Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 20 capitoli

Pubblicato: 23-01-11

Ultimo aggiornamento: 29-10-12

 

Commenti: 125 reviews

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GeneralDrame

 

Riassunto: Jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?

 

Disclaimer: Les personnages de "La Guerre des Anges" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Guerre des Anges

 

Capitolo 20 :: Une mise au point…

Pubblicato: 29-10-12 - Ultimo aggiornamento: 29-10-12

Commenti: COUCOU !!! Trop trop trop contente de retrouver Hojo Fan City et de vous retrouver :) :) :) C'est un honneur et un privilège de pouvoir vous lire de nouveau auteurs et lecteurs confondus. Merci à toutes celles et ceux qui ont vaillamment cru au retour de ce site merveilleux, Merci à NJ d'avoir tenu bon pour que l'on retrouve notre Chez Nous <3 Alors sans plus attendre, reprenons nos bonnes habitudes hihihi Pour celles et ceux qui comme moi ont laissé passé le temps voici un tit résumé : Ryô et Falcon sont revenus plus ou moins indemnes de la "maison close", avec des infos et des révélations mais tout reste encore à faire... et une nouvelle journée commence.

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

 

Enfin un réveil calme et reposant. Une sensation douce d’avoir si peu dormi mais suffisamment pour se réveiller de bonne humeur, de très bonne humeur même.  

Ryô s’éveilla le premier d’un long songe qui ne fut pas de tout repos mais qui au final valait toutes ses peines. Rien n’était réglé pour autant mais cette accalmie présageait de bonnes choses. Il voulait y croire. Il avait besoin d’y croire.  

 

Sans bouger d’un millimètre le reste de son corps, Ryô tourna la tête pour jeter un coup d’œil au radio réveil. Celui-ci affichait fièrement 11h51. Pour lui il était courant qu’il se lève bien plus tard que ça mais pour celle qu’il serrait contre lui cela été beaucoup plus rare. Elle avait autant mérité ce repos que lui, voir peut-être plus. Pour rien au monde il ne voulait la réveiller. Pour elle, il aurait voulu arrêter le temps et que rien ne vienne troubler son sommeil. Car aussitôt que cela serait fait, la magie de cet instant précieux serait rompue et la réalité reprendrait ses droits. Ryô voulait gagner du temps pour elle, pour eux et encore un peu pour lui. Encore quelques minutes, justes quelques minutes à la tenir dans ses bras, l’écouter respirer paisiblement, veiller sur son sommeil et voir le soleil inonder cette femme de clarté et d’innocence. Pendant un bref instant, il envia ces rayons du soleil qui flirtaient innocemment avec le visage paisible de la jeune femme endormie et refugiée entre ses bras.  

 

Il y avait encore peu, Kaori aurait refusé toute idée d’un tel contact avec lui comme avec qui que ce soit et lui-même n’y aurait pas cru. C’était en parfaite innocence et inconsciemment qu’elle se laissait ainsi toucher et protéger. Elle avait, en quelque sorte, baissé sa garde et sa méfiance même envers lui. Ce qu’ils ne s’étaient pas dit leur avait permis de rompre ce malaise qui les cernait depuis trop longtemps pour revenir à ce qu’ils étaient, pour se comprendre et enfin laisser de côtés leurs appréhensions et sentiments qui n’avaient fait que les éloigner.  

 

Ils ne s’étaient rien dit et tant promis. Que c’était étrange et si familier de communiquer par gestes et regards, cela leur ressemblait tant. Hier les mots auraient tout gâché, aujourd’hui ils exprimeront ce qu’ils avaient eu tort de se taire. Il était temps qu’ils se parlent de vive voix, qu’ils se disent les mots que leurs cœurs et leurs têtes ne cessaient de se renvoyer. Ryô ne voulait plus de secret et de non-dits et ce qu’il ne savait pas il l’acceptait déjà.  

Rien que le fait qu’il soit encore là au matin était un obstacle de franchit. Ils étaient restés longuement dans les bras l’un de l’autre avant que la fatigue ne les gagne. Ryô n’avait pas pensé une minute à quitter la chambre pour laisser Kaori seule. Ils n’étaient pas que de simples amis qui se consolaient d’une trop grande douleur et de l’absence de l’autre. Sans prendre le risque de tout gâché en tournant cela à la dérision et avec son accord muet, il l’avait soulevée dans ses bras pour l’allonger délicatement sur le lit avant d’ôter sa veste pour s’installer auprès d’elle. Il avait cru voir l’ombre d’un sourire se poser sur ses lèvres avant qu’elle ne se tourne sur le côté en mettant un peu de distance entre eux. Même s’il aurait voulu lui voler ce sourire par un baiser, il savait qu’il était encore trop tôt. Ce n’était pas ce contact qu’elle recherchait même si elle lui avait déjà pardonné sa faiblesse. Pourtant Ryô savait que tôt où tard, il devrait lui dire ce que cette inconnue avait réussi à lui faire avouer et dans quelles circonstances. Ryô avait donc passé son bras sur la taille de Kaori, alors qu’elle frémissait, pour cueillir sa main dans la sienne et c’était ainsi, entrelacé, qu’ils avaient laissé le sommeil les réunir vraiment.  

 

Maintenant il lui fallait la réveiller à son tour. La ramener à leurs vies quelque peu chamboulées ces derniers temps. Il ne voulait pas quitter sa chambre comme un voleur et la laisser douter de ce qui s’était passé entre eux. Ils avaient franchi un cap qu’il ne voulait pas renier et il ne laisserait pas Kaori faire comme si de rien était en reprenant ses automatismes si elle se réveillait seule.  

Ryô soupira doucement alors que son regard s’attendrissait sur ce visage et ces traits qu’il connaissait par cœur. Il se sourit à lui-même en constatant que ce comportement ne lui ressemblait pas. Ce n’était pas désagréable de se sentir ainsi pousser des ailes et elle n’en savait rien. Ryô repensa à tous ces matins merveilleux où c’était elle qui venait le sortir de ses rêves de manière fracassante certes, mais spécialement pour lui. Des réveils à la mesure de ses sentiments, forts et indéfectibles. Et il sourit de plus belle. Que cela lui manquait, ses massues, son attitude, ses colères et sa timidité. Tous ces petits riens qui faisaient de lui un homme ordinaire au travers ses yeux et elle, une femme exceptionnelle aux siens. C’était leur histoire. Il était accro, accro à elle. Il l’acceptait aujourd’hui, son amour à elle comme son amour pour elle. Et il se sentait bien avec cette idée.  

 

- Kaori… ma Belle au bois dormant…, sourit-il, il est l’heure de se réveiller, fit-il en caressant doucement ses cheveux.  

 

- …  

 

- Crois-moi, moi aussi je resterai bien là mais ce n’est pas encore possible…, sous-entendait-il sans gêne.  

 

Kaori chercha à s’étirer mais ses mouvements étaient gênés par différents obstacles le long de son corps. Le bras lui encerclant la taille empêchait qu’elle se retourne. Ses jambes entrelacées avec d’autres ne pouvaient s’allonger à leur gré. La voix de Ryô était si proche qu’elle sentait son souffle dans ses cheveux ainsi qu’une main qui jouait avec quelques unes de ses mèches. Que faisait-il dans sa chambre ? Que faisait-il si près d’elle ? Sa respiration se bloqua et ce fut les paupières closes qu’elle se remémora les évènements de la veille avec une certaine nervosité.  

Elle se rappela par bribes leurs regards et leurs gestes. C’était confus dans son esprit comme dans son cœur. Mais comment devait-elle réagir maintenant ? Le repousser, feindre l’indifférence ? Elle ne pouvait lui reprocher d’être là vue qu’elle-même l’avait invité à rester sans savoir vraiment pourquoi.  

 

- Ne cogites pas trop… pour moi aussi cela n’a rien d’évident, reprit doucement Ryô en devinant ce qui trottait dans la tête de la jeune femme. Moi, Ryô Saeba, L’Etalon de ces dames, je t’ai rendue une visite nocturne… il faut un début à tout, rit-il. Je n’ai pas à m’en défendre et tu es bien meilleure colocataire de chambre que Shun qui, au passage je te le signale, ronfle et pas qu’un peu par contre tu gigotes pas mal la nuit. C’est impressionnant comment un petit bout de femme comme toi peut prendre autant de place, ce moqua-t-il gentiment pour dissiper les interrogations silencieuses de la jeune femme.  

 

- Si je prenais tant de place que ça, tu pouvais prendre le deuxième lit, répondit-elle aussi sur un ton qu’elle espérait détendu.  

 

- En effet… mais j’étais trop fatigué, le lit trop loin, argumenta-t-il maladroitement faisant sourire Kaori.  

 

- Tu m’as habituée à mieux comme excuses idiotes… oh non il est déjà midi ! S’offusqua-t-elle en voyant l’heure sur le radioréveil. Comment est-ce possible d’avoir tant dormi ? Se leva-t-elle précipitamment du lit en se jetant sur son armoire pour y prendre de quoi se changer.  

 

- Y a pas que moi à avoir apprécié cette nuit…, nargua Ryô en croisant les bras derrière sa tête pour suivre d’un regard amusé Kaori qui se sentait gênée par cette allusion.  

 

- Quoi ?! Ne me dis pas que tu as osé…, s’indigna-t-elle alors que la gêne laissait place à la colère d’avoir été peut-être abusée.  

 

- Mais non qu’est-ce que tu vas t’imaginer ?... Se défendit rapidement Ryô alors que Kaori vérifiait que tout était encore en place sur son corps.  

 

- Mm avec toi on n’est jamais sûr de rien…, fit-elle en reprenant ce qu’elle faisait.  

 

- Sache que s’il s’était passé quelque chose, non seulement tu t’en souviendrais mais tu en redemanderais. Clama Ryô fièrement.  

 

- Oh mais non… je… tu… tu ne manques pas d’audace… qu’est-ce qui te fait croire que j’accepterais de… de…, bredouilla la jeune femme en stoppant sa course aux vêtements alors que ses mains se crispaient sur ces derniers et que son visage se couvrait d’une jolie teinte rouge.  

 

- Parce que tu oserais me dire non… ? Souffla Ryô sûr de lui en arborant un visage charmeur et un regard ardent alors qu’il se redressait de sa large stature pour se montrer tout à son avantage.  

 

Il se sentait d’humeur taquine et coquine. Il voulait voir jusqu’à quel point elle le défierait sur ce sujet. Elle se voulait confiante et il n’était pas contre mais lui voulait jouer un peu avec ces nerfs et les siens. Il était plaisant de retrouver leurs manies.  

 

- Comme si un pervers tel que toi pouvait m’intéresser et puis, dois-je te rappeler à quel point tu me trouves sans intérêts ni formes ? Argumenta Kaori pour ne pas se laisser prendre au jeu de Ryô qui n’avait que pour objectif de la mettre mal à l’aise et de prouver que dans ce domaine elle était encore novice.  

 

- Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…, se moqua-t-il de lui-même en se rapprochant d’avantage de Kaori alors qu’il coulait sur elle un regard appréciateur et que doucement il défaisait les boutons de sa chemise.  

 

Kaori n’en revenait pas de cette audace. Jamais il n’aurait agi ainsi avec elle et si ouvertement. Etait-ce vraiment un jeu ? Pensait-il réellement qu’après cette nuit, elle se jetterait dans ses bras sans plus de manières ? Elle se sentait à la fois flattée et gênée d’un tel comportement à son égard mais quoiqu’il en soit elle ne pouvait le laisser gagner impunément.  

 

- Qui crois-tu impressionner ainsi ? Tu oublies que je t’ai déjà vu torse nu plus d’une fois… il n’y a rien d’exceptionnel à cela ! Affirma-t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine dans une posture qui se voulait indifférente et blasée.  

 

- C’est une chose de voir mais c’en est une autre de sentir, toucher, apprivoiser un corps que l’on ne pouvait admirer qu’à la dérobée…, avoua-t-il d’une voix chaude alors que les pans de sa chemise virevoltaient contre son torse musclé et que ses mains s’attaquaient à la ceinture de son pantalon sans qu’un seul instant Ryô ne lâche du regard Kaori.  

 

Comment en étaient-ils arrivés là ? Kaori ne savait plus ce qu’elle avait dit ou fait pour que Ryô se retrouve à se déshabiller de manière si provocante et sensuelle pour elle. Se qui effrayait le plus Kaori c’était de voir Ryô aussi sérieux, il ne jouait pas… il ne se jouait plus d’elle. C’était plus qu’elle ne pouvait en supporter. C’était trop rapide et inattendu.  

 

- Stooop !!! Cria-t-elle en fermant les yeux et en dressant ses mains au devant de Ryô.  

 

- Es-tu sûre de vouloir t’arrêter là ?..., murmura-t-il fière d’être encore maître de lui alors que lui-même était sur le point de lâcher prise face à sa propre audace et espérant qu’il n’avait pas poussé trop loin les limites fragiles qu’il s’évertuait à repousser avec Kaori.  

 

- N’oublie pas que je suis une femme mariée et ce genre d’allusions est déplacé même venant de toi, lâcha-t-elle en relevant la tête pour défier ce regard brûlant qui la toisait et reprenant l’avantage sur l’homme dont le sourire s’était effacé.  

 

- Ne t’inquiète pas, c’est aussi dans mes projets de corriger ce détail…, prévint-il en s’arrêtant à la hauteur de la jeune femme.  

 

Leurs regards se fixèrent. Son cœur à elle s’était emballé en sentant l’homme si proche d’elle. Ryô dut inspirer profondément pour ne pas montrer son trouble d’être face à elle alors qu’il n’espérait qu’une chose : qu’elle surmonte son appréhension et qu’elle efface le peu de centimètres qui les séparaient pour venir à lui tout contre sa peau.  

Personne ne sut qui avait vraiment mené le jeu.  

Pour ne pas donner plus de poids à ce qu’il sous-entendait et à ce qui l’intimidait, Kaori ramassa l’air de rien ce qui trainait au sol, la perruque et les rajouts de Ryô.  

 

- Les choses ont changé…, soupira-t-elle en regardant vaguement ce qu’elle tenait en main.  

 

- Non mais elles vont changer, la reprit-il confiant en lui caressant la main pour lui ôter de celle-ci et de son esprit toute envie de penser à ce qui avait pu se passer loin d’elle.  

 

Elle le regarda, mi-inquiète, mi-déterminée à croire ce qu’il disait.  

 

- Mais ce n’est pas en restant là qu’il se passera quoi que ce soit, fit-elle en se détournant de lui pour ouvrir sa porte doucement et jeter un œil dans le couloir.  

 

- Rabat-joie, lui répondit-il moqueur. La voie est libre, filons à la salle de bain, tenta-t-il de la pousser.  

 

- Non mais et puis quoi encore ! S’énerva-t-elle à voix basse. Je vais à la salle de bain et toi dans ta chambre !  

 

- Voilà comment je suis remercié, sans manières comme un vaurien…, se lamenta-t-il alors que Kaori ne l’écoutait plus et disparaissait dans la salle d’eau.  

 

Ryô aussi avait envie d’une bonne douche, il avait grand besoin de se rafraîchir mais il devrait attendre son tour. Il avait moins fière allure dans son costume hors de prix tout froissé mais cela n’empêcha pas le nettoyeur se rendre au salon d’un pas léger. Il fut surpris de n’y voir que le couple de tenanciers. Cela étonnait Ryô que Shun soit encore au lit car il avait les mêmes habitudes que Kaori de se lever aux aurores. Donc si Shun n’était ni dans sa chambre ni avec eux, où était-il ? Encore à la salle d’entrainements ? A dire vrai, tant qu’il n’était pas dans les pattes de Kaori, Ryô se moquait bien de savoir où il était.  

 

- La nuit n’a pas été trop courte « Kiyoshi » ? Se moqua Falcon d’entrée de jeu.  

 

- Très drôle…  

 

- « Kiyoshi », c’est le nom que tu t’es donné. « Pureté et sagesse » rien que ça, tu ne manques pas de culot, rit à son tour Miki. Mais tu aurais au moins pu prendre la peine de te changer… tu es encore plus débraillé que d’ordinaire, rit-elle de plus belle.  

 

- Tu ne disais pas ça hier… je ressemblais à qui déjà ?... Dr Mamour ? Répondit Ryô sans prendre la peine de reboutonner sa chemise. Et toi, qu’est-ce que tu lui as raconté ?! S’énerva Ryô faussement outré de la moquerie de Miki et en s’imaginant déjà que Falcon avait tout expliqué de la soirée à sa femme ; c’était si personnel et intime que Ryô avait déjà du mal à admettre que Falcon en ai été témoin et il ne voulait pas que tout cela se sache d’avantage.  

 

- T’emballes pas L’Etalon, ce qui compte c’est ce que nous avons pu apprendre grâce à ton charme légendaire, reprit plus sérieusement le géant en se levant pour rejoindre Ryô avant de lui murmurer une main sur son épaule : ton secret est bien gardé tant qu’il me servira de monnaie d’échange au besoin…, sourit-il à pleine dents.  

 

- Elle est belle l’amitié…, souffla Ryô dépité.  

 

- En parlant d’amitié…, fit Miki en guettant l’étage avant de regarder Ryô dans les yeux, il faut qu’on parle.  

 

- Laisse-moi le temps d’avaler quelque chose, fit Ryô en s’installant à table pour commencer à manger ce qui s’y trouvait afin de prendre des forces pour ce qui allait suivre car le changement soudain de tonalité de la jeune femme ne lui disait rien qui vaille.  

 

- Tu manges et je parle ça ira plus vite, annonça-t-elle sans détour. C’est Kaori… je suis plus qu’inquiète à son sujet… voila… depuis son retour je l’ai vue en colère, déçue, amère et que sais-je encore mais hier… hier elle a dépassé les bornes ! Frappa-t-elle des mains sur la table. Ca ne peut plus continuer comme ça ! La comprendre devient un défi permanent ! Et c’est pire quand en retour elle nous repousse et nous accable sans aucun discernement !  

 

- Elle en souffre autant que toi mais c’est nouveau et difficile pour elle à gérer… il faut du temps, expliqua Ryô entre deux bouchées.  

 

- Loin de moi l’envie de te couper l’appétit ou l’idée de dénigrer son ressenti ou ses sentiments mais c’est une bombe à retardement et quand elle n’arrivera plus à canaliser tout cela, qui l’arrêtera ?! S’agaça-t-elle en voyant le peu d’intérêt que cela suscitait chez Ryô qui continuait à se goinfrer. Tu sais à qui elle me fait penser en agissant ainsi ?... le défia-t-elle.  

 

- Et à qui ?... demanda Ryô avalant une dernière portion de riz avant de manquer de s’étouffer avec en entendant la réponse de Miki.  

 

- A toi ! Elle est froide, distante… elle fait genre que ça va, qu’elle n’a besoin de personne et qu’elle se débrouillera seule. Alors pour ce faire, elle repousse tous ceux qui lui sont proches à coups de remarques blessantes et humiliantes ! C’est du grand Ryô Saeba qu’elle nous a joué hier et Mick en a fait les frais!  

 

Piqué au vif, Ryô reposa ses baguettes et regarda Falcon qui préférait rester en retrait. Sans mal le nettoyeur imaginait la scène qui s’était déroulée dans cette même pièce. Il était bien conscient des changements d’attitudes de Kaori, un coup fragile, un coup acerbe. Lui le premier avait été déstabilisé et doucement il parvenait à nouveau à l’atteindre mais il n’avait pas pensé que ce n’était pas que avec lui qu’il y avait une brisure en elle. Tous ceux qui lui étaient proches étaient concernés et Mick, de part sa position entre Kazue et Kaori, était en première ligne pour subir de plein fouet ces conséquences néfastes. Mais de là à dire que Kaori lui ressemblait, non jamais il ne laisserait une telle chose arriver. Ryô pouvait se montrer vide de sentiments si la situation l’exigeait mais pas Kaori, ses émotions faisaient parties d’elle, quelles qu’elles soient. Ce que Miki prenait pour de l’indifférence et de la violence gratuite ne pouvait être que l’expression directe de son impuissance et de sa volonté à protéger ceux qui lui sont chers.  

 

- Très bien… et qu’attends-tu de moi ? Répondit-il sèchement après cette brève réflexion.  

 

- Que tu joues franc jeu pour commencer ! Pourquoi ne nous as-tu rien dit pour Mick ?! Tu crois que ça valait mieux de l’apprendre ainsi comme une parfaite imbécile ?! Hier j’ai vu deux amis se déchirer sans pouvoir intervenir car le temps que je comprenne ce qui se passait, le mal était fait ! Tu m’as laissée avec deux personnes incapables de se contrôler surtout, surtout si l’une d’elles décide de déverser sa rage sur celle dont j’ignorais tous les maux !! Comment voulais-tu que je gère ça ?!  

 

- Je ne pensais pas…, tenta Ryô qui une nouvelle fois fut interrompu par Miki.  

 

- Tu ne penses jamais Ryô c’est bien ça le problème avec toi! Non toi tout ce que tu vois c’est ce qui t’importe sur le moment et comme d’habitude les conséquences sont pour les autres ou pour plus tard du moment que toi ça ne t’empêche pas de vivre ! Souffla-t-elle complètement hors d’elle.  

 

- Quand et comment voulais-tu que j’aborde ce sujet qui ne nous regarde pas ? Objecta posément Ryô. Cela ne regarde que Mick et… et concernant Kaori je…  

 

- Tu vas encore lui trouver des excuses ? Ironisa sévèrement Miki.  

 

- Qui a besoin d’excuses ? Les interrompit soudainement Kaori se tenant droite en haut de l’escalier et serrant d’une main ferme la rambarde.  

 

Sans hésiter Kaori descendit les marches. Elle n’avait pas voulu les écouter à leur insu mais elle ne pouvait rester en retrait de cette discussion qui la touchait directement plus longtemps. Puis tous ces cris et ces reproches ne pouvaient rester inaperçus. C’était après elle que Miki en avait. Kaori savait que la jeune femme n’en serait pas restée là. C’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle revienne sur ce qui s’était passé la veille.  

Inspirant profondément, Kaori se figea devant son amie, prête à entrer en conflit s’il le fallait.  

 

- Je vois que tu as encore des choses à dire, fit-elle à l’intention de Miki.  

 

- Bien sûr qu’il y a « encore » des choses à dire ! Te rends-tu comptes de ce que tu es devenue ? On supporte beaucoup de choses… mais là tu as été trop loin !  

 

- Comme je te l’ai déjà dit hier, cela ne te regarde pas directement… rien ne sert de revenir là-dessus, répondit Kaori lasse d’avoir à se justifier et déçue de n’avoir eu que peu de répit.  

 

- On est tous impliqué que tu le veuilles ou non ! On doit se serrer les coudes et faire front mais au lieu de ça tu cherches la guerre et tu chasses l’un de tes meilleurs amis ! J’en ai plus qu’assez de ta colère, de ton indifférence et de ta froideur ! On ne mérite pas ça ! Mick ne méritait pas ça ! S’emporta vigoureusement Miki.  

 

- Mick avait besoin d’un sérieux coup de pied aux fesses ! Quand j’ai compris pour lui et Kazue… je ne pouvais tolérer qu’il se joue ainsi de ses sentiments ! Je reconnais que j’y suis peut-être allée fort mais à tort ou à raison il fallait que quelqu’un le pousse à revoir ses priorités !  

 

- « Peut-être » ?! Non mais j’hallucine ! Non seulement tu as renié haut et fort votre amitié mais en plus tu l’as humilié ! Et tu oses me dire que c’est pour son bien ?! Qui sera le prochain à s’attirer tes foudres parce que rien n’ira comme tu veux ?! Combien de temps avant que tu nous reproches à nous aussi d’être tes amis, d’avoir une vie liée à la tienne, des sentiments et que tu décides de nous écarter tout bonnement de ta vie parce que tu crois que c’est mieux ?! Mieux pour qui Kaori ?! Mieux pour qui ??!!! L’interpella l’ancienne mercenaire qui en avait gros sur le cœur.  

 

- Crois-tu que c’est de gaieté de cœur que j’accepte ce qui s’est passé ?! Je ne pouvais pas le laisser faire ! Il va me détester et tant mieux si pour cela sa vie et son couple sont saufs ! C’est un sacrifice que je n’hésiterais pas à faire pour chacun d’entre vous !  

 

- Tu reprochais à Mick d’être trop « cavalier et lâche » mais que crois-tu être en agissant ainsi ?!  

 

- Je ne cherche pas d’excuses à ce que je suis ou fais moi ! S’emporta Kaori.  

 

- Et pour cause ! Quelle excuse pourrais-tu avoir pour tout ce bordel ?! Lâcha Miki à bout de garder tout pour elle de ce qu’elle pensait et ressentait.  

 

Un silence lourd et coupable enveloppa les deux femmes qui se fixaient sans cacher leurs reproches et leurs angoisses.  

Kaori n’en pouvait plus de voir ses amis un à un la juger, la sermonner et lui reprocher ce qu’elle ne contrôlait plus. L’idée d’affronter Miki lui était intolérable et Kaori préférait encore reculer cet affrontement, celui avec Mick étant encore trop présent en elle, pour fuir et laisser l’orage se calmer. Kaori entama un demi-tour pour gravir les escaliers et trouver refuge dans sa chambre mais c’était sans compter sur la ténacité de Miki à vouloir aller au fond des choses. Cette dernière s’élança sur Kaori, l’agrippant pour la forcer à se retourner et lui faire face :  

 

- Ne comptes pas sur moi pour te laisser faire ! Ryô peut accepter de te laisser fuir et te cacher ! Mick endurer tes foudres sans brancher ! Mais moi je refuse de te laisser croire que tu peux tout te permettre avec nous ! La secoua-t-elle vigoureusement.  

 

A ce contact brusque, Ryô voulu réagir car en venir aux mains n’amènerait rien de bon. Son élan pour se lever de sa chaise fut coupé net par une large main faisant pression sur son épaule et l’obligeant à se rasseoir. Posant un regard interrogateur sur le propriétaire de cette main de fer, Ryô croisa le regard intransigeant de Falcon. « Laisses faire et tais-toi », semblait lui dire ce dernier.  

Après tout ce géant était marié à Miki et qui mieux que lui pouvait connaître cette femme. Elle ne ferait jamais de mal à Kaori. Ryô prit donc sur lui de suivre son ami et de rester à l’écart pour le moment.  

 

- Kaori, reprit Miki, il y a quelques temps tu as su prendre position envers et contre tout pour une amie… à mon tour de suivre ton exemple, annonça-t-elle d’une voix ferme. Plus qu’une amie, tu es comme ma sœur… et lorsqu’on est une famille unie et soudée comme la notre, on ne se lâche pas… on se bat côte à côte et l’une contre l’autre s’il le faut…  

 

Kaori partit dans un fou rire moqueur et triste qui déstabilisa Miki. Celle-ci regarda les deux hommes qui ne comprenaient pas plus qu’elle sur ce comportement inapproprié avant de reporter ses yeux sur ceux, colériques, de Kaori.  

 

- De quelle famille tu parles Miki ?! Nous n’avons aucun lien de sang ! Nous n’avons pas grandi ensemble ! Criait Kaori en désignant chaque personne présente. Tu parles d’une famille que nous ne sommes pas vraiment sauf quand ça nous arrange !!...  

 

Bam ! Un bruit sec coupa net ces mots vifs et violents. Le bruit d’une gifle magistrale résonnait encore à toutes les oreilles mais Kaori ne tenta même pas de soulager sa joue endolorie.  

 

- Voilà qui est fait… tu te sens mieux maintenant ?! Reprit Kaori continuant à montrer que rien ne l’atteignait, même pas ce geste.  

 

- Oh non ça ne me soulage pas du tout mais je n’en ai pas fini avec toi ! Annonça Miki, qui pendant un bref instant avait regretté ce geste qui ne lui ressemblait pas et qui lui brisait le cœur, mais en voyant que Kaori restait de marbre, elle décida de jouer le tout pour le tout.  

 

Ryô avait ressenti par deux fois le choc de ce geste désespéré. D’une part lui-même n’avait rien vu venir malgré les paroles acerbes de Kaori et il en restait interdit. Et d’autre part, il avait aussi ressenti la surprise de cet acte chez son ami qui, à cet éclat, avait resserré sa prise sur son épaule. Mais ce ne fut pas pour autant que Falcon autorisa Ryô à se lever et à s’interposer. Maintenant que le train nommé Miki était lancé, il lui fallait le laisser finir sa route… quoiqu’il lui en coûte.  

 

- Marre de te ménager ! Marre de faire attention à ce qu’on dit ou à ce qu’on fait parce qu’il faut te laisser le temps de te reprendre ! Tu veux jouer la dure alors on va être deux ! Oui tout ça c’est de ta faute ! Tu es responsable de tout ce qui nous arrive à tous ! Tu as filé tête baissée vers l’inconnu sans surveiller tes arrières car nous sommes derrière toi ! Toujours là quoi qu’il arrive et c’est valable pour chacun d’entre nous ! Tu devrais savoir depuis le temps que rien n’est jamais aussi simple qu’il n’y parait ! Alors oui tu as fait une lourde erreur en décidant de te la jouer en solo ! Accusa Miki, enfin libérée en partie de ce qu’elle avait sur le cœur. Contrairement à nous tu marches aux sentiments, c’est une force que je t’envie d’ordinaire… cette empathie, cette chaleur, cette facilité à toucher les autres et à être juste toi pour les autres mais aujourd’hui… aujourd’hui je t’en veux Kaori ! Tu m’as déçue ! Et jamais tu m’entends, jamais je ne te pardonnerais d’avoir préféré nous laisser dans l’ignorance de ce que tu manigançais ! Tu nous as laissé de côté ! Tu m’as laissée de côté ! On s’est toujours tout dit, on a toujours tout partagé, on se faisait confiance et toi, toi tu as oublié tout ça ! Tu es ma meilleure amie ! Je croyais qu’on valait plus que ça à tes yeux ! Après tout ce qu’on a partagé… et tout ce dont l’on rêve l’une pour l’autre…, avoua amèrement Miki en laissant échapper des tremblements dans la voix.  

 

Kaori ne savait pas ce qui la blessait le plus, la violence de cette gifle ou celle de tous ses mots trop lourds de vérité. Elle ne voulait rien entendre de ce que lui disait Miki. Elle n’était pas prête à accepter ces vérités mais elle connaissait assez bien l’ancienne mercenaire pour savoir que de gré ou de force elle écouterait chaque mot un à un.  

 

Et maintenant, Kaori la regardait sans vraiment la voir. Elle ressentait cette souffrance d’avoir été trahie. Car c’était bien une trahison que de l’avoir laissée dans l’ignorance de ce que Kaori vivait. Elle avait laissée Miki à la porte de son cœur. Kaori en avait fait de même avec tous. Elle voulait les protéger, elle les avait un à un blessé et elle subissait maintenant ses propres colères. Mais elle ne pouvait pas effacer ce qu’elle avait fait.  

 

Ni Falcon ni Ryô n’osait plus bouger, ou intervenir d’une façon ou d’une autre, de peur de gâcher cette tentative désespérée de Miki à retrouver son amie. Ils savaient pertinemment que maintenant que l’abcès était percé il fallait laisser la douleur s’évacuer.  

 

Les deux femmes s’étaient reconnues et trouvées dès leur première rencontre. Elles étaient si complices et si protectrices l’une envers l’autre. Elles se disaient tout sans détour et surtout Miki. Celle-ci avait pris sur elle de laisser le temps à Kaori de se reprendre, de revenir vers elle comme avant mais Miki ne pouvait accepter cela indéfiniment. Kaori avait pris de la distance avec eux tous et donc forcément c’était avec chacun d’entre eux qu’elle devait renouer de manière différente et selon les appréhensions de chacun.  

Les deux jeunes femmes se regardaient toujours, aucune ne voulant céder la première lorsque Miki reprit la parole, des larmes perlant sur ses joues rougies d’émotion :  

 

- J’ai un scoop pour toi, rien de ce que tu feras ou diras ne me fera renoncer à toi Kaori Makimura ! Tu peux me détester… me balayer de ta vie… faire comme si je n’étais pas de « ta famille »… mais un jour tu ouvriras les yeux et ton cœur sur cette lamentable erreur… et ce jour-là je serais là ! Tu es une vraie tête de mule, tu es coriace et combattive mais s’il faut que je m’interpose pour ton bien, je le ferai aussi sans hésiter ! Fit Miki, tendue, en se rapprochant plus près de son amie. Tu n’es pas la seule à avoir peur… je peux aussi me sacrifier et tout tenter pour une cause que je crois juste ou par simple amitié… car je veux croire encore en notre amitié… ce choix-là tu n’avais pas à le faire pour Mick ni même pour aucun de nous… regardes-nous Kaori ! Nous ne sommes pas là parce qu’on nous y contraint, nous sommes là parce que nous savons pouvoir compter les uns sur les autres… jusqu’à hier je le croyais encore… c’est de cela que Mick avait besoin, c’est de cela que nous avons tous besoin, essayait-elle de lui faire comprendre plus calmement alors que ses sanglots hachuraient ses mots et que sa nervosité se contenait encore dans ses poings serrés.  

 

Ryô ne pouvait intervenir même si cela le démangeait de prendre partie. Kaori avait baissé sa garde avec lui, c’était encore fragile et un rien pouvait tout faire basculer. Miki pouvait tout faire basculer. Il devait néanmoins laisser Kaori mesurer les propos de cette dernière qui, fidèle à elle-même, se montrait persévérante et confiante. L’ancienne mercenaire laissait une porte ouverte que seule Kaori pouvait décider de franchir ou pas. Quelque soit son choix, il la soutiendrait mais il l’incitait en silence à écouter et à entendre enfin ce que Miki lui criait farouchement.  

 

Le regard de Kaori s’adoucissait vaguement et s’embuait alors que nerveusement elle résistait encore. Comment avait-elle pu être aussi aveugle et dure ? Comment avait-elle pu se persuader qu’elle seule subirait ses erreurs ? Ryô avait essayé de lui faire comprendre mais elle s’était fermée d’avantage. Pourtant, tout comme Miki, il persévérait, chacun à leur manière. Elle les aimait tellement, ses amis, sa famille quoi qu’elle en dise. Kaori n’aurait jamais cru un jour être capable de leur faire du mal, de leur dire tant de mal. Son cœur se serra encore plus à l’idée que Mick souffre autant que son amie en ce moment. Comment pouvait-elle encore avoir le droit à leur considération, à leur respect et à leur confiance ? Elle-même pourrait-elle se pardonner un tel écart de conduite, d’une telle cruauté ?  

Inconsciemment Kaori se pinça les lèvres pour endiguer ce flot d’émotions qui la menaçait. Serrant ses poings, elle luttait pour ne pas faillir. Instinctivement Kaori recula.  

 

- Kaori… ta douleur est mienne…, partagea Miki en lui tendant une main qui contrairement à son corps ne tremblait plus sous l’émotion.  

 

- Je… je… oh pardon Miki…, trembla Kaori baissant ses yeux et sa tête et se refusant encore à accepter cette main tendue qui se voulait forte et rassurante.  

 

- Kaori je suis désolée…, fit Miki à chaudes larmes en faisant un dernier pas vers son amie.  

 

Avec force elle l’attira à elle et l’enlaça avant que Kaori ne saisisse l’occasion de fuir, de se détourner d’elle définitivement. Surprise, Kaori resta inerte alors que les soubresauts de son amie prenaient écho contre son corps, frappaient violement à son cœur. Les larmes de son amie lui brûlaient la peau. Sa peine, sa déception, ses espoirs étaient si forts et violents. Son aura la troublait, l’envahissait. Mais elle ne bougea pas d’un millimètre, telle une poupée de chiffon, elle se laissa enfermer dans ces bras familiers et étrangers à la fois.  

 

Les remparts que Kaori avait elle-même érigés se fissuraient. Cet amour devenait trop lourd à ignorer. Son mur se brisa. Hésitantes, ses mains se replièrent férocement sur elles-mêmes alors que Miki qui resserrait son étreinte. Intérieurement Kaori s’effondra pourtant son visage restait impassible et son corps dans l’incapacité de bouger dans les bras de son amie.  

Miki pleurait suffisamment pour deux. Toutes ses larmes, ses peurs et ses espoirs mêlés à cette inertie.  

En forçant ainsi les choses Miki avait provoqué un raz-de-marée, bruyant chez elle et silencieux chez Kaori.  

 

Falcon avait beau toussoter, rien ne brisait cet élan de tendresse de la part de Miki et que Kaori semblait accepter et reconnaître. Il connaissait sa femme, elle était très expressive et démonstrative et comme toujours il était mal à l’aise devant cet amour qu’elle n’offrait qu’à certains privilégiés.  

 

- Arrêtes de sourire bêtement et laissons les tranquille un moment, souffla-t-il à Ryô qui, toujours à table, avait posé sa tête entre ses mains et appréciait pleinement ce moment car même si Kaori n’exprimait pas elle aussi ses émotions, une nouvelle étape était franchie. Allez va t’occuper ailleurs ! Grogna le géant en attrapant le nettoyeur par le col pour le soulever de sa chaise et l’obliger à bouger.  

 

- Oh mais fallait le dire que toi aussi tu voulais un câââââlin…, se moqua Ryô qui, suspendu au bout du bras du géant, tentait de l’attraper pour imiter une étreinte affectueuse.  

 

- Non mais ça va pas ! Me touche pas avec tes sales pattes ! Tentait de se débattre Falcon contre un Ryô très entreprenant. Vas donc te laver l’esprit ! Ordonna-t-il en l’expulsant avec force à l’étage.  

 

- T’es vraiment qu’une grosse brute ! Une initiation à la tendresse et à la douceur ne serait pas du luxe ! Si tu veux j’ai de bonnes adresses pour toi…, ironisa Ryô en se relevant péniblement.  

 

- Non mais tu vas filer ou il faut que je vienne moi-même te passer à la douche ! Menaça Falcon en se dirigeant d’un pas lourd vers l’étage.  

 

- Avec ta douceur tu m’arracherais la peau et c’est que je suis sensible moi mais si tu promets d’être tendre…, fit Ryô la bouche en cœur.  

 

- Je vais surtout en profiter pour te noyer ! Riposta Umi en posant son pied sur la première marche de l’escalier.  

 

- Naaan ! Disparut Ryô, horrifié à l’idée que le géant s’exécute.  

 

- C’est dingue le nombre de conneries qu’il peut débiter à la minute celui-là ! Pesta Falcon en se retournant vers les femmes, qui toujours accrochées l’une à l’autre, le dévisageaient en l’imaginant sûrement donnant sa douche à Ryô.  

 

Rouge de confusion, Falcon s’empara prestement de ce qu’il y avait sur la table pour aller se réfugier à la cuisine en rageant contre Ryô qui se débrouillait toujours pour lui gâcher la vie.  

 

Les jeunes femmes avaient besoin d’un peu d’intimité pour se retrouver d’avantage. Miki mit à profit ce moment pour très vite reprendre ses belles habitudes et questionner Kaori sans oublier le sujet qui la préoccupait le plus et surtout sans la lâcher :  

 

- Promet-moi que tu iras lui parler…  

 

- Miki… ce n’est pas si simple, répondit Kaori en allant s’asseoir sur le canapé suivie de près par Miki.  

 

- Tu ne peux pas laisser les choses en suspend et en rester là… tous les deux vous avez un passé en commun… Kazue est perdue et choquée… elle doit comprendre que tu n’es pas une menace pour elle, que tu ne l’as jamais été et que tu ne le seras jamais… Mick est ton ami et il n’y arrivera pas sans toi, argumenta Miki en prenant place à côté de son amie.  

 

- J’aimerai au moins qu’il essaye, avoua tristement Kaori.  

 

- On s’en sortira Kaori, tous ensembles ! Clama haut et fort Miki en voyant les yeux de Kaori se perdre dans le vague.  

 

- J’aimerais être aussi confiante…, sourit faiblement Kaori. Je suis vraiment navrée pour…, tenta-t-elle sincèrement auprès de son amie.  

 

- Oublie ça mais ne recommence pas sinon je serais beaucoup moins clémente ! Gronda honteusement Miki alors que son regard déviait sur la joue meurtrie de Kaori par sa main indélicate.  

 

- Promis, la prochaine fois tu seras la première avertie ! Ironisa à son tour Kaori qui voulait reprendre une tournure moins intime.  

 

- Laisse-nous déjà le temps de régler tout ça…, s’amusa Miki en attrapant à nouveau Kaori dans ses bras afin d’effacer sa violence passée et de s’assurer que son amie était bien de retour avec elle.  

 

Kaori la laissa faire. C’était soudain de revenir si vite dans ses bonnes grâces. Kaori elle-même aurait cru que cela aurait été plus difficile aussi bien pour elle que pour la personne voulant s’accrocher à nouveau à elle. Elle ne voulait plus détailler le pourquoi du comment et profiter de cette chaleureuse amitié qu’elle n’aurait jamais du oublier. Kaori avait autant besoin que Miki de ce contact si familier et rassurant mais pourtant troublant. Elle sentait les mains de Miki lui frictionner le dos comme pour la réchauffer d’une longue traversée dans un désert froid et hostile.  

Malgré tout Kaori ne voulait pas s’éterniser et tenta doucement de se soustraire à tant de tendresse. Gigotant doucement, elle se défit de cette emprise avant de repousser gentiment Miki pour ne pas trop la vexer. Puis elle se leva avant que la jeune femme ne cède encore à un élan de tendresse. Se faisant, Kaori tourna le dos à Miki et entreprit de replacer ce gilet dont elle ne se séparait plus depuis quelques temps.  

 

- Attends une minute ! Qu’est-ce que je vois là ? L’interpella Miki en se levant rapidement pour freiner les mouvements de Kaori.  

 

- Oh… c’est… un souvenir…, sourit à demi cette dernière.  

 

- Ca fait mal ? S’inquiéta Miki en abaissant doucement le gilet et la bretelle du débardeur que portait Kaori pour voir le dessin dans son ensemble.  

 

- Non plus maintenant…  

 

- J’ai toujours hésité à m’en faire un, non par crainte de la douleur mais surtout parce que je ne savais pas quel motif choisir… celui-là est très joli. Que signifie-t-il ?  

 

- C’est juste une rose Miki…, tenta d’esquiver Kaori.  

 

- Se faire tatouer n’est pas un geste anodin et je suppose que celui-ci a été fait en prison sinon tu m’en aurais parlé avant, donc il a une signification particulière…, insista la jolie mercenaire qui exprimait là sa curiosité légendaire.  

 

- C’est vrai… tu te doutes que la prison c’est… un monde à part… avec ses propres règles, ses codes…, se perdit-elle un peu nostalgique, et ce tatouage est un sceau… un emblème qui représente ce qu’une femme parmi d’autres défend… leurs vies, leurs rêves, leur combat…  

 

- Une cause que tu partages…, admira Miki. Ce tatouage te ressemble, la force dans la fragilité, l’espoir dans l’obscurité… il te va bien et il est très sexy !  

 

- On parle de moi à ce que j’entends ! Les interrompit Ryô en se dressant fièrement en haut des marches. Tu en auras mis du temps à t’en rendre compte mais je suis prêt à te pardonner contre un coup que tu ne regretteras pas ! Sauta-t-il rapidement vers la jeune femme.  

 

Ryô était pourtant persuadé qu’il n’y avait aucun obstacle entre lui et la belle mercenaire. Il avait aussi bien calculé la distance qui les séparait et pourtant. Pourtant il se retrouvait tout contre le sol à seulement quelques centimètres de sa cible. Et il n’avait pas chuté seul. Une immense massue avait accompagné sa chute et le retenait prisonnier de son poids volumineux.  

Aucun doute possible, Kaori était bel et bien de retour. Il ne savait comment mais Miki avait réussi à réveiller Kaori de sa léthargie et de son indifférence. Cette massue était peut-être nue de toutes expressions d’ordinaire employées pour le décrire comme « spécial pervers invétéré » ou « châtiment divin ». Son poids n’était pas indiqué, pas de 1000T ou plus qui graduait normalement le degré de colère de sa partenaire. Mais peu lui importait, Ryô en était fier. Car cette massue, aussi simple soit-elle, exprimait à nouveau la douce colère de Kaori, entre jalousie et exaspération de son comportement dépravé. Malgré le choc que son corps endurait et la situation grotesque dans laquelle il ne s’était pas retrouvé depuis longtemps, Ryô souriait. Tout était parfait, la massue, l’indignation de Kaori et même sa propre surprise face à cette habitude qu’elle semblait avoir perdue. Un petit rire complice avec Miki vint même parfaire cette scène qui aurait semblée irréalisable quelques heures plus tôt. Pour rien au monde Ryô ne changerait sa place à cet instant.  

 

- Pour ne pas que tu te fasses d’illusions, reprit Miki entre deux rires, accroupit face à Ryô, tu es tout sauf sexy en ce moment. Quand on veut écouter une conversation, il faut tout entendre sinon voilà ce qui arrive, pouffa-t-elle, c’est du tatouage de Kaori que je parlais… tu l’as vu ?  

 

- Miki ! L’interrompit Kaori soudain mal à l’aise.  

 

- Tu n’as pas à en avoir honte, je trouve ça très sensuel… tu n’es pas d’accord mon chéri ? Interpella Miki un Falcon rougissant à l’extrême aux insinuations de sa moitié alors qu’il avait accouru pour admirer le spectacle de Ryô brillement écrasé sous une massue.  

 

Kaori souriait à cette gêne partagée. Miki n’en aimait que d’avantage son mari. Ryô appréciait ce retour à la normalité. Les choses étaient de nouveau les mêmes, apparences fragiles mais réelles. Ryô ignora sciemment la question de Miki. Il ne voulait pas interrompre ce moment et ce n’était qu’avec Kaori qu’il voulait répondre ce qu’il avait découvert dans une intimité qui ne serait qu’à eux. Il se releva donc pour croiser le regard de Kaori. Il souriait toujours et elle lui renvoya son sourire, comprenant qu’il accordait le même avis que Miki sur ce dessin.  

Pour Ryô tout était parfait et rien ne pouvait gâcher ce moment de complicité. Sauf quand la porte d’entrée s’ouvrit et que Kaori dévia son regard sur l’importun :  

 

- Shun ! Où étais-tu ?  

 

- J’avais besoin de prendre l’air pour réfléchir à tout ce qui a été dit hier… mais qu’est-ce qui t’es arrivée ? Qui t’as fait ça ? S’indigna Shun en changeant de sujet à la vue du visage marqué de Kaori.  

 

- Rien qui ne vaille la peine d’y revenir, expliqua vaguement Kaori en repoussant doucement la main de Shun de sa joue alors que Miki baissait fautivement la tête. Alors, qu’ai-je encore dis de si intéressant hier pour te faire fuir cet appartement de si bonne heure ? Reprit Kaori.  

 

- Beaucoup de choses mais tout n’était pas injustifié… tout comme toi j’en ai assez de me cacher ici et d’attendre un moment qui ne se présentera peut-être que trop tard…  

 

- Ne nous dis pas que t’es parti te jeter dans la gueule du loup ?! S’énerva Ryô.  

 

- Bien sûr que non mais je voulais voir par moi-même où en était la situation. Et on a peut-être une chance…  

 

- Comment ça ? S’intéressa vivement Kaori.  

 

- Tu me fais toujours confiance ? Demanda Shun avec le plus grand sérieux.  

 

- Bien sûr ! Affirma la jeune femme.  

 

- Rappelles-toi qu’étant ton mari, nous prenons toutes les décisions qui nous concernent ensemble !  

 

- Où veux-tu en venir ?! S’agaça Ryô qui ne voyait pas l’utilité de ce détail insignifiant.  

 

- Nulle part c’était pour m’assurer d’avoir votre attention à tous…, et en particulier la tienne semblait penser Shun. Alors que Ryô imaginait sûrement mille et un moyen de lui faire ravaler ses paroles, Shun reprit : Ce matin je suis allé faire le pied de grue devant cet établissement, que tu dois bien connaître maintenant, pour voir la jeune femme que tu as rencontrée cette nuit car une idée me chiffonnait, admit Shun en adressant un regard narquois à Ryô.  

 

- Quoi ?! Je t’avais dit de te faire discret ! De rester à l’abri ici ! C’est du propre ! Un mari qui courre dans une maison close dès que sa femme à le dos tourné ! Se moqua méchamment Ryô en se demandant ce que Shun manigançait.  

 

- Moi au moins je ne passe pas d’une femme de plaisir à une femme mariée dans la même nuit ! Riposta Shun avec une agressivité non dissimulée.  

 

- Ça suffit les enfantillages ! Gronda Falcon en s’interposant entre les deux hommes qui, à la moindre étincelle de plus, pouvaient en venir aux mains. Si vous continuez, j’en prends un pour taper sur l’autre, ça vous remettra peut-être les idées en place ou à défaut ça n’amusera que moi ! Menaça le géant en éloignant Ryô de Shun qui de toute évidence ne savait pas réellement à qui il déclarait la guerre.  

 

Kaori regarda perplexe les deux hommes s’affronter du regard. Sans l’intervention de Falcon, personne n’aurait pu les empêcher de s’entretuer. Mais pourquoi ? Que c’était-il donc passé cette nuit à son insu ? Pourquoi Shun montrait-il soudain une telle animosité envers Ryô ? Elle aurait voulu s’attarder d’avantage sur ce qu’elle ne savait pas mais Falcon ordonnait à Shun de continuer son récit :  

 

- Après l’approche assez fructueuse que « Monsieur frivolité » a eue, cette rencontre ne s’est avérée qu’être une formalité pour moi… j’ai aussi quelques atouts encore cachés qui peuvent s’avérer bien utile, répondit Shun continuant à défier Ryô sous le regard exaspéré de Falcon.  

 

- Pas la peine de s’égarer ! Viens en au fait Shun, qu’avais-tu en tête ? Intervint de nouveau Falcon alors qu’il sentait l’aura de Ryô sur le point d’exploser.  

 

- Tu m’as l’air d’être bien informé pour un « mari qui n’a rien à se reprocher » ! ! Je ne t’ai rien dit vue qu’on ne s’est même pas croisé !! Riposta Ryô en se retournant instinctivement vers Falcon qui soutint son regard accusateur et assassin par un haussement d’épaules comme s’il n’avait rien à se reprocher.  

 

- Pas la peine de t’en prendre à ton ami de me tenir informé de tes maigres avancées dans cette affaire ! Fit Shun en attirant de nouveau les foudres de Ryô sur lui. C’est toi qui as passé une partie de la nuit avec elle et si Falcon n’avait pas eu la délicatesse de m’en parler ce matin quand je l’ai croisé à votre retour, j’aurai du attendre selon ton bon vouloir et je n’aurai pas pu apprendre ce que je sais maintenant…, lâcha-t-il énigmatique. Donc tu as trouvé la bonne personne et même si je devine par quel tour tu as réussi à l’amadouer, ma curiosité n’était pas satisfaite…  

 

- C’est tout un art que je ne fais pas profiter à n’importe qui ! Se vexa Ryô en croisant ses bras sur son torse et en relevant son menton.  

 

- Mouais on va dire ça… enfin bref, en écoutant Falcon détailler ces aveux, j’ai repris le profil d’Akamatsu. Malgré ce qu’on sait on ne peut rien prouver, d’une part parce qu’on ne peut faire revenir sa femme sans la mettre d’avantage en danger et d’autre part parce qu’on a aucune preuve tangible et ce n’est pas le témoignage d’une hôtesse qui tiendra la route, aussi crédible qu’elle soit, ce serait sa parole contre celle d’un homme trop réputé…, énumérait Shun d’un air grave et songeur.  

 

- C’est pour en venir à cette conclusion que tu nous fais tant de mystères ?!...  

 

- Ryô laisse-le finir ! Le rabroua Kaori.  

 

- On sait qu’Akamatsu a ce besoin irrépressible d’assouvir ses penchants mais il ne peut y avoir accès selon son gré et avec toute l’attention médiatique dont il est couvert ces derniers temps, il ne peut se permettre le moindre écart. Pourtant comme chaque drogué accoutumé à un vice, il lui faut sa dose, d’une manière ou d’une autre… un placebo qui lui permette de retrouver sa domination et de patienter jusqu’à ce qu’il puisse reprendre ses habitudes. Ce serait trop risqué pour lui de se déplacer dans ce genre d’endroit et encore plus de faire venir une fille chez lui en de pareilles circonstances surtout que la police reste affairée autour de lui. Alors comment fait-il pour rester maître de lui si indirectement on l’empêche d’assouvir ses pulsions et qu’on le prive de ses plaisirs ?  

 

- Je me fous de savoir s’il prend son pied ou pas ! Je ne vois pas en quoi ça nous avance ! Ragea Ryô.  

 

- Et bien moi ça m’intéresse. C’est de la psychologie mais ça te dépasse peut-être ! C’est pour ça que je devais voir cette femme, c’est déjà une bonne chose que tu ais trouvé la bonne personne du premier coup mais tout n’est pas gagné pour autant. Tu lui as posé des questions essentielles, elle t’a livré certains de ses secrets mais… tu n’es pas allé au fond des choses !  

 

- C’est un homme violent et sans morale, qu’y-a-t-il de plus à poser ? Et si je suis ton raisonnement car, je ne suis pas aussi ignare que tu sembles le supposer, elle a du te dire qu’il n’y a ni caméra ni micro dans leur chambre et que ce qui s’y passe reste entre elle et son client ! Avoua Ryô en devinant le regard inquiet de Kaori sur lui qui suivait cet échange sans trop comprendre quel en était réellement le sujet, le Ministre ou cette femme.  

 

Les deux hommes se faisaient face, prêts à se bouffer le nez, Falcon attentif à leur échange.  

 

- C’est vrai mais pourtant en questionnant…, quel est son nom déjà ? Demanda-t-il à Ryô en dévisageant chaque signe de nervosité chez son adversaire rien qu’en repensant à cette femme. « Mi-a », prononça doucement Shun alors que Ryô tiquait à ce prénom en réprimant son envie de lui envoyer un mauvais coup. Shun ne saurait comment l’expliquer mais il trouvait une certaine satisfaction à déstabiliser cet homme. Il semblerait que chez certains hommes, certaines attitudes soient plus criantes que des mots…, reprit Shun en cherchant où reprendre le fil de ses explications. En parlant avec « Mi-a », sourit Shun à l’égard de Ryô, j’ai pu faire ressortir certains détails qui t’ont apparemment échappé tant tu devais être concentré à autre chose…, insinua sans détour Shun.  

 

- Je t’interdis de remettre en cause mon professionnalisme ! Pour qui tu te prends ?! S’agaça Ryô qui ne pouvait d’avantage faire abstraction des attaques masquée de Shun même si cela l’obligeait à couler des coups d’œil anxieux vers Kaori qui semblait à milles lieues de lui et de ce qui se passait.  

 

Kaori était perdue. Elle avait perdu le fil de ce qu’il se disait au moment-même où Shun avait prononcé ce nom : « Mia ». Sans s’y attendre, elle découvrait le nom de la femme que Ryô avait rencontrée. Sans le vouloir, Shun avait levé un pan de voile sur ce qui s’était passé : « même si je devine par quel tour tu as réussi à l’amadouer… », avait-il dit à Ryô. Kaori avait pourtant décidé de ne pas savoir et de faire la part des choses mais elle ne pouvait réprimer les images et les insinuations que sous-entendait son esprit. Et au vue de la réaction emportée de Ryô, elle ne pouvait que s’imaginer « cette nuit ». Elle secoua la tête pour chasser ses tristes pensées et se re-concentrer sur Shun qui l’interpellait :  

 

- Kaori… si tu es toujours prête à me suivre alors on tentera notre chance…  

 

Ryô aussi attendait la réaction de Kaori. Il avait bien remarqué qu’elle avait sourcillé aux différents propos de Shun et il maudissait l’homme d’être rentré dans le vif du sujet. Il pouvait lire sur le visage de Kaori les interrogations qu’elle se faisait sur cette nuit et cette femme, les réponses hasardeuses qu’elle trouvait et qui la peinaient. Il ragea de voir qu’en quelques mots Shun venait peut-être d’anéantir la communication que Ryô avait eut tant de mal à rétablir.  

 

- Kaori… je peux te parler ?... juste toi et moi…, osa doucement Ryô alors que du regard il fusillait Shun.  

 

Tour à tour Kaori regarda les deux hommes. Elle comprenait leurs attentes mais elle se sentit soudain comme déchirée sous leurs regards. Elle mesurait pleinement où voulait en venir son « cher mari ». Et elle ressentait vivement ce qu’essayait de lui expliquer en silence « son partenaire ». Comment répondre à l’un sans blesser l’autre ? Quelle devait être sa priorité, sa réaction à ce moment précis ?  

Kaori sentait une pression énorme sur ses épaules. Un choix se présentait à elle.  

 

« A la vie à la mort » ou « Pour le meilleur et pour le pire ». Quel principe devait-elle suivre ? Qui de son cœur ou de sa raison devait-elle écouter ?  

Revêtir le masque de la femme seule mais forte ne l’avantagerait plus. Laisser paraître sa jalousie à l’égard de cette inconnue et ses appréhensions pour la suite ne lui seraient pas plus utile. Comme en réponse à ses hésitations, Kaori croisa le regard de Miki. Leur mise au point lui revint en mémoire. La jeune femme la regardait avec détermination, assurance et conviction.  

 

Quoiqu’elle en dise et même si elle ne le pensait pas réellement, Kaori avait vraiment une famille et une équipe soudée autour d’elle. Après avoir tenté malgré elle de les diviser, de les repousser, elle se devait de les rallier les uns aux autres, en commençant par Shun et Ryô. Leurs querelles et ses propres états d’âme n’étaient que secondaires pour le moment.  

N’écoutant que cette petite voix intérieure qui toujours l’avait guidée avec force, Kaori cessa de réfléchir, libérant son esprit pour se focaliser sur la situation.  

 

Avançant d’un pas décidé, elle posa une main ferme sur l’avant bras de l’homme qui se tenait encore à ses côtés à force de persévérance. Puis elle porta toute son attention sur ce beau brun qui faisait tant de mystère :  

 

- Vas-y, nous t’écoutons…  

 

 


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