Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 20 capitoli

Pubblicato: 23-01-11

Ultimo aggiornamento: 29-10-12

 

Commenti: 125 reviews

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GeneralDrame

 

Riassunto: Jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?

 

Disclaimer: Les personnages de "La Guerre des Anges" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Guerre des Anges

 

Capitolo 9 :: Un geste inattendu

Pubblicato: 13-05-11 - Ultimo aggiornamento: 18-05-11

Commenti: Coucou ! Alors étant donné que ce wekk-end je vais encore cavaler, j'espère que cela ne vous dérange pas si, comme il y à 15 jours, je maje un peu plus tôt. Je tiens encore à vous remercier pour vos coms qui sont un élan pour persévérer dans cette histoire. Je tiens aussi à rassurer celles et ceux qui comme M.K. espèrent une fic plus "douce"; sachez que je suis actuellement en collaboration sur un projet à quatre mains avec ma Cris dans ce domaine. Soyez un tit peu patientes et qui sait, peut-être cela influera aussi sur cette fic en cours... En attendant je vous souhaite un très bon week-end et une bonne lecture. A bientôt, BIIISOUUUSS !!!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

Elle était la seule à blâmer pour ce qu’elle vivait. L’enfermement. La solitude. La souffrance. Après le départ de l’homme qui était la cause de tous ses maux, Kaori était restée impassible au temps qui passait comme aux allées et venues de ses geôliers. Rien de ce qu’elle pouvait dire ou faire ne changerait sa situation. Ils ne lui disaient rien et ne lui demandaient rien. C’était aussi bien. Elle s’était trompée sur toute la ligne. Elle s’était leurrée en pensant que tout serait simple. Il suffisait de sauver une vie mais qui la sauvera, elle ?  

 

Son calvaire oppressant prit fin alors qu’elle ne l’espérait plus. Deux gardiens vinrent la chercher et docilement elle se laissa guider au travers des couloirs gris et des portes grinçantes. Puis elle reconnut le chemin. Ils la ramenaient à sa cellule. Le soulagement aurait du l’envahir mais Kaori se demandait quel tour vicieux ce Ministre lui gardait encore en réserve. Il lui avait démontré qu’il manipulait aussi bien les gardiens que les détenues. Sans un regard pour sa compagne de cellule, Kaori s’avachit sur son lit et tourna son corps meurtri vers le mur.  

 

- Ils y ont pas été de main morte. Lança Angie qui avait vu le visage tuméfié de Kaori ainsi que les marques au niveau du cou et sur ses poignets. Qu’est-ce que tu leur as fait ? D’abord les Couguars ensuite les matons, t’aime les ennuis toi. Tu les attires comme un aimant !  

 

- Oui je sais… on me le dit souvent, ça doit être vrai ! Ironisa sèchement Kaori sans se retourner.  

 

Angie se sentait maladroite. Depuis le temps qu’elle était ici, elle avait oublié ce que c’était de se montrer plus amicale et accueillante envers autrui. Son orgueil et sa méfiance acquise ici l’empêchaient de reconnaître ouvertement que dans un sens cette femme lui avait sauvé la vie lors de cette bagarre. Elle ne se sentait pas redevable car elle s’en serait sortie comme d’habitude mais ce geste l’avait malgré tout touchée. Peu de femmes ici en aurait fait de même. Elles ne se connaissaient pas. Angie avait été distante et menaçante avec cette nouvelle. Pourtant elle n’avait pas hésité à s’interposer entre cette lame et elle. Quand Angie avait remarqué que l’affrontement était un coup monté, elle n’avait pu s’empêcher d’y participer. Ici elle était crainte et respectée mais elle ne tolérait pas une telle lâcheté. Quatre contre une ce n’était pas loyal.  

Elle regardait le dos voutée de sa colocataire. Elle savait ce qu’elle vivait car elle-même en avait bavé avant de s’imposer et de trouver sa place.  

 

- Ecoutes, depuis on ne parle plus que de toi et crois-moi l’autre va se tenir à carreaux avec toi pendant un temps… mais ça ne durera pas. Sans le savoir tu as choisi ton camp dans cette prison et si tu laisses tout ça te bouffer, personne ne pourra plus rien pour toi.  

 

- Mon camp ? Quel camp ? S’emporta Kaori en faisant face à Angie. Je n’ai rien choisi du tout ! Je n’ai pas choisi d’être là ! Je n’ai pas choisi de me faire cogner et harceler ! Tout ce que je demande maintenant c’est qu’on me foute la paix !!  

 

Kaori était hors d’elle. Sa compagne n’était pourtant pas responsable de son état mais elle n’avait personne d’autre à qui s’en prendre pour toutes ses erreurs. Et peut-être était-ce encore un piège. Tout ça la dépassait totalement.  

 

- C’est toi qui vois… on partage la même cellule et tu as pris un coup pour moi… j’ai une dette envers toi mais je ne te proposerais qu’une seule fois de la régler. Ici personne ne survit seul et si c’est ça que tu cherches, c’est pas un souci. Répondit calmement mais sèchement Angie avant de grimper sur son lit.  

 

Kaori ne répondit rien. Elle resta de longues minutes, debout à fixer la petite fenêtre à barreaux alors que ses poings se serraient. Quels espoirs avait-elle encore ? A qui pouvait-elle faire confiance quand elle-même doutait de tout ? Lasse, elle rejoignit sa couche et se laissa sombrer dans ses pensées incohérentes tandis qu’une nouvelle nuit débutait ici.  

 

Au matin, Kaori se réveilla quelque peu soulagée d’être à nouveau dans sa cellule. Ces murs elle les haïssait depuis son arrivée mais d’une certaine manière, elle en avait besoin pour se rassurer. Elle avait retrouvé un peu de son calme et de ses esprits lorsque les dernières paroles de sa compagne lui revinrent en mémoire. D’une certaine façon, celle-ci l’avait remerciée et avait fait un premier pas vers elle. Kaori n’avait pas trouvé mieux de la repousser et de s’enfermer seule dans son coin. Le geste d’Angie était certes maladroit mais Kaori ne pouvait pas passer son temps ici à se cacher. Elle avait besoin d’une alliée et Angie était ce qui se rapprochait le plus peut-être d’une amie. C’était mieux que rien.  

 

La sentant remuer au-dessus d’elle, Kaori su qu’elle était aussi réveillée :  

 

- Combien de temps suis-je « partie » ? Demanda-t-elle faiblement.  

 

- Quatre jours.  

 

Kaori fit rapidement le calcul. Plus les deux qu’elle avait déjà passé en cellule, cela faisait presqu’une semaine qu’elle était en prison. A ce rythme, il ne resterait pas grand-chose d’elle. Même si son état actuel n’était pas au beau fixe, elle devait s’endurcir et vite. Il lui fallait un guide en la matière.  

 

- Qu’est-ce que tu attends de moi en échange de… de ta « protection » ? Lui demanda-t-elle alors.  

 

- Rien. On sera quitte et tu seras tranquille.  

 

- C’est tout… ? Je fais partie de ton camp et la vie sera belle et douce…, ironisa avec sarcasme Kaori.  

 

- Plus ou moins. Ca dépend de toi à un détail près… tu as su prouvé ta force et ta détermination mais il te manque une chose pour être une Rose Noire…, ajouta Angie en descendant du lit et en la regardant droit en face.  

 

Angie allait en dire plus lorsque l’alarme annonçant le réveil officiel sonna. Le rituel commença en silence. Au réfectoire, Kaori tenta de manger un peu mais son visage et sa mâchoire la faisaient souffrir. Juste avant de la sortir du cachot, un médecin était venu constater son état mais il lui avait juste refilée des cachets pour la douleur. Ceux-ci ne l’aidaient pas réellement. Néanmoins, la douche fut salvatrice pour Kaori qui tentait de panser ses blessures au mieux. Ignorant ses maux, elle se demandait ce que lui cachait Angie sur les Roses Noires. Kaori se doutait déjà qu’elles étaient les ennemis des Couguars. « Et les ennemis de tes ennemis sont tes amis », se souvenait-elle avoir entendu quelque part. Elle espérait que cela soit vrai ici aussi. Encore méfiante, Kaori gardait ses distances avec tout le monde ici. Personne ne lui chercha querelle. Même les Couguars la laissaient tranquille. Les hématomes qu’affichait Kaori suffisaient à lui vouer un certain respect. A ce moment, toutes les détenues confondues semblaient partager sa douleur. Un répit semblait lui être accordé.  

 

Après le repas de midi, Kaori rejoignit sa cellule. Elle ne faisait partie d’aucune corvée aujourd’hui et aucune autre activité à par s’isoler ne l’intéressait.  

Angie la rejoignit peu de temps après et lui fit signe de la suivre.  

Intriguée, Kaori hésita avant de lui emboiter le pas. Elles sortirent de la cellule et se dirigèrent vers la salle commune. Sans rien dire, d’autres femmes rejoignirent leur duo. Ensemble, elles se rendirent dans une pièce qui servait de débarras. Kaori était étonnée qu’aucun gardien ne surveille mieux les allées et venues des détenues.  

 

- Ils ne sont sur notre dos que si on le veut. Fit remarquer Angie en voyant Kaori scruter les alentours. Tu as devant toi les Roses Noires au complet. Angie fit les présentations avant de s’arrêter devant la dernière femme :… et voici Kara. C’est elle qui va faire de toi un membre à part entière de notre groupe, sourit-elle fièrement.  

 

- Heu… je crois qu’on s’est mal comprise, recula Kaori en dévisageant Kara qui était loin de ressembler à une femme.  

 

- Mais non idiote ! Pour qui tu nous prends ! Ici chaque clan a ses règles et un signe distinctif. Crois-moi, il est utile de pouvoir identifier son ennemi ou ses amis.  

 

- … vous voulez me coller une étiquette ? Demanda inquiète Kaori qui ne comprenait pas bien où elle voulait en venir.  

 

- En quelque sorte… mets ça dans ta bouche et serres fort. Fit Kara en lui tendant un épais morceau de tissu.  

 

- C’est un passage obligé, un mauvais moment à passer…, encouragea Angie alors qu’elle faisait signe à ses comparses d’aller surveiller à l’extérieur.  

 

- Mets-toi à ton aise, je n’en ai pas pour longtemps. Lui indiqua Kara en sortant une aiguille et de l’encre noire.  

 

Les femmes guettaient la réaction de Kaori. Si elle reculait maintenant, elles ne lui en voudraient pas mais par la suite ce qu’il pouvait lui arrivée ne les concernerait pas. Toutes étaient passées par là. Aucune ne le regrettait. Elles exposaient clairement leur appartenance et la vie ici se faisait plus simplement. Par ce geste, Kaori devait choisir si elle voulait survivre avec elles ou s’enterrer toute seule.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Ryô n’éprouvait aucun scrupule. Il avait fait ce qu’il avait à faire. Ses indics ne lui donnaient rien. Saeko, toujours en restant à distance de lui, était aussi au point mort. Et dans chaque regard qu’il croisait, il voyait dans les yeux de ses amis qu’ils attendaient qu’il agisse enfin. Alors il avait fait ce que son instinct lui avait dicté. Endossant ce rôle qui lui collait à la peau, Ryô avait traqué sa proie. Il avait attendu patiemment qu’elle s’isole et guetté le moment propice à son attaque. Ceci était un jeu d’enfant pour lui et, pour Kaori, il était prêt à tout. Il ne pouvait ni la voir ni l’entendre mais cet « homme » oui. Et cela était tout ce qui lui importait. Tous les moyens étaient bons pour se rapprocher d’elle et garder un lien avec elle. Il avait alors revêtu son visage impénétrable et, sans aucun scrupule ni hésitation, il avait enlevé celui qui était l’avocat de Kaori.  

Ryô avait été très surpris en constatant sa jeunesse et sa naïveté sur cette affaire. Etrangement il lui faisait penser à sa partenaire. Malgré tout, le nettoyeur ne s’était pas laissé amadouer par ces yeux peureux et lui avait fait comprendre sans détour ce qu’il voulait et surtout ce que ne devait pas faire ce jeune freluquet. Apparemment le message était bien passé et leur association était en bonne voie jusqu’à ce moment :  

 

- Comment ça les visites sont interdites ?! Vous êtes son avocat alors débrouillez-vous pour la revoir ! Cria de rage la voix froide.  

 

Depuis que cet homme avait pris contact de manière brusque et qui ne tolérait aucun refus, Iro Ly avait bien compris que le contrarier n’était pas envisageable. Cet homme sombre qui le dominait par sa taille et sa force, s’intéressait de près à son affaire en cours. Iro était terrifié. Comme la première fois, cet homme sortait de nulle part et semblait connaître ses intentions avant même qu’il n’y pense lui-même. L’avocat ignorait toujours son identité mais il en savait et devinait assez pour savoir qu’il valait mieux ne rien demander et obtempérer. Iro était peut-être jeune et novice mais se retrouver face à ce genre d’homme ne l’incitait pas à chercher la fuite. Il y avait quelque chose chez cet homme qui lui faisait froid dans le dos et même s’il ne lui avait pas dit clairement, il valait mieux pour lui de ne même pas penser à le dénoncer. Le représentant de la loi espérait que peut-être cette collaboration puisse aussi lui apporter certains éclaircissements sur son affaire. Mais en cet instant le petit maître hésitait à lui révéler ce qu’il savait.  

 

- Pourquoi ne peut-elle pas avoir de visites et ni même passer de coup de fil ?! Réitéra cette voix qu’il connaissait bien maintenant.  

 

- Pour les appels, elle n’y a pas le droit tant qu’elle n’est pas passée en jugement. Il n’y a que les condamnées qui peuvent appeler et ceci pendant vingt minutes maximum et bien sûr sur écoute, débita l’avocat. Par contre… en ce qui concerne une prochaine visite… ça lui est interdit tant qu’elle sera… en isolement…, finit-il sa phrase dans un murmure alors qu’il enfonçait sa tête dans ses épaules et fermait les yeux.  

 

Quant il avait appris sa détention au trou, son sang avait bouilli de colère dans ses veines. Le pauvre jeune homme face à lui, qui avait osé révéler cet état, craignait maintenant pour sa vie face au regard noir et empli de rage qui le toisait :  

 

- Pour quelle raison ce châtiment ? Grogna son interlocuteur, les poings serrés.  

 

- Une… une bagarre…, avoua l’avocat en reculant doucement.  

 

Ces derniers mots tournaient en boucle dans sa tête. Ryô avait laissé l’avocat en plan après lui avoir signifié de vite trouver un moyen pour la revoir et de l’avertir de tout nouveau changement. Il avait alors déambulé dans les rues sans but précis. Tout son esprit était accaparé par cette bagarre et cette mise au trou. Ce qu’il redoutait tant se produisait. Non seulement il était incapable de la protéger mais en plus elle subissait la vie carcérale de manière violente pour se retrouver seule et démunie. Il en avait assez de subir son absence et son incarcération de manière aussi impuissante et inutile. Il ne pouvait plus rester ainsi à attendre.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Kaori ne savait pas ce que demain lui réservait ni même quel chemin tortueux allait prendre son affaire. Elle n’avait aucune nouvelle de son avocat. Elle ne pouvait même pas le contacter. Alors même si faire partie d’une bande n’avait rien de réjouissant, elle avait décidé de prendre ce qui était à prendre. Elle devait se fondre dans le décor et en accepter les règles et les conséquences quoi qu’il lui en coûte.  

 

Cela faisait maintenant deux jours qu’elle avait passé son épreuve d’admission avec bravoure. Elle s’était laissée guider sur ses premiers pas en tant que Rose Noire. Elle était entourée et protégée. Elle évoluait dans une autre sphère. Elle était à l’abri des Couguars. Car maintenant s’en prendre à elle, c’était s’attaquer à toute une bande. Angie lui enseigna comment obtenir ce dont elle avait besoin. Ici tout se trouvait à condition de savoir à qui s’adresser et comment le demander. Un autre visage de la prison se montrait à elle. Même les gardiens avaient remarqué ce changement de position. Ceux qui étaient complices de ses stigmates toujours visibles, semblaient la considérer autrement même s’ils continuaient à la harceler de leurs présences et regards entendus. Kaori devait rester méfiante vis-à-vis de certaines personnes. Sa nouvelle appartenance ne lui garantissait pas une immunité complète. La menace et l’ombre de ce Ministre planait toujours autour d’elle.  

 

En attendant Kaori faisait connaissance avec ses nouvelles « amies ». Parmi elles, il y avait Mira, brune et de petite taille, c’était une jeune femme au tempérament doux et conciliant. Elle était la plus jeune du groupe et chacune veillait sur elle. Elle s’était retrouvée là pour vol à main armée. Entrainée par son petit copain du moment, ils avaient braqué une épicerie. Après une course poursuite avec la police, ils avaient décidé de se séparer pour mieux les semer. Seulement quand elle était venue le rejoindre comme ils en avaient convenus, son complice n’était pas au lieu de rendez-vous mais la police oui. Il était libre avec leur maigre butin et elle avait écopé pour deux. Kaori s’était instantanément prise d’affection pour elle.  

 

Il y avait aussi Kara, une femme de grande stature au physique peu reluisant. Elle ne passait pas inaperçue et sous ses airs bourrus se cachait une grande tendresse. Elle était là pour faux et usage de faux. Cela expliquait son grand art en dessin.  

 

Toutes étaient emprisonnées pour des motifs répréhensibles et certaines pour des faux pas encore plus graves. Comme Angie. Elle était incarcérée pour meurtre et ne regrettait nullement son geste. « C’était lui ou moi », voilà en quoi elle résumait son histoire. Elle travaillait pour un homme peu recommandable à emballer des petits sachets de drogue. Elle n’en était pas fière mais c’était tout ce qu’elle avait trouvé comme emploi pour payer son loyer et nourrir ses enfants. Elle ne se cherchait aucunes excuses, elle savait qu’elle n’en avait pas. Elle n’avait pas fait d’études, les rares hommes de sa vie l’avaient laissée en plan une fois qu’elle était tombée enceinte et le peu d’allocations que les services sociaux lui versaient étaient dérisoires par rapport à ses dépenses mensuelles. Alors elle avait pris un mauvais chemin de plus. Un soir dans un sursaut de prise de conscience elle avait dit « stop ». Son employeur était contre et l’avait menacée. Angie ne savait plus comment elle en était arrivée là, à tenir une arme entre ses mains mais elle se souvenait encore de cette force qui l’animait. C’était lui ou elle. Il était mort, personne ne le regrettait. Elle était en vie et payait ses erreurs.  

 

La plupart de ces femmes n’avaient pas de famille, pas d’exemple à suivre ni même une personne sur qui compter. Il leur avait été plus facile de faire les mauvais choix.  

 

Kaori avait été privilégiée. Après la mort de son frère, elle aurait pu basculer ou pas, mais elle avait eu quelqu’un pour veiller sur elle. Malgré tout elle avait quand même fait une erreur. Elle avait cru pouvoir s’en sortir sans lui.  

 

Les jours suivants passèrent sans trop de difficultés majeures. Kaori prenait le rythme et s’accoutumait aussi bien que possible à sa condition. Son quotidien devenait plus supportable et alors que son matricule était cité pour les corvées, Kaori fut aussi appeler pour une visite au parloir. Après sa douloureuse expérience, elle ne s’attendait pas à une visite amicale. Et le garde qui l’accompagnait avait confirmé son impression en lui dévoilant que c’était encore un avocat qui venait la voir. Apparemment ce n’était pas le même. Etait-ce encore une tentative pour la faire parler ? De quel côté allait-il être celui là ? Au fur et à mesure que ses pas la conduisaient vers le parloir, Kaori se renfermait sur elle-même. Elle se préparait déjà au pire. Malgré sa nervosité, elle se laissa donc calmement conduire jusqu’à la dite pièce et se posta contre un des murs en silence. Elle s’était éloignée du plus possible de la fenêtre et de sa lumière. L’angle où elle avait trouvé refuge, permettait de la dissimuler aux yeux de ceux qui entraient. Elle ne voulait pas qu’un étranger la voit dans cet état et en tire des conclusions hâtives par son apparence encore marquée. Elle voulait aussi réfléchir à comment parler « librement » sans que ses propos ne soient réinterprétés et répéter à mauvais escient. Adossée contre le mur, les mains jointes derrière elle, Kaori avait baissé la tête et attendait, énervée et soucieuse de ce que cette nouvelle visite lui coûterait.  

 

La porte grinça :  

 

- Faites-nous signe quand vous en aurez fini. Lâcha le gardien en refermant cette porte.  

 

L’homme qui avait pénétré dans cette pièce ne bougea pas. Kaori ne voulait pas lui accorder la moindre importance pour se retrouver à nouveau déçue et leurrée par ses faibles espoirs. Sans relever la tête elle s’adressa à lui d’une voix distante et ferme :  

 

- Si comme votre collègue vous espérez obtenir de moi ce que vous n’aurez pas vous pouvez repartir. Et ceci est valable pour tous ceux qui ignorent ce que veut dire le mot « confidentiel ».  

 

Il ne répondit pas et Kaori s’impatienta. Elle entendit ses pas résonner dans ce silence alors qu’il s’avançait vers la table pour y déposer sa mallette.  

 

Kaori ne bougeait toujours pas. Elle n’avait rien de plus à lui dire. Rien d’autre à attendre de cet inconnu. Qu’il lui dise ce qu’il avait à dire et qu’il s’en aille. Elle n’avait plus confiance.  

 

Constatant l’immobilité de la jeune femme, l’homme réfléchissait à la marche à suivre en enlevant ses lunettes pour les ranger dans sa poche intérieure. Sa cliente ne lui simplifiait pas la tâche si elle ne daignait même pas lui accorder le moindre regard. Elle semblait perdue dans ce monde où elle avait trouvé refuge et dans lequel elle semblait se sentir en sécurité. S’il avait bien compris ces propos, c’était alors à lui de lui prouver qu’elle pouvait lui faire confiance et pour cela il devait trouver un moyen de communiquer avec elle, loin de ces oreilles indiscrètes auxquelles elle avait fait allusion. Tout doucement, il contourna la table et alla à sa rencontre. Toute à sa progression, il ne cessa de la regarder, de la détailler. Ses vêtements amples ne cachaient en rien un corps amaigri. Ses cheveux tombants sur son visage baissé. Sa posture droite mais repliée. Sa respiration lente où pointait un agacement. Il avait cette douloureuse impression d’être le traqueur et elle la proie.  

 

Pourquoi ne disait-il rien ? Elle sentait sa présence se rapprocher. Qu’attendait-il d’elle ? Voulait-il l’intimider par ce silence et ce regard appuyé qu’elle devinait poser sur elle. Cela lui était insoutenable. Elle ne voulait pas lui accorder la moindre importance mais de toute évidence cet homme espérait quelque chose.  

 

- Restez où vous êtes ! Lâcha-t-elle en osant un regard furtif qui ne discerna qu’une silhouette découpée dans la lumière du jour.  

 

- Je ne vous veux aucun mal…, répondit une voix qui lui parut familière.  

 

En disant cela l’homme s’était encore rapproché. Kaori pouvait sentir son parfum et son souffle. Pour un avocat il avait de drôles de manières. Cette voix chaude et ce regard lourd de sens la mettait mal à l’aise. Elle aurait voulu se cacher encore plus profondément dans l’ombre plutôt que de subir ces attaques silencieuses et déplacées. Elle sursauta quand la main masculine lui fit relever le visage et son cœur s’emballa lorsqu’elle croisa ses yeux noirs.  

 

Elle ne lui laissait pas le choix. S’il voulait l’atteindre et communiquer avec elle autrement que par des mots, il devait la forcer à s’ouvrir à lui et à le regarder. Mais sa peur n’était pas la réaction qu’il espérait.  

 

La joie qu’il avait éprouvé en pénétrant dans cette pièce et en apercevant le corps frêle de la jeune femme s’était dissipée au fur et à mesure de son avancée. La posture qu’elle avait prise face à lui n’était pas une posture d’attaque contrairement au ton qu’elle avait employé pour lui parler. Elle était sur la défensive. Et maintenant qu’il pouvait sentir sa peau sous ses doigts et qu’il voyait réellement son visage, ses yeux noisette, sa bouche et son expression de panique, son propre regard doux et confiant se mua en quelque chose de froid et colérique.  

 

De ses prunelles attentives, il détailla chaque nuance que ce visage délicat arborait. Devinant chaque coup porté. Descendant doucement, ses yeux s’arrêtèrent sur cette lèvre abîmée. Du pouce, il caressa cette blessure, espérant peut-être la faire disparaître. Mais son regard se fit encore plus dur lorsqu’il constata cette empreinte qui lui barrait le cou. Apposant sa main sur cette ombre encore imprégnée dans cette chaire fragile, il réprima un grognement de rage en devinant la violence de ce geste. Il ne pouvait ôter ses yeux de cette marque qui était aussi large que sa main. Un homme l’avait touchée.  

 

« Ryô… », Kaori avait murmuré ce nom comme si le simple fait de le prononcer pouvait faire disparaître l’homme qu’elle voyait. Si c’était une illusion, elle ne voulait pas que cela s’arrête. Comment était-ce possible ? Il était là, avec elle. Elle reconnaissait maintenant son odeur et son aura. Elle s’attendait tellement au pire qu’elle ne s’attendait pas à lui. Elle n’avait pas su interpréter les signaux qu’il lui envoyait. A trop vouloir se protéger, elle n’avait pas vu ni même senti que c’était lui qui était entré dans cette pièce. Et maintenant que pensait-il en la voyant ainsi ? Elle ressentait sa colère soudaine alors qu’il la détaillait minutieusement. Elle aurait voulu se fondre dans le mur pour ne pas lui montrer sa faiblesse. Elle n’était pas à la hauteur de sa réputation. Elle se haïssait pour ses lacunes et pire que tout elle savait que de toute évidence, elle le décevait aussi. Elle ne pouvait plus supporter cette obsession qu’il avait pour sa peau marquée, alors pour se soustraire à cette observation assidue, Kaori attrapa cette main restée figée sur sa peau.  

 

Il avait bien entendu, elle l’avait appelé. Elle l’avait enfin reconnu. Sa voix lui avait manquée mais ce qu’il en percevait le faisait souffrir. Il ne pouvait pas la regarder en face. Il avait trop honte. Les hématomes qu’elle affichait, prouvaient son impuissance à lui à la protéger. Qui avait pu lui faire subir de telles choses ? L’avocat lui avait parlé d’une bagarre entre détenues mais ces marques étaient celles d’un homme… un gardien avait osé user de son pouvoir. Il mettrait un point d’honneur à le retrouver et à lui faire payer au centuple ses horreurs. Mais subitement ses pensées s’égarèrent. Qu’avait-elle enduré d’autre ? Il redoutait de lire la réponse dans les yeux noisette de la jeune femme. Ce fut alors que le contact de la main fraiche de Kaori se fit sur la sienne. Et tout naturellement, son regard se posa sur cette main et glissa le long du poignet où encore une fois des marques se montrèrent à sa vue. Elle avait été attachée. On ne lui avait laissée aucune chance de se défendre. Ses yeux remontèrent jusqu’aux siens pour lui demander pardon à défaut de pouvoir soulager sa douleur. Elle fuyait son regard. Sa respiration se faisait plus agitée, elle se sentait fautive. Elle ne le devait pas. Elle ne devait plus le fuir.  

 

Elle n’en pouvait plus. Jouer à la dure avec les autres lui était devenu presque ordinaire. Mais là, devant lui, elle se sentait si méprisable et si faible. Elle ne le voulait plus. Des larmes de faiblesse et de fatigue coulèrent lentement sur ses joues. Elle tremblait. Ses bras retombèrent le long de son corps. Elle baissait les armes. Elle en venait à souhaiter que quelqu’un vienne l’achever.  

 

Il sentit le froid l’envahir. Elle n’espérait plus. Son aura s’affaiblissait. Elle n’y croyait plus. Il se refusait de la laisser ainsi aller à la dérive. Il était là pour elle et avec elle. Il avait bravé des interdits pour être là aujourd’hui. Il ne l’abandonnerait pas maintenant. Il la sortirait de là, c’était une promesse qu’il se faisait pour eux deux. Mais pour cela, il fallait qu’elle comprenne ce qui les unissait. Il n’avait que peu de temps devant lui. Il avait bien compris qu’ici les murs avaient des oreilles et déjà les secondes silencieuses qu’ils partageaient ne le resteraient pas longtemps. Ryô devait la ramener à lui d’une manière qu’elle ne puisse ignorer. C’était à lui de lui montrer ce qu’il nourrissait depuis tant d’années à ses côtés et ce qui faisait sa force. Ce n’était ni le moment ni l’heure, il aurait préféré que cela se produise en d’autres circonstances, dans un endroit plus propice pour ce genre de déclaration, mais c’était dans l’urgence du moment que ce geste prenait toute sa valeur. Et cette fois-ci, il n’y avait aucune vitre pour interférer. L’un comme l’autre avait besoin de ce contact, de cet espoir et de cette force qui faisaient qu’ensemble ils n’étaient qu’un. L’enjeu était de taille et pas un instant Ryô ne douta de ce qu’il lui paraissait être de loin la meilleure décision qu’il n’ait jamais prise.  

Délicatement il passa un bras derrière sa taille pour la ramener à lui alors que son autre main enveloppait précieusement sa nuque. Il la caressa d’un regard aimant et tendre avant de presser son front contre le sien. Surprise, elle osa le regarder sans comprendre. Il lui sourit en murmurant une phrase qu’elle n’entendit pas. Sans la quitter des yeux, il avança doucement son visage afin de serrer sa bouche contre la sienne. Sa langue s’attarda sur la lèvre blessée avant que celle-ci ne s’abaisse pour lui accorder un accès entier.  

 

Ils se parlaient, sans barrières et sans mots.  

 

Ryô ne voulait pas la brusquer. Il la savait fragile. Il voulait juste lui insuffler la force qui lui manquait pour continuer à y croire. Il sentit ses larmes se mêler à leur baiser alors que les mains de Kaori s’accrochaient désespérément à sa veste. Il ne voulait plus la lâcher, jamais.  

 

Son ange aux ailes si brillantes d’espoir se mourrait et c’était à lui, l’ange de l’ombre aux ailes si noires et à l’âme si terne de la ramener vers la lumière qu’elle avait fait naître dans son cœur. Il voulait lui rendre cet espoir qu’elle lui avait un jour donné en entrant dans sa vie.  

 

 


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