Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 20 capitoli

Pubblicato: 23-01-11

Ultimo aggiornamento: 29-10-12

 

Commenti: 125 reviews

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GeneralDrame

 

Riassunto: Jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?

 

Disclaimer: Les personnages de "La Guerre des Anges" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Guerre des Anges

 

Capitolo 12 :: Ménage à trois

Pubblicato: 20-07-11 - Ultimo aggiornamento: 20-07-11

Commenti: COUCOUUU !!! Merci pour vos encouragements et votre patience. Voici un chapitre avant que je parte en vacances. Nous nous étions arrêtés alors que Kaori sortait de prison et révélait l'envers de son histoire soutenue par son mari Shun. Maintenant il nous reste à voir comment chacun va trouver sa place dans cette nouvelle équation et comment va évoluer cette situation. Mon Grand Maître Yoda City espère voir de la lumière... et il y en a, tamisée certainement mais c'est de la lumière quand même hihihihihi. Je vous souhaite à toutes et à tous de belles vacances !!! BIIISOUUUSS !!!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

Kaori était lasse de les entendre se chamailler pour un rien. Elle avait préféré fuir dans sa chambre pour s’y enfermer à clef. Elle ferma aussi les volets. Le peu de lumière qui filtrait encore formait un étrange quadrillage sur le sol. Kaori pris position sur son lit, le dos au mur, les bras autour de ses jambes resserrées contre sa poitrine. Elle tentait d’éloigner ces voix qui disaient vouloir l’aider et la comprendre. Pensaient-ils vraiment à elle et à comment elle avait vécu ces dernières semaines et surtout ces dernières heures, la prison, la libération et le mariage ? Personne ne pouvait l’aider en ce moment et personne ne savait ce qu’elle ressentait puisqu’elle-même ignorait ce qu’elle devait ressentir. D’ailleurs personne n’avait pris la peine de lui demander comment elle se sentait ni même comment elle avait vécu son séjour en prison. Craignaient-ils autant la réponse ? Elle oui. Elle n’était pas soulagée d’être « dehors ». Elle se sentait différente et en décalage avec ce monde extérieur qu’elle n’avait quitté que presqu’un mois. La prison, c’était pour les personnes coupables de crimes… elle n’avait pourtant pas fauté de ce côté-là mais le vivait tout comme. Restait à comprendre quelle faute elle avait commise. Et que dire de son mariage ? Ce n’était qu’un leurre mais il était tout ce qu’il y avait de plus vrai. Pour Kaori, le mariage était un moment important dans la vie d’une jeune femme. C’était un acte d’amour et un engagement sincère envers l’être choisi et non pas une solution pour couvrir ses erreurs.  

 

Depuis l’union de Miki et Falcon, Kaori s’était maintes fois surprise à rêver à son propre mariage. Rien de très excentrique. Une petite chapelle pour une cérémonie en intimité. Une robe blanche, un joli bouquet, ses amis et l’homme qu’elle aimait. Elle savait que cela ne resterait qu’un rêve car il était difficile de se marier avec un homme qui n’existait pas aux yeux de la loi et qui de plus ne lui avait jamais avoué clairement l’aimer.  

Kaori balaya ses illusions d’un soupir. Pour se marier avec lui il fallait au moins qu’il y est quelque chose entre eux à célébrer. Ce qui n’était pas le cas. Ce n’était pas un simple baiser, aussi fort et intense qu’il puisse être, échangé dans les murs gris et sales d’une prison, qui allait faire avancer les choses entre eux, encore moins maintenant qu’elle était mariée à un autre. La réalité n’avait donc décidément rien avoir avec ses rêves. Elle était maintenant unie à un homme qu’elle connaissait bien. Par biens des côtés, il ressemblait à Ryô. Sa loyauté et son altruisme cachés par une désinvolture et une indifférence. Elle l’admirait et le respectait. Il lui avait ouvert son cœur il y a bien des années et tendu la main quand elle en avait eu besoin. Pourtant elle ne l’aimait pas de cet amour-là. Shun l’avait suivie dans cette histoire sans lui poser de questions. Il avait tout pour plaire et quelque part Kaori n’était pas indifférente à son charme mais elle devait rester concentrer sur son objectif. Elle avait bien retenu la leçon en prison. Les sentiments, c’était être faible et elle n’avait plus le droit à l’erreur.  

 

Sa solitude dans cette pièce lui pesait. Kaori n’arrivait pas à se défaire de ce sentiment d’échec et de cette ambiance lourde et froide de la prison. Elle était chez elle, elle le réalisait en portant son regard sur sa chambre et sur tous ces objets familiers mais elle se sentait étrangère à ces lieux. Elle ne pouvait pas sortir sous peine d’être encore prise entre deux feux avec ces deux hommes qui pourtant ne lui voulaient pas de mal malgré leurs attitudes de chiens défendant leur territoire l’un envers l’autre. Elle les entendait très bien aller et venir dans l’appartement. Leurs échanges lui arrivaient comme des murmures. Ces sons ne lui étaient pas étrangers. Cela la réconfortait presque que d’imaginer à nouveaux les bruits sourds et étouffés, presque singuliers des rondes des gardiens alors que les chuchotements et rumeurs nocturnes emplissaient sa geôle.  

 

De l’autre côté de ces murs, l’ambiance n’était pas des plus chaleureuses.  

Ryô avait fait faire un tour rapide du propriétaire à Shun, en omettant d’indiquer la chambre de Kaori, avant de l’abandonner sans gêne dans la chambre d’amis. Il avait alors disparu sur le toit pour fumer une cigarette. Il avait besoin d’air. Ce type sous son toit le dérangeait mais il ne pouvait faire autrement que de « l’accueillir ». Au moins avait-il réussi à les séparer, c’était une petite victoire au vu de ce qu’il s’imaginait.  

 

Ryô en savait d’avantage maintenant sur les motivations de sa partenaire dans cette histoire mais préférait ne pas s’attarder sur ce que cette union pouvait sous-entendre réellement. Il voulait encore croire que si cela cachait quelque chose de plus profond entre cet homme et sa partenaire, ça il l’aurait senti. Il aurait senti en lui ce changement qui n’aurait pas manqué de la marquer elle. Son instinct, le lui aurait soufflé s’il l’avait complètement perdue. Il aurait su reconnaître les émois d’une femme qui s’éveille sous les caresses d’un amant. Ce n’était pas encore le cas et Ryô était bien décidé à ne pas renoncer à elle sans se battre. Depuis que cette histoire s’était enclenchée, sans lui, il avait compris que même loin de lui, Kaori était capable de s’attirer des ennuis. Parce qu’elle était ainsi : entière et si pure qu’elle se battait farouchement pour les autres. Son frère avait eu raison de la lui confier, il lui fallait quelqu’un pour veiller sur elle comme elle veillait sur les autres. Plus que tout Ryô voulait être cette personne. Il voulait être celui sur qui elle pouvait compter autant que lui maintenant comptait sur elle. Et ce n’était pas un flic avec ses airs supérieurs et encore moins un homme qui se croit en bonne place, qui allait lui ravir son bien le plus précieux.  

 

Ryô avait un besoin viscéral de la voir et de la toucher. Il avait tellement de questions encore sans réponses. Mais il devait s’assurer qu’entre elle et lui, il y avait toujours ce lien. Il devait lui rappeler leur baiser et surtout lui dire sa sincérité. Depuis son retour, elle était tellement distante avec lui. Il imaginait sans mal qu’elle avait du croire que ce geste ne valait rien et qu’il avait du se moquer d’elle une fois de plus. Mais cela ne suffisait pas à expliquer cette froideur et cette colère qu’elle affichait. La prison et cette torture infligée par ce Ministre avaient bousillé quelque chose en elle. Il comprenait que l’histoire de son amie la touche autant. Kaori avait cette particularité de ressentir le bonheur comme la douleur des autres pour elle. Et là ce n’était pas le meilleur scénario. Ryô ne connaissait que trop bien cette souffrance pour ne pas la reconnaître quand il la voyait. Il reconnaissait les remparts invisibles qu’elle dressait autour d’elle pour se protéger mais lui savait qu’ainsi Kaori devenait sa pire ennemie. Si seulement il avait su… les choses auraient-elles été différentes ? Il ne laisserait pas Kaori faire comme si de rien n’était et continuer à avancer maintenue seulement par sa haine. Il ne la laisserait pas se détruire d’avantage. Tout cela avait pris des proportions qu’elle n’avait pas envisagées. Il la connaissait assez bien pour savoir qu’elle irait jusqu’au bout et jusqu’à se perdre mais il était hors de question pour lui de rester sur la touche.  

 

En redescendant, Ryô s’était arrêté devant la porte de la chambre de sa partenaire. Il sentait au travers de cette cloison de bois tant de détresse et d’amertume. Sa main serrant la poignée, il pria pour que son ouïe se soit trompée et que la porte ne soit pas verrouillée. Mais elle l’était. Kaori avait délibérément mis un mur entre elle et le reste du monde, entre elle et lui. Acceptant de lui laisser encore du temps, Ryô recula et descendit, pensif, au salon.  

 

- Faites comme chez vous ! Pesta-t-il en remarquant que Shun y était aussi et qu’il s’était servi un verre.  

 

- Merci. Je vous en sers un aussi ? Demanda-t-il alors qu’il versait l’alcool brun dans un deuxième verre également posé sur la table basse.  

 

Ryô accepta ce verre en essayant de comprendre ce qu’il avait derrière la tête.  

 

- Je sais que je ne suis pas le genre de compagnie que vous chérissez pour vous « détendre », commença Shun en débusquant de sous un coussin une revue de charme et en la posant sur la table basse. Vous n’êtes pas le seul à vouloir en savoir plus sur l’autre mais je crois que nos désaccords ne l’aideront pas à s’en remettre…  

 

- Que proposez-vous ? Demanda Ryô en jaugeant « son rival » qui lui aussi avait remarqué que Kaori n’était plus tout à fait elle-même.  

 

- Une trêve. Je crois que tous les deux, nous sommes capables de mieux faire… pour elle.  

 

Les minutes s’égrenèrent en silence, les deux hommes ne trouvant rien de plus à se dire jusqu’à ce que l’un deux ose poser cette question qui dérange :  

 

- Qu’y a-t-il entre vous ?  

 

- De quoi je me mêle ! Vous manquez pas d’air ça c’est sûr mais je peux aussi bien vous retourner cette question ! Lâcha Ryô, agacé.  

 

- Mais vous ne le faites pas… seriez-vous jaloux ? Sourit Shun avant d’avaler une gorgée de son verre.  

 

- Pas du tout ! S’enflamma Ryô. Il était temps qu’elle se trouve quelqu’un, même si je ne suis pas persuadé qu’elle ait fait le meilleur choix. Enfin… je vais pouvoir agir à ma guise sans me soucier…  

 

- Alors c’est encore plus grave que je le croyais, le coupa Shun avant de finir d’une traite son verre. Vous êtes inquiet. Vous avez peur. Peur de la perdre à mon profit. Vous avez dispersé un peu partout des « œuvres » telles que celle-ci, fit-il en désignant le magasine sur la table, pour vous la jouer solitaire et sans attaches, un vrai célibataire… pour garder une certaine distance avec elle… pourtant vous lui avez laissé poser ses marques et faire de cet appartement un foyer qui n’a rien à voir avec une garçonnière. Vous me dites que ce mariage est bidon pour après me convaincre que cela ne vous fait rien ? C’est intéressant cette manière de faire l’autruche. Comment pouvez-vous être aussi faible avec une femme aussi forte et courageuse à vos côtés ? On dit que les opposés s’attirent, c’est peut-être vrai dans votre cas. Lâcha-t-il en se levant du canapé et en rejoignant les escaliers. Pour moi les choses sont claires, pour vous il y a encore du travail. Que ça vous plaise ou non je suis son mari et je compte bien remplir mes devoirs et obligations envers elle. Ajouta-t-il un sourire ambigu sur les lèvres.  

 

Il savait qu’il n’aurait pas du l’accepter chez lui. Il savait qu’à ce rythme, il allait finir par le tuer. La seule chose qui le retenait c’était Kaori. Et Shun le savait bien, c’était pour cela qu’il se permettait d’être aussi arrogant. Mais Ryô lui ferait ravaler ses sourires et ses propos d’une manière ou d’une autre. Cependant, il médita longuement sur ces dernières paroles. Ce blanc bec avait, en très peu de temps, réussi à le cerner. Ryô devait prendre sur lui et agir en professionnel comme pour n’importe quelle autre affaire. Mais si Shun pensait qu’il allait lui faciliter la tâche, il se mettait le doigt dans l’œil. Ryô soupira férocement de frustration.  

 

C’était la première soirée du retour de Kaori et non seulement il ne la voyait même pas mais en plus il se tapait un sermon de « Monsieur m’as-tu-vu ». Il regarda la pendule afficher dix-neuf heures d’un air navré. Sortir lui était inenvisageable dans ces circonstances et rester à boire seul dans le salon lui semblait pathétique. Peut-être qu’une vraie nuit de sommeil pourrait l’aider. Il ne dormirait que d’une oreille car même si Kaori s’était enfermée dans sa chambre, il se devait de surveiller l’autre prétentieux.  

 

Minuit et Ryô ne dormait toujours pas, se tournant et se retournant dans son lit. De rage, il repoussa les draps. Il avait soif. Il se leva, enfila un caleçon et sortit sans faire de bruit de sa chambre. Dans l’appartement tout était silencieux. Dans le couloir, Ryô avisa la chambre d’amis, la porte était fermée. Sûrement que son invité avait réussi à trouver le sommeil lui. Il passa doucement devant la chambre de Kaori. Là aussi, aucun bruits. Dormait-elle ?  

 

Ryô se dirigea vers la salle de bain et sans allumer la lumière, alla au lavabo pour s’imprégner le visage d’eau et se désaltérer. Il refermait le robinet lorsqu’il perçut un grincement dans le couloir. Quelqu’un s’était levé. C’était trop beau pour être vrai. Il fallait que ce soit Shun qui lui aussi n’arrivait pas à trouver le sommeil, observa-t-il en le voyant traverser silencieusement le couloir pour s’arrêter devant la chambre de la jeune femme.  

 

- Je vois que je ne suis pas le seul que le sommeil fuit, murmura Shun en devinant la présence de Ryô dans la pénombre du couloir.  

 

- Que faites vous encore debout à cette heure ?  

 

- Je ne sais pas pour vous, mais je me suis dit que m’assurer de son sommeil ne serait pas une mauvaise chose. Fit-il en s’adossant au mur face à la chambre scellée.  

 

- Elle est dans sa chambre et elle a le droit à son intimité et à la sécurité. Siffla Ryô en se rapprochant de son rival. C’est ça que vous appelez « remplir vos obligations et devoirs » ? En lui rendant une visite nocturne alors qu’elle est en position de faiblesse ? Je vous croyais plus intelligent que ça…  

 

- Ce n’est pas ce que vous pensez. Osez me dire que pas une fois il vous est arrivé de pénétrer dans sa chambre, juste pour vous assurer qu’elle est là et qu’elle dort du sommeil des justes. Prononça-t-il sans quitter la porte close des yeux.  

 

- Ce n’est pas de moi qu’il s’agit… alors éloignez-vous de cette porte !  

 

- Disons que ce serait nous rendre service à tous les deux, continua Shun sans prêter attention aux menaces de Ryô. Savez-vous ce que ça fait de la voir pendant son sommeil, si calme et sereine ? L’entendre respirer ? Elle a cet effet apaisant et rassurant qui vous donne le sentiment que ce que vous faites et qu’elle ignore, en vaut la peine du moment que son sommeil reste imperturbable. Fit-il en croisant le regard sombre du maître des lieux.  

 

Une demi-seconde, Ryô hésita. Lui aussi souffrait de ne pas la voir et ce que venait de lui dire Shun était criant de vérité mais il ne pouvait pas. Il ne voulait pas faire cela en sa présence. Ryô garda pour lui cette douleur de découvrir que cet homme aussi avait veillé et admiré la jeune femme pendant ses sommeils mais il ne pouvait leur accorder ce droit à tous les deux.  

 

- Je ne vous le répèterais pas ! Menaça Ryô en attrapant Shun par le bras. Qui que vous croyez être pour elle, vous n’avez aucun droit ici !  

 

Shun regarda d’un drôle d’air cette main posée sur son bras nu. C’est alors qu’il remarqua la légèreté de la tenue de l’homme. Lui-même était aussi juste vêtu de son boxer. Ils avaient l’air fin tous les deux dans l’obscurité. Sèchement, Shun retira son bras et s’éloigna sagement :  

 

- Ce qui vaut pour moi le vaut aussi pour vous.  

 

Malgré la pénombre du couloir, Ryô avait cru discerné un sourire sur le visage de l’homme dont il ne distinguait que nettement ces yeux qui luisaient. Cet homme ne lui disait rien qui vaille. Il cachait quelque chose. Cette situation semblait plus l’amuser qu’autre chose. Ce qui le dérangeait aussi c’était de s’apercevoir que Shun se sentait déjà comme chez lui ici. Il n’hésitait pas à se balader à demi-nu alors que Kaori aurait aussi pu le croiser. Ryô devait reconnaître qu’il était assez bien foutu comme mec malgré quelques cicatrices à peine visibles et une marque plus prononcée sur le torse. Il avait une belle gueule, de l’intelligence et un certain charisme. Il avait tout pour plaire. Si la situation avait été différente, il aurait été un atout de taille dans la chasse aux miss mokkori. A ce constat, Ryô se tapa la paume de sa main violement contre son front. Voilà qu’il commençait à délirer et à reconnaître ouvertement les attraits de Shun sur la gente féminine. Ce type avait le chic pour le mettre hors de lui avec trois fois rien. Ryô le regarda refermer sa porte avant que lui-même ne retourne aussi dans sa chambre. Il ne pourrait pas dormir cette nuit, c’était peine perdue. Il se cala donc du mieux qu’il put contre ses oreillers posés contre le mur et assis sur son lit, les bras croisés derrière sa tête et le regard fixe, Ryô guettait le moindre bruit ou mouvement dans l’appartement.  

 

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La première nuit fut rude pour chacun des occupants. A six heures du matin, Kaori ouvrit les yeux. Elle n’avait pas réellement dormi. Elle avait entendu les hommes discuter non loin d’elle. Même si elle n’avait pas compris ce qu’ils se disaient, elle se doutait que c’était d’elle qu’il s’agissait. Mais en ce moment elle était bien loin de leurs futilités. Elle n’avait pas quitté sa position contre le mur et avait froid et mal partout. Elle hésitait à se lever, aujourd’hui plus rien ne la pressait mais elle ne pouvait plus rester là, seule dans cette pièce. Pourtant elle attendait quand même. Un signal, une alarme, un bruit. Quelque chose qui l’autoriserait à se lever mais il n’y avait que le silence. S’étirant doucement, Kaori posa un pied à terre en guettant le silence extérieur. Elle sentait son cœur s’emballer à chacun de ses mouvements qui la rapprochaient de la porte. Doucement elle tira la poignée. Cependant elle prit peur en constatant sa résistance à s’ouvrir. Justes quelques secondes avant qu’elle ne se souvienne avoir elle-même fermé cette porte à clef. Elle soupira et se rabroua mentalement contre sa stupidité alors qu’elle posait son front contre la cloison, le temps de reprendre son calme. Elle déverrouilla sa porte et passa timidement sa tête dans l’encadrement. Guettant à gauche puis à droite le moindre bruit susceptible de l’avertir d’une autre présence. Il n’y avait personne en vue. Refermant la porte, Kaori prit quelques instants avant de se décider. Pouvait-elle sortir ? Le devait-elle ? Elle se dirigea vers l’armoire et en sortit une tenue : un pantalon, un tee-shirt à manches longues et un large gilet. Ce n’était pas la tenue adéquate par ces chaudes journées d’été mais cela lui convenait.  

 

Se faufilant minutieusement avec ses affaires dans les bras, Kaori rejoignit la salle de bain restée ouverte. Elle posa ses affaires au pied de la douche et se délesta de cette tenue qui lui brulait la peau. Ses vêtements, qu’elle avait gardés sur elle depuis sa remise en liberté, étaient restés dans une enveloppe en papier kraft tout le long de sa détention. Ils n’avaient plus son odeur à elle et étaient devenus inconfortables. Sa douche n’excéda pas dix minutes. Elle ne profita pas de l’eau chaude, qu’elle avait à peine actionnée, pour se délasser. Elle se lava, se rinça et sortit. Attrapant une serviette, elle regarda avec étonnement la porte de la salle de bain. L’espace d’un instant, elle suspendit sa respiration et douta. Le silence extérieur la rassura quelque peu puis ne s’attardant pas d’avantage elle se sécha et s’habilla en toute hâte. Elle ne regarda pas dans le miroir ce reflet qu’elle n’aurait pas reconnu et attrapa ses vêtements infestés de l’odeur de la prison avant de descendre les escaliers menant au salon.  

 

Le jour perçait doucement dans la pièce, lui renvoyant des ombres étranges et difformes. Kaori resta figée un petit moment à les observer. Elle regarda ce qu’elle avait en main et se dirigea directement vers la cuisine. Elle ouvrit la poubelle pour y jeter ses affaires puis regarda autour d’elle avant que son regard ne revienne sur la poubelle. Rien à faire, ces choses étaient encore trop près d’elle. Elle n’arrivait pas à se concentrer sur autre chose que ces vêtements qui, malgré qu’ils soient cachés à sa vue, continuaient de lui rappeler ce qu’elle était : une ex-détenue. Frénétiquement elle sortit le sac poubelle de son bac et le ferma. L’attrapant vigoureusement, elle le porta dans le salon avant de sortir en douce de l’appartement avec son fardeau. Elle dévala les escaliers et se précipita au dehors. Kaori avisa le container à ordures et y fourra son sac avant de vite reprendre le chemin de l’appartement. Elle regagna hâtivement l’appartement avant de refermer d’une main tremblante la porte d’entrée. Adossée contre celle-ci, elle observait cette grande pièce face à elle alors que sa respiration s’accélérait. Il n’y avait pas de désordre particulier, juste deux verres et une bouteille posés sur la table basse. Elle ne savait pas ce qu’elle devait faire. Rester prostrée là à attendre ou bouger. Tous ces objets, ces meubles et ce confort l’indisposaient. Malgré elle, ses pas la portèrent au centre du salon qui semblait soudainement trop calme et trop vide à la fois.  

 

Les yeux clos, Kaori se trouvait toujours immobile au milieu de la pièce lorsque qu’un bonjour franc et clair la sortit de sa léthargie. Kaori se sentit comme prise en faute. Elle tenta cependant de répondre sur le même ton avant de détourner l’attention de cet homme en haut des marches en lui proposant un café, sans pour autant le regarder en face.  

Shun la suivit dans la cuisine et la regarda farfouiller dans les placards. Il pouvait ressentir un certain stress émané de la jeune femme. Ses propres gestes n’étaient pas sûrs et elle semblait perdue dans cette pièce qui pourtant devait lui être familière.  

 

- Je ne pensais pas que tu serais si matinale. Dit-il pour briser ce silence pesant. A ta place, j’aurais profité de cette première matinée chez moi pour paresser. Personne ne te l’aurait reproché.  

 

- Je n’ai jamais été du genre à faire la grasse mat et c’est pas maintenant que ça va changer, expliqua-t-elle en faisant claquer les tiroirs et les placards. Tu aurais pu aussi rester couché, lui fit-elle remarquer à son tour.  

 

- C’est vrai mais cela m’arrange que tu sois déjà debout. Je ne me voyais pas attendre encore longtemps que quelqu’un se lève et on m’a bien fait comprendre que je n’étais pas le bien venu. Alors à choisir, je préfère être avec toi plutôt qu’avec qui tu sais.  

 

- Il grogne mais ne mord pas. Il ne te fera rien si tu ne l’y obliges pas. Je te connais Shun, tu es aussi pointilleux que lui. Lança-t-elle en disposant deux tasses sur la table et en mettant la cafetière en marche.  

 

Shun observa la jeune femme, ces cernes et ces yeux vides. Elle nageait presque dans ces vêtements avec ce gilet qu’elle ne cessait de resserrer sur elle. Son teint pâle l’inquiétait aussi. Ils burent leurs cafés en silence. Elle évitait soigneusement de le regarder et ne lui disait rien s’il n’entamait pas lui-même la conversation.  

 

- Le matin, surtout de si bonne heure, j’ai pour rituel de faire quelques exercices. Ce ne serait pas du luxe vu mon repos forcé ces derniers temps. Sais-tu où il y aurait une salle de sport dans le coin ? Lança-t-il d’une voix douce pour briser ce silence inconfortable.  

 

- Il y a tout le nécessaire en bas. Annonça-t-elle en vidant sa tasse dans l’évier.  

 

- Je te suis.  

 

Ils sortirent de l’appartement et descendirent au sous-sol.  

Kaori appuya sur l’interrupteur et les néons grésillèrent avant d’éclairer cette vaste pièce.  

 

- Impressionnant ! C’est une salle de tir et de musculation, je devrais en parler à mon proprio, plaisanta-t-il en pénétrant à l’intérieur alors que Kaori restait sur le seuil les bras croisés et le regard vague. Tu restes me tenir compagnie ? L’invita-t-il d’un sourire.  

 

Il la vit hésiter avant de le rejoindre. Elle prit place sur le banc de musculation alors que Shun commençait une série de pompes avec son bras valide.  

Au bout d’une demi-heure, il se releva, en sueur. Kaori portait son regard autour d’elle comme si elle découvrait cette pièce.  

 

- Tu t’y entraines aussi parfois ?  

 

- Non… ce n’est pas mon truc…  

 

- Tu devrais essayer, ça fait un bien fou. Que dirais-tu de m’accompagner ? Demanda-t-il en dénouant le tissu qui maintenait son bras endolori.  

 

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de faire ça. Ta blessure est récente, il ne faudrait pas l’aggraver. Parut s’inquiéter Kaori.  

 

- C’est ça qui te gêne ? Mon bras ? Ce n’est que la partie visible des conséquences de cette fusillade. Ca aurait pu être plus grave…  

 

- …  

 

- Ca t’aide si je fais ça ?! Fit-il sèchement en déroulant la bande qui cernait son bras. Ce n’est qu’une vilaine entorse. J’ai aussi eu une balle dans la cuisse et deux côtes cassées. Pourtant je suis là devant toi. Je ne me plains pas. Je te le dis : mes blessures ne sont rien à côtés des tiennes. Ce n’est que physique, ça se répare et j’en ai vu d’autres. Mais pour les tiennes… faut-il encore que tu acceptes d’être soulagée…, fit-il plus doucement en s’approchant d’elle. Face à son silence et à son regard nerveux, il se lança : ce calme, ce dédain, ce n’est pas toi Kaori ! Tu devrais être furieuse, en colère !  

 

- Qui te dit que je ne le suis pas ? Répondit-elle d’une voix égale.  

 

- Alors montre-le ! Tu ne peux pas garder tout ça pour toi ! Il faut que ça sorte ! Crache ce que tu as sur le cœur ! Depuis hier c’est comme si tu te laissais faire. Tu dis ce que les autres veulent entendre ! Tu expliques « gentiment » ce qu’ils doivent savoir mais tu ne dis pas l’essentiel : tu ne parles pas de toi !  

 

- Il n’y a rien à dire me concernant ! Je n’ai pas le temps de m’apitoyer sur mon sort ! Si on ne trouve pas un moyen de le court-circuiter, on risque bien plus que de petits bobos !! S’énerva-t-elle.  

 

- Tu ne retourneras pas en prison Kaori, je te le garantis…  

 

- Comment peux-tu faire une telle promesse ?! Siffla-t-elle en se dressant devant lui. Ce n’est pas toi qui…  

 

- Qui quoi ?! Qui a disparu en te laissant assumer nos actes ?! Qui t’a laissée seule et à sa portée ?! J’ai un scoop pour toi ! Je suis tout aussi fautif ! On avait pris toutes les mesures nécessaires ! Tu avais confiance en moi ! Et j’ai merdé ! Alors accuse-moi ! Reproche-le-moi ! Mais ne joue pas à ça avec moi ! Ton indifférence et ta froideur marchent peut-être avec ton colocataire ou ton partenaire ou je ne sais pas exactement qui il est pour toi, mais pas avec moi ! C’est peut-être votre façon de fonctionner de ne rien se dire de ce qui vous ronge mais pas moi ! Toi et moi on est ensemble sur ce coup et je ne veux pas que ça explose sans prévenir ! J’ai besoin que tu sois à cent pour cent avec moi !  

 

- Je ne suis pas si faible que tu le crois ! Je n’ai rien lâché ! J’ai tenu bon et je n’abandonnerai pas ! Pleurait-elle nerveusement.  

 

- Je le sais très bien mais rien ne te force à porter cela toute seule ! Alors réagis bon sang ! Crie ! Hurle ! Frappe-moi s’il le faut ! La poussa-t-il en s’approchant dangereusement d’elle.  

 

- Ne m’oblige pas à ça ! Menaça-t-elle en gardant de la distance avec lui.  

 

Shun la regardait. Elle était prisonnière d’elle-même, de sa colère et de ses doutes. Il n’avait pas le choix. Il savait qu’Akamatsu n’en resterait pas là, ce serait trop facile. Il devait la forcer à se libérer physiquement de ses émotions néfastes qui la rongeaient. Etre son exutoire ne le dérangeait pas, il se sentait tout aussi coupable voire même plus de ce qui était arrivé à la jeune femme.  

 

- Pendant que tu étais enfermée, j’étais libre ! Tu t’es retrouvée face à plus fort que toi alors que moi je ne risquais rien !! Il t’a torturée alors que moi je n’avais rien à faire d’autre que de rester tranquillement allongé sur un lit moelleux !!! Enuméra-t-il en la poussant volontairement à bout.  

 

- Arrêtes ça ! Répondit-elle avec hargne en se jetant sur lui. Tu n’y étais pas ! Tu ne sais rien de ce que j’ai enduré ! Je te faisais confiance et tu n’étais pas là !! Le frappait-elle inlassablement. Pourquoi quand j’ai le plus besoin de toi tu ne le vois pas ?!!!  

 

Shun la laissa se défouler, ses coups soulageaient un peu sa culpabilité. Il écouta les plaintes de la jeune femme et comprit qu’à travers lui, elle s’adressait aussi à un autre. Doucement il referma ses bras sur la jeune femme pour partager sa peine.  

 

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Ryô se félicitait d’avoir suivi son instinct et de s’être levé dès qu’il avait perçu un mouvement dans l’appartement. Par contre il ne s’attendait pas à trouver cette porte ouverte alors que Kaori prenait sa douche. Il était resté figé en s’apercevant que c’était bien la jeune femme qui se trouvait sous le jet d’eau et qu’elle n’avait pas trouvé opportun de fermer cette porte. Ryô n’en avait perçu que les courbes au travers de la vitrine épaisse et floue qui constituait la cabine de douche. Il avait deviné sa peau et son corps se mouvoir sous l’eau. Il percevait sa respiration et ses mouvements. Il était spectateur d’un moment qui ne lui appartenait pas. Avec douceur, il avait refermé cette porte. Il voulait préserver son intimité, par pudeur et par respect pour la jeune femme. Il avait cependant attendu que l’eau cesse de couler pour s’assurer que personne d’autre ne viendrait profiter de ce moment d’innocence avant de repartir dans sa chambre. Ryô se rallongea sur son lit, pensif. Cela n’avait duré que très peu de temps mais cette scène le mettait dans tous ses états et pour preuve, son mokkori dressé fièrement. Il se rabroua d’avoir un tel réflexe. C’était encore trop tôt pour se laisser aller de la sorte. Perdu dans ses émotions, Ryô perçut faiblement le bruit d’une porte qui se ferme. Il se concentra pour repérer sa partenaire dans l’appartement et fut soulagé de la sentir à nouveau. Son aura était faible et hésitante. Elle ne bougeait plus.  

Ryô la surveillait ainsi, à distance, ne voulant pas interrompre le processus de réadaptation de Kaori. Elle devait réapprendre à apprivoiser son espace. Elle devait reprendre ses marques chez eux, sans qu’il soit sur son dos mais il avait fallu que Shun en décide autrement en la rejoignant.  

Si tout le monde était debout, Ryô devait se lever à son tour. Il prit ses affaires et fila à la douche, heureux de prendre cette place que la jeune femme avait occupé quelques instants plus tôt. Néanmoins il fut déçu de constater qu’aucune effluve du gel douche de sa partenaire emplissait l’air. De plus quand il actionna le mitigeur, celui-ci resté sur la dernière position utilisée, l’eau était quasiment froide. Cela calma ses dernières ardeurs tout en l’intriguant sur l’état émotionnel de la jeune femme. Quand il ressortit de la salle d’eau enfin frais et dispo, ce fut pour trouver l’appartement désert. En se concentrant, Ryô devina qu’ils étaient toujours dans l’immeuble.  

 

- Qu’est-ce qu’ils foutent de si bonne heure dans la salle de tir ? Grogna-t-il. Si jamais il lui apprend le maniement des armes, je le tue sur place ! Elle n’a jamais tué et elle ne tuera jamais et sûrement pas par vengeance !  

 

Ryô dévala les escaliers en vitesse avant de prendre l’allure d’un félin pour descendre au sous sol. Avec précaution et tout en dissimulant sa présence, il n’eut aucun mal à percevoir les cris qui s’échappaient de la pièce.  

 

« Ton indifférence et ta froideur marchent peut-être avec ton colocataire ou ton partenaire ou je ne sais pas exactement qui il est pour toi, mais pas avec moi ! C’est peut-être votre façon de fonctionner de ne rien se dire de ce qui vous ronge mais pas moi ! Toi et moi on est ensemble sur ce coup et je ne veux pas que ça explose sans prévenir ! J’ai besoin que tu sois à cent pour cent avec moi ! ».  

 

Pour qui se prenait-il à les juger ainsi ? Ryô lui-même ne savait plus comment se définir aujourd’hui par rapport à Kaori mais il n’était sûrement pas un banal colocataire. Et de quel droit se permettait-il d’être aussi autoritaire avec elle ? Ryô fulminait de l’entendre parler ainsi à sa partenaire. Mais les réponses de la jeune femme l’inquiétaient d’avantage. Bien sûr qu’elle n’était pas faible, Ryô le savait mieux que quiconque. C’étaient son courage et sa force de caractère qui faisaient qu’il se battait tous les jours pour elle. Il connaissait sa valeur et il était fier de l’avoir à ses côtés. Cependant ce freluquet avait mis le doigt sur une chose importante et Ryô devait reconnaître qu’il n’avait pas tort : rien ne la forçait à porter son fardeau toute seule. Ryô en avait aussi conscience mais Shun avait été plus rapide que lui à le lui faire admettre.  

 

« Pourquoi quand j’ai le plus besoin de toi tu ne le vois pas ?!!! ».  

 

Ce cri-là, lui était destiné. Inconsciemment ou pas Kaori avait perçu sa présence. Et le message était clair. Il avait ignoré ses appels et maintenant il en payait le prix : sa méfiance et ses reproches face à cet abandon. Il s’en voulait terriblement et son cœur déjà meurtri par tout ce qu’il découvrait, saignait à nouveau à ce cri de désespoir.  

 

Le silence qui suivit ces cris intrigua Ryô qui osa un regard discret dans cette pièce. Une brève seconde, ses sentiments prirent le dessus sur sa faculté à rester concentré : Kaori se fondait dans les bras de Shun. Celui-ci posait sur elle un regard protecteur et doux alors qu’il tentait de calmer ses larmes. Il la voyait se débattre et encore une fois ce n’était pas lui qui soulageait ses maux. Il retourna dans l’ombre du couloir lorsque Shun osa un regard dans sa direction. Ryô se maudit d’avoir relâché sa concentration.  

 

- C’est ensemble que nous avons commencé, c’est ensemble que nous finirons Kaori. Accepte une fois encore mon aide…, l’implora-t-il en essuyant ses larmes et qu’elle s’autorisait enfin à leur pardonner. Bien, je ne connais qu’un moyen de faire sortir tout ça…, prononça Shun d’une voix plus claire en se sachant observer.  

 

- Et lequel ? Interrogea doucement Kaori.  

 

- L’exercice physique. Un corps à corps ça te tente ? Sourit-il.  

 

- Qu’est ce que tu me racontes-là ?  

 

- Tu as besoin de te défouler et j’ai besoin d’un partenaire pour retrouver mes réflexes, entre mari et femme, il faut se soutenir. Fanfaronna-t-il.  

 

- Je suis désolée que ce soit aller aussi loin…  

 

- Je te l’ai déjà dit : ce n’est pas moi le plus à plaindre. Et puis le mariage pour un homme et une femme, quoi de plus normal, insista-t-il à l’attention de cette présence dans le couloir.  

 

- Je ne te savais pas si conventionnel…, ironisa-t-elle en lui souriant.  

 

- Trêve de bavardage. Montre-moi ce que tu as appris dernièrement, ajouta-t-il en se mettant en position.  

 

Pris au jeu, Kaori ôta son gilet et le défia du regard, un petit sourire en coin. Il avait raison, elle avait besoin de se défouler.  

 

Ryô ne jugea pas nécessaire de rester d’avantage à les épier et se joindre à eux ne l’enchantait guère. Il avait bien compris les remarques et l’objectif de Shun vis-à-vis de Kaori. Et pour une fois il était d’accord. Il fallait qu’elle se libère physiquement de ses chaines. Shun avait gagné la confiance de la jeune femme et Ryô ne pouvait pas lui être utile en cet instant. Kaori était différente et plus affirmée. Il se doutait bien qu’en prison elle avait du acquérir quelques bases pour se défendre mais de là à la voir les mettre en applications ne faisait que renforcer ce qui les éloignait. Encore une fois, la force des choses lui prouvait que Kaori devenait ce qu’il s’était toujours refusé à voir : une femme affirmée et combative. Mais en ce qui concernait leur mariage, ça il n’était pas du tout prêt à l’accepter.  

 

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- Tu t’en sors vraiment pas mal, dit Shun en ouvrant la porte de l’appartement à Kaori.  

 

- Merci mais j’ai encore des progrès à faire…  

 

- Je peux te poser une question ? Fit-il en la regardant plus intensément.  

 

- Que veux-tu savoir ?  

 

- Quand me le montreras-tu ?  

 

- Quoi donc ? Répondit-elle en feignant ne pas savoir de quoi il lui parlait.  

 

- De ce que tu caches là. Fit-il en approchant sa main de son épaule gauche.  

 

- Comment ?...  

 

- A chaque fois que j’entravais tes mouvements par derrière, tu te maitrisais moins et dès que mes gestes effleuraient ton épaule, ta concentration diminuait. Tu n’as pas à en avoir honte tu sais, surtout pas avec moi, tu le sais bien.  

 

- Tu es très observateur, j’avais oublié. Fit-elle en allant dans la cuisine. Seulement toi tu l’as fait pour marquer ta différence, moi ça n’a rien à voir…  

 

- Ca ne répond pas à ma question. Aller dis-moi ! Montre-moi ! S’il te plait ! La harcelait-il gentiment.  

 

- T’es vraiment impossible quand tu t’y mets ! Le gronda-t-elle en souriant. On verra… si tu es sage peut-être…  

 

- Qu’est-ce qu’on gagne si on est sage ? Demanda alors Ryô en pénétrant à son tour dans la cuisine.  

 

Le nouvel arrivant regarda tour à tour le couple se confondre en silence. Shun souriait d’un air amusé alors que Kaori exprimait sa gêne, ses joues prenant une jolie teinte rosée. Ryô avait interrompu quelque chose sans savoir quoi.  

 

- Rien du tout, tu as faim ? Demanda Kaori en ouvrant le frigo et en faisant semblant d’être absorbée par son contenu pour éluder la question.  

 

- Oui pourquoi pas si tu crois pouvoir faire quelque chose de ces restes. Répondit Ryô en se demandant si c’était bien à lui qu’elle s’adressait ou à Shun avant de se renfrogner de ne pas être mis dans leur confidence.  

 

- Laisse-moi faire ma Belle, intervint Shun en invitant Kaori à s’asseoir. Je vais te préparer ton plat préféré pour te remercier pour cette matinée animée. Sourit-il en lui faisant un clin d’œil alors qu’il sortait les ingrédients du frigo.  

 

Ryô s’appuya contre le chambranle de la porte et tiqua sur cette information. Non seulement ils continuaient à avoir des secrets entre eux mais en plus Shun connaissait ses goûts alors que lui-même serait incapable de dire quel était le plat préféré de sa partenaire. Un comble, depuis le temps qu’ils vivaient ensemble, Kaori pouvait répondre à ce genre de questions sur lui mais pas lui sur elle. Cela le peina de n’avoir jamais fait attention à ce genre de détails. Ryô porta alors son attention sur Kaori qui s’amusait de voir Shun endosser un tablier et si concentré à sa tâche.  

 

- Je peux savoir ce que tu compte faire avec tout ça ? Demanda-t-elle en désignant le riz, les champignons, des boulettes de bœuf et des œufs.  

 

- Ca se voit… je te prépare du riz sauté.  

 

- Le riz sauté n’est pas mon plat préféré… c’est seulement le seul plat que tu sais faire. Ria-t-elle de bon cœur.  

 

Un bref instant, Ryô se sentit soulagé de constater que Shun s’était trompé mais en entendant le rire cristallin de Kaori, il ne put réprimer sa jalousie. Cet homme avait réussi à la faire rire. La satisfaction d’entendre à nouveau ce son mélodieux fut la plus forte et Ryô décida de profiter aussi de cet instant.  

 

Ils déjeunèrent donc dans une bonne ambiance. Ryô sentait Kaori l’observer à la dérobée. Il fit donc en sorte de se montrer plus conciliant avec Shun. Ils se chamaillaient encore mais cela avait un côté plus enfantin.  

 

Plus Ryô observait ce duo et plus il s’y perdait. De toute évidence quelque chose de spécial les unissait. Ils se comprenaient sans même se parler, l’un finissant même les phrases et les gestes entamés par l’autre. Ils n’étaient pas jumeaux et ils n’avaient aucun lien de sang entre eux pourtant leurs regards ne pouvaient tromper ce lien fort mais indescriptible qui les faisait agir en parfaite osmose. Muré dans son silence, Ryô cherchait car il devait y avoir une explication rationnelle à cette relation particulière entre Kaori et Shun. Il se refusait à penser que cela puisse cacher autre chose qu’une profonde affection amicale voir fraternelle, et pourtant…  

Il enrageait littéralement sur place de voir sa partenaire être aussi attentionnée avec ce « mari » sorti de nulle part. Il avait beau tenter de se rappeler, à aucun moment Kaori ne lui en avait parlé et encore moins Hide. Ryô aurait retenu ne serait-ce qu’une évocation à cet ami policier. Il avait beau l’observer et analyser tous ces faits et gestes, quelque chose le gênait. Sûrement que le fait de le savoir si proche de sa partenaire, à connaître le moindre détail de sa vie, le perturbait plus qu’il ne voulait l’admettre. Un sourire amer naquit sur son visage impassible. Ryô reconnut ce sentiment pour l’avoir déjà vu faire des ravages aussi bien sur les femmes que les hommes… la jalousie. N’importe quelle excuse qu’il pouvait se donner n’était pas suffisante pour dissimuler, à lui-même, ce sentiment qui envahissait son cœur face à se tableau où évoluaient deux personnes complètement étrangères des tourments qui habitaient le nettoyeur. Pour la première fois, Ryô était jaloux et surtout il était envieux. Cette relation, il croyait déjà la vivre avec sa partenaire. Cette confiance aveugle envers l’autre. Ce lien qui faisait qu’en un regard, il lui faisait comprendre milles et unes choses sans avoir eu à lui les dire. Mais à côté d’eux, leur relation paraissait encore hésitante et n’égalait pas celle de Kaori et Shun. Qu’y avait-il donc entre eux, qui les rende si fort et si sûr de l’autre ?  

Profitant que Shun s’éloignait pour passer un coup de fil, Ryô prit Kaori à partie pour tenter de découvrir ce qu’il ne comprenait pas :  

 

- Je crois qu’il est temps de m’en dire un peu plus sur lui ? Demanda-t-il sans détour.  

 

- … que veux-tu savoir ? Répondit Kaori quelque peu surprise de ce soudain intérêt pour Shun.  

 

- Depuis combien de temps lui et toi… enfin ce que vous avez fait pour ton amie demande du temps et de la préparation…  

 

- Comme je l’ai déjà dit hier, nous avons repris contact il y a deux mois à peu de choses près.  

 

- On passe quasiment nos journées ensemble, je l’aurais vu si…  

 

- Quelques journées peut-être mais il en a fallu des nuits où nous cherchions le meilleur moyen de l’aider. Une fois que tu sortais, il n’était pas difficile pour moi de m’absenter sans que tu t’en rendes compte, précisa-t-elle. Comme tu t’en doute nous ne devions rien laisser au hasard. Il enquêtait discrètement sur « lui » et je m’assurais qu’Aki tienne le choc.  

 

- Pourquoi avoir continué à me cacher « tes occupations » ? Grinça Ryô en sondant le regard noisette.  

 

- Je n’en voyais plus l’utilité… on s’en sortait très bien jusqu’à… jusqu’à l’épisode d’Osaka. Et puis parce que dans ce genre d’affaire, moins il y a de personne impliquée et plus grande sont les chances de réussite, reprit-elle avec plus d’assurance.  

 

- Tu l’aimes ? Lâcha-t-il malgré lui vexé de ne pas faire parti des personnes à impliquer.  

 

Il la vit se figer à cette question. Cela lui fit peur. Serait-ce possible que cet homme ait cette place particulière dans le cœur de la jeune femme ? Il vit Kaori porter son regard brillant de tendresse sur la silhouette de l’homme qui était toujours au téléphone. Ryô devait-il prendre ce silence et ce regard pour une réponse positive ? Plus le temps s’écoulait et moins son propre cœur semblait enclin à battre encore. A cet instant il redoutait intensément cette réponse.  

 

- … Kaori…, l’interpella-t-il malgré lui.  

 

- … Shun et moi…, commença-t-elle en cherchant des mots appropriés. En quoi ça te regarde ? Demanda-t-elle pour détourner l’attention de l’homme qui semblait la mettre à nue avec son seul regard aussi noir et profond qu’intensément dérangeant.  

 

- Oh trois fois rien… tu mènes avec lui une enquête sans m’en parler. Tu fais de la prison et tu en ressors mariée, avec lui. Et tu ne me dis même pas où vous avez emmené ton amie, énumérait-il. Qu’il y a-t-il entre vous pour que tu en arrives à me mentir et à me mettre devant le fait accompli ? Dois-je m’attendre à d’autres surprises ? Bientôt tu vas m’annoncer que tu es enceinte peut-être ?! La questionna-t-il un peu plus sévèrement que voulu.  

 

- Je vois, en fait tu n’as toujours pas digéré le fait que je me sois adressée à lui… Shun et moi ne sommes peut-être pas un « vrai couple » comme tu te plais tant à répéter mais nous sommes très proches c’est vrai… fit-elle pensive. Nous sommes amis... et c’est parce qu’il est mon ami qu’il est là. Tu peux me faire tous les reproches que tu veux, ça ne changera rien à la situation… je suis la seule responsable de son implication dans cette histoire…, avoua-t-elle amèrement en réalisant à nouveau qu’elle avait entraîné le policier dans une bien sombre affaire dont sûrement il se serait passé.  

 

- Et nous qu’est-ce qu’on devient dans ton « plan de génie » ? Répliqua Ryô sans réfléchir à la question qu’il formulait.  

 

- « Nous » ? Parce qu’il y a un « nous » ? Je veux dire à part le fait de travailler et vivre ensemble, quel sens donnes-tu à ce « nous » ?  

 

- Alors tu accordes si peu d’importance à… à ce…, Ryô refusait d’admettre le premier ce qu’il s’était passé entre eux au parloir, surtout si Kaori en minimisait la chose.  

 

- « Ce baiser », tu peux le dire ça va pas te tuer ! J’ai compris ce que tu as voulu faire ce jour-là. Me faire espérer encore ou me remonter le moral, va savoir mais je ne t’en veux pas. C’est tout toi… quand tu te sens bloqué tu passes à l’action et advienne que pourra. Tu veux une médaille pour acte de bravoure pour avoir dépasser tes limites avec la seule femme qui te laisse de marbre ? Très bien, je te félicite Ryô ! Ca te va on peut revenir à ce qui nous préoccupes ? Fit-elle en rejoignant Shun pour couper court à cette conversation.  

 

Kaori savait qu’elle était injuste avec Ryô mais elle trouvait là le seul moyen pour se préserver. Sa vie était assez compliquée en ce moment entre ce Ministre qui finirait par trouver un moyen de les atteindre et son mariage avec Shun. Elle ne savait pas comment lui dire combien elle regrettait d’en être arrivée là mais elle ne pouvait pas se permettre de faire dans le sentimentalisme. Alors elle faisait comme lui, elle ripostait méchamment et prenait la fuite pour ne pas voir la déception dans son regard noir. Elle ne le comprenait plus. Par son comportement brusque et parfois doux, Kaori se sentait déstabilisée et épiée comme attendue au moindre écart pour mieux la piéger et la mettre face à ses erreurs. Avec Shun, elle n’avait pas ce genre d’appréhension. Tout était plus simple avec lui. Il ne lui demandait rien et elle se savait libre de ses mots et de ses actes avec lui. Elle ne le jugeait pas, il ne la jugeait pas. La différence entre eux se jouait à peu de choses mais cela suffisait à l’éloigner de l’un pour la rapprocher de l’autre.  

 

Ryô, lui se maudissait d’avoir posé la question. Il avait sciemment mis encore plus de distance entre Kaori et lui. Et maintenant il découvrait que ce baiser, qui pour lui était d’un prix inestimable, ne représentait au mieux qu’une bonne action pour sa partenaire. Etait-il trop tard ? S’était-elle détournée de lui au profit d’un autre ?  

 

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Elle en avait eu assez. Assez de tous ces regards, ces faux semblants et ces questions. Elle ne le supportait plus. Elle avait fait son possible pour prendre la pleine mesure de cette nouvelle situation mais son cœur ne pouvait la tromper d’avantage. Elle ne pouvait faire semblant comme si tout allait rentrer dans l’ordre tout seul. Pour être honnête, elle avait espérer ce moment depuis si longtemps. C’était le test ultime pour savoir, pour enfin être fixée sur ses sentiments véritables. Mais ce n’était pas ce qu’elle avait espéré. Pour donner le change, il se faisait plus attentionné alors qu’il nourrissait une jalousie mal dissimulée. Il parvenait peut-être à tromper les autres mais pas elle. Elle voyait clair maintenant et elle en souffrait. Elle avait profité d’un moment d’inattention pour s’échapper de cet appartement où régnait un semblant de bonheur qui l’étouffait plus qu’il ne la ravissait réellement. Elle avait attrapé le premier jeu de clefs qu’elle avait trouvé, c’était pour cela qu’elle ne conduisait pas sa voiture mais la sienne. Elle avait besoin d’air et elle roulait au hasard des rues. Cela lui faisait un peu de bien de voir que la vie continuait loin de ses tourments. Mais elle avait besoin de prendre des distances avec cette histoire alors elle se dirigea à l’extérieur de la ville et une fois sortit, elle appuya sur l’accélérateur. La vitesse la faisait se sentir vivante, plus qu’à ces yeux à lui.  

 

Doucement des larmes perlèrent sur ses joues. Sa vue s’embuait. Et son corps tremblait. Elle suivait la route droit devant alors qu’un virage se profilait. Elle essuya rageusement ses larmes, pleurer pour lui n’en valait peut-être plus la peine. Elle voulut ralentir mais dans sa manœuvre, un pneu se détacha faisant vaciller le véhicule. La vitesse encore élevée de la voiture la fit manquer ce tournant. Un fracas assourdissant de métal qui se froisse sous l’impacte, retentit alors que la voiture continuait de rouler sur elle-même avant de stopper sa course sur son toit, laissant derrière elle, une large trainée de terre et d’herbe arrachées.  

La tête reposant sur le volant, une trace de sang coula de son front sur ses yeux encore ouverts. Elle n’avait plus de force pour appeler à l’aide. S’il y avait réellement quelque chose entre eux, peut-être arriverait-il à la retrouver comme Ryô arrivait toujours à retrouver Kaori, avant que le pire ne se produise…  

 

 


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