Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 20 capitoli

Pubblicato: 23-01-11

Ultimo aggiornamento: 29-10-12

 

Commenti: 125 reviews

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GeneralDrame

 

Riassunto: Jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?

 

Disclaimer: Les personnages de "La Guerre des Anges" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Guerre des Anges

 

Capitolo 10 :: Une seconde pour une éternité

Pubblicato: 27-05-11 - Ultimo aggiornamento: 27-05-11

Commenti: Coucou ! Je vois que le précédent chapitre vous a redonné du baume au coeur et c'est tant mieux. Alors autant continuer sur le rose des bonnes nouvelles : "Que la lumière soit" lol. Mais je me dois de vous prévenir que mon côté obscure n'est jamais très loin hihihihihi. Je vous souhaite une bonne lecture et un super week end à toutes les Maman !! BIIISOUUUSS !!!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

Refermant la porte de son appartement, Ryô n’en revenait toujours pas de son audace.  

Quand Iro Ly lui avait appris le retour en cellule de Kaori et que de surcroit il avait réussi à obtenir une autre rencontre avec elle, Ryô avait sauté sur l’occasion. Il ne pouvait laisser passer encore un seul jour sans la voir. Ce fut sans mal qu’il réussit à convaincre l’avocat de lui céder sa place. Avec l’aide d’un bon faussaire, Ryô s’était donc présenté à la prison sous une fausse identité. Il avait revêtu un costume bon marché et une grossière paire de lunettes. Son apparence maladroite et gauche avait suffit à endormir la méfiance des gardiens qui le prirent pour un compère de Maître Ly.  

 

Ce coup de maître mena Ryô à un moment d’abandon qu’il n’avait pas prémédité. Il ne reniait en rien ce qu’il avait lui-même provoqué. Cette évidence entre elle et lui, lui gonflait encore le cœur d’un amour qu’il ne soupçonnait pas. Lorsqu’il l’avait vu si démunie et désemparée, il n’avait eu qu’une envie : la prendre dans ses bras. L’envelopper de sa chaleur et de sa force. Se rassurer. Mais cela n’avait pas suffit à calmer son angoisse de la voir encore s’affaiblir d’avantage. Il en voulait plus. Il la voulait elle. Ce baiser l’avait conforté dans son choix.  

Il resterait gravé dans sa mémoire à jamais et malgré les circonstances, il dépassait de loin tous ceux qu’il avait pu échanger au cours de sa vie chaotique. La femme, encore attachée à ses lèvres, faisait toute la différence. Ryô espérait qu’il en soit de même pour Kaori. Et que surtout elle ne se méprenait pas sur ses intentions. Malheureusement ils n’avaient pu en débattre d’avantage. Il sourit à l’évocation de se moment mais se rembrunit aussitôt en repensant à la suite de leur rencontre.  

 

Ryô enleva sa veste et ôta ses chaussures avant de s’asseoir sur le canapé.  

 

A contre cœur il avait du mettre un terme à leur échange enflammé par leur solitude respective et ce besoin de se rattacher à l’autre. Son ouïe fine avait capté des pas dans le couloir. « Ne bouge pas », avait-il soufflé à Kaori avant de s’éloigner d’elle à regret. Remettant ses lunettes, il avait pris une posture nonchalante en faisant mine de lire un dossier qu’il avait tiré de sa mallette. Il avait soutenu, d’un sourire confiant, le regard inquiet et perdu de la jeune femme avant d’entendre la porte du parloir s’ouvrir derrière lui.  

 

- Tout va bien ? Avait demandé un garde en jetant frénétiquement un regard dans la pièce avant de toiser la détenue qui n’avait toujours pas bougé de son pan de mur.  

 

Cet échange de regard lourd et inquisiteur n’avait pas échappé à Ryô qui s’était relevé pour inviter l’étranger à repartir au plus vite :  

 

- Oui oui… pouvons-nous continuer ? Lui avait répondu Ryô en prenant une autre voix que Kaori ne lui connaissait pas.  

 

Lorsqu’il s’était à nouveau tourné vers Kaori, il sut que leur petit moment privilégié était passé. Elle avait soupiré et relâché les épaules. Elle était sur le qui-vive et se protégeait contre des attaques éventuelles comme elle le pouvait. Ryô s’était doucement rapprocher d’elle pour lui prendre la main et la mener à la table alors qu’elle se laissait guider, surprise par ce nouveau contact. Tirant une chaise pour se retrouver à ses côtés et tout en reprenant sa main dans la sienne, il avait pris un bloc note et avait commencé à griffonner dessus. Tout en écrivant ce qu’il voulait savoir d’elle, Ryô retraçait « l’affaire de sa cliente » à voix haute pour donner le change à qui les écoutait. Il avait du faire une pression sur sa main pour ramener Kaori à leur réalité. Il lui avait souri, comprenant que leur baiser et ses gestes tendres envers elle l’avaient chamboulée au point qu’elle se perdait dans ses interrogations muettes. Puis il lui avait tendu le crayon pour qu’elle lui réponde.  

 

Là dans son salon, Ryô revoyait le petit sourire esquissé par sa partenaire lorsqu’elle avait déchiffré sa phrase.  

 

« Un mot et je te fais sortir ».  

 

A ce moment là, Ryô était prêt à prendre tous les risques pour la libérer de ces murs et de cet environnement malsain. Ce n’était pas raisonnable et lui-même savait qu’ils avaient peu de chance d’y parvenir sans un plan construit et cohérent, mais un signe de sa part et il tenterait le tout pour le tout. Alors qu’elle hochait négativement la tête, d’un regard elle l’avait remercié d’une telle proposition mais lui signifiait aussi qu’elle n’espérait pas en arriver à de telles mesures.  

 

Ryô se releva pour aller se servir un verre de whisky. Il fit tanguer le liquide ambré avant d’en avaler une gorgée. Son regard se voila de peine en repensant à la question que Kaori lui avait écrite en retour.  

 

« As-tu retrouvé Shun ? ».  

 

Il n’avait pas pu lui cacher sa déception. Que pouvait-il lui répondre ? Il ne pouvait reconnaître son incompétence en la matière… pourtant, comme un aveu, il avait baissé les yeux. Puis reprenant le crayon il l’avait regardée un instant, hésitant à formuler une nouvelle question. Son regard s’attardait sur les pommettes et les joues meurtries, cette lèvre fendue. Kaori le surprit en reprenant le crayon. Au fur et à mesure que les mots s’étaient dessinés sur le papier, Ryô avait ressenti à la fois une grande fierté mais aussi une distance revenir entre eux malgré leurs mains liées.  

 

Avalant une nouvelle gorgée, Ryô alla jusqu’à la fenêtre chercher l’air qui lui manquait.  

 

Avec sa venue et après cette caresse au goût de sucre et de sel qu’ils avaient échangé, Ryô s’était attendu à ce qu’elle se confie enfin à lui sans restriction aucune. Il voulait l’aider à reprendre pied et à se battre mais ce fut le contraire qui se produisit. Les yeux de Kaori s’étaient durcis et ses doigts se crispaient. En cet instant et malgré son sort, elle restait professionnelle. Elle ne voulait pas parler d’elle. Ce n’était pas ce qu’elle attendait de lui.  

 

« Malgré les apparences, je vais bien. Concentres-toi sur Shun. Il est en danger. Les explications viendront. »  

 

S’il n’avait pas su qu’ils étaient sur écoute, Ryô lui aurait sûrement hurlée dessus. Comment, après tout ce qu’elle endurait, pouvait-elle encore se soucier de cet homme ? Ne se rendait-elle pas compte que lui aussi souffrait de sa captivité ? De toute évidence son visage avait du trahir ses pensées car Kaori avait retiré sa main et l’avait regardé avec de la déception au fond des yeux avant de reprendre son discours muet :  

 

« Je ne peux rien faire mais toi tu peux encore l’aider, nous aider. »  

 

Il l’avait regardée sans comprendre. Comment pouvait-il l’aider alors que cet homme semblait plus que doué pour disparaître dans la nature ? Avait-il seulement survécu à ses blessures ? Sa partenaire en semblait convaincue.  

 

Ryô souffla de frustration en posant son verre sur la table. Cet entretien avec Kaori l’avait ébranlé sur bien des plans. Les sentiments qu’il taisait pour elle, avaient été décuplés par un simple et fugace baiser alors que ce qu’il croyait comme acquis s’ébranlait : sa confiance en lui. Il avait toujours cru qu’elle avait pour lui cette confiance aveugle qui la faisait se mettre dans des situations périlleuses sans aucune crainte étant donné qu’il la sauvait toujours. Mais aujourd’hui il découvrait qu’elle plaçait aussi cette intimité et cette foi en un autre homme que lui. Cela le déchirait de l’intérieur.  

 

N’abandonnant pas pour autant ce besoin presque vital qu’il avait de savoir ce qui la reliait à ce Shun, Ryô lui avait volé le crayon alors que son monologue oral arrivait à son terme :  

 

« As-tu au moins une idée de où il peut se cacher ? Toi qui le connais si bien ! »  

 

Il avait regretté très vite cette dernière phrase en sentant la peine envahir la jeune femme. Il l’avait regardée se lever et se poster face à la fenêtre quadrillée de barreaux.  

 

- Vous en savez autant que moi…, annonça-t-elle désenchantée.  

 

Même sa voix était différente. Moins claire et plus sèche. Sa détention la ternissait de bien des manières. Ryô avait senti que leur entretien allait prendre fin. Des pas distinctifs, plus lourds et plus pressés, s’étaient fait de nouveau entendre dans le couloir. Il avait rangé toutes ses affaires pour ne laisser aucune trace de leur échange avant de la rejoindre. Il n’avait pas pu la quitter sur cette mauvaise impression entre eux. Il avait lu dans son regard qu’elle était sincère. Elle ne savait pas où son ami avait pu trouver refuge.  

 

- Dis-moi comment t’aider…, lui murmura-t-il à l’oreille en l’enlaçant une dernière fois.  

 

Il avait besoin qu’elle fasse un pas vers lui, même infime. Qu’elle lui montre qu’elle avait encore confiance en lui. Alors qu’elle était restée immobile entre ses bras, tout ce qu’il avait eu comme réponse fut cette énigme :  

 

« Il est le seul garant de mes secrets… », Lui avait-elle soufflé dans un murmure à peine audible.  

 

Puis doucement elle s’était éloignée. Son regard se muait à nouveau, résigné et froid. Elle avait repris sa place contre le mur alors que la porte s’ouvrait sur deux gardiens :  

 

- Nous allons devoir mettre un terme à votre entretien. Pour des exercices de sécurité toutes les détenues doivent reprendre leur place en cellule. Annonçait l’un des gardes alors que son équipier invitait Kaori à le suivre.  

 

Ryô avait deviné sans peine que c’était là un moyen de couper court à cet entretien qu’ils avaient suivi de l’extérieur sans comprendre. Malheureusement, il n’avait pu s’y interposer.  

Il avait du faire un effort surhumain pour ne pas tout dévaster et tout tenter pour la ramener avec lui. Elle lui avait tourné le dos et sans un regard vers lui, elle était sortie de la pièce, étroitement escortée par ses gardes.  

Parcourant à son tour le chemin qui l’avait mené vers la sortie, Ryô n’avait pu réprimer un frisson de dégoût à l’idée de retourner à cette liberté sans elle et sans rien pour orienter ses recherches. Il avait marché d’un pas lourd jusqu’à sa voiture avant de la faire démarrer rageusement à défaut de pouvoir crier sa propre colère.  

 

Maintenant qu’il était de nouveau chez lui, il n’était pas plus avancé. Partagé entre ce baiser et cette énigme, Ryô se sentait dépassé et démuni. Qu’avait-elle tenté de lui dire ? De qui parlait-t-elle ? Ce Shun ? Que savait-il encore qu’il ignorait lui-même ? Que lui avait-elle confié comme secrets ? Kaori ne se confiait que rarement et le plus généralement à Miki. Mais elle avait dit « il », ce qui excluait la mercenaire. C’était un homme. Ce n’était pas lui et il ne voulait pas que ce soit Shun. Ryô tiqua. Pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Pourquoi n’avait-il pas fait le rapprochement avec sa disparition ce jour-là alors qu’elle était sous la garde de Mick ? S’il y avait bien un endroit et une personne à qui elle ne mentait jamais c’était bien lui.  

Reprenant sa veste et ses clefs, Ryô fit claquer la porte en sortant précipitamment de l’appartement.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Après sa rencontre avec Ryô, Kaori retourna en cellule pour constater que les gardiens se livraient à des fouilles arbitraires. Seules les cellules des Roses Noires furent retournées et mises à sac par les gardes. Kaori savait que c’était là leurs représailles pour cet étrange entretien. Elle ne put que s’excuser silencieusement auprès de ses amies pour les désagréments qu’elle leur faisait subir.  

 

- T’inquiète, on a l’habitude de leur bazar. S’ils croient nous coincer comme ça, c’est qu’ils ont rien dans le ciboulot ! Railla Angie en replaçant son matelas éventré. On les sent venir à des kilomètres lorsqu’ils ont leur envies subites et on est bien plus malignes qu’ils le pensent, ajouta-t-elle d’un clin d’œil pour rassurer sa compagne.  

 

Kaori lui sourit faiblement avant de l’aider à remettre de l’ordre dans leur chambre. Rien n’avait été épargné, ni les matelas, ni leurs affaires. Depuis le temps de son incarcération, Kaori n’avait pas grand-chose à elle. Seulement quelques affaires « prêtées » par la prison. Quant à Angie, elle avait accumulé plus de biens, principalement envoyés par sa mère et quelques photos de ses enfants. Ses clichés avaient été malmenés et Kaori l’aida à les défroisser en observant sa compagne poser un regard étrange sur ces portraits souriants.  

 

- Ton entretien s’est bien passé ? Demanda Angie pour couper court à cette observation qui la mettait mal à l’aise.  

 

- Je crois…, répondit simplement Kaori en s’affairant à ranger en silence.  

 

Elle ne savait pas quoi penser en fait de cette entrevue. Elle se sentait à la fois déçue et encouragée. Mais encouragée à quoi ? Elle ne comprenait toujours pas ce geste qu’il avait eu envers elle. Pourquoi l’embrasser ? Pourquoi maintenant et ici ? C’était toujours quand elle ne s’y attend plus que Ryô se manifestait à elle de manière inattendue, par un regard ou un geste. Mais là c’était un baiser. Etait-il sincère ? C’était un geste qui ne lui ressemblait pas, surtout envers elle. Après la surprise de ses lèvres contre les siennes, douces et chaudes, Kaori y avait répondu avec ferveur. Comme si c’était là le dernier acte de liberté qu’on lui accordait. Cela sous-entendait-il que la situation était à ce point désespérée ? Kaori n’en savait rien mais Ryô avait dû juger le moment assez grave pour en arriver là. Devait-elle avoir peur ou espérer encore ? Ils n’avaient eu que peu de temps pour «se parler » et elle n’était pas sûre qu’ils se soient réellement compris. Ce baiser ne pouvait pas être insignifiant. Et même si c’était le cas, elle le garderait en elle comme une flamme auprès de laquelle se réchauffer. Ses incertitudes et ses émotions partagées sur ce moment ne devaient en aucun cas être perçues d’une manière ou d’une autre comme de la faiblesse par son entourage. Elle devait continuer à mettre ses sentiments de côté et à faire celle que plus rien n’atteignait. C’était à ce prix, qu’elle pouvait garder ici la tête haute et l’esprit clair.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Arrivé à destination, Ryô sortit de la Mini et remonta le col de sa veste. Le ciel se couvrait d’un épais nuage noir et au loin l’orage grondait. Les lieux n’étaient pas encore fermés au public et d’un pas sûr, Ryô arpenta l’allée de gravier. Un vent plus frais se leva alors que Ryô posait un genou au sol avant de balayer de la main les quelques feuilles perdues sur la stèle de son ami.  

 

- Salut vieux frère. Ca fait un bail, je sais. Tu me connais je viens rarement ici… non pas parce que je t’oublie mais parce qu’au contraire tu es toujours avec moi au travers de ta sœur…, commença-t-il les yeux d’un noir bleuté admirant les lettres gravées sur la pierre. Tu te doutes déjà que c’est elle qui m’amène aujourd’hui. Il n’y a qu’elle pour me faire faire ce que personne d’autre ne pourrait, sourit-il. Je ne te cacherais pas que ça va mal… pour elle comme pour moi. J’ai besoin de tes lumières pour comprendre ce qu’elle ne me dit pas. Montres-moi ce qu’elle est venu te confier…, demanda-t-il alors que ses yeux détaillaient minutieusement la stèle pour en percer ses secrets.  

 

Quelques gouttes d’eau commençaient à perler ici et là, assombrissant par endroit la couleur de la pierre. De la main, Ryô suivait les contours du petit monument. Que croyait-il trouver, une petite cache dissimulée dans la pierre ? Un panneau indiquant «c’est ici que se trouve ce que tu cherches » ? Il soupira. Il n’y avait rien. Si elle était venue y cacher quelque chose, elle l’avait rudement bien fait.  

Ryô se releva et scruta la tombe de sa hauteur. C’était pourtant là, il le sentait au fond de lui qu’il était sur la bonne voie. La pluie commençait à redoubler d’intensité mais Ryô ne voulait pas partir sans savoir. Seul sous cette averse subite et la tête légèrement penchée vers la stèle, il donnait l’impression de pleurer son ami. En un sens, il le suppliait silencieusement de répondre à ses questions, de l’aider comme il le faisait auparavant.  

Le vent aussi s’intensifia, faisant tomber un vase sur une autre stèle placée derrière celle de son ancien coéquipier. L’objet en métal doré vint rouler et s’abattre contre la paroi de granit. Dans un geste de respect envers ceux qui habitaient ce lieu, Ryô contourna la stèle pour ramasser l’objet avant de le caler horizontalement contre la tombe de son propriétaire. Se retournant, il inspecta la pierre de son ami pour voir si le choc n’avait pas été trop rude. Ce fût à cet instant qu’il s’aperçut qu’au pied de celle-ci, la terre avait été retournée. La pluie ayant rendue plus boueuse une petite partie de l’herbe. Sans réfléchir, Ryô y plongea les mains et farfouilla le sol humide. Il en sortit victorieux un sac plastique enroulé dans lequel se trouvait bien enfermée une pochette grise. Du pied, il remit la terre en place avant de se poster à nouveau devant son frère :  

 

- Merci pour ton aide. On peut toujours compter sur toi. Je ne te décevrais pas… par contre il y a un autre détail sur lequel je voudrais t’entretenir…, ajouta-t-il alors que sa voix se faisait plus faible et que ses mains se resserraient sur l’objet de sa trouvaille.  

 

Malgré la pluie, Ryô s’attarda un long moment auprès de son ami. Ce n’était pas les éléments qui allaient le contraindre à se taire. Ce ne fût que lorsqu’il parut satisfait de son monologue qu’il remercia son ami pour son écoute attentive avant de quitter les lieux alors que l’averse se tarissait enfin.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Au pénitencier, les jours se suivaient et se ressemblaient à quelques détails près. Chaque jour, les détenues devenaient un peu plus des femmes bien loin de ce qu’elles étaient avant. La promiscuité, les restrictions et les murs faisaient d’elles des âmes acérées. Ici chaque geste et chaque mot décuplaient les émotions et accentuaient les rancœurs. Il ne fallait jamais relâcher sa concentration. Une bagarre pouvait éclater pour un rien, une futilité. Les coups en traitre étaient monnaie courante et un sourire d’une ennemie n’était jamais bon signe. Il fallait toujours s’affirmer et se montrer plus teigneuse que l’adversaire. Kaori en avait compris les rouages. Son attitude et ses mots donnaient l’illusion qu’elle vivait là au milieu de ces meutes depuis aussi longtemps que certaines d’entre elles. La timide et impétueuse jeune femme qui était entrée il y avait un peu plus de trois semaines avait laissé place à une femme au caractère plus ferme et insensible aux maux qui l’animaient aussi bien elle que ses semblables. Les jours coulaient sur elle sans heurts distinctifs mais marquant d’une manière indéniable son esprit et son cœur d’une empreinte plus insidieuse et plus noire.  

 

Alors que Kaori apprenait avec les siennes les rudiments d’un poker non conventionnel, un gardien s’approcha de la tablée où elle se trouvait :  

 

- 23270 suis-moi t’es convoquée !  

 

C’était au tour de Kaori d’abattre ses cartes et sans prêter attention à l’homme qui la toisait, elle sourit :  

 

- C’est la chance des débutants les filles, m’en voulez pas mais vos gains sont à moi ! Claironna-t-elle fièrement en faisant main basse sur son étrange butin.  

 

Elle les avait toutes bluffées. Elle n’avait rien dans son jeu mais leur avait fait croire le contraire. Des exclamations de frustration mêlées de fierté l’acclamèrent alors que le garde s’impatientait.  

 

- Ca va pas la peine de s’énerver, si la personne est pressée c’est pas mon cas !  

 

- Fais pas ta maligne et amènes-toi ! Moi j’ai pas que ça à faire ! Grogna le maton.  

 

- C’est trop aimable à vous de m’accorder votre temps ! Railla-t-elle en se levant.  

 

Le gardien ne releva pas cette dernière remarque et fit signe à un de ses collègues de se tenir prêt à ouvrir la porte menant à l’extérieur de la partie réservée aux détenues. S’arrêtant devant Angie, Kaori lui remit ses gains  

 

- N’en profites pas pour tout dilapider…, lui sourit-elle alors que son amie la gratifiait d’un clin d’œil entendu.  

 

Angie la regarda s’éloigner, son intuition ne la trompait jamais. Quoiqu’il arrive, elle lui avait appris à garder la tête haute et à faire face. Comme toujours « la petite crevette » saurait se débrouiller, elle n’en doutait plus. Ce fut donc la conscience tranquille qu’elle alla prendre sa place à la table de jeu.  

 

Les mains dans les poches et le dos droit Kaori suivait l’homme. Pour une fois, la visite ne se passerait pas dans un des parloirs mais dans le bureau du directeur. Remarquant cela, Kaori marqua un silence observateur en pénétrant dans la pièce. Le directeur se tenait assis devant son bureau et face à lui un autre homme que Kaori ne voyait que de dos. Sans changer d’attitude, Kaori attendit qu’on lui explique sa présence.  

 

- Voici la détenue que vous vouliez voir. Lâcha le directeur à l’attention de son interlocuteur qui s’était retourné pour détailler la jeune femme.  

 

- Je suis Maître Chû. Comme je l’expliquais à Monsieur Fumiki, j’ai avec moi un document demandant votre libération immédiate et sans conditions.  

 

Malgré cette heureuse annonce, Kaori continuait de le regarder fixement. Ce nouveau visage n’avait rien d’encourageant. Il avait parlé d’une voix égale comme si il demandait un kilo de pommes de terre. Il n’avait rien à voir avec un avocat. Habillé d’une paire de jeans, d’une chemise, de baskets et d’un blouson d’aviateur, ailleurs elle l’aurait prise pour un touriste. Ses cheveux blonds lui tombaient sur les yeux cachés par de grandes lunettes de soleil. Qu’est-ce qu’il lui voulait ?  

 

- Mademoiselle Makimura vous comprenez ce que je dis ? Demanda-t-il devant le manque d’enthousiasme de la jeune femme.  

 

- Je ne suis pas stupide ! Lui répondit-elle sèchement.  

 

- Bien c’est déjà un début. Donc comme vous pouvez le constater Monsieur Fumiki, tout est en ordre et vous pouvez appeler le juge si vous en doutez. Continua le dit avocat en s’adressant au directeur.  

 

- Je ne vois pas de raison de m’y opposer, répondit l’homme en détaillant le document officiel. Mademoiselle Makimura, mes hommes vont vous accompagner pour vous rendre vos effets personnels. Je sais que votre séjour ici n’aura pas été des plus agréables et il ne tient qu’à vous de ne pas y revenir. Sermonna-t-il sans même la regarder.  

 

Il décrocha son téléphone pour annoncer la libération de la détenue aux agents s’occupant de cette formalité et accompagna l’avocat et sa cliente à sortir.  

Abasourdie et méfiante vis-à-vis de ces hommes, Kaori suivit un nouveau garde. Celui-ci la mena dans la même pièce où elle avait revêtu son habit de prisonnière pour cette fois-ci l’ôter définitivement. Pour sa levée d’écrous, une femme gardien était présente et fit avec elle l’inventaire de ses biens afin de s’assurer que tout lui était rendu. Kaori signa le reçu et retrouva son touriste dans le hall d’entrée du bâtiment.  

 

- C’est pas encore ça mais vous avez meilleur mine dans cette tenue. Lâcha-t-il en lui ouvrant la porte.  

 

A l’extérieur le soleil était le même que dans la cour et pourtant Kaori crut en ressentir plus de chaleur. Elle guettait l’homme à ses côtés qui attendait qu’elle veuille bien avancer.  

 

- Qui êtes-vous ? Qui vous envoie ? Et comment avez-vous réussi à me faire sortir ? Martela-t-elle durement.  

 

- Un « merci » suffira. Nous avons un ami commun qui à hâte de vous revoir… je ne fais que mon travail. Fit-il en s’avançant sur l’allée menant au parking visiteur.  

 

- Nous y sommes ! C’est lui qui vous envoie mais ça ne se passera pas comme ça ! Je préfère rester en prison que de lui devoir quoique ce soit ! Je ne tomberais pas dans votre piège ! Vous pouvez aller dire à votre patron que je ne troquerais pas ma liberté contre des aveux ! Cracha-t-elle en faisant demi-tour.  

 

- Non mais vous êtes pas bien ! S’énerva à son tour Maître Chû. Il m’avait prévenu que vous aviez un foutu caractère mais à ce point-là c’est pas croyable ! Vous allez me suivre et sans faire d’histoire ! Ordonna-t-il en l’attrapant par le bras et en la traînant à sa suite.  

 

Devant eux se trouvaient le parking avec seulement une voiture au bout. Adossé à celle-ci se trouvait un homme qui attendait les bras croisés. Kaori s’emportait tellement contre l’homme qui l’obligeait à marcher à son rythme qu’elle ne remarqua qu’après cette présence. Chû la relâcha alors :  

 

- Si elle me casse encore les oreilles je la ramène moi-même en prison ! Grogna-t-il à l’individu qui s’avançait vers eux en souriant.  

 

- T’inquiète je m’en occupe. Alors ma Belle, tu sais plus dire bonjour à tes amis ? Taquina-t-il doucement.  

 

Elle n’en revenait pas. Elle n’arrivait pas à croire qu’il était là devant elle. Il avait un bras en écharpe et l’autre tendu vers elle. D’abord hésitante, elle se rua sur lui sans ménagement. Elle ne rêvait pas, il était vivant. Shun était là et la couvrait de son bras valide alors qu’elle enfouissait sa tête contre son torse.  

 

- Je t’avais dit de te mettre à l’abri mais je ne pensais pas devoir venir te chercher dans une prison…, sourit-il en embrassant ses cheveux. Je t’expliquerais en chemin, ajouta-t-il en voyant ses grands yeux noisettes le questionner.  

 

Il encouragea Kaori à monter en voiture alors qu’il s’installait à l’avant avec l’avocat qui avait déjà mis le moteur en route.  

 

- Je te présente Etsuo Chû. Tu peux avoir confiance c’est un vieil ami.  

 

- Tu es sûr qu’il est avocat ? Demanda Kaori en lorgnant l’homme au volant qui continuait de l’ignorer.  

 

- Tu sais qu’il ne faut pas se fier aux apparences…  

 

Shun entama par la suite le récit de sa disparition. Il avait réussi à prendre la fuite mais son état ne lui avait pas permis de courir bien loin. Il avait fait appel à un vieux contact qui avait une dette envers lui. Celui-ci lui avait alors fourni une cache et un médecin. Malheureusement il avait du attendre de reprendre des forces avant de pouvoir la recontacter. Ce fut alité et en parcourant les journaux, qu’il avait appris l’incarcération de la jeune femme pour sa supposée mort.  

 

- Je suis désolé que tu ais du en passer par là… mais tout est arrangé. J’ai réapparu et tout expliqué. Mon témoignage te met hors de cause. Maintenant pour la police ce n’est qu’une banale vengeance à mon égard et ils vont chercher dans ce sens. Informa Shun.  

 

- Ce n’est pas pour autant que l’on ne risque plus rien. Tu as remarqué « mes couleurs »… il est venu me rendre une petite visite et il a tout prévu. Lui annonça à son tour Kaori.  

 

- Comment est-ce possible ? Que sait-il au juste ?  

 

- Pas grand-chose en fait mais il m’a bien fait comprendre que si tu réapparaissais alors il n’hésiterait pas à nous accuser tout les deux d’enlèvement… il est persuadé que l’un de nous deux finira par lâcher le morceau. J’ai tenu bon mais… il a de sérieux atouts dans sa manche…, avoua Kaori sans cacher son inquiétude grandissante.  

 

- On trouvera une solution. Tu sais que tu peux compter sur moi et je ne dirais rien qui puisse nous causer du tort. Encouragea Shun en se tournant vers Kaori pour lui attraper la main.  

 

- J’ai peut-être une solution…, lâcha Etsuo sans quitter la route des yeux.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Cela faisait des jours qu’il était dessus. Après sa visite au cimetière, Ryô était rentré pour lire d’une traite ce que renfermait cette pochette grise. Il y avait là tous les éléments d’une filature. La personne que concernait ce dossier avait été épiée au microscope : ses habitudes, ses déplacements et ses rendez-vous. Pourquoi sa partenaire de renseignait-elle sur un Ministre ? Etait-il véreux ? Etait-ce une affaire en cours de ce policier Shun Mô ?  

Les jours d’après, Ryô les passa à retracer l’enquête faite sur cette homme. Si c’était de lui qu’était venue cette embuscade à Osaka, il devait comprendre pourquoi et comment ils en étaient arrivés là. Alors à son tour, il avait mis ses indics sur cette piste. Il voulait tout savoir de cet homme. Ce n’était pas pour rien que Kaori s’était intéressée à lui. Il devait comprendre où ça avait merdé pour que sa partenaire se retrouve en prison.  

 

Ryô en était là à attendre l’appel d’un de ses indics quand la porte d’entrée s’ouvrit après un retentissant coup de sonnette :  

 

- Tu soignes ton entrée maintenant ! Qu’est-ce qui t’amène ?! Grogna-t-il méchamment à cet opportun sans manières.  

 

- Avant de me foutre dehors, laisses-moi t’expliquer…, le supplia Saeko en dressant ses mains devant elle en signe d’acceptation. Elle reconnaissait ses torts mais elle devait le convaincre de l’écouter. C’était là sa seule chance de faire amande honorable auprès de celui qu’elle considérait toujours comme son ami.  

 

- T’as cinq minutes !  

 

- Il m’en faudra pas autant pour te dire que Kaori est libre ! Lâcha-t-elle en soutenant le regard noir de Ryô.  

 

- T’en as mis du temps pour réparer tes conneries ! Fit-il en sortant de l’appartement, Saeko sur les talons.  

 

- J’y suis pour rien…, s’avoua-t-elle à elle-même alors que Ryô avait déjà disparu dans le garage.  

 

Ryô faisait déjà rugir le moteur de la Mini lorsque Saeko monta à ses côtés :  

 

- Attends. Kaori a été libérée y a une heure.  

 

- Comment ça ?  

 

- La première chose que j’ai faite après avoir appris ce témoignage, c’est d’appeler la prison pour organiser sa libération. Là on m’a informée qu’un avocat était déjà passé pour la faire sortir.  

 

- Son avocat ? Il m’aurait prévenu si c’était le cas ! Réfléchissait Ryô.  

 

- Pas Ly. Celui qui l’a emmenée s’appelle Chû… Etsuo Chû. Un requin dans son domaine.  

 

- Si on le trouve, on la trouve…  

 

- Exact c’est pourquoi j’ai lancé une recherche. Déclara Saeko avec un petit sourire alors que sa radio grésillait.  

 

La Mini filait à vive allure dans les rues bondées de Tokyo. A son volant, un homme inquiet et fulminant de colère. Pourquoi Kaori ne l’avait-elle pas appelé dès sa sortie ? Qui était ce nouvel avocat ? Pourquoi étaient-ils au Palais de Justice ? A ses côtés Saeko n’en comprenait pas d’avantage non plus. Mais bientôt ils sauraient à quoi s’en tenir. Le Palais de Justice se dressait devant eux. La Mini stoppa sa course dans un crissement de pneu et les deux passagers en descendirent à la hâte.  

Se moquant des regards sévères que leur adressaient les habitués des lieux, le duo courait dans les couloirs et dans les escaliers à la recherche de la salle indiquée à l’accueil. Selon les informations de Saeko, l’avocat et sa cliente étaient avec un juge. Sans ménagement et sans même frapper, Ryô et Saeko déboulèrent dans le bureau, le souffle court.  

 

Devant eux, étaient assis Kaori et un homme. Debout à leur gauche un autre homme en tenue décontractée lisait et signait à son tour un document avant de le tendre au Juge.  

 

- Qui êtes-vous et qui vous donne le droit de rentrer ainsi dans mon bureau ?... Sermonna le juge avant d’être coupé par l’arrivée de deux autres hommes en costume.  

 

Ryô ne quittait pas des yeux Kaori qui s’était retournée à leur entrée. Son regard noisette allait maintenant de lui aux deux nouveaux venus :  

 

- Nous sommes de la police interne et nous avons quelques questions à poser à Mademoiselle Makimura et Monsieur Mô.  

 

- Non mais vous vous croyez dans un moulin ? Tout le monde dehors ! Maître Chû, nous en avons fini, je vous prie d’aller régler vos affaires en dehors de mon bureau.  

 

- Bien entendu Monsieur le Juge. Merci pour votre temps. Messieurs et Mesdames, si vous voulez bien me suivre, fit-il à l’attention du petit monde agglutiné dans la pièce.  

 

Chacun sorti calmement. Ryô remarqua alors que l’homme aux côtés de sa partenaire n’était autre que Shun Mô. Celui-ci lui tenait la main et ne semblait pas vouloir la lâcher. Alors que les deux hommes s’apprêtaient à embarquer Kaori et Shun, l’avocat s’interposa sous les regards effarés de Ryô et Saeko :  

 

- Quoiqu’il soit reproché à mes clients, Monsieur et Madame Mô ne répondront à vos questions qu’en ma présence. Votre jour et votre heure sera la nôtre. Pour l’heure Madame Mô est libre et je vous suggère de la laisser tranquille, elle ainsi que son mari. Lâcha d’une voix froide Etsuo Chû.  

 

 


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