Capitolo 6 :: Retrouvailles

Pubblicato: 20-04-09 - Ultimo aggiornamento: 20-04-09

Commenti: Coucou! Mercii à tous ceux et celles qui me suivent. Je vous souhaite une bonne lecture. Bonne semaine. Bisous.

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- Pourquoi ?  

Que répondre à cette question ?  

Plusieurs fois il s’était imaginé leurs retrouvailles, plusieurs fois il avait imaginé divers scénarios.  

Mais là, il était pris au dépourvu.  

Il l’avait tellement cherchée, depuis si longtemps, qu’il avait perdu tout espoir de la revoir un jour. Pourtant il y avait mis tout son cœur, jouant de son statut et ses relations mais rien, comme si elle avait disparu de la surface de la terre.  

Et là, elle était là devant lui. Le hasard faisait bien les choses mais lui ne croyait pas au hasard, rien n’arrivait par hasard. Comme le fait de se retrouver dans cette boutique. S’il n'avait pas eu cette envie subite de prendre l'air jamais il ne se serait aventuré dans ce quartier, il ne serait pas rentré dans cette boutique et il ne l’aurait pas retrouvée.  

Il sourit.  

Il avait prévu un passage éclair dans cette ville, juste le temps de régler une affaire et serait reparti, sans savoir, sans se douter qu’elle était là, à portée de main.  

D’ailleurs quand il réalisa pleinement sa présence, alors peu lui importait la question de la jeune femme, les questions, les réponses et les explications pouvaient bien attendre ; seule comptait cette chaleur qui se réveillait enfin dans son cœur.  

Sans quitter le regard embué de son interlocutrice, il combla la distance qui les séparait pour la prendre dans ses bras, la serrer contre lui, sentir son corps et respirer ses cheveux, son odeur et s’assurer qu’elle était bien réelle, qu’il ne rêvait pas encore une fois.  

- Kaori tu m’as manqué, si tu savais…  

Elle ne savait pas comment réagir, elle restait inerte à son étreinte, elle en oublia jusqu’où elle se trouvait. Elle ne s’attendait pas à ça, pas à lui.  

- Gin ? Gin s’il te plaît, tu… tu me sers un peu fort.  

Il relâcha son étreinte mais sans rompre le contact physique, il fit glisser sa main le long du bras de Kaori pour atteindre la main de la jeune femme qu’il garda dans la sienne.  

- Excuse-moi.  

Un silence pesant s’installa entre eux. Ils ne se quittaient pas des yeux, se posant mentalement de nombreuses questions. Le mal aise de Kaori s’intensifia lorsqu’elle se sentit rougir sous le regard persistant de son client.  

- Comment vas-tu ? Prononcèrent-ils en même temps.  

Cela les fit sourire et rompit un peu la glace. Kaori en profita pour reprendre le contrôle de sa tête et de son corps, elle lâcha sa main.  

- Comme tu le vois, je vais bien.  

Kaori parla plus froidement qu’elle ne l’aurait voulu mais elle ne voulait pas être la première à rentrer dans les détails de sa vie. C’était lui qui était parti, c’était à lui de reprendre contact.  

- En effet oui et tu as grandi. Dit-il en la détaillant un peu plus.  

Elle n’avait pas réellement changé : toujours les cheveux courts, les yeux pétillants et expressifs, une douce aura pure et sensuelle s’émanait d’elle et qui devait toujours contraster avec son caractère impulsif.  

Elle n’était plus une enfant, elle était une femme, une belle femme.  

- Tu travailles ici ?  

- Oui. D’ailleurs si tu es là c’est que tu as besoin de costumes alors tu trouveras ce qu’il te faut ici, dit-elle froidement en désignant le rayon homme.  

Kaori le laissa là et reprit la direction de l’arrière-boutique.  

« Rester calme, respirer » qu’elle se répétait pour se donner le courage de s’éloigner de lui sans cris et sans larmes.  

Quel culot il avait ! Après 12 ans d’absence il lui sortait des banalités « Comment ça va ? Tu as grandi… tu travailles ici ? ». Elle n’en revenait pas, elle fulminait.  

- Kaori, attends !  

Gin l’avait rattrapée et la força à se retourner d’une pression sur le bras.  

- …  

- S’il te plaît, on peut parler ? On a du temps à rattraper.  

- Et à qui la faute ? S’emporta-elle un peu plus fort qu’elle n’aurait voulu, ce qui attira l’attention d’Eriko.  

Kaori enrageait mais elle se retint de faire un scandale ici dans la boutique de son amie.  

- Pas ici, je ne suis pas là pour discuter et rattraper le temps comme tu dis.  

- Très bien. Alors je te prends trois costumes et j’ai besoin d’une vendeuse pour m’aider à choisir. Tu peux faire ça ?  

Il voulait des costumes, soit il aurait ses costumes.  

- Bien, suis-moi; ce sera aussi rapide que ton départ.  

Il tiqua mais ne répondit pas.  

En un rien de temps elle lui choisit trois costumes entiers et différents, un noir, un gris et un blanc avec les chemises et cravates assorties. Elle n’allait pas se fouler pour lui si c’était tout ce qu’il trouvait à lui dire.  

- La taille doit être la bonne mais tu peux aller les essayer dans le salon derrière, lui dit-elle en lui laissant les costumes dans les bras.  

- Oui j'aimerais les essayer et je voudrais ton avis.  

Il sentit que Kaori était vraiment en colère contre lui et il y avait plus que ça mais il ne pouvait pas tout déballer là comme ça. Il voulait faire les choses correctement pour changer et elle méritait de vraies explications s’il voulait à nouveau faire parti de sa vie. Il ne voulait pas encore la perdre. Il lui faudrait plus de cinq minutes pour retrouver la Kaori qu’il avait laissé.  

Il voyait qu’elle hésitait mais il devait la convaincre.  

- Tu sais que je ne lâche pas le morceau comme ça et que je sais être très persuasif.  

Elle le jaugea. A quoi jouait-il ? Devait-elle accepter aussi facilement de l’écouter? Méritait-il une deuxième chance ?  

- Viens essayer tes costumes, dit-elle en se dirigeant vers le salon d’essayage.  

Elle lança un regard vers Eriko qui avait fini avec ses clients et qui se demandait ce qui se passait avec ce client. Kaori la rassura d’un regard et lui fit comprendre qu’elle lui expliquerait plus tard.  

Une fois dans le salon, Gin alla essayer le premier costume en cabine. Kaori avait l’œil, la taille était parfaite. Il ressortit et se posta devant elle. Elle était assise sur un canapé et semblait perdue dans ses pensées :  

- Qu’est-ce qu’il t’a dit à mon sujet ?  

Kaori releva la tête et soupira :  

- Toujours aussi direct.  

- Je n’aime pas perdre mon temps, tu devrais le savoir. Alors, vas-y je t’écoute.  

- Tu as été muté.  

- C’est tout ? Et ça t’a suffit.  

- Oui…  

Au début, cette explication lui suffisait et elle savait que Hide ne voulait pas s’étendre sur le sujet. Mais au fil des années, elle avait essayé d’en reparler avec son frère mais celui-ci lui disait toujours la même chose « laisse le passé où il est », lui faisant ainsi comprendre que pour lui ce sujet était clos et elle n’osait pas insister de peur de ré-ouvrir une blessure chez son frère car Gin avait été son meilleur ami à lui aussi. Kaori avait senti que Ginko était devenu un sujet sensible et elle se disait qu’un jour Hide lui raconterait tout mais il n’en avait pas eu l’occasion.  

La voix chaude et tranchante la sortit de ses réflexions :  

- Oui j’ai accepté une mutation mais contre mon gré.  

- … comment ça ?  

- Ton frère ne t’as pas dit que c’est lui qui m’y a poussé ? Il n’acceptait pas la concurrence alors il a fait en sorte que je ne le gêne plus.  

- Je ne te crois pas !  

- Et pourtant c’est la vérité.  

Kaori s’était levée et faisait face à cet homme, cherchant dans son regard le fin mot de cette histoire.  

- Ca n’a pas de sens ! Hide n’aurait jamais fait ça, on était une famille.  

- Tu n’étais encore qu’une enfant et tu ne savais rien de ce qui se passait à l’époque, Hide voulait tellement te préserver. Tu t’imagines sûrement que ton frère était un saint mais…  

Une gifle magistrale retentit dans la pièce.  

- Je t’interdis de parler de lui de cette façon ! Surtout qu’il n’est plus là pour se défendre !  

Gin attrapa fortement Kaori et la secoua pour lui faire réaliser ses propos :  

- Tu voulais savoir, non ? Il t’a rendu aussi moralisatrice que lui ! Nous étions en désaccord sur certains points et il refusait de l’admettre ! Alors il a jugé préférable de m’éloigner et je ne pouvais rien te dire, il a fait barrage ! Hide t’a cachée plus que tu ne peux l’imaginer et apparemment il me laisse porter le mauvais rôle !  

- Arrêtes, lâches-moi !  

Kaori se massa le bras avant de reprendre, des sanglots dans la voix :  

- Je ne veux pas t’écouter, quoique Hide ai fait ou dit, il devait avoir ses raisons. Et saches que jamais, dit-elle en pointant son doigt sur lui, jamais il ne t’a dénigré… il n’a jamais dit un mot plus haut que l’autre à ton sujet.  

Kaori était à bout de souffle, elle était déçue et en colère après son frère qui ne lui avait rien dit de ses tourments, après elle qui n’avait rien vu pendant ses années de cohabitation et après Gin qui fidèle à lui-même lançait ses bombes sans se soucier des dégâts causés.  

Gin était repartit se changer, il ne servait à rien d’insister dans cette voie. Hide avait bien joué son coup, il ne lui avait rien dit. C’était donc à lui de rectifier les choses mais avec Kaori tout lui échappait, il devait se reprendre.  

- Kaori ? Dit-il en sortant de la cabine, costumes en main.  

- Ca suffit Gin, je ne veux pas continuer cette discussion qui ne sert à rien.  

- Je ne voulais pas te blesser, mes mots ont dépassé ma pensée. Ce n’est pas comme ça que je voulais que ça se passe.  

- Moi non plus. Elle respira un grand coup et lança : tu prends ces costumes ?  

Elle voulait mettre de la distance entre elle et lui, son cœur ne supporterait pas un autre affrontement. En quelques minutes l’homme qu’elle avait aimé autant que son frère lui était apparut comme un étranger et avait cherché à détruire la mémoire de son frère tout ça sans explications réelles. D’un coup elle se sentait fatiguée.  

Sans attendre de réponse, elle retourna en boutique.  

Gin la suivit, cherchant un moyen de rompre ce silence.  

- Je te prends les trois costumes, dit-il comme si rien ne s’était passé.  

- Bien.  

Kaori encaissa les articles et les rangea dans des sacs à l’effigie de la boutique.  

Ses mains tremblaient et elle fuyait délibérément le regard de Gin. Quand cela concernait son frère, elle ne contrôlait plus ses émotions ni ses réactions et là, ils avaient dépassé une limite que Kaori ne soupçonnait même pas.  

- Tiens, dit-elle en lui tendant les paquets.  

- Kao… tenta-t-il  

- Non Gin, va-t-en s’il te plait…  

Il n’insista pas et pris les paquets.  

Un dernier regard sur la jeune femme le conforta dans sa décision.  

Il s’en alla avec ses regrets mais aussi avec un nouvel espoir que les choses changent encore.  

Kaori avait besoin de s’asseoir. La tension redescendait dans son corps et elle laissa libre court à ses larmes. En quelques instants sa vie venait d’être bousculée. Elle avait du mal à réaliser ce qui venait de se passer, elle ne se reconnaissait pas dans ce comportement si distant et agressif, elle qui était généralement réservée, elle avait laissé sa colère, sa peine et sa déception réagir face à l’attitude désinvolte et hautaine de cet homme.  

Et pas par n’importe quel homme : Ginko Nagao, un des rares hommes capables de lui faire ressentir autant d’émotions distinctes en si peu de temps. Elle pensa aussitôt à Ryô, Mick et Hide, qui avaient le don particulier de la mettre en colère en un claquement de doigt. Et Hide, s’il était encore là, comment aurait-il réagit ?  

Apparemment Gin n’avait pas changé sur un point : il n’aimait pas perdre la face et ne cédait devant rien. Elle soupira.  

Où était le jeune homme qu’elle avait connu ? Comment avait-il pu devenir cet homme ? Avait-il toujours été ainsi ?  

Elle qui avait toutes ses années espéré le revoir, venait de voir ses illusions éclater. Comment en étaient-ils arrivés là ?  

Ils n’avaient plus rien en commun. Ses souvenirs se confrontaient à cette réalité et ils ne semblaient pas compatibles.  

Si seulement Hide était encore là, il lui expliquerait pourquoi, elle aurait pu comprendre ce qui les séparait aujourd’hui. Hide les unissait tous les trois et maintenant même sans être là, il les éloignait.  

Elle devait se faire une raison, le Ginko qu’elle connaissait ne ferait plus parti de sa vie. Il était son passé et maintenant, pouvait-il encore s’accorder avec son avenir qu’étaient ses amis et Ryô ?  

Penser à eux lui rendit son sourire. 

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