Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 20 capitoli

Pubblicato: 23-01-11

Ultimo aggiornamento: 29-10-12

 

Commenti: 125 reviews

» Scrivere una review

 

GeneralDrame

 

Riassunto: Jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?

 

Disclaimer: Les personnages de "La Guerre des Anges" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

I sent an email, but I still can't get in the NC-17 section.

 

You have to send me an email using the link I put in the account management section. Also, the validation is done manually, so it takes time. If after a week, there's still no change, please check you gave me all the required data (pseudo, age) and that you are connected when you try to read the NC-17 fanfictions. You can also check the log of request validations. If I validated requests after you send m ...

Read more ...

 

 

   Fanfiction :: La Guerre des Anges

 

Capitolo 18 :: Le défi d’un homme

Pubblicato: 10-06-12 - Ultimo aggiornamento: 10-06-12

Commenti: Coucou à toutes et à tous !!! Par ce dimanche loin d'être ensoleillé par chez moi, voici la suite de notre aventure. Je vous souhaite une bonne lecture et une belle journée. Biiisouuuss !!! (^_^)

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

Ryô avait fait appel à Erika pour une seule et unique raison : le rendre méconnaissable. Il lui fallait un savoir faire expert en la matière et un regard avisé pour lui créer un nouveau visage. Il lui avait précisé l’endroit où il se rendait et dans quel but. Il avait été clair sur ce qu’il attendait comme résultat : faire de lui un homme classe et énigmatique. En un mot, personnifier le pouvoir. Erika l’avait suivi dans sa chambre, Ryô s’était installé sur son lit pendant qu’elle déballait ses accessoires et matériel. Et confiant il s’était laissé faire lorsqu’elle lui avait dit « Je vais faire de toi mon homme idéal ».  

 

Maintenant qu’il s’observait méticuleusement dans le miroir de la salle de bain, Ryô ne savait pas s’il devait se féliciter ou se blâmer d’avoir eu cette idée. Il avait revêtu le deuxième costume qu’il avait acheté. Sa métamorphose physique était complète. Il n’en revenait pas du reflet qu’il observait. Il ne se reconnaissait pas. Il n’avait plus le temps de tout défaire, il allait devoir apprivoiser cette nouvelle image. Mais comment avait-elle osé lui faire ça ?  

 

Sa crinière brune et épaisse avait disparu sous une perruque couleur poivre et sel. Chose inimaginable pour Ryô : il avait des cheveux blancs ! Il avait l’impression d’avoir vieilli d’au moins dix ans. Avec ça sur la tête, difficile d’affirmer avoir vingt ans. Il avait l’impression de souffrir de bouffées de chaleur. Pour discipliner ses vrais cheveux, Erika lui avait posé un filet de protection et le tout était dissimulé sous cette nouvelle chevelure. Ses nouveaux cheveux reflétaient peut-être un âge plus expérimenté et mature mais c’était au prix d’une incroyable chaleur qui le démangeait. Ryô cessa les assauts de ses doigts sur celle nouvelle coiffe lorsque Erika éleva ses menaces d’une voix courroucée : « N’abimes pas mon chef d’œuvre ou tu auras de mes nouvelles ! Maintenant montre-toi et fissa ! ». « Encore une minute ! », avait-il crié à son tour. Il n’avait pas fini son inspection.  

 

Ses yeux, d’ordinaire d’un noir profond lui conférant à son gré un regard de tueur qui pouvait anéantir n’importe quel ennemi ou faire chavirer plus d’un cœur, ne reflétaient plus la même intensité. Là aussi son regard était différent et cela changeait bien des choses en lui. Erika avait eu l’ingéniosité de lui mettre des lentilles pour « adoucir et ensorceler » avait-elle dit. Il comprenait maintenant. Cette couleur nouvelle, intense, nuancée et profonde, changeait presque sa façon de voir les choses, de se voir lui. Etait-ce vraiment possible de changer et d’être un autre dans un nouveau regard ?  

Délaissant ses yeux, les doigts de Ryô courraient sur cette toison qui avait poussée en un temps record sur son visage. A l’aide de colle et de vrais rajouts, Erika lui avait fait une barbe sur mesure. Douce, fine et savamment répartie, elle couvrait agréablement son menton et une partie de ses joues. Une fraîche barbe de trois ou quatre jours assortie à sa nouvelle couleur de cheveux, lui donnait l’air d’un mystérieux voyageur en quête d’aventures. Quelques touches de maquillage ici et là pour accentuer ou alléger ses traits le rendaient vraiment méconnaissable. Agrémenter d’une chemise argentée et de son costume aussi noir que la nuit, Ryô avait plus que du style. A n’en pas douter, il avait une présence, un nouveau charisme plus perceptible. Etait-il un riche héritier ? Un homme d’affaire à qui tout réussissait ? N’importe quel statut de haut vol siérait parfaitement à ce nouveau visage. Il n’aurait qu’à composer à son gré.  

Il se savait irrésistible en temps normal mais là, même lui pourrait tomber sous son charme malgré ses penchants accrus pour les beautés féminines.  

Confiant et sûr de lui, il s’ébouriffa les cheveux une dernière fois pour leur donner un côté un peu sauvage et inaccessible. Ce fût fier de lui qu’il descendit au salon, prêt à défier le regard et le jugement des autres.  

 

Au salon, Erika monopolisait l’attention avec ses explications sur les moyens employés pour achever son œuvre. Et elle fût très fière lorsque son modèle consentit enfin à se montrer. Le bruit de la tasse lâchée par Miki se brisant au sol résonnait tel un concerto d’applaudissements à ses oreilles. Erika prit le temps d’observer les regards et expressions des personnes présentes et se gonfla d’orgueil d’avoir atteint son objectif.  

 

Tous étaient étonnés et bluffés.  

 

Comme si de rien Ryô se laissa admirer et détailler en silence, en descendant calmement les escaliers. Une main sur la rambarde et l’autre dans sa poche de pantalon, Ryô laissait les autres s’émerveiller de ses nouveaux attraits. Un regard fier et séducteur, un sourire conquérant, alors que son torse se laissait deviner et caresser puisqu’il avait pris soin de défaire les trois premiers boutons pour plus de liberté. Arrivé en bas des marches, personne n’avait encore dit un mot, Ryô savait qu’il leur fallait accuser le choc mais ils n’avaient pas la soirée pour débattre de son nouveau « lui » :  

 

- Bah quoi ? Dites quelque chose ! Ca vous plait pas ? Il manque quelque chose ? Demanda Ryô en les toisant un à un et en tournant sur lui-même pour être sûr que personne ne perdre quoique ce soit de sa nouvelle personne.  

 

- T’es vieux ! Lâcha Mick qui fut le premier à réagir. T’as des cheveux blancs ! Se moqua-t-il en venant toucher la chevelure poivre et sel.  

 

- Bah les pattes faux frère ! T’es jaloux de l’attraction que je vais avoir sur les femmes ! Je vais les attirer comme des aimants…  

 

- Oui elles te proposeront de t’aider à traverser la rue, se plia de rire Mick.  

 

- Ne l’écoute pas Ryôchou, il ne connaît rien aux femmes et à ce qui leur plait, défendit Erika avant de s’adresser à Mick. Saches petit ignorant que ce n’est pas n’importe quel genre d’hommes qui se montre dans cet endroit. Ce n’est pas un lieu pour des petites frappes dans ton genre avec des manières dignes d’homme des cavernes, c’est la cour des grands. Il faut être sûr et confiant sans aucun doute possible laissant présager que tu n’es pas à la hauteur de ce que tu es venu chercher. Son objectif est d’obtenir des informations précises afin d’atteindre ce filou qui vous empoissonne la vie ! Rappela Erika à qui Ryô avait expliqué la situation dans les grandes lignes. Il ne suffit pas de boire et de couler des jolis mots aux hôtesses pour obtenir quelques faveurs, c’est un vrai rôle de composition et ce visage est une entrée en matière indéniable !  

 

- On dirait le Dr Mamour dans Grey’s anatomy… n’est-ce pas Kaori ? Fit Miki à l’attention de Kaori sans se soucier de l’état de Mick qui se faisait tout petit suite aux remontrances d’Erika.  

 

- Qui dans quoi ?..., demanda Ryô qui cherchait à savoir si c’était un bon signe ou pas.  

 

Même si Kaori approuvait silencieusement cette comparaison, elle ne pouvait soutenir le regard que Ryô lui portait en attendant lui aussi son avis. D’ordinaire et mise à part son côté obsessionnel, Ryô avait déjà un charme certain mais grimé ainsi cela était encore plus évident. Elle l’imaginait sans mal obtenir tout ce qu’il voulait avec un simple sourire ou même un regard. S’il adaptait son comportement à sa nouvelle image, aucune femme ne lui résisterait… et elle la première. Mais Kaori ne voulait pas se perdre ainsi en divagations. Donc pour toute réponse, elle opina de la tête en respirant profondément pour ne pas trahir ses émotions sur son visage.  

 

- La tenue et l’apparence collent mais il y a quand même quelque chose qui cloche…, reprit Miki. Et puis, es-tu sûr de pouvoir refreiner tes mauvaises manies ? C’est tenter le diable que de te rendre dans ce genre d’endroit.  

 

- Pour qui me prends-tu ? Je sais être un parfait caméléon et mettre de côté ce que vous prenez pour des défauts ! Je n’y vais pas pour m’amuser, je suis un professionnel ! Et lorsque j’ai un objectif à atteindre, rien ne peut m’en détourner ! Clama-t-il fièrement.  

 

- Un pro de la débauche ça c’est sûr ! Tu n’auras pas besoin de simuler de ce côté-là, ajouta Falcon.  

 

- Pour toi par contre ça va pas être une partie de plaisir « Monsieur-je-rougis-pour-un-rien » ! Tu vas nous griller en moins de temps qu’il n’en faut si tu te laisses aller à tes montées de chaleur à la moindre allusion ! Répondit Ryô.  

 

- T’as qu’à emmener quelqu’un d’autre avec toi ! C’est pas le choix qui manque ! Rétorqua Falcon.  

 

- On a déjà eu cette discussion et le sujet est clos ! Donc si plus personne n’a rien à ajouter on va pouvoir y aller. Fit Ryô à l’attention de tous.  

 

Tous se regardaient les uns les autres. Tout leur semblait opérationnel et il ne restait plus qu’à.  

 

- Ta voix…  

 

- Mm ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Demanda doucement Ryô à Kaori qui regardait enfin dans sa direction.  

 

- Miki a souligné que quelque chose clochait…, c’est ta voix. Elle est trop… chaude…, murmura-t-elle. Je ne sais pas comment t’expliquer mais elle contraste avec ta nouvelle apparence. Le prend pas mal mais tu as « vieilli » alors que ta voix non.  

 

Ryô ne s’offusqua pas de cette dernière remarque. Tout ce qu’il retenait c’était que pour Kaori il avait une voix chaude et cette idée lui plaisait. Mais pour l’heure il devait corriger ce détail qui pourrait le trahir :  

 

- Dis-moi quand elle te semblera plus adaptée, répondit Ryô en nuançant sa voix pour trouver la bonne tonalité.  

 

- Il faut qu’elle reste grave mais plus posée… plus expérimentée… c’est ta diction que tu dois maîtriser. L’assurance et la confiance que tu dégages doivent s’entendre mais ne pas s’imposer car ton image le fait déjà.  

 

- Aucun problème, il suffit de demander. Continua-t-il toujours en cherchant à atteindre ce que voulait Kaori. Je vois ce que tu veux, plus de sagesse, de maturité et moins de véhémence, dit-il doucement en se rapprochant pas à pas de Kaori.  

 

- Là c’est parfait ! Fit Kaori qui pour faire abstraction du Ryô qu’elle connaissait avait fermé les yeux. Tu es totalement quelqu’un d’autre…, lâcha-t-elle avec peine.  

 

Rouvrant les yeux, Kaori hoqueta de surprise de voir son partenaire si près d’elle. Sans comprendre comment ni pourquoi, elle se perdit dans ce regard vert bleuté que cet homme posait sur elle sans détour. Depuis qu’il était apparu parmi eux, elle avait veillé à ne pas s’y attarder mais concentrée sur sa voix, elle s’était laissée prendre par cette nouvelle couleur et cette proximité en rouvrant les yeux. Erika ne s’était pas trompée, avec ces lentilles cela lui adoucissait le regard. Il lui semblait plus facile de s’y fondre. Kaori se retrouvait attirée tel un papillon vers une flamme. Cette attraction était telle, qu’elle en oubliait qu’ils n’étaient pas seuls, qui ils étaient, qu’ils avaient une raison d’être là, que c’était Ryô Saeba derrière ce masque et non pas un inconnu croisé au hasard de la vie et à qui elle aurait aimé se confier.  

Ryô mesura pleinement l’attirance qu’il provoquait chez Kaori et cela le conforta à aller jusqu’au bout. Ses yeux noisette ne cachaient rien de ses émotions à son égard en ce moment. De la tristesse mais aussi une certaine admiration et peut-être un semblant de confiance qui revenait doucement. Il y avait autre chose aussi, un éclat faible et éphémère que Ryô ressentit vivement en lui. Alors qu’elle fixait son regard, il pouvait lire en elle tant d’émotions. Ryô savait qu’il était toujours plus facile de s’ouvrir à un inconnu et avec ce nouveau visage, c’était bien ce qu’il espérait mais pas avec elle. Il voulait qu’elle se livre à lui et non pas à ce qu’il paraissait être.  

 

- N’oublie pas qui se trouve en face de toi… Sugar, lui murmura-t-il du bout des lèvres en insinuant d’un regard appuyé qu’il savait ce qu’elle éprouvait en ce moment.  

 

Il ne voulait pas qu’elle lui préfère cette nouvelle image. C’était à lui, en ce qu’il était, qu’elle devait croire. Il ferait en sorte de lui rappeler qu’il n’avait pas que sa voix qui était chaude, alors qu’il se sentait devenir brûlant. Quelque soit son allure ou son image, ce qui les unissait était encore là, entre elle et lui Ryô Saeba. A contre cœur il décida de la reconnecter à ce qui les entourait et mit un terme à cette parenthèse visuelle :  

 

- Et puis tu me connais, je suis prêt à tout pour les faveurs d’une belle femme, reprit-il à l’intention de tous en transformant son nouveau visage par une moue rêveuse et pervertie par son imagination libidineuse.  

 

- … au fond tu restes le même…, fit Kaori, hésitante mais dépitée de voir que l’homme ne cherchait même pas à renier ses mauvais réflexes en rompant le charme qui les avait unis le temps d’un regard. Un chat reste un chat, ajouta-t-elle en haussant les épaules pour ignorer que cet aparté ait une quelconque incidence.  

 

- Quitte à me comparer à un animal autant que ce soit un étalon qui me correspond mieux… et c’est comme ça qu’on m’aime ! Clama Ryô, nullement dupe de la tentative désespérée de la jeune femme de minimiser ses effets, en reprenant son sérieux tout en accrochant de nouveau le regard surpris et troublé de Kaori face à cette révélation alors que les autres, loin de comprendre ce petit jeu, tombaient des nues.  

 

- Y a que toi pour croire à tes sornettes « Casanova » ! Siffla Falcon pour faire redescendre Ryô du piédestal d’où il s’était hissé.  

 

- Désolé les amis, je vois que tête de poulpe est pressé d’y aller donc ce n’est que partie remise, répondit Ryô dans un clin d’œil destiné à Kaori avant de reprendre pour Falcon : A près vous très cher, lança-t-il de sa nouvelle voix.  

 

- Compte pas sur moi pour être ton larbin !  

 

- C’est pour t’aider à être dans ton rôle, t’es sensé m’ouvrir les portes pour veiller au danger si nécessaire…  

 

- Là-bas peut-être mais d’ici là t’assureras tes arrières tout seul ! Lâcha Falcon alors que Miki venait l’embrasser avant qu’ils ne se quittent, ce qui ne manqua pas de faire rougir son mari au plus haut point.  

 

- Arrêtez vos simagrées, vous ne faites que reculer l’échéance. Dit Miki en devançant les éventuels mêmes reproches de Ryô à l’égard de la réaction cutanée de Falcon.  

 

- J’ai le droit à un bisou aussi avant d’aller au front ? Essaya Ryô qui pour toute réponse fut pousser dehors par la belle mercenaire qui ne voulait pas s’attirer les foudres d’Erika en abimant son chef d’œuvre par un geste déplacé.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Pour l’occasion, Ryô s’était aussi assuré les services d’une agence de location de voitures. Une voiture neuve et rutilante l’attendait donc à l’adresse qu’il avait indiquée en dehors de son quartier. Il signa le bon que lui tendit l’homme lui livrant la voiture avant qu’il lui donne les clefs.  

 

- Tu aurais pu choisir encore plus grand, histoire qu’on ne passe pas inaperçu. Fit remarquer Falcon en se glissant tant bien que mal au volant.  

 

- Je dois la rendre sans aucunes égratignures si je veux revoir ma caution alors ne penses même pas à arracher le siège comme tu l’as déjà fait sur ma Mini, répondit Ryô en prenant place à l’arrière.  

 

- Je vois pas du tout de quoi tu parles…, fit Falcon en démarrant le moteur.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Vingt minutes plus tard, ils arrivèrent sans encombre devant « L’Insatiable Appétit ». La zone était moins animée qu’en journée mais les activités n’avaient pas cessé pour autant.  

 

Sortant en premier de la voiture, Falcon en fit le tour pour aller ouvrir la portière à son « Boss ». Guettant les alentours, il accompagna Ryô jusqu’à l’entrée et frappa fermement à la porte avant de lui laisser la place.  

Comme Ryô l’avait remarqué lors de son repérage, un homme filtrait les entrées. Il les observa au travers d’un œilleton avant de leur demander d’un air méfiant :  

 

- Vous avez réservé ?  

 

- C’est dans les habitudes de la maison que de faire passer un interrogatoire au nouveau client à même la rue ? Répondit simplement et posément Ryô.  

 

L’homme les inspecta encore quelques secondes avant de consentir à leur céder l’entrée. Alors que l’épaisse porte s’ouvrait sur une entrée tamisée, Ryô y pénétra avec assurance et Falcon sur ses talons.  

Sans un mot l’homme leur fit signe de le suivre jusqu’à l’accueil, d’où une charmante hôtesse les observait déjà, situé dans un hall tout aussi tamisé que l’entrée. Quelques tables étaient savamment disposées ici et là avec plusieurs hommes et quelques femmes occupés à « se détendre en buvant un verre » mais sans réelle animation de leur part. Simplement pour donner l’illusion d’un bar assez cossu. « Des chiens de garde, on ne rentre pas ici comme dans un moulin », remarqua Ryô.  

 

- Bienvenue à « L’Insatiable Appétit ». Que puis-je pour vous ? Demanda d’une voix fluette et d’un regard aguicheur la jeune femme.  

 

- Un ami m’a vanté vos services et vivement recommandé votre établissement. Je viens donc juger par moi-même de ce que vous avez à offrir.  

 

- Puis-je savoir quel ami ?  

 

Ryô s’attendait à devoir faire référence à un initié mais il doutait que citer d’entrée de jeu le nom d’Akamatsu serait une bonne chose. Il lui fallait entretenir le mystère et attiser la curiosité. Alors sans se départir de son sourire et avec un regard appuyé, il reprit :  

 

- Il a particulièrement insisté sur votre capacité à garantir l’anonymat de vos clients et à respecter la discrétion qui est de mise ici… à moins que votre réputation ne soit surfaite ? Répondit Ryô en feignant une pointe d’agacement.  

 

La jeune femme le jaugea un instant. Cet homme d’un âge qu’elle ne parvenait pas à déterminer, était habitué à ce que tout lui soit céder avant même qu’il l’exige. Celui qui l’accompagnait en silence était de toute évidence son garde du corps. Ce genre d’hommes venait toujours accompagné la première fois, ensuite l’homme de main resterait sagement à attendre dehors dans la voiture pendant que son employeur s’octroierait quelques heures de « détente ». Ils avaient peut-être l’air propre et net sur eux mais elle savait pourquoi ils étaient là. L’habit ne faisait pas le moine et encore moins dans ces lieux. Mais elle avait des consignes précises concernant les nouveaux venus. Si elle ne pouvait obtenir plus d’informations avant de le considérer comme de nouveaux clients, elle devait alors laisser son patron en décider. Ce fut pour cela qu’elle appuya discrètement sur un bouton d’appel situé sous le comptoir d’accueil.  

Laissant le temps et le soin à leur hôtesse d’alerter le gérant de l’établissement, Ryô porta son regard sur la décoration sobre et classe du rez-de-chaussée. C’était un peu comme un sas de décompression avant de se plonger dans les affres de ce commerce peu ordinaire. Il se savait observé et pas seulement par les hommes présents qui se tenaient prêts à réagir au moindre claquement de doigts.  

Ryô allait relancer le débat lorsqu’une personne sortit de derrière le rideau de velours situé à la droite de l’accueil.  

 

- Monsieur, veuillez excuser la curiosité de mon employée mais vous comprendrez aisément qu’avant de garantir votre anonymat et d’observer une certaine discrétion à votre égard, nous devons un peu mieux nous connaître. Je me présente, je suis Ayano. A qui ai-je l’honneur ?  

 

Les caméras, habilement dissimulées, que Ryô avait repérées, avaient leur utilité étant donné que cette voix faussement mielleuse reprenait mot pour mot les termes de l’échange qu’avait eu Ryô avec l’hôtesse d’accueil.  

Cette femme, qui venait de les rejoindre, portait bien son nom : Ayano signifiant beauté sauvage. Il y avait quelque chose de félin dans sa démarche et sa posture accentuées par une robe ultra moulante de cuir rouge. Une longue chevelure brune tressée tombait en cascade sur son épaule gauche dénudée. Des yeux de biche d’un noir tout aussi intense qui vous dévoraient littéralement. Une bouche pulpeuse et avide soulignée par les traits fins d’un visage gracieux. Une peau dorée vous invitant à une dégustation privée. Elle était divine… divine et dangereuse. Pour preuves ses sourires appuyés qui contrastaient avec le regard critique qu’elle lui portait. D’ailleurs elle ne regardait que lui, ignorant sciemment la présence de Falcon et des autres personnes. Il était clair que c’était avec elle qu’il lui faudrait négocier son droit à jouir de quelques privilèges en ce lieu.  

 

- Vous me donnez votre prénom, je vous donne le mien : Kiyoshi. Ravi de faire votre connaissance. Sourit à son tour Ryô en acceptant la main qu’elle lui tendait. Serait-il possible d’approfondir notre rencontre dans un endroit plus enclin aux confidences ? La charma-t-il.  

 

Elle reprit sa main tout en le détaillant une dernière fois avant d’arborer un sourire de convenance :  

 

- Suivez-moi…nous serons plus à notre aise dans mon bureau. Indiqua-t-elle.  

 

Ryô remercia l’hôtesse à l’accueil avant d’emboîter le pas de son guide derrière le rideau.  

 

Falcon, qui suivait le duo sans un mot, reprit enfin sa respiration. Il n’était pas encore dans le vif du sujet que déjà il se sentait mal, maladroit et pas du tout à sa place. Rester silencieux n’était pas un souci pour lui mais faire office de chandelle pour ces simagrées de pseudo bonnes manières, très peu pour lui. Et puis comment rester indifférent quand la personne, qui était la cause de sa venue en ces lieux et accessoirement sur qui reposait cette « infiltration », se permettait de faire le clown. Pour le moment Ryô se tenait convenablement mais Falcon se doutait que cela ne durerait pas. Il devait rester aux aguets et le tenir à l’œil. Le géant qui se devait de rester impassible avait pourtant cru perdre son sang froid apparent en entendant le prénom dont s’était attribué le nettoyeur. Kiyoshi. Cela prêtait à rire tellement ce prénom ne correspondait pas, non seulement au lieu où ils étaient mais encore moins à la nature exubérante de l’énergumène qu’il connaissait. Comment Ryô pouvait-il croire que ce prénom, qui signifiait pur et sage, lui conviendrait ici et maintenant ? Un jeu de mot qui ne lui plaisait pas et qui ne leurrait personne, surtout pas cette croqueuse d’hommes qui pourtant semblait s’en contenter.  

Le couloir tapissé de velours qu’ils avaient emprunté, les menait à deux ascenseurs. L’un d’eux s’ouvrit, découvrant ainsi son intérieur : des parois d’ébène avec un grand et large miroir. Ryô observa le panneau des boutons des étages alors que son guide introduisait une clef spéciale au bas de celui-ci. Par ce geste, elle empêchait que l’ascenseur ne s’arrête à un quelconque étage. D’ailleurs lors de leur ascension, l’écran désignant d’ordinaire le décompte des étages restait vierge de tout chiffre. Cependant Ryô réussit à en déterminer le nombre en comptant les vibrations sèches et régulières lors du passage de chaque palier. Lorsque les portes s’ouvrirent, Ryô avait compté 8 paliers donc 8 étages. Pourtant de l’extérieur du bâtiment, cet étage ne se devinait pas. Les fenêtres apparentes mais teintées, placées sur la façade, cachaient très bien ce qu’elles devaient taire aux passants. Ils empruntèrent un nouveau couloir menant à unique porte gardée par un homme du même calibre que Falcon.  

Ryô comprit que ce qui allait suivre se passerait entre lui et cette Ayano. D’un geste de la main il fit signe à Falcon de l’attendre à l’extérieur. Ce dernier se planta face à l’autre gardien en feignant de remettre ses lunettes en place pour activer l’écouteur au creux de son oreille.  

 

- Je vous en prie, asseyez-vous, proposa la maîtresse des lieux en désignant l’un des larges fauteuils de cuir marron.  

 

Ryô acquiesça et il s’installa tout en portant un regard circulaire sur cette pièce savamment décorée. Il remarqua d’abord que cette pièce était beaucoup plus grande qu’elle ne l’aurait du. Deux pièces avaient été réunies pour n’en faire qu’une mais une séparation existait toujours, non plus par un mur mais par un large panneau de fil argentés qui ne cachait rien de ce qui se trouvait derrière. Dans cette partie un peu plus reculée de cet immense bureau, un espace était réservé à plus de détente avec une large banquette peuplée de moelleux coussins. Sur le guéridon disposé à côté, différents flacons d’huile en tout genre et quelques bougies pour plus d’intimité. Un portant avec des tenues plus affriolantes les unes que les autres. Il y avait aussi une large baignoire sur pied, assez grande pour accueillir deux personnes et laisser libre court à une détente aquatique. Ryô préféra ne pas pousser plus loin son observation et ses réflexions qui ne manqueraient pas de s’égarer sur le sujet pour en revenir au côté professionnel de la chose. Les murs capitonnés qui couvraient l’ensemble de ce bureau, pour préserver l’intimité, étaient habillés de tableaux très éloquents : des nus tout en ombre et lumière d’hommes et de femmes, des pauses très subjectives. Poursuivant son examen des lieux, Ryô passa lentement en revue cette bibliothèque largement fournie de livres ayant tous pour thème : le sexe et le plaisir. Il nota que la tenancière avait une belle collection de différentes éditions du même livre, le Kama sutra. Un sujet qu’elle devait maîtriser sur le bout des doigts. Dans une vitrine étaient exposés les accessoires de prédilection de la maîtresse de maison : des menottes cernées de fourrure, des boules de geisha et autres instruments de plaisir. Rien qui ne choque particulièrement Ryô à part peut-être cet objet rose qui dénotait un peu dans tout cet attirail noir et argent. Ryô s’était toujours demandé à quoi il pouvait bien servir… en quoi ce petit canard pouvait-il être une source de plaisir pour une femme ? Peut-être le découvrirait-il cette nuit mais pour l’heure, il devait se concentrer de nouveau sur la femme qui à son tour l’observait assidument. Sans pudeur, elle le déshabillait avec un sourire carnassier sur les lèvres. Sans complexe, il entra dans son jeu pour admirer d’un œil expert cette plastique parfaite qui se laissait détailler sans la moindre gêne. Même conscient de la tournure que pouvait prendre cet échange, Ryô ne pouvait dévier son regard.  

 

- Et si vous me disiez maintenant ce que je peux faire pour vous ? Fit-elle d’une voix sensuelle sans mettre un terme à cette contemplation qu’elle suscitait avec un certain amusement. Loin de moi l’idée de vous accabler de questions car peu m’importe qui vous êtes dans le monde mais vous comprendrez aisément que je dois m’assurer de vos intentions ici avant d’entreprendre une éventuelle alliance entre nous…  

 

Ryô ne l’écoutait que vaguement jusqu’à ce que son instinct l’alerte. Le fait qu’elle ne lui pose aucunes questions sur lui et comment il était parvenu jusqu’à elle le sortit de ses songes. Tout gérant qui tenait une telle affaire se devait de se renseigner un minimum sur ces clients. Comme devinant ses pensées, Ayano s’expliqua :  

 

- Vous l’avez dit vous-même, la discrétion est essentielle. Votre nom ne m’apportera rien en particulier s’il est faux…, lui sourit-elle. Nous avons tous quelque chose à cacher. Les gens n’arrivent jamais par hasard chez moi. Ils viennent pour se défaire de ce nom, de cette vie et ces chaînes qui les accablent. J’ai conçu ce lieu comme une terre libre… libre de s’exprimer et d’être qui l’on veut sans se sentir juger ou mépriser pour ce que nous ressentons. Je suis là pour vous aider à vous libérez de toutes ces contraintes du monde extérieur. Même si le respect et la confiance sont de rigueur ici, je ne vous demanderais pas d’être honnête avec moi… vos états d’âmes ne regardent que vous, par contre la sincérité est primordiale si nous voulons l’un et l’autre obtenir satisfaction. Me suivez-vous ?  

 

- Parfaitement, Répondit Ryô soulagé et ravi de ce que lui proposait son interlocutrice, ici pas de masques ou de faux semblants...  

 

- Bien mais avant de rentrer dans les détails, nous devons en régler un. Vous vous doutez que de telles libertés ont un coût. Ce n’est ni une vulgaire maison de passe ou même un cabaret où certains claquent des sommes dérisoires pour n’obtenir que du rêve. Les services que je propose sont comme un costume de grand couturier : un besoin identifié, un personnel de qualité… j’ai à cœur de connaître l’intimité de mes clients et de leur offrir du sur mesure. La satisfaction a un prix, fit-elle en faisant onduler ses courbes pour aller chercher un boitier électronique.  

 

Elle ne perdait pas de temps. Regardant ce qu’elle tenait entre les mains, Ryô comprit le but de cet objet. Par cet appareil, elle s’assurait dans un premier temps que le client avait les épaules et le compte bien solides pour s’assurer ses services très particuliers. Ryô gardait son sourire en la voyant taper des chiffres et se retint de suffoquer lorsqu’elle lui présenta le montant affiché sur le petit écran. Elle ne lui avait encore rien dévoilé de ses services plus que hors de prix s’il se référait à cette somme et pourtant elle semblait confiante et convaincue de ses honoraires. Il n’en dépensait même pas un tiers dans les cabarets qui déjà lui coutaient très chers. Sans faiblir, il inséra la précieuse carte prêtée par Saeko et laissa la petite machine faire son œuvre. Voilà pourquoi Ayano ne demandait rien directement à ses clients, tout ce qu’elle voudrait savoir d’eux, elle l’apprendrait par le biais des coordonnées bancaires. « En voilà un qui va être très surpris… », rit intérieurement Ryô en pensant au vrai propriétaire de cette carte de crédit.  

Lorsque le bip distinct annonça que la transaction était acceptée, Ayano reprit :  

 

- Bienvenue à « L’Insatiable Appétit », fit-elle plus joyeusement. Vous êtes venu chercher ce que vous ne trouverez nulle part ailleurs : des plaisirs inassouvis et inavouables… je vous propose de partir à la découverte de vos vices au travers des 7 péchés qui sont le thème de mon domaine. Alors dites-moi Kiyoshi, quel est votre péché mignon ? Fit-elle en se penchant plus en avant vers lui, ce qui ne manqua pas d’attirer le regard de Ryô sur une partie bien précise de l’anatomie féminine.  

 

Les 7 péchés capitaux… tous ces vices, Ryô les connaissait et c’était là qu’Ayano voulait en venir. Depuis le début, elle observait ses moindres réactions ou absence de réactions, dressant mentalement un profil. Les gestes et les attitudes étant plus criants que des mots surtout en ces circonstances. De plus, elle ne lui facilitait pas la tâche en attirant son attention sur autres choses que ses lèvres pulpeuses aussi rouges que sa robe et que d’une voix langoureuse elle prononçait son nom d’emprunt. Elle savait accrocher les hommes pour les mener où elle voulait. Il ne fallait surtout pas qu’il cède à cette tentation, à cette idée qui naissait dans son bas-ventre et qui le tiraillait de toute part, de lui sauter dessus comme il le ferait d’ordinaire face à une telle beauté et de se laisser aller à ce que son imagination lui suggérait. Il lui fallait agir intelligemment et en retenue, rester maître de lui quoiqu’il arrive. Même sous son nouveau visage et avec ce rôle qu’il se composait au fur et à mesure, il restait Ryô Saeba. Il connaissait ses ennemis et savait reconnaître ceux qui pouvaient lui nuire. Ayano, avec ses atouts et ses charmes, en faisait partie même si cela aurait été avec plaisir qu’il se serait laissé charmer dans d’autres circonstances et dans une autre vie. Il n’était pas non plus le vulgaire pervers qui se donnait en spectacle dans la rue. Il était un homme maître de lui et de ses besoins, attendant qu’on lui donne ce qu’il était venu chercher, gardant à l’esprit ce qu’il était venu chercher. Ne pas perdre de vue son objectif.  

 

- Il doit obligatoirement y en avoir qu’un… ? Répondit Ryô en remontant doucement son regard bleu vert vers les pupilles étincelantes de son interlocutrice, ignorant au possible l’effet que ce rapprochement avait sur lui.  

 

Ayano était habituée à détecter la moindre faiblesse chez un homme et à en jouer. Il lui était si facile de dominer ces hommes par ses charmes et sa ruse. S’ils cherchaient juste à tuer le temps avec une compagnie agréable ou si, au contraire, ils étaient en quête de désirs plus poussés. Ces plaisirs moralement interdits avaient cette saveur qui ne vous quittait plus après y avoir pris goût. Elle aimait conduire ces hommes et ces femmes sur ces chemins inconnus et aux délices insoupçonnés. Elle aimait son métier qui était pour elle un réel plaisir. Un petit jeu auquel elle s’adonnait sans vergognes. Elle ne laissait pas pénétrer n’importe quel homme sur son territoire. Ce qu’elle proposait comme services n’était pas pour toutes les âmes. Parfois des hommes venaient, croyant trouver ce qu’ils cherchaient alors qu’en fait ils se perdaient d’avantage. Elle devait éviter tout impair si chacun voulait y trouver son compte. Cet homme face à elle dégageait une certaine expérience, une aura mystérieuse et attractive qu’elle pouvait ressentir même en gardant ses distances. Elle reconnaissait aussi cette lassitude, ce fardeau que des hommes à la vie trépidante et aux responsabilités accrues, qui vous vidaient de toute énergie, portait malgré eux. Cet homme avait besoin de renouveau, de liberté. Il était là pour laisser ses soucis, ses tracas et oublier cette vie qui le dévorait sûrement. Elle l’aiderait à affirmer ce mal pour retrouver cet équilibre nécessaire. Elle lui montrerait comment repousser ses limites et en découvrir d’autres. De plus le fait qu’il ne soit ni surpris ni décontenancé d’avoir à faire à une femme la confortait dans l’idée qu’il la respectait. Etre ainsi traitée en égale attisait la libido de la jeune femme. Cet homme séduisant, qui la dévisageait avec soin sans pour autant être déplacé, cachait quelque chose, elle le sentait. Mais qui ici n’avait pas de secret ? Etait-ce son regard troublant ou sa voix rocailleuse qui la grisait ainsi, quoiqu’il en soit son instinct ne la trompait jamais : cet homme devait être à la hauteur du charisme qu’il dégageait. Il y avait en lui une frustration et une énergie sexuelle qui ne demandaient qu’à s’exprimer et à se libérer des chaînes de la bienséance. S’il était aussi fervent qu’elle en la matière, sûr qu’ils se trouveraient de nombreux points communs.  

 

- La gourmandise est un très vilain défaut Kiyoshi…, reprit-elle avec un éclat de rire dans la voix en se levant et en ondulant agréablement jusqu’à son bureau. Par chance vous êtes au bon endroit pour vous rassasiez…, fit-elle en décrochant son téléphone avant de citer trois noms.  

 

Ryô ne la quittait pas des yeux et tentait de rester concentré. Il lui était difficile de rester de marbre face à ce corps de déesse qui l’appelait à des vices controversés sans aucune pudeur. Miki n’avait pas tort lorsqu’elle avait souligné qu’il tentait le diable car devant lui se trouvait une sacrée diablesse. S’il avait eu une massue sous la main, il s’en serait bien servi pour se remettre les idées en place. C’était peut-être la pire idée qui lui soit venue de suivre mais maintenant qu’il était là, il lui fallait assumer… et puis il le faisait pour Kaori. Un comble qui le fit sourire. Sans le vouloir elle le mettait face à ses pires travers, saurait-il faire preuve d’assez de volonté pour ne pas y succomber ?  

 

- J’ai la prétention de savoir reconnaître les besoins et jusqu’à présent ce don ne m’a jamais fait défaut. J’espère que ce premier choix vous satisfera…, annonça-t-elle en allant ouvrir une porte dérobée, conquise par le sourire rayonnant qu’affichait son nouveau client et qu’elle croyait lui être destiné.  

 

Nullement impressionné par les grands airs mystérieux de son hôtesse, Ryô sortit un étui doré de sa poche intérieure pour en libérer une des cigarettes qu’il renfermait. S’enfonçant d’avantage dans le fauteuil, il fit glisser le tube de papier et de tabac entre ses doigts qui sensiblement se crispèrent lorsqu’il devina une première ombre prendre forme dans la pièce. Ce qui allait suivre, mettrait tous ses nerfs à très rudes épreuves.  

 

Ayano présenta la nouvelle venue comme La Gourmandise. Ryô n’était pas surpris de ce premier choix qu’il reconnaissait comme étant plus qu’appétissant :  

 

Ce péché avait pour traits une ravissante rousse flamboyante, des yeux d’amandes et des lèvres cerise sur un teint de lait. Son buste généreux emprisonné dans un corset de dentelle rose ne demandant qu’à en être libéré. Alors que ses fesses rebondies dans un shorty assortit appelaient à être croquer, ses longues jambes fines étaient habillées de bas que Ryô se voyait déjà retirer avec une extrême lenteur pour attiser son appétit naissant et grandissant.  

Intérieurement, Ryô bouillonnait déjà. La Gourmandise était un péché qu’il ne pouvait nier chez lui surtout dans ce domaine de prédilection. Il n’était pas l’Etalon de Shinjuku pour rien, sa générosité en la matière n’était plus à prouver. Son cœur tambourinait dans sa poitrine tant la tentation était grande. Un son étouffé faisait écho à la douleur douce et violente qui naissait en lui. Ignorant lui-même son trouble et le cachant aux yeux des deux jeunes femmes maintenant présentes face à lui, Ryô passa sa main sur sa bouche et son menton dans un signe d’intense réflexion tout en tassant sa cigarette d’un geste lourd sur ses jambes croisées. Il reporta son regard fiévreux et impatient sur Ayano qui, d’un signe de tête et d’un sourire ravageur, lui fit comprendre que le supplice ne faisait que commencer :  

 

- Quand il y en a pour une, il y en a pour deux…, annonça fièrement Ayano alors qu’une deuxième jeune femme entra dans la pièce.  

 

C’était la copie conforme de la première intervenante, même tenue, même corps, même vice… elle vint se coller auprès de sa jumelle alors que Ryô croyait rêver.  

 

- Deux pour le prix d’une, vous me gâtez, répondit-il calmement alors qu’il concentrait sa tension en une pression discrète sur ce qu’il roulait entre ses doigts.  

 

- La Gourmandise ne s’atténue pas en une bouchée…, affirma Ayano, fière de son effet et, sans se départir de son sourire, celle-ci nomma la suivante : La Luxure.  

 

« Logique », pensa pour lui-même Ryô. Dans le domaine du plaisir, pour lui, la Gourmandise et la Luxure allait de paire et en l’occurrence en trio. Il lui vint alors l’idée saugrenue de les lier les unes aux autres pour leur plus grande joie et la sienne. Un tel défi ne l’effrayait pas et au vue de la jeune femme qui se montrait maintenant à lui, elle n’opposerait certainement pas à cette idée.  

Elle n’avait absolument rien à cacher. Elle portait en tout et pour tout un long déshabillé transparent. Elle s’offrait dans son ensemble aux yeux avides de Ryô qui n’en perdait pas une courbe. Elle tournait doucement sur elle-même pour se laisser admirer et flatter dans un silence éloquent. Ses seins voluptueux, son ventre musclé, ses fesses charnues réveillaient sans tabou les envies de l’homme hypnotisé. Plus Ryô la regardait et plus son regard se faisait brûlant. Il sourit d’avantage en constatant qu’il n’avait même pas regardé son visage alors que ses yeux descendaient toujours plus bas. A n’en pas douter, elle était une vraie blonde au vue de sa toison claire et bouclée.  

Ryô ne pouvait plus parler ni même réfléchir. Des images indécentes et scandaleuses brouillaient son esprit. Etait-ce lui ou faisait-il nettement plus chaud dans cette pièce ? Les deux premières jeunes femmes étaient venues se placer auprès de lui pour admirer avec lui le spectacle. Avec leurs sourires langoureux, leurs regards enjôleurs et leurs souffles mêlés, Ryô se sentait sur le point de craquer. Il était à l’étroit dans ce large fauteuil ainsi que dans ce costume qui le démangeait. Il allait leur sauter dessus et leur montrer ce que c’était que de jouer avec le feu, le feu qui prenait possession de son corps. Elles gloussaient de le voir ainsi démuni face à tant de beauté et attendaient patiemment un geste ou un mot de sa part.  

Ryô tentait de maîtriser sa respiration et de se concentrer sur quelque chose de plus futile comme un objet ou un meuble mais tout dans cette pièce rappelait la raison de ces lieux. Tout était prétexte aux délices de la chair. Il entendit un râle rauque et sec lui échapper et bourdonner à ses oreilles. Ses plus bas instincts parlaient pour lui. Ses tempes battaient à tout rompre, ses mains devenues moites se crispaient sensiblement sur les accoudoirs, la cigarette collée à sa paume. Encore un râle, Ryô n’était même plus capable de s’exprimer verbalement. Face à ses déesses, son esprit avait capitulé et son corps réclamait son du.  

 

« Arrête de rêvasser ! T’es pas là pour t’amuser alors reste concentré sinon je t’explose !!! » Ce cri et ces menaces vrillèrent les tympans de Ryô manquant de le faire s’étrangler sous la surprise. Il avait complètement oublié Falcon qui se trouvait non loin de lui derrière ces murs. Cela eu pour effet de le ramener à la réalité l’espace d’un instant. Sa conscience avait été annihilée par le stratagème d’Ayano mais c’était sans compter sur « son garde du corps » qui même à l’extérieur de cette pièce, était là pour le rappeler à l’ordre. Retrouvant partiellement ses capacités mentales, Ryô émergea de ses sensations charnelles pour se reprendre :  

 

- Je crois que vous aviez cité trois péchés…, fit-il en invitant son hôtesse à clore sa présentation d’un regard mi amusé mi sceptique.  

 

Son absence n’avait duré que peu de temps et sans l’intervention de Falcon, Ryô n’aurait plus répondu de rien. Ces râles, que Ryô avait été le seul dans ce bureau à percevoir et qu’il avait pris pour l’expression bestiale de son corps soumis à ces tentations, n’étaient en faite que la manière discrète qu’avait trouvé le géant pour le rappeler à l’ordre. Le mercenaire n’avait rien manqué de l’évolution de l’échange entre Ayano et Ryô alors lorsque le silence de son ami se faisait plus lourd, il devinait sans mal que sa concentration se tarissait tel un enfant dans un magasin de bonbons. Mais constatant que cela ne faisait pas effet, il avait opté pour une manière plus directe.  

De l’autre côté de ces murs, dans ce couloir silencieux, Falcon riait bêtement face au regard interrogateur de l’autre garde du corps. Afin de communiquer avec Ryô sans trahir leur couverture, Falcon n’avait trouvé que ce stratagème pour porter à sa bouche le micro dissimuler à son poignet. A force de tousser de façon à s’en arracher la voix, le grade du corps devait croire que son homologue couvait une mauvaise toux qui aurait raison de lui. « Un chat dans la gorge », avait alors prétexté le géant peu fier de cette excuse et que même Ryô n’avait pas perçu tant il était obnubilé par ce qui se passait dans ce bureau hermétiquement clos.  

Maintenant, Falcon devait à nouveau trouver une excuse à ce comportement virulent car l’homme de main de la maîtresse des lieux devenait soupçonneux :  

 

- Technique d’auto-motivation… à attendre comme ça sans bouger ni parler, je vais finir par m’endormir, souffla Falcon naïvement.  

 

- A chacun sa méthode mais si tu veux un bon conseil, pince-toi fortement la peau… ça marche aussi bien et c’est plus discret, lui révéla l’homme en lui montrant sa main gauche rougit par la douleur avant de replacer ses mains dans son dos.  

 

Ahuri, Falcon opina de la tête avant de se concentrer de nouveau sur Ryô. De toute évidence la venue de jeunes femmes aux noms évocateurs le troublait déjà au plus haut point et une quatrième devait faire son apparition. Falcon se devait d’être la voix de la raison de Ryô, sa conscience, son Jiminy Cricket qui l’empêcherait de basculer totalement dans cette débauche autorisée et encouragée mais encore fallait-il qu’il puisse trouver moyen d’interagir avec lui sans pour autant griller leur couverture même s’il n’était pas sûr de vouloir entrer dans cette pièce et découvrir ce que voyait Ryô.  

 

- Vous êtes bien empressé, reprit Ayano. Je crois que ce dernier choix vous siérait d’avantage… je vous présente La Colère.  

 

Intrigué par ce choix qui sous-entendait qu’Ayano avait deviné en lui une certaine rage, Ryô étudia avec nouvelle attention cette proposition. Faisant illusion en s’enfonçant plus profondément et sagement dans ce fauteuil de cuir qui était de plus en plus inconfortable alors que Les Gourmandises et La Luxure faisaient tout pour dévier sa concentration, Ryô luttait contre ses propres démons, repoussant tant bien que mal les nouvelles images qui inondaient son esprit à l’apparition de cette nouvelle convoitise :  

 

Toute de noir vêtue, cette jeune femme n’avait rien à envier à sa collègue. Des cheveux courts et indisciplinés. Un regard perçant qui le défiait presque d’oser l’admirer sans sa permission. Ryô déglutit avec peine. Le goût de l’interdit se faisait déjà sentir dans sa gorge asséchée. Ses yeux ne pouvaient quitter ce regard intense et brûlant sous peine de subir une sentence qu’il réclamait presque. Cette bouche fine et délicate semblait l’accabler de maux qu’il consentait à reconnaître pourvu que sa punition soit à la hauteur de ce qu’elle avançait. N’écoutant que son instinct, Ryô osa partir à la découverte de ce territoire qui le narguait de faire sien mais sans cesser de revenir vers ce regard comme pour obtenir la permission de continuer cet effeuillage visuel en sachant pertinemment que cela ne lui causerait que du tort. Une guêpière de cuir avançait des armes de destruction massive. Une simple et si fragile fermeture argentée retenait cette artillerie que Ryô pouvait manier les yeux fermés. Descendant lentement jusqu’à l’échancrure de son intimité dissimulée sous une combinaison moulante qui laissait deviner que cette jeune femme ne portait rien en dessous. De hauts talons affinaient et rehaussaient ce corps semblant sculpté pour ses mains expertes.  

Ryô se voyait sans mal relâcher toute sa frustration et cette tension dans un corps à corps endiablé, sa conscience se perdant dans son imagination débridée.  

 

- Dites-moi ce que vous êtes venu chercher et elles n’auront de cesse que de combler vos désirs… souffla d’une voix lointaine Ayano.  

 

Ce qu’il était venu chercher ? Certainement pas son âme qui ne lui serait d’aucune utilité en cet instant. Des réponses ? Ryô ne voulait se poser aucunes questions ni même n’avoir aucune responsabilité sur ce qui pourrait arriver ici et maintenant. Regardant tour à tour les visages et les corps qui dansaient autour de lui, Ryô ne pensait plus à rien. Il se laissait envoûter sans lutter. Ces femmes qui ne regardaient que lui. Ces corps sensuels et envoûtants. Ryô ne voyait plus que par ces déesses prêtes à s’offrir passionnément. Leurs jambes, leur chute de reins, les mains fines et adroites… leurs épaules, étaient ce qu’il percevait encore malgré la fièvre qui s’emparait de lui. Ces peaux si délicates, aux arômes parfumés l’encerclaient de tout côté. Leurs couleurs se mélangeaient. Leurs corps s’embrasaient dans sa tête. Avec frénésie, Ryô les caressait, récoltait leurs éloges et partait à la découverte plus approfondie de ces textures ondulantes. Il ne les différenciait plus les unes des autres et peu lui importaient qui elles étaient. Gourmandise, Luxure ou Colère n’étaient plus que des mots lointains, il était temps de passer à l’acte. Sans même bouger de son fauteuil, Ryô se voyait déjà les effeuillées unes à unes. Découvrir et faire sien leur secret les plus profonds. Tout n’était que couleurs étincelantes et enivrantes, tel un tableau de maître qu’il estimait à sa juste valeur. Une tâche pourtant gâchait ce paysage. Elles bougeaient tellement qu’il lui était difficile d’en être sûr… laquelle était-ce ? Qui portait cette marque intrigante ? Un de ces corps de création divine portait sur lui un emblème qu’il ne distinguait que furtivement. Une ombre fugace qui maintenant occultait toute son attention. Une ombre qui lui en rappelait une autre, plus indiscrète et intime, qu’il avait découvert sur un corps quelques heures plus tôt… et tout lui revint en mémoire tel un choc électrique qui parcourait son corps de part en part pour ramener son cœur et son esprit à cette éprouvante réalité.  

 

Kaori. Ryô s’était jusque là interdit de penser à elle. Pour ne pas mélanger ce qu’il voulait de ce qu’il devait faire pour elle. Il ne voulait surtout pas l’imaginer en ces lieux qui n’étaient pas pour elle et ni qu’elle le surprenne ainsi démuni face au piège qu’il s’était lui-même dressé. Dans ce brouillard, entre rêves et réalité, où seules des ombres captivantes et sensuelles se détachaient, un visage apparaissait maintenant sur chacune d’entre elles. Un regard confiant, des mains tendues vers lui qu’il n’arrivait pas à atteindre. Plus il s’échinait à vouloir la rejoindre et plus elle s’éloignait. Tant de choses les séparaient. Frustré de la voir se détourner de lui, de ne plus croire en lui, Ryô enrageait. Une ombre, plus grande et malfaisante, enveloppait la jeune femme qui maintenant abdiquait sous cette force : Akamatsu. Il était la cause de tous leurs maux. Ryô ne pouvait l’oublier même face à toutes ses tentations. Il était là pour Kaori. C’était pour elle qu’il devait lutter contre lui-même s’il le fallait. Il devait revenir à la réalité, à sa mission. Pour cela, il devait être comme celui qu’à terme il voulait piéger : Akamatsu. Penser et réagir comme lui afin de trouver la faille et la femme qui le perdrait. Ryô ne devait faire qu’un avec son ennemi pour l’abattre de l’intérieur. Comme lui, il devait faire sentir qu’il dominait tout ce qui l’entourait, qu’il n’avait pas froid aux yeux et que rien n’y personne ne l’empêcherait d’aller au bout de ce qu’il s’était fixé. Il mettrait le feu à l’Enfer avec toute la rage et la détermination nécessaires pour retrouver la confiance et l’innocence de Kaori. Le plus grand défi de sa vie. Il avait déjà fait son choix et ce depuis longtemps… Kaori.  

 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de