Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Auteur: Mercury80

Status: Complète

Série: City Hunter

 

Total: 22 chapitres

Publiée: 09-09-19

Mise à jour: 03-10-19

 

Commentaires: 34 reviews

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DrameRomance

 

Résumé: La soeur de Ryo revient dans sa vie, à la recherche de ses origines. Suite de "Le coeur et ses raisons"

 

Disclaimer: Les personnages de "Les liens du sang" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Les liens du sang

 

Chapitre 14 :: chapitre 14

Publiée: 25-09-19 - Mise à jour: 25-09-19

Commentaires: Bonjour, un nouveau chapitre. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 14  

 

Debout devant une maison traditionnelle japonaise dans une banlieue éloignée de Tokyo, Kaori attendait le signal des deux personnes qui l’accompagnaient. Ryo et Sasha observaient la bâtisse avec un regard qui en disait long sur leur état mental : ils étaient anxieux. Ils voulaient savoir tout en appréhendant ce qu’ils allaient apprendre.  

 

- Vous savez, on peut rester des heures à attendre ici mais ça ne changera pas ce qui se dira., leur signala Kaori, légèrement ronchonne.  

 

Ca faisait après tout déjà une demie-heure qu’elle patientait et commençait à avoir mal aux pieds et au dos. Elle leur tendit à chacun un bras.  

 

- Allez, on bouge. On va aller frapper à la porte, se montrer polis, ne pas poser trente-six questions à la fois. Prêts ?, leur demanda-t-elle.  

 

Elle ne leur laissa cependant pas le temps de répondre et les entraîna dans l’allée qui menait à la maison. Arrivés sur le perron, elle frappa à la porte et une dame d’un certain âge vint leur ouvrir.  

 

- Bonjour.  

- Bonjour, Madame Saya ? Je suis Kaori Makimura et voici mon compagnon Ryo et sa sœur Sasha., les présenta Kaori.  

 

La vieille dame ne répondit pas et fixait les deux d’un regard chargé d’émotions. Kaori sentait l’impatience grandissante de ses deux compagnons et ficha un coup de coude à son mari pour le sortir de son mutisme.  

 

- Bonjour, Madame., bredouilla-t-il.  

 

Ces deux mots sortirent la dame de son observation. Elle les dévisagea une dernière fois l’un et l’autre avant de s’effacer pour les laisser entrer.  

 

- Vous ressemblez tellement à Makoto et Aiko…, murmura-t-elle, émue.  

- C’est ce que leur ancienne voisine nous a dit., répondit Ryo.  

 

Elle les dirigea vers le salon et leur proposa un thé qu’ils acceptèrent. Après quelques minutes d’un silence malaisé, Kaori engagea la conversation.  

 

- Leur voisine nous a dit que vous aviez employé Aiko.  

- Oui, j’avais besoin d’une secrétaire et elle s’est présentée. Elle a travaillé pour moi jusqu’à la fin de sa deuxième grossesse. C’était une femme consciencieuse et très intelligente. Elle voulait arrêter de travailler pour s’occuper du petit Ryo mais j’ai réussi à la persuader de continuer en lui permettant de venir avec lui.  

- Co… comment était-elle ?, demanda Ryo.  

 

Il avait du mal à contenir les émotions qui se mélangeaient en lui. C’était étrange de penser qu’il avait eu une mère qui s’était préoccupée de son bien-être au point de vouloir cesser de travailler. Il sentit la main de Kaori se glisser dans la sienne et la presser légèrement.  

 

- C’était une femme sensible et courageuse. Elle était très dévouée à sa famille, son mari d’abord, puis son enfant. Elle les aimait énormément, même leur deuxième enfant. Je me souviens du jour où je l’ai vu après son accouchement. Elle était effondrée. Elle n’a jamais su se remettre de la mort de cette petite fille qu’elle attendait., leur apprit-elle.  

 

Sasha les regardait, ne comprenant pas tout ce qui se disait. Elle sentait l’émotion environnante, percevait celle de son frère mais aurait aimé comprendre. Kaori attira son attention et lui traduisit ce qui venait d’être dit. A la fin, la chanteuse se mit à pleurer pour cette mère qu’elle n’avait pas connue mais qui l’avait aimée.  

 

- Et Makoto, vous l’avez côtoyé ?, relança Kaori après quelques minutes.  

- Un peu. C’était un homme droit et honnête. Il était ouvrier dans le bâtiment. Il travaillait dur pour pouvoir mettre de l’argent de côté et offrir une belle vie à leurs enfants et à sa femme. Quand j’avais parfois des bricoles à faire, il venait m’aider. Mon mari travaillait comme officier sur des bateaux de la marine marchande et il lui arrivait de partir en mer de longs mois. J’étais alors seule avec mon fils. Mais Makoto était là pour ces petits soucis domestiques et Aiko éclairait mes journées par sa bonne humeur.  

- Vous sembliez beaucoup les apprécier., murmura Sasha dans un japonais débutant.  

- Oui. Je les connaissais suffisamment pour cela. Pour d’autres, ils semblaient froids et distants mais c’étaient des gens discrets et réservés. Ils n’étaient pas habitués à faire parler d’eux. Ils voulaient vivre leur vie simplement, s’aimer, élever leurs enfants et vieillir ensemble. Ils ne demandaient rien de plus.  

 

Ryo baissa les yeux. Il se sentait honteux. La vie qu’il menait n’était pas celle que ses parents auraient voulue pour lui et il avait le sentiment de les déshonorer. Pourraient-ils comprendre un jour, là où ils étaient, qu’il avait fait de son mieux pour survivre ? Il imagina la vie qu’ils auraient aimée pour lui : le voir grandir et entrer à l’école, faire ses études, aller à l’université peut-être, trouver une travail et après… Il aurait rencontré une jeune femme que ses parents auraient approuvée, se serait marié et aurait eu des enfants. Il vivrait dans une petite maison comme celle-ci ou comme celle qu’ils avaient eue, il passerait les fêtes familiales avec eux, fêterait son anniversaire… Tiens, il ne se souvenait même pas de la date réelle à laquelle il était né et s’en fichait à vrai dire. Il n’avait retenu que l’année : 1963…  

 

Il posa les yeux sur Kaori qui écoutait Madame Saya leur raconter des morceaux de vie. Auraient-ils aimé Kaori ? Elle était tout pour lui mais eux l’auraient-ils aimée ? Auraient-ils apprécié son côté garçon manqué, son caractère franc et indépendant ? Auraient-ils résisté à son grand coeur, son sourire dévastateur ? Peut-être mais il était sûr que la question ne se serait jamais posée car il ne l’aurait jamais rencontrée. Tout ce qui était sa vie n’aurait jamais existé et aujourd’hui la vie qu’il menait comptait plus que tout.  

 

Il releva le menton en signe de défi. La vie qu’il avait ne leur plairait peut-être pas mais c’était sa vie, celle dont il n’avait aucune envie de changer. Il avait fait des erreurs et en payait le prix parfois mais il aimait sa vie, il aimait celle qui la composait et celui qui allait venir compléter l’équation. Si ses parents étaient des gens bons, ils comprendraient et veilleraient sur leur famille. Sinon…, bah tant pis. Il avait été habitué à être orphelin...  

 

- Ryo ? Ca va ?, l’interpela la voix douce de Kaori.  

 

Il sentit sa main sur sa joue et se focalisa sur elle. Son regard était inquiet et il se força à lui sourire.  

 

- Oui, j’étais perdu dans mes pensées, désolé., répondit-il simplement.  

 

Elle l’observa intensément puis fit un léger signe de tête. Elle sentait que ses pensées avaient été profondes et certainement douloureuses. Elle le voyait à la lueur de ses yeux.  

 

- Si tu ne veux pas aller plus loin, je peux rester avec Sasha., lui proposa-t-elle.  

- Quoi ?!, s’étonna sa sœur.  

 

Kaori se tourna vers elle et lui lança un regard d’avertissement. Elle ne voulait pas la brusquer mais elle avait tendance à oublier que ses attentes n’étaient pas forcément celles de Ryo et que chacun devait être ménagé, même lui. Il avait beau être un nettoyeur fort et prétendument dénué de sentiments, elle connaissait l’homme et savait qu’il était beaucoup plus torturé qu’on ne le pensait et que toute cette histoire ne le laissait pas insensible.  

 

Sasha baissa les yeux face au regard de sa belle-sœur. Elle ne pouvait pas croire que son frère la lâcherait maintenant, qu’il ferait marche arrière et fermerait la porte sur le passé. Elle s’était dit que connaître cette partie de leur vie les rendrait plus proches et elle ne voulait pas qu’il se retira, pas maintenant alors qu’ils touchaient au but. C’était sans compter sur Kaori, Kaori qui veillait comme une louve sur tous ceux qui l’entouraient, et surtout Ryo, Kaori dont elle ne pouvait se permettre de se la mettre à dos car elle était devenue comme une sœur pour elle et qu’elle lui permettait de mieux comprendre son frère. Donc si Kaori lui faisait comprendre de le laisser, elle abdiquait.  

 

Madame Saya les regarda tour à tour, surprise. Elle avait compris que Ryo était le frère de Sasha et le compagnon de Kaori. Étonnamment sa femme semblait bien mieux le connaître que sa sœur. Se pourrait-il qu’elle eut raconté l’histoire de ce couple à des personnes que ça ne concernait pas ?  

 

- Pourquoi pensez-vous que les Ito soient vos parents ? Vous Ryo, je peux comprendre, Aiko ne cessait d’utiliser ce diminutif mais vous, vous ne portez pas le même prénom et la petite Hime est morte., déclara-t-elle, soudain méfiante.  

- Ryo ?, réitéra Kaori, inquiète.  

 

Elle était prise entre trois feux : celui de protéger son homme, celui d’aider Sasha et celui de rassurer Madame Saya. C’était dur de satisfaire tout le monde.  

 

- Je reste. Tu peux lui expliquer, s’il te plaît ?, murmura-t-il.  

 

Elle acquiesça et sentit une main se glisser dans son dos comme en soutien muet.  

 

- Sasha et Ryo se sont retrouvés par hasard il y a un peu plus d’un an. Ils ne connaissaient pas leur lien et l’ont appris par hasard également. Il y a quelques mois nous avons entrepris des recherches sur la base des quelques éléments que nous avions en notre possession. Le fait que Ryo avait été victime d’un crash d’avion avec ses parents quand il avait environ trois ans et l’existence de cette sœur de deux ou trois ans sa cadette.  

- D’accord. Mais à part la ressemblance, comment vous expliquez que Sasha serait Hime ?  

- Nous avons appris l’existence possible d’un trafic d’enfants en activité dans les années soixante. Des enfants dont la mère aurait accouché par césarienne et déclarés morts-nés. Sasha a perdu ses parents dans un accident de voiture aux Etats-Unis. Ses parents n’étaient pas ses parents biologiques et aucune trace d’adoption n’a été retrouvée. Il y a pour nous un faisceau suffisant de preuves pour accréditer la supposition de Makoto et Aiko Ito étaient leurs parents à tous deux.  

- Mais pour cela, une analyse biologique serait nécessaire, non ?, demanda Madame Saya.  

- Oui, répondit simplement Kaori.  

 

Le bébé bougea et elle éprouva le besoin de s’étirer le dos. Elle se laissa aller contre le dossier du divan, sentant la tension de la journée lui tomber dessus.  

 

- Ca va ?, lui demanda Sasha, soucieuse.  

- Oui, ne t’inquiète pas. J’ai juste besoin de m’étirer un peu la colonne.  

 

Elle sentit la main de son mari monter et descendre doucement le long de son dos, ce qui lui fit du bien.  

 

- Madame Saya, savez-vous où nous pourrions retrouver la famille de nos parents ?, l’interrogea Ryo.  

 

Il avait repris le dessus sur ses émotions en partie et devait reprendre le contrôle de la conversation. Il sentait que Kaori fatiguait et qu’ils s’étaient déjà beaucoup reposés sur elle. Autant de stress n’était pas bon dans son état et elle devait être ménagée.  

 

La vieille dame les regarda tour à tour attristée puis poussa un long soupir.  

 

- Vos parents sont nés pendant la seconde guerre mondiale. Leurs familles bien qu’étendues vivaient à Nagasaki.  

 

Un sentiment d’irrémédiable tomba sur Ryo et Kaori.  

 

- Leurs familles ont été totalement décimées par la bombe qui est tombée le neuf août 1945. C’étaient les seuls survivants., acheva-t-elle.  

- Je… J’ai besoin de prendre l’air., répondit Ryo, l’air sombre.  

 

Il n’attendit pas leur réponse et se leva puis sortit de la pièce. Contrairement à ce qu’elle pensait, Kaori n’entendit pas la porte claquer. Elle-même sous le choc, elle tentait de ne pas se laisser submerger par l’émotion et avait posé une main sur son ventre. Madame Saya avait baissé le regard. Elle avait également perdu de la famille de cette manière mais c’était à Hiroshima trois jours auparavant. Sasha n’avait pas compris la conversation. Elle avait juste reconnu le nom Nagasaki. Elle toucha la cuisse de Kaori pour attirer son attention et demanda, presque sans le vouloir tellement elle appréhendait la réponse, ce qui s’était dit.  

 

- La famille de vos parents vivait à Nagasaki au moment des bombardements nucléaires de 1945. Ils étaient les seuls rescapés., lui résuma Kaori, d’une voix inégale.  

- Je… je ne comprends pas., murmura-t-elle, son cerveau refusant de fonctionner.  

- Vous n’avez plus de famille en vie., déclara la nettoyeuse.  

 

Elle vit la chanteuse pâlir sous le coup puis se lever et sortir à son tour. Comme elle les comprenait tous les deux… Elle savait ce que c’était de devoir supporter de perdre une nouvelle fois une famille, de connaître la joie et l’espérance de l’avoir retrouvée pour finalement apprendre que l’on n’était plus que deux… Elle avait elle aussi traversé cette épreuve et en ressentit à nouveau le trouble.  

 

Ryo était dehors sur le perron. Les doigts tremblants, il avait sorti une cigarette et tirait dessus avec rage mais aujourd’hui la nicotine ne suffisait pas à faire son effet. Il se faisait violence pour ne pas monter en voiture et allait écumer les bars de Tokyo. L’alcool lui apporterait l’oubli mais celui-ci ne serait que momentané. Demain la douleur reviendrait et il pourrait toujours recommencer à la noyer dans le whisky ou le sake mais elle reviendrait encore le surlendemain et ainsi de suite.  

 

Ses parents étaient orphelins, comme lui l’avait été. Il avait le sentiment que toute sa vie, toutes leurs vies avaient été biaisées depuis le départ. Il n’était pas du genre croyant mais il devait admettre qu’il commençait à avoir des doutes et la pathologie de leur enfant ne faisait qu’accroître ce sentiment. Il était maudit, non ? Ce ne pouvait être autre chose. Ses parents étaient morts, sa sœur avait été enlevée, son enfant était en danger de mort… Que devait-il en penser ?  

 

Ils étaient désormais seuls au monde. Ils ne pourraient jamais prouver leur filiation. C’était étrange : il n’avait jamais eu l’intention de le faire lui-même mais il était presque sûr que Sasha l’aurait fait et il aurait ainsi su. Il aurait pu parler de son père et de sa mère, de sa famille, celle d’avant tout du moins. Mais non même là l’incertitude régnerait. Même ce droit-là leur était refusé.  

 

Il exhala un long nuage de fumée, le regardant s’évaporer dans l’air. Il pouvait désormais tirer un trait sur cette recherche. Il n’obtiendrait pas plus de renseignement. Il devait maintenant se concentrer sur les deux sujets chauds du moment : Tanaka et la grossesse de Kaori. Ce salaud allait payer pour ce qu’il leur avait fait. Il se donnait quelques mois pour trouver des preuves et soulager quelques familles si c’était encore possible, sinon… sinon il regretterait de s’être attaqué aux Ito.  

 

Soudain, la porte d’entrée s’ouvrit et Sasha déboula devant lui. Elle s’immobilisa et le regarda, perdue. Elle était livide et ses yeux emplis de larmes. Il lui tendit les bras et elle se jeta contre lui, se laissant aller à pleurer. Elle était désespérée. Elle avait vraiment cru qu’elle rencontrerait des membres de sa famille biologique, qu’elle renouerait le contact et trouverait sa place. Elle avait espéré pouvoir retrouver une identité grâce aux moyens actuels, ne plus être une Jane Doe mais elle ne le pourrait pas. Ses parents n’étaient même pas enterrés au Japon. Leurs corps avaient entièrement brûlés dans l’avion en Amérique Centrale. Leur stèle au cimetière était vide…  

 

Elle se sentait désemparée et seule. Elle ne savait plus quoi faire, ni dire, ni penser. C’était trop injuste. Sa vie ressemblait à une énorme farce où on lui reprenait tout ce qu’elle avait : ses parents, son frère, son bébé… Il fallait que ça cesse.  

 

- Promets-moi de ne pas me laisser, Ryo., gémit-elle.  

- Je te le promets. Tu es ma sœur, Sasha. Tu fais partie de ma famille., répondit-il.  

- Merci., souffla-t-elle.  

 

Elle enfouit son visage contre lui et laissa sa colère et sa tristesse sortir. Ryo la tint serrée contre lui sans rien dire. Il aurait été de toute façon incapable de sortir le moindre mot, même pas une vanne douteuse. Certaines choses ne devaient pas être évitées. Ils devaient affronter cette épreuve tous les deux pour pouvoir aller de l’avant.  

 

Ils restèrent ainsi de longues minutes puis lentement se séparèrent. Main dans la main, ils rentrèrent dans la maison et retrouvèrent Kaori et Madame Saya. Elles étaient restées silencieuses pendant tout ce temps, chacune perdue dans ses pensées. Ryo s’assit à côté de Kaori, Sasha se tenant sur son autre côté.  

 

- Ryo…, murmura Kaori, inquiète.  

- Ca va aller. Avec un peu de temps, ça ira. Ne t’inquiète pas. L’important maintenant, c’est le futur., la rassura-t-il, posant une main sur son ventre.  

 

Il sentit le bébé bouger sous sa main et cela lui apporta un peu de réconfort. Il s’emploierait à lui donner une belle vie. Ce que son père n’avait pu faire pour lui, il le ferait pour son fils.  

 

- Quand j’y pense, quel gâchis… Sans votre enlèvement, ils n’auraient jamais pris cet avion., déclara soudain Madame Saya.  

 

Tous les trois la regardèrent étonnés. Elle lut l’incompréhension dans leurs yeux et explicita.  

 

- Une semaine avant cette… catastrophe, votre mère avait reçu un appel téléphonique. Elle m’avait dit à plusieurs reprises qu’elle sentait que vous n’étiez pas morte., dit-elle en regardant Sasha.  

- Dire que je ne l’ai jamais crue… Après cet appel, ils ont pris l’avion pour les Etats-Unis. Elle m’a assuré que, lors de leur retour, vous seriez quatre, qu’Hime serait de retour. Moi je l’ai prise pour une folle… Si vous saviez ce que je m’en veux…, avoua la vieille dame, essuyant ses larmes.  

 

Kaori traduisit rapidement pour Sasha qui se leva et alla à ses côtés, lui prenant la main doucement.  

 

- Vous ne pouviez pas savoir. Peu de personnes le pouvaient : le médecin et les personnes qui m’avaient adoptée., tenta-t-elle de la soulager.  

 

Kaori se tourna vers Ryo. Il avait la mâchoire crispée et le regard noir. Ses parents avaient été fauchés alors qu’ils allaient rechercher leur fille, lui avait vu sa vie basculer du tout au tout à cause d’un seul homme. Sans Tanaka, il ne serait jamais monté dans cet avion, ne se serait pas trouvé dans la jungle et fait tout ce qu’il avait fait. Pas de Kaibara, pas de PCP, pas de tueries,… Sans Tanaka, il n’aurait pas eu à affronter toute cette souffrance  

 

L’homme que vit Kaori lui fit peur. Elle sentait la rage en lui. Elle ne l’avait jamais vu aussi en colère depuis qu’ils se connaissaient. Instinctivement, elle voulut retirer sa main, impressionnée, mais, soudain, son regard laissa paraître un flash de douleur et elle le prit dans ses bras, l’entourant de sa chaleur et de son amour. C’était plus fort qu’elle. Elle connaissait son côté sombre et, malgré tout, elle ne pouvait qu’être là pour lui : au-delà des vœux prononcés pendant leur mariage, elle savait que c’était sa place. Si lui la sauvait des bandits, elle le sauvait de lui-même. C’était le rôle qui lui était imparti et elle ne faillirait pas.  

 

- Il va payer…, l’entendit-elle murmurer.  

- Oui, Ryo. On fera ce qu’il faut., répondit-elle.  

 

Le fils de Madame Saya rentra soudain chez lui et observa la scène, inquiet.  

 

- Maman ?  

- Tout va bien, Kinji. Ce sont les personnes dont je t’avais parlées hier soir. La conversation a duré un peu plus longtemps que prévu., le rassura-t-elle.  

- Nous allons vous laisser, Madame Saya. Nous vous remercions pour ces précieuses informations., lui dit Kaori, se levant, machinalement imitée par Ryo et Sasha.  

- J’aurais aimé avoir de meilleures nouvelles pour vous.  

- Ne soyez pas désolée. Savoir qu’ils ont été heureux et qu’ils nous ont aimés, c’est déjà beaucoup. Nous ne pourrons peut-être pas prouver notre filiation mais, dans notre coeur, nous avons retrouvé nos parents., intervint Ryo.  

- Ryo a raison. Nous avons retrouvé nos parents. C’est bien plus que ce que l’on espérait. Merci Madame Saya., compléta Sasha.  

- Bonne soirée à vous. Bonne soirée à vous également Monsieur Saya. Merci de nous avoir reçus., leur dit Kaori en s’inclinant légèrement.  

 

Ils se saluèrent puis partirent. Le silence dans la voiture était lourd et personne n’osa le briser. Arrivés à l’appartement, Ryo se dirigea vers la salle de tir et y passa une heure, vidant barillet sur barillet. Sasha s’enferma dans sa chambre pour faire le point sur ce qu’elle avait appris et digérer les informations et émotions. Kaori elle monta dans leur chambre et s’allongea sur leur lit. Elle décrocha le téléphone et appela Sayuri.  

 

- Allô ?, répondit une voix ensommeillée.  

 

Kaori regarda le réveil et réprima un cri de honte. Elle n’avait pas fait attention et il n’était que cinq heures du matin à New York.  

 

- Désolée Sayuri, je n’ai pas fait attention., dit-elle précipitamment.  

- Je te laisse, rendors-toi.  

- Kaori, attends !, cria Sayuri pour se faire entendre.  

- Quoi ?, répondit la nettoyeuse sans comprendre.  

- Si tu m’appelles sans faire attention, c’est que tu as besoin de parler. Je t’écoute, petite sœur.  

 

Kaori prit quelques secondes et lui expliqua l’entrevue de l’après-midi. Après quelques minutes, elle eut terminé et un blanc s’en suivit.  

 

- Eh bien quelle histoire… Comment va Ryo ?, demanda Sayuri.  

- Il est furieux et déterminé à mettre Tanaka hors d’état de nuire. Sasha est perdue, je pense. Elle va avoir besoin d’un peu de temps pour s’en remettre.  

- Et toi ?, l’interrogea son aînée.  

- Moi ?  

- Oui toi ? Tu sembles oublier que tu es au milieu de tout ça alors que tu es enceinte. Comment tu te sens, Kaori ?  

- Je… Je ne sais pas. J’ai l’impression de revivre le moment où on a enfin parlé de tout cela à coeur ouvert. C’est dur et je veux être là pour eux. Ils ont besoin de soutien.  

- Je sais, ma belle, mais pense à toi aussi et au bébé. Ryo et Sasha vont devoir trouver en eux le chemin pour se sortir de là. Et concernant ce médecin, je comprends votre besoin de le faire payer mais, s’il te plaît, essaie de te tenir le plus éloignée de tout cela pour votre sécurité à tous les deux., lui demanda Sayuri, inquiète.  

- Ryo n’a pas l’intention de me faire jouer un grand rôle dans l’histoire. Je ne ferai que les recherches et, pour une fois, je m’en contenterai. Ma priorité, c’est notre fils., répondit Kaori.  

- Ok, je préfère cela. Mais dis-moi…  

 

Elles discutèrent encore quelques minutes au téléphone puis raccrochèrent. Epuisée, la nettoyeuse s’endormit juste après avoir posé le combiné et ne se réveilla qu’au moment du dîner. Entre temps, Ryo était remonté et l’avait trouvée ainsi. Au vu de l’épreuve de l’après-midi, il la laissa se reposer et décida de prendre une douche pour chasser cette sensation de tension qu’il ressentait dans tout le corps. Il y resta un long moment jusqu’à sentir la raideur de ses épaules s’effacer puis sortit et se rhabilla. Il descendit voir sa sœur qui s’était elle aussi endormie.  

 

Se posant dans le fauteuil, il attrapa un cahier qui traînait là et un stylo et posa par écrit tout ce qu’il savait de Tanaka. Il contacta le Professeur pour obtenir plus d’informations sur ce médecin, puis Mick, Falcon et Saeko pour voir s’ils en avaient de leur côté ainsi que sur un éventuel réseau de trafic d’enfants remontant aux années soixante, les liens avec un clan, en bref tout ce qu’ils pourraient lui remonter…  

 

Son dernier appel fut pour le traiteur du coin. Il n’avait pas spécialement faim mais il fallait garder un semblant de normalité dans leur vie. Sasha et lui devaient reprendre le dessus rapidement pour ne pas peser sur la santé de Kaori et lui devait mener sa mission à bien. Il se donnait quatre mois, jusqu’à l’accouchement de Kaori. Une fois ce délai passé, il réglerait la situation à sa manière.  

 

Peu avant l’arrivée du livreur, Sasha se réveilla et trouva Ryo dans le salon. Son regard noir la fit frémir mais elle ne laissa pas tomber et s’approcha de lui.  

 

- Je veux t’engager, Ryo. Je veux que tu règles son compte à ce type… définitivement., lui demanda-t-elle, le regard d’un bleu glacial.  

- Il a fait trop de mal à notre famille. Ton prix sera le mien., ajouta-t-elle.  

 

Ryo se leva posément et vint lui faire face. Elle soutint son regard sans faillir.  

 

- Je ne veux pas de ton argent. Je vais essayer de le faire tomber légalement d’abord et, si je n’y arrive pas, je ferai ce que j’ai à faire mais je refuse ton contrat., répondit-il.  

- Pourquoi tu…, objecta sa sœur, énervée.  

- Parce qu’il refuse que tu aies cela sur la conscience., expliqua Kaori qui descendait les escaliers.  

- N’est-ce pas, Ryo ?, lui demanda-t-elle, plongeant son regard dans le sien.  

 

Il soutint son regard sans faillir et acquiesça. Elle approcha de lui et il l’enlaça, la serrant contre lui. Il avait besoin d’elle, de son amour, de sa chaleur. Elle était sa vie, sa lumière. Il haïssait cet homme qui risquait de faire renaître son côté sombre.  

 

- Ryo, tu me protèges mais je suis aussi impliquée que toi. Qui sera là pour toi si je ne peux le faire ?, intervint Sasha.  

- Moi… C’est mon rôle. Nous sommes partenaires à la vie à la mort., répondit Kaori.  

 

Sasha regarda le couple plongé dans le regard l’un de l’autre. Une aura particulièrement forte se dégageait d’eux comme si, ensemble, ils étaient invincibles, comme si rien ne pouvait les atteindre. 

 


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