Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 20 capitoli

Pubblicato: 23-01-11

Ultimo aggiornamento: 29-10-12

 

Commenti: 125 reviews

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GeneralDrame

 

Riassunto: Jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?

 

Disclaimer: Les personnages de "La Guerre des Anges" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Guerre des Anges

 

Capitolo 14 :: Fragile(s)

Pubblicato: 09-10-11 - Ultimo aggiornamento: 09-10-11

Commenti: Coucouuu !!! Merci pour vos encouragements, franchement vous m'épatez à toujours voir de la lumière et à rester ainsi optimiste (^_^) Je suis curieuse de connaître vos impressions pour ce chapitre hihihihi "Lumière es-tu là?" lol Je vous souhaite un bon dimanche et que la Force soit avec vous, Zouuu Zouuu hahaha BIIISOUUUSS !!!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

 

De rage et de frustration, elle claqua violement la porte de son bureau après avoir hurlé que personne ne vienne la déranger. Elle avait besoin de retrouver son calme. Elle avait besoin de se retrouver seule. Son bureau devenait alors son seul refuge et son unique rempart contre tout ce dont elle se battait au quotidien. Entre ces murs, elle pouvait laisser libre court à sa peine comme à sa colère et cela en toute intimité. Ce bureau était le seul endroit où elle se sentait pleinement elle-même. Elle y reprenait force et confiance. Dans cette pièce, elle se battait jour après jour pour ce en quoi elle croyait : la justice, l’égalité… des devoirs et obligations auxquels elle se sacrifiait sans retenue pour se prouver que tout cela en valait la peine. C’était en partie pour cela qu’elle était rentrée dans la police, pour défendre ceux qui ne le pouvait pas, pour l’amour de la justice et pour démontrer à son père que malgré leurs différences, ils avaient les mêmes idéaux. Malheureusement, Saeko découvrait amèrement qu’ils ne se comprenaient toujours pas…  

 

« Flash Back quelques heures plus tôt »  

 

Lorsque Saeko était partie précipitamment du Cat’s, sous le regard lourd et méfiant de Kaori, elle n’avait eu qu’une idée en tête : parler à son père pour démentir ce que la jeune nettoyeuse sous-entendait avec tant de conviction.  

 

Après avoir récupéré sa voiture, qu’elle se maudissait d’avoir laissée en bas de l’immeuble de Ryô, elle se rendit encore plus énervée au poste. Sa colère était encore montée d’un cran en apprenant que le Préfet était absent. Elle lui avait laissé plusieurs messages auxquels il n’avait pas pris la peine de répondre et le soir même, elle s’était rendue directement chez ses parents pour se rendre compte qu’elle ne le verrait pas d’avantage puisque sa mère et lui étaient sortis.  

 

Par la suite, Saeko avait passé une nuit blanche à ressasser les suppositions de Kaori par rapport à cette histoire. A tant y réfléchir, elle ne voyait ni ne comprenait le lien dans cette histoire. Elle ne pouvait y croire. Même si son père avait des relations avec le Ministre, de par son poste, cela ne voulait pas forcément dire qu’il adhérait ni même qu’il savait réellement les tenants et les aboutissants de cette histoire.  

 

Ce fut donc de bonne heure et les traits tirés que Saeko l’attendait déjà devant son bureau afin de tirer au clair ces zones d’ombres.  

 

- Tu es bien matinale.  

 

- Tu n’as pas eu mes messages hier ? C’était urgent, tu aurais pu me rappeler, non ! S’était-elle agacée.  

 

- Tout comme toi j’ai des priorités, fit-il en regardant les messages que lui tendait sa secrétaire et en pénétrant dans son bureau.  

 

- Que sais-tu sur Akamatsu ?! Le coupa-t-elle en fermant sèchement la porte pour parler en toute intimité à son père.  

 

Celui-ci déposa ses affaires sur son bureau et la regarda d’un air grave avant de s’asseoir.  

 

- Pourquoi t’intéresses-tu à lui ? Tu n’as rien de mieux à faire aujourd’hui ?  

 

- Réponds à ma question ! Est-ce que tu es au courant pour sa femme ?! Est-ce que c’est pour cela que tu m’as retirée l’affaire sur ce qui est arrivé à Osaka ?! Que sais-tu réellement de lui ?! Ne me dis pas que tu tolères tout ça ?!! Aboya-t-elle.  

 

- Je te prie de baisser d’un ton et d’être plus claire dans tes propos ! Pesta-t-il en ouvrant un premier dossier.  

 

- Tout homme quel qu’il soit doit répondre de ses actes devant la loi ! Surtout quand il y va de la vie d’une autre personne ! Alors je te demande si tu couvres cet homme d’une manière ou d’une autre ?! Ragea-t-elle en apposant violement ses mains sur le bureau.  

 

- De quoi l’accuses-tu exactement ?...  

 

- De violences conjugales, d’adultère et de faire jouer ses relations pour faire tomber des innocents pour commencer !  

 

- Nous y voilà ! Ce qui t’amène c’est elle, cette fille ! Je savais que ce nom ne m’était pas inconnu : Makimura… bon qu’à attirer les ennuis ! Voilà pourquoi je t’ai retirée cette affaire, tu es incapable de faire preuve de discernement ! Je ne comprends toujours pas comment tu as pu t’amouracher de cet homme… et maintenant tu prends la défense de sa sœur qui de toute évidence s’autorise à répandre de telles calomnies !  

 

- Tu ne réponds pas à ma question ! S’énerva Saeko qui avait toujours su que son père ne portait pas son défunt amour dans son cœur.  

 

- Et comment le pourrais-je ? Non seulement tu accuses un homme que je connais depuis des années d’atrocités mais tu m’accuses aussi d’en être complice alors que de toute évidence tu ne sais rien du tout ! Je vais te dire une chose ma fille : je ne suis pas là pour juger de sa vie de couple. Ce qui se passe entre lui et sa femme ne regarde qu’eux mais pour le comprendre faudrait-il encore savoir ce que c’est que de vivre à deux ! Je n’ai pas fini ! Prévint-il en voyant Saeko prête à revenir à la charge. Saches que jamais je ne tolérerais les actions que tu as cité, que ce soit d’un ami ou pas ! Je n’ai fait que lui accorder du temps et de la discrétion pour trouver la ou les coupables de ce qui arrive à sa femme et qui est indépendant de sa volonté ! Ne te laisse pas embobiner de la sorte, je t’ai mieux élevée que ça ! Je te conseille vivement de revoir ton jugement surtout quand tu te lances à l’aveuglette de la sorte ! Et saches pour ta gouverne que ton cercle d’amis est certainement plus discutable que le mien !!  

 

-… tu reconnais donc en savoir d’avantage que ce que tu veux bien admettre ! Enragée, Saeko toisait son père à la recherche d’un indice qui lui permettrait de ne plus douter de lui en mettant volontairement ses allusions à sa propre vie de côté.  

 

- J’ai toujours admiré ta passion à mener à bien ton travail mais comme je te l’ai dit cette affaire n’est pas de ton ressort. Il vaut mieux si tu tiens un tant soit peu à ta carrière que tu restes en dehors de cela. Quand les services appropriés auront retrouvé Madame Akamatsu et que cette histoire sera tirée au clair, tu comprendras.  

 

« Fin du Flash Back »  

 

Saeko avait donc quitté le bureau de son père pour se réfugier dans le sien. Toute la journée, elle se terra dans ce seul lieu où elle pouvait encore se sentir en sécurité et à l’abri de tous ces mots qui se mélangeaient dans son esprit. Que devait-elle comprendre ? Qui devait-elle croire ? D’aussi loin qu’elle se souvienne son père était un homme droit. Et Kaori n’était pas du genre à accuser sans fondements. Tout cela la dépassait. Et pour une rare fois, Saeko se sentait désabusée et impuissante à pouvoir aider l’une ou l’autre des parties qui lui déchiraient le cœur.  

 

<<<<<<<<<<  

 

La journée ensoleillée aurait du se montrer plus belle et clémente envers certaines personnes qui tentaient de trouver leur équilibre dans cette vie si moqueuse. Pourtant la nuit tombait sur cette journée implacable, alors que certains cherchaient leur place dans un duo qui peinait à devenir un trio, d’autres enduraient les coups du sort.  

 

La petite bande avait fini par se résoudre à quitter l’hôpital. Kazue était aux bons soins de son médecin et du personnel soignant et Mick devait de lui-même se prendre en charge. Personne ne pouvait rien faire d’autre pour eux. Les prochaines heures seraient décisives pour beaucoup de choses. Restait à voir si chacun serait prêt à affronter ce que le destin s’évertuait à dresser sur leur chemin.  

 

- Je ne voudrais pas être rabat-joie mais quelqu’un sait ce que l’on mange ce soir ? Lâcha Shun alors que Miki et Falcon rejoignaient leur jeep et que Ryô et Kaori s’avançaient vers la Mini, tous avaient le visage fermé et pensif. Je sais que la situation ne s’y prête pas mais se laisser mourir de faim n’est pas franchement la meilleure solution à ce qui nous arrive, ajouta-t-il face aux regards surpris et quelques peu réprobateurs.  

 

- Il est trop tard pour courir faire des courses, nous passerons commande en rentrant, satisfait ?! Grogna Ryô en devinant que ce dernier voulait juste détourner l’attention des autres sur un sujet plus frivole.  

 

- Pas la peine, il y a tout ce qu’il faut chez nous ! Intervint Miki.  

 

- Votre café est fermé…, rappela Ryô.  

 

- Peut-être mais c’est toujours chez moi ! Et puis ce serait dommage de perdre toute cette nourriture.  

 

- C’est de l’effraction de domicile ce que tu envisages…  

 

- Pas du tout, j’ai toujours les clefs et je ne compte pas porter plainte contre moi-même pour être entrée chez moi ! Fit Miki souriante.  

 

Personne n’ayant rien à objecter à cela, le trio laissa le couple de commerçants prendre en charge la responsabilité de ramener de quoi nourrir cinq personnes dont certaines comptaient pour deux voir même trois.  

 

Ryô prit à parti le Doc avant que lui aussi ne rentre à sa clinique. Tout en questionnant le praticien, le nettoyeur observait Kaori et Shun se parler à demi-mot. Il se retenait avec peine de ne pas envoyer son poing sur ce visage trop confiant qu’affichait Shun. Tout cela prenait une tournure qui ne lui plaisait vraiment pas. Lui, il pouvait lui parler sans risquer de représailles quelles qu’elles soient. Et avec tout ce monde chez lui, Ryô n’était pas prêt de pouvoir éclaircir les choses avec sa partenaire. Il devait donc la forcer d’une manière ou d’une autre à lui parler aussi. Il devait le reconnaître, il avait besoin des conseils d’un homme plus habitué à ce genre de troubles.  

 

- C’est quoi toutes ces messes basses ? Vous pourriez avoir la courtoisie de me mettre dans la confidence…, se lança Ryô en se rapprochant du duo sans émettre d’agressivité et après avoir remercier le vieil homme.  

 

- Rien de spécial… on peut rentrer maintenant ? Demanda Kaori pour toute réponse.  

 

- Kaori…, commença-t-il en espérant juste qu’elle l’écoute à défaut de lui répondre, en la regardant alors qu’elle évitait toujours de croiser son regard.  

 

Sa tentative fut veine. Kaori l’ignora complètement en prenant place toujours à l’arrière dans la Mini. Shun soupira face à cet échec et tenta d’encourager silencieusement ce partenaire qui de toute évidence peinait à rétablir le contact avec la jeune femme.  

 

Ryô prit sur lui et ne montra pas sa peine d’être encore repoussé. Il supporta très mal le fait que son rival puisse croire qu’il puisse avoir besoin d’un quelconque réconfort surtout venant de lui. Sans rien répondre, il emboîta donc le geste de Kaori et s’installa au volant sans prendre la peine d’attendre que Shun soit installé ou pas. Ce blanc-bec était bien le cadet de ses soucis.  

 

Le chemin du retour se fit dans le silence, chacun occupé à ses propres pensées. Pour sa part Ryô réfléchissait à ce que lui avait dit le Doc. Ce dernier lui avait donné quelques pistes à suivre mais il lui avait bien fait comprendre que sans pouvoir lui-même juger de l’état émotionnel de Kaori par une consultation en règle, il ne pouvait lui recommander que de faire preuve de patience et de compréhension. Pour la dernière partie, Ryô n’avait aucun mal à imaginer ce par quoi était passé sa partenaire et il se savait prêt à la soutenir dès qu’elle accepterait enfin son aide mais pour ce qui était d’être patient… il savait que la concernant, il aurait beaucoup de mal à se maîtriser.  

 

« La rassurer avec ce qu’elle connaît et ce qui n’a pas changé malgré son absence. Les lieux, les personnes, il faut lui montrer que quoi qu’il lui soit arrivé, elle a toujours sa place… ».  

 

Malgré les belles paroles du Doc, cela restait plus facile à dire qu’à faire. Elle était certes sortie depuis seulement la veille mais son comportement et ses paroles montraient qu’elle n’était plus la même. Même avec ses amis qui étaient sa famille, Kaori n’était pas réellement honnête avec eux. Elle se protégeait par une attitude ambiguë, semblant être proche d’eux pour s’en éloigner malgré tout. Cherchait-elle à se protéger de ce qu’ils pouvaient découvrir ou, à les protéger de ce qu’elle leur cachait encore ?  

Ryô allait devenir dingue avec toutes ses suppositions. Il ne savait plus comment l’approcher ni même quoi croire entre ce qu’elle disait et ce que son attitude montrait.  

 

Arrivé au pied de leur immeuble, Ryô décida qu’il devait changer de technique. S’il lui était impossible de l’atteindre directement alors autant tenter de faire diversion pour espérer l’amadouer et lui faire baisser sa garde.  

 

- Je vois que Reika n’en fait toujours qu’à sa tête…, lança-t-il l’air de rien alors que Shun et Kaori allaient pénétrer dans le hall de l’immeuble.  

 

La réaction de Kaori à la simple évocation du prénom de Reika fit sourire Ryô. La jeune femme s’était tournée vers lui avec un air interrogatif. Il lui fit un signe de tête pour lui montrer ce dont il parlait tout en reprenant son discours sur un sujet plus que banal :  

 

- Ca fait presque trois semaines que c’est dans cet état. Je lui ai fait remarquer que cela n’arrangeait pas l’image du quartier ni même celle de son « entreprise » mais rien à faire « Mademoiselle » dit que si elle doit en changer autant que ce soit pour quelque chose de plus classe et que tant qu’elle n’aura pas trouvé ce qu’elle veut ça restera en l’état. Qu’est-ce qu’elle peut être enquiquinante quand elle s’y met aussi, appuya Ryô en s’allumant une cigarette alors que Kaori marchait vers lui. Elle pourrait au moins éteindre cette fichue enseigne mais elle prétend que cela nuirait à son chiffre d’affaire… comme si quelqu’un pouvait avoir besoin de ses services en pleine nuit…  

 

Ryô était fier d’avoir enfin capté l’attention de Kaori. Elle ne parlait certes pas mais elle écoutait et pour preuve son regard noisette accroché à cette enseigne clignotante alors que la jeune femme passait à sa hauteur et continuait sa marche droit devant elle. Ryô continuait ses explications sans intérêts particuliers lorsqu’il remarqua que Kaori ne l’écoutait plus. Il la voyait de dos mais il sentait qu’elle était ailleurs. Shun lui-même s’était rapproché du nettoyeur et appelait après la jeune femme qui restait sourde. Ecrasant son mégot, Ryô suivit Kaori qui était parvenue au bord de la route. Elle ne s’arrêta pas pour autant et entreprit de traverser malgré la circulation. Un concert de klaxons et de crissements de pneus se fit entendre alors que les deux hommes accourraient pour tenter de rattraper la jeune femme. Quelques râles du conducteur de l’unique voiture passant à ce moment s’élevèrent alors que Kaori atteignait le trottoir d’en face.  

 

Ryô respira à nouveau en constatant qu’elle n’avait rien. Avec Shun, ils traversèrent sans se soucier des revendications du conducteur éconduit et arrivèrent auprès de Kaori.  

 

- Kaori, une enseigne délabrée ne vaut pas de se faire renverser ! Tu peux me dire ce qu’il te passe par la tête encore ?! L’apostropha sévèrement Ryô.  

 

Rien. Aucune réponse. Kaori restait muette et absente. Ryô voyait à son regard vide qu’elle ne l’entendait pas. Elle fixait sans cesse ces néons rouge et blanc qui s’allumaient et s’éteignaient dans un bourdonnement grésillant.  

 

Jusque là elle n’y avait pas prêté attention mais la nuit aidant, elle ne pouvait plus ignorer ses lumières chaotiques. Ce dérèglement technique ne semblait pas perturber les gens plus que cela mais pour Kaori il en était tout autre. A cette simple vision, le temps pour elle se suspendit pour la ramener brutalement dans un passé pas si lointain. Son corps se fit lourd alors qu’elle entamait des mouvements malgré elle. Autour d’elle les murs capitonnés et sales étaient réapparus. Une voix lointaine résonnait à ses oreilles alors que des formes hostiles l’encerclaient et que tout se faisait noir autour d’elle à part ces lueurs qui l’aveuglaient et la harcelaient de nouveau. Elle voulait crier mais aucun son ne sortait. Elle voulait détourner le regard mais c’était plus fort qu’elle et les larmes qui lui brûlaient les yeux n’y changeaient rien. Toujours cette lumière indécente qui la narguait. Les ombres se rapprochaient d’elle et la harcelaient. Son corps tremblait de peur et de rage de ne pouvoir encore une fois se défendre. Ses yeux s’aveuglaient à fixer ce rouge funèbre.  

 

- Kaori tu m’écoutes ?..., demanda Ryô plus inquiet de ce silence et de cette passivité.  

 

Il vit Shun s’inquiéter à son tour par cette absence soudaine de réaction. Ensemble ils tentèrent de l’arracher à cette immobilité. Le regard absent embué de larmes, ce corps crispé, ne présageaient rien de bon. Elle semblait lutter contre elle-même, lutter contre quelque chose qu’ils ne voyaient même pas, ailleurs dans un autre monde. Voulant capter son attention, Ryô se dressa face à elle et tenta de la « réveiller ».  

 

Les ombres bougeaient et la menaçaient. L’une d’entre elle s’approchait dangereusement d’elle pour la malmener mais Kaori n’arrivait plus à se détacher de cette lumière qui rythmait les battements de son cœur et lui vrillait les tympans. Elle devait réagir et se défendre. Elle ne voulait plus subir. Elle devait faire taire ce bourdonnement. Elle devait repousser cette ombre grandissante qui l’agrippait maintenant. Alors que cette forme néfaste allait complètement l’envahir, en désespoir de cause elle se saisit de la première chose qu’elle put attraper. Elle hurlait de ne pas approcher. Elle criait qu’elle ne se laisserait plus faire. L’objet froid et lourd qu’elle tenait à bout de bras menaçait son assaillant fantôme alors qu’elle le fixait sans le voir.  

 

Ryô ne bougeait plus. Devant lui se dressait Kaori qui lui avait subtilisée son arme. Elle le mettait en joug. Il avait beau tenté de la raisonner, rien n’y faisait, elle ne l’entendait pas. Shun non plus n’arrivait pas à atteindre le subconscient de Kaori. Elle hurlait après eux. Le moindre mouvement brusque pouvait tourner au cauchemar. Comment lui faire reprendre conscience sans qu’elle ne mette à exécution ses menaces ? Le plus calmement possible, Ryô esquissa un mouvement dans sa direction qu’elle interpréta de la pire manière qui soit.  

Il vit ses yeux noisette s’agrandir d’effroi et de détermination alors qu’elle pressait la détente. Un seul coup fut tiré et un corps s’effondra.  

 

De justesse Shun avait réceptionné Kaori dans ses bras. Elle n’avait pas perdu connaissance, elle avait juste repris contact avec la réalité sous la brutalité de la détonation. Se redressant, elle regarda l’arme fumante toujours dans ses mains. Ryô restait lui aussi silencieux. Il avait eu chaud et il avait eu peur. La voir le mettre en joug l’avait déstabilisé et il avait senti la balle le frôler. Sur sa joue droite, il devinait une entaille d’où s’écoulait un peu de sang. Ses réflexes venaient de lui éviter de se prendre une balle en pleine tête, il s’en était fallu de peu.  

 

Se retournant doucement il détailla les dégâts que la jeune femme avait occasionnés : l’enseigne avait littéralement explosé sous l’impact du tir. Les tubes de néons ne clignotaient plus mais maintenant certains pendaient misérablement dans le vide alors que d’autres étaient en morceaux sur le trottoir.  

 

- Kaori est-ce que ça va ? Demanda doucement Shun en retirant délicatement l’arme de ses mains pour la rendre à son propriétaire.  

 

- … Reika a raison de vouloir changer son enseigne, celle-ci fait négligée. Lâcha-t-elle d’une voix froide sans s’excuser ni même s’expliquer sur son acte.  

 

Le temps sembla s’étirer alors que chacun cherchait une explication à ce qui venait de se produire. Kaori les yeux baissés vers le sol semblait attendre sa sentence alors que les deux hommes restaient eux aussi accrochés visuellement à elle sans pour autant savoir quoi faire ou dire et aucun mot d’humour ne pouvait atténuer cette situation qui aurait pu tourner au drame alors le silence prit place.  

 

- Qu’est-ce que vous faites plantés là ? Venez plutôt nous aider ! Interpella joyeusement Miki qui venait d’arriver avec Falcon et qui mit un terme sans le savoir à une situation difficile.  

 

Le couple commençait à décharger les provisions alors qu’en silence le trio traversait la route, Kaori entourée des deux hommes.  

 

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? S’inquiéta Miki en remarquant l’éraflure récente sur la joue de Ryô.  

 

- Un accident. Répondit Kaori en portant enfin son regard sur Ryô ou du moins sur sa blessure.  

 

- C’est par accident que ma joue à rencontrer une balle de mon arme avant que celle-ci ne termine sa course sur l’enseigne de Reika ! Ajouta Ryô avec sarcasme.  

 

- C’est pas vrai… c’est toi qui as fait ça Kaori mais… pourquoi ? Et comment as-t-elle prise ton arme ? Questionna la mercenaire stupéfaite.  

 

- …, fit Ryô incapable de raisonner clairement sur ce qui venait de se produire.  

 

Tout comme les autres il prenait douloureusement conscience que Kaori était bien plus perturbée qu’elle ne voulait le montrer ou voulait bien le dire. Il allait devoir redoubler de vigilance avec elle pour ne pas qu’une prochaine fois une mort ou un blessé soit à déplorer.  

Peut-être devrait-il l’emmener voir Doc pour un contrôle plus poussé. Parler à quelqu’un de compétent dans ce domaine ne pourrait être que favorable à la jeune femme. Et Doc avait déjà suivi des hommes aussi bien pour leurs blessures physiques liées aux combats que pour leurs troubles psychologiques qui en découlaient tôt ou tard. La situation de Kaori y ressemblait par bien des manières et après ce geste Ryô ne pouvait plus ignorer cette souffrance et ce traumatisme.  

 

Sans un mot et sous le regard médusé de ses amis, Kaori pénétra dans le hall de l’immeuble. Elle ne voulait pas subir leur interrogatoire ni avoir à donner d’explications. Elle-même ne savait pas exactement ce qu’il s’était passé. L’instant d’avant elle était en pleine rue et l’instant d’après elle était à nouveau prisonnière. Cela lui avait paru si réel.  

Adossée contre le mur dans l’obscurité de ce hall silencieux, Kaori tentait d’analyser la situation et ses émotions en dissimulant son aura pour ainsi se cacher de tout regard curieux. Très vite sa concentration se fixa sur les paroles des personnes restées au dehors à seulement quelques mètres d’elle. Ils parlaient sans savoir. Ils parlaient d’elle, pensant qu’elle ne les entendait pas.  

 

- Qu’est-ce qu’il y a avec Kaori ? Ryô tu peux m’expliquer ? Hier elle semblait aller bien et être heureuse d’être libre… et là elle est… je ne sais même pas ce qu’elle est. Qu’est-ce qu’elle a ? Elle t’a quand même tiré dessus ! On dirait que ça l’indiffère ! Ryô il faut faire quelque chose !! Je vais aller lui parler ! S’emporta Miki avant que Ryô l’en empêche.  

 

- Non Miki ! L’accabler d’avantage n’est pas la solution. Elle ne te parlera pas.  

 

- Mais on ne va pas rester sans rien faire ! Nous sommes ses amis, elle peut tout nous dire ! Nous devons l’aider ! Objecta Miki.  

 

- Si je peux me permettre…, intervint Shun, vous être trop proche d’elle pour qu’elle ose se confier sur un tel sujet. Elle doit elle-même être perturbée par ce geste et sûrement qu’elle n’en cerne pas totalement la cause… il serait peut-être préférable de l’encourager à parler à une personne extérieure à votre petit groupe…  

 

- A qui pensez-vous ? Demanda Falcon resté jusque là silencieux.  

 

- J’ai déjà demandé à Doc et il est prêt à la recevoir, informa Ryô.  

 

- Doc ? Et pourquoi pas un psy tant que tu y es ?! Elle n’est pas folle !!! S’emporta Miki.  

 

- Tu as une meilleure solution ?! Rétorqua sèchement Ryô. A moi elle ne me parle pas sauf pour me faire comprendre que mon avis ne compte pas ! A toi, elle te dira ce que tu veux entendre Miki ! Quant à vous, « son mari », ce n’est pas juste de l’exercice physique qui lui fera mettre des mots sur ses maux ! Ragea-t-il après le policier.  

 

Chacun méditait sur cette éventualité, ne sachant réellement si cela suffirait à aider la jeune femme.  

 

Kaori se sentait trahie et abandonnée. Pour elle, cela voulait dire qu’elle n’échapperait pas aux remontrances ou remarques sur son attitude. Elle serait sans cesse surveillée. Cela la fatiguait d’avance. Pourquoi personne ne voulait-il lui laisser du temps ? Pourquoi chacun à sa manière tentait de la percer, de la pousser à dire ou faire ce qu’elle n’était pas prête à affronter ? Que croyaient-ils ? Qu’il suffirait qu’elle parle pour que tout s’efface ? Pour qui la prenaient-ils pour prendre des décisions à sa place ? Ils parlaient dans son dos sans savoir. A cet instant, ils n’étaient pas si différents de ceux qui l’avaient emprisonnée. Comme eux ils voulaient lui dicter ses actes et ses paroles. Comme eux ils voulaient la contraindre à faire ce qu’elle ne voulait pas. Elle ne les laisserait pas faire. Ses décisions et sa vie lui appartenaient. Ils n’avaient aucun droit sur elle. Elle ferait en sorte de les maintenir à distance de ce projet absurde qui était de la « sauver ».  

 

Le cœur un peu plus endurci, Kaori quitta son pan de mur et disparut dans les escaliers. Ils ne devaient pas savoir qu’elle savait.  

 

Kaori avait décidé de les attendre. Pour elle, la meilleure défense restait l’attaque. A elle de les dissuader d’être toujours sur son dos et de s’inquiéter pour ce qui n’avait pas lieu. Elle saurait se débrouiller toute seule comme elle avait si bien appris à le faire ces derniers temps. Elle guettait la nuit par la fenêtre du salon quand elle les entendit rentrer. Miki ouvrait la marche. Kaori la sentait soucieuse et hésitante. Puis Falcon toujours aussi insondable. Shun, confiant et assuré. Et Ryô, déterminé et méfiant.  

 

Kaori devait agir en premier, dire ce qu’elle avait à dire avant qu’ils ne l’emportent sur elle. A un contre quatre, elle devait rallier à sa cause les plus indécis.  

 

Se retournant pour leur faire face, elle ne bougea pas de sa place en les regardant, tour à tour, avant d’accrocher le regard de Miki.  

 

- Je me doute que vous vous inquiétez pour moi…, commença-t-elle d’une petite voix, … il y a sûrement de quoi… je sais que ce que j’ai fait aurait pu avoir de graves conséquences… j’aurais pu blesser quelqu’un ou pire ! Je… je suis désolée, ça ne se reproduira plus… je vais tout faire pour que tout cela ne soit qu’un mauvais souvenir, continua-t-elle avec des grelots dans la voix. C’est si dur d’être là parmi vous alors qu’il y a quelques heures encore j’étais « là-bas », lâcha-t-elle les yeux embués.  

 

- Oh Kaori tu ne risques plus rien maintenant, s’empressa de rassurer Miki en rejoignant Kaori auprès de la fenêtre pour la prendre dans ses bras.  

 

- Je sais que vous êtes là… c’est grâce à toi si je suis libre maintenant, s’adressa Kaori à Shun en l’invitant à les rejoindre toutes les deux pour une étreinte simulée. Je ne pourrais jamais tous vous remercier de ce que vous faites pour moi, du temps et de la patience que vous m’accordez…  

 

- Une famille c’est fait pour ça ma belle, on doit se soutenir les uns les autres…, encouragea Miki en s’adressant aussi à son mari ainsi qu’à Ryô.  

 

Ne voulant pas prendre part à ces effusions de sentiments et sans pour autant rejeter les dires de sa femme, Falcon esquissa un sourire crispé avant d’emporter les sacs de provisions à la cuisine. Les embrassades et la compassion en public n’étaient pas son genre et encore moins quand cela sonnait faux à ses oreilles même si ce n’était pas à lui d’en juger.  

 

- … merci… ça m’aide de savoir que vous me comprenez…, admit Kaori en se détachant doucement de l’étreinte de Miki et en relâchant la main que Shun lui avait tendue. Je vais aller me reposer maintenant, je crois qu’une bonne nuit de sommeil me fera le plus grand bien, sourit-elle timidement en effaçant les quelques larmes sur ses joues avant de s’éloigner vers les escaliers.  

 

Ryô aussi aurait pu tomber dans le panneau. Il lui serait si facile de croire à ces paroles teintées de sincérités… si seulement il n’avait pas lu autant de mépris et de colère dans ce regard noisette.  

 

Un bref instant leurs regards se croisèrent. En quelques secondes peut-être moins, de multiples pensées traversèrent leurs esprits. La confiance s’effritant un peu plus. L’affrontement entre eux était imminent. Pouvaient-ils s’épargner plus de souffrance ? Cette fois-ci, en passant auprès de lui pour quitter la pièce, Kaori l’avait sciemment regardé. Un regard profond et vide de toutes émotions positives. Et il avait su.  

Ryô voyait Kaori telle qu’elle était devenue : une femme froide, déterminée et manipulatrice. Elle n’était plus la femme fragile et paniquée qu’il avait retrouvée une nuit à Osaka. Elle n’était plus la jeune femme naïve, chaleureuse et spontanée qui vivait à ses côtés depuis des années. Il avait face à lui une inconnue, une étrangère. Ce court instant lui fit comprendre qu’elle les voyait en ennemis, qu’elle les avait leurrés en beauté. Kaori avait su défendre sa cause auprès de Miki qui, en fidèle amie, avait répondu à sa détresse feinte par des sanglots et une faiblesse mise à nue. Elle pouvait peut-être les abuser sans remords apparents mais maintenant lui savait à quoi s’en tenir. Elle cligna des paupières et rompu le contact. Ils se comprenaient encore sans se parler mais cette fois-ci ce n’était plus pour agir d’une même voix.  

 

A son tour, il devait lui faire comprendre. Il savait qu’elle se jouait d’eux et il ne resterait pas sans rien faire. Attrapant le bras de la jeune femme avant qu’elle n’atteigne les escaliers, il l’obligea à lui faire à nouveau face. Sans prévenir il l’encercla de ses bras puissants. Il la sentit se raidir sous son geste inattendu avant de s’immobiliser contre lui.  

 

- Et moi je n’ai pas le droit aux câlins ?..., lança-t-il de vive voix.  

 

De l’extérieur, pour Miki et Shun, cette étreinte était un geste de compassion et de soutien. Cela prenait encore plus d’importance quand on savait Ryô réfractaire à toute démonstration de sentiments. Miki s’attendrissait de ce tableau si rare à ses yeux et Shun découvrait une facette de l’homme qu’il n’imaginait pas. Sans comprendre pourquoi, cela les rassurait alors qu’il en était tout autre.  

 

Ryô pressait fermement Kaori contre lui. Son aura était calme et détendue pourtant son étreinte était teintée de colère et de déception que seule pouvait percevoir la personne retenue dans cet étau de muscles. Kaori avait toutes les peines du monde à refouler un tremblement. Elle ne l’avait jamais vu ainsi. Elle n’avait jamais cru qu’un jour il aurait ce genre de comportement envers elle. Avait-elle été trop loin ? Devait-elle le craindre ? Quel message voulait-il lui faire passer à l’insu des autres ? Elle perçut d’abord un mouvement lent dans son dos. La main de Ryô remontait sur sa colonne vertébrale avant de s’apposer contre sa nuque pour obliger la jeune femme à coller son oreille à la bouche masculine. Alors que l’homme enfouissait son visage dans sa chevelure auburn, elle sentit ensuite un souffle chaud attiser son appréhension de ce qui allait lui être avoué. Un murmure à peine audible. Des mots secs et dénués de compassion. Une menace ? Une promesse ?  

 

« Que tu le veuilles ou non, je serais toujours là… tu me connais je ne reculerais devant rien et surtout pas devant toi. »  

 

Puis plus rien. Le froid. Il l’avait relâchée. Il avait reculé et elle sentait qu’il guettait sa réaction. Elle ne pouvait le reconnaître ni même l’admettre surtout pas devant lui mais il venait d’ébranler sa propre détermination. Pas de manière flagrante ni même de façon à ce qu’elle renonce à sa solitude et à son silence mais il l’avait touchée…  

 

La tête baissée pour cacher son regard perdu, elle lui tourna le dos et disparut à l’étage.  

Ryô la regarda s’éloigner. Le corps tendu, les gestes un peu moins sûrs, elle avait lancé les hostilités et découvrait amèrement quel ennemi il pouvait être. Une guerre muette venait d’être déclarée. Pour le bien de Kaori, Ryô sera son plus farouche adversaire.  

 

 


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