Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 20 capitoli

Pubblicato: 23-01-11

Ultimo aggiornamento: 29-10-12

 

Commenti: 125 reviews

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GeneralDrame

 

Riassunto: Jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?

 

Disclaimer: Les personnages de "La Guerre des Anges" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Guerre des Anges

 

Capitolo 16 :: La valse des espoirs

Pubblicato: 22-01-12 - Ultimo aggiornamento: 01-02-12

Commenti: BELLE ET HEUREUSE ANNEE 2012 A TOUS ET A TOUTES (^_^) Je vous souhaite que le meilleur, du bonheur et de belles surprises hihihi Je reprend maintenant là où nous en étions restés puisque ma Béta d'amour a consenti à me rendre le chapitre suivant : "Suite au payement de la rançon (l'OS JOYEUX NOËL) nous libérons comme convenu le chapitre vous le retrouverez dans votre boite mail hihihi."signé CRIS. Elle est dure en affaire mais ça en vaut la peine lol Je vous souhaite donc une bonne lecture et un bon dimanche. A très vite, BIIISOUUUSS

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

Il n’avait jamais manqué de rien.  

 

En observant son bureau richement meublé, Danjô Akamatsu se souvenait de son enfance aisée. D’aussi loin qu’il se rappelait, sa vie n’avait toujours été que facilité et privilèges. Des meilleures écoles aux clubs élitistes, une vie de luxe et de confort. Très tôt on lui avait enseigné que des relations réfléchies pouvaient le mener très loin et il ne s’était pas fait prier pour se hisser aussi haut que possible dans sa carrière comme dans la place qu’il voulait occuper dans le monde, dans son pays, dans sa ville.  

 

Il n’avait jamais manqué d’argent.  

 

Mais il faisait tout pour en avoir toujours plus. L’argent était utile dans son monde. Utile pour obtenir ce qu’il voulait et ce que les autres ne pouvaient avoir. Pour assouvir ses moindres envies et désirs ou régler ses petites contrariétés au besoin. Tout ce qu’il possédait était hors de prix et lui procurait la sécurité de son enfance et renforçait la confiance de sa vie d’adulte. Il ne s’entourait que des plus belles choses, les plus chères, les plus inaccessibles.  

 

Rien ne lui avait jamais été refusé.  

 

Lorsqu’il avait rencontré celle qui allait devenir sa femme, il avait su bien avant elle qu’elle aussi ne se refuserait pas à lui. Il avait mis du temps à trouver celle qui siérait à son image publique. Belle, intelligente et cultivée, elle devait asseoir son rôle d’homme politique. Montrer de lui l’homme qu’il admirait et que tous enviaient. Lorsqu’il avait jeté son dévolu sur Aki Hara, célèbre journaliste intègre et populaire, il l’avait courtisée pour la forme, lui laissant croire qu’elle avait le choix et le temps mais lui avait une carrière et une vie à mener. Malgré quelques signes avant coureurs, montrant un certain tempérament chez sa dulcinée, qu’il avait pris pour une déformation professionnelle étant donné son statut de journaliste, il s’était entêté à la lier à lui de façon légale pour couper court aux rumeurs d’un homme sans attaches et frivole dans l’intimité que la presse à scandale lui prêtait sans vergogne. Rien ne devait entacher sa réputation, ternir son avenir. Il avait une image à défendre et à respecter. Il devait être à la hauteur de ses ambitions sans mesures.  

 

Il menait son monde à la baguette, aussi bien dans les affaires que dans le privé. Pour le commun des mortels, il se montrait juste, obstiné à faire régner sa loi. Il n’était pas arrivé au rang de Ministre sans quelques efforts ni même sans se faire quelques ennemis. Mais il ne craignait personne. Bien au contraire c’était lui qui était redouté. Il aimait voir la crainte, l’admiration et l’envie dans les yeux de ceux qui le côtoyaient. S’il y avait bien une chose qui faisait de lui ce qu’il était et que pour rien au monde il n’abandonnerait, c’était Le Pouvoir.  

Ce n’était pas donné à tous de savoir en jouer, d’en user et d’en abuser. Il fallait avoir les épaules pour une telle charge, une tête bien pensée pour comprendre et voir toutes les possibilités qui s’ouvraient à celui qui détenait Le Pouvoir.  

 

Pour Danjô Akamatsu, Le Pouvoir c’était le contrôle des autres et la maîtrise de soi. Cela lui procurait la satisfaction d’une vie accomplie. La volonté dans son regard et la puissance entre ses mains lui donnaient tous les pouvoirs et tous les droits. Il régnait en maître, au-dessus des lois, et cela le grisait. Il allait donc de soi que dans le privé sa satisfaction soit entière. Son pouvoir si grand dans la vie de tous les jours se décuplait dans l’intimité. Il avait faim et soif de puissance et derrière les murs de sa propriété, à l’abri des regards de convoitise, il pouvait laisser libre cour à toute cette pression et cette frénésie qu’alimentait Le Pouvoir.  

Le Pouvoir était un dangereux mélange d’exaltation et de peur car une aussi grande force entre ses mains pouvait un jour avoir raison de lui mais avant d’en arriver là il voulait en savourer pleinement chaque bénéfice. Chaque chose devait être à sa place, une place bien déterminée. Sa femme n’échappait pas à son règne. Et si elle ne pouvait lui apporter ce dont il avait besoin, reconnaissance et soumission à son ordre des choses, alors rien ne l’empêchait de trouver son bonheur ailleurs. Elle n’était là que pour les apparences. Il l’avait choisie pour ce qu’elle pouvait lui apporter et le prix à payer n’était pas si terrible avec la vie luxueuse qu’il lui offrait en contre partie. Lui-même sacrifierait tout pour Le Pouvoir. Il trouvait donc dans d’autres bras de quoi assouvir ses envies et son pouvoir sans limites. Il dominait le monde. Il commandait et tous obéissaient.  

 

Personne, jamais, ne l’avait contraint ni même défié d’aucune manière.  

 

Aujourd’hui pourtant son ordre des choses était bouleversé. Sa femme s’était enfuie, échappant à son contrôle. Il avait retourné la ville sans succès. Heureusement pour lui qu’un détail avait attiré son attention : le calme soudain de sa femme. Elle, si d’ordinaire « soucieuse » dès qu’il apparaissait, s’était montrée comme apaisée. Ce simple et presque imperceptible changement l’avait alerté et il avait alors branché le contrôle vidéo de sa demeure pour savoir ce qu’elle manigançait.  

 

Un élément perturbateur était venu enrailler sa vie si bien huilée : Kaori Makimura. Mais il n’avait appris que trop tard leurs plans d’évasion. Quelques semaines auparavant, il ne connaissait pas cette femme. Il ne se serait même pas attarder sur elle s’il l’avait croisée dans la rue. Mais maintenant qu’elle avait attiré son attention, il ne l’oublierait pas de sitôt. Il avait peut-être perdu la trace de sa femme à Osaka mais il savait contre qui défouler sa frustration.  

Au premier regard cette femme n’avait rien d’extraordinaire. Mais les circonstances l’avaient mené à s’y intéresser et là il avait découvert une femme dotée d’une grande force intérieure, d’une intense volonté. Alors qu’elle lui résistait encore malgré le lieu et les conditions auxquels il l’avait contrainte, il avait reconnu en elle cette attraction sensuelle, cette aura indéfinissable mais seulement connue de ceux qui le possède : Le Pouvoir. Même s’ils ne jouaient pas dans la même catégorie et n’en faisaient pas usage de la même manière, cette femme aussi avait la particularité de ramener à sa cause des foules innocentes comme le plus féroce des démons. Elle était dangereuse. Danjô Akamatsu était lui aussi dangereux. Le danger exacerbait son pouvoir.  

 

Kaori Makimura ou Kaori Mô, son subterfuge ne le trompait pas. Quelque soit son nom, cette femme se jouait de lui. Elle était parvenue à lui dérober sa femme, à le pousser à dévoiler cet échec aux autorités sous couvert d’une excuse bidon. Quelques soient ses objectifs, il ne pouvait tolérer un tel affront. Il connaissait la loi, il était la Loi. Il lui était facile de manipuler les règles, les relations à sa guise. La vie était un jeu. Cette femme ne le savait pas encore mais il menait ce jeu, avec plusieurs coups d’avance. Elle l’obligeait à ruser de stratèges et cela l’amusait. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas combattu aussi sournoisement pour obtenir ce qu’il voulait. Il devrait l’en remercier lorsque leurs chemins se croiseraient à nouveau. La féliciter pour un tel exploit car lui faire obstacle c’était réveiller ses sens et son désir de domination. Il avait hâte de la contraindre à ses exigences grandissantes. Même s’il connaissait déjà l’issue du combat dont il ne doutait pas remporter haut la main, cette partie attisait son esprit perfide. Il voulait à nouveau tenir cette femme entre ses mains. Voir ses yeux s’agrandir d’effroi devant sa puissance. Lui montrer sa force et son pouvoir dans toutes leurs splendeurs. Elle n’avait eu qu’un aperçu de ce qu’il était. Il l’avait marquée de son sceau mais il lui tardait de conquérir ce nouveau territoire. Elle connaîtrait l’homme derrière l’image politique. Elle reconnaîtrait son Maître et le supplierait de l’affranchir de sa condition humaine ou d’abréger ses souffrances. Personne ne s’attaquait à lui sans y perdre des plumes voir la vie. Mais il s’amuserait avec elle avant d’en finir.  

 

Rien qu’à ces pensées, Danjô Akamatsu jubilait. Retrouver sa femme devenait un maigre prix de consolation face à l’intense moment qu’il s’offrirait avec celle qui occupait pour l’heure ses obscures pensées.  

Quelque peu pressé et excité par ses rêves de gloire, Danjô Akamatsu décrocha son téléphone pour composer un numéro qu’à maintes reprises par le passé il avait sollicité.  

 

La voix à l’autre bout du combiné était rocailleuse et impatiente comme si elle attendait depuis trop longtemps la possibilité d’encore une fois faire preuve de loyauté et de reconnaissance envers son initiateur. D’une voix égale, Danjô Akamatsu fit l’inventaire de la situation en avisant d’un regard froid, où brûlait une flamme ardente, les maigres dossiers éparpillés devant lui. Il avait placé ses pions, posé ses pièges et était entré ouvertement en scène mais les bénéfices étaient encore bien faibles à son goût. Le processus légal suivait son court mais il en connaissait la lenteur et les lacunes. La patience n’était pas son fort. Il lui fallait forcer les choses encore un peu. Alors que son interlocuteur l’écoutait attentivement, Danjô Akamatsu dictait ses nouvelles directives avant de raccrocher d’un geste ferme.  

 

« Vous viendrez à moi… », Souriait-il rêveusement en s’adossant plus profondément dans son fauteuil en cuir. Doucement, il faisait tournoyer le liquide épais d’un alcool fort dans son verre, savourant son pouvoir de faire trembler le monde juste du bout des doigts.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Elle avait cru en sa sincérité. Elle lui avait fait confiance. Pour la première fois, elle le regrettait. Elle croyait décider librement. Il l’avait leurré.  

 

Sa chambre était son refuge, sa cellule d’isolement délibérément choisie.  

 

Ce soir, alors que Kaori se préparait à affronter une nouvelle nuit sans rêves, une voix éraillée l’avait sortie de sa tanière. Saeko Nogami. Une femme qui depuis longtemps était une rivale, une amie, un obstacle, un soutien. Tour à tour, Kaori l’avait admirée, détestée, enviée. Elle était tout ce qu’elle n’était pas : belle, forte, indépendante et désirable. Mais ce soir, cette image de femme idéale que ce faisait Kaori de l’inspectrice avait volé en éclat. Elle avait vu une fragilité qui la dégoûtait presque. Kaori n’était pas dupe, l’alcool y était pour beaucoup dans cette fêlure mais cela parce que Saeko le voulait bien. Elle n’était pas venue ici par hasard. Ce n’était pas inconsciemment qu’elle déversait ainsi sa rage. L’alcool l’avait juste aidée à dépasser ses propres barrières pour que tout soit dit sans malentendus possibles. Et pourquoi ? Pour l’accuser tout simplement. Kaori ne voulait pas l’écouter. Elle voulait retrouver le silence qui la berçait presque lorsqu’elle se retrouvait seule dans sa chambre. Mais Saeko avait insisté. Le regard féroce, les insinuations douteuses et les gestes agressifs avaient réveillé l’instinct de préservation de Kaori. Elle s’était sentie prête à lui sauter à la gorge pour la faire taire, à laisser s’exprimer sa violence d’être ainsi humiliée. Et puis Ryô était intervenu. Dès qu’il y avait une belle demoiselle en détresse, il volait à son secours. De quoi avait-il eu peur ? Que Saeko ne puisse se défendre équitablement vu son manque de sobriété ou que Kaori soit incapable de relever le défi ?  

 

Ce n’était plus possible. Encore une fois, une personne avait décidé à sa place. Encore une fois, elle se sentait abusée… elle n’aurait pas du le croire. C’était trop beau et trop facile de penser qui la considérerait en égale, qu’il la protégerait elle.  

 

Après leur soi-disant accord, Kaori avait patiemment attendu que le reste de la maisonnée s’éveille. Avec Shun, ils avaient clarifié certains points sur leur situation, notamment sur Aki Akamatsu. Kaori voulait qu’ils sachent qu’elle n’avait pas agi à la légère et que la personne qu’elle protégeait en valait la peine et surtout que maintenant elle était en sécurité même si rien n’était encore gagné.  

 

Shun avait expliqué les détails qu’impliquait ce genre de « sauvetage » alors que Ryô avait repris le dossier que Kaori avait caché. Il n’y avait rien de probant dans ces pages mais Shun et Kaori étaient convaincus des méfaits méconnus de l’homme. Avant de pouvoir se concentrer sur lui, ils leur avaient fallu éloigner la première victime de ce monstre. C’était elle qui les avait conduits à lui.  

 

« Plus courte est la chaîne des intervenants et plus sûr est l’aboutissement de cette démarche qui hélas ne se résout pas en un clin d’œil. », avait précisé Shun face aux regards interrogateurs avant de détailler ce que Kaori savait déjà.  

 

Entrer dans un réseau clandestin pour échapper à la domination d’un homme ne se faisait pas aussi facilement que de pousser une porte dans un supermarché. Il fallait laisser derrière soi tout ce qui était sa vie. Oublier son passé. Ignorer son avenir. Ne prévenir personne et ne pas chercher à contacter qui que ce soi de sa vie d’avant sous peine de tout faire échouer. Surtout il fallait de la patience et de la détermination… une fois accepter tous ces compromis, commençait l’attente. Une attente parfois interminable. Il fallait rester terrer, cacher aux yeux de tous dans une cache tenue secrète et connue seulement par des personnes de confiance qui aidaient et soutenaient ces victimes. Car les femmes qui entraient dans ce réseau appeler « Refuge », étaient des victimes pour lesquelles malheureusement la loi ne pouvait rien. Il fallait du temps pour déterminer cette nouvelle vie, pour obtenir des papiers, une nouvelle identité. De l’argent aussi. Cela fonctionnait grâce à des dons sous couverts d’associations diverses. Mais le plus important restait le silence entier et total des personnes concernées.  

Voilà pourquoi Shun et Kaori étaient si déterminés à ne rien dévoiler des dessous de cette affaire et cela même si ça signifiait être les coupables désignés d’un quelconque crime.  

Certaines causes nécessitaient certains sacrifices.  

 

Tout au long des explications de « son mari », Kaori avait senti sur elle un regard scrutateur. Il guettait ses réactions à ces propos mais Kaori gardait une certaine distance. Shun lui avait souvent répétée l’importance de ne pas s’impliquer dans les méandres de ce réseau. Elle savait le comment et le pourquoi d’une telle organisation mais ne connaissait ni les visages ni les noms. Alors elle se détachait de cette partie de l’histoire. Ce n’était pas son rôle.  

Kaori avait aussi cru discerné lors de ces aveux, de l’admiration et un soutien dans cette histoire. Si seulement Ryô pouvait se rendre compte qu’elle avait agi en professionnelle, en s’adressant à la personne adéquate en l’occurrence Shun qui montrait son expérience dans le domaine. Elle s’était rendue compte que c’était encore son approbation qu’elle attendait… mais il était resté silencieux et indéchiffrable.  

 

Maintenant, elle se sentait stupide. Stupide d’en avoir trop dit. Elle ne doutait pas un instant que son secret resterait bien gardé avec eux mais Kaori ne savait plus quoi penser de l’attitude de Ryô. Il voulait de toute évidence s’impliquer à ses côtés dans cette affaire pour la résoudre au plus vite. Ses intentions étaient claires à ce sujet mais ce soir ses actes n’étaient pas ceux qu’espérait la jeune femme. Tout comme elle avait choisi d’aider envers et contre tout son amie Aki, Kaori aurait apprécié que Ryô la choisisse et la défende elle plutôt que Saeko.  

 

Même dans l’obscurité de sa chambre, Kaori discernait nettement cette forme inconsciente et insouciante sur l’autre lit présent dans la pièce. Cette présence non désirée et cette respiration lente et régulière l’insupportaient. Kaori ne tolérait pas de partager son abri. Elle s’en était crue capable mais c’était en fait au dessus de ses forces. Cette nouvelle proximité avec une autre personne la rendait presque malade. Cela lui rappelait trop sa propre captivité. Il en fallait peu pour que lui revienne au cœur cet étau de murs et de barreaux. Une promiscuité involontaire et hostile lui rappelait ses premiers émois en tant que vulgaire prisonnière.  

 

Comme lors de sa première nuit en cellule, Kaori se recroquevilla sur elle-même. Tentant de chasser ses fantômes et démons liés à son passé carcéral. Sa concentration se perdit sur cette respiration qui l’obligea à couvrir ses oreilles de ses mains. Ses yeux fuyaient ce corps endormi alors qu’une boule d’angoisse prenait forme dans son ventre. Inconsciemment, elle tenta de se calmer en se berçant d’avant en arrière. Les minutes passaient et le mal empirait. Kaori peinait à respirer comme si soudainement l’air se faisait plus rare. Elle voyait les murs se déformer et se rapprocher, la pièce se rétrécir. Son cœur battait frénétiquement dans sa poitrine. Fixant la porte, Kaori voulait fuir ce que son esprit lui faisait croire. Elle savait cela dans sa tête mais son corps lui réagissait à ce mirage. Tremblements, respiration saccadée, vertige, son corps ne supportait pas d’être ainsi comprimé dans un espace devenu trop petit pour deux. Son corps voulait fuir, son esprit voulait se battre. Se lever lui demanda un effort considérable. Son équilibre était précaire.  

En sueur, Kaori se retrouva dans le couloir. Il était long, sombre et étroit. Elle devait le traverser mais à chaque pas elle se raccrochait aux murs tant tout tanguait autour d’elle, lui donnant la nausée et lui rappelant les murs froids et austères de la prison. L’ascension des escaliers menant au toit la laissa sans force et se fut presque à genoux qu’elle franchit la porte menant sur l’extérieur dans un grincement strident. Chaque respiration lui brûlait les poumons. Kaori peina à se redresser comme si son corps était de pierre. Elle tituba sur le sol de béton alors qu’une pluie fine commençait à tomber. S’accrochant à la rambarde, essoufflée, elle se laissa glisser doucement au sol. Son visage pressé contre les barreaux froids et humides qu’elle agrippait de toutes ses dernières forces. Son angoisse la tétanisait, la laissant le cœur au bord des lèvres. Malgré l’orage qui s’annonçait à grands renforts d’éclairs et de tonnerres, Kaori n’était animée que par ses tremblements. Ni l’air froid, ni la pluie et encore moins l’orage ne calmaient les tourments de son être. Cet espace et ces éléments l’étouffaient d’avantage. Sa douleur s’accentuait. Tout se brouillait à sa vue, les larmes mêlées à la pluie devenue plus violente. Tout se mélangeait dans son esprit qui ne discernait plus la réalité de ses angoisses qui la submergeaient. Autours d’elle, des visages hostiles des gardiens. Sur elle, les mains de Danjô Akamatsu. Elle suffoquait. Le sol sur lequel elle était s’effritait. Elle allait mourir.  

 

<<<  

 

Miki se réveilla un bref instant. Elle avait entendu du bruit. Elle voulu se lever mais son mari l’en empêcha :  

 

- Ce n’est que le vent, rendors-toi.  

 

Blottie contre lui, Miki retourna à ses songes. Umi, lui, guettait les nouveaux mouvements dans le couloir. Il n’avait pas à s’inquiéter, une autre personne veillait en cette nuit agitée.  

 

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Comment pouvait-il dormir avec toutes ces présences autour de lui ? Même sans les voir, il devinait derrière chaque mur, les corps inconscients ou enlacés qui reposaient sous son toit. Même son colocataire de chambrée dormait à poings fermés. Lui, il ne pouvait pas. Un visage le hantait.  

 

Les mains croisées sous sa nuque, Ryô observait le plafond sur lequel se dessinaient les traits de la jeune femme de ses pensées. D’ordinaire lorsqu’il se laissait aller à se genre de rêveries tout éveillé, elle lui souriait tendrement. Ses yeux brillaient d’un éclat qui n’était destiné qu’à lui. Mais ce soir, ce visage, maintes fois observé et détaillé, se faisait grave et froid. Dans ce regard tant de fois croisé, il n’y avait plus de tendresse ni de chaleur. Comme pour ajouter à ce mal être, dehors les éléments se déchaînaient. Le vent s’abattait contre les murs et l’orage bientôt résonnerait.  

 

Des mouvements à l’extérieur de sa chambre lui firent savoir qu’il n’était pas le seul à ne pas trouver le sommeil. Sans peine, il avait reconnu la personne qui s’aventurait dans la nuit. Plissant les sourcils, il se demanda ce qu’elle cherchait. Pourquoi se dirigeait-elle vers le toit à une heure aussi tardive et surtout par ce temps. Sans attendre de réponses qui ne viendraient pas à lui, il se leva et s’habilla sans faire de bruit. Il quitta la chambre et avisa les escaliers, en haut desquels battait encore la porte laissée entrouverte.  

 

Son premier réflexe fut d’aller à sa rencontre. Il aurait s’agit d’un homme, Ryô l’aurait laissé sans hésiter affronter seul son calvaire. Concernant une femme, et par respect de la douleur, il aurait attendu à distance que le moment d’intervenir avec une épaule compatissante se fasse sentir. Mais quand il s’agissait de Kaori, tous les principes de Ryô n’avaient plus cour. Il ne pouvait rester à l’écart de cette scène qui se jouait inconsciente de sa présence.  

A quelques mètres de lui, Kaori était recroquevillée au sol. Des râles s’échappaient de sa gorge nouée. Parcourue de tremblements, elle semblait en transe. La pluie tombait assidûment autour d’elle alors que l’orage grondait sans pour autant la ramener à la raison. Ryô ne pouvait rester indifférent à sa souffrance. Il ne pensa pas un instant à la laisser ainsi livrer à ses démons et à ce temps infâme. Lentement il s’avança jusqu’à elle. Indiquant sa présence par son aura chaude et inoffensive.  

 

Ailleurs dans les limbes de son inconscient, Kaori percevait les mouvements dans son dos. Une présence à ses côtés alors qu’une force l’enveloppait sans même la toucher, la reliant encore un peu à cette réalité.  

 

- Vas-t-en ! Ordonna Kaori, le dos courbé, le visage tendu vers le sol et caché par ses cheveux mouillés.  

 

La réponse ne se fit pas prier : l’homme avança encore pour se poster au-dessus d’elle, la couvrant de son corps contre la pluie qui tombait. Il ne parlait pas et loin des interrogations de la jeune femme, il cherchait comment l’inciter à se confier sans la brusquer. Comment l’approcher sans qu’elle ne cherche encore à le fuir.  

 

- Tu préfères admirer le spectacle ?! Railla-t-elle alors qu’une nouvelle vague de dégoût prenait possession de son corps affaibli. Dis ce que tu as à dire et vas-t-en !!  

 

- Que veux-tu entendre Kaori ?  

 

Ryô n’avait pas envie de rire, de se moquer ou de profiter de la situation pour faire valoir sa raison. Sa voix se voulait chaude et rassurante. Apporter la confiance et la force qui désertaient l’âme meurtrie à ses pieds.  

 

- Balance tes sarcasmes ! Crache tes reproches ! Dis le que je suis une partenaire médiocre ! A quel point je suis faible… un boulet encré à tes chevilles ! Ne te donnes pas cette peine de me ménager, je comprends maintenant nos différences…, cracha-t-elle lasse et fatiguée par son propre combat intérieur.  

 

Impassible, Ryô encaissait silencieusement les remarques qu’il avait insidieusement portées à sa partenaire. Pendant toutes ces années, son comportement avait sournoisement anéanti la seule personne qu’il protégeait férocement de son monde et de lui-même. Il était le seul à blâmer pour ce qui arrivait maintenant. Il s’était promis de changer cela. Aussi lourde serait cette épreuve, il n’abandonnerait pas.  

 

Doucement, Ryô s’accroupit derrière elle. Son regard se porta sur la chevelure ternie par la pluie, ce corps courbé par le poids de la souffrance, ses mains crispées aux barreaux. Il tenta un premier geste qui ne fit qu’accentuer la colère de Kaori à son égard. Elle se pressa d’avantage contre les barreaux en le toisant de biais d’un air mauvais. Elle ne se laisserait pas faire aussi facilement. Ryô n’avait d’autre choix que de « lui forcer la main ». Délicatement, il posa ses mains sur les poignets de la jeune femme, sans pression aucune.  

 

- Ne me touche pas ! Hurla-t-elle en se débattant sans lâcher les barres de métal.  

 

Ryô éprouva un certain malaise à la sentir se débattre contre lui mais il ne céda pas à ses menaces ni à ses cris de colère. Lentement, entre fermeté et douceur, il l’entoura de ses bras pour se coller à elle. Kaori eut le mouvement de recul qu’il appréhendait mais il ne lâcha pas sa prise. Avec toute la douceur que ses mains de tueur pouvaient donner, il positionna un bras autour de la poitrine de la jeune femme, bloquant ainsi les bras fins pour freiner les mouvements de rejet à son égard. De sa main libre, il libéra le visage ravagé de larmes et de douleur de sa crinière humide. Apposant sa tête contre celle de sa captive, toujours agitée de rage, il partagea sa peine pour prendre sa douleur :  

 

- Je ne partirais pas Kaori… je te l’ai promis, je serais là quoiqu’il arrive…  

 

- Une promesse ! Voilà ce qui t’oblige à tant de pitié ! Le coupa-t-elle sévèrement. Il n’y a que toi pour croire que tu me dois quelque chose ! Mon frère doit bien rire de voir le tueur le plus craint du pays soumit pour quelques mots ! Railla-t-elle méchamment.  

 

- Ca suffit Kaori ! S’énerva Ryô devant tant de cruauté. Je ne te laisserais pas dires de telles horreurs ! Ce n’est pas toi…  

 

- Que sais-tu de moi ?! Ce que tu vois n’est pas ce que tu crois ! Je ne suis pas celle que tu crois ! Je suis pire que ça !!! Lâcha-t-elle dans un sanglot.  

 

A ce moment, Ryô comprit l’ampleur des dégâts qu’il avait causés, ajoutés à son expérience carcérale, tout cela faisait que Kaori avait une piètre et monstrueuse image d’elle-même.  

 

- C’est vrai… je ne te connais peut-être pas aussi bien que je le voudrais mais je sais qui tu es : Kaori, la petite sœur que mon meilleur ami m’a confié en sachant pertinemment que c’est toi qui prendrait soin de moi… une amie sincère et dévouée envers tous ceux à qui tu accordes ta confiance… une femme dotée d’une force de caractère que tu mets à profit pour venir en aide à quiconque en a besoin… moi le premier…  

 

Au fur et à mesure de son argumentation, Ryô persistait à recouvrir Kaori de sa force pour lui faire comprendre qu’elle n’avait plus à endurer cela seule. Qu’il savait ce qu’elle ressentait.  

 

- Je connais ce mal qui te ronge. Depuis longtemps grâce à toi, il disparaît de mon cœur. Ne garde pas cette haine en toi. Ne te résigne pas à accepter cette souffrance. Bat-toi Kaori… Il sentit ses mots atteindre enfin le cœur de Kaori. Sa résistance s’amenuisait mais elle se cramponnait encore à ces barres de métal. Toujours en caressant son visage, ses lèvres contre son oreille, il l’apprivoisait doucement : je suis là… accroche-toi à moi… je ne te laisserais pas…  

 

L’étau malveillant qui encerclait le cœur de Kaori semblait perdre de son pouvoir. Elle n’était plus seule à combattre cette force obscure et sombre qui avait pris possession d’elle dans ce lieu sordide et qui l’accompagnait depuis. L’aura de l’homme à ses côtés, la drapait maintenant et le Mal ne pouvait que reculer. Son souffle se brisa. Son corps prit de spasmes, luttait pour contenir encore tous ces sentiments contradictoires qui livraient un combat acharné entre son cœur et sa raison. Ses mains lâchèrent les barreaux et cherchèrent frénétiquement un nouveau point d’encrage. Avec force elle agrippa l’avant bras masculin attaché à sa poitrine. Ses ongles s’enfonçant violement dans la chair. La délivrance se fit dans la douleur et dans les larmes.  

 

Ryô maintenait Kaori contre lui, accompagnant ses mouvements et retenant la tête qui, sous le choc, basculait vers l’avant.  

 

- Accroche-toi Kaori. Ca ira je te le promets. L’encouragea-t-il alors qu’elle déversait sa rage et son désespoir sur le sol terne et inondé sous cette pluie salvatrice.  

 

Ryô attendit quelques instants que ce corps frêle retrouve son calme avant de quitter sa posture pour glisser une main dans le dos et sous les genoux de la jeune femme. Avec beaucoup de précautions, il la souleva de terre comme s’il portait en lui une perle de cristal qui à tout moment pouvait se briser.  

Le regard voilé, Kaori était inerte dans ses bras. Elle avait accepté la captivité, la souffrance, l’abnégation d’elle-même comme seul moyen pour se révolter et pour lutter contre ce Mal. Maintenant qu’elle n’avait plus de colère à laquelle se raccrocher, elle se sentait plus vulnérable que jamais. Mais elle sentait aussi ses failles se combler une à une. Une personne pansait ses blessures. Un homme atténuait ses maux. Il connaissait ce chemin tant de fois parcouru. Celui de l’acceptation de ses forces et de ses faiblesses. Il y était si dangereux de s’y aventurer sous peine de se laisser submerger par l’impuissance et le manque de confiance en soi et de ne jamais en revenir. Elle devait le laisser faire. Le laisser la guider et peut-être la guérir. Elle n’avait plus la force de se battre seule dans cette bataille.  

 

Ce fut pour cela qu’elle n’opposa aucune résistance quand Ryô la déposa sur le carrelage froid de la salle de bain. Dos à lui, elle accéda à sa demande et commença à se défaire de cette armure de tissus imbibés d’eau qui lui collait à la peau.  

 

Voyant qu’elle se montrait conciliante et calme, Ryô la laissa le temps d’aller chercher de quoi se changer dans sa chambre.  

 

Dans l’obscurité de la pièce, il prit ce qu’il leur fallait dans son placard. Alors qu’il allait ressortir aussi vite qu’il était entré, une voix ensommeillée l’interpella :  

 

- Un souci ?...  

 

- Rien que je ne puisse régler seul. Rendormez-vous. Répondit-t-il en refermant la porte derrière lui alors que Shun, rassuré, s’assoupissait de nouveau.  

 

Revenant à la salle de bain, il constata que Kaori n’avait pas bougé d’un pouce. Elle était en sous-vêtements et elle grelottait. Malgré lui, son regard courra sur ce corps à la peau de lait. Il remonta le long des jambes fuselées, s’attardant sur cette chute de rein si souvent devinée avant de s’arrêter, surpris, sur ses épaules.  

S’approchant doucement, il tendait déjà la main sur ce que ses yeux dévoraient par curiosité. Ils délimitèrent les contours de « cette tâche ». Identifièrent cette ombre apposée sur cette peau. Et alors que ses doigts allaient atteindre ce symbole encré en elle, Kaori se retourna vers lui. Comme si de rien n’était, Ryô l’enveloppa d’une large serviette qu’il avait attrapée pour détourner sa propre attention. Il la frictionnait et alors qu’elle enfilait mécaniquement les vêtements qu’il lui avait ramenés, il en profita pour se sécher et se changer à son tour.  

 

Le contact avec ces vêtements secs et chauds la ramenèrent au moment présent. Kaori se sentit soudain bien petite dans ces vêtements, dans cette pièce et surtout face à lui. Ses joues se tintèrent en comprenant à qui étaient le tee-shirt et le caleçon qu’elle portait. Devait-elle le remercier ? Elle se sentait maladroite et gauche, ne sachant que dire ou faire pour éloigner ce triste et honteux moment de faiblesse auquel il avait assisté. A nouveau son regard se voila et se perdit dans ses pensées obscures.  

 

- Suis-moi, nous avons besoin de nous réchauffer. Annonça-t-il en prenant délicatement la main de Kaori dans la sienne pour la garder consciente avec lui.  

 

En sortant de la salle de bain, il sentit Kaori se figer. Elle hésitait. Elle regardait, comme absente, le couloir où se trouvait sa chambre avant de porter son regard sur cette main qui encerclait la sienne. Ryô devinait ses appréhensions et surtout son envie d’oublier. Il comprit aussi qu’il ne devait plus la contraindre d’aucune manière. Elle devait décider seule de le suivre ou pas :  

 

- Je vais nous préparer un chocolat chaud…, sourit-il confiant en lâchant la main de Kaori avant de descendre doucement les marches menant au salon.  

 

Il ressentit un grand soulagement en constatant qu’après une brève hésitation Kaori lui emboîtait le pas.  

 

- Installe-toi, j’en ai pour deux minutes, annonça-t-il le plus naturellement possible.  

 

Kaori se figea au bas des marches, regardant Ryô disparaître dans la cuisine. Elle n’avait pas réellement réfléchi à ce qu’elle faisait. Craintive et quelque peu désorientée, elle observa la pièce, cherchant sa place. Elle opta pour le canapé et se positionna fébrilement à une extrémité.  

 

- Tu devrais boire tant que c’est chaud, ça te fera du bien. L’encouragea Ryô en revenant, un plateau entre les mains.  

 

Il posa le tout sur la table basse avant de prendre une tasse en s’asseyant sur un fauteuil face à Kaori. L’air de rien, il l’observait en soufflant sur sa tasse de chocolat chaud avant d’en avaler une gorgée.  

 

Toujours immobile sur le canapé, Kaori esquissa un mouvement pour attraper sa tasse. Regardant Ryô, elle l’imita en portant le breuvage chaud à ses lèvres. Sa tête allait exploser à trop réfléchir. Qu’attendait-il d’elle ? N’était-ce déjà pas suffisant de l’avoir ainsi surprise en proie à ses faiblesses ? Elle avait accepté son aide mais maintenant que devait-elle faire ? Elle avait peur d’elle-même et de ses réactions. Elle avait peur de ce qui l’entourait. Elle ne voulait pas voir la compassion ou la pitié dans son regard après ça.  

 

En silence, il l’observa boire à petite gorgée cette boisson chaude. Ses yeux perdus dans le vague, sa respiration lente mais encore empreinte de ses tourments, elle était si fragile. Il y avait encore beaucoup à dire pour qu’elle se libère totalement de cette emprise qu’il devinait encore en elle. Mais pas cette nuit.  

Cette nuit, ils avaient tous les deux besoins de calme et de sérénité. Ils pouvaient affronter cela ensemble. Ryô voulait être à la hauteur des sacrifices de sa partenaire. Alors qu’elle avait fini sa tasse qu’elle gardait toujours en mains, Ryô la lui retira. Il la sentit se raidir à nouveau à ce bref contact alors avec précaution il lui fit comprendre qu’il ne ferait aucun geste qui la mettrait mal à l’aise et qu’elle pouvait rester là en toute confiance. Il attrapa le plaid posé sur le canapé et laissa Kaori s’allonger en la recouvrant de l’épais tissu. Il s’éloigna pour éteindre la lumière avant de reprendre place dans le fauteuil afin de rester auprès d’elle.  

 

Même dans l’obscurité, il voyait que Kaori ne dormait pas. Dos à lui, il devinait ses yeux ouverts dans le noir. Sa respiration saccadée montrait son intense réflexion sur ce qui s’était passé ce soir. Il ne pouvait rien faire de plus pour l’instant. Il était là avec elle et c’était tout ce qui comptait. Un sourire naquit sur les lèvres de Ryô. Il était fier d’avoir abattu cet obstacle entre eux, d’avoir été là pour elle au moment où elle en avait eu le plus besoin. Jamais il ne la jugerait sur ses actes ou ses sentiments. Sa fragilité la rendait encore plus humaine et désirable. Elle était une femme hors du commun. Sa place était auprès de Kaori comme la sienne était d’être dans ses bras. Ce n’était pas ce genre d’étreinte qu’il espérait, elle le repoussant et lui la contraignant presque à accepter sa présence. Mais en la serrant dans ses bras, il s’était sentit comme en phase avec lui-même. Il était à sa place avec la bonne personne. Cela s’était imposé à lui alors même que la situation ne s’y prêtait pas et depuis un sentiment nouveau l’habitait.  

En tant que partenaires, ils se devaient soutient et encouragements quelques soient les épreuves ou les faiblesses de l’autre. Il lui devait reconnaissance et confiance. Maintenant il ne doutait plus que demain serait différent et que bientôt City Hunter serait à nouveau un duo indéfectible.  

Cette femme blottit sous cette couverture, faisait vibrer son cœur plus qu’aucune de ses clientes ne l’avaient jamais fait. Cela lui donnait toutes les forces et les espoirs de croire en l’avenir.  

 

- Crois encore en nous Kaori, on s’en sortira tous les deux…, souffla-t-il en couvant tendrement ce corps assoupi avant de lui-même trouver enfin le repos.  

 

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Le jour se levait à peine et péniblement une personne s’éveilla. Sa tête tambourinait lui rappelant violement le désastre de la veille. La gorge sèche, elle tenta de ramener son bras sur son visage pour fuir ce nouveau jour mais ses mouvements étaient freinés par une couverture dans laquelle elle était empêtrée. Gesticulant pour se défaire de cette prison de tissu, la jeune femme tomba à terre. La journée commençait mal.  

Elle rouspéta en se relevant et en tentant de remettre d’ordre dans sa tenue comme dans ses idées qui n’étaient pas très claires. Que faisait-elle là ? Pourquoi avait-il fallu qu’elle se laisse ainsi prendre par ses émotions ? Elle s’était donnée en spectacle et maintenant elle n’aurait plus la même crédibilité à leurs yeux.  

 

« Kaori… », souffla Saeko en constatant le lit vide dans cette pièce qui était sa chambre.  

« Qu’est-ce que j’ai fait ?... », Se lamenta-t-elle face à cette absence.  

 

Doucement l’inspectrice entrouvrit la porte. Apparemment son réveil douloureux n’avait alerté personne. Ses chaussures en main pour faire le moins de bruit possible, elle profita de cette heure matinale pour se faufiler jusqu’au salon.  

Son cœur rata un battement en découvrant Kaori emmitouflée dans une couverture. De toute évidence la jeune femme avait préféré coucher au salon plutôt que de partager sa chambre avec elle. Saeko ne lui en voulait pas. Elle se rappelait par brides les mots venimeux qu’elle lui avait jetés à la figure. Elle n’était pas très fière d’elle. Elle ne pourrait peut-être jamais réparer le mal qu’elle avait fait.  

 

Se cramponnant à la rambarde des escaliers pour descendre doucement, Saeko ne pouvait quitter des yeux ce corps allongé sur le canapé. Elle se sentait coupable. Elle aurait voulu tout effacer, la réveiller et lui dire qu’elle ne pensait pas un mot de ce qu’elle avait dit. Qu’elle n’avait cherché qu’un responsable à son impuissance et à ce qui lui était arrivée. Saeko refreina les larmes qui lui montaient aux yeux ainsi que cette envie de réveiller la jeune femme qu’elle avait involontairement blessée. Elle retint sa respiration alors que lentement elle se mouvait à l’extérieur de l’appartement.  

S’adossant contre la porte d’entrée, Saeko mit ses chaussures. Perdue à se trouver des circonstances atténuantes à ses actes, elle manqua de tomber à la renverse lorsque le panneau de bois se déroba sous son corps.  

 

- Tu nous quittes déjà ? Demanda une voix calme alors que de puissantes mains la rattrapaient et refermaient la porte pour préserver leur intimité.  

 

- Ryô ?... déjà levé ? Ca ne te ressemble pas…, répondit Saeko en tentant de reprendre contenance.  

 

- Tu n’es pas la seule à changer tes habitudes.  

 

- … aucune chance pour que tout cela ne soit qu’un malentendu… quels sont les dégâts ? Demanda-t-elle en accrochant le regard noir de Ryô.  

 

En l’entendant se réveiller à l’étage, le nettoyeur avait préféré quitter le cocon douillet qu’il formait avec Kaori. Il ne laisserait personne rompre cet équilibre précaire qu’il espérait renforcer très vite. Caché dans la cuisine, il avait senti le trouble et l’hésitation chez l’inspectrice. Et lorsqu’il avait compris qu’elle préférait fuir comme une voleuse, il avait lui-même traversé le salon à grandes enjambées pour la rejoindre sur le palier. Elle n’était pas prête à affronter Kaori mais lui voulait des explications.  

 

- Qu’est-ce qui t’as pris de t’en prendre à elle ainsi ? Quelqu’en soient les raisons, ne refais jamais ça Saeko ! Tu sais mieux que personne que je ne laisserais jamais quelqu’un lui faire de mal, même pas toi ! Siffla-t-il en durcissant son regard.  

 

- Je sais… je… je suis désolée…  

 

- Ce n’est pas à moi d’accepter tes excuses. Il te faudra revenir et assumer avec elle. Sache que je suivrais sa décision te concernant, tu as été trop loin Saeko. Ryô toisa ce regard si souvent fier et infaillible se baisser et reconnaître ses fautes avant de reprendre avec la ferme intention de ne plus rien laisser passer : Maintenant que c’est clair pour toi, je t’écoute.  

 

Le regardant fébrilement, Saeko remarqua la tenue légère de l’homme face à elle. Tout ce qu’il portait était un tee-shirt et un caleçon. Il ne portait aucune arme mais il n’en était pas moins dangereux. Elle ne pouvait nier le magnétisme qu’il dégageait. Il inspirait le respect, la force et la peur. Il ne lui laissait pas le choix. Elle devait tout lui dire même si cela signifiait raconter son humiliation et perdre de sa splendeur à ses yeux.  

 

Ryô laissa partir Saeko après qu’elle lui ait dit comment elle en était arrivée à s’imbiber d’alcool pour oser accepter sa nouvelle situation. Sûr que pour une femme d’action comme elle, habituée à tout contrôler, se retrouver ainsi sur la touche était difficile à digérer. Ryô s’agaçait. Ce Ministre commençait sérieusement à lui chauffer les oreilles. Il le sentait, ses actes n’avaient pour but que d’atteindre Kaori. Tout cela ne pouvait pas être que des coïncidences. Plus Ryô y réfléchissait et plus il discernait nettement la nature de cet homme, vil, espiègle et sournois. Il se croyait tout permis et à l’abri de tout mais sa chute risquait d’être douloureuse. Foi de Saeba, il ne s’en sortirait pas impunément.  

 

Retournant au salon, il entreprit de réveiller Kaori avant que les autres ne se lèvent. Cela le déchira de la sortir de ses songes qu’il espérait agréables mais il ne pouvait laisser les autres se douter de quoi que ce soit.  

 

- Kaori… il faut te réveiller…, murmura-t-il à son oreille en lui caressant les cheveux.  

 

Doucement, elle réagissait à son contact. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle sursauta en découvrant Ryô aussi près d’elle. Percevant son affolement et sa gêne, il recula en la rassurant :  

 

- Ne t’inquiète pas tout va bien. Tu ne veux quand même pas que les autres découvrent que tu m’as rendue une visite nocturne ? Se moqua-t-il gentiment pour détourner son attention.  

 

Se redressant d’un bond, Kaori mit quelques minutes à réaliser ce que lui disait Ryô.  

 

- Très drôle… comment pourraient-ils croire ça ? C’est tout à fait crédible que je me retrouve au salon juste pour éviter tu sais qui. Répondit-elle en s’asseyant face à Ryô accroupit auprès d’elle avec un sourire énigmatique sur les lèvres. Pourquoi tu souris comme ça ? S’agaça-t-elle après lui.  

 

- Tu as aussi une explication pour ce que tu portes ? Continua-t-il à sourire en se relevant alors qu’elle rougissait en découvrant sa tenue.  

 

- Je… c’est toi qui…, marmonna-t-elle en remontant la couverture jusqu’au menton.  

 

- Allez, il est temps d’aller s’habiller sinon j’en connais une qui ne va pas nous lâcher avec ses questions. Rit bêtement Ryô en s’éloignant de Kaori.  

 

S’il était resté près d’elle encore une minute, il n’aurait pu retenir cette vague de désir qui déferlait en lui. La voir ainsi porter ses vêtements qui malgré leur ampleur ne cachaient rien des formes avantageuses qu’il avait déjà eu l’occasion d’apprécier. Ses joues rosies par cette situation ambiguë. Elle tout simplement face à lui. Ce n’était pas ainsi, du moins pas maintenant, qu’il voulait renforcer les choses entre eux. Chaque chose en son temps même si du temps pour eux se faisait désirer.  

 

Il regarda avec amusement Kaori se couvrir entièrement de la couverture pour cacher sa tenue au cas où ils croiseraient quelqu’un en regagnant leurs chambres. Il se rappela alors ce tatouage qu’il avait découvert à l’insu de la jeune femme. Il était curieux d’en apprendre d’avantage et de pouvoir le toucher mais ce n’était pas encore le moment d’aborder le sujet.  

Arrivés à l’étage, il la vit respirer un grand coup avant de poser la main sur la poignée.  

 

- Tu peux relâcher la garde. Elle est partie de bonne heure, confuse et consciente de ce qu’elle a fait. Je ne la défends d’aucune manière mais avant de décider si City Hunter doit couper les ponts avec elle, tu devras entendre ce qu’elle a à te dire.  

 

Par ces mots, Ryô lui accordait tout son soutien. Kaori n’en doutait plus.  

 

- Merci…, prononça-t-elle avant de rentrer dans sa chambre le cœur allégé.  

 

 


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