Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm, Usakisa

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 23 capitoli

Pubblicato: 16-03-09

Ultimo aggiornamento: 24-10-09

 

Commenti: 247 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: Quand la vie vous offre une seconde chance.......

 

Disclaimer: Les personnages de "Une nouvelle vie qui commence" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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What does HFC mean?

 

It's the name of the web site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Une nouvelle vie qui commence

 

Capitolo 18 :: La chasse est ouverte

Pubblicato: 26-07-09 - Ultimo aggiornamento: 26-07-09

Commenti: Coucou! Voici un peu de lecture, après un travail intensif c'est encore plus long lol. Un gros BISOU à Didy, la petite puce adorée et à Cris pour son ardeur à la tâche, MILLES MERCI MISS. Bonne lecture à tous et à toutes, bisouss!!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23


 

Une Mini grondait dans les rues de Tokyo, destination la gare de Shinjuku. Le ciel s’assombrissait au fur et à mesure de la cavalcade de l’automobile.  

Ryô fixait la route droit devant lui sans prêter attention aux gens et aux feux de signalisation. Il n’avait plus de temps à perdre. Une main cramponnée sur le levier de vitesse et l’autre qui jouait frénétiquement avec la clef donnée par Saeko, le nettoyeur ne pensait qu’à une chose : Qui ? Qui pouvait aller si loin et dans quel but ? Quel qu’il soit et où qu’il soit, Ryô le retrouverait. Il vengerait son amie restée entre la vie et la mort. La justice était peut-être impuissante et aveugle face à ce qu’elle avait crée mais pas lui. Alors il se ferait le juge, le jury et le bourreau en son nom, trancha-t-il en serrant son poing à s’en imprégner la forme de la clef dans sa chair.  

 

Il klaxonna de colère et évita de justesse un piéton téméraire qui n’eu juste que le temps d’atteindre le trottoir alors que la Mini grillait encore un feu.  

Ryô pila juste devant la gare et sorti du véhicule pour s’élancer dans l’enceinte du bâtiment.  

 

- Vous n’avez pas le droit de vous garer là ! Apostropha un bagagiste.  

 

Un simple regard sans âme foudroya l’imprudent qui retourna bien vite à ses affaires.  

Ryô courait dans la gare à la recherche de ce fameux casier sans prêter attention au trouble que son allure éveillait dans le public. Ses mains noires de sang séché et son regard furieux, le tout renforcé par une aura orageuse lui donnait des airs de criminel en fuite.  

 

Il trouva le boitier de métal et y inséra immédiatement la clef. Le casier ne contenait rien d’autre qu’une grande enveloppe en papier kraft. Il la saisit et la soupesa. Son nom était inscrit dessus. L’envie de l’ouvrir le démangeait mais il s’aperçut à ce moment des murmures grandissants dans son dos. Un tour sur lui, lui fit prendre conscience qu’il était devenu le point de mire de l'agent de sécurité de la gare et l’objet de l’inquiétude des passants. Voyant l'homme se diriger vers lui, il décida qu'il valait mieux de ne pas s’attarder plus longtemps dans ce lieu public. C’était donc avec la même hâte qu’il regagna sa voiture qu’il fit rugir en démarrant.  

 

Arrivé chez lui, Ryô jeta sa veste sur le canapé. Déposant son colis sur la table, il se rendit vers le bar pour se servir un verre. La boisson en main, il guetta l’objet inerte qui semblait le narguer et le défier d’oser découvrir ce qu’il contenait.  

 

S’asseyant sur le canapé et avalant une rasade du liquide brin, Ryô ressassait l’évènement clef de cette journée : la fusillade. Malgré lui, le pire s’était encore produit et sous ses yeux cette fois. A croire que la fatalité le poursuivait.  

Décidément cette journée ne se déroulait pas du tout comme il l’avait imaginé, d’abord cette apparition puis ça.  

Quelqu’un là-haut ne voulait vraiment pas le laisser tirer sa révérence sans avoir mener à bien cette dernière mission. Il en serait donc ainsi et levant son verre vers le ciel en signe d’assentiment, Ryô promit de terminer cette mission spéciale et de triompher quoi qu’il lui en coûte. Il en faisait une question d’honneur. A partir de cet instant précis cette histoire devenait son problème à lui et à personne d autre. Il allait le régler à sa manière. Autant Saeko persistait par principe qu’un flic se devait de servir son prochain, pour lui sa devise était « Rend au centuple le mal que l’on te fait ». Une force supérieur voulait que l’Ange de la Mort se réveille et bien soit, il serait exhumé une dernière fois. Il vengerait son amie. Ryô débusquerait ce monstre responsable de se désastre et lui ferait payer d’avoir osé toucher à sa famille.  

 

Reposant son verre et reportant son attention sur l’enveloppe, il l’ouvrit. Sur la table se déversa une cassette vidéo et un dossier assez épais. Aucune indication apparente sur la cassette mais ça semblait être une vidéo de surveillance vu le modèle. Ryô ouvrit le rapport et une page manuscrite s’en échappa. Il reconnut l’écriture de son inspectrice de charme.  

 

Cette feuille était gribouillée de diverses annotations : la date des meurtres des deux hommes au chantier, celle de l’incendie de l immeuble d’Eriko, à moins d’une semaine d’écart. Les noms de Hide et Kaori étaient entourés et reliés à un troisième nom : Ginko Nagao. Ce schéma était ponctué d’un point d’interrogation. Alors c’était lui le suspect ? Quel lien l’unissait à la famille Makimura ? Est-ce qu’ils se connaissaient ? Etaient-ils proches ? Une note sur le côté de cette page l’intrigua : Comment ont-ils pu être amis ? De toute évidence Saeko aussi se posait la question, comme une énigme à résoudre. Etait-ce cela qu’elle avait voulu lui dire avant de sombrer ?  

 

Quelques lignes supplémentaires lui signifiaient qu’en trois mois de recherches, l’inspectrice avait pu réunir de maigres informations sur cet homme. Au vu de sa haute fonction dans la police, son identité et sa vie étaient protégées mais elle avait réussi à en apprendre un peu en sacrifiant quelques services.  

« Et même plus » pensa tristement Ryô.  

 

Elle ajoutait que pour la cassette, elle avait suivi une intuition suite à la découverte d’un possible lien entre Hide et Ginko. Elle ne savait pas où cela la mènerait mais elle ne voulait pas laisser une piste éventuelle de côté. Saeko avait visionné toutes les cassettes de surveillance à part celle-ci.  

« Déformation professionnelle ou intuition féminine ? Saeko voyait le crime partout », pensa Ryô en souriant.  

 

Mais il culpabilisa aussitôt à cette pensée car même lui n’avait pas cherché plus loin que le rapport des experts pour ce drame. Pendant sa descente aux enfers, Ryô n’avait pas songé une seule fois qu’il n’était pas le seul à souffrir et que malgré tout, le monde autour continuait de tourner. Saeko avait œuvré seule dans cette enquête sans même lui faire part de ses suppositions. Elle avait agit seule cette fois et avait payé le prix fort pour sa loyauté et sa persévérance dans son métier. Et lui qu’avait-t-il fait ? Il n’avait pas su être là pour ses amis. Il avait renoncé.  

 

Ryô mit la cassette de côté et commença la lecture des quelques documents. Il avait enfin un nom : Ginko Nagao. Il n’y avait cependant aucune photo, rien dans le dossier permettant de mettre un visage sur cette identité. Il y avait des rapports sur des meurtres non résolus qui s’étalaient sur une dizaine d’années, apparemment sans liens entre eux. Si ce type en était l’auteur, pas étonnant qu’il ait lancé un contrat sur Saeko. Elle avait fait une recherche largement approfondie et forcément gênante. Le peu d’informations sur lui concernait ses classes d’officiers qu’il avait faites. Ryô remarqua de suite que c’était à la même époque que Hide. Son adresse de cette période correspondait aussi au quartier de son ancien partenaire. D’une manière ou d’une autre Hide et lui devait se connaître. Kaori le connaissait-elle aussi ? Ryô en arrivait aux mêmes hypothèses que l’inspectrice. Il y avait un lien mais lequel ?  

 

En tout cas cet homme avait de sacrés états de service. Il y avait le double d’une candidature pour entrer dans les forces spéciales. Son « C.V. » était intéressant. Cela expliquait pas mal de choses sur le sujet. C’était un adversaire à sa mesure, organisé et redoutable. Ryô s’en réjouissait d’avance, sa quête n’en aurait que meilleure saveur. Jusqu’à quel point Hide le connaissait-il ? Et Kaori ? Rien que le fait d’imaginer Kaori en compagnie de ce genre d’hommes mettait Ryô dans tous ces états.  

Il soupira, finalement cette enveloppe lui apportait plus de questions que de réponses.  

Si les officiels n’avaient pu en dire plus à Saeko, Ryô mettrait tous ses indics sur le coup. Et Il les aurait ces réponses.  

 

Attrapant la cassette, Ryô se leva pour la mettre dans le magnétoscope.  

S’arrêtant subitement, il s’immobilisa devant le téléviseur, ou du moins ce qu’il en restait. Il avait complètement oublié qu’il avait explosé l’appareil dans son moment de folie de ce matin.  

Il ragea contre lui-même d’être aussi précipité dans ces actes. Il lui fallait une télé. Il réfléchit aussi vite que possible et se rappela que Kaori en avait une dans sa chambre. Cela datait de son seizième anniversaire, un cadeau de son frère pour qu’ils n’aient plus à se chamailler sur les programmes, lui avait-elle raconté. Pourvu que lors du rangement, Miki et Kazue ne l’aient pas déplacée.  

 

Ryô se retourna vers l’escalier et alors qu’il prenait pied sur la première marche la sonnerie du téléphone résonna dans la pièce. A la deuxième sonnerie, Ryô hésita à décrocher puis se ravisa. Le répondeur prendrait le message si c’était important. Il continua à gravir les marches quand la voix de Mick sur l’appareil l’interpela :  

 

- Ryô ? Ryô, décroche ! Mais où es-tu bon sang ?! … c’est pour te dire que Saeko est toujours au bloc… Doc fait son possible mais ça risque d’être long… si tu as besoin, on reste tous à la clinique alors appelles-nous et… fais pas de connerie mon vieux…  

 

Fin du message.  

 

Ryô bouillonnait intérieurement. Sa main crispée à la rambarde, il se retenait férocement pour ne pas s’écrouler. Il devait tenir le choc. Il se sentait tellement fautif de ce qui c’était joué sous ses yeux. Il aurait dû sentir le danger mais encore une fois il avait failli. Ce serait la dernière fois qu’il ferait une telle erreur.  

 

Reprenant ses esprits, il entra sans ménagement dans la chambre de sa partenaire et débrancha le petit téléviseur resté sur la commode pour l’emmener au salon.  

Une fois en bas, il échangea les postes et fit les branchements. Il inséra la cassette et attrapa la télécommande.  

 

L’image n’était pas nette car l’écran de ce téléviseur était ridiculement petit mais très vite il reconnut l’endroit : la boutique d’Eriko, la date et l’heure était affichée au bas de l’écran.  

Il se rapprocha du téléviseur, hypnotisé par ce qu’il voyait. Kaori, sa partenaire, était là à s’activer dans le magasin avec son amie. Ryô mit en accéléré : le va et vient des filles et des clientes. Puis il remit la lecture normale, un homme en costume venait de faire son entrée. Eriko était occupée et c’était Kaori qui s’en chargeait. Il n’y avait pas le son mais Ryô n’eut aucun mal à deviner le malaise puis la colère de sa partenaire vis-à-vis de cet homme. Ils se connaissaient. Ils se connaissaient même bien vu leur réaction. Kaori l’avait entrainé dans le salon d’essayages et là les choses s’étaient envenimées. Cette ordure avait osé poser ses mains sur elle. Ils se disputaient. A quel sujet ? Pourquoi ne lui en avait-elle pas parlé? Ryô laissa défiler la bande jusqu’au départ de l’intrus et à la suite il se vit rentrer dans la boutique. Il se souvenait que justement il avait trouvé Kaori perturbée ce jour-là. Serrant les poings de colère il se reprochait de ne pas avoir cherché plus loin ce jour-la. Pourquoi n’avait-il donc pas insisté pour connaître la raison de son état ? Pourquoi !! POURQUOI !!!!! Comme à son habitude il avait dévié le sujet en faisant le pitre. Il avait évité délibérément tout sujet pouvant mener à une conversation plus intime, à l’engager émotionnellement face à sa partenaire. Le pire était qu’il se souvenait avoir croisé cet homme ce jour-là. Si seulement il avait su.  

 

Ryô mit pause sur l’image de Kaori : son regard était craintif malgré son sourire qui se voulait rassurant. Pourquoi avait-elle agi ainsi avec lui ? Qui était cet homme qu’elle lui avait volontairement caché ? Il ne le saurait sûrement jamais. Instinctivement Ryô porta sa main à l’écran pour caresser du bout des doigts l’image floue de sa partenaire. Déçu qu’elle ne lui ait pas fait confiance à ce moment.  

 

Ryô était face à un casse-tête avec cette enquête. D’un côté ce super flic sans limites et de l’autre cette rencontre déstabilisante pour Kaori. Etait-ce le même homme ? L’intuition de Saeko était-elle la bonne ? Etait-il responsable de la mort de Kaori ? La tête posée contre l’écran Ryô avait un mauvais pressentiment. Tout son être lui criait cette évidence : Kaori avait été assassinée. Pourtant rien n’allait en ce sens alors pourquoi cette impression ne le quittait pas depuis qu’il avait pris connaissance du dossier ?  

 

Rageusement il se leva et prit sa veste, il était temps d’ouvrir les portes du passé. Direction le quartier où avaient vécu Hide et Kaori, la dernière adresse connue de ce Ginko.  

Déboulant dehors, Ryô se rendit compte que la nuit été tombée. Il ne pouvait décemment pas se rendre à une heure aussi tardive chez des inconnus et surtout pas dans cette tenue : les vêtements en chiffon et les mains encore couvertes de sang. Il faisait peur à voir.  

A regret et en rogne de devoir remettre ça au lendemain, Ryô remonta chez lui.  

 

Directement il alla à la salle de bain. Après une longue douche pour tenter de se détendre, il se planta devant le lavabo et attrapa un rasoir. En quelques gestes, il effaça sa barbe pour refaire peau neuve.  

Ce fut simplement habillé d’une serviette, qu’il descendit au salon pour guetter encore et encore l’image de sa partenaire.  

Le sommeil ne vint pas de toute la nuit. Ce fut en compagnie d’une bouteille de whisky qu’il ressassa tous ces éléments qui ne le menait à rien. Lisant et relisant les rapports. Cherchant le lien, le détail qui ferait la différence, les yeux toujours rivés sur le téléviseur. Sans comprendre pourquoi, Ryô sentait une pression l'envahir comme si une chose cruciale ne dépendait que de lui. Pourtant il n'avait plus rien à perdre et personne entre ce Ginko et lui. Même une pause à tirer sur des cibles en carton ne fit pas taire cette sourde angoisse.  

 

La nuit s’étirait au grand dam de Ryô qui tournait comme un lion en cage dans l’appartement.  

Aux premiers rayons du soleil, Ryô s’habilla et quitta son antre.  

 

Vu l’heure matinale, le quartier était calme. Ryô devait trouver quelqu’un qui serait susceptible de le renseigner sur les Makimura. Il s’en voulait de pénétrer ainsi dans leurs vies privées mais il avait besoin de savoir. Longeant la rue, il vit une ancienne demeure où un vieil homme installé sur le perron semblait attendre que le temps passe. Ryô se gara juste devant cette maison.  

 

- Bonjour Monsieur. Pourriez-vous me renseigner ?  

 

Un hochement de tête paru être une réponse qui incita Ryô à s’avancer.  

 

- Voilà, je cherche à retrouver un vieil ami : Hideyuki Makimura.  

 

L’octogénaire détailla l’arrivant des pieds à la tête sans aucune gêne.  

 

- Vous êtes quoi ? Un flic, quelque chose comme ça ?  

 

Ryô sourit à cette remarque :  

 

- Quelque chose comme ça, oui.  

 

Le vieil homme le sonda un instant avant de reprendre :  

 

- Oh mon pauvre jeune homme, je suis navré mais il est mort.  

 

Ryô feignit la surprise à cette nouvelle et demanda :  

 

- Je suis navré de l’apprendre… mais qu’est devenue sa sœur ?  

 

- La petite est partie du jour au lendemain. Trop de souvenirs pour elle. Je l’ai vu grandir vous savez. Un sacré caractère mais d’une gentillesse. Cette enfant était un ange, son frère l’élevait mais avec elle le travail était mâché. Ils n’étaient pas réellement frère et sœur, vous savez, mais y avait aucune différence à ce point de vue là.  

 

Ryô acquiesça d’un air entendu. Le vieil homme en savait des choses et il avait la parole facile, une fois mis en confiance.  

 

- Ils avaient des amis par ici ?  

 

- Oh ils étaient plutôt discrets et sans histoire. Je sais qu’ils étaient toujours avec un autre jeune homme. Comment il s’appelait déjà? Il habitait le bout de la rue… la petite le considérait presque comme un autre frère… oh, attendez ça va me revenir… Gi… Ginko ! De la mauvaise herbe celui-là, ça se sentait malgré ses airs de petit prince ! Rien avoir avec Hideyuki, le jour et la nuit mais ils s’entendaient bien et tous les deux sont rentrés dans la police. Il l’a remis sur le droit chemin car c’était un phénomène : bagarreur et mauvais perdant. Mais lui aussi est parti. Pour tout vous dire ça n’avait rien d’étonnant car y a des choses qui trompent pas. Ginko n’avait pas que des attentions fraternelles, si vous voyez ce que je veux dire et Hideyuki a finit par s’en rendre compte, ça les a brisés. Il a fait ce qu’il fallait pour protéger la petite. La petite a été très malheureuse vous savez, je ne crois pas qu’elle savait. En tout cas après la mort de son frère elle a bien fait de partir, on sait jamais si l’autre était revenu.  

 

Au fur et à mesure de son monologue, le vieil homme balançait sa tête d’un air désolé de la tournure des choses. Ryô venait d’en apprendre plus qu’il ne pensait trouver. Hide connaissait cet homme intimement. Ils avaient été amis. Hide avait agi avec ce Ginko comme avec lui : le faire entrer dans sa famille, lui faire confiance mais les choses lui avaient échappées. Et pourtant l’ancien policier avait continué à croire au genre humain puisqu’il lui avait tendu la main à lui aussi. Quand il lui avait confié Kaori, était-ce à cet homme qu’il pensait ? Etait-ce de lui qu’il fallait la protéger ? Décidément Ryô n’avait rien compris à cette promesse qu’il n’avait pas réussi à respecter. Il avait l’impression de l’avoir trahi.  

 

- Auriez-vous une photo de cet homme ? Se hasarda-t-il à demander.  

 

- Oh, je dois avoir ça quelque part. Attendez.  

 

L’homme disparut dans sa maison pour revenir presqu’aussitôt avec un album dont il tournait déjà les pages.  

 

- Tenez, c’était à une fête de quartier y a une dizaine d’années. Cela ne me rajeunit pas, ironisa le vieil homme.  

 

Ryô prit la photo qu’il inspecta : il reconnut Hide et Kaori qui dansaient en souriant au milieu de la foule et pas très loin d’eux se tenait un autre jeune homme qui les regardait avec envie. La photo n’était pas très nette mais Ryô pouvait distinguer les traits, suffisamment pour se faire une idée.  

 

C’était lui. L’homme de la cassette. Ryô sentit son sang battre à ses tempes et son cœur s’accélérer, un long frisson parcouru son échine. Il n’y avait aucun doute possible. Tout ce mettait en place. Ryô comprenait qu’encore une fois Kaori l’avait protégé de cet individu car elle savait le danger qu’il représente pour City Hunter, pour lui. Elle avait préféré taire cette rencontre pour ne pas l’inquiéter. Il revoyait la scène de la boutique, Kaori et cet homme. C’était comme une brebis entre les griffes d’un loup.  

Saeko avait vu juste pour l’incendie, ce Nagao y était sûrement pour quelque chose. Kaori avait-elle découvert sa vraie nature ? Etait-elle devenue une gêne pour cet homme ? Ryô enrageait contre ces questions qui ne trouvaient pas de réponses précises. Il regrettait amèrement que cela se soit passé sans qu’il n’en sache rien.  

 

Le vieil homme avait continué son récit sur le quartier qui avait bien changé et les gens qui étaient trop pressés. Ryô demanda à garder le clicher et le remercia avant de reprendre sa voiture.  

 

Il avait un visage, enfin il avait un profil. Cet homme se débarrassait de tout ce qui pouvait lui nuire même de loin. Il n’avait aucun scrupule ni d’états d’âme à tuer, du moment qu’il atteignait son objectif. Ryô connaissait ce genre d’hommes pour en avoir fait parti lui aussi, dans une autre vie avant sa rencontre avec Hide, avec Kaori.  

 

Ryô savait à présent vers qui lancer ses indics. Il passa le reste de la journée à en faire le tour. Docilement chacun accepta de relever le défi de retrouver cet homme. Car City Hunter ne laissait pas le choix et insistait bien sur le fait qu’il ferait de leur vie un enfer si personne ne lui ramenait une info digne de ce nom.  

 

Les jours suivants furent interminables pour Ryô qui oscillait entre entrainement et attente. Il contenait avec peine cette rage qui s’accentuait d’heure en heure. Au vu des messages laissés sur le répondeur, les nouvelles de Saeko n’étaient pas joyeuses, l’intervention avait été longue et difficile mais le Doc se refusait à tout pronostic. L’inspectrice restait sous respiration artificielle.  

A la nuit tombée Ryô se rendait, comme un voleur, à son chevet. Il ne voulait voir personne d’autre. Chaque nuit il entrait dans la chambre en silence et observait la machine tenir en vie son amie. Saeko devenait la confidente involontaire des lamentations muettes du nettoyeur.  

Pas un jour de cette semaine ne passa sans que Ryô harcèle et menace ses indics du pire s’ils ne venaient pas à le satisfaire au plus vite sur cette recherche. La rumeur courait que l’Ange de la Mort était de retour et qu’il avait soif de vengeance. Tous tremblaient à l’idée que le nettoyeur ne passe sa rage sur l’un d’entre eux.  

 

Enfin le téléphone sonna. Enfin une adresse : Osaka. Ginko devait s’y rendre d’ici peu.  

 

Avant de partir, Ryô ne dérogea pas à son rituel de visiter l’inspectrice et pour la première fois il lui adressa la parole :  

 

- Je l’ai trouvé. Tu m’entends Saeko, bientôt il ne sera plus qu’une vielle histoire. On va faire un pacte tous les deux : moi je l’attrape et nous en débarrasse et toi, tu t’accroches… je ne le laisserais pas gagner si tu en fais de même…  

 

Un dernier regard sur l’endormie, Ryô sortit de la chambre aussi discrètement qu’il était entré. Il prit la route au cœur de la nuit avec pour seule compagne, sa hargne de pouvoir enfin goûter au sang de son ennemi. Silencieusement, il fit ses adieux à sa ville et à ses amis car la route qu’il prenait était un aller simple pour l’enfer. Après son obsession assouvie, il rejoindrait Kaori et serait enfin en paix.  

 

 

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Dans la grande demeure à Okinawa, le silence régnait en maître. Depuis leur affrontement, pour Kaori les jours passaient sans se différencier les uns des autres.  

Elle restait isolée dans sa chambre sans même répondre lorsque Gin venait lui apporté de quoi se restaurer. Elle se remémorait sans cesse ce qui c’était passé quelques nuits plus tôt.  

 

Gin lui avait montré un côté de lui qu’elle ignorait : froid et violent. Elle avait aussi découvert avec effroi que Hide était ici. Pourtant il était mort depuis si longtemps. Est-ce que Gin aurait fait déplacer le corps pour elle ? C’était à l’encontre des volontés de son frère car Tokyo était sa ville. Hide ne devrait pas être ici et elle non plus. Cette évidence la gifla de plein fouet.  

Elle n’arrivait même plus à trouver le repos. Dès qu’elle fermait les yeux, des images floues et indescriptibles s’imposaient à elle. Elle faisait des cauchemars de plus en plus forts et violents où tout ce brouillait. Gin, Hide, elle et un autre homme dont elle ignorait tout, dont le visage restait imperceptible. Avait-il un lien avec son passé ? Son esprit semblait vouloir la guidée sur cette idée mais Kaori avait peur. Peur de croire et d’espérer en quelque chose qui ne serait que dans sa tête.  

 

Kaori regarda son poignet encore endolori, un bandage avait été posé avec soin.  

Gin avait qualifié ce qui c’était passé cette nuit-là de « dispute ». Il était revenu la chercher avec un calme déconcertant, comme si de rien était. Elle l’avait laissé faire, ne voulant pas subir encore une colère injustifiée. Elle avait la terrible sensation d’avoir à faire face à un inconnu dénué de tout sens moral et d’humanité. Elle était apeurée par ce qu’elle découvrait chez son « ami ». Les années pouvaient-elles changer à ce point une personne ou l’était-il déjà avant ? Elle tentait de se souvenir de leur passé commun pour y entrevoir un signe qu’elle n’aurait pas vu mais jamais il ne s’était montré aussi vindicatif et cruel envers elle. Ce qui la terrifiait le plus était qu’il pouvait changer de visage en un instant sans crier gare. Elle ne savait pas comment réagir. A l’écouter il les voyait, elle et lui, comme un couple : ils avaient eu une dispute, rien d’anormal pour lui. A croire même que c’était elle qui l’avait provoqué puisqu’il lui avait dit être prêt à lui pardonner ses mots.  

 

Son cœur s’emballa et elle prit un comprimé.  

 

Le flacon toujours en main, elle le regardait sans le voir. Son attention fut attirée par l’étiquette : composition du médicament. Elle ne comprenait pas ce vocabulaire technique et médical mais elle reconnut qu’un des composants était de la morphine. N’était-ce pas contre indiqué pour une ancienne droguée comme elle ? N’était-ce pas remplacer une addiction par une autre ? Etait-elle seulement ce qu’il avait dit ? Une multitude de questions l’assaillirent. Et si tout cela était faux ? Elle avait toujours cette sensation que quelque chose n’allait pas, il fallait qu’elle trouve quoi. De toute façon elle ne pouvait s’échapper, elle avait déjà tenté mais Gin semblait anticiper ses moindres mouvements. Se pourrait-il qu’il l’observe à son insu ? Kaori détailla sa chambre, cherchant quelque chose qu’elle ignorait.  

Elle mit la chambre sans dessus dessous et elle finit par trouver : un petit objectif avait été placé dans la lampe de chevet donnant un angle sur toute la pièce où qu’elle soit. De colère Kaori détruisit l’appareil et se dirigea vers la porte. Elle tomba nez à nez avec Gin.  

 

- Sur quoi d’autre m’as-tu menti ?! Qu’as-tu fait ?!  

 

Elle le regarda droit dans les yeux en signe de défiance, déterminée à connaître la vérité.  

Gin pouvait ressentir toute la colère et la déception de la jeune femme. Où avait-il donc échoué avec elle ? Ce n’était pas l’affrontement qu’il cherchait avec elle.  

 

- Tu es fatiguée. Je vais te donner une autre chambre, dit-il après avoir jeté un œil sur la pièce saccagée.  

 

- Tu crois que c’est d’une autre chambre dont j’ai besoin ? Je veux des réponses Gin et je les veux maintenant !! Cria-t-elle en lui martelant le torse.  

 

Gin lui attrapa les poignets ce qui réveilla la douleur du membre endolori de Kaori. Elle se défit de son emprise et recula dans le couloir pour mettre de la distance entre eux.  

 

- Je suis malade, fatiguée, que sais-je encore ? Mais tu ne me feras pas croire que tout va bien ! Je te faisais confiance !! Hurla-t-elle en lui lançant la boite de comprimés au visage.  

 

- Je n’ai pensé qu’à toi ! Je l’ai fait pour nous ! Je t’aime Kaori ! S’énerva Gin.  

 

Cet aveu meurtri le cœur de la jeune femme. Kaori comprenait que Gin attendait d’elle cet amour qu’elle destinait à un autre. Devant elle se dressait un homme fier et conquérant, ne reculant devant rien pour obtenir gain de cause même avec elle. Il adaptait la réalité à ses envies. Gin n’était plus son frère tendre et compatissant. Il s’était perdu en chemin. A cet instant elle le voyait réellement : C’était un homme seul, perdu et en souffrance. Quel homme pouvait vivre normalement sans amis, famille et amour ?  

Kaori ressentait son manque, mais pouvait-elle l’aider ?  

 

- Ce n’est pas moi que tu aimes mais l’idée que tu te fais de nous. Mais il n’y a pas de « NOUS » !!! Tenta-t-elle de lui faire réaliser alors que ses larmes coulaient sur ses joues. C’est pour ça que tu es parti ? Quel gâchis ! On était une famille, qu’est-ce que tu as été croire ?!!! Hurla-t-elle.  

 

- Je croirais entendre ton frère ! Toujours cette morale ! Aucun lien de sang ne nous uni, plus rien ne nous empêche de nous aimer ! Hide était jaloux de…  

 

Une gifle magistrale fit taire la voix grave de l’homme.  

A l’évocation de son frère, Kaori n’avait pas réfléchi et le coup était parti :  

 

- Quoi que Hide ait fait, je t’interdis de parler de lui ainsi ! Tu ne lui arrives pas à la cheville ! Tu ne respectes ni les vivants ni les morts… il a su voir que tu n’es qu’un monstre !  

 

Malgré elle, les larmes coulaient toujours sur ses joues teintées par l’émotion. Si seulement, Hide et lui, lui en avait parlé. Jamais elle n’aurait pensé être la cause de leur séparation. Elle aurait su faire comprendre à Gin qu’il se méprenait. Elle aurait essayé de garder cet équilibre. Elle était en colère contre son frère, contre elle et contre Gin.  

 

Gin sentit une rage sans précédent monter en lui. Il amorça un pas vers Kaori et instinctivement elle recula encore.  

 

- Kao, je ne te veux pas de mal, tenta-t-il alors que tout son corps exprimait le contraire.  

 

- C’est trop tard… tu as été trop loin. Je ne te reconnais plus…  

 

Kaori le regarda une dernière fois avant de prendre la fuite dans le couloir.  

Elle courait aussi vite que possible, son sang battant à ses tempes. Elle dévala les escaliers et franchit les derniers mètres qui la séparaient de la porte d’entrée. Verrouillée. Kaori ragea contre la cloison. Elle se sentait prise au piège. Jetant un regard autour d’elle, elle vu que le bureau était ouvert. Elle pouvait sortir par la porte fenêtre de cette pièce, elle y pénétra.  

 

- Je ne ferais pas ça si j’étais toi !  

 

Kaori avait à peine posé sa main sur la poignée que Gin arrivait après elle. Il n’y avait que le bureau entre eux.  

 

- Laisse-moi partir ! Lui ordonna-t-elle.  

 

- Pour aller où ? Il n’y a plus que toi et moi Kaori.  

 

Gin parlait avec un calme terrifiant. Sûr de lui.  

 

- Dis-moi j’avais une vie avant toi ! Quelqu’un doit me chercher ?  

 

- Non, fais-toi une raison. Il n’y a plus personne maintenant qui puisse se mettre entre nous. Dit-il en contournant le meuble de bois.  

 

Gin put jouir de l’effet de cette information et voir ainsi le visage de sa captive se décomposer sous le choc de cette nouvelle. Il en avait eu confirmation quelques heures plus tôt. Il était enfin libre de tous mouvements sans que rien ni personne vienne l’inquiéter. L’inspectrice qui planait comme une ombre sur ses plans avait été réduite au silence par des hommes de mains que Gin avait sous sa coupe. Il allait enfin pouvoir reprendre son activité favorite : se jouer de ceux qui croyaient tenir le monde entre leurs mains. Il jubilait à cette idée, il avait un besoin pressant de se sentir maître à nouveau des choses. Ses yeux verts se durcirent pour scruter la jeune femme frêle qui était à sa merci. Il savait ce qui lui restait à faire.  

 

Kaori s’était paralysée sous ses propos. Gin avait fait le grand ménage autour d’elle et dans son passé. Tout se mettait en place : l’incendie, sa prétendue maladie. Elle avait tout perdu. Il était fou. Qui était-il ?  

Avant de réaliser qu’il était auprès d’elle, Kaori sentit une main ferme l’empoigner. Elle était anéantie.  

Gin la força à le suivre.  

 

- Tu ne me laisses pas le choix. En attendant que tu retrouves la raison, je vais devoir t’enfermer pour ton bien.  

 

Il actionna un petit bouton dissimulé sous le bar et une trappe s’ouvrit derrière le comptoir.  

 

- Descend !  

 

- Gin, ne fais pas ça ! Il y a forcément une autre solution, osa-t-elle en cherchant un moyen de se défaire de son étreinte.  

 

- Si tu es prête à accepter ce que je veux t’offrir…  

 

- JAMAIS !! Je ne t’appartiendrais JAMAIS !! Je te déteste !!! Lui cracha-t-elle au visage alors qu’elle attrapait une bouteille comme arme de défense.  

 

Sans difficulté, Gin la désarma de son arme de fortune. La dominant de toute sa prestance, il la rapprocha de lui jusqu’à sentir le souffle saccadé de sa prisonnière.  

 

- Je ne peux pas te garder ici tant que tu auras ce comportement. Descend !  

 

Kaori obtempéra. Gin était à la limite de sa patience et elle n’était pas de taille à l’affronter directement.  

 

Le passage menait sous la maison. Un dédale de tunnels avait été aménagé. Gin en fit l’éloge à sa captive, heureux d’avoir eu la bonne idée de rénover cet endroit caché. Une porte de sortie au cas où. Il fallait tout prévoir disait-il. Cette sécurité datait de la guerre et avait permis aux anciens occupants de fuir lors d’une attaque. Il avait découvert ce passage en étudiant les plans de la maison. Il y avait de quoi se perdre, certains chemins étaient un leurre et l’éclairage était minime. Au bout d’un certain temps qui parut une éternité pour Kaori, ils arrivèrent à un prolongement qui débouchait directement sur la mer. Kaori put voir un zodiac amarrer à la sortie.  

 

- Où m’emmènes-tu ?  

 

- Ne t’inquiètes pas, tu ne quittes pas la maison. Entre !  

 

Ils se trouvaient à une dizaines de mètres de la sortie quand Gin lui signala une entrée dans la paroi. Une cellule, voilà ce que c’était. Un lit et des caisses y étaient entreposés. Une petite fenêtre à barreaux laissait filtrer la lumière du jour avec une vue sur l’océan. Elle regarda le bateau mais Gin ne la lâchait pas.  

 

- Tu ne vas pas me laisser là ? Dit-elle en pénétrant fébrilement dans la pièce.  

 

L’air y était froid et humide. Kaori sentit le vent glacial s’engouffrer dans sa chemise de nuit trop légère pour sa nouvelle condition.  

 

- Tout dépendra de toi mais tu as besoin de réfléchir au calme à tout ce que je peux t’apporter. A toi d’être raisonnable.  

 

En reculant dans ce minuscule espace, Kaori sentit quelque chose lui frôler la jambe.  

 

- HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!!!! UN RAT !!!!!!!!!!!  

 

- Ca te fera de la compagnie, ironisa son geôlier.  

 

Gin ferma la porte d’un coup sec et verrouilla la seule issue possible tout en riant de la voir si démunie face une bestiole pas plus grosse qu’un chat.  

Kaori s’écroula en pleurs, désabusée et perdue, sur le lit sale et poisseux.  

Elle se recroquevilla le plus loin possible du deuxième occupant qui ne semblait nullement perturbé par sa présence.  

 

Gin avait tout détruit. Elle n’avait plus rien ni personne. Il ne lui restait que ses larmes et l’inconnu, bon ou mauvais, qui hantait ses rêves. 

 


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