Capitolo 22 :: La Fin

Pubblicato: 29-09-09 - Ultimo aggiornamento: 29-09-09

Commenti: Coucou! Merci à toutes celles et ceux qui me suivent et me lisent, vos encouragements quelqu'ils soient m'encouragent à donner le meilleur pour chaque chapitre. Sachez qu'il est difficile d'arriver au dénouement d'une histoire sans une pointe de tristesse dans le coeur... MERCI à ma Béta Cris pour son soutien et sa motivation. Bonne lecture à vous, à bientôt, bisouss!!

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La vision apocalyptique qui se jouait sur la plage était effrayante, avec un goût de non retour. Après avoir traversé les débris de l’épave du bateau échoué contre la falaise avec l’angoisse d’y trouver un corps, la plage se retrouvait illuminée par l’immense bûcher qui flambait à l’horizon. Deux silhouettes se détachaient de ce décor dramatique : une au sol, apparemment sans vie et l’autre qui s’acharnait dessus à faire en sorte qu’il n’y ait plus le moindre souffle à exulter de ce corps.  

Le bruit du feu qui crépitait et les éboulements qui se produisaient encore sur la falaise couvraient en partie les cris et les plaintes de l’homme qui déployait toute sa rage contre l’autre devenu une masse inerte. « Pourquoi ??!! Pourquoi ELLE ?!! Lâche !! Assassin !! », Ces mots résonnaient dans l’air suffocant de douleur.  

Le regard ahuri du nouvel arrivant ne savait où fixer son attention. Il y avait de quoi être abasourdi. Comment réagir ? Comment intervenir et faire cesser cette déchéance ?  

Se rapprochant subtilement des deux corps englués dans le sable, une voix inconnue dans ce chaos tenta de ramener le combattant dominant à la réalité :  

- Ryô… arrête…, souffla la voix alors qu’une main se posait fébrilement sur l’épaule de l’homme redevenu animal pour l’apaiser enfin.  

Se voulant forte et rassurante pour aider son compagnon, cette nouvelle personne ne s’attendait pas à ce qui suivit.  

Au contact de cette pression sur son épaule, Ryô réagissait face à ce qui était pour lui une nouvelle attaque. Aveuglé par sa rage et habité par le désespoir, Ryô ne discernait plus ce qu’il faisait ni à qui il s’en prenait. Frapper, frapper encore, voilà ce qui le motivait. Attrapant l’importun par le bras, Ryô se retourna pour lui asséner un coup de poing en plein visage. Aguerri à ce genre de contact, l’homme parvenu sur la plage quelques instants plus tôt para la violence du geste de justesse :  

- Oh, tout doux vieux frère, c’est moi : Mick ! Affirma-t-il.  

- …  

Essoufflé et en nage, Ryô ne répondit pas. Il ne daigna même pas regarder son ami. Un rictus de haine déformait son visage alors que ses yeux semblaient hypnotisés par l’embrasement toujours intense de la maison qui semblait le narguer ouvertement. Les flammes s’agitaient en tous sens, continuant à dévaster la demeure, cherchant à réduire en cendres le moindre fragment de cette habitation. Il devait y aller. Ryô devait combattre ce brasier et sortir Kaori de cet enfer.  

Mick appelait Ryô inlassablement mais ce dernier ne semblait pas l’entendre. Il était ailleurs.  

Les yeux azurs roulaient du corps inanimé à Ryô. Qui était cet homme sur lequel Ryô s’était acharné ? Pourquoi tant de rage ? Pourquoi cette aura en détresse ? Mick n’avait jamais ressenti une aura si forte et si terne émaner de son ami. Pas même lorsqu’il avait perdu pied en se noyant dans l’alcool. Qu’est-ce qu’il l’avait mené à ce résultat ? Que c’était-il passé ici ? Mick ne comprenait pas la folie dans laquelle Ryô s’était plongé.  

- Ryô !! Insista-t-il.  

Ryô se tourna vers la voix qui l’appelait. Ses yeux étaient vides, se refusant à voir l’ami devant lui. Son corps tremblait, secoué par des spasmes où la tension du moment se ressentait. Son cœur était déchiré, écorché vif. Ryô sentait chaque fibre de son corps hurler sa détresse sans que rien ne puisse y remédier.  

Le regard qu’il croisa alors était interrogateur et inquiet. L’homme face à lui était perdu et soucieux de cette situation. Ryô n’avait pas envie de lui parler. Il voulait évacuer sa rage, pleurer sa peine, mourir. Il avait peur, peur d’arriver trop tard encore une fois.  

Les yeux sombres se reportèrent sur l’incendie qui faisait rage. Sans un mot, Ryô s’élança vers la demeure en ébullition. Il devait sauver Kaori. Il ne survivrait pas une deuxième fois sans elle !  

Mick crut un instant que Ryô allait lui parler, lui expliquer. Mais au lieu de cela, il vit une expression d’horreur s’abattre sur le visage de son ami déjà ravagé par la culpabilité. Ce fut bref mais intense, juste avant que celui-ci détale en direction de la maison en flammes.  

Se reprenant face à ce silence et cette fuite, Mick s’élança sur Ryô pour stopper sa course. Ensemble, ils tombèrent lourdement à terre.  

- Lâche-moi Angel !! Je dois la sauver !! Crachait Ryô en tentant de se défaire de l’emprise de Mick.  

- Ryô ! Calme-toi !! De qui parles-tu ?! Expliques-moi bon sang, Je comprend rien !!! S’énervait Mick en maintenant son emprise au sol.  

- KAORI !!! KAORI EST DANS CETTE MAISON !!! LAISSE-MOI Y ALLER !!! JE DOIS LA SAUVER !!!  

Déconcerté par cette annonce, Mick relâcha sans le vouloir sa prise sur son ami. Ryô profita de ce flottement pour repousser Mick afin de se relever et de repartir. Le temps jouait contre lui. Ryô pouvait sentir la chaleur des flammes de l’endroit où il se trouvait alors que plusieurs centaines de mètres les séparaient. D’ici peu il ne resterait plus rien à sauver.  

Mick se disait qu’il devait avoir mal compris. Ce n’était pas possible. Kaori était morte. Ryô devenait fou. Il mélangeait les évènements. L’incendie qui dominait la plage avait du réveiller la culpabilité de Ryô qui n’avait pu sauver sa partenaire du sinistre qui l’avait emportée quelques mois plus tôt. Ryô revivait ce jour en étant persuadé de pouvoir sauver la jeune femme des flammes. Mais ce n’était pas possible. Mick devait arrêter son ami avant qu’il ne pénètre dans la demeure qui se consumait.  

Ryô avait une bonne distance d’avance mais contrairement à Mick, il n’était pas en état pour parcourir aisément le chemin qui menait à l’ancienne bâtisse. Très vite, Mick le rattrapa. L’agrippant fortement par le bras, il força Ryô à se retourner. La réaction de celui-ci ne se fit pas attendre. Ryô riposta en envoyant son nouvel adversaire à terre. Ce geste l’épuisa un peu plus, lui rappelant ses blessures encore vives. Une foudroyante douleur lui coupa le souffle. Mick en profita pour résonner son ami :  

- Regarde-toi ! Qui crois-tu pouvoir sauver dans cet état ? Ryô, rappelles-toi !! Kaori est morte !!  

- NON !! Elle est dans cette maison ! Si tu m’empêches de la sauver, elle mourra et ce sera de ta faute !!  

- Arrête de divaguer !! Il te faut un coupable pour ce qui c’est passé ? Très bien, reproches-le moi ! Mais je ne te laisserai pas finir de la même façon !! Si tu rentres là-dedans, tu n’en ressortiras pas !! Menaça Mick en désignant l’enfer qui régnait dans la maison.  

Face à face les deux hommes engageaient un duel dont chacun tentait de résonner l’autre. Tous deux persuadés de détenir la vérité. Ryô n’avait ni le temps ni la volonté de revenir sur ce qui c’était passé. Si Mick s’interposait, Mick devenait son ennemi. Même s’il devait commettre l’irréparable, même si Mick ne devait jamais se remettre de leur affrontement, Ryô irait jusqu’au bout. Entre son ami et Kaori, son choix était fait. Ryô se raidit, réunissant toutes les forces dont il disposait encore avant de s’élancer férocement sur son ami.  

Un peu plus loin sur la plage, Gin reprenait plus ou moins conscience. Les coups qu’il avait reçus avaient fait de sacrés dégâts. Son corps était en feu. Il pouvait à peine bouger sans que cela lui fasse l’effet que tout son être allait se déchirer, sa respiration était faible et sifflante. Mais il était encore en vie.  

La lune commençait à s’évanouir pour céder la place au jour. Gin pouvait encore admirer le spectacle qu’offrait un lever de soleil. Depuis combien de temps n’avait-il pas pris la peine de savourer ce simple moment ? Il avait passé sa vie à courir, à se battre par ambition et par orgueil. Maintenant cela n’avait plus d’intérêt. Gin resta là, allongé sur le dos à guetter ce qu’il se passait autour de lui. Il percevait des cris plus ou moins distincts. Deux hommes s’affrontaient. Qui ? La mémoire de Gin lui faisait défaut. Il reconnut cependant la voix de son ennemi qui semblait las de cette situation. Gin sourit. City Hunter cherchait à se convaincre que tout était encore possible. Il avait tort. Puis le sourire de Gin s’effaça. Il se rappelait ce qu’il avait fait : il s’était délibérément ôter tout espoir d’une vie meilleure avec Kaori. Pour empêcher quiconque de l’avoir, Gin avait fait en sorte que sa prison soit son tombeau. Il savait que le souterrain s’effondrerait sous le choc des explosions. Il savait qu’il ne la reverrait plus. Des larmes apparurent dans ses yeux émeraude. Sa victoire avait le goût amer d’une défaite. Doucement Gin replongea dans l’inconscient.  

Mick encaissait les coups sans parvenir à répliquer. Il se protégeait au mieux des coups incessants portés par Ryô. Il réfléchissait vite, cherchait un moyen de le raisonner mais son assaillant n’avait plus rien d’un homme. Il était furieux, enragé, déterminé.  

Mick ne pouvait se résoudre à faire comprendre par la force un homme déjà lourdement affaibli. Ryô avait de sérieuses blessures par balle mais il ne semblait pas s’en soucier. Il était trempé jusqu’au os et ses mains saignaient encore d’avoir tant frappées. Mick avait cru, tout comme Falcon et les autres que Ryô avait repris pied ; qu’il avait surmonté la peine de la mort de Kaori ; qu’il allait avancer et vivre pour elle.  

- Tu crois que tu es le seul à souffrir ?! Tu crois qu’il n’y a qu’à toi qu’elle manque ?! Demanda Mick qui ne voulait plus taire sa propre douleur car si Ryô croyait être le seul à porter se fardeau, il se trompait.  

- Tu ne comprends pas ! ELLE EST VIVANTE !! Dans quelle langue faut-il te le dire ?!! Hurla Ryô en continuant à déverser sa rage violement.  

- ARRETE !! Je ne sais pas pourquoi tu fais ça mais je n’écouterai pas tes délires plus longtemps… je sais aussi bien que toi tout ce qu’elle a représenté. Et crois-moi si je pouvais revenir en arrière pour la sauver ou prendre sa place, je n’hésiterai pas ! Mais il est trop tard !! Ryô tu te réveilles trop tard !! Si tu n’avais pas tout gâché par fierté ou par peur, elle serait peut-être encore des nôtres… si seulement j’avais su que cela se terminerait ainsi pour elle, jamais je ne te l’aurai laissée… C’est là mon plus grand regret. Avoua tristement Mick en repoussant fortement Ryô sans lâcher des yeux le regard sombre du nettoyeur.  

En sueur et hors d’haleine, Mick ressentait les premiers effets du traitement de Ryô à son égard. Ils se battaient comme des chiens. Mick savait qu’il pouvait avoir le dessus mais il ne voulait pas en arriver à cette extrémité. Il voulait que Ryô se rende compte par lui-même que tout était fini.  

Ryô avait toujours su que Mick avait de réels sentiments pour sa partenaire. Il avait été jaloux de son homologue américain lorsque Kaori l’avait choisi lui. Mick avait raison pour Kaori, Ryô avait eu peur. Peur de l’aimer. Peur de ce bonheur qu’il ne faisait qu’espérer au lieu de le vivre. Peur de la perdre. Ryô n’en voulait pas à Mick pour ce qu’il venait de lui avouer. Mais Ryô avait encore une chance de changer tout ça. Il devait rallier Mick à sa cause.  

- L’homme qui est à terre est celui qui a lancé un contrat sur Saeko mais ce n’est pas tout…  

- Je sais tout ça et s’il s’en sort, il paiera. Le coupa Mick.  

- MICK !! Ecoutes-moi Bon Sang! Fit Ryô en s’approchant de son ami. Cet homme est aussi responsable de l’incendie qui a tué Eriko mais il a fait passer Kaori pour morte et depuis tout ce temps il la détient prisonnière ! Elle est là, quelque part dans cette maison en flammes !! Lâcha-t-il d’une traite.  

Mick regarda le corps affaissé puis la maison pour terminer par Ryô. Les yeux noirs étaient sincères. Ryô y croyait. Mick voulait aussi y croire.  

- Tu es sûr de ce que tu avances ? Demanda Mick qui ne voulait plus espérer en vain.  

- Je n’ai jamais été aussi sûr de toute ma vie ! Elle est vivante !! Affirma Ryô.  

- Alors je viens avec toi ! A deux on la retrouvera plus vite !  

Unis dans l’adversité comme dans l’espoir, les deux amis se ruèrent sur le chemin menant à la propriété, forts de leur réussite.  

Comme si les flammes avaient compris les intentions des deux nettoyeurs, elles redoublèrent d’intensité. La maison craquait de tout côté sous l’assaut incessant des flammes. Dans un vacarme assourdissant, la demeure céda sous la volonté du brasier à tout détruire. Une ultime explosion souffla ce qu’il restait de la demeure. Un brasier monumental naquit faisant le jour dans cette nuit sans fin. Une ondée de chaleur se déploya aux alentours, repoussant avec violence les deux hommes qui s’étaient aventurés trop prêt.  

Anéanti, cet espoir fou venait d’être anéanti. Plus rien, il ne restait qu’un tas de ruine. Un champ de bataille où l’ennemi incandescent n’avait laissé aucune chance à la plus infime parcelle de vie. Des pierres brûlées, des décombres fumantes, des cendres encore chaudes mais plus rien.  

Ryô non plus ne ressentait plus rien. Il ne pouvait plus. Il avait épuisé toutes ses forces et sa douleur dans ce combat perdu d’avance. Son sang était glacé, son corps paralysé. Il avait mal d’imaginer Kaori entre les mains de cette ordure ; qu’elle espérait que l’on vienne la sauver ; qu’elle meurt dans la souffrance des flammes alors qu’il était là.  

Ryô ne pouvait plus supporter son incompétence, son impuissance à la sauver. Il venait de la perdre encore une fois. C’était LA fois de trop. Il ne pouvait vivre sans elle. Il le savait, il avait déjà essayé mais il s’était leurré. C’était fini.  

Mick fut le premier à reprendre contact avec la réalité. Son corps éprouvait la violence du choc et avec difficulté, l’homme se releva pour s’enquérir de l’état de son ami :  

- Ryô… ça va ?  

Aucun son. Ryô n’avait plus de mots. Avec l’aide de Mick, il se releva. Debout sur la plage, Ryô se mourrait de l’intérieur. Il fixait droit devant lui le désastre de sa vie : machinalement il avança vers ce qu’il restait de la maison. Sous le choc, ses pas étaient hésitants. Ryô titubait. Il était ivre, ivre de douleur et de désespoir. S’affaissant à nouveau, il tomba à genoux sur le sable, devant les flammes :  

- NOOOOOOOOOOOOOON !!! KAORIIIIIIIIIIIIIIIIII !!  

Sa plainte oppressante se répandait dans les airs pour disparaître au gré du vent.  

Mick regardait aussi le spectacle affligent en ressentant toute la désolation de son ami le transpercer de tout son être :  

- ... je suis désolé, culpabilisa Mick en voulant aider Ryô à se relever à nouveau.  

Dans un sursaut d’énergie, aveuglé par sa tristesse et les affres de son cœur, Ryô se rua sur Mick pour l’accabler de tous ses maux :  

- C’est de TA faute !!! J’aurai pu la sauver si tu n’étais pas intervenu !! Je te HAIS ANGEL !! JAMAIS je ne te le pardonnerai !!  

Encore et toujours une ruée de coups frappa de tout côté l’homme qui n’avait voulu qu’ aider et soutenir son ami. Mick comprit que Ryô avait le besoin urgent de reporter sa frustration et les blessures de son âme sur quelqu’un. Mick était prêt à endosser ce rôle. Il méritait cette sentence pour avoir douté, pour ne pas avoir vu que Ryô et Kaori restaient unis malgré la distance… lui s’était interposé entre eux… et lui aussi ne se le pardonnerait jamais.  

Mick ne parait aucune attaque et Ryô continuait de déverser sa rancœur :  

- Pourquoi ?! Pourquoi ne l’a tu pas emmenée quand il était encore temps… toi, tu aurais su la protéger… POURQUOI TU NE L’AS PAS FAIT ??!! POURQUOI MAKI ME L’A-T-IL LAISSEE ??!! Pauvres fous, Je n’ai fait que la mener à sa propre perte…  

Ryô relâcha ses coups. Ses larmes ravageaient son visage.  

Mick se défit doucement de l’étreinte de son ami pour lui révéler l’évidence :  

- Elle n’aurait pas été heureuse avec moi… elle t’aimait, toi…  

Ryô s’écarta de Mick. Agenouillé sur le sable, il frappait ses poings contre le sol qui restait indifférent à sa douleur :  

- C’est trop Mick !!! C’est injuste ce qu’il lui arrive, ce qu’il nous arrive… c’est plus que je ne peux en supporter et pourtant je croyais avoir tout vu et pouvoir tout affronter mais là… je refuse de continuer cette mascarade !!! Vous avez tous cru, Maki, toi et même moi… j’ai cru pouvoir la protéger de tout ce mal qui nous entoure mais même le bon Dieu ou le sort s’acharne à me prouver le contraire !! Il se joue de nous avec délectation… j’avais une deuxième chance et je l’ai laissé m’échapper, s’essoufflait Ryô à maudire le monde entier sans trouver de réels coupables à part lui. Heureuse ? Comment aurait-elle pu l’être avec moi ? Regarde où ça l’a menée… Etait-elle heureuse en cachant sa peine et sa déception face à mon refus de partager ses sentiments ? Ses larmes n’étaient en rien la preuve d’un bonheur parfait !! Je l’ai ignorée… je n’ai pas vu le danger la cerner… je ne mérite pas son amour… je ne mérite pas de lui survivre encore… je n’y arriverai pas Mick…  

- Arrête, ça n’aurait rien changé. Le seul responsable est cet homme là-bas…, désigna Mick en pointant la masse informe à quelques mètres d’eux.  

Ryô fixa à son tour le corps de Gin. Devait-il se sentir soulagé de l’avoir retrouvé ? De l’empêcher de nuire à nouveau ? Ryô s’en foutait, plus rien n’avait d’importance. Il aurait bien achevé le travail mais même cela n’avait plus aucun sens à ses yeux. Ryô n’avait plus goût à quoique ce soit.  

- Comment m’as-tu retrouvé ? Demanda-t-il soudainement à Mick.  

- Tes indics, ils te sont loyaux et ils nous ont avertis de tes projets… Falcon est resté auprès des femmes et de Saeko.  

- Comment va-t-elle ?  

- Elle est tenace et plus robuste qu’elle ne paraît. Doc est confiant pour elle.  

- Bien.  

Mick ne comprenait pas. Ryô était étrangement calme, trop calme soudainement. Sa voix était posée et sans hésitation alors que ses yeux restaient vides d’émotions. Il fallait l’éloigner d’ici au plus vite.  

La chaleur des décombres dans son dos et le néant de l’étendue salée face à lui. Ryô fixait Mick sans le voir. Il ne voyait que le chaos qu’il semait dans son sillage. Contrairement aux tourments qui reprenaient le contrôle de son âme, l’océan restait calme et imperturbable à ce qui se passait.  

Ryô n’entendait plus ce que Mick lui disait. Rentrer où ? Il n’y avait plus de retour possible. Peu lui importait ce qu’il se passait maintenant autour de lui. Il n’avait plus à s’inquiéter pour personne. Il n’avait plus sa place ici. Plus rien ne le retenait. Le monde pouvait bien s’écrouler que Ryô ne chercherait plus à le sauver. La Mort le rappelait à elle. Et il ne voulait plus la fuir.  

C’était un signe. Un des débris du bateau miroitait sous les premiers rayons de soleil. Il se balançait au gré des vagues. Il lui faisait de l’œil, retenait son attention. Ryô n’avait plus la force de se battre, il ne voulait plus lutter contre ses blessures.  

Ryô posa une main sur l’épaule de Mick et d’une pression lui fit comprendre qu’il ne lui en voulait pas. Il le regarda droit dans les yeux pour lui dire : « C’est fini… », puis il le remercia silencieusement d’avoir été là malgré tout. Il lui sourit mélancoliquement et accentua sa pression du pouce et de l’index sur l’épaule de son compagnon : instantanément Mick perdit connaissance pour s’effondrer sur le sable. Ryô ne regrettait pas son geste, Mick n’avait pas à porter le poids de son ultime décision. Sans un regard en arrière, Ryô s’élança vers la mer pour se lier à son funeste destin. 

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