Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm

Status: In corso

Serie: City Hunter

 

Total: 20 capitoli

Pubblicato: 23-01-11

Ultimo aggiornamento: 29-10-12

 

Commenti: 125 reviews

» Scrivere una review

 

GeneralDrame

 

Riassunto: Jusqu’où iriez-vous pour protéger ceux que vous aimez ?

 

Disclaimer: Les personnages de "La Guerre des Anges" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

The link to ask for access to the NC-17 section sends an email with the wrong email address.

 

That's because you haven't configured Outlook correctly. It uses the default email. In that case, send me an email with the correct email address and put in the subject "NC17-ID:" + your ID. And respect all the other instructions.

 

 

   Fanfiction :: La Guerre des Anges

 

Capitolo 17 :: Un pour tous … tous réunis

Pubblicato: 08-04-12 - Ultimo aggiornamento: 08-04-12

Commenti: Bonjour, bonjour ! Désolée de ne pas avoir majé plus tôt, parfois on ne se rend pas compte à quel point le temps passe... j'espère que vous ne m'en tiendrez pas trop rigueur. Mais pour vous souhaiter de Joyeuses Pâques me voici ou plutôt voici un chapitre lol Bonne lecture et bon week end mais surtout bons chocolats hihihi A très vite, BIIISOUUUSS (^_^)

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

Animé d’une nouvelle force, plus confiant et déterminé que jamais, Ryô se décidait enfin à prendre les commandes de cette affaire. Kaori revenait peu à peu vers lui et il devait profiter de cette opportunité pour non seulement renforcer leur lien quelque peu malmené depuis les derniers évènements mais surtout faire avancer cette affaire.  

 

Il sentait l’appartement s’animer alors que ses « colocataires » se réveillaient les uns après les autres. Il avait hâte que chacun regagne sa demeure respective loin de chez lui. Pour cela il devait agir et faire ce pour quoi il était doué : mener la chasse. Cela commençait par la pèche aux infos.  

 

Tout en passant divers appels, Ryô ne pouvait quitter des yeux la télévision qu’il avait allumée pour donner le change après avoir effacé toute trace de sa présence ainsi que celle de Kaori dans le salon. Ryô avait prestement débarrassé les tasses qui étaient maintenant lavées, essuyées et rangées. Il avait même pris soin de redonner forme aux coussins du canapé qui avaient accueillis le corps las de Kaori. Il regardait donc maintenant d’un œil et d’une oreille attentifs ce que la chaîne des informations diffusait.  

 

Un reportage sur le désarroi d’un homme que le sort avait privé de sa femme passait presqu’en boucle. Les journalistes retraçaient la carrière impressionnante qui avait menée cet homme en haut des marches. Ils dressaient le portrait d’un homme, devenu singulier, qui vue sa position sociale et professionnelle n’était pas à l’abri de malveillance. Ils envisageaient déjà différents scénarios à ce drame. Une vengeance d’un ennemi de cet homme politique, d’un criminel ou d’un adversaire évincé. Un enlèvement contre une rançon qui se faisait attendre ou pour un tout autre objectif demeurant encore inconnu. Cet homme avait contribué de manière sévère à l’emprisonnement de plusieurs criminels dangereux. Qui plus est, son ascension fulgurante et sa fortune faisait des envieux mêmes dans son domaine. Mais pour l’heure, l’enquête ne faisait que débuter et le service en charge de cette affaire ne faisait aucun commentaire. La femme de ce Ministre avait disparu depuis plusieurs semaines déjà et l’un des journalistes s’inquiétait que Monsieur Akamatsu ait attendu aussi longtemps pour déclarer la disparition. La réponse de celui-ci était apparemment déjà toute trouvée : il avouait publiquement rencontrer des difficultés conjugales. Il décrivait sa femme comme étant dépressive et instable avec pour preuves divers rapports médicaux.  

 

« Sûrement falsifiés », pensa Ryô en devinant que l’homme avait soigneusement assuré ses arrières.  

 

Il n’était pas rare que lors de moments épisodiques, elle « disparaissait » quelques jours et cela malgré l’attention qu’il lui portait. Un autre journaliste approuva cet argument en disant que cela expliquait ses rares apparitions en public aux côtés de son mari ainsi que le fait qu’elle n’exerçait plus sa profession. Le Ministre Akamatsu enchaînait sur le fait que sa femme était résolue à se faire soigner et il trouvait judicieux d’ajouter qu’apparemment elle avait repris contact avec d’anciens amis, qu’il avait pensé que cela aurait pu lui être bénéfique mais personne n’était à l’abri de mauvaises fréquentations, sa femme étant si fragile psychologiquement.  

 

« Bah voyons cites des noms t’en que tu y es ! » Ragea intérieurement Ryô en entendant cela.  

 

Le nettoyeur observait ce visage soucieux et tendu à l’écran. Akamatsu se montrait tel un mari dévoué et inquiet. Il savait être convainquant et retourner la situation à son avantage mais son regard n’était pas celui d’un homme perdu face à cette adversité. Au contraire Ryô y voyait de l’amusement et du mépris. Cet homme se jouait de la situation et s’amusait de pouvoir ainsi manipuler ces journalistes. En plus d’avoir les autorités de son côté, il se mettait déjà le public dans la poche.  

 

« Nous devons laisser la police faire son travail. Je suis sûr qu’ils sauront tirer tout cela au clair. » Avait alors clos le Ministre simulant la perdition et l’effroi de la perte d’un être aimé.  

Revenant à ce que Ryô faisait avant de se laisser distraire par ces simagrées, il reprit ses appels pour raccrocher alors que le couple de mercenaires faisait son apparition au salon. Miki filant à la cuisine, Falcon s’asseyait à table d’un air maussade.  

 

- Bah alors t’es pas du matin mon gros nounours ? Demanda Ryô en se moquant gentiment. C’est ta petite maison qui te manque ? T’inquiète tu vas vite la retrouver.  

 

Ce dernier lui répondit par un grognement qui dissuada le nettoyeur de continuer ses bavardages. Kaori descendit à son tour en se faisant discrète et silencieuse. Ryô la retrouvait à nouveau distante et méfiante mais il ne s’en offusquait pas. Il la regarda répéter les gestes du quotidien avec Miki en préparant le petit déjeuner. Shun les rejoignit enfin et tous passèrent à table dans un quasi silence.  

 

Il y avait un peu moins de tension autour de cette table et même si Miki essayait d’engager une conversation banale, elle n’avait que peu de retour. Seule la sonnerie du téléphone mit un terme à cette gêne.  

 

Ryô se leva pour aller décrocher. Il ne prononça que peu de mots et son regard se durcit lorsqu’il raccrocha. Il avait bien fait de mettre ses indics sur le coup. Il avait maintenant les informations qui lui manquaient pour confirmer ses soupçons. Revenant s’asseoir à table, Ryô continua son repas l’air de rien alors que tous attendaient de comprendre.  

 

- Tu comptes nous dire ce que tu sais ou faut qu’on attende que Monsieur ait digéré son repas ? Intervint de sa voix bourrue Falcon dont la patience n’était pas son fort ce matin.  

 

- Ce serait un manque de politesse de parler la bouche pleine, fit Ryô après avoir avalé tout ce qui restait de son petit déjeuner. J’ai poussé un peu plus loin les recherches sur certains faits troublants…  

 

- Lesquels ? Demanda Falcon.  

 

- Comme le fait que tu te retrouves à squatter chez moi pour vider mon frigo espèce d’ogre mal luné ! S’énerva faussement Ryô. Miki est la bienvenue mais toi tu ronfles comme un troupeau d’éléphants !  

 

- Si tu crois que c’est de gaieté de cœur… c’était soit ça, soit tu nous payais l’hôtel ! Avec tout ce que tu nous dois à dévaster notre commerce, on pourrait y vivre à l’année ! Siffla Falcon.  

 

- Pourquoi parler argent, on est bien là tous ensemble… c’est tellement « convivial »…, souffla Ryô d’un sourire niais.  

 

- Mouais rattrapes toi comme tu peux mais mets-nous au parfum, j’ai mon bazooka qui me démange !  

 

- Ma pauvre Miki je te plains, enfuyons-nous et vivons d’amour et de mokkori ! Proposa Ryô en sautant sur la mercenaire avant d’être agrippé sévèrement par Falcon qui le fusillait du regard en resserrant sa poigne autour de son cou. Tout doux tout doux je vais parler, hoqueta le nettoyeur avant de reprendre son sérieux. J’ai demandé à mes indics de vérifier quelques détails. Voilà ce qu’ils ont trouvé : peu de temps avant l’accident de Kazue, un soit disant expert se trouvait au garage où se trouvait la voiture de Mick… et il y a porté un intérêt particulier. Concernant le passage inopiné des services d’hygiène, c’était dû à un appel anonyme…  

 

- Ce n’était donc pas des coïncidences…, se rembrunit Falcon.  

 

- Non, affirma Ryô en regardant Shun et Kaori.  

 

- Comment a-t-il su ?! Je n’ai jamais fait allusion à vous et Shun ne vous connaissait même pas !! Ragea Kaori qui se sentait fautive de leurs mésaventures et en sachant pertinemment que l’auteur de ces incidents ne pouvait être qu’Akamatsu.  

 

- On a dû être suivi à la sortie du Palais de Justice… erreur de débutant, on s’est laissé déconcentrer par « ces retrouvailles », la rassura Ryô en insistant sur le « on » car elle n’était pas seule responsable d’avoir failli à leur sécurité. Dans l’euphorie du moment, tous avaient relâché leur garde. Quoi qu’il en soit, votre mariage express l’a forcé à se rabattre ailleurs. Ne pouvant t’atteindre directement et légalement, il vise tous ceux qui te sont proches. Il espère que tous ces « incidents » vont vous forcer à vous montrer et à commettre cette erreur. S’il cherchait à t’isoler et à te mettre tout le monde à dos, c’est raté, sourit Ryô en observant les personnes présentes pour appuyer le fait qu’ils étaient tous réunis au même endroit.  

 

- Il va voir ce qu’il en coûte de s’attaquer à nous ! Ragea Miki.  

 

Ryô sourit. Il reconnaissait bien là la mercenaire prête à prendre les armes pour son amie et son foyer.  

 

« Ne jamais mettre une femme en colère », pensa-t-il avant de reprendre :  

 

- C’est sa seconde erreur… maintenant que la disparition de sa femme est connue de tous, il se fait passé pour une victime. Très vite tous les regards seront portés sur vous, déjà que l’enquête est orientée avec vous pour seuls coupables tous désignés… avec Saeko qui a été relevé de ses fonctions, il a ainsi écarté la seule personne qui aurait pu nous informer de l’intérieur de ses agissements et de l’évolution de l’enquête de police. Expliqua Ryô.  

 

- Saeko est…, souffla Kaori en comprenant mieux le comportement pitoyable de l’inspectrice alors que Miki accusait aussi cette nouvelle avec surprise.  

 

- Akamatsu assure ses arrières et cela ne date pas d’hier, reprit Ryô. Un homme comme lui a aussi ses failles… ses penchants, que vous a confié sa femme et si bien cachés aux yeux de tous, sont forcément connus de certaines professionnelles dans ce milieu. A défaut d’avoir Madame Akamatsu pour obtenir plus de détails, il faut aller chercher ces informations à la source… c’est la seule piste que nous ayons pour le moment.  

 

- C’est là que ton côté pervers prend toute son importance, ironisa Falcon. Qui mieux qu’un dépravé sexuel peut savoir où chercher.  

 

- Très drôle. Je ne suis pas « un dépravé », disons juste que j’ai un amour sans bornes pour les belles femmes, argumenta Ryô en bombant son torse de fierté. J’ai des principes même si je reste un incompris et puis tu n’es pas fait de marbre toi non plus… avoue-le ! Tu t’es marié juste pour pouvoir faire la chose sans complexe ! Je suis sûr que dans ce domaine tu as quelques préférences… et ce n’est pas Miki qui me contredira…, lâcha Ryô fier de mettre à mal le géant de mercenaire qui n’en finissait plus de rougir. Nous irons très vite constater ton flegme légendaire face au sujet mais pour l’heure j’ai des personnes à voir, annonça Ryô en se levant.  

 

- Comment ça « nous » ? S’inquiéta Falcon rouge de honte face à ce qu’insinuait Ryô.  

 

- C’est forcément un endroit très privé, dans lequel on ne rentre pas aussi facilement et on a plus de temps à perdre à faire de l‘infiltration. Il nous faut trouver cet endroit et on ne sera pas trop de deux pour pénétrer dans ce club très select. Tu n’as pas vraiment le profil mais je ferais avec.  

 

- Je peux très bien vous être utile aussi, intervint Shun. J’ai déjà pas mal récupérer et je ne demande qu’à agir.  

 

- Je ne voudrais pas vexer mais vous sentez le flic à trois kilomètres et j’ai une idée bien précise de l’effet que je veux donner, lui répondit Ryô en coupant court à toute tentative de faire équipe avec lui. Pour le nettoyeur il était encore trop tôt pour le considérer comme un membre de leur groupe même si il ne doutait pas de pouvoir peut-être lui faire confiance.  

 

- Et tu comptes les laisser sans surveillance ? Reprit Falcon en désignant Kaori et Shun. Si ton Ministre décidait aussi de venir à « la source » ?  

 

- De toute évidence il ne sait rien sur moi, ils n’ont donc rien à craindre tant qu’ils restent ici… avec Miki en renfort, s’il se passait quoi que ce soit je suis sûr qu’un flic saurait parfaitement gérer la situation, dit-il en désignant Shun. De plus j’ai pleinement confiance en les capacités de Kaori qui a déjà su se montrer à la hauteur de telles situations. Elle n’est pas la partenaire de n’importe qui ! Ajouta-t-il en la regardant fièrement. D’ailleurs, reprit Ryô en s’adressant directement à Shun et Kaori, interdiction de sortir pour vous deux… le moindre prétexte serait suffisant pour vous faire arrêter et si d’une manière ou d’une autre, il vous tient, ce sera difficile de vous en sortir légalement cette fois-ci.  

 

- Pour moi ce n’est pas un souci, j’ai tout ce qu’il faut à portée de main pour le moment mais il ne faudrait pas que ça s’éternise… moi aussi j’aimerais régler mes comptes avec lui. En attendant, si on me cherche je serais en bas, prévint Shun en sortant de l’appartement, nullement perturbé et fier de constater qu’enfin Ryô le considérait comme un allié.  

 

- Moi aussi je crois que j’ai besoin de me défouler, grogna Falcon en suivant le policier.  

 

- Si tout se passe comme je l’espère, je repasse te chercher en début de soirée alors fais-toi belle pour l’occasion, minauda Ryô à l’attention du géant qui lui répondit par un grognement rauque, se retenant de l’étriper sur place.  

 

- On va se faire une journée filles, se réjouit Miki, qui pour le moment ne voyait rien de mieux à faire, à l’intention de Kaori en débarrassant la table avant de disparaître à la cuisine.  

 

Kaori la regarda abasourdie avant de reporter son regard sur Ryô, le suppliant de ne pas la laisser seule.  

 

- Ca te fera du bien, elle ne va pas te manger, lui sourit Ryô. Il faut que tu reprennes ta vie là où tu l’as laissée. Vous papoterez en buvant du café et en disant du mal de moi pour ne pas changer, ironisa-t-il.  

 

- Tu es obligé de sortir maintenant ? Demanda nerveusement Kaori sans répondre au commentaire de Ryô.  

 

- J’ai besoin de savoir où je mets les pieds, on ne peut pas foncer tête baisser… j’en apprendrais plus en me déplaçant. Une des règles majeures dans ce métier… connaître son ennemi, tu le sais bien. Et je sens qu’il y a encore beaucoup à découvrir…  

 

- Oui…, Kaori comprenait pourquoi elle devait rester ici mais à cet instant elle aurait surtout aimée être ailleurs et qu’il en soit autrement. Dis Ryô…, reprit-elle en s’approchant un peu de lui,... tu as dis tout à l’heure qu’il avait commis « sa seconde erreur »… mais qu’elle était la première ?  

 

Alors que les autres ne s’étaient même arrêtés sur ce détail, Kaori l’avait noté. Heureux de constater qu’elle avait fait un pas vers lui, même involontairement, à son tour Ryô se rapprocha d’elle. Avec un regard troublant et mystérieux plongé dans celui de Kaori, Ryô stoppa son rapprochement à quelques centimètres des lèvres entre-ouvertes de la jeune femme sur lesquelles il souffla doucement :  

 

- Sa première et plus grande erreur est celle d’avoir osé s’en prendre à toi. Son regard toujours uni à celui de Kaori, Ryô dévia son souffle vers son oreille : Personne ne sort indemne d’un tel sacrilège…  

 

Ryô s’éloigna tout aussi doucement d’elle. Pas un instant il ne brisa l’intimité fragile de la jeune femme en la touchant ni même en l’effleurant volontairement. Il admira un instant l’effet qu’il avait eu sur elle. Elle restait immobile et silencieuse, cherchant à analyser ses mots et son comportement. Elle était troublée même si elle cherchait à le lui cacher. Lorsqu’elle le regarda, soufflée par cette réponse qui semblait si évidente pour lui et non pour elle, il lui sourit en contrôlant ce geste, presqu’un réflexe, de vouloir caresser sa joue, la prendre dans ses bras pour juste la rassurer. Il s’éloigna pour prendre sa veste et freiner ce besoin viscéral de la tenir contre lui. Rompant leur échange visuel pour ne pas faillir à ce qui l’attendait, Ryô se détourna d’elle avec la ferme intention de ne plus perdre un instant sinon il ne trouverait plus la force de la laisser.  

 

- Attends !  

 

Un mot, un appel, un geste.  

Ryô regardait, surpris, cette main fine posée sur son avant-bras. Spontanément Kaori cherchait à le retenir. Il sourit à ce geste qui en disait long avant de reporter son regard sur la jeune femme qui prenait conscience de cet acte d’ordinaire anodin. Subitement elle retira sa main tout en reculant, quelque peu honteuse de s’être laissée aller à cette familiarité. Ryô voulut réagir mais Kaori le devança :  

 

- Tu es vraiment sûr que tu dois sortir maintenant… cela ne peut pas attendre encore un peu…, demanda-t-elle en se triturant les doigts qu’elle fixait avec un grand intérêt.  

 

- Je te manque déjà…, fit-il allusion à leur nuit passée afin d’alléger le malaise de Kaori.  

 

- … non pas du tout, se vexa-t-elle. Tu es trop sûr de toi. Le défia-  

t-elle en croisant les bras sur sa poitrine pour se donner plus d’assurance et ne pas le laisser avoir le dernier mot aussi facilement. Je ne voudrais pas que tu fasses quelque chose d’irréfléchi… c’est ma spécialité de me retrouver dans des situations impossibles…  

 

Ryô comprit qu’elle savait ce qu’il avait en tête. Elle le connaissait si bien qu’elle devinait ses intentions.  

 

- Ne t’inquiète pas, je ne ferais rien de stupide… tu me connais mieux que ça, lui répondit-il d’un ton rassurant, plissant ses lèvres en un sourire énigmatique et haussant légèrement la tête et les épaules.  

 

Un dernier clin d’œil vers elle et il sortit en la laissant dubitative au milieu du salon.  

 

<<<<<<<<<<  

 

Maintenant que Ryô avait su encourager chacune des personnes vivant sous son toit, il se sentait enfin prêt à se lancer dans cette bataille. Cependant il s’était quelque peu avancé en parlant d’aller à la source. Il savait que ce genre de « services très particuliers » ne se trouvait pas à chaque coin de rue. Cela était trop personnel et retord pour que cela se passe à la vue de tous. Il y avait forcément un lieu approprié et tenu secret, que juste les « membres » connaissaient. Un club très select. Ryô se doutait aussi que personne n’y rentrait comme ça, il fallait être « introduit » par un des initiés ou par le gérant de cette « affaire sordide ». Ryô avait l’habitude des cabarets et autres endroits de débauches. Il les affectionnait autant pour la liberté d’exprimer ses désirs que pour le simple fait qu’en de tels endroits se propageaient les rumeurs, cela lui permettait de rester au fait de tout ce qui se passait en ville et de garantir sa sécurité. C’était aussi lier l’utile à l’agréable.  

Mais concernant l’établissement exact qu’il cherchait, Ryô devait reconnaître que cela le dépassait un peu. Ce n’était pas une vulgaire maison close car ce qui se passait derrière ces murs n’était pas seulement un simple contact charnel. Ca allait bien au-delà d’un corps monnayé contre un peu de chaleur ou pour un instant perdu. Là il n’y avait plus d’interdits, aucune limite à ces dérives sexuelles hormis les barrières que les clients pouvaient eux-mêmes se poser.  

 

Par conséquent Ryô avait besoin de se renseigner d’avantage. Il ne voulait plus perdre un instant et il s’était fixé jusqu’à ce soir pour trouver cet endroit. Faire le tour des cabarets habituels ne lui serait d’aucune utilité car à cette heure de la journée ces établissements étaient fermés au public mais Ryô savait qu’il y avait toujours d’autres lieux mis à la disposition des clients en mal d’amour quel qu’il soit : les loves hôtels.  

En s’adressant aux divers réceptionnistes, avec quelques sous-entendus bien précis et quelques billets, très vite un nom sortit du lot : « L’Insatiable Appétit ». C’était un bien étrange nom qui donnait plus à penser à celui d’un restaurant qu’à une maison de luxure. A bien y penser ce nom n’attirait pas d’intérêt particulier et même devant la façade de l’établissement, Ryô constata que rien de l’extérieur ne faisait référence à la véritable nature de ce lieu.  

 

L’adresse qu’il avait finie par obtenir se situait dans une zone industrielle, un peu en retrait de la ville. Des entreprises et des entrepôts accolés les uns aux autres et quelques immeubles standards. Rien qui n’éveillait une attention particulière. Ryô découvrit donc le lieu qu’il cherchait. « L’Insatiable Appétit » avait une enseigne loin d’être aussi criarde que celle d’un cabaret ou d’une boite de nuit. De l’extérieur cela donnait à penser à un commerce respectable avec une clientèle très stylée et propre, comme si les personnes qui se rendaient là, venaient pour traiter de quelconques affaires liées à leur domaine professionnel. Lors de son repérage, Ryô remarqua des allées et venues d’hommes mais aussi de femmes. Ils passaient presqu’inaperçus avec tous ces cadres et autres employés travaillant dans le secteur. Au vu de leurs comportements et de leurs tenues distinguées, cet endroit était réservé à une certaine catégorie de personnes : celle qui avait les moyens de se payer ce genre de fantasmes. Ils passaient tous par une large porte. Apparemment l’entrée se faisait librement mais Ryô ne doutait pas qu’un contrôle plus approfondi se faisait plus à l’abri des regards extérieurs. Il ne pu cependant distingué que peu de choses comme un couloir peu éclairé et visiblement un seul homme posté dans ce couloir.  

Déçu mais nullement inquiet de ne pas pouvoir en apprendre plus sur l’agencement des lieux et sur ce que leur réservait cet endroit, Ryô décida de passer à la deuxième chose qui l’avait contraint à s’éloigner de Kaori aujourd’hui.  

 

Il voulait le voir, l’observer. Savoir comment il était, comment il se comportait. Ryô savait déjà de lui qu’il était ambitieux, intelligent et qu’il avait les moyens d’obtenir tout ce qu’il voulait. Mais au-delà de connaître son ennemi, comme il l’avait dit à Kaori, il voulait connaître l’homme. Le voir de près. Une obsession depuis que Ryô connaissait l’envers de cette histoire.  

 

Cet autre immeuble situé au cœur de la ville était beaucoup plus animé. S’il s’écoutait, il traverserait cette rue pour pénétrer dans ce bâtiment. Il trouverait son bureau et lui ferait endurer milles douleurs. Quand Akamatsu supplierait grâce de mettre un terme à ses souffrances, Ryô continuerait jusqu’à ce que cette rage qui lui empoisonne le cœur s’assèche. Mais il ne pouvait laisser libre court à ses envies pour le moment. Ce ne serait qu’ajouter aux soupçons qui pesaient déjà contre Kaori dans cette affaire. Même si cela était frustrant, d’attendre et de savoir cet homme libre d’agir à sa guise, Ryô ne manquait rien de ses traits et de ses gestes.  

 

Pendant une bonne partie de la journée, le nettoyeur la passa à épier et observer le moindre détail qui trahirait cet homme qui pensait que rien ne pouvait ébranler son petit monde. Nullement inquiet de rien, celui-ci vaquait à ses occupations et rendez-vous ici et là. Plus Ryô l’observait et plus l’image de sa partenaire aux prises avec cet homme le tourmentait. Il lui serait si facile de l’abattre là, sans que personne ne sache d’où ni de qui cela vienne. Encore une fois Ryô repoussa cette envie subite. Kaori ne voulait pas qu’il agisse sans réfléchir et lui-même ne voulait pas que cela se fasse dans l’anonymat la plus totale, alors il prendrait son mal en patience. Même s’il ne pouvait l’approcher pour le moment, Ryô ne se privait pas de faire savoir qu’il était là. Il prenait soin de masquer sa présence pour à certains moments, se laisser deviner juste pour insinuer un doute, jouer lui aussi à « je suis là mais tu ne me vois pas. Je peux t’atteindre sans que tu saches qui, quand ou comment ». Ryô éprouvait un peu de satisfaction à voir Akamatsu chercher des yeux cette aura néfaste qu’il sentait autour de lui. Se demandant s’il ne faisait qu’imaginer ou si c’était réel, surtout que lui seul semblait prendre conscience de ce qui se passait. Il avait beau être accompagné de garde du corps, cela ne le protégeait en rien et même s’il ignorait de qui venait cette menace silencieuse, Ryô se félicitait de le narguer ainsi. Cet homme savait maintenant qu’un danger rôdait. Petite compensation certes, mais ce n’était qu’un début.  

 

Même si cette escapade n’avait pas été aussi fructueuse que Ryô l’aurait voulue, cela lui avait permis de faire un break. Depuis le retour de Kaori, les évènements s’étaient précipités. Il les avait subis sans aucun moyen pour les parer. Aujourd’hui il avait enfin l’impression d’être à nouveau maître des choses. Pas de mauvaises nouvelles en vue ni « d’accidents » étranges à déplorer. Mais avant de rentrer chez lui, de retrouver Kaori, en espérant qu’elle avait aussi profité de cette accalmie, Ryô avait encore une dernière personne à voir.  

 

Observant les rideaux tirés de cette habitation, Ryô nota que la propriétaire des lieux cherchait ainsi à se cacher du reste du monde. Elle l’avait quitté au petit jour, lasse et incertaine. Après ce qu’ils s’étaient dit, il n’avait alors pas pensé la revoir de si tôt mais la situation et le plan qu’il voulait suivre ne lui laissait que peu d’alternatives. Il comptait sur elle pour un service, un dernier coup de main peut-être.  

Toquant une première fois, Ryô s’impatienta devant l’absence de réaction dans l’appartement. Alors il sonna joyeusement et inlassablement jusqu’à ce qu’une voix se fasse entendre :  

 

- C’est pas bientôt fini ?! Si j’attrape l’inconscient qui ose s’amuser ainsi je…, vociférait Saeko en ouvrant violemment sa porte d’entrée. Ryô qu’est-ce que tu fais là ? Demanda-t-elle en changeant subitement de ton et en s’assurant qu’il était seul.  

 

- J’ai besoin d’un service, fit-il direct en pénétrant chez l’inspectrice.  

 

Ryô remarqua qu’elle ne s’était pas changée. Ses traits étaient tirés, ses vêtements froissés, la seule chose qu’elle avait faite en rentrant s’était de s’effondrer sur son divan.  

 

- Je n’ai plus d’accès aux dossiers ni aux enquêtes en cours…, répondit-elle encore honteuse de l’image qu’elle donnait.  

 

- Je ne viens pas pour ça. C’est un service d’ordre financier, précisa-t-il en interrompant la jeune femme qui maintenant le regardait sans comprendre. Je te propose de me régler tes coups en monnaie sonnante et trébuchante, là au moins j’ai plus de chance d’en profiter et d’en faire bonne usage à moins que..., la regarda-t-il intensément alors que sa bouche se déformait déjà sous ses insinuations.  

 

- A quoi tu joues ?! Ce matin tu me faisais comprendre que plus rien ne serait comme avant et maintenant tu viens me compter fleurette ! Que veux-tu ?! S’énerva Saeko en s’asseyant aussi dignement que possible sur son canapé.  

 

- Je te l’ai dit, je viens toucher mon dû, fit Ryô redevenu sérieux, en restant debout les mains dans les poches et en portant un regard circulaire sur ces lieux qu’il ne connaissait pas.  

 

Cet appartement avait une certaine classe, sobre et fonctionnelle. Une entrée, un salon qui donnait sur la cuisine et un couloir qui menait certainement à la salle d’eau et à une chambre. Même meublé ce logement semblait vide. Il n’y avait pas tant de meubles que ça, juste le nécessaire au quotidien mais ce n’était pas pour autant que quelqu’un semblait vivre là de manière permanente. Tout semblait si neuf, tout droit sorti d’une vitrine de grande enseigne. Il n’y avait pas d’intimité, pas de touche personnelle, ça manquait de chaleur humaine. Si le lieu de vie reflétait la personnalité de son occupant, cette dernière était alors distante, indisponible et très seule.  

 

Saeko passait sa vie au boulot. Elle vivait pour son boulot. Elle n’avait que ça. Elle n’avait plus que ça et pour le moment elle n’avait même plus cette échappatoire. Malgré lui, cela lui rappela la chance qu’il avait d’avoir quelqu’un dans sa vie qui fasse que celle-ci ai réellement un sens, qu’il ai un chez lui qui respirait la vie, qui lui donnait l’envie d’y revenir. D’un pas vif, Ryô atteignit la fenêtre et tira prestement les rideaux. Une lumière vive inonda alors la pièce aux murs neutres et sortit Saeko de sa léthargie :  

 

- Qu’est-ce que tu attends de moi maintenant…, fit-elle en se massant fortement les tempes avant de se diriger vers son buffet.  

 

- A combien estimes-tu mes services rendus ? Et comptes aussi avec les intérêts… depuis le temps ce n’est pas négligeable. Lâcha-t-il s’en faire de remarques sur le comportement de Saeko qui, encore libre d’agir comme elle le voulait chez elle, sortait une bouteille et deux verres.  

 

- Je n’ai pas une telle somme à disposition… et pourquoi est-ce devenu si urgent de régler nos comptes ? Fit-elle sur la défensive. Avons-nous atteint le point de non-retour ? Ai-je à ce point franchi la limite ? Pourquoi ?! Pourquoi tu me fais ça maintenant ?! S’énerva-t-elle en faisant tinter les verres sur la table basse.  

 

- Je ne te fais rien. Ce n’est pas parce que pour le moment tu te complais dans cette situation que je vais patienter et attendre que tu sois à nouveau maître de toi-même. Fit-il en désignant du regard la bouteille d’alcool.  

 

- Et en quoi te serais-je utile maintenant ? Railla-t-elle en se versant un verre en le défiant du regard.  

 

- Ce n’est pas ta plaque qui fait de toi un flic hors pair. Ce n’est pas parce qu’il croit t’avoir mise sur la touche que tu y es. Répondit Ryô sur un ton calme pour ne pas rentrer dans ce jeu.  

La regardant faire, il prit position dans l’un des fauteuils et attendit qu’elle lui porte réellement attention.  

 

Saeko finit son verre qui de toute évidence ne lui procura pas autant de satisfaction qu’elle en espérait. Elle déglutit avec peine sa dernière gorgée et posa aussi délicatement que possible le verre avant de s’asseoir face à Ryô.  

 

- Tu veux de l’argent ? Tu te doutes que je ne peux réunir une somme aussi conséquente en claquant des doigts… tu es sûr qu’un règlement en nature ne serait pas satisfaisant pour tout le monde, fit-elle un brin aguicheuse en croisant voluptueusement ses jambes ce qui eu pour effet de faire glisser le tissu de sa longue jupe fendue et de faire apparaître la peau ferme et délicate de sa cuisse.  

 

Ryô ne fût pas surpris de cette approche. Saeko était une femme consciente de son pouvoir de séduction et à ce moment, elle avait besoin de se prouver qu’elle était encore maître dans son domaine à défaut de ne plus l’être dans son travail ni dans sa vie.  

 

- Cela aurait été avec plaisir mais je n’ai que peu de temps devant moi et l’on m’attend ailleurs. Une prochaine fois peut-être si tu es toujours d’humeur, sourit-il doucement.  

 

Ryô ne voulait pas la repousser trop brutalement. Si les choses avaient été différentes, si la situation avait été différente et si Kaori ne faisait pas partie de sa vie, alors peut-être certaines choses se seraient passées entre eux depuis longtemps sûrement. Mais aujourd’hui, il n’était plus cet homme là, il n’avait plus les mêmes attentes, car il en avait maintenant, et il savait que ce n’était pas avec Saeko qu’il les comblerait.  

 

- Décidément rien ne va plus, souffla-t-elle en s’enfonçant d’avantage dans son fauteuil. Vas-y, dis-moi en quoi cet argent te serait si utile… tu veux fuir ce bordel et refaire ta vie au soleil ? Ironisa-t-elle.  

 

- Pas du tout… bien que ce serait tentant, moi, une plage, de belles femmes à perte de vue…, commença-t-il rêveur avant d’être rappeler à l’ordre par Saeko.  

 

Etant donné qu’elle était prête à l’écouter, Ryô se lança dans ses explications. Quand il avait découvert l’endroit où il voulait se rendre, ces habitués, cet environnement, il avait tout de suite su qu’il devrait lui aussi montrer qu’il appartenait à ce genre de clientèle huppé. Il devait donner l’illusion d’un homme riche et sans limites avec de grands moyens pour de grandes envies. Physiquement cela lui était possible mais financièrement il devait pouvoir le prouver ne serait-ce que temporairement. Il lui fallait les moyens d’accéder à ce lieu et ces privilèges. Il lui fallait de l’argent. Ryô savait que Saeko ne roulait pas sur l’or mais elle était loin d’être sans le sou. De toutes ses connaissances, elle était la seule à pouvoir lui prêter de l’argent et surtout elle lui en devait aussi.  

 

Au regard de Saeko, qui semblait retrouver un peu de combativité, il comprit qu’elle mesurait amplement la situation. Silencieuse, elle le fixait droit dans les yeux, cherchant comment retrouver sa place et être à nouveau dans la course. Ses réflexions furent interrompues par la sonnerie du téléphone. Elle ne réagit même pas et ne tenta pas d’aller décrocher le combiné.  

 

- Tu ne réponds pas ? Demanda Ryô.  

 

- Pas la peine, mon répondeur fonctionne très bien. Répondit-elle agacée comme si elle savait déjà qui l’appelait.  

 

Après trois sonneries, le bip annonça que le répondeur prenait la relève. Un message clair et précis informait que Saeko n’était pas disponible alors libre à la personne de donner le but de l’appel ou de tenter sa chance une autre fois. Cette fois-ci, l’interlocuteur avait décidé de laisser un message et ça ne devait pas être le premier :  

 

« Saeko ! Je sais que tu es là ! J’ai demandé à une patrouille de passer devant chez toi et ta voiture est là donc… Saeko décroche ! J’ai déjà laissé plusieurs messages sur ton portable et ici et c’est la dernière fois que je t’appelle tu m’entends ?! » La voix masculine qui s’échappait de l’appareil était énervée et inquiète. « Je sais que tu m’en veux mais… tu ne m’a pas laissé le choix. Tu es têtue, je ne vois pas de qui tu tiens ce trait de caractère… je n’ai fait que jouer mon rôle de père et te protéger… sache que je fais toujours tout ce que je peux pour que vous ne manquiez de rien et que vous soyez en sécurité tes sœurs et toi… même si cela signifie aller à l’encontre de tes attentes ! Tu le fais sans arrêt toi !... » Un long silence s’ensuivit sans que Saeko ne daigne porter un regard ni même faire un geste vers l’appareil avant que la voix reprenne un peu plus tristement « Très bien tu ne veux plus me parler soit ! Mais appelle au moins ta mère, elle se fait un sang d’encre ! Au revoir ma fille… »  

 

Un petit bip et plus rien. Ryô regardait Saeko qui lui souriait maintenant :  

 

- De combien as-tu besoin ? Lui demanda-t-elle subitement confiante.  

 

- Difficile de te donner un chiffre, de tels excès ça coutent très chers… je prendrais tout ce que tu pourras trouver… je m’arrangerais ailleurs au besoin, répondit Ryô impatient de connaître l’idée qui germait dans les yeux illuminés de Saeko.  

 

- Je te l’ai dit je n’ai pas une telle somme mais étant donné l’urgence et la situation… commença-t-elle en se levant jusqu’à son bureau.  

 

Elle effaça les messages en attentes sur son répondeur et ouvrit le premier tiroir. Elle sortit une enveloppe contenant différents documents ainsi qu’un rectangle plastifié qu’elle observa longuement.  

 

- C’est une réserve en cas de besoin… juste au cas où pour que « ses filles ne manquent de rien… », répéta-t-elle. Si ça peux t’aider, sers-toi et fais-toi plaisir… elle est sans limite !!! Ajouta-t-elle en lui lançant la carte de crédit couleur platine.  

 

Ryô rattrapa l’objet et passa ses doigts sur les chiffres en relief gravés dessus pour seules informations.  

 

- Tu es sur que tu n’y vois pas d’inconvénients ? Il risque d’être surpris lorsqu’il recevra le relevé de comptes. Fit Ryô en devinant d’où venait cette carte de crédit avant de la ranger soigneusement alors que Saeko lui confirmait sa décision d’un hochement de tête.  

 

Saeko voulait coincer Akamatsu plus que tout. Elle savait que cet homme n’était pas ce qu’il prétendait. Elle ne pouvait plus agir à sa guise mais elle avait encore la possibilité de participer d’une certaine manière et peut-être de racheter ses fautes. Son père n’apprécierait pas ses méthodes mais si c’était là le moyen de faire éclater la vérité, il lui fallait tenter cette chance. Et puis, elle ne pouvait se le cacher, en donnant sciemment cette carte de crédit appartenant à son père, elle tenait là une petite vengeance. Au pire il lui ferait un sermon qu’elle n’écouterait pas et au mieux il comprendrait ses erreurs de jugement sur certaines personnes, y compris elle.  

 

- Je peux passer un coup de fil ? Demanda Ryô.  

 

- Oui bien sûr, fit Saeko en lui désignant l’appareil alors qu’elle emmenait la bouteille d’alcool et les verres à la cuisine.  

 

Ryô l’entendit déverser le contenu de la bouteille dans l’évier et laver son verre. Elle avait décidé de se reprendre en main et de ne plus se laisser abattre. Ils avaient un ennemi commun, elle avait un nouvel objectif.  

 

Saeko revint dans le salon alors que Ryô raccrochait :  

 

- Besoin d’autre chose ?  

 

- Pas pour le moment. Merci pour ton aide, fit-il en prenant congé. Je te tiendrais au courant de la suite de cette affaire… mais sois patiente, la devança-t-il en voyant son regard se voiler à nouveau.  

 

Elle hocha la tête en signe d’accord, en sachant qu’elle allait restée dans l’ombre et à l’écart encore quelques temps. C’était peut-être un mal pour un bien. Elle devait apprendre à lever le pied. Elle devait faire le point sur sa vie et ses priorités.  

 

Rassuré sur la jeune femme, Ryô profita du temps qu’il lui restait pour faire quelques achats et tester sa nouvelle carte. Il constata avec amusement qu’il lui était facile de se prêter au jeu lorsqu’on en avait les moyens. C’était aussi un test pour Ryô. Claquer de l’argent facilement pour ses loisirs festifs et nocturnes n’était pas la même chose que de dépenser sans se soucier du lendemain. Ryô devait rectifier ses travers et ses réflexes de noceur et pour cela rien de mieux que de faire quelques emplettes avec un personnel habitué aux gens de la haute société. Savoir apprécier et interpréter leurs sourires mielleux, leurs regards qui en disaient longs sur la personne qu’ils avaient face à eux : était-ce un nouveau riche ? Un touriste ? Un excentrique ? Ou un homme de goût qui, malgré sa tenue peu adéquate à ce genre de boutique, savait ce qu’il voulait ? Ryô apprenait beaucoup à leurs dépends et ses nombreuses expériences dans l’environnement de la mode avec Eriko lui étaient aussi très utiles. Ce fut très fier qu’il en ressortit avec deux épaisses housses griffées d’un célèbre styliste qu’il tenait à l’épaule.  

 

Ryô rentrait sereinement, préparant mentalement son action de ce soir, son objectif à atteindre. Il était plus que motivé. Il voulait faire tomber ce ministre, l’humilier et ne lui laisser aucune sortie possible. Il fallait que ce soit à la mesure de ce qu’avait subi Kaori. En pensant à elle, Ryô pressa le pied sur la pédale d’accélérateur. Il s’était absenté toute la journée et délibérément il avait voulu qu’ainsi Kaori reprenne ses marques et ses habitudes, comme lors d’une journée ordinaire sur une affaire ordinaire. Lui s’absentait pour faire le tour des indics et elle s’occupait de la cliente. Sauf que là, Kaori était la cliente. A ce constat, Ryô sourit.  

 

« Il faudrait que je pense à lui faire signer un contrat. Une cliente particulière pour un paiement très particulier. » Rêvait-il doucement.  

 

En arrivant au bas de son immeuble, sa bonne humeur se dissipa. Ryô stoppa la Mini et en descendit pour découvrir Mick adossé au muret. Remarquant les mégots qui jonchaient le sol au pied de l’américain, Ryô comprit que cela faisait déjà un moment qu’il était là.  

 

«Décidément cette journée aura aussi son lot de surprises », pensa nerveusement Ryô.  

 

- Tu viens nous donner des nouvelles de notre infirmière préférée ? Demanda Ryô l’air de rien en s’adossant aux côtés de Mick.  

 

Mick continuait de tirer machinalement sur sa cigarette. Il était comme accaparé par un point imaginaire. Son regard trouble et son silence inquiétaient Ryô :  

 

- Qu’est-ce qui ne va pas ? L’état de Kazue s’est…  

 

- Elle va s’en remettre. Le coupa Mick.  

 

- Alors quoi ? Pourquoi es-tu ici et pas à ses côtés si c’est juste pour rester seul comme un chien battu devant chez moi ? Montes donc partager un verre et voir les autres, on fêtera cette bonne nouvelle…, annonça quelque peu rassuré Ryô alors qu’une petite pluie fine venait alléger cette chaude journée.  

 

- Je ne peux pas… je ne peux plus…, l’interrompit à nouveau Mick en écrasant nerveusement son énième mégot.  

 

- Qu’est-ce qu’il y a encore ?..., lâcha Ryô sur la défensive.  

 

Devinant le sérieux de ce qui allait suivre, Ryô attendit que Mick soit enfin prêt à lui dire ce qu’il faisait là. De toute évidence, son ami hésitait encore à avouer le mal qui le rongeait. A mieux le regarder, Ryô le trouva différent, changé, comme brisé. Que c’était-il passé de si grave pour que cette homme, qui comme lui était déjà revenu de l’Enfer, se laisse accabler de la sorte ?  

 

- La vie est bien cruelle… on en sait quelque chose, n’est-ce pas Ryô ? Commença Mick sans vraiment lui poser la question. L’amour l’est encore plus, avoua-t-il après un long soupir. C’est une erreur de croire qu’il nous est acquis… il suffit de si peu de chose… on doit se battre pour le préserver, à n’importe quel prix ! Expliqua-t-il avec force en accrochant le regard de Ryô pour y chercher son accord alors que ce dernier acquiesçait en silence.  

 

Déviant son regard azur pour le porter sur le ciel qui se voilait d’avantage, Mick cherchait ses mots. Les traits tirés et le corps tendu, il serrait ses poings aussi forts qu’il le pouvait.  

 

- Où veux-tu en venir ? Demanda Ryô pour le contraindre à se livrer sentant que le temps tournerait très vite à un nouvel orage.  

 

- Nulle part… je ne sais pas où cela me mènera mais je dois essayer…  

 

- De quoi tu parles Angel ?! Vas droit au but !! S’impatienta Ryô de voir Mick ne parler que par énigmes.  

 

- Toi mieux que nul autre peux comprendre ce sacrifice…  

 

- Il s’agit de Kaori…, souffla Ryô alors qu’un éclair masquait ses mots et intensifiait la pluie.  

 

- Promets-moi de ne pas faire comme moi, de ne pas baisser les bras et l’abandonner lâchement, continua Mick en souriant amèrement.  

 

- Tu vas parler oui ?!! Sois plus franc dans ce que tu sous-entends ! Exprima sèchement et clairement Ryô en voyant que Mick n’oserait jamais le prononcer de vive voix comme si le simple fait de le faire pouvait l’achever sur place.  

 

La pluie tombait assidument sur les deux hommes. L’un semblait insensible à cette météo capricieuse alors que l’autre n’y prêtait même plus attention.  

 

- Kazue m’a demandé de choisir entre mon amour pour elle et mon… amitié… pour Kaori…, avoua Mick après une longue hésitation.  

 

- Et tu as déjà choisi… ?!  

 

- … en fait elle ne me laisse pas le choix… c’est le prix à payer d’avoir été si stupide et frivole, lâcha Mick déjà vaincu et résigné.  

 

- Comment ça « pas le choix » ?! On l’a toujours !! Elle se remet d’un accident… elle aurait pu mourir mais de là à « ça » ! Tu ne peux pas accepter aussi facilement !!! S’emporta Ryô au rythme du vent qui déchainait la pluie autour d’eux. Aussi bien pour toi que pour elle !! Vous allez vous haïr !!  

 

- Ce que je dirais ou ferais ni changera rien ! Elle m’en veut à moi ! Et moi je m’en veux de lui faire ça à elle ! Cria-t-il en pointant du doigt l’immeuble de briques rouges où se trouvait Kaori, insouciante et ignorante de ce qui se tramait à quelques mètres d’elle.  

 

- Tu vas te détruire si tu persistes à te plier à cette exigence ! Regardes-toi ! Tu ne ressembles déjà plus à rien ! Cracha-t-il, fou de colère de le voir si faible. Tu es incapable de prononcer son nom ! Kazue ! La femme que tu aimes s’appelle Kazue ! Lui martelait-il au cœur et aux oreilles. Elle te demande l’impossible ! Elle veut te faire souffrir parce qu’elle souffre ! Mick, réagis et bats-toi ! Tu peux la ramener à la raison ! S’énerva d’avantage Ryô qui ne voulait pas voir encore une fois tout éclater autour de lui et surtout autour de Kaori. Je te préviens c’est à toi de lui dire, menaça-t-il en frappant méchamment le torse de Mick pour le faire réagir et en se refusant d’être celui qui devait annoncer ce choix absurde à Kaori.  

 

- Et comment ?! Comment je peux être honnête avec l’une sans pour autant blesser l’autre ?! C’est impossible !! Vociféra Mick, incapable de répondre à la virulence de Ryô alors que les éléments grondaient eux aussi.  

 

- Commences par savoir réellement ce que tu veux !!! Montres à Kazue qu’être fidèle à tes amis c’est rester fidèle à toi-même et donc envers elle. Mets à profit tes propres leçons !! Lui rappela avec force Ryô.  

 

Les deux hommes se toisèrent alors faisant peu d’état d’être mouillé jusqu’aux os. L’un cherchait encore un argument imparable alors que l’autre affirmait ainsi sa raison et sa logique. Aucun des deux ne voulait admettre d’en rester là mais personne n’avait plus rien à redire.  

 

Subitement le nettoyeur se détourna de son ami. Le vent tournait encore. C’était plus qu’il pouvait en supporter. Il avait envie de lui filer des baffes à se conduire en pauvre victime. Il fallait que Mick décide par lui-même ce qu’il voulait et comment il devait agir. Ryô ne pouvait prendre tout le monde à sa charge et seul avoir la responsabilité de Kaori lui incombait. Il décida donc qu’il ne dirait rien à Kaori de sa rencontre avec Mick. Cela l’affligerait d’avantage de voir qu’Akamatsu la privait de son meilleur ami et Ryô était prêt à faire barrage contre lui et tout ce qui pourrait la toucher de près comme de loin.  

 

Lentement, Ryô montait ces marches tant de fois gravies. Ses pas étaient alourdis par ses vêtements détrempés. L’eau ruisselait encore de ses cheveux. Des frissons le parcouraient mais il n’avait pas froid, il était énervé. C’était à croire que tous attendaient de lui qu’il les prenne en charge, comprenne leurs états d’âmes et accuse les conséquences. Il avait déjà Miki et Falcon chez lui sans oublier Shun. S’ajoutait le dérapage de Saeko et maintenant la décision de Mick. Ryô n’avait pas toutes les solutions. Qu’attendaient-ils de plus ? Ils étaient tous comme une famille mais Ryô se refusait à les porter tous en même temps. Les membres d’une famille devaient se soutenir les uns les autres et ne pas seulement attendre que l’un des leurs gère tous leurs tracas. Excédé, Ryô aurait voulu emporter Kaori avec lui et fuir le plus loin possible. Mais cela non plus ne résoudrait rien et abandonner ne faisait pas partie de ses habitudes. Tout ce stress, cette pression que chacun lui mettait sans même sans rendre compte allait avoir raison de ses nerfs. Sa tête allait exploser. Sans cesse lui revenaient les problèmes des autres, le harcelant de leur venir en aide. Il avait envie de hurler, de leur crier d’aller au diable, qu’il n’était pas responsable de leurs choix ni de leurs vies.  

 

Tendant la main pour ouvrir la porte de son appartement, Ryô stoppa son geste. Il ne pouvait rentrer ainsi avec toute cette rancœur et cette frustration. S’éloignant de la cloison de bois pour s’adosser au mur d’en face, il ferma les yeux er se força à respirer lentement. Il devait faire le vide. Ne rien laisser paraître de sa nervosité. Eloigner tous ces tourments qu’il ne pouvait pas maîtriser. Se concentrer sur l’essentiel, rien d’autre ne devait avoir d’importance. Il porta son regard sur les housses qui ne semblaient pas avoir trop souffert de ce soudain déluge. Il lui restait encore à faire. Il ne pouvait pas se permettre de se laisser distraire de cette manière. Ses états d’âmes importaient peu en cet instant.  

 

Quand il se sentit à nouveau prêt à affronter les personnes derrière cette porte, Ryô pénétra dans l’appartement avec son comportement habituel. Tout allait bien.  

 

- C’est le retour de l’enfant prodige ! Lança gaiement Ryô.  

 

D’entrée, il su que ça ne serait pas facile. Il sentait qu’en ces lieux, la joie et la bonne humeur n’étaient pas au rendez-vous. Falcon ruminait encore à l’idée de ce qui était prévu pour ce soir. Il n’avait sûrement rien contre un peu d’action mais c’était surtout le lieu qui l’indisposait. Shun, lui, semblait s’ennuyer. Il zappait frénétiquement les programmes à la télévision. La seule joie de Ryô fut de constater que Kaori ne s’était pas encore enfermée dans sa chambre. C’était un progrès qu’il appréciait. Elle était là avec les autres, assise à table semblant attendre que le temps passe mais elle était là. Seule Miki sembla ravie du retour du nettoyeur. Il pouvait lire dans son regard qu’elle avait fait tout ce qu’elle pouvait pour sortir Kaori de son état presqu’absent mais que cela n’avait rien changé. Il lui sourit d’avoir essayé. Tout le monde attendait de lui qu’il décide et les guide comme s’il était le chef de famille.  

Une responsabilité bien lourde à porter.  

 

- Ryô enfin te voila ! Répondit Miki soulagée que quelqu’un vienne rompre cette lassitude. Ne bouge pas je vais te chercher une serviette, lui lança-t-elle en passant devant lui pour aller à la salle de bain.  

 

Ryô échangea ses housses contre l’épaisse serviette que lui tendit à son retour la mercenaire. Il retira ses chaussures et sa veste pour s’éponger.  

 

- Alors quoi de neuf ? Des infos ? Une piste ? Harcela-t-elle avec un peu d’impatience dans la voix.  

 

- Ravi de voir que je t’ai manqué, lui sourit-il.  

 

- Pendant que Monsieur prend l’air, nous on reste enfermé comme des rats alors…, grogna Falcon.  

 

- … alors dis-nous que tu as des bonnes nouvelles, reprit plus doucement Miki qui ne voulait pas que Ryô prenne cela comme un reproche, seulement ils n’avaient pas pour habitude de dépendre ainsi de quelqu’un. As-tu des nouvelles de Kazue et de Mick ? Demanda-t-elle pour détourner le sujet.  

 

A cette demande Ryô tiqua. Il porta un rapide coup d’œil à Kaori avant de reporter son regard sur Miki pour lui mentir.  

 

- Non je n’ai pas eu le temps pour cela. Je suis sûr que Mick ne tardera pas à nous appeler pour nous dire qu’elle va bien et que lui aussi. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, comme on dit alors pourquoi s’en faire. Ria-t-il bêtement.  

 

- Qu’est-ce que tu ne dis pas ?  

 

Cette question était posée sans détour. La voix était claire et le regard noisette cherchait le sien. Sciemment Ryô ne la regarda pas. Il ne voulait rien lui cacher et surtout plus qu’ils se mentent l’un à l’autre… mais il voulait encore moins la faire souffrir et la voir se replier de nouveau. Il préféra donc éluder cette question dont la réponse n’amènerait rien de bon.  

 

- Nous avons d’autres priorités… Falcon et moi avons des projets ce soir…, commença-t-il en voulant ramener la discussion à leur affaire.  

 

- La sécurité des personnes qui nous sont proches en fait partie. C’est pour cela qu’ils sont restés ici aujourd’hui, fit-elle en désignant Umi et Miki. Ensemble nous sommes moins facile à atteindre mais en ce qui concerne Mick et Kazue…  

 

- Mick est un grand garçon. Il saura se défendre alors pas besoin de se soucier pour lui ! S’agaça Ryô.  

 

- Je ne m’inquiète pas pour lui, je veux juste savoir ce que tu sais. L’as-tu seulement averti de la situation et d’éventuelles représailles ? Répondit-elle calmement mais fermement en se levant pour se dresser devant lui afin de lui faire comprendre qu’elle ne lâcherait rien.  

 

Kaori observait Ryô qui acceptait enfin de regarder en sa direction même s’il évitait encore ses yeux. Elle avait remarqué son changement d’attitude. Au nom de Mick, Ryô avait durcir son regard un instant, un bref instant. Le ton qu’il donnait à ses mots sonnait faux. Une alarme avait vrillé dans la tête de Kaori. Une sensation qu’elle ne saurait expliquer l’avait mise en garde. Et elle avait deviné qu’il lui cachait quelque chose. D’extérieur, Ryô ne montrait rien. Son regard était de nouveau posé. Le visage impassible. Une attitude ordinaire. Mais en prison Kaori avait vite appris à voir ce qu’on ne voyait pas. Il fallait savoir interpréter un regard, même bref et anodin, un haussement de sourcil, une expression, un soupir.  

 

Ryô ne pouvait dévier encore sans que cela ne soulève aussi des interrogations chez les trois autres personnes qui observaient ce semblant de duel des nerfs. Elle lui demandait s’il avait prévenu Mick pour l’accident mais cela ne lui avait même pas traversé l’esprit lorsqu’il avait rencontré l’américain quelques instants plus tôt. Il se souciait de la sécurité de tous mais la nouvelle de Mick avait sensiblement modifié les choses. Ryô ne savait pas quoi répondre à la jeune femme qui le fixait d’un regard sévère. Il devinait la détermination dans les yeux de Kaori. Elle avait vraiment changé. Elle ne se laisserait plus amadouée par ses pirouettes et ne suivrait plus aveuglément ses paroles maintenant qu’elle savait comment lire en lui sans même qu’il le veuille. Il la sentit s’approcher d’avantage. Ryô maudissait Mick au plus haut point de lui laisser cette lourde tâche. Il devenait le messager d’une bien triste nouvelle. Il ne pourrait pas la protéger de ce qu’elle allait ressentir mais comment lui dire ? Ce fut la goutte d’eau de trop qui eu raison de son self contrôle :  

 

- Y en a marre à la fin ! Je n’ai pas la science infuse ! Falcon, si être hébergé gracieusement te coûte, sors faire un tour pulvériser ce que tu veux ou qui tu veux mais n’attend pas de moi que je te rende ton commerce ! Je n’ai pas ce pouvoir ! Miki, je sais que c’est difficile pour toi et je te suis reconnaissant d’essayer mais arrête de vouloir en faire trop ! Shun…, continua-t-il, arrêtez de changer de chaines toutes les trente secondes ça me tape sur les nerfs ! Vous me tapez sur les nerfs ! Se laissa-t-il aller de manière virulente. Pour le moment on doit tous cohabiter ensemble mais vous faites tout pour me rendre la vie impossible !! Je fais ce que je peux alors soit vous y mettez chacun du votre soit vous dégagez et que chacun se démerde !!! Annonça-t-il le regard noir, le corps tendu et la main gauche dressée vers la porte d’entrée.  

 

Voilà c’était sorti et cela lui faisait un peu de bien. Après tout pourquoi devrait-il tout garder pour lui ? Pourquoi devrait-il être le seul à essayer de garder la tête hors de l’eau et à essayer d’arranger les choses ? S’il s’écoutait il les mettrait bien dehors, se servirait un bon verre d’alcool fort et profiterait d’un silence et d’une paix bien mérité. Ryô soupira d’agacement, plus personne n’osait émettre un mot pourtant il sentait toujours un regard fixe posé sur lui. Si les autres digéraient tant bien que mal son coup de gueule, ce n’était pas le cas de Kaori. Il s’était énervé après tous les autres sauf elle. Il ne pouvait pas lui dire. Il ne voulait pas lui reprocher tout ce bazar dans sa tête et dans sa vie.  

 

- Et tu me reproches quoi à moi ?! Vas-y t’es lancé alors t’arrêtes pas en si bon chemin ! Lâcha Kaori tendue à l’extrême et fusillant Ryô du regard.  

 

- Arrêtes de voir le mal partout ! C’est du n’importe quoi… est-ce qu’on peut se concentrer sur le nœud du problème et…, tenta le nettoyeur.  

 

- Et quoi ?! Vas-y dis-le ! Tout ça c’est de ma faute ! Ta petite vie est chamboulée ! Si c’est trop pour toi on peut très bien s’en sortir tout seul ! On ne t’a rien demandé ! Et je ne t’ai surtout pas demandé de tout prendre en charge ! Argumenta Kaori. Il suffisait de le dire ! Le temps de préparer un sac et Shun et moi ne te poserons plus de soucis ! Menaça Kaori en prenant la direction des escaliers.  

 

- D’accord, d’accord, tu veux savoir alors je vais te dire ! La stoppa-t-il à bout de nerfs.  

 

Ryô la regarda en face, les yeux dans les yeux. Il la vit se raidir à ce contact, son regard se faisant plus hésitant et le sien moins agressif. Elle accusait déjà le choc avant de savoir. Il aurait voulu être seul avec elle pour ne pas la confronter à tous ces regards qui ne manqueraient pas d’interpréter sa réaction et de la culpabiliser d’avantage mais il savait qu’elle ne lui laisserait pas le temps de préparer cet aveu. Serrant des poings tant son propre cœur saignait à l’idée de la faire souffrir malgré lui, Ryô inspira profondément avant d’ouvrir la bouche pour tout lui dévoiler sur Mick :  

 

- Mikiii mon amouuur !!!  

 

Ce cri du cœur résonna dans toute la pièce surprenant tout le monde au passage. Une fusée blonde volait dans la pièce alors que la porte d’entrée s’était ouverte avec fracas.  

Décontenancée, l’interpellée peina à réagir. Ce fut Ryô qui freina cet importun, qui tombait pour une fois à pic, en le fouettant de sa serviette humide.  

 

- Hey c’est ta nouvelle manière d’accueillir les gens ! Rouspéta Mick en se frottant les fesses.  

 

- Tu déboules chez moi pour tout dégueulasser ! Regarde ! T’as intérêt à tout nettoyer et que ça brille ! Menaça Ryô en montrant à Mick toute l’eau qu’il avait ramenée chez lui alors que l’américain continuait à s’égoutter sur son parquet.  

 

Le regard de connivence qu’échangèrent rapidement les deux hommes n’échappa pas à Kaori qui suivait la scène.  

 

- Mick tu arrives au bon moment, Ryô rechignait à nous donner de tes nouvelles. Fit-elle en se plaçant entre les deux hommes, volontairement dos à Ryô et face à Mick pour sonder ce dernier.  

 

Instinctivement Mick recula. Il ne savait pas vraiment pourquoi il s’était décidé à monter ici. Il voulait juste la voir une dernière fois. Sans bruit, ses pas l’avaient mené à la porte d’entrée et en silence, il avait surpris les mots de Kaori et la colère de Ryô. Il aurait pu faire demi-tour et laisser Ryô se débrouiller mais être un homme c’était assumer ses responsabilités, ses actes et ses choix. Mick n’était pas prêt à y faire face mais il devait réagir. Alors il avait fait la seule chose qui lui semblait approprier. Il avait détourné la situation à sa manière. Mais face à Kaori, il perdait tous ses moyens. Il ne pouvait regarder Ryô pour ne pas donner plus de poids aux soupçons évidents de la jeune femme et ne pas attiser sa foudre. Il devinait aisément que Ryô aussi l’observait et attendait de voir s’il allait oser, ou pas, lui dire sa terrible vérité. Il devait gagner du temps. C’était reculer pour mieux sauter, il le savait.  

 

- Rho c’est pas sympa de sa part, ironisa Mick. Comme tu le vois je vais bien et Kazue aussi, elle vous embrasse, fit-il en se tournant vers les autres. Par contre je tenterais bien d’aller à la salle de bain pour me sécher mais j’en connais un qui va encore râler si je m’éparpille d’avantage, s’adressa-t-il à Miki qui profita de cette occasion pour souffler un peu.  

 

Kaori s’indigna d’un tel comportement. A son tour Mick fuyait un quelconque contact visuel avec elle et changeait délibérément de sujet de conversation. Il y avait quelque chose entre eux qu’ils ne lui disaient pas.  

 

Même si Ryô était soulagé de l’intervention de Mick, dont la présence signifiait qu’il ne se résignait peut-être pas encore totalement au pseudo-choix de Kazue et qu’ainsi il lui évitait d’avoir un mauvais rôle, il ne pouvait s’empêcher de le détester aussi. Même si Mick était là, il n’avait pas décidé de jouer franc jeu ni avec Kaori ni envers lui-même. Il ne pouvait le contraindre et Ryô ne voulait pas gaspiller son énergie et son temps en vain.  

 

- Qu’est-ce qu’il se passe ?! Vous allez me dire ce qu’il y a ?! S’énerva Kaori qui ne lâchait pas Mick des yeux.  

 

- De quoi tu parles ? S’inquiéta Shun face à la curiosité grandissante de Kaori.  

 

- Je parle de ces deux là ! Désigna tour à tour Kaori. Ils sont autant trempés l’un que l’autre, Ryô est en manque au point de passer ses nerfs sur nous quand à Mick il fait l’autruche ! Et tous les deux évitent le sujet ! De quoi vous avez parlé de si important pour que vous restiez sous cette pluie ?!  

 

- Est-ce que c’est… Kazue ? Demanda Miki qui revenait inquiète.  

 

- Mais non elle va bien… qu’est-ce que vous allez chercher ? Répondit Mick en se voulant rassurant et convainquant.  

 

- Je devrais peut-être l’appeler…, fit Kaori en se dirigeant vers le téléphone, agacée par les deux hommes mais néanmoins soucieuse d’être la cause du sort de son amie.  

 

- NON !!! Firent d’une même voix Mick et Ryô.  

 

L’un savait pertinemment qu’ainsi Kaori découvrirait la vérité et l’autre voulant à tout prix lui éviter cette découverte.  

 

- Alors vous parlez ou je l’appelle ? Menaça Kaori en les défiant l’un après l’autre.  

 

- A toi l’honneur ! Invita Ryô en se tournant vers Mick avec un regard froid qui lui fit comprendre qu’il n’avait plus le choix et que c’était à lui qu’incombait cette responsabilité de tout lui avouer.  

 

Passant une main fébrile dans ses cheveux, Mick souffla de dépit. Elle aurait fini par le savoir alors autant que ce soit lui qui lui dise.  

 

- Kazue va bien je vous assure, précisa-t-il à l’attention de tous qui le regardaient maintenant. Elle va avoir besoin de repos mais elle s’en remettra vite. L’accident l’a beaucoup secouée et elle ne sait plus trop où elle en est…  

 

Kaori fixait Mick. Elle ressentait tant de douleur au travers de ses yeux bleus devenus ternes à l’évocation de cet accident. Kaori imaginait sans mal la peur de Kazue. Etre confronté à la mort de si près et y survivre… cela avait du la choquer profondément. Kaori s’en voulait terriblement.  

 

- … je suis vraiment désolée qu’elle ait du subir les conséquences de mes actes…, avoua douloureusement Kaori en imaginant sans mal que Ryô avait du avertir Mick sur la cause de l’état de Kazue et donnant par la même occasion une opportunité à l’américain de repousser l’échéance.  

 

- Co… comment ça ? Tu n’es pas responsable, ce n’était qu’un accident…  

 

- Pas tout à fait…, intervint Ryô pour éviter à Kaori de prendre cette entière responsabilité.  

 

Il lui fit un rapide résumé de ce qu’ils avaient découvert, de ces accidents qui n’en étaient pas. Mick fut frapper par cette annonce et même si la colère l’envahissait, en aucun cas il ne te tenait Kaori pour responsable.  

 

- Je n’ai aucune raison de t’en vouloir ni même Kazue, la rassura-t-il. De par notre genre de vie cela aurait pu arriver n’importe quand, de n’importe quel ennemi… ne t’en fais pas pour elle… je lui expliquerais, se promit-il en gardant néanmoins une certaine distance avec Kaori. Dis-moi que vous avez un plan pour lui faire payer ?! Siffla-t-il entre ses dents à l’intention de Ryô.  

 

Ryô avait un plan, du moins une ligne de conduite à suivre. Mais pour cela il fallait s’activer. L’orage était passé, il fallait reprendre le cours des choses. Il avertit Mick et les autres du programme à venir avant de s’adresser à Falcon :  

 

- J’ai fait quelques achats à notre attention. Ca devrait être ta taille, lui dit-il en lui tendant une des housses de vêtements.  

 

- Qu’est-ce que ça veut dire ? Il est hors de question de me travestir ! D’ordinaire tu n’as pas besoin de moi pour tes soirées de débauche ! Grommela le géant.  

 

- Mon offre est toujours valable ! En profita Shun pour rappeler que lui aussi était de la partie et qu’il ne comptait pas rester sur la touche indéfiniment.  

 

- Désolé ce n’est pas possible ! Répondit agacé Ryô. Comme je vous l’ai déjà dit vous n’avez pas vraiment la tête de l’emploi. Et puis je n’ai que deux costumes et aucun ne vous irait et certainement pas le spécial grande taille que j’ai eu un mal de chien à trouver ! Et ce n’est pas parce que la tête de poulpe ici présente nous fait un caprice que je vais céder ! Tu entends Falcon ! Tu veux retrouver ta vie et moi aussi alors au boulot ! Ce n’est pas ton genre de reculer devant un obstacle ! Argumenta-t-il avant de reprendre plus calmement : Ce n’est pas que je veuille mettre en doute ton charme ravageur mais le genre militaire autoritaire mais timide c’est pas l’idéal alors tout ce que je te demande c’est d’enfiler ce costume, de garder tes lunettes noires sur le nez et d’être le garde du corps infaillible et imperturbable de l’homme d’affaire que je jouerais ce soir. Ce n’est pas trop te demander je crois.  

 

- Humpff ! Répondit Umi en attrapant la housse et se dirigeant à l’étage avec Miki.  

 

- Très bien, tu tiens très bien ton personnage… ne change rien, se moqua Ryô. Mick, je sais que tu voudrais aussi « participer » mais…  

 

- … mais je sais… tu as un plan et je n’en fait pas parti pour le moment… t’inquiète ça me va et puis je pourrais te faire de l’ombre, se força-t-il à lui sourire.  

 

Mick savait qu’il n’était pas au mieux de sa forme et de sa concentration surtout émotionnellement. Aveuglé par sa colère envers cet homme, ce Ministre, tout comme envers Kazue, il ne serait pas objectif et il ne se sentait pas le cœur à faire semblant de s’amuser dans ce genre d’endroit. Il devait d’abord résoudre ses propres problèmes.  

 

Ryô devinait sans mal que cela coutait à Mick de rester à part mais chacun savait maintenant où était sa place, quel était son rôle et où étaient les priorités. Malgré tout, il sentait que son ami n’avait pas le cœur à les quitter. Il ne voulait pas se retrouver seul chez lui ni rester au chevet de Kazue avant de trouver la force de lui avouer qu’il revenait sur ses mots. Mick savait qu’en restant ici, il enfreignait la nouvelle loi de Kazue et il redoutait de rester auprès de Kaori. Il devait se faire violence. Il devait avancer dans un sens ou un autre et advienne que pourra.  

 

- Ca te dérange si je reste ici un moment ? Demanda-t-il à Ryô.  

 

- Je n’ai plus que le canapé du salon de disponible…, répondit Ryô mécaniquement en comprenant là que Mick avait décidé, d’une certaine manière, de prendre le parti de Kaori. Fais-en bon usage. Lui dit-il pour lui faire comprendre que s’il décidait de rester ici ce n’était pas pour accabler d’avantage Kaori avec des problèmes de couple qui ne la concernaient pas.  

 

- T’inquiète je sais ce que j’ai à faire, affirma Mick.  

 

- Ce n’est qu’un canapé, pas la peine de prendre un ton aussi grave. Vous êtes vraiment bizarres… et j’aimerais bien comprendre ce que vous avez ? Si tu ne lui as pas parlé d’Akamatsu alors de quoi avez-vous parlé quand vous vous êtes rencontrés ? Fit Kaori en revenant à la charge, toujours aussi suspicieuse face au comportement des deux hommes.  

 

- Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, on est envahi de toutes part et notre mobilier en souffre aussi… un éléphant laisse des marques sur un lit pas conçu pour ce genre de poids, mon lit aussi ne se remettra pas de cette cohabitation forcée alors si on pouvait limiter les dégâts de ce côté ce serait déjà un début…, clama indigné Ryô pour faire diversion.  

 

- Bah voyons depuis quand tu te préoccupes de ce genre de détails ? S’agaça Kaori. Tu veux économiser pour le mobilier mais tu dépenses des sommes folles dans deux costumes hors de prix ? Fit-elle remarquer en observant le logo du célèbre styliste sur les housses posées sur la rambarde des escaliers. Où as-tu trouvé tout cet argent ?  

 

- Certaines personnes ont des dettes envers moi, il était temps de les régler…, lâcha-t-il mystérieux.  

 

- C’est nouveau ça, les seules dettes qui peuvent t’être dues sont tes précieux coups ce qui impliquent des femmes et je n’en vois qu’une en particulier susceptible de t’être autant redevable ! Affirma Kaori.  

 

Ryô allait lui répondre lorsque trois coups secs frappèrent à la porte. Malgré ses efforts et sa patience, tout changeait à nouveau d’ordre. Il était parti ce matin en laissant Kaori se réapproprier son environnement et ses habitudes et ce soir pour un détail elle était de nouveau sur la défensive. C’était faire un pas en avant et trois en arrière. Heureusement l’intervention de la personne se présentant à la porte lui donnait l’occasion d’esquiver une conversation qui s’annonçait encore épineuse.  

 

- Je vois que tu es à l’heure, fit Ryô en regardant la pendule et en s’adressant au nouvel arrivant.  

 

- La ponctualité est une qualité chez une femme mais tu ne peux pas comprendre. Répondit Erika en entrant pour saluer les autres personnes. Tu as besoin de mes doigts de fées pour te rendre méconnaissable, alors au boulot ! Où es ta chambre ? Fit-elle tout sourire.  

 

- Je me demande si j’ai bien fait de m’adresser à toi… ? Ton sourire ne me dis rien qui vaille…, hésita Ryô.  

 

- Voyons pas de ça entre nous, je saurais me faire douce… je n’en suis plus à mon premier essai, minauda-t-elle en agrippant Ryô pour qu’il lui montre le chemin. A tout à l’heure mes chéris, vous n’en reviendrez pas ! Fit-elle à l’attention de Mick, Kaori et Shun qui regardaient effarés, la drag-queen pincer les fesses de Ryô avant qu’ils ne disparaissent à l’étage.  

 

- Je ne veux même pas savoir ce qu’ils vont faire…, pesta Kaori.  

 

- J’avoue que moi je suis curieux, répondit Shun en reprenant son zapping frénétique à la télé.  

 

- Ryô doit changer d’apparence mais Erika ne peut pas faire de miracles, railla Mick.  

 

Kaori aurait voulu revenir sur un sujet plus sérieux mais Miki et Falcon revenaient à leur tour.  

Sur le moment, elle regretta qu’il y ait autant de monde ici. Même Shun accusait les choses sans sourciller, du moins pour le moment. Devait-elle, elle aussi accepter de s’en remettre uniquement à Ryô ? Avant, elle ne se serait même pas posée cette question mais aujourd’hui tout était différent et Ryô lui-même semblait être dépassé par moments. Elle avait vraiment tout fait de travers et chacun en payait le prix. Et le comportement désinvolte de Mick l’agaçait. Lui plus que quiconque avait toutes les raisons de lui en vouloir et de la sermonner gravement, après tout Kazue aurait pu mourir. Kaori frémit à l’idée de perdre l’un d’entre d’eux. Elle ne laisserait pas une telle chose arriver. Elle avait toujours cette terrible sensation d’être si loin d’eux alors qu’ils étaient là autour d’elle. Un mal être qui ne la laissait pas en paix.  

 

- Oh l’Elèph’ tu m’épates ! Sautilla Mick pour faire illusion. Rho tu vas en faire des ravages… es-tu sûr qu’il soit prudent de le laisser aller zieuter ailleurs ? Demanda-t-il à Miki.  

 

- N’est-ce pas qu’il est beau. La dernière fois qu’il a mis un costume c’était à notre mariage…, fit la jeune femme rêveuse.  

 

- D’ailleurs en parlant de ça, tu vas devoir enlever ton alliance pour plus de crédibilité. Remarqua Mick.  

 

Falcon hésita en faisant tourner l’anneau autour de son annulaire avant de le remettre précieusement entre les mains de Miki. Elle lui sourit en toute confiance ce qui eut le don de faire rougir au plus au point son mari. Falcon ne se sentait pas à son aise dans ce costume trop chic pour lui. Il avait hâte d’en finir avec cette soirée.  

 

Laissant son homme se préparer mentalement alors que Mick trouvait opportun de lui donner quelques conseils sur l’attitude à tenir et sur ce qu’il pourrait découvrir dans ce genre d’endroit, Miki fila à la cuisine pour préparer quelques encas. Elle fut surprise de voir que Kaori lui emboitait le pas mais s’abstint de tout commentaire. L’attitude entre les deux jeunes femmes n’était pas comme d’habitude mais Miki avait décidé de ne plus s’en formaliser. Il fallait persévérer et attendre.  

 

Les jeunes femmes revinrent de la cuisine pour découvrir Falcon sur le point d’exploser tant Mick l’inondait de détails à grand renfort d’images plus expressives les unes que les autres sous le regard amusé de Shun.  

 

Miki n’eut pas le temps de réagir que surprise, elle regarda Erika descendre les escaliers. Elle n’eut pas besoin de demander d’explications que le travesti la devançait :  

 

- Ca n’a pas été simple mais il devrait en faire tourner des têtes et avoir ce qu’il veut si Monsieur daigne sortir de cette chambre et laisser cette perruque en place ! Cria-t-elle à l’intéressé qui peinait à se montrer.  

 

- Si tu crois que c’est facile ! Ca gratte et il fait chaud là-dessous ! Hurla ce dernier.  

 

- N’abimes pas mon chef d’œuvre ou tu auras de mes nouvelles ! Menaça Erika. Maintenant montre-toi et fissa !  

 

Personne n’osa contredire Erika qui pouvait se montrer beaucoup moins gentille si on l’énervait. Tous guettaient avec appréhension l’arrivée de Ryô.  

 

Comment était-il grimé ? N’était-ce pas ce qu’il voulait ? Changer complètement d’apparence afin de se fondre dans ce décor et cet environnement aux mœurs si légères et extraverties ? C’était d’ailleurs pour cela qu’il avait passé ce coup de fil lorsqu’il était chez Saeko. Il savait à qui s’adresser pour se métamorphoser et devenir une toute autre personne qui saurait faire illusion de par son déguisement.  

 

Tous attendaient avec appréhension ne sachant à quoi s’attendre.  

 

Lorsque Ryô décida enfin à se montrer, seul l’éclat de la tasse que tenait Miki résonna lorsque celle-ci atterrit sur le sol. Malgré le bruit et les morceaux de porcelaine, personne ne détourna le regard du haut des escaliers. La surprise se lisait sur tous les visages.  

 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de