Chapitre 25 :: Une demande pas très anodine

Publiée: 23-05-06 - Mise à jour: 23-05-06

Commentaires: Je bosse bénévolement depuis plusieurs mois pour une maison d'édition, donc mon temps est assez précieux. Entre mon nouveau travail, mon "loisir-passion" et les fics, c'est assez dur de gérer. Mais bon. Je réserve pour Ryô une petite surprise... de taille! Pauvre petit chou...

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Ryô ne s’en rendit vraisemblablement pas compte, mais pas un seul instant, il n’avait lâché Kaori qui s’était lové contre lui afin d’apercevoir l’écran que la grosse chevelure gênait. Ryô s’était détendu progressivement et jouait avec une des mèches de sa douce partenaire. Celle-ci se laissait faire agréablement à cette caresse qui était, finalement, assez commune par rapport à toutes celles qu’ils avaient pu échanger depuis que leurs amis s’étaient mis dans l’idée de les rapprocher…  

Une larme coula sur la joue de Kaori lorsque les deux héros principaux du film s’échangèrent un fougueux baiser. Très fleur bleue, sa sensibilité avait déjà subi maints et maints évènements déstabilisants, pour ne pas rester de marbre devant pareille scène. Ryô entendit le reniflement et la taquina gentiment. Kaori lui fit un sourire gêné et cacha vite ses larmes dans le creux de l’épaule de son partenaire, qui eut un petit rire amusé.  

Les dernières minutes se finirent avec des chuchotements taquins et faussement outrés, mais avec des sourires complices et tendres. Ryô trouva le film « pas trop mal », tandis que sa douce partenaire le trouva « pas mal du tout ». Lorsque le générique de fin passa devant leurs yeux, ni l’un ni l’autre n’eut l’envie de bouger. Ils fixèrent sans les regarder les noms qui défilèrent sur l’écran. Se lever et sortir de la salle étaient bien trop difficiles. Que feraient-ils ensuite ? Où iraient-ils ? La soirée ne pouvait quand même pas se terminer ainsi, aussi bêtement ?  

Les lumières éclairèrent la pièce forçant nos deux tourtereaux à se lever. Ryô s’étira et bailla à s’en décrocher la mâchoire.  

- J’ai bien envie de manger un morceau ! Ca te dis ?  

Kaori aurait accepté tout de lui, si cela équivalait à partager ce petit bonheur un peu plus longtemps. Ne voulant pas le perdre parmi toute la foule qui s’engageait dans les marches, elle lui prit le bras et s’y accrocha. Comme les gens sont particulièrement peu patients, il y eut une bousculade à celui qui franchirait la porte le premier. Un peu plus grand que les autres, Ryô agacé de savoir sa partenaire bousculée de toute part, et de la voir bafouiller des excuses, lui attrapa la main et la conduisit directement dans le couloir. Durant l’ascension, il ne résista pas à quelques regards noirs, coups de coude et autres gestes purement enfantins pour bien faire comprendre aux regards masculins de ne pas s’attarder sur les formes de sa jeune amie… Il lui reprocha même d’aguicher tous ces beaux mâles par ses sourires enjôleurs.  

- Ne me dis pas que cela te pose un problème ? le taquina-t-elle.  

- Qui moi ? Pas du tout !  

- Alors pourquoi tu tires cette tête. Au moins, je suis soulagée de voir à quel point cela t’énerve que l’on puisse s’intéresser à moi !  

Ryô eut un sourire éblouissant.  

- Evidemment si on n’aime le style…  

Contre toute attente, Kaori se mit à rire.  

- Ah oui, j’oubliais ! J’ai pourtant fait un effort ce soir !  

Alors qu’ils s’avançaient dans le couloir au milieu des autres spectateurs, elle tourna sur elle-même. Deux étudiants qui passaient à côté d’eux émirent des sifflements admiratifs. D’un regard, Ryô leur fit comprendre de passer leur chemin… Kaori alla se cramponner de nouveau à son bras et lui demanda à brûle-pourpoint :  

- Allez honnêtement ! Dis-le-moi ! Je ne te plais pas comme ça ?  

Elle accentua un peu plus la pression de sa poitrine contre son bras. Ryô eut bien du mal à l’admettre, mais dû se rendre à l’évidence que sa partenaire jouait à un jeu plutôt risqué avec lui. Toutefois, comme il la connaissait que trop pour ne pas se douter qu’elle faisait déjà son possible pour être naturel, il décida de pimenter un peu la chose. Parler des choses de l’amour –quand cela ne regardait pas leur « couple »- n’était un thème tabou pour lui. Pour sa douce et timide partenaire, c’était tout autre chose. Notre grand séducteur se retint donc de ne pas rire sous cape en imaginant le teint livide qui suivrait sa question.  

- Tu as envie de moi ou quoi ?  

La réplique fit mouche. Kaori passa par toutes les couleurs. Elle jeta un regard autour d’elle et croisa des regards surpris, amusés et complices. Ryô avait bien fait attention à élever un peu la voix de façon à ce que leurs voisins puissent entendre ce qu’ils se disaient. Des voix féminines s’élevèrent encourageant notre pauvre Kaori à se laisser agréablement entraîner dans les jeux de l’amour avec ce bel apollon. Celui-ci souriait de toutes ses dents et faisait des clins d’œil à tous ceux qui lui en lançaient. Sa partenaire, droite comme un « i » fixa la moquette jusqu’à la sortie du cinéma.  

Il était tard. La nuit était tombée depuis plusieurs heures. Kaori avait bien trop chaud aux joues pour faire ne serait-ce qu’une remarque de plus sur la fraîcheur qui régnait. Ryô la suivit sans rien dire jusqu’à la voiture, mais les mains dans les poches, il regretta que ce jeu se fût terminé aussi vite. Du coup, ils ne s’étaient même pas arrêtés pour manger…  

De retour à l’appartement, Kaori s’affala directement dans le canapé et retira ses chaussures. Ses pieds lui étaient aussi douloureux que son orgueil blessé. Elle les massa doucement et feignit de ne pas remarquer son partenaire qui s’installait à ses côtés. Elle ne put toutefois s’empêcher de lui jeter des regards en coin. La situation n’était décidément plus aussi simple. Comment parvenaient-ils à passer du stade d’amants fougueux à celui de simple camarade ? Et si elle lui disait simplement qu’elle avait envie de partager une nuit avec lui. Après tout, il ne se posait pas autant de questions lorsqu’il s’agissait d’autres femmes. Il lui suffisait de lui poser la question et d’attendre une réponse…  

- Ryô… (Sa voix n’avait été qu’un murmure, mais son partenaire lui jeta un coup d’œil.) Imagine que nous avions réellement… enfin… que toi et moi, nous avions… enfin tu comprends. (Elle respira un grand coup devant l’air parfaitement stupide de notre nettoyeur.) Que nous avions fait l’amour ! Je suppose que l’on n’oserait même plus se regarder… pas vrai ?  

Ryô reprit sa contemplation de la table basse.  

- Je suppose, en effet. A moins que… enfin dans l’hypothèse où tu n’aurais pas été ma partenaire de travail, je ne me serais pas vraiment posé de questions et nous serions vraisemblablement dans ma chambre en ce moment même.  

- Heu, oui… certainement, bafouilla lamentablement Kaori en piquant un fard.  

- Mais comme tu es ma partenaire…  

- Bien sûr…  

- Et qu’il est évident qu’il ne peut rien avoir entre nous…  

- Heu… oui.  

- Et que de toute façon, c’est pas comme si on s’attirait…  

Kaori se tut. Ryô lui jeta un regard en coin, croisa les jambes sur la table. Un silence lourd s’imposa. Il n’y croyait pas non plus. Si Kaori n’avait pas été Kaori, voilà belle lurette qu’il serait en train de lui enlever tous ses vêtements. Ce n’était pas le chemisier et la jupe qui demeureraient un grand rempart à son désir…  

Encore une fois, ils se quittèrent ainsi. Ryô resta sur le canapé à cogiter des « et si Kaori n’était pas sa partenaire », tandis que Kaori grimpait les escaliers en se répétant qu’elle était bien bête de ne pas oser lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Une nuit, une seule. Et après tout oublier.  

En haut des marches, elle s’arrêta.  

- Et si pour une nuit, tu oubliais que je suis ta partenaire ?  

Ryô en resta bouche bée. Il ne trouva rien à dire, rien à répliquer. Immobile sur le canapé, il la fixait.  

- Tu es sérieuse ?  

La question était partie toute seule, sa partenaire en avait encore les jambes qui tremblaient. Incapable de rester debout, elle prit place sur la première marche. Le cœur battant à tout rompre, elle l’observait.  

Les cellules grises de notre nettoyeur s’étaient mises en action. Plaisantait-elle ? Le faisait-elle marcher ? Incapable de résister à cet appel, il se leva doucement et s’avança en bas des marches. Il fixa la femme qui le surplombait. Dans son regard, il y lut toute l’inquiétude de l’attente de sa réponse, toute la peur que sa question lui avait procurée, et tout le sérieux de la situation.  

- Kaori, ne plaisante pas avec ça.  

- Je ne plaisante pas, Ryô. Je te repose la question : veux-tu de moi ce soir ?  

Ryô avala difficilement sa salive. Kaori se leva, descendit quelques marches. Leurs visages étaient tout proche.  

- Ryô, il est probable qu’avec le métier que nous faisons, je ne pourrai jamais connaître l’amour physique avec un homme. Je ne te demande pas ton cœur, mais uniquement tes caresses. Ce soir, cette nuit.  

- Je ne te reconnais plus…  

- Peut-être parce que tu n’as jamais voulu me connaître plus.  

Kaori se pencha vers lui et déposa un timide baiser sur ses lèvres.  

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