Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 22 chapitres

Publiée: 09-09-19

Mise à jour: 03-10-19

 

Commentaires: 34 reviews

» Ecrire une review

 

DrameRomance

 

Résumé: La soeur de Ryo revient dans sa vie, à la recherche de ses origines. Suite de "Le coeur et ses raisons"

 

Disclaimer: Les personnages de "Les liens du sang" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Astuces & Conseils

J'arrive à me connecter, mais je n'arrive pas à accéder à la section gestion.

 

D'abord, vérifiez que votre browser accepte les cookies (Dans Internet Exporer, allez dans Outils>Options Internet>Confidentialité). Free a changé sa configuration et du coup, maintenant le système de login fonctionne avec des cookies. Si ça ne marche toujours pas, rafraîchissez d'abord la page de gestion et réessayez. Connectez-vous à nouveau et déconnecte ...

Pour en lire plus ...

 

 

   Fanfiction :: Les liens du sang

 

Chapitre 3 :: chapitre 3

Publiée: 11-09-19 - Mise à jour: 11-09-19

Commentaires: Bonjour la suite. Il y aura encore beaucoup de moments de tension dans cette fic. Préparez-vous. Oui, je garde souvent Mick dans son rôle de séducteur pervers mais il faut ben quelqu'un pour détendre l'atmosphère et, comme Ryo se case et devient sérieux, Ca ne me laisse plus que Mick. (Faut-il que je transforme Umi en pervers notoire? Ca pourrait être drôle ;) ) Mais je pense quand même (enfin j'espère) lui rendre justice en en faisant le confident sérieux de Kaori et que son côté pervers est un peu comme celui de Ryo, un dérivatif pour lui et les autres. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

Chapitre 3  

 

Comment fut la première question, pourquoi la deuxième.  

 

Assise dans sa voiture, Kaori avait la tête posée sur le volant. Un mal de crâne lui vrillait les tempes qu’elle savait causé par la tension qui était survenue depuis ce matin.  

 

Comment ? Comment en était-elle arrivée là ? Ils avaient été prudents pourtant. Elle savait que ça ne pouvait pas arriver et elle avait redoublé de vigilance.  

 

Pourquoi ? Pourquoi le destin lui jouait-il ce mauvais tour, cet énième mauvais tour ?  

 

Elle frappa sur le tableau de bord en colère contre quiconque se plaisait à les faire souffrir puis se redressa lentement. Ca ne servait à rien de se morfondre. Elle savait ce qu’elle avait à faire. Elle ne faisait pas partie de ceux qui baissaient les bras dans l’adversité. Elle irait de l’avant. Elle sortit de la voiture et se dirigea vers le bâtiment.  

 

- Où est Kaori ?, demanda Sasha.  

- Elle n’était pas en forme. Elle est partie chez le médecin. Elle ne devrait pas tarder à revenir., l’informa Ryo.  

 

Il ne voulait pas se montrer surprotecteur avec elle mais il aurait bien aimé l’accompagner. Il l’avait entendue être malade ce matin puis elle était restée un moment dans la salle de bains sans rien faire. Elle avait certainement mal digéré quelque chose mais elle avait l’air si fatiguée quand elle était partie qu’il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter.  

 

- Tu veux prendre ta douche en première ?, lui demanda-t-il.  

- Non, vas-y. J’ai toujours du mal à émerger le matin., balbutia Sasha.  

 

Il la laissa et fila dans la salle de bains.  

 

Kaori entra dans la clinique et Kazue vint à sa rencontre.  

 

- Bonjour, tu as une petite mine. Ca ne va pas ?, lui demanda l’infirmière avec sollicitude.  

- Je ne me sens pas en forme. Tu penses que le Professeur pourrait me voir ?, s’enquit la nettoyeuse.  

- Je pense. Il fait les visites. Si tu peux attendre une demie heure…  

- J’attendrai. Je vais prévenir Ryo que je reviendrai plus tard que prévu.  

- Prends le téléphone de la salle de pause.  

 

Kaori acquiesça et regarda Kazue s’éloigner. Elle entra dans la salle et s’assit sur le divan à côté du téléphone. Hésitante, elle décrocha le combiné et composa le numéro. Au bout de quatre sonneries, le répondeur s’enclencha et elle en fut soulagée.  

 

- Ryo, il n’y avait pas de message au tableau. Le Professeur est occupé. Je ne rentrerai probablement que vers midi voire plus tard. Il y a des restes dans le frigo pour ce midi. A tout à l’heure.  

 

Elle raccrocha et se laissa aller dans le divan. Ses pensées reprirent le même cours que dans la voiture. Elle avait l’impression de vivre un cauchemar. Ca ne pouvait être que cela. Il n’y avait que dans les cauchemars et les films d’horreur que les belles histoires viraient au drame… Elle se pinça et sentit la douleur. Apparemment non, dans la vraie vie, cela pouvait aussi arriver. Deux larmes s’échappèrent de ses yeux qu’elle essuya vivement. La porte s’ouvrit et le Professeur entra.  

 

- Kaori, tu voulais me voir ?  

- Oui., répondit-elle d’une voix enrouée.  

 

Il fronça les sourcils et lui fit signe de le suivre. Elle se leva, ses jambes lui semblant être de plomb, et le suivit. Quand ils furent dans son bureau, il l’invita à s’asseoir et fit le tour de la table pour prendre place en face d’elle, ouvrant son dossier.  

 

- Que puis-je pour toi ?  

- Je suis enceinte. Je voudrais que vous me fassiez… avorter., lui dit-elle, la gorge serrée.  

 

Il la dévisagea et ôta ses lunettes. Sous le choc, peiné, il se frotta l’arête du nez pour reprendre contenance. Il ne devait pas juger, ni paraître étonné. Il devait rester neutre, se rappela-t-il.  

 

- Tu es sure d’être enceinte ?  

- J’ai fait un test ce matin. J’ai vingt sept jours de retard. Je n’y avais pas prêté attention jusqu’à aujourd’hui parce qu’on a été débordés, mais normalement j’ai toujours mal dans le bas du ventre les deux jours précédents et là rien., lui expliqua-t-elle.  

- Je vais devoir te faire une prise de sang. J’aurai les résultats ce soir. On envisagera la suite après., lui dit-il.  

- Non, il faut que ce soit fait ce matin. Je… je ne pourrais pas le cacher à Ryo et je ne veux pas qu’il sache que j’ai failli., dit-elle, la voix brisée.  

 

Le vieil homme la regarda et, touché, vint s’asseoir à ses côtés. Il posa la main sur la sienne.  

 

- Kaori, tu as oublié une seule fois de prendre ta pilule ?, lui demanda-t-il.  

- Non., souffla-t-elle, les larmes sortant de ses yeux.  

- Alors ne t’en veux pas. Aucun contraceptif n’est fiable à cent pour cent. Je suppose que c’est le seul que vous utilisez.  

- Oui.  

- Tu as été malade il y a six semaines, des vomissements ?, l’interrogea le Professeur.  

 

Elle réfléchit et se souvint avec dépit.  

 

- Oui quand nous sommes allés à Osaka le lendemain de la Saint Valentin. Nous avons été malades tous les deux pendant les deux jours.  

- Alors ta contraception n’a plus été efficace.  

- Mais nous n’avons rien fait ces deux jours-là. On était vraiment mal.  

- Et le soir de la Saint-Valentin. Tu me laisserais croire que Ryo n’a pas célébré physiquement votre amour ce soir-là ?, la taquina-t-il, tentant d’alléger son humeur.  

- Oui, ce soir-là, on a fait l’amour…, admit-elle rougissante.  

- Ne cherche pas plus loin. Les spermatozoïdes peuvent vivre jusque quarante huit heures dans l’utérus, c’est largement suffisant pour féconder l’ovule.  

 

Il la laissa digérer ses paroles car il voulait avant tout qu’elle cessa de culpabiliser d’être tombée enceinte. C’était un accident qu’il lui coûterait déjà assez de régler.  

 

- Je ne peux pas t’avorter sans mettre assuré que tu es enceinte et de combien de semaines. Je dois au moins te faire une échographie., l’informa-t-il.  

- Tout ce que vous voudrez tant que c’est réglé aujourd’hui., accepta-t-elle à voix basse.  

- Tu devrais en parler à Ryo, Kaori. Tu vas avoir besoin de soutien., lui conseilla-t-il.  

- Non. Je sais ce qu’il va me dire. Il a été très clair sur le sujet : si je tombe enceinte, c’est l’avortement ou la séparation. Je ne peux pas me séparer de lui, je ne veux pas élever notre enfant toute seule… Je n’ai pas le choix. Attendre plus longtemps me fera juste souffrir., répondit-elle, le regard désespéré.  

- D’accord. Suis-moi., concéda-t-il.  

 

Il la fit allonger sur une table d’examen, pratiqua un examen gynécologique puis approcha l’échographe. Elle sentit le gel froid sur son abdomen et détourna les yeux, regardant de l’autre côté. Elle ne pouvait pas le voir, elle ne le supporterait pas. Elle allait tuer la vie qu’elle portait en elle. C’était déjà assez difficile. Elle n’avait pas besoin de savoir à quoi elle ressemblait.  

 

- Tu es effectivement enceinte de six semaines. Tu ne veux pas regarder ?, lui demanda le Professeur.  

- Non., répondit-elle, un sanglot dans la voix.  

 

Elle entendit soudain un bruit fort et régulier envahir la pièce et tourna la tête vers l’écran, surprise.  

 

- C’est le coeur du bébé. Je devais vérifier s’il battait ou non., s’excusa le vieil homme.  

 

Elle regarda sur l’écran cette petite vie qui s’agitait dans son ventre. Elle distinguait les formes de sa tête, son tronc, ses jambes, ses bras. Ce n’était pas bien gros mais bien vivant et son coeur sombra. C’était l’enfant qu’elle allait tuer…  

 

Au même moment, la porte s’ouvrit après deux coups frappés et Kazue entra dans la pièce. Elle entendit le bruit et jeta un œil à l’écran. Ses yeux s’écarquillèrent.  

 

- Kaori…, souffla-t-elle d’une voix blanche.  

- Je n’ai pas besoin de te rappeler le secret médical, Kazue., la rappela à l’ordre le vieil homme.  

- Non, bien sûr que non., répondit-elle, revenant à la réalité.  

- Prépare la salle de naissance pour une IVG., lui ordonna-t-il.  

 

Elle le regarda, déboussolée, puis se reprit.  

 

- Bien Docteur.  

- La salle de naissance pour un avortement ?, laissa échapper Kaori dans un rire nerveux.  

- Oui. Tu es à six semaines de grossesse. Je ne peux plus pratiquer d’interruption médicamenteuse. Ce sera une aspiration. Tu es sure que tu ne veux pas prévenir Ryo ?, lui redemanda-t-il, soucieux.  

 

Elle hocha la tête en se mordant la lèvre. Il la regarda et réfléchit un moment à ce qu’il devait faire. Il n’irait pas à l’encontre de sa décision mais il devait minimiser les séquelles. Physiquement, il n’y en aurait probablement pas mais psychiquement ce serait autre chose. Il connaissait suffisamment Kaori pour savoir qu’elle allait à l’encontre de ses rêves.  

 

- Avant de procéder à l’intervention, je veux qu’on parle. Je vais t’épargner les deux semaines d’attente mais pas l’entretien. Comment tu t’en es rendue compte à part l’absence de douleur ?, lui demanda-t-il.  

- Ca fait une semaine que j’ai des nausées au réveil et je suis fatiguée., lui dit-elle après quelques secondes de silence.  

- Donc tu as acheté un test., supposa-t-il.  

- Non, c’est Ryo qui l’avait acheté il y a un moment juste au cas où… Il voulait pouvoir agir vite si besoin.  

 

Le Professeur était étonné de la démarche mais ne dit rien. La peur n’évitait pas le danger, son protégé était suffisamment prudent pour prendre les devants.  

 

- Quand as-tu fait le test ?  

- Ce matin au réveil après avoir été malade. J’avais besoin de savoir., murmura-t-elle.  

- Non. En fait je devais savoir… pour pouvoir faire le nécessaire et régler le problème., corrigea-t-elle.  

- C’est un bébé, Kaori., lui rappela-t-il.  

 

Elle lui lança un regard noir et, malgré sa colère, les larmes coulaient.  

 

- Vous croyez que je ne le sais pas. J’attends un enfant de l’homme que j’aime, pour qui je donnerai ma vie. C’est mon rêve de pouvoir fonder une famille depuis que je suis gamine. Mais ce n’est pas ma vie que je vais donner pour Ryo, c’est celle de notre bébé… Notre bébé…, répéta-t-elle.  

 

Brusquement, tout cela était trop pour elle et elle craqua. Elle laissa couler les larmes de désespoir face à ce qu’elle s’apprêtait à faire. Elle allait tracer un trait définitif sur son avenir.  

 

- Quand ce sera fait, je voudrais qu’on programme une autre intervention. Je ne veux plus que ça arrive. Ca fait trop mal., dit-elle entre deux sanglots.  

 

Le médecin la regarda, les yeux écarquillés.  

 

- On en reparlera dans quelques temps si tu le veux mais je refuse de le faire aussi vite., lui déclara-t-il.  

- Kaori, qu’as-tu ressenti quand tu as découvert le test positif ?  

 

Elle baissa les yeux et regarda ses pieds, tentant de reprendre son calme.  

 

- J’ai… J’ai été heureuse l’espace de quelques secondes. Une joie profonde, immense qui m’a submergée avant que je ne sois rattrapée par la réalité.  

- Qui est ?, l’encouragea-t-il à poursuivre.  

- Qui est que Ryo ne veut pas d’enfant et que si je veux le garder, il faudra que je m’en aille., répondit-elle.  

- Tu l’as envisagé ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle leva les yeux vers lui et il y lut la culpabilité.  

 

- Oui., murmura-t-elle.  

 

Elle avait osé envisager de garder l’enfant au détriment de son couple. Pendant quelques minutes, elle l’avait envisagé. Le quitter et partir avec leur enfant. Egoïstement accepter de devenir mère et oublier d’être sa femme. Elle l’avait envisagé trop longtemps à son goût, ce qui expliquait son empressement à vouloir en finir avec cette grossesse. Lorsqu’il n’y aurait plus de bébé, il n’y aurait plus que question à se poser.  

 

- Mais c’est Ryo que j’ai choisi en toute connaissance de cause. Je savais ce qui se passerait si je tombais enceinte. Ca me fait mal mais c’est la seule possibilité., dit-elle.  

 

Et dire qu’elle avait mal était une expression bien faible pour ce qu’elle ressentait. Elle se sentait anéantie, dévastée, au bord du gouffre. Elle aurait aimé ne pas être seule et pouvoir en parler mais jamais elle ne le ferait. Ce serait le seul moment où elle l’évoquerait, une fois l’opération effectuée, elle ne rouvrirait jamais cette parenthèse.  

 

- On peut y aller maintenant ?, demanda-t-elle, la voix brisée.  

- Je… oui., fit-il, ne sachant quoi ajouter.  

 

Ils sortirent du bureau et gagnèrent la salle de naissance. Il la fit s’installer allongée sur la table, les pieds dans les étriers. Elle l’entendit manipuler le matériel.  

 

- Je vais insérer le speculum puis la canule. Ca risque d’être désagréable., la prévint-il.  

 

Ca le fut. Elle était à quelques secondes de perdre le cadeau le plus précieux que Ryo lui ait fait, que la vie lui ait fait. Elle sentit les larmes couler sur son visage et s’obligea à visualiser quelque chose qui détournerait son attention. Ce fut l’image de Ryo qui s’imposa à elle, l’image du jour où Sasha avait perdu leur bébé, où il avait avoué que ça lui faisait plus mal qu’il ne voulait l’admettre…  

 

A l’appartement, Ryo tournait en rond anxieusement. Cela faisait trois heures qu’elle était partie. Il s’était attendu à la voir revenir bien plus vite. Peut-être que le Professeur avait détecté un truc anormal ? Elle était passablement fatiguée depuis quelques jours, elle couvait peut-être quelque chose de grave ?  

 

- Ca va, Ryo ?, lui demanda Sasha, descendant les escaliers.  

- Oui, oui., répondit-il d’un air absent.  

- Où est le container à poubelles ? Le sac dans la salle de bains était plein., lui dit-elle en le lui montrant.  

- Donne-le-moi, je vais le descendre.  

 

Ca l’occuperait deux minutes. Sans attendre, il lui prit le sac des mains et sortit. Il dévala les escaliers. Distrait, il ne fit pas attention et cogna contre la rambarde de l’escalier le sac qui explosa, répandant son contenu à terre. Il grommela en regardant tout ce qu’il devrait ramasser. Heureusement pour lui, il n’y avait rien de spécialement féminin là-dedans, pensa-t-il en se comprenant.  

 

Ayant ramassé le plus gros, il se tourna pour monter chercher un balai quand il tomba sur d’autres déchets et son regard se posa sur une boite blanche, une boite qu’il connaissait très bien pour l’avoir achetée au cas où. Voyant le film plastique un peu plus loin, son estomac se noua. Il attrapa la boite et la secoua, entendant un bruit à l’intérieur. Il ouvrit le carton et sortit l’espèce de stylo. Il vit deux marques dessus et chercha la notice pour savoir ce que cela signifiait. Quand il trouva enfin le papier, il le déplia fébrilement et se sentit pâlir : Kaori était enceinte…  

 

Secoué, il s’assit sur les marches de l’escalier. Elle attendait leur bébé. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Elle devait être aux anges… Non, réalisa-t-il soudain. Elle devait être au trente sixième dessous : elle portait un enfant tout en sachant qu’il n’en voulait pas, que son seul choix, c’était l’avortement ou la séparation. Il avait été clair sur le sujet, très clair même, et il lui avait déjà dit à plusieurs reprises de diverses façons. Ils ne pouvaient pas avoir d’enfant pour sa sécurité, pour la leur, parce qu’il ne serait pas capable de protéger une personne de plus… Pourtant…  

 

Pourtant il avait acheté ce test sur un coup de tête, un jour où il avait eu des doutes. Il savait quand elle avait ses règles et, ce mois-là, elle avait eu quelques jours de retard et une conjonction de signes qui lui avaient laissé penser que… mais quand il était rentré, elle était pliée en deux à cause de la douleur. Il n’y avait plus lieu de s’inquiéter alors il avait inventé cette excuse bidon qu’il faudrait agir vite au cas où et il avait rangé le test dans l’armoire à pharmacie. Bizarrement, chaque fois qu’il l’ouvrait, ses yeux se posaient dessus et un pincement au coeur le prenait mais, comme pour tout ce qu’il n’était pas prêt à admettre, il mettait un mouchoir dessus et tentait d’oublier.  

 

Il fit le vide dans son esprit pour réfléchir calmement. De combien pouvait-elle être enceinte ? Il revécut les dernières semaines, et se sentit pâlir une deuxième fois : comment avait-il pu passer à côté de cela ? Un mois de retard et il ne s’en était pas aperçu… Pourtant à y réfléchir, il aurait dû noter les autres signes : la fatigue, la perte d’appétit, la sensibilité accrue de sa poitrine ces dernières semaines. Il était passé au travers… Passé au travers ou il n’avait pas voulu voir ? Son esprit avait-il pu lui jouer le mauvais tour d’ignorer tout cela pour le mettre au pied du mur à un moment où ils n’auraient plus qu’une possibilité : avoir cet enfant ?  

 

Kaori avait-elle délibérément tu sa grossesse pour le forcer à l’accepter ? Non, ce n’était pas son genre. Elle était beaucoup trop droite pour cela. Où était-elle ? Pourquoi ne pas lui avoir parlé ? Où était-elle ? Réalisant soudain, il se leva et remonta les escaliers en courant. Il entra telle une fusée dans l’appartement sous le regard ahuri de sa sœur et décrocha le téléphone.  

 

- Décroche… Allez, décroche…, marmonnait-il inlassablement.  

- Allô ?, entendit-il.  

- Kazue, c’est Ryo. Kaori est encore là ?, demanda-t-il sans préambule.  

 

Il entendit le silence au bout du fil.  

 

- Elle vient de partir, Ryo., répondit-elle enfin, la voix chargée d’émotions.  

- Comment était-elle ? Elle est…  

- Je ne peux rien te dire, tu le sais bien. Elle pleurait. Prends soin d’elle. Au revoir., dit-elle avant de raccrocher.  

 

Il entendit la tonalité et mit quelques secondes avant de reposer le combiné. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Pourquoi ne lui avait-elle pas parlé ? Pourquoi avait-elle décidé d’y aller seule ? Pourquoi ne lui avait-elle pas laissé une chance de lui dire qu’il voulait ce bébé avec elle ? Que ce qu’il n’avait pas été prêt à accepter d’une autre, il était prêt à l’accepter d’elle ? Il ne la blâmait pas parce que c’était lui qui n’arrêtait pas de rabâcher qu’il ne voulait pas d’enfants mais dernièrement c’était plus pour se convaincre lui, pour combattre l’envie qui naissait dans son coeur contre toute logique. Il avait tué leur bébé et certainement tué une partie de sa mère.  

 

- Ryo, que se passe-t-il ?, demanda Sasha, posant une main sur son épaule.  

- Rien qui ne te regarde pour le moment. Sasha, Kaori va certainement bientôt rentrer et nous avons besoin de parler. Au risque de te paraître grossier, tu peux nous laisser ? Je peux appeler Mick et lui demander de te faire visiter la ville si tu veux., lui proposa-t-il, tentant d’adoucir la chose.  

- Je veux bien., dit-elle déçue.  

- Sasha, ça n’a rien de personnel. On a juste besoin de quelques heures à deux pour régler un souci.  

- Je comprends.  

 

Ryo appela son ami qui se fit une joie d’accepter et arriva dans les dix minutes. Fidèle à lui-même, il fit une entrée en fanfare dans l’appartement, s’élançant sur Sasha, la bouche en coeur, et fut accueilli par le magnum de son copain.  

 

- Kaori n’est pas là ?, demanda-t-il, surpris de ne pas recevoir un coup de massue.  

- Non. Tu peux faire visiter Tokyo à Sasha ? Tokyo Mick, pas les love hotels, compris ?, le prévint le nettoyeur.  

- Promis. Mais si on est fatigués ?…, tenta-t-il.  

 

Ryo arma le chien de son magnum et Mick recula les mains en l’air.  

 

- On est en super forme ! Pas fatigués du tout !, se défendit-il.  

- Mademoiselle ?, dit-il en lui tendant son bras.  

 

Sasha jeta un dernier regard inquiet vers Ryo puis se tourna vers Mick et accepta son geste galant. Il se posta à la fenêtre et les vit partir. Il regarda sa montre impatient et préoccupé : Kaori n’était toujours pas rentrée. Il espérait qu’elle n’avait pas fait de bêtise ou qu’elle n’avait pas eu d’accident… Malgré son envie de bouger pour se calmer les nerfs, il resta immobile à la fenêtre, les yeux rivés sur l’espace devant leur immeuble. Elle devrait forcément passer par là.  

 

Il dut patienter encore dix minutes avant de voir la panda franchir l’espace et se diriger vers le garage et encore dix minutes avant d’entendre des pas dans l’escalier. Rien qu’au son de ses talons, à son allure, il savait dire que ça n’allait pas. La culpabilité revint en force. Il avait encore une fois tout foutu en l’air et fait du mal à la femme qu’il aimait. Il l’avait forcée à prendre une décision difficile en mettant fin à la vie qu’ils avaient créée. Comment lui dire maintenant qu’il aurait voulu ce bébé ? Que s’il lui avait parlé plus tôt, elle n’aurait pas eu à souffrir cela ? Il ne pourrait pas changer ce qui venait de se passer et réparer ce mal-là. Tout ce qu’il pouvait faire maintenant, c’était être là pour elle car elle en aurait certainement besoin.  

 

Kaori s’arrêta devant la porte et tenta en vain de se recomposer un visage impassible. Sentant qu’elle n’y arrivait pas, elle pria pour que personne ne fut dans le salon et qu’elle put se réfugier dans sa chambre sans être vue. Tentant de calmer ses nerfs et de réprimer les larmes qui revenaient inlassablement, elle ouvrit la porte et entra dans l’appartement. Ryo était là devant elle, un regard sombre posé sur elle. Elle tressaillit et se sentit pâlir quand elle vit ce qu’il tenait encore en main : elle reconnaîtrait ce capuchon bleu entre mille. Sentant ses jambes faiblir, elle s’appuya contre la porte et baissa les yeux, son visage inondé par les larmes.  

 

La voyant si démunie, Ryo sentit son coeur se briser. Il approcha d’elle et la regarda. Comme il aurait voulu faire disparaître sa détresse mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait que l’aider à traverser cette épreuve.  

 

- Kaori…, l’appela-t-il doucement.  

 

Elle releva les yeux vers lui, le fixa un instant et se jeta dans ses bras ouverts. Elle pleura toutes les larmes de son corps, sans se douter que l’homme à ses côtés laissait également libre court à son chagrin… 

 


Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de