne pouvait pas être mort. Ryo la prit dans ses bras, la serrant le plus possible. Il n’avait jamais ressenti une telle douleur et les pleurs de sa compagne lui faisaient plus mal que les balles qu’il avait déjà reçues.  

 

Submergée par le chagrin, Kaori en avait oublié les contractions mais l’une d’elles, plus forte, la ramena à la réalité et elle s’arqua sous l’intensité.  

 

- Kaori, le bébé n’est pas encore sorti. Tant qu’il ne le sera pas ainsi que le placenta, tu auras des contractions.  

- Combien de temps, Professeur ?, lui demanda Ryo d’une voix blanche.  

- Combien de temps va-t-elle devoir subir cela ?  

- Je ne peux rien te dire. C’est aléatoire., répondit-il, contrarié.  

 

Il ne pouvait plus rien pour cet enfant mais il devait s’assurer de sauver la mère. Il craignait les risques d’hémorragie. Sans aucun moyen de contrôle, il ne pouvait déceler les anomalies du placenta ou tout autre risque hémorragique. Il n’avait pas de culot de sang, peu de matériel à disposition pour faire le nécessaire.  

 

Les contractions s’intensifiant, il se concentra sur sa tâche. Ryo tenait Kaori dans ses bras. Son visage était impassible, seuls ses yeux reflétaient, pour ceux qui le connaissaient, la douleur et l’angoisse qu’il traversait. Il se montrait fort pour elle. Kaori pleurait silencieusement. Malgré la douleur, elle n’avait plus la force de crier. Seul son corps témoignait de la souffrance physique qu’elle vivait. Jack, dans un coin de la tente, voyait ses yeux noisette vidés de leur éclat, reflétant uniquement la douleur mais pas la douleur physique, la douleur émotionnelle, la douleur que seule la perte d’un être cher pouvait faire naître. Son âme était meurtrie au plus profond d’elle-même. Il en était bouleversé.  

 

Il fallut plus d’une heure avant l’expulsion complète, une heure passée dans un silence seulement troublé par des chuchotements d’encouragement et les instructions du médecin. Le Professeur prit le bébé et se leva. Le voyant emmener son enfant, Kaori sentit un gouffre s’ouvrir sous elle et elle surmonta son angoisse et sa tristesse.  

 

- Attendez ! Je… Je veux le voir…  

- Kaori…, laissa échapper Ryo, inquiet.  

- J’ai besoin de le voir, Ryo. Je veux lui dire au revoir.  

- D’accord Kaori. Je vais juste le laver un peu et l’emmailloter et je te le ramène., l’informa le Professeur emmenant son précieux fardeau un peu plus loin.  

- Rien ne t’oblige à rester, Ryo. Tu n’es pas obligé de le voir si tu n’en as pas envie., lui dit-elle.  

 

Ils s’observèrent un long moment, forts et faibles à la fois. La faiblesse était due à leur douleur qui leur semblait insurmontable mais ils puisaient leur force dans l’autre, dans le lien qui les unissait, ce même lien qui avait créé cette vie trop vite achevée.  

 

- J’ai… Je veux aussi lui dire au revoir., s’entendit-il dire.  

 

En y pensant, il n’avait jamais eu la chance de pouvoir faire des adieux à proprement parler aux personnes qui l’avaient quitté et il en ressentait le manque. Certes, la plupart des morts autour de lui étaient des soldats tombés au combat. Peu d’entre eux avaient pu être proprement enterrés… Mais les plus importants, ceux qui laissaient le plus grand vide dans son existence, étaient ses parents. Il était si jeune à l’époque. Il n’avait pas pu leur dire au revoir et n’avait même pas un lieu où se recueillir…  

 

Le médecin revint, la mine triste.  

 

- Kaori, tu es sure que tu veux le voir ?, lui demanda-t-il, doucement.  

- Oui. Je veux le tenir dans mes bras., souffla-t-elle en tendant les bras.  

 

Il déposa le bébé dans ses bras. Sa respiration s’arrêta quand elle sentit le poids sur sa main : il était si léger. Il était si petit. Elle sentit sa respiration reprendre en même temps que les larmes affluèrent à ses yeux. Il tenait dans sa main. Elle regarda Ryo. Elle vit la douleur dans ses yeux et beaucoup d’amour aussi. Elle ressentait la même chose. Il croisa son regard et hocha lentement la tête. Elle tourna à nouveau son attention et écarta les pans de la serviette. Ils découvrirent les traits de leur enfant. Kaori ne put réprimer les sanglots qui naquirent dans sa gorge.  

 

- Il est si beau., murmura Kaori.  

- C’est une fille.  

 

Ryo et Kaori le regardèrent sous le choc. Ils n’avaient pas eu de préférence mais ça leur semblait plus dur sachant cela.  

 

- Eirin.  

- Quoi ?, lui demanda Ryo.  

- Je voudrais l’appeler Eirin. Ca signifie joyau éternel. C’est ce qu’elle est… pour toujours.  

- D’accord pour Eirin, Kaori.  

- Regarde, elle est parfaite. Elle avait tout ce qu’il fallait où il fallait. Je… je ne comprends pas ce qui s’est passé. Je ne comprends pas., dit-elle en serrant sa fille contre son coeur.  

 

Ryo la prit dans ses bras cherchant à la réconforter. Jack sortit de là, bouleversé par ce qu’il venait de voir. Attiré par un mouvement, il vit arriver Shin au pas de charge.  

 

- Ryo est là ? J’ai besoin de lui pour une mission., lui dit Kaïbara en faisant pour entrer.  

- Ce n’est pas le moment, Shin., lui répondit Jack en le stoppant.  

- Je ne peux pas attendre ! Il doit partir maintenant !, s’énerva-t-il.  

- Il vient de perdre son enfant ! Tu attendras !  

 

Une lueur malsaine brilla fugitivement dans ses yeux, ce qui stupéfia Jack.  

 

- Va-t-en, Shin., gronda-t-il, furieux.  

- Va-t-en ou je te colle mon poing dans la figure.  

- Tu lui diras de venir au plus vite., dit-il en partant.  

 

Il était satisfait : il n’y avait plus de bébé pour les tenir ensemble. Il ne restait plus qu’à la faire partir…  

 

A l’intérieur, Kaori s’était calmée. Elle n’avait aucune idée de la façon dont elle sortirait de ce gouffre dans lequel elle était tombée. A vrai dire, elle n’était même pas sure de vouloir en sortir. Elle pensait même par moments qu’elle aurait fait mieux de mourir avec Eirin, qu’ainsi elle n’aurait plus à supporter cette douleur, ce vide au fond d’elle. Elle sentit la main de Ryo sur son épaule et le regarda. Elle s’en voulut alors de penser à mourir alors que lui aussi souffrait. Le laisser seul pour supporter leur mort à toutes les deux ? Ca serait égoïste de sa part.  

 

- Tu veux la prendre ?, lui demanda Kaori d’une voix enrouée.  

- Je ne sais pas comment faire., lui dit-il.  

- Assieds-toi, Ryo. Je vais te la donner., intervint le Professeur.  

 

Doucement, il prit le bébé des mains de Kaori et la posa dans celle de Ryo. Il resta un long moment en contemplation devant sa fille. Il ne se rendit pas compte des larmes qui coulaient sur son visage.  

 

- On ne la verra jamais grandir ni marcher. On ne connaîtra pas la couleur de ses yeux, ni le son de sa voix, de son rire. Je ne pourrai pas la surveiller pour voir si elle ne fait pas de bêtise ou qu’elle ne se laisse pas embobiner par un garçon, ni même la prendre dans mes bras quand elle se fera mal. Elle avait la vie devant elle., murmura-t-il.  

 

Kaori posa la tête sur son épaule, les entourant de ses bras en soutien. Il rapprocha ce poids plume de son corps et la serra contre lui, tendrement. Elle paraissait encore plus petite dans ses mains, encore plus fragile.  

 

- Professeur, quel jour sommes-nous ?, demanda Kaori.  

- Le vingt-cinq juillet., répondit-il.  

- Vous pouvez lui faire un certificat de naissance même s’il ne sera pas légal. Je voudrai une trace de son passage dans notre vie.  

- Vous voulez son portrait ?, demanda Jack qui était rentré entre temps.  

 

Ils levèrent tous deux la tête vers lui, surpris, puis se regardèrent.  

 

- Tu le ferais ?, lui demanda Ryo, sans y croire.  

- Oui.  

- S’il te plaît, Jack. Je t’en serai infiniment reconnaissante.  

- Nous t’en serions infiniment reconnaissants., ajouta Ryo.  

 

Jack partit chercher des crayons et du papier et revint peu après. En moins d’une heure, il avait fait le portrait du bébé, un portrait très réaliste qui les laissa sans voix, les larmes aux yeux. Ils passèrent encore une heure avec elle puis vint le temps des adieux. Tous deux déposèrent un dernier baiser sur le crâne de leur fille et le Professeur la reprit, couvrant son visage. Entre temps, Jack avait creusé une tombe pour le bébé. Ryo prit Kaori dans ses bras et, accompagnés de Pia, ils enterrèrent le bébé. Ils restèrent à cinq autour de la tombe, les deux parents pleurant leur enfant pendant un long moment puis lentement regagnèrent l’infirmerie. Kaori tomba endormie sur le chemin.  

 

Inquiet, Ryo la posa dès qu’ils arrivèrent et le professeur l’examina.  

 

- Elle va bien, Ryo. C’est la fatigue.  

- Kaori ? Que se passe-t-il ?, demanda Ana qui venait de se réveiller.  

- Kaori a fait une fausse couche., l’informa Ryo, la voix sourde.  

- Comme moi ?  

- Oui. Je suis désolé pour toi, Ana.  

- Ne le sois pas : je ne l’aurai pas gardé. C’est moi qui suis désolée pour vous deux. Pia, il faudrait laver la gourde qu’on avait. Elle devait être sale. L’eau était dégoûtante.  

- Je le ferai, Ana. Repose-toi.  

- Allez tous dehors. Elles ont besoin de repos., leur dit le Professeur, en les poussant vers la sortie.  

 

Ils sortirent tous. Dehors, Ryo se tourna vers le médecin.  

 

- Je veux rester avec elle cette nuit.  

- Tu le pourras mais avant, prends un peu de temps pour toi, va te reposer et manger avant de revenir., lui enjoignit le médecin.  

- D’accord.  

 

Ryo se retourna et partit puis soudain s’arrêta et revint.  

 

- Doc, deux fausses couches simultanées, quelles sont les chances ?  

- Faibles, Ryo., lui répondit-il, sans ciller.  

 

Jack les regarda ainsi que Pia.  

 

- Ryo, tu penses qu’on a provoqué leurs fausses couches ?, lui demanda son ami.  

- Oui. Je ne sais pas comment mais oui, je ne pense pas que ce soit naturel.  

- La gourde…, intervint Pia, blanche.  

 

Ils se regardèrent et coururent tous les trois vers la cantine. La gourde était là. Pia l’ouvrit et se recula en fronçant du nez.  

 

- Il y a de la sauge et une autre plante pour couvrir l’odeur, je pense. La sauge nous sert à évacuer certains problèmes…, leur expliqua pudiquement Pia.  

 

Les deux hommes la regardèrent sans comprendre. Elle soupira.  

 

- Elle nous sert à avorter., précisa-t-elle.  

- Kaori n’aurait pas avorté., affirma Ryo en serrant les dents.  

- Ryo, c’est Elena qui avait la charge des gourdes ce matin…, lui apprit la jeune femme.  

 

Ryo serra les dents et partit au pas de charge suivi de peu par Jack. Il trouva Elena préparant le repas du soir. Il l’attrapa par le bras et la força à lui faire face.  

 

- Tu me fais mal, Ryo. Lâche-moi., cria-t-elle.  

- Pourquoi tu as fait ça ?  

- Fait quoi ?, lui demanda-t-elle avec un regard de défi.  

- Tu as tué mon bébé, Elena !  

- Arrête de dire n’importe quoi !  

- Tu es la seule à connaître les plantes médicinales et à les utiliser dans ce camp et tu as préparé les gourdes ce matin.  

 

Elle l’observa, cherchant dans ses yeux la déception qu’elle ne trouva pas. Il n’y avait que de la douleur et de la haine.  

 

- Ta Kaori fait une fausse couche et tu t’en prends à moi ? Ce sont des choses qui arrivent, Ryo, à tout femme. Ta Kaori ne fait pas exception…  

- Sauf qu’Ana a elle aussi fait une fausse couche au même moment… Une telle coïncidence ne peut pas être due au hasard. Pourquoi Elena ?  

 

Il vit la stupeur puis la peur se peindre sur son visage. Elle était démasquée. Il allait la tuer, il l’avait prévenue. Elle commença à se débattre affolée.  

 

- Je ne voulais pas. Ryo, je te jure que je…, elle s’interrompit en pleine phrase, les yeux écarquillés.  

- Tu quoi, Elena ?, la secoua-t-il.  

 

Un filet de sang sortit de sa bouche et elle s’effondra. Ce fut alors qu’il vit le couteau planté dans son dos et, dans sa trajectoire, Kaïbara.  

 

- Pourquoi Shin ?, lui demanda Ryo, incrédule.  

- Je suis le seul qui fait la justice ici, Ryo. C’est moi qui fais régner l’ordre et qui donne les ordres. Suis-moi., lui ordonna-t-il, sans un regard supplémentaire pour Elena.  

 

Jack voulut intervenir mais il l’en empêcha. Il suivit son père qui lui confia une nouvelle mission. Il devait partir deux semaines. Il refusa puis capitula après de longues minutes de négociation et le compromis de ne partir que le lendemain matin.  

 

Revenant le visage fermé, il informa Jack de sa nouvelle mission, lui demandant de veiller sur Kaori. Il était persuadé que Kaïbara faisait exprès de l’éloigner à ce moment-là. Lorsqu’ils passèrent devant le lieu du repas, le corps d’Elena avait déjà été transporté ailleurs. Ryo, épuisé, se dirigea vers l’infirmerie et s’allongea à côté de Kaori, l’enlaçant tendrement. Son coeur saignait. Il lui faudrait du temps pour guérir. Il observa Kaori et se demanda comment faire pour l’aider. Elle devait s’en sortir mais ce serait plus dur pour elle qui avait senti leur fille grandir en elle, qui avait déjà ce lien particulier qui l’avait transformée depuis qu’elle avait appris qu’elle était enceinte. C’était une épreuve supplémentaire pour elle. Il espérait juste que ce ne sera pas l’épreuve qui la ferait basculer... 

 


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