Chapitre 21 :: Sujet extrêmement délicat...

Publiée: 08-08-05 - Mise à jour: 08-08-05

Commentaires: Décidément, je ne suis pas très régulière dans la mise à jour de mes chapitres. Quoi qu'il en soit, la fic avance très bien et comme je l'entends, donc j'en suis contente. Maintenant à vous de me dire ce que vous en pensez. Je vous souhaite à tous une bonne lecture et à très bientôt. (Pour mes harceleuses: comme quoi quand on me hurle dessus je me mets au travail... v_v. Gros bisous à toutes ! MDR )

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La situation n'était pas facile, certes, mais y'avait certainement pire. Quoi que…  

Ryô tournait le dos à Kaori et ne parvenait pas à se retourner. L'oreiller implacablement collé contre son bas-ventre, il savait que Kaori avait une pleine vue sur son adorable fessier musclé. D'habitude, il rigolait de la voir rougir devant son corps nu lorsqu'elle entrait comme une furie dans sa chambre, mais là c'était tout autre. Elle avait certainement dû voir beaucoup plus que ses deux demi-lunes…  

Comme tout homme qu'il était, pendant une fraction de seconde, il se demanda si Kaori avait aimé ce qu'elle avait vu et surtout ce qu'il avait bien pu faire. Il lui jeta un petit coup d'œil de derrière son épaule. Elle n'avait pas bougé et fixait toujours la moquette. Elle semblait totalement perdue.  

S'il s'était passé quelque chose entre eux, il ne pouvait tout bonnement pas la laisser ainsi. Kaori attendait peut-être qu'il la rejoigne. Elle semblait se souvenir de ce qu'il s'était passé, sinon voilà belle lurette qu'elle l'aurait écrasé sous un cent tonnes. Qu'aimerait-elle qu'il fasse ? Ryô avait bien une petite idée, mais comme il ne se souvenait de rien, les longues années de retenues ne l'aidaient pas à se sentir à l'aise.  

Pourtant, il s'avança vers le lit et y prit place doucement. Il balaya sa chambre du regard à la recherche de son caleçon, mais ne le trouva nul part. Où avait-il bien pu l'enlever? Serait-ce possible que les câlins aient commencé ailleurs que dans la chambre? Il en sortit un d'un tiroir, fit tomber l'oreiller et sauta carrément dans le nouveau caleçon. Vêtu ainsi, il se sentait déjà moins bête. Kaori, elle avait toujours sa chemise de nuit…  

Il loucha dessus et déglutit difficilement. Une autre pensée lui vint. Il ne la lui avait donc pas enlevé… Pense à autre chose, Ryô. Kaori attend autre chose de toi que de loucher sur ses formes.  

Il prit une profonde respiration et reprit place sur le lit. Il s'allongea doucement, la tête sur l'oreiller et tourna la tête vers sa douce partenaire qui avait levé les yeux en sentant un poids sur le matelas.  

- Kaori ? demanda-t-il doucement.  

Sa partenaire plongea son regard dans le sien et Ryô en ressentit aussitôt un profond trouble et un mal être. Le regard de sa partenaire était noyé de larmes. Elle ne pleurait pas encore, mais se retenait pour ne pas les laisser couler.  

- Kaori, qu'est-ce que tu as ?  

Question relativement stupide pour une situation carrément peu commune…  

Ryô se releva. Avait-il été trop brusque ? Avait-il eu des gestes ou des mots déplacés ? L'avait-il choqué en faisant quelque chose ? Des tonnes de questions se bousculaient dans sa tête et pour lui, il n'y avait qu'une seule réponse possible: c'était sa faute.  

Sans vraiment savoir ce qu'il faisait, il se rapprocha d'elle, lui enleva le drap dans lequel elle s'obstinait à s'enrouler et la prit doucement dans ses bras. Kaori n'eut aucune réaction, elle se laissa faire, même lorsqu'il l'allongea près de lui.  

- Ryô… je… bafouilla Kaori.  

Ryô sentit son cœur battre la chamade.  

- Oui ? murmura-t-il.  

- Je…  

Mais elle se tut. Elle enfouit son menton sous son épaule et demeura ainsi lové contre lui.  

La vie était vraiment cruelle. Elle en avait rêvé des tonnes de fois. Combien de fois l'avait-elle imaginé contre elle, sur elle, la caressant de milles baisers, sa main parcourant son corps, épousant chacune de ses formes. Elle avait tant voulu connaître cette aventure qui existe entre un homme et une femme, ces quelques heures qui se suspendent pendant lesquels ni l'un ni l'autre ne pense à quoi que ce soit d’autre qu'au plaisir de leurs mains et leurs lèvres peuvent prodiguer.  

Elle aurait tout donné pour sentir son odeur d'homme, pour le sentir en elle, pour qu'il fasse enfin d'elle la femme qu'elle voulait tant devenir entre ses bras.  

Et maintenant c'était fait. Sauf qu'elle ne se souvenait de rien. Pas de baisers, pas de caresses, pas d'effleurements, aucun frisson, aucune chaleur. Rien. Le néant. A la place un sentiment de vide intense et une certaine douleur.  

- Non rien.  

Ryô ne fit aucun commentaire, lui-même était plongé dans ses propres réflexions, perdu dans ses propres interrogations. Il bougea doucement ses doigts et rencontra le tissu soyeux de la nuisette qui reposait à plat sur le lit. Le contact de la soie lui prodigua un long frisson qui lui parcourut l'échine. Il ouvrit légèrement la bouche afin que sa partenaire ne puisse remarquer son trouble et fasciné par ce contact, il continua tranquillement de le faire glisser entre ses doigts.  

Kaori remua doucement faisant bouger le tissu et sans le vouloir, il effleura sa hanche. Elle sursauta puis demeura obstinément immobile. Ryô fit son maximum pour se retenir de ne pas la renverser… Il ferma les yeux et avec des gestes extrêmement lents repartis à la découverte de la hanche de sa partenaire.  

Kaori ne disait rien. Cette absence de réaction, le poussait à continuer encore plus loin son exploration. Il remonta doucement sur son dos puis, glissa sur sa hanche et ses cuisses. La position l'empêchait d'aller plus loin mais il s'en contentait très bien. Le fait même qu’elle se trouvât à ses côtés le ravissait.  

Kaori se serra un peu plus contre lui. Il sentit une larme lui couler sur le torse. Il la repoussa doucement, s'allongea de manière à lui faire face et plongea son regard dans le sien. Kaori, gênée, voulut s'y soustraire, mais il caressa doucement sa joue. Il mourrait d'envie de l'embrasser. Mais il sentait qu'elle n'était pas à l'aise. Et brusquement, il prit peur. Il devait le lui demander.  

- Kaori… est-ce que c'était… enfin… douloureux ?  

Il se mordit aussitôt les lèvres. Elle allait le prendre pour un goujat s'il ne s'en était pas rendu compte…  

Ryô n'avait qu'une frayeur, c'est que poussé par son désir de la faire sienne, il n'est pas été suffisamment tendre avec elle. Il pria pour que ce ne soit pas le cas. Kaori ne lui avait jamais avoué si elle avait déjà connu l'amour physique, mais il se doutait bien que connaissant sa timidité envers les hommes, il était peu probable que ce fut le cas… Pour elle, il aurait tant voulu être le plus tendre des hommes.  

Kaori se redressa brusquement et les bras autour des genoux, elle fuie son regard.  

- Je… je ne sais pas, murmura-t-elle une larme coulant le long de son visage, je ne sais pas.  

Ryô la regarda stupéfaite.  

- Comment ça tu ne sais pas !  

Kaori ne supportait pas de le regarder.  

- Attends tu es en train de me dire que tu ne te souviens de rien ! insista-t-il en la forçant à le regarder.  

Mais, lui tournant obstinément le visage, elle hocha lentement la tête.  

Ryô n'en revenait pas. Elle aussi ! Il la lâcha du même coup. Il la fixait totalement abasourdis.  

- Ryô… je suis… désolée…  

Il observa complètement hébété, les larmes qui coulaient sur les joues de sa partenaire. Il en était presque soulagé…  

- Ryô ?  

- Oui ? articula-t-il difficilement.  

- Et… et toi… enfin c'était… bien ?  

Kaori lui avait jeté un petit regard tout timide et avait aussitôt rougie.  

Soulagé à l'idée que cette perte de mémoire ne lui était pas uniquement destiné, il lâcha sans aucun tact et aucune douceur :  

- A vrai dire, je n'en ai aucun souvenir non plus…  

La phrase à peine prononcée, Kaori fronça les sourcils, écarquilla les yeux, l'observa pour savoir s'il plaisantait et constatant que visiblement, ce n'était pas du tout le cas, elle lui fit face complètement. Elle pencha légèrement son visage en avant:  

- Tu ne t'en souviens pas ?  

Il secoua la tête, aussi surpris qu'elle.  

- Tu ne te souviens pas du tout que toi et moi on est…  

Elle ne parvenait pas à prononcer les mots. Ryô qui lui n'avait pas cette difficulté, termina sa phrase:  

- … fais l'amour ? Non. Je ne me souviens même pas d'être arrivé jusqu'ici…  

Kaori ouvrit des yeux ronds.  

- Moi non plus…  

Elle baissa les yeux sur son ventre et sur le caleçon de Ryô. Son partenaire fit de même mais dans le sens inverse. Ils se regardèrent un bref instant et rougir en même temps. Difficile de demander à l'autre si il avait eu le loisir de visiter cet endroit intime…  

- Heu… est-ce que tu te sens… enfin… tu as mal quelque part ? bafouilla Ryô.  

- Et bien… heu… non je ne crois pas…  

- Est-ce que… enfin ta…  

Il pointa la petite culotte en dentelle qu'il avait entraperçu une brève seconde. Kaori devint blême et rajusta sa tenue.  

- Pourquoi devrais-je regarder… ah!  

Sa partenaire venait de comprendre.  

- Ryô tourne… tourne-toi !  

Raide comme un piquet, Ryô lui tourna le dos, tandis que sa partenaire vérifiait si son intimidé n'avait pas eu un visiteur la nuit dernière… Aucune trace de sang sur le tissu. Elle se dépêcha de remonter sur le lit tandis que Ryô, toujours le dos tourné, attendait le verdict, assez anxieux. Décidément, ils ne faisaient jamais rien comme tout le monde…  

- Alors ?  

- Heu… non, non il n'y a rien…  

Ryô jeta un œil par dessus son épaule et après avoir vérifié qu'il pouvait se retourner sans inquiétude, il se retourna complètement.  

C'est curieux, murmura Kaori. Moi non plus je ne me souviens pas d'être arrivé dans ta chambre. Je ne pense pas que je sois venue toute seule (Ses joues se voilèrent. Ryô fit comme ci il n'avait rien remarqué.) et encore moins que tu sois venue me chercher…  

Les deux partenaires échangèrent un regard lourd de sens, puis se rendant compte de la situation, Ryô se racla la gorge tandis que Kaori bafouillait des mots incompréhensibles.  

- Bon attend, y'a forcément une explication à ce qui nous ait arrivé. Tu es bien certaine de ne pas avoir le sentiment que quelque chose ait changé en toi ?  

- Non… pas vraiment.  

- Et tu es certaine de ne pas sentir la moindre douleur… euh enfin là…  

Le pauvre garçon avait tout l'air d'un enfant de cinq ans en pointant la "chose" du doigt. Mais dans la situation actuelle, Kaori lui en était gré.  

Elle secoua la tête.  

- Tu es sûre? Même pas un petit truc de bizarre.  

- Non.  

- Tu es sûre?  

- Je te dis que oui. Je me sens bien. Je n'ai mal nul part.  

- Marche.  

- Quoi?  

- Marche.  

- Pourquoi veux-tu que je marche?  

- On sait jamais.  

Kaori fronça les sourcils, se leva, fit deux pas et revint s'asseoir.  

- Tout va bien?  

- Ryô, je te dis depuis tout à l'heure que tout va bien.  

- Kaori tu étais vierge?  

Kaori s'empourpra aussitôt. Jamais de sa vie, elle n'aurait cru qu'un homme lui poserait une question aussi intime aussi directement. Certes, Ryô était Ryô mais quand même…  

- Heu…  

- Alors?  

Il était tellement perturbé par la situation, qu'il ne pensa pas un seul instant qu'une question pareille pouvait être gênante.  

- Tu n'as jamais connu un homme avant moi ?  

Sa question le ramena brutalement à la réalité. Il bafouilla lamentablement :  

- Enfin si… nous avons fait quelque chose.  

- Non.  

Cela avait été à peine audible. Ryô se mordit la langue pour ne pas pousser un soupir de bonheur. Même s'il ne se souvenait de rien, il était heureux d'être le premier.  

- Je vois, se contenta-t-il de dire, une étincelle de bonne humeur brillant au fond de ses prunelles noires.  

- Pourquoi souries-tu? demanda Kaori.  

- Je ne sourie pas.  

- Mais si tu souries. Je veux savoir pourquoi?  

- Je te dis que je ne sourie pas.  

- Et moi je te dis que si.  

Ils allaient recommencer leurs éternelles disputes quand Kaori se referma. Ce n'était ni l'heure, ni l'endroit.  

- En tout cas, cela n'explique pas pourquoi je suis ici, et cela ne veut pas dire qu'il se soit passé quelque chose entre nous… Après tout, je ne suis QUE ta partenaire, comment une telle chose aurait pu arriver ?  

Kaori avait insister sur le "que" lourdement. Ryô soupira.  

- Hier soir j'ai bu…  

- Tu as fait l'andouille à t'engloutir une bouteille de whisky…  

- Ce type m'agaçait, je voulais lui faire ravaler son clapet… Et hum… ensuite je ne me souviens de rien…  

Ryô lui lança un regard tout à fait explicite qui signifiait "et toi?"  

Kaori, elle, avait un tout autre souvenir. Elle détourna rapidement le regard.  

- Tu… tu m'as pris dans tes bras… mais tu étais tellement bourré que tu ne dois pas t'en souvenir…  

- Heu… un peu en fait… mais je ne savais plus vraiment ce que je faisais…  

Il se mit à rire bêtement. Kaori, évidemment ne l'accompagna pas.  

- Je m'en doutais un peu.  

- Et ensuite, qu'est-ce qui s'est passé?  

- J'étais fatiguée et je crois que je me suis endormie…  

Ryô eut un sueur froide. Il n'avait quand même pas profité de son sommeil…  

- Toi aussi, lâcha Kaori en fixant sa nuisette. Ce que je ne comprends pas c'est comment je me suis retrouvée à enfiler cette nuisette. Moi je n'ai pas bu, j'étais fatiguée certes, mais je m'en serais quand même souvenu. D'autant plus que je ne l'aime pas particulièrement…  

- … pourquoi elle te va bien pourtant. Hum… enfin je veux dire, oui c'est sûr… c'est…  

Notre pauvre Ryô avait eu trop de chamboulements, il ne parvenait même plus à trouver une seule remarque sarcastique…  

- Merci, murmura Kaori. Au moins, je suis contente qu'elle te plaise.  

Ryô soupira et finalement joua la carte de la franchise. Et puis la situation s'y prêtait volontiers, alors pourquoi jouer un autre rôle.  

- Elle te va très bien. Tu fais plus femme…  

A ce mot, nos deux partenaires revinrent d'un seul coup, au véritable problème. Comme d'habitude, notre nettoyeur adoré se crispa et sa douce partenaire devint écarlate.  

- Ryô, demanda Kaori à brûle pourpoint et d'une seule traite pour être certaine de parvenir à tout formuler, tu crois vraiment que nous avons fait l'amour?  

Dans sa bouche, ces quelques mots firent sourire Ryô.  

- Et toi, qu'est-ce que tu en penses ?  

- Je ne sais pas, mais si c'est le cas, j'aurais au moins voulu m'en souvenir. J'aurai au moins pu te dire si tu étais à la hauteur de ta réputation.  

Ryô en demeura scotché.  

Kaori se leva d'un bond, lui fit un clin d'œil malicieux, courut vers la porte, l'ouvrit et disparut dans le couloir. Ryô en ouvrit la bouche de stupeur. Qui était cette femme, où était sa partenaire? Sa véritable partenaire aurait fondu en larmes d'un bout à l'autre de la conversation, l'aurait réduit en cendres et enfermer dans un bocal pour l'éternité. A moins qu'elle regrettait réellement de ne pas se souvenir de cette nuit passé entre ses bras…  

Il baissa les yeux sur son caleçon:  

- Coucher toi, c'est pas le moment !  

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