Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prosa

 

Autore: tennad

Beta-reader(s): Cristinampm, Usakisa

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 23 capitoli

Pubblicato: 16-03-09

Ultimo aggiornamento: 24-10-09

 

Commenti: 247 reviews

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RomanceDrame

 

Riassunto: Quand la vie vous offre une seconde chance.......

 

Disclaimer: Les personnages de "Une nouvelle vie qui commence" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Une nouvelle vie qui commence

 

Capitolo 23 :: Nous sommes liés et le resterons à jamais…

Pubblicato: 24-10-09 - Ultimo aggiornamento: 24-10-09

Commenti: COUCOU!! Voilà, c'est déjà fini... C'est LE dernier chapitre de cette aventure, j'espère que vous serez récompensés de votre patience et de vos encouragements. Je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont participé de près ou de loin (lecteurs fantômes ou pas lol), à ce que chapitre après chapitre cette histoire vive : Bindy5, Thalia, Usakisa, Didinebis, Tokra, Indiana, Grifter, Zaza, 1grisou, Saoria, Paty, Kaori62, Rototo03, Noiny, Kitty, Lyly, Nanou, Stella31, Laur_e, Hélènaick, Vallée, KitHAWKE, Anna, Sophie, Sabrina, Laeti, Tenshi, Marie24, Fankaori, Kiki, Kawai, Somomo, Clo, Ryochou, Nodino, M.K., Didyth... (j'espère n'avoir oublié personnes) MERCI A VOUS!!! Et bien sûr je ne peux clore tout cela sans remercier sincèrement Cristina sans qui je n'aurai pu aller jusque là, Merci pour ta patience, Merci pour ta vivacité et Merci pour ta gentillesse... Bonne lecture, BISOUSS A TOUTES ET A TOUS!!

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23


 

La chute lui avait semblée longue et périlleuse. Lorsque l’issue miraculeuse de son calvaire était apparut Kaori avait hurlé ses émotions très vite englouties par le vacarme ambiant de l’eau mêlée aux roches. Elle n’avait eu qu’un bref instant pour remplir ses poumons d’air avant d’être littéralement éjectée de sa prison de pierres. Elle avait sentit dans son dos et tout autour d’elle la pression de l’eau boueuse qui la propulsait vers l’extérieur. Elle suivait le rythme déchaîné et avide de cette cascade improvisée sans savoir où cela la mènerait : du sable, des rochers ou encore de l’eau ? Qui serait là pour l’accueillir ? Kaori ne contrôlait rien de ses mouvements tant son corps était bousculé de tous côtés.  

 

Le contact avec l’élément froid et vif la paralysa allant jusqu'à lui couper le souffle. Kaori s’était alors heurtée à l’étendue salée qui l’avait happée sans ménagement. Elle se sentait glisser et aspirer vers le fond sans trouver la force de réagir. Elle avait l’impression de flotter et le liquide glacé engourdissait ses membres jusqu’à décupler la douleur de ses blessures. Sa descente vers les eaux profondes et noires se faisait en douceur, lentement, il n’y avait plus rien de brusque. Tout était calme et apaisant autour d’elle.  

 

Le froid l’envahissait de toute part. Sa fatigue physique et psychologique augmentait au gré de sa descente. Kaori se sentait vidée de toute énergie, elle n’avait plus la force de lutter contre ce nouvel ennemi qu’était l’eau. Soudainement Kaori sentit que l’air se raréfiait dans ses poumons. Soit elle se laissait aller à ce calme et cette paix qui l’enveloppait, soit elle refusait d’abandonner là et de puiser dans le peu de force qui lui restait pour tenter de rejoindre la surface qui se faisait de plus en plus distante. Elle n’avait pas enduré tout cela pour finir là, seule dans les eaux glacées de l’océan. Elle ne voulait pas mourir, elle voulait revoir ses amis et retrouver la sécurité auprès de Ryô. Elle voulait VIVRE !!!  

 

Maintenant que son esprit avait un nouvel objectif, Kaori se concentra à retrouver le contrôle de son corps déjà bien engourdi par le froid. Elle devait remonter à la surface coûte que coûte mais son corps ne semblait pas disposé à effectuer cet effort supplémentaire. Chaque mouvement se faisait au ralenti, freiné par l’eau qui refusait que la jeune femme décline son invitation à rester en elle pour l’éternité. Kaori avait la lourde sensation que chaque geste allait la conduire au déchirement de son corps tellement la douleur se faisait sentir. Elle sentait aussi la panique atteindre son cœur mais Kaori refusait d’y céder. Elle fixait inlassablement un point à la surface, son objectif à atteindre, ignorant ce qui l’entourait et ce qu’elle ressentait. Kaori déployait ses bras et ses jambes faisant fi de son corps qui s’alourdissait. Emergeant la tête la première, Kaori prit une longue bouffée d’oxygène qui la réchauffa un peu. Elle y était arrivée. Elle était libre. Seule au milieu de nulle part, frigorifiée, apeurée mais LIBRE.  

 

Autour d’elle des débris de métal jonchaient la surface de l’eau. Les morceaux d’une embarcation se répandaient au gré des vagues. Kaori s’agrippa à l’un d’entre eux comme à une bouée. Son corps se refusant à la maintenir plus longtemps seul à la surface de l’eau. Devant elle, l’océan à perte de vue. Se retournant, Kaori se figea face à la plage qu’elle distinguait péniblement tant le brasier qui s’y consumait l’aveuglait. La demeure dans laquelle elle avait été retenue par des mensonges crépitait sous les flammes joyeuses. Ce désastre soulageait Kaori, il ne restait plus rien de cet endroit maudit qu’elle n’aurait jamais voulu n’y même du connaître. Reportant son regard sur le reste des environs, elle crut discerner deux silhouettes dont une venait de s’effondrée sur le sol. L’autre s’avançait vers l’océan. Qui était-ce ? Un ami ou un ennemi ? Gin, un étranger ou Ryô ? Quel qu’il soit Kaori n’avait plus la force d’aller à sa rencontre. Son corps frigorifié ne voulait plus bouger. Sa tête reposant sur la bouée de fortune fixait droit devant elle. Ses paupières se faisaient lourdes bercées par le rythme lent des vagues. Même sa voix peinait à exprimer un dernier appel. Dans un dernier souffle Kaori articula un « à l’aide, je… suis là… » qui s’évanouit aussitôt sorti de ses lèvres bleutées.  

 

 

Aucune hésitation. Plus aucun doute. Il avait renoncé à tout espoir. Il n’avait plus aucune conviction. Sans un regard en arrière, Ryô avançait dans l’eau sans volonté aucune de vouloir ressentir autre chose que le froid qui l’enveloppait et s’insinuait en lui. Il flirtait avec la Mort, l’appelant silencieusement à venir l’emporter sans plus attendre. Mais elle se faisait désirer. C’était à lui d’aller vers elle. Il dansait avec l’eau, tantôt collée contre lui pour aussitôt se séparer et s’éloigner et qui se moquait bien de ses états d’âme. Le liquide glacé soulageait ses blessures et pansait ses maux. Un sentiment de paix envahissait l’homme désabusé par la vie. Ryô devait continuer à avancer vers cette lumière qui l’attirait et l’hypnotisait. Pas à pas, l’eau montait et le cernait de tous côtés. Ryô ne se débattait pas. Il se laissait faire comme un animal sauvage qui avait accepté son sort d’être captif et aux ordres de son maître. L’océan deviendrait son tombeau et la Mort sa maîtresse douce et cruelle à la fois.  

 

Ryô ne croyait pas réellement au paradis et ses actions passées ne le mèneraient pas à un repos éternel. Il sentait et savait au fond de lui que même s’il y avait un autre monde meilleur après la mort, lui n’y aurait pas accès. De toute manière Ryô se foutait d’être damné pour l’éternité, cela ne le changerait pas de son quotidien. L’Enfer sur Terre ou l’Enfer ailleurs restait l’Enfer. Il ne craignait plus d’affronter ses démons. La mort quelle qu’elle soit serait son salut.  

 

Alors pourquoi cette lueur à quelques mètres de lui se voulait-elle douce et rassurante ? Pourquoi n’était-elle pas froide et dévastatrice ?  

Fixant ce reflet alors que l’eau lui parvenait déjà au menton, Ryô se mit à nager dans cette direction. Il ne voulait plus attendre docilement que l’eau le submerge et le garde en elle. Il avait hâte d’en finir.  

 

Ses yeux fixaient inlassablement ce point, distinguant peu à peu ce qui faisait cet éclat lumineux : un simple morceau de tôle. Encore un rappel du chaos de sa vie, des conséquences de ses actes, une preuve de plus que Ryô détruisait tout ce qu’il touchait.  

Il ralentit alors sa cadence. « A quoi t’attendais-tu ? » pensa-t-il ironiquement. Malgré tout, ses yeux sombres ne pouvaient se détacher de cette paroi de fer, comme s’ils voyaient ce que Ryô ne semblait pouvoir ou vouloir identifier. Laissant les informations visuelles faire leur cheminement jusqu’à son cerveau, Ryô crut à une hallucination : il y avait quelqu’un d’accrocher à ce morceau de fer. Une main et la partie d’un visage reposaient encore sur cette planche de secours. Ryô n’arrivait pas à croire ce que ses propres yeux lui dévoilaient « Kaori… »  

 

Sans perdre une minute de plus à chercher si cela était réel ou pas, Ryô reprit sa nage pour rejoindre ce mirage. Il n’était qu’à quelques centimètres d’elle quand il la vit glisser de la paroi et disparaître sous les eaux.  

 

- C’est pas vrai…, lâcha-t-il en la cherchant frénétiquement des yeux.  

 

Et si ce n’était qu’une illusion, qu’une façon de plus que son esprit avait trouvé afin de le tourmenter d’avantage ? Non, tout son cœur et tout son être lui criait qu’elle était bien réelle et qu’elle allait se noyer sous ses yeux.  

Inspirant autant d’air que son corps le lui permettait, Ryô plongea dans l’océan qui se fit plus sombre pour l’empêcher de retrouver la jeune femme. Tournant sur lui-même et guettant le moindre mouvement, Ryô appelait silencieusement Kaori à lui faire un signe. Si elle était bel et bien là, quelque part autour de lui, elle devait le lui faire savoir. Il se concentra au maximum dans cette eau funèbre et hostile. Un frisson lui parcourut le long du dos, Ryô se retourna. Elle était là, à quelques mètres seulement. Il la voyait partir vers le fond comme lui se voyait mourir s’ils ne remontaient pas ensemble à la surface. Il franchit la distance qui les séparait et tendit la main pour agripper la jeune femme. Ryô fut déstabilisé lorsque sa main se referma sur rien. La jeune femme avait glissé plus loin, emportée par le courant. A ce constat, tout son sang se mit en ébullition, Ryô refusait que le sort se joue ainsi de lui. Il ne laisserait pas le pire arrivé cette fois encore mais il fallait pour cela qu’il reprenne sa respiration, ses capacités étant diminuées par ses blessures. Sans lâcher des yeux l’endroit où vacillait Kaori, Ryô remonta à la surface et faisant abstraction du picotement dans ses poumons, aspira à nouveau l’air frais. Replongeant aussi vite qu’il avait émergé, Ryô fixa la dernière position de sa partenaire et s’y dirigea. Chaque geste se voulait plus fort et plus vif pour rejoindre Kaori. Ryô défiait ainsi l’océan de vouloir lui enlever sa partenaire même si le courant persistait à vouloir l’éloigner. Il arriva enfin à sa hauteur et se plaçant derrière elle, il la serra fort contre lui et s’activa à les remonter au plus vite.  

 

Elle semblait si paisible comme endormie. Il observa la pâleur de son visage, ses yeux qui étaient clos, ses lèvres bleutées. Caressant timidement son visage, Ryô sût qu’il ne rêvait pas. Elle était bien là en chaire et en os. Tous les deux tanguaient dangereusement à la surface mais Kaori ne réagissait pas au contact de l’homme.  

 

- Kaori… Kaori, bats-toi ! L’encourageait-il en lui insufflant de l’air à plusieurs reprises entre ses lèvres délicates.  

 

Un souffle. Il avait sentit un souffle, léger et éphémère. Il sentait qu’elle était encore vivante mais sa respiration était faible et irrégulière. Elle était gelée, il fallait vite la sortir de l’eau pour la réchauffer. Ryô nageait aussi vite que son corps le lui permettait en continuant de parler à Kaori, priant qu’elle entende sa voix et qu’elle résiste à l’appel de la mort.  

 

- Accroche-toi… on y est presque… tiens bon…  

 

Sur le rivage, ni Gin ni Mick n’avaient bougé de leur position. Tous les deux rendus inconscients par le même homme, ils ne remarquèrent ni le départ de celui-ci vers l’océan ni même son retour sur le rivage avec un corps blotti contre lui.  

 

Ryô déposa délicatement Kaori sur le sable. Elle ne portait qu’un mince tissu qui ne couvrait que les parties délicates de son corps si frêle. Elle avait d’importantes ecchymoses, tremblait et risquait l’hypothermie. Regardant autour de lui : le bateau par lequel était arrivé Mick tanguait non loin du rivage et Mick reposait toujours sur le sable. Ryô hurla après lui :  

 

- Réveilles-toi Angel, c’est pas le moment de dormir !! DEBOUT !!! TU M’ENTENDS !!!  

 

L’américain ne réagissait pas aux appels furieux de son acolyte.  

 

Reportant son regard sur Kaori, Ryô constata avec horreur que la jeune femme ne respirait plus. Plus de souffle ni de pouls.  

 

- MERDE !! KAORI !! NE ME FAIS PAS CA! BATS-TOI !! Lui criait-il en commençant le massage cardiaque d’une main ferme alors que de l’autre il dégainait son magnum.  

 

Une balle. Un coup sec et strident retentit à quelques centimètres de là où reposait Mick, à hauteur de son entrejambe.  

 

- La prochaine fera de toi un eunuque !! Menaça Ryô sans cesser son massage sur la jeune femme.  

 

Inconsciemment Mick sentit et comprit le danger qui rôdait non pas pour lui mais pour son troisième bras et cela eu pour effet de le réveiller instantanément :  

 

- Ca va pas de tirer comme ça ! Il t’a rien fait que…  

 

Reprenant ses esprits, Mick voyait Ryô pencher sur un corps sans pouvoir distinguer de qui il s’agissait. Un regard vers Gin l’informa que ce n’était pas lui que Ryô s’acharnait à faire revenir à la vie. Alors qui ? Mick se releva et s’approcha de Ryô. Quand il découvrit que c’était Kaori qui était étendue sans réaction face aux gestes pressants de l’homme qui s’évertuait à la sauver, Mick se sentit défaillir : ses jambes faiblissaient, son cœur ralentissait sa course. Mick restait impuissant à pouvoir aider ses amis.  

Ryô ne prêta même pas attention à l’immobilité de l’américain, son seul souci était de faire repartir le cœur de Kaori.  

 

« 1… 2… 3… 4… 5… », Ryô comptait les mouvements effectués sur le corps de la jeune femme. « 1… 2… 3… 4… 5… » Puis les inspirations régulières qu’il lui administrait. Il alternait entre geste et souffle, souffle et geste, inlassablement, se refusant à penser à l’inacceptable.  

 

- Aller, un effort ! REPARTS !! Ordonnait Ryô directement au cœur de la jeune femme.  

 

Rien, toujours rien. Ryô déchira alors le mince tissu pour avoir un meilleur accès à la poitrine de la jeune femme. Sa peau était froide et lisse, contrairement à la sienne qui se brûlait d’impatience et de rage face à l’état stoïque de sa partenaire. Ryô repositionna ses mains au niveau du cœur de la jeune femme et recommença le massage cardiaque. Tout son être n’était fixé que sur ce mouvement.  

 

- KAORI !! JE T’INTERDIS D’ABANDONNER !! CITY HUNTER N’ABANDONNE JAMAIS !! Ne m’abandonne pas… la pria-t-il en mêlant à nouveau son souffle chaud et plein de vie à celui inexistant de la jeune femme.  

 

Ryô ne se rendait même pas compte de la force qu’il déployait dans ses mouvements à vouloir la réanimer. Chaque impulsion devenait plus forte et plus pressante ; se répercutant au travers de la peau fine et pâle de la jeune femme ; s’insinuant en elle ; battant frénétiquement aux portes de son cœur qui restait sourd à ces appels de détresse.  

 

Puis un mouvement plus fort que les autres, plus désespéré mêlé à une larme perdue, eut l’effet d’une vague électrique qui obligea le cœur à écouter ces appels à la vie. Doucement comme hésitant sur le rythme à suivre, le cœur repartit dans la poitrine de la jeune femme.  

 

Ryô le sentit sous ses doigts : Kaori respirait à nouveau.  

 

Son cœur la brûlait et son sang circulant à nouveau dans ses veines contrastait avec le froid qu’elle ressentait autour d’elle. Violement comme arraché de justesse aux mains du néant, Kaori ouvrit les yeux alors que sa bouche cherchait à retenir l’air vif et salvateur. Ses yeux cherchaient dans tous les sens à identifier ce qu’il se passait et où elle était mais un voile opaque réduisait toute visibilité.  

 

- Kaori… ne me refais plus jamais ça…, prononça Ryô avec un soulagement non dissimulé en blottissant Kaori contre lui, la serrant à l’en étouffer de sa chaleur et de son besoin d’elle.  

 

- Doucement Ryô, tu l’écrases… espèce de brute, ironisa Mick, lui aussi soulagé et ému par la présence saine et sauve de Kaori en desserrant l’étreinte de Ryô sur la jeune femme encore fragile.  

 

Alors que Ryô embarquait avec Kaori qui restait toujours silencieuse, Mick partait chercher Gin.  

 

- Qu’est-ce que tu fous ? Lui cria Ryô qui avait totalement occulté la présence de cet homme.  

 

- Tu veux qu’il paye ou qu’il s’en sorte impunément ? Lui répondit Mick en traînant le corps jusqu’au bateau.  

 

- Attache-le et bâillonne-le ! Je ne veux pas l’entendre ! Continua Ryô tout en lui lançant une corde et en attrapant une couverture trouvée dans un des rangements du bateau.  

 

Mick positionna le prisonnier au fond du bateau et alors que Ryô s’était installé avec Kaori sur le côté en tentant de la réchauffer un maximum, l’américain prit les commandes et enclencha la vitesse supérieure pour rejoindre la côte.  

 

L’épaisse couverture la recouvrant entièrement, Kaori ne réagissait toujours pas au contact des mains de Ryô qui la frictionnaient pour lui donner un peu de chaleur. Ryô continuait de lui parler encore et encore. Il fallait lui faire reprendre conscience pour ne pas qu’elle sombre définitivement.  

 

A l’extrémité du bateau ce fut un autre « survivant » qui reprit connaissance. La cadence soutenue du navire sur les flots avait réveillé ses blessures. Il essaya de bouger mes ses mouvements étaient entravés par de solides liens. Il était pieds et poings liés. Il voulut faire entendre son mécontentement mais sa voix fut étouffée par un épais tissu enfoncé entre ses dents. Sa vue était encore brouillée mais Gin identifia un homme aux commandes du vaisseau et un autre à demi caché sous une couverture. Gin se demandait pourquoi il était encore en vie ? Où allaient-ils ? Pourquoi Saeba ne daignait même pas le regarder ? Qui avait-il d’aussi intéressant sous cette couverture ? Que cachait-il ?  

A ce moment, le cœur de Gin rata un battement : Ryô venait de découvrir le visage de sa protégée pour porter sa main à cette joue si pâle et lui insuffler de l’air en déposant ses lèvres contre les siennes.  

Gin ragea de toutes ses forces, attirant ainsi l’attention et un regard meurtrier sur lui.  

 

- Je te l’avais dit : je l’ai retrouvée… si elle meure tu meures, nargua Ryô satisfait du visage décomposé de son prisonnier.  

 

Le nettoyeur préféra ignorer les râles incompréhensibles de Gin pour se focaliser entièrement sur Kaori. Elle ne se réchauffait pas assez vite.  

 

Tout son corps endurait les assauts du froid qui régnait en elle. Pourtant au loin, une vague de chaleur et une voix se rapprochait. Kaori tentait de se focaliser sur cette voix mais elle était si fatiguée. Ses yeux refusaient de s’ouvrir, elle voulait encore se reposer, juste un instant. Un instant encore où elle pourrait oublier et croire que tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Mais cette voix l’appelait, la retenait. Kaori la connaissait :  

 

- … Ryô…, murmura-t-elle.  

 

Ryô guetta à nouveau ce souffle éphémère qui lui était parvenu : elle avait prononcé son prénom. Il rapprocha son visage du sien et resserra son étreinte pour qu’elle sente qu’il était là, qu’elle était bien là elle aussi avec lui :  

 

- Je suis là, ouvres les yeux… restes avec moi… Kaori…  

 

Elle ne rêvait pas. Elle sentait cette aura de sécurité et de force tout autour d’elle. Un effort, il lui fallait fournir encore un effort. Juste pour le voir. Fébrilement, elle cligna des paupières avant d’ouvrir ses yeux.  

 

Gin, lui ne pouvait être qu’un spectateur passif de cette scène irréelle qui se jouait devant lui. Celle, qui lui avait redonné le goût de la vie pour après refuser son amour, avait survécu à ce qu’il s’était résigné à faire. Comment avait-elle trouvé le moyen de se défaire de sa prison de pierres ? Comment Saeba avait-il réussi à la retrouver ? Cela ne pouvait pas se finir ainsi, Gin refusait que ce Saeba de malheur gagne sur tous les fronts. Il enrageait à observer cet homme toucher et parler à Kaori comme s’il avait tous les droits sur elle. Gin la connaissait depuis plus longtemps. Il l’avait protégée bien avant lui. Il avait vu tout ce qu’elle pouvait offrir bien avant qu’un homme ne pose les yeux sur elle. Elle lui revenait de droit. Elle était à lui, À LUI !!!!  

Gin fixait intensément et sans retenue ce visage qui lui souriait encore plusieurs jours auparavant. Cet homme voulait encore ressentir cette chaleur et cette douceur que seule Kaori faisait naître en lui. Il voyait qu’elle se réveillait faiblement et qu’elle tentait d’ouvrir ses yeux.  

 

Entre eux le temps se figea et les derniers évènements affluèrent.  

Le premier contact qu’elle accrocha en levant ses yeux noisette fut ce regard d’un vert intense et froid. Elle ne pouvait détourner ses yeux des siens. Malgré elle, son corps eut un mouvement de recul. Elle entendait la voix de Ryô, ressentait l’aura de son partenaire mais c’était Gin qu’elle voyait. Son regard était lourd de reproches, d’amertume et de rancœur. Avait-elle mérité un tel ressentiment à son égard ? Elle-même se sentait partagée entre colère et compassion envers lui.  

 

- Kaori, regarde-moi…, fit Ryô en tournant délicatement le visage de la jeune femme vers lui.  

 

Il avait ressentit cette tension quand la jeune femme avait posé ses yeux sur son geôlier. Il ne voulait pas qu’elle s’attarde sur lui. Ryô voulait qu’elle sache qu’il était là avec elle et qu’elle n’avait plus rien à craindre. Il se perdit dans les yeux de la jeune femme. Elle le regardait comme si c’était la première fois qu’elle le voyait. Elle le remerciait d’avoir entendu son appel, d’être enfin venu la chercher. Mais les yeux de Kaori se détournèrent pour se poser à nouveau sur Gin avant de se refermer doucement.  

 

- MICK ACCELERE !!  

 

L’américain ne prit pas la peine de répliquer, il savait que le temps jouait contre eux et il poussait le moteur au-delà de ses limites. Mick espérait que le bateau tienne le coup jusqu’au port car les plaintes qu’il faisait entendre montraient que le navire n’avait pas pour habitude d’être conduit à cette vitesse.  

 

- On arrive au port ! Les informa Mick en amarrant le bateau au ponton.  

 

- Il faut qu’on aille à l’hôpital !  

 

- Et comment on explique vos blessures par balles ? Demanda Mick en attrapant Gin pour le sortir du bateau.  

 

- T’as une meilleure idée peut-être ? S’énerva Ryô.  

 

- Depuis quand tu fonces sans assurer tes arrières ? Face au mutisme de son ami, Mick reprit : Tu pensais ne pas t’en sortir ? C’est pas très professionnel cette attitude… heureusement que je suis arrivé, aller suis-moi…  

 

La voiture de Mick était aussi garée sur le port, près de celle de Ryô. Pendant que l’américain chargeait son colis sans ménagement à l’arrière, rapidement Ryô se dirigea vers la Mini. Avec beaucoup de précaution, il installa Kaori sur le siège passager et alluma le chauffage. Elle était toujours aussi pâle même si ses lèvres reprenaient doucement des couleurs.  

 

Les deux voitures démarrèrent en trombe. Ryô alternait son regard entre la voiture de Mick qu’il ne devait pas perdre de vue et Kaori qui restait prostrée dans son silence. Avec la chaleur qui abondait dans le petit habitacle et ce silence lourd et inexpliqué, Ryô avait l’impression d’étouffer.  

 

Ryô n’avait pas aimé cet échange visuel auquel il avait assisté entre sa partenaire et Gin. Pourquoi ne l’avait-elle pas regardé lui ? Pourquoi ce sentiment d’indifférence l’envahissait ? Pourquoi Kaori s’était-elle attardée sur ce malade alors qu’il ne méritait que de crever seul ?  

Il se serait écouté, Ryô l’aurait bazardé sans remords une balle entre les deux yeux et lesté au fond de l’océan. Ryô se doutait qu’elle n’accepterait pas que cet homme meure ainsi, elle se sentirait coupable car avant d’être son tortionnaire, ce Gin qui avait été son ami et sa famille. Ryô serra plus fort le volant à cette pensée « sa famille », Kaori était sa famille… Ryô avait donc décidé malgré lui de laisser cette ordure en vie et de laisser pour une fois la justice faire son travail car il ne voulait plus perdre la seule femme qu’il n’ait jamais aimée et surtout pas pour une vermine pareille. Une foule de question l’assaillit dont une qui résumait son inquiétude : que s’était-il réellement passé entre eux pendant tout ce temps ?  

 

Alors que le jour finissait de se lever, Ryô continuait de suivre Mick qui les conduisait en dehors de la ville. Un petit chemin de terre menait à une vieille ferme. Ils se garèrent et alors que Mick toquait à la porte de la bâtisse, Ryô s’octroya une minute de répit. Tout avait été si précipité, il avait peine à croire que Kaori était là. Tout se bousculait dans sa tête. Ryô voulait connaître l’ampleur des dégâts que ce psychopathe avait pu causer chez elle.  

Voyant Mick entrer à la suite d’une femme en soutenant Gin, Ryô sortit à son tour de la voiture et transporta Kaori à l’intérieur.  

 

La femme qu’avait entre aperçut Ryô était le médecin chef de cette « clinique ». Elle avait déjà donné ses instructions à son assistant en ce qui concernait Gin. Elle fit signe à Ryô de la suivre dans une autre salle. D’un regard, Ryô demanda à Mick de garder l’œil sur leur prisonnier.  

 

Installant Kaori sur la table d’auscultation, Ryô dévisagea la praticienne : assez jeune, plutôt jolie et elle ne semblait nullement perturbée par leur arrivée et leur état.  

 

- Je vais soigner vos blessures, fit-elle après avoir pris les constantes de Kaori.  

 

- Votre priorité c’est elle ! Lâcha Ryô qui ne laissait aucun choix.  

 

La femme ne répondit rien et s’activa autour de Kaori. Elle la mit sous respirateur pour faciliter son oxygénation, la plaça sous une couverture chauffante pour accéléré le réchauffement de son corps, pansa chaque hématome, lui fit plusieurs prises de sang et une injection pour finir par la relier à une perfusion, le tout sous le regard attentif et minutieux de Ryô.  

 

- A votre tour maintenant. Son état est stable. Fit le médecin en invitant Ryô à entrer dans une autre salle d’auscultation.  

 

- Laissez cette porte ouverte.  

 

De là où il était, Ryô pouvait garder un contact avec Kaori. Pas une seule fois il détourna le regard de la silhouette endormie, pas une seule fois il ne tressaillit, pas même lorsque le médecin retira les balles et sutura les plaies le tout sans anesthésiant. Ryô voulait rester conscient de tout ce qu’il se passait. Ne pas fermer les yeux. Ne pas se détourner d’elle.  

 

La jeune femme avait fini son travail sur son patient qui de toute évidence n’était pas d’humeur loquace. Elle les installa, la jeune femme et lui dans une chambre au calme.  

 

- Elle va dormir un bon bout de temps, vous devriez vous reposer aussi. Fit-elle en quittant la chambre pour aller voir où en était rendu son assistant.  

 

Elle arriva dans une pièce située dans un autre couloir.  

 

L’homme qui lui avait parlé en arrivant, se tenait à faible distance de celui qui était bien amoché. Il se tenait prêt à lui sauter dessus au moindre mouvement suspect pourtant ce patient ne risquait pas d’aller loin, attaché comme il était aux barreaux du lit. Ses blessures aussi avaient été soignées.  

 

- Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle sans détour.  

 

- C’est Doc qui m’a conseillé votre adresse, répondit Mick sans même la regarder.  

 

A ce moment, s’il s’était retourné, il aurait vu un sourire doux et nostalgique se peindre sur le visage de la praticienne.  

 

- Vous pouvez rester le temps nécessaire. Vous ne risquez rien ici.  

 

- Merci.  

 

 

Deux jours déjà étaient passés sans que Kaori ne se réveille. Deux jours pendant lesquels Ryô avait veillé sans relâche sur le sommeil agité de sa partenaire. Où il avait encaissé coups après coups les appels incessants de Kaori qui scandait le nom de Gin dans la douleur et la peine de son inconscient.  

 

Les résultats avaient montré la trace d’un puissant sédatif ayant pour objectif d’annihiler toute volonté et souvenirs. Ryô se doutait que Gin avait ainsi pu manipuler Kaori à sa guise. Doucement ses hématomes se nuançaient de couleur pour contraster avec sa peau de nacre. Le médecin disait qu’elle était en bonne voix alors pourquoi ne se réveillait-elle pas ? Ryô se tenait près d’elle, lui tenant fébrilement la main dont il caressait tendrement la paume de son pouce. Ses yeux ne quittaient pas le visage apparemment serein de Kaori. Il guettait une réaction qui ne venait pas même lorsqu’il porta la main à ses lèvres pour y déposer un doux baiser en son creux.  

 

Quelqu’un toqua à la porte et pénétra sur le seuil de la chambre.  

 

- Tout est réglé. Reika accepte de s’occuper de la partie légale du problème. Annonça Mick un peu mal à l’aise face au silence qui régnait dans cette chambre. D’après le médecin, il sera transférable dans quelques jours, je m’occuperai de faire la livraison.  

 

Ryô ne répondit que par un hochement de tête sans rompre son contact visuel et physique avec la jeune femme.  

 

- Toujours pas de changement ? Cela va venir, le médecin est confiant… si tu veux je reste le temps que tu ailles te rafraîchir, ton état fait peur à voir. Ironisa Mick en prenant à son tour une chaise pour s’installer près du lit.  

 

L’américain avait fait une proposition qui n’était qu’un fait, Ryô devait s’aérer les idées, ne serait-ce que pour quelques minutes. Quitter cette chambre et arrêter de se fixer sur Kaori sinon à son réveil ce serait à elle de veiller sur lui et Mick se doutait qu’elle ne serait assez forte pour cela.  

 

Ryô chercha un prétexte pour rester mais Kaori ne risquait rien alors il obtempéra, le cœur lourd, à s’éloigner d’elle un instant.  

 

- Tu sais ma douce, nous sommes tous perdus sans toi mais ce n’est rien face à Ryô qui n’est plus que l’ombre de lui-même alors ne te fais pas languir…, murmura Mick une fois que le nettoyeur eut quitté la chambre.  

 

Au matin du quatrième jour, Ryô était au téléphone avec Reika. La jeune femme avait insisté pour lui parler et s’excuser de ce qu’elle lui avait reproché au sujet de Saeko. La conversation s’éternisait aussi sur le dossier Gin, il ne fallait rien omettre pour garantir son emprisonnement. Reika avait repris l’enquête de sa sœur sur Gin et avait réussit à trouver des informations mais aussi et surtout des preuves de ses exactions. Une condamnation principale pour haute trahison envers son pays serait la plus lourde conséquence à laquelle venaient s’ajouter : meurtre, tentative de meurtre sur un agent de police, enlèvement et séquestration… La peine de mort ne risquait pas d’être demandée vu que Gin était en possession d’informations pouvant servir à l’état mais il passerait le reste de sa vie derrière les barreaux d’un pénitencier de haute sécurité, sans visites, sans aucuns droits mais surtout loin, très loin de Kaori.  

 

Pendant ce temps, Mick avait pris la relève auprès de Kaori. Alors qu’il observait par la fenêtre le temps pâle et triste qui s’installait au dehors, Mick entendit un mouvement dans son dos. Se retournant, il eut l’agréable surprise de croiser le regard perdu mais éveillé de la jeune femme.  

 

- Bonjour, fit-il en se rapprochant d’elle. Heureux de te savoir parmi nous.  

 

Kaori le remercia d’un timide sourire en tentant de se redresser sur le lit. Mick l’aida à s’installer plus confortablement alors que Kaori se jetait dans ses bras, en larmes :  

 

- Tu es là… tu m’as retrouvée….  

 

Surpris par cet élan, Mick tenta de la calmer avant d’engager les explications.  

 

- A dire vrai, c’est Ryô qui t’a retrouvée… c’est grâce à lui que tu es ici, en sécurité. Face à la moue confuse de Kaori, Mick demanda : De quoi te souviens-tu ?  

 

- Je ne suis pas sûre… un incendie…, Kaori cherchait à assembler les flashs et les souvenirs mais tout se mélangeait…, GIN ! Hurla-t-elle. Il est dangereux…  

 

- Calme-toi, il ne te fera plus aucun mal… tout va bien…, rassura Mick en la berçant une nouvelle fois. Par contre il y en a un qui va être déçu de ne pas avoir été là à ton réveil, je vais aller le chercher…  

 

- NON !! Kaori avait crié plus qu’elle ne l’aurait voulu en s’accrochant aussi fort que possible à Mick. Je ne peux pas… pas encore, je… je suis pas prête…  

 

Mick ne comprenait pas le comportement craintif de son amie envers Ryô mais il ne voulait pas la brusquer, le principal était qu’elle avait enfin repris connaissance.  

 

- Laisse-moi au moins aller chercher le médecin pour qu’elle t’ausculte.  

 

Avec l’accord de Kaori, Mick disparu derrière la porte et en moins de temps qu’il lui en fallu pour le dire, il revint avec la praticienne. Il fit les présentations et les laissa seules, attendant impatiemment le diagnostic dans le couloir. Au bout de quelques instants, le médecin permis à Mick de rentrer dans la chambre et annonça tout sourire :  

 

- Vous récupérez très vite, mademoiselle. Vous pourrez bientôt rentrer chez vous.  

 

- Kaori…  

 

Son prénom avait été prononcé avec tant d’émotions mêlées que la jeune femme avait senti son cœur se contracter à cet appel. Ryô se tenait sur le seuil de la chambre et ne semblait croire ce qu’il voyait. Il s’avança directement vers la jeune femme mais lorsqu’il voulu la serrer dans ses bras, elle poussa un petit cri plaintif.  

 

- Elle est encore fragile suite à son immobilisation, il faut d’abord qu’elle reprenne des forces, je vais lui faire amener de quoi se restaurer. Intervint le médecin en quittant la chambre en conseillant lourdement que sa patiente avait encore besoin de repos et de calme.  

 

Après le départ du médecin, Kaori se rallongea et tourna le dos à Ryô pour tenter de trouver le sommeil.  

 

Surpris par ce geste, Ryô regarda Mick qui semblait perdu lui aussi.  

 

Ryô se leva et fit signe à Mick de le suivre dans le couloir :  

 

- Pourquoi tu ne m’as pas prévenu de son réveil ? Est-ce qu’elle t’a dit quelque chose ?  

 

- Ca c’est passé très vite et j’ai pensé que la priorité était de s’assurer que tout allait bien.  

 

Mick ne voulait pas mentir à son ami mais était-ce vraiment mentir, après tout lui-même ne savait pas pourquoi Kaori était aussi distante avec Ryô.  

 

- Tu as entendu le médecin, il va falloir du temps… elle est là, consciente et sur le chemin de la guérison… donnez-vous du temps. Rassura Mick qui se voulait confiant pour eux.  

 

 

Les jours suivants furent très longs pour Ryô qui voyait sa partenaire reprendre des forces, rire aux pitreries de Mick mais avec lui rester distante. Avec Mick, elle se confiait, elle l’écoutait et surtout elle le regardait. Elle posait sur l’américain un regard doux et calme alors qu’avec lui, c’était à lui de lui tirer un sourire, un mot mais elle évitait toujours de le regarder droit dans les yeux. Comme si elle redoutait que par un simple regard il ne découvre un terrible secret. A force de cogiter ainsi, Ryô imaginait le pire : et si Gin avait abusé d’elle alors qu’elle était sous son contrôle ? Ryô ne voulait pas qu’elle est honte de quoique ce soit qui ai pu se passer pendant « sa détention », elle n’en était pas responsable. Ensemble, ils pouvaient le surmonter. Si seulement, ils pouvaient se parler mais Mick restait toujours à proximité et dès qu’il s’en allait, Kaori feignait le sommeil. Elle l’évitait consciemment et Ryô restait là s’en pouvoir l’atteindre.  

 

Enfin arriva le jour pour Ginko de sortir de la clinique. Ryô ne supportait plus sa présence en ces lieux, il était trop proche de Kaori. Il était encore un obstacle pour lui et Kaori. Et c’était donc avec un certain empressement que Ryô réglait les derniers détails avec Mick avant leur départ.  

 

A chaque consultation du médecin, Ryô était présent, il voulait tout savoir de l’état et la progression clinique de sa partenaire. Elle pouvait dorénavant bouger plus aisément mais sur un laps de temps assez bref.  

 

Kaori avait réussi à mettre toutes les pièces de ses souvenirs et des évènements en place et elle avait appris par Mick que Gin était aussi là à se remettre de ses blessures infligées par Ryô. Ryô lui-même avait été lourdement blessé même s’il se montrait déjà rétablit, il prenait sur lui pour ne pas inquiéter la jeune femme. Elle s’en voulait énormément des conséquences que cela avait engendrées. Elle avait beaucoup réfléchit à sa situation et une évidence s’était imposée à elle.  

 

- Comment va Gin ? Demanda-t-elle sans détour.  

 

Le médecin fut surprise par cette question car à ce qu’elle avait compris de la situation c’était par la faute de cet homme que sa patiente se retrouvait ici. Elle regarda le compagnon de la jeune femme pour savoir jusqu’où elle pouvait répondre mais celui-ci semblait déconnecté de la réalité.  

 

La question de Kaori se répétait encore et encore dans sa tête comme une énigme qui ne trouvait pas de solution. Pourquoi lui faisait-elle cela ? Pas une fois elle ne s’était inquiétée de son sort à lui, du moins pas en sa présence. Et là subitement elle demandait des nouvelles de l’autre, ce lâche qui ne méritait même pas le nom d’Homme.  

 

- Je veux le voir…, insista Kaori en suppliant du regard le médecin pour qu’elle accède à sa requête.  

 

- Il en est hors de question !!! S’indigna Ryô en reprenant brutalement pied face à cette demande déplacée.  

 

- Tu n’as pas à décider pour moi ! Répondit Kaori toujours en fixant le médecin.  

 

- Tu crois que tu es en état de quoique ce soit ? Tu vas tellement bien que tu veux te jeter dans la gueule du loup ! Dites-lui Docteur qu’elle ne peut pas ! Fit Ryô en prenant la praticienne à partie.  

 

La femme soupira. Elle voyait bien que cela avait une importance capitale pour sa patiente et même si son compagnon était contre et qu’elle-même doutait que ce soit la meilleure chose à faire, rien de médical n’empêchait de faire cette rencontre :  

 

- Très bien mais à une condition : vous ne devez pas forcer alors c’est en fauteuil qu’on se déplace sinon autant rester là.  

 

Kaori opina sagement et avec l’aide du médecin, s’installa dans le fauteuil roulant qui était dans un coin de la chambre sous le regard effaré du nettoyeur. Elle la conduisit dans l’autre partie de la clinique, jusqu’à la chambre de Gin. Kaori voulait y aller seule mais Ryô avait rétorqué : « tu y vas, je viens ! ». Il les suivait donc en silence, son aura s’intensifiant de mètre en mètre. Le médecin rappela ses consignes : ne pas faire d’effort et de ne pas s’attarder avant de les laisser seuls dans le couloir face à la porte derrière laquelle se trouvait le patient toujours attaché.  

 

Kaori regarda le médecin s’éloigner. Elle inspira un grand coup alors qu’elle tentait de calmer le tremblement de ses mains. La présence de Ryô et la colère grandissante qui émanait de lui ne l’aidaient pas à se concentrer sur la situation.  

Péniblement, Kaori posa un pied à terre puis le second. Toujours assise elle prit appui sur la barre métallique longeant le mur du couloir et doucement se redressa. Ne pas faire de mouvement brusque. Chaque geste était minutieusement calculé. Une fois debout, Kaori attendit un instant que son corps s’habitue et trouve un semblant d’équilibre. Se concentrant sur sa respiration, Kaori amorça un pas vers la porte. Elle faillit s’écrouler mais se retint à la barre et au mur. Ryô amorça un mouvement en sa direction mais d’un geste elle le maintint à distance. Elle calma la course folle de son cœur et repris sa démarche. Atteignant la porte, elle posa sa main sur la poignée. A son tour, Ryô posa sa main sur celle de la jeune femme. Ce contact inattendu la fit frémir. Regardant leurs mains posées sur cette poignée, Kaori affirma :  

 

- J’y vais seule. Quoiqu’il se passe, promets-moi de ne pas intervenir.  

 

Ryô détailla la jeune femme face à lui. Il ne reconnaissait pas cette voix pâle et dénuée d’émotions.  

 

- Je ne te promets rien, fit-il en rompant le contact physique et en s’adossant au mur sans la quitter du regard.  

 

- Qu’est-ce que vous faites là ? Demanda Mick en sortant de la chambre se doutant d’une présence dans le couloir.  

 

- Elle veut le voir ! Fit Ryô sur un ton sec.  

 

- Kaori ce n’est vraiment pas une bonne idée, tu…  

 

- Mick n’insiste pas, je sais ce que j’ai à faire. Répondit doucement la jeune femme en freinant l’américain dans son argumentation.  

 

Gêné, Mick regarda Ryô qui était sur le point de laisser éclater sa colère face au changement d’attitude de sa partenaire ; lui avait le droit à son ignorance et sa désinvolture et Mick à sa gentillesse. Même Gin allait bénéficier de son attention.  

 

- Je peux savoir à quoi tu joues ?!! Lâcha Ryô les poings serrés.  

 

- Je fais ce que bon me semble ! Je dois le voir que tu me comprennes ou non ! Répondit Kaori en fixant la porte.  

 

Sentant la tension augmenter, Mick s’interposa entre ses amis et éloigna Ryô pour le calmer.  

 

- On t’attend là… S’il y a quoique ce soit n’hésites pas…, fit-il à l’attention de la jeune femme alors que Ryô déversait sa rancœur sur lui.  

 

- Non mais ce n’est pas vrai ! Tu ne vas pas toi aussi la laisser faire ! Y a que moi pour croire que c’est une connerie de la laisser le voir ?!  

 

Laissant Ryô s’énervé de son côté, Kaori fit le vide dans son esprit et réunissant toute sa volonté, ouvrit la porte sans hésiter.  

 

La chambre baignait dans une clarté froide renvoyée par le soleil pâle de ce mois d’hiver. Gin était allongé et attaché sur le lit, les cordes avaient été remplacées par des sangles mieux adaptées à son état de patient. Il était éveillé et regardait au-dehors, et ne s’intéressa même pas à la personne qui venait d’entrer.  

 

Kaori repoussa la porte derrière elle sans s’apercevoir que celle-ci ne s’était pas réellement fermée et avisa de la distance à atteindre pour se retrouver face à lui. Précautionneusement et en tentant de dissimuler l’hésitation de son corps à effectuer ses mouvements, Kaori rejoignit le pied du lit et s’agrippa aux barreaux pour ne pas faillir.  

De sa position, elle le dominait. Les rôles étaient maintenant inversés sauf que Kaori n’avait aucun pouvoir sur ce qui attendait Gin à la sortie de la clinique. Elle ne savait pas quel sentiment devait prendre le dessus dans son cœur : la colère, la déception, la compassion ?  

 

Gin, lui savait bien qui était entré dans sa chambre. Il avait sentit sa chaleur faible mais persistante. Comment osait-elle paraître dans un moment pareil, lui affaiblit et entravé par des liens.  

Lentement il tourna la tête pour poser ses yeux d’un vert profond sur le visage impassible de la jeune femme.  

 

- Qu’est-ce que tu veux ? M’entendre dire que je regrette ? Que je suis désolé ? Non je ne regrette rien ! J’ai aimé chaque moment auprès de toi et ça personne ne me l’enlèvera…  

 

Même maintenant, attaché et soumis, Gin restait fier et orgueilleux. Et pour la première fois de sa vie Kaori ressentait de la haine pour un homme qu’elle avait aimé :  

 

- Tout est clair à présent dans ma tête. Tu m’as pris plus de quatre mois de ma vie… tu m’as volée tout ce qui était cher à mon cœur… ma vie, mes amis, ma famille… tu as déshonoré la mémoire de mon frère, tu as piétiné sans honte ce qui faisait de nous une famille ! Et tout ça pourquoi ? Soit disant par amour… pour toi, pour satisfaire tes désirs… et regarde où ça t’a mené !! Et pourtant tu sembles encore fier de toi ? Comment ? Pourquoi ??? ... ne vois-tu pas que tu as perdu ? Tout ça n’était qu’une illusion ! Je croyais que tout oublier serait le meilleur moyen d’avancer mais…  

 

- On ne m’oublie pas comme ça ! D’ailleurs quand on s’est revu, j’ai su que tu m’avais gardé une place particulière dans ton cœur… que tout était encore possible ! Tu ne peux pas nier ce que l’on a vécu pendant ces quelques mois ! Nous étions heureux ! Je n’ai pas rêvé ton rire qui résonne encore dans mon cœur ni tes regards doux et tendres à mon égard… Tu peux te convaincre de ce que tu veux mais tu ne m’enlèveras pas la douceur de ta peau ni le goût de tes lèvres, cela restera ce qui nous tiendra l’un à l’autre. Ces moments volés n’appartiennent qu’à nous et dans chaque homme que tu croiseras, tu me verras. Je serais toujours là, tu m’entends : TOUJOURS LA !!!!! Tu as tout foutu en l’air !! C’est ça la vie que tu veux : vivre dans l’ombre aux côtés d’un assassin ? Tu n’es pas faite pour cette vie ! Je peux tout te donner, la lumière, la vie, le pouvoir… et tu as l’audace de refuser ? Gin riait de constater que sa Kaori qu’il croyait si pure et vertueuse se débauchait à se perdre d’illusions pour un tueur.  

 

- Tu te donnes une importance que tu n’as pas ! Certes je n’oublierai jamais ce que tu m’as fait endurée par pur égoïsme mais grâce à toi, je vais vivre plus fort chaque instant loin de toi ! Je serai heureuse sans toi ! Je veux que tu saches que je suis là, je suis debout face à toi et je ne te crains pas. Plus jamais tu ne m’atteindras ! Malgré tout, malgré toi et malgré moi, une fois que j’aurai quitté cette pièce tu ne seras plus, tu n’existeras plus !! Tu as perdu Gin !! Toi le grand manipulateur, si fier de tes performances, tu as trouvé plus fort que toi ! Tu m’as rendue plus forte que toi ! Grâce a toi je sais que je pourrai désormais défendre ma famille des personnes de ton espèce et ce envers et contre tout !!! Finissant sa tirade en portant sur Gin son regard noisette empreint d une nouvelle lueur qui n’échappa pas à l homme qui s’agita sur son lit assez violemment contrarié par la répartie de la jeune femme.  

 

Devant la folie qui envahissait l’homme, Kaori ne put que se résoudre définitivement à lui tourner le dos, sans regrets pour leur vie commune avant cette hérésie.  

 

- Je ne peux plus rien pour toi Gin… il n’y a jamais eu de « nous » et il y en aura jamais. Peu importe ce que tu penses ou ce que tu crois, ça s’arrête ici et maintenant. Je suis venue te dire « adieu ».  

 

Kaori ne maîtrisait plus les tremblements dans sa voix. Une boule s’était formée dans son estomac. Elle devait s’éloigner de lui pour garder sa dignité et cette nouvelle force face à cet inconnu.  

 

Gin riait toujours et continuait dans ses délires :  

 

- Parce que tu crois que c’est fini ? Que ça s’arrête là ? Ca ne sera jamais fini Kaori !! JAMAIS !! Je serai toujours là !!  

 

- RYÔÔÔÔÔÔ !!!! Ce cri provenant du couloir avertit Kaori d’un danger imminent.  

 

- CA SUFFIT JE VAIS TE TUER !! Hurla Ryô en entrant violement dans la chambre, fracassant la porte contre le mur.  

 

- NOOOON !! Fit Kaori en lui barrant le chemin entre lui et Gin.  

 

Mick s’excusa du regard auprès de Kaori pour n’avoir pas pu empêcher Ryô d’intervenir.  

 

Elle tremblait comme une feuille suite à cet échange houleux et pourtant elle le défendait. Elle défiait ouvertement Ryô d’oser lever la main sur Gin. Ryô fut touché en plein cœur par cette lueur vive qui habitait les yeux de Kaori. Il y avait tant de haine et de mépris dans son regard. Il regretta amèrement à ce moment là qu’elle ne le fuie plus des yeux, car même s’il savait au fond de lui que c’était le résultat de sa confrontation avec Gin dont il n’avait rien manqué, Ryô ne pouvait s’empêcher de prendre ce regard pour lui. C’était le premier qu’elle posait réellement sur lui depuis leurs retrouvailles. Il avait tant enduré mais pas pour aboutir à cela : de la haine, de la colère et de l’indifférence. Tout mais pas ça.  

 

Kaori retenait ses larmes dos à l’homme qui avait été sa famille, son ami et son pire cauchemar. Face à elle se tenait Ryô qui la mitraillait de ses yeux sombres et hagards. Elle le vit reculer et quitter cette pièce sans un mot, la laissant à nouveau seule parmi les rires de hyène qui emplissait la chambre.  

 

Mick hésitait sur la conduite à tenir, ses deux amis se déchiraient et l’un comme l’autre avait besoin d’aide pour surmonter tous ces non-dits.  

 

- Le laisse pas seul…, murmura Kaori qui avait deviné les pensées de son ami. Je vais bien vas-y !  

 

Kaori regarda Mick partir à la suite de Ryô. Elle franchit à son tour le seuil de la porte, longea le mur jusqu’au fauteuil et s’adossa contre la paroi avant de se laisser glisser au sol. Elle ne savait pas si elle avait trouvé ce qu’elle était venue chercher dans cette confrontation et en dépit de ce que pensait Ryô elle savait qu'elle avait eu raison de le faire même si elle, elle se sentait coupable de ce qui leur arrivait à tous. Et Malgré elle, elle avait choisi de s’interposer entre Ryô et Gin. Gin qui continuait de vociférer ses espoirs et ces cris tourmentant la jeune femme restée prostrée dans ce couloir, vide et à bout de force.  

 

Ryô courait dans la clinique à perdre haleine. Il avait besoin d’air. Il avait besoin de s’éloigner. Il sentait la colère se déchaîner en lui. Il avait un besoin urgent de se défouler. Il sortit en trombe de la bâtisse et heurta ses poings violement contre le premier obstacle qu’il trouva. Le mur de pierre s’effrita par endroit, sa poussière se mêlant au sang versé par les articulations de l’homme inconscient de ses nouvelles blessures. Rien ne lui faisait plus mal que de ressentir de l’indignation et de la frustration face au comportement sans équivoque de sa partenaire.  

 

Une profonde injustice l’envahissait, il avait tant espéré depuis qu’il l’avait à nouveau tenue dans ses bras et tout ce qu’il récoltait était pire que tout ce qu’il avait surmonté, c’était au-dessus de ses forces. Il se sentait trahi comme si Kaori lui avait délibérément tiré une balle dans le dos. Elle était la plus grande blessure qu’il doutait pouvoir panser un jour. Ryô s’écroula sans force au pied du mur.  

 

Cette altercation n’était pas passée inaperçue aux yeux et aux oreilles des autres résidents de la clinique. Mick avait assisté impuissant à la colère que Ryô reportait contre lui-même. Voyant que Ryô ne se mettrait pas en danger pour autant, il décida de le laisser se reprendre, seul. Mick retourna à la chambre de Gin pour lui faire cesser ces lamentations et lui faire quitter sur le champ ces lieux. Il arriva en compagnie du médecin et de son assistant. En voyant Kaori toujours recroquevillée et en sanglots, il se précipita auprès d’elle. Elle n’arrivait plus à parler, seules ses larmes se déversaient sans discontinuer. Mick la repositionna sur le fauteuil :  

 

- Ca va aller, calme-toi ma belle…, fit-il en l’embrassant tendrement sur le front.  

 

Mick fit signe au médecin de l’éloigner et avec l’aide de l’assistant, il s’occupa de Gin. Afin de le faire taire, Mick n’eut pas la patience d’attendre que le médecin administre un calmant. Il empoigna Gin par le col de sa blouse et lui asséna un violent coup droit qui lui fit cesser ses jérémiades.  

 

Ils le transportèrent sans ménagement jusqu’à la voiture. En les voyant sortir, Ryô se redressa et les rejoignit, il prit la corde des mains de Mick et claqua Gin pour le faire émerger. Le balançant à l’arrière de la voiture, Ryô l’attacha soigneusement en serrant les liens à lui en laminer les poignets, il lui murmura un sourire aux lèvres :  

 

- Tu te souviens « Je l’ai, je la garde »… ça n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui sauf que c’est moi le garant de sa vie ! Jamais tu ne reposeras tes yeux sur elle ! Je n’aurai aucun mal à faire qu’elle t’oublie pendant que tu croupiras dans une cellule, tu vas connaître ce que c’est que d’être la cible de détraqués en tout genre… je t’ai prévu un accueil à la mesure de ta folie !! Siffla-t-il entre ses dents avant de lui asséner à son tour un coup de poing qui replongea Gin dans le noir, une traînée de sang sur le visage.  

 

Ryô scotcha la bouche de Gin et claqua la portière. En silence, il regarda Mick démarrer la voiture et s’éloigner pour disparaître au bout du chemin de terre. Se retournant vers la bâtisse, Ryô respira patiemment pour retrouver son calme avant de retourner auprès de Kaori.  

 

Il ne savait pas comment ni où cela les mènerait mais Ryô refusait de se laisser faire. Il était prêt à livrer la plus grande bataille de sa vie : ramener Kaori à lui coûte que coûte.  

 

 

Une semaine déjà qu’ils étaient arrivés à la clinique. Une semaine où tout avait à nouveau basculé sans qu’elle puisse y remédier. Kaori avait enfin eu la permission de rentrer. Elle avait hâte et en même temps, elle appréhendait ce retour chez eux, avec Ryô. Elle sentait que son partenaire, lui, s’impatientait d’être seul avec elle. Il avait tenté à plusieurs reprises de lui parler mais à chaque fois quelqu’un les avait interrompus, ce qui l’avait soulagée à chaque fois. Elle savait que c’était repousser l’échéance de ce qu’il arriverait à un moment ou un autre mais elle n’était pas prête. Elle ne pouvait se résoudre à lui parler. Elle ne savait pas quoi lui dire. Voulait-il connaître les conditions de sa détention ? Voulait-il lui parler de Gin ? Voulait-il parler d’eux ? Kaori se souvenait de ce qu’il s’était passé entre eux avant… avant l’incendie. Y repenser lui faisait mal. A cause de Gin, elle avait perdu une amie… ses illusions d’une vie qui n’était pas celle qu’elle croyait. Elle avait perdu une partie de son innocence.  

Le jour même de sa confrontation avec lui, Mick l’avait emmené loin d’elle à jamais. Tout ceci était bel et bien fini. Et pourtant elle sentait que le plus difficile était encore à venir. Elle devait affronter Ryô et devait s’affronter elle et surtout sa conscience. Mais le comportement de Ryô à son égard la troublait. Il était attentionné, prévenant et patient alors qu’elle se serait plus attendue à des reproches et à de la colère. Elle se sentait perdue et préférait continuer à éviter d’avoir à se retrouver seule face à lui.  

 

Ryô entra dans la pièce et fut surpris de tant de tristesse qui émanait de sa partenaire. Elle était adossée contre la fenêtre et son regard vide se perdait vers l’extérieur.  

 

- Tu es prête ? Demanda-t-il en attrapant ses effets posés sur le lit.  

 

Elle se retourna vers lui, jetant un bref regard vers lui avant de baisser les yeux et de le suivre. Elle pouvait se déplacer seule et refusait la moindre assistance.  

Ils quittèrent la clinique en silence après avoir remercié la praticienne de son aide discrète et soignée.  

Ryô démarra la voiture et prit le chemin du retour. Aucun des deux ne parlait comme si le moindre mot pouvait réveiller des torrents de douleur. Kaori ressentait toute la frustration et le désarroi de Ryô face à ce silence. Cela se voyait à sa façon de conduire, brusque et rapide alors que ses mains bandées se crispaient sur le volant. Malgré tout, elle ne fit pas un geste vers lui, pas un mot et le retour fut long et fatiguant pour les deux occupants de la Mini.  

 

Quand Kaori aperçut l’immeuble de brique rouge, elle se sentit soulagée de rentrer enfin chez elle, de retrouver un endroit sûr et familier. Elle avait hâte de s’isoler dans le cocon protecteur de sa chambre.  

 

Ryô se gara et observa sa partenaire qui ne se lassait pas de détailler l’immeuble. Il soupira et sortit du véhicule pour aller lui ouvrir la portière :  

 

- Bienvenue à la maison, dit-il en essayant d’être le plus souriant possible.  

 

Kaori y répondit rapidement d’un hochement de tête et se dirigea vers l’entrée de l’immeuble avec Ryô sur ces pas. L’ascension des escaliers fut éprouvante pour la jeune femme et même quand Ryô lui proposa son aide, elle ne le laissa pas faire en lui répondant un simple et bref « ça va aller… ». Alors Ryô resta en retrait, le cœur meurtrit d’être repoussé une fois de plus.  

 

Arrivés à l’étage Ryô s’empressa d’ouvrir la porte pour que Kaori retrouve la chaleur de leur foyer. Sur leur territoire, enfin les choses pourront éclater. Ryô ne lui laisserait plus le choix, il avait attendu au-delà de toute patience raisonnable.  

Lui qui pensait qu’ils allaient enfin se retrouver seuls et au calme pour enfin se parler, fut surpris de constater que leurs amis en avaient décidé autrement.  

En ouvrant la porte de l’appartement, Ryô mais surtout Kaori fut accueillie par les pleurs et les rires de Kazue et Miki alors que Ryô se faisait entraîner par Mick et Falcon.  

 

- Qu’est-ce que ça veut dire ? Demanda Ryô qui ne s’attendait pas à ça.  

 

- J’ai bien essayé de leur expliquer que Kaori avait besoin de calme et de repos mais elles ne pouvaient pas attendre plus longtemps de la voir depuis que je leur ai annoncé la bonne nouvelle. Répondit Mick.  

 

Ryô s’apprêtait à mettre tout le monde dehors quand Kaori prit enfin la parole :  

 

- Ce n’est rien, au contraire je suis contente de les voir. Vous m’avez tellement manquée…, finit-elle en larmes dans les bras de ses amies.  

 

Alors mêmes eux avaient le droit à ses sourires, ses larmes et la joie de les retrouver. Ryô ne comprenait pas pourquoi Gin et pas lui ; pourquoi leurs amis et pas lui. Etait-il invisible à ses yeux ? Ne méritait-il pas un regard, un geste qui prouvait qu’il représentait encore quelque chose pour elle ?  

 

Alors qu’il restait à l’écart de ses joyeuses retrouvailles auxquelles il se sentait exclu, un son familier qui lui avait tant manqué résonna comme une douce musique à son cœur : Kaori riait. Son sourire était lumineux et sincère. La voir à nouveau rayonner parmi eux lui fit un bien fou mais une sourde jalousie naquit en lui : il n’était pas celui qui la rendait heureuse à ce moment-là, ce n’était pas à lui qu’elle offrait ses sourires et sa joie d’être enfin de retour.  

 

Il apprit par le biais de Mick que Saeko aussi était sortie d’affaire et que Reika n’était pas présente pour leur retour préférant rester auprès de sa sœur même si plus aucune menace ne planait vu que le sort de Gin était scellé.  

 

Au bout de deux heures où chacun avait soigneusement évité le sujet du drame qui les avait conduits à tant de souffrance, les invités décidèrent de partir et de laisser Kaori se reposer. Ils étaient tous rassurer sur son état et les étreintes furent longues lors du départ.  

 

Alors que Kaori refermait la porte avec une appréhension mal dissimulée, Ryô se servait un verre de whisky. Il ne s’était pas permis cela devant leurs amis pour ne pas leur donner un prétexte de rallonger leur présence. Ce verre n’était pas un geste anodin de sa part mais Ryô avait besoin de se réchauffer face au mutisme glacial qui reprenait ses droits entre Kaori et lui. Kaori n’avait pas bougé de la porte et hésitait sur ce qu’elle devait faire ou dire. Elle sentait le regard insistant de Ryô glisser sur elle. Elle était épuisée par toute cette agitation qui avait régné et lasse à l’idée de rester dans cette pièce avec lui.  

 

- Je suis fatiguée… je vais aller m’allonger…, annonça Kaori alors qu’elle se dirigeait vers les escaliers.  

 

- Ca sera comme ça dorénavant ? Il avait parlé de façon froide et directe. Toute la tension se lisait dans cette question et dans ses yeux devenus plus noir qu’une nuit sans lune.  

 

Kaori stoppa ses pas aux pieds de l’escalier et guettant l’étage, demanda :  

 

- Que veux-tu dire ?  

 

Le son du verre éclatant contre le mur fit sursauter Kaori. La panique et la peur s’emparèrent d’elle. Jamais Ryô ne l’avait regardée ainsi, ce genre de regard allait plutôt à ses ennemis.  

 

- Et en plus tu te fous de moi !! Aboya-t-il. Ca n’a que trop duré Kaori ! Je n’en peux plus de ton silence et de cette distance que tu maintiens avec moi ! PARLES-MOI BON SANG !!  

 

- Depuis quand « parler » est devenu ton activité favorite ? Laisse-moi tranquille, je n’ai rien à te dire ! S’énerva-t-elle en montant les marches.  

 

Elle ne voulait pas l’affronter, pas maintenant, pas ainsi.  

 

- Tu préfèrerais peut-être te retrouver avec lui ?! S’il n’y a que ça, je t’emmène ! Fit Ryô, sarcastique et blessant en rattrapant Kaori par le poignet.  

 

Elle se figea à ses mots et ce contact froid. Elle résista et voulu se défaire de cette emprise mais Ryô la fit basculer et la ramena à sa hauteur pour la bloquer entre le mur et lui.  

 

- Faut-il que j’agisse comme lui, contre toi pour que tu daignes me regarder…, souffla-t-il alors qu’il relevait le visage de Kaori qui fuyait ses yeux.  

 

- Si tu cherches à me faire peur… tu as réussi… maintenant laisse-moi passer…, trembla-t-elle en essayant de bouger.  

 

Les poings de Ryô se heurtant contre le mur la paralysèrent. Elle n’avait jamais pensé un jour connaître cette peur à son encontre. Elle voulait tout arrêter et fuir mais son corps refusait de bouger, aucun son n’arrivait à sortir de ses lèvres.  

 

En voyant l’effet néfaste qu’il avait sur la jeune femme, Ryô relâcha quelque peu son étreinte toujours en prenant soin de lui bloquer l’accès à l’étage.  

S’il ne lui disait pas maintenant, ils se perdraient à tout jamais. Peu importe qu’elle accepte ou non ce qu’il allait lui dire, il voulait qu’elle réagisse même un peu face à lui.  

 

- J’ai cru mourir Kaori… en fait je suis mort le jour où tu as disparu. Je n’ai fait que subir, si j’avais eu une once du courage que tu as déployé pendant toutes ces années… j’aurai mis fin à mon calvaire sans hésiter… j’ai été lâche mais pas cette fois ! Kaori, tu es là avec moi et je ne laisserai pas cette deuxième chance qui nous est offerte nous échapper tu m‘entends!!  

 

Ryô fit une pause et observa la jeune femme, quelques larmes commençaient à perler à ses yeux mais elle luttait encore.  

 

- REGARDES-MOI !! Regarde ce que je suis sans TOI !!! J’ai subi chaque instant sans toi comme des coups de poignard portés avec violence et sans cesse plus forts qui me tuaient sans que je n’ose résister !! Je n’ai survécu que pour nous venger, te venger !! C’est toi qui me fais revivre, Kaori tu es la seule capable de voir en moi le meilleur alors rappelle-toi ce qui nous lie… ne le laisse pas te dominer encore !! Je ne suis pas comme lui… même si je t’aime je ne t’obligerai pas à aller contre tes sentiments mais parles-moi !! Je t’en pris dis quelque chose…, fit-il en radoucissant sa voix, ne se rendant même pas compte de la portée de ses mots qui avait dépassé sa pensée.  

 

Ryô se rapprocha de Kaori. Il porta une main à son visage inondé de larmes, de l’autre il l’enserra à la taille. Posant délicatement son front contre le sien, il capta enfin son regard humide. Sans la quitter des yeux, sa main attrapa celle de la jeune femme pour la poser sur son cœur :  

 

- Sens comme il bat fort et intensément. Il te réclame… Mon Ange… ne lui dis pas que tu abandonnes, que tu lui refuses les espoirs qu’il nourrit pour nous…  

 

En un regard, en quelques mots, Ryô se livrait entièrement à Kaori. Il déposait les armes et se montrait tel qu’il était : un homme éperdument amoureux et fou de croire en l’impossible.  

Il déposa sur ses lèvres un murmure « je suis fou de toi… reviens-moi » avant de l’embrasser. Un baiser comme une caresse, un gage de paix, un appel à la vie.  

 

Elle ne lui répondit pas, elle restait immobile, résignée et froide. Ce n’était pas à lui qu’elle refusait cette chance mais à elle.  

 

- Je ne mérite pas ton amour…  

 

Face à l’incompréhension qui se lisait sur le visage de l’homme, Kaori poursuivit :  

 

- Il a été pour moi : un frère, un ami, un confident de tous les instants… je l’ai aimé et je lui faisais confiance… et il a réussi à me prendre la seule chose que je croyais acquise, qui n’était qu’à moi !!  

 

Dans ses yeux noisette, de la tristesse, de la colère et la résignation :  

 

- Il t’a pris à moi… il a fait en sorte que je t’oublie !! Et je t’ai oublié !! Pendant ces mois, tu ne faisais plus partie de moi ! Quand j’ai réalisé qu’il me manquait une partie de moi, je ne savais même pas que c’était toi ! Je croyais que l’on pouvait tout me prendre mais pas ça, pas TOI !! Je t’ai trahi Ryô ! Par sa faute mais surtout parce que je le voulais ! Je l’ai cru quand il me disait que je n’avais plus rien à part lui !! Tu ne sais pas le vide que cela a été, le froid permanent de manquer d’un être dont j’ignorais tout !! Si Eriko est morte… si tu as souffert… tout ça c’est de MA faute !! Je suis responsable de ce qui nous est arrivé car je n’ai pas voulu croire un seul instant qu’il irait jusque là… Pourras-tu seulement me pardonner d’y avoir cru ?!!!..., finit-elle en larmes et honteuse alors que sa main se crispait sur le torse de l’homme.  

 

- S’il y a quelqu’un à blâmer ce n’est pas toi… moi aussi j’y ai cru. J’ai cru mourir cent fois depuis ta disparition. Je n’avais plus rien sans toi… tu n’es pas fautive de ce qu’il a fait, je suis tout aussi coupable de ne pas avoir compris le danger et ce qu’il t’était arrivée. Par ma lâcheté à renier mes sentiments, j’ai été complice de ce qu’il t’a fait croire, ton cœur y a cru parce que j’alimentais depuis trop longtemps ce doute sur nous. Celui qui doit demander pardon ici, c’est moi… j’ai renoncé, j’ai perdu pied et je me suis détourné de toi…  

 

Il rapprocha leurs corps pour que leurs chaleurs se mélangent et attendit qu’elle se calme et apaise leur douleur respective comme elle savait si bien le faire. Elle avait tant de peine, de chagrin et de colère à évacuer. Elle ne pouvait pas le faire seule, tout comme lui ne pouvait pas le faire sans elle. Il ne voulait pas qu’elle soit seule dans cette douleur. Lui-même avait besoin de ce contact qu’il attendait depuis qu’il l’avait retrouvée et cette fois-ci, elle ne le repoussa pas.  

Ils restèrent ainsi un long moment, les larmes coulant silencieusement.  

Ryô sentit Kaori perdre son équilibre et se retenir à lui. Tous ces évènements et toutes ces émotions étaient trop en une seule fois pour elle qui était revenue de loin.  

 

Délicatement il l’enveloppa dans ses bras et alla s’asseoir sur le canapé sans se défaire de Kaori toujours blottie contre lui. Peu à peu, elle se calmait toujours en se tenant fermement à Ryô. Il fixa le regard embué de sa partenaire pour lui sourire :  

 

- Sugar… ce qu’il nous a fait croire et ce qu’il nous a fait vivre ne doit pas t’empêcher de croire encore en ce qui fait ta force, en nous. Je ne veux plus qu’il y ait le moindre doute dans ton esprit, ni dans ton cœur. J’ai compris en te perdant que je m’étais menti trop longtemps et que je ne valais pas mieux que lui en continuant d’ignorer ce que je ressens pour toi, que je t’ai aussi fait souffrir. Je ne ferai plus cette erreur. J’ai besoin de toi. Laisse-moi une chance de t’aimer comme tu le mérites…  

 

En même temps qui lui parlait à cœur ouvert, Ryô ne pouvait s’empêcher de maintenir ce contact par de douces caresses, doucement sans l’effrayer pour qu’elle s’habitue à ses gestes et à sa peau. Sa voix était chaude et pleine d’espoir. Kaori écoutait chaque mot comme une promesse faite à son cœur, « Mon Ange… Sugar », ces noms lui donnait un sentiment d’appartenance. Il l’aimait et le lui montrait. Elle ne le lâchait plus des yeux, se laissant bercer par la chaleur qu’il lui prodiguait.  

 

Ryô prit ce regard brillant d’émotions pour un accord à ce nouveau départ.  

 

L’étreignant encore plus même s’ils ne pouvaient pas être plus proches l’un de l’autre à cet instant, Ryô remonta sa main lascivement le long de l’échine de la jeune femme pour emprisonner sa nuque alors que de l’autre main il caressait fébrilement les lèvres tentatrices de Kaori. Alors qu’elle humectait ses lèvres sans se rendre compte de l’émoi qu’elle causait chez son partenaire, elle déposa ses lèvres sur les siennes. Kaori se blottit contre lui alors qu’il approfondissait leur baiser par un ballet sensuel et rythmé de leurs langues qui s’apprivoisaient. Un baiser enflammé aux saveurs doux et sucré d’un avenir à deux. Dans le feu de l’instant, Ryô les fit basculer ensemble sur le canapé.  

 

Enveloppant de tout son corps la jeune femme, il ne se lassait plus de la regarder : ses yeux brillants, ses joues rosies et ses lèvres pulpeuses. Il portait sur elle un regard intense qu’elle soutenait elle aussi.  

 

Ryô repartit à l’assaut de ses lèvres tentatrices alors que déjà ses mains s’aventuraient au-delà des vêtements pour enfin connaître la texture de ce corps tant convoité. Ses lèvres migrèrent vers le cou de la jeune femme en laissant des traces humides et chaudes sur chaque parcelle de peau rencontrées. Kaori avait tendrement mêlé ses doigts à la crinière épaisse de l’homme dont elle murmurait le prénom.  

Ces appels étaient doux et chargés de désir, poussant Ryô à accentuer cet échange.  

Ils avaient l’un et l’autre le besoin de se sentir vivants, de renaitre dans la chaleur de l’autre. Leurs corps s’enflammaient comme si plus rien n’avait d’importance que de satisfaire cette urgence de s’aimer, ici et maintenant.  

 

Alors que Ryô montrait sa pleine puissance et son entière volonté à amener sa compagne sur un terrain inconnu pour eux deux qu’était le véritable amour, il sentit Kaori se figée en retenant avec peine un rictus de douleur. Reprenant pied avec la réalité, Ryô se rappela que la jeune femme n’était pas encore en pleine possession de ses moyens et son corps meurtri et blessé le lui faisait comprendre. La fragilité de Kaori, suite à tout ce qu’elle avait enduré pour revenir auprès de lui, ne faisait qu’augmenter leur impatience et leur faisant oublier leurs blessures respectives.  

 

Tous les deux avaient le souffle court et Kaori avait les joues rougies par l’émotion et la flamme du désir qui brillait dans ses yeux. Même si Ryô ressentait aussi ce besoin urgent de n’être qu’à elle, il ne pouvait décemment la mener à l’apothéose de leur amour.  

 

Kaori fut surprise en constatant que Ryô avait cessé ses mouvements. Du regard, elle lui fit comprendre que la douleur qu’elle ressentait n’était rien face au bien-être qu’il lui apportait. Elle voulait l’encourager, ne plus perdre un seul instant de bonheur. Il sourit à cette demande muette mais ce n’était pas ainsi qu’ils devaient vivre leur première fois. Ils devaient pouvoir s’abandonner corps et âme l’un à l’autre.  

 

- Même si l’étalon que je suis accepte d’être dompté par toi et seulement par toi… il te faut être au meilleur de ta forme pour savourer cette chevauchée que l’on va vivre…  

 

Kaori vira au rouge carmin en comprenant l’allusion alors que Ryô rapprochait son visage du sien en lui promettant que ce moment viendrait bientôt, avant de fondre sur ses lèvres.  

 

- Nous devons croire l’un en l’autre…, fit-il en délaissant ses lèvres gourmandes plus par besoin d’oxygène que par envie.  

 

 

Il la sentit trembler contre lui. Epuisée et subjuguée par toutes ses émotions, elle avait besoin de repos même si elle s’y refusait. Se détachant d’elle à regret, Ryô tira un plaid pour recouvrir la jeune femme :  

 

- Un bon chocolat chaud nous fera du bien, sourit-il en se rendant à la cuisine.  

 

Kaori le regarda s’éloigner, sans appréhension ni crainte. Elle se sentait heureuse d’être là avec l’homme qu’elle aimait. Ils avaient tant surmonté pour enfin se retrouver. Une deuxième chance leur était offerte de vivre et de s’aimer. Elle profiterait de chaque instant auprès de lui. Ils avaient la vie devant eux.  

 

Ryô revint avec deux tasses fumantes. Il s’immobilisa à la vue de son Ange de lumière : sa présence illuminait son cœur. Ryô acceptait tout ce qu’il ressentait, il ne voulait plus de regret. Il avait le droit au bonheur et son bonheur c’était elle.  

 

Il déposa les tasses sur la table et se rapprocha sans bruit de l’endormie. Son visage calme et paisible lors de son sommeil lui avait manqué. Il émanait d’elle une telle sérénité qui apaisait l’homme au passé tumultueux qu’il était.  

 

D’une main, Ryô sortit le pendentif qui se cachait sous son tee-shirt. En prenant soin de ne pas la réveiller, il lui passa le bijou à l’annulaire sans pour autant le détacher de sa chaîne :  

 

- Nous sommes liés et le resterons à jamais…  

 

Attrapant délicatement sa protégée qui se blottit instinctivement contre lui, pour l’emmener vers ce qui deviendrait leur refuge. Il l’aimerait et la protégerait comme elle veillera sur lui. Plus jamais il ne la laissera s’éloigner de lui, pas un jour ni même une nuit ne passerait sans qu’il soit auprès d’elle.  

 

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Quelque part au fond d’une cellule sombre et humide, un homme allongé sur le dos et les bras croisés sous sa tête fixait le plafond en écoutant les lamentations et les menaces des autres détenus que les gardiens tentaient en vain de faire taire.  

Seuls son regard perçait dans la noirceur de cette pièce. Deux prunelles d’un vert émeraude luisaient alors qu’un sourire narquois se peignait sur ses lèvres.  

Sur le mur décrépi se dessinait le portrait d’une jeune femme, les cheveux auburn et rebelles, son teint clair et ses yeux noisette. Elle pleurait. Sur ses joues coulaient des larmes de sang et Ginko souriait.  

 

 


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