Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 7 :: A la croisée des chemins : Love from Paris.

Published: 25-10-10 - Last update: 24-04-16

Comments: Bonsoir bonsoir ! J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop de ne pas majer plus fréquemment, mais je fais de gros efforts je le jure ^^. Je vais vous remercier de toutes vos reviews qui m'ont fait très plaisir, comme à chaque fois (même si j'ai réussi à m'en envoyer une à moi même, que voulez-vous, on est tête en l'air ou on ne l'est pas hein ^^) et je vais remercier ma beta amelds qui m'a corrigée super vite ! Avant de vous laisser lire, je vais d'abord préciser qu'à un moment, Mick utilisera le terme bog off, qui signifie casse-toi. Voilà, j'espère à très bientôt pour la suite. Bisou

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

Il est étrange de constater à quel point nos actes, nos décisions tiennent à peu de choses : un mot, un geste, un regard, un reflet... Oui, un simple rayon de lune qui vient se refléter sur le métal de mon téléphone et me replonge quatre mois en arrière, me replace face à la table du salon, en train de caresser du bout des doigts cette clé que je laisse derrière moi, avec ce vide immense au fond du cœur, cet abime de souffrance... une clé, un souvenir, une douleur... et entre le cœur et la raison, mon instinct de survie a tranché. Il m'était juste impossible d'imaginer revivre cette détresse, cette solitude aux côtés de celui que j'aime désespérément... Un reflet de lune, juste un reflet, et c'est le numéro de Tybault que j'ai composé.  

 

 

Et aujourd'hui, quinze jours après avoir composé ce numéro, c'est son bras que je tiens pour me frayer un passage au milieu de la foule compacte de Tokyo. Je lui jette un coup d'œil et souris devant son visage sérieux. On dirait qu'il tient vraiment à me faire un rempart de son corps face à la masse citadine. Il faudrait peut-être que je lui précise que je ne suis pas une faible femme et que je suis de taille à faire face à une multitude de choses, cette foule entre autre ! Mais je suis heureuse de sentir son bras contre ma main. Alors... comment ne serait-ce qu'imaginer être désagréable alors qu'il est venu, aujourd'hui encore, m'attendre devant la boutique d'Eriko ?  

 

 

Cela fait maintenant quinze jours que je suis revenue sur Tokyo et, le lendemain de mon arrivée, juste après la soirée d'anniversaire, Eriko m'appelait en catastrophe pour me lancer un SOS. Une vendeuse lui avait soudainement fait défaut et sa boutique de Tokyo devait honorer une importante commande. J'entends encore le ton suppliant de sa voix dans le combiné alors qu'elle m'assurait savoir que j'étais en congé, que cela ne durerait qu'une quinzaine de jours, un mois tout au plus, qu'elle manquait cruellement de main d'œuvre et que j'étais LA personne idéale pour le remplacement. Elle a insisté, disant que je connaissais la boutique comme ma poche et que « s'il te plaiiiiiit Kaoriiiii !! ». Je ne sais pas lui dire non, alors j'ai laissé tomber mes vacances et j'ai enfilé ma tenue de responsable adjointe.  

 

 

Le travail à la boutique est effectivement colossal, mais passionnant, et je ne compte pas mes heures, ce qui fait que j'ai à peine le temps de voir Tybault. Mais il a, de son côté aussi, beaucoup d'obligations, alors il ne m'en tient pas rigueur. Par contre, il m'a certifié que son « affaire » serait terminée d'ici la fin de la semaine et qu’il ne comptait pas partir sans moi. Je vais donc essayer de remplir ma mission à la boutique le plus rapidement possible, pour repartir ensuite avec lui à Nagoya. Ce sera surement mieux pour tout le monde que mon séjour ici ne se prolonge pas indéfiniment. Miki m'a encore assuré hier qu'elle était heureuse de m'avoir auprès d'elle le soir, mais je sursaute à chaque fois que la clochette de la porte d'entrée sonne. Je sais ce que je redoute, mais tu n'es plus venu au Cat's depuis la soirée d'anniversaire. Je sais que tu passes de temps en temps, mais tu fais en sorte d'être parti avant que je n'arrive et je t'en suis reconnaissante. Ce baiser sur le balcon de ma chambre est la preuve que, quand je suis face à toi, je perds tous mes moyens, j'oublie tout. Je crois que je ne me déferai jamais de cette attraction que tu exerces sur moi, un peu comme une maladie que j'aurais contractée et qui serait incurable. Mais même si je ne peux m'en défaire, je sais que je peux la mettre en sommeil et vivre malgré ça. Par contre, mon retour m'aura démontré que, pour y arriver, il me faut couper net. Le mieux serait peut-être de ne pas te revoir avant de repartir et de ne plus jamais revenir ici...  

 

A cette pensée, mon cœur me trahit et se serre, et j'ai comme une faiblesse dans les jambes.  

 

 

-Kaori ? Tout va bien ?  

 

 

-Oui, ne t'inquiète pas. La journée a été longue. Je suis juste fatiguée.  

 

 

Malgré moi, je fuis son regard en énonçant ce mensonge. Je regarde le trottoir. Je ne suis pas fière de moi. Je ne voudrais pas qu'il doute de mon affection pour lui. Il est si gentil ! Je sens son regard profond posé sur moi et je ne peux m'empêcher de rougir. Il hésite, puis finit par sourire. Sent-il ce que je ressens ? Sait-il lire à travers ces petits gestes qui me laissent à découvert ? J'espère que non, car c'est lui que j'ai choisi, même s'il me faudra du temps et de la distance pour pouvoir m'abandonner complètement à cette relation. Je suis de plus en plus mal à l'aise d'avoir ces pensées en sa présence et je culpabilise de ne pas profiter pleinement des rares instants que nous passons ensemble. A chaque fois, tu viens parasiter ces petits moments en t’insinuant dans mes pensées, comme maintenant. Depuis mon départ de la boutique, je n’ai fait que penser à toi, alors que nous arrivons déjà à destination et que Tybault va bientôt repartir de son côté.  

 

 

************  

 

 

-Qu'est-ce que tu en penses Ryo ?  

 

 

-J'en pense que tu aurais pu nous réunir ailleurs qu'ici... Ton bureau m'aurait mieux convenu que le Cat's, Saeko !  

 

 

-Mais bien sûr et, comme la dernière fois, je t'aurais récupéré dans un placard du vestiaire de la salle d'entrainement des filles ! Tu sais qu'il m'a fallu deux jours pour convaincre les jeunes recrues que tu n'étais qu'un stripteaseur engagé par l’équipe pour les bizuter et non pas le pervers que tu es ? Elles paniquaient à l'idée de retourner se changer dans leur vestiaire et certaines préféraient se changer dans la chambre froide de la cantine. Alors non merci, hors de question que tu remettes les pieds au poste ! Ici c'est très bien !  

Et puis je ne te parlais pas de ça, mais des deux sociétés menacées actuellement par le clan Futago. Je te rappelle que les lettres de menaces envoyées aux PDG de ces deux entreprises sont identiques, qu'ils ont été sommés de payer une forte somme sous peine d'être abattus d'ici peu, qu'ils ont tous les deux eu l'impression d'être suivis, que d'ici quelques heures commencera le rassemblement des grandes industries du Japon et que - vu qu'on n'a pas réussi à définir lequel des deux était leur cible principale - on est en train de mettre en place les derniers éléments de leur protection. Donc, j'ai vraiment besoin que tu te concentres un peu... Mais tu fais quoi là ?! Laisse ces documents Ryo, ce n'est pas le moment de tout ranger, on a à peine commencé à bosser !!  

 

 

 

Je regarde ma renarde préférée et prends un air mi-débile mi-contrit en lui assurant que c'est parce qu'on n'est pas au-dessus de ce magnifique vestiaire de jeunes recrues que je suis déconcentré. Mais mon regard qui s'est posé, sans en avoir l'air, sur la pendule m'a appris que tu ne vas pas tarder à rentrer. Alors que Saeko affiche un air plus qu'agacé, je continue de regrouper les divers dossiers étalés sur la table pour signifier qu'il est l'heure de partir..Te croiser fait partie des choses que j'évite en ce moment. Je continue ma surveillance des allées et venues de ce Paris-Plouc et de sa Mokkori-Frappée de sœur, mais, par précaution, je préfère me faire discret. Premièrement, je ne veux pas devoir admettre que je me sens vexé de ce que tu aies préféré cet homme après ce qui s'est passé sur le balcon et, deuxièmement, je ne veux pas interférer dans la surveillance de tous les indics que j'ai placés sur ta route.  

 

 

-Non mais on n'a pas fini de mettre au point les derniers détails Ryo ! Laisse ces fichus dossiers et rassieds-toi !  

 

 

-M'en fiche Saeko : pas de vestiaires, pas d'heures sup !  

 

 

 

Merde ! Trop tard ! Je te sens arriver, impossible de partir sans te tomber dessus. Je suis définitivement coincé ici. Je me rassois donc, regarde Saeko et lui fais un petit clin d'œil.  

 

 

-Bon, OK, on continue, mais la prochaine fois que je me cache dans le placard du vestiaire des filles, tu n'auras qu'à faire comme si tu ne savais pas que j'étais là d'accord ? Je veux une marge de manœuvre de cinq minutes !  

 

 

-Hey, moi aussi je veux !  

 

 

Alors que tous mes sens sont en alerte, je me tourne vers Mick et commence à négocier avec lui le temps que Saeko devra nous laisser avant de nous éjecter de ce sanctuaire qu'est le vestiaire de la salle d'entrainement de la Police. Mais Saeko n'a pas l'intention de se laisser faire et, après avoir levé la tête et remarqué ta présence de l'autre côté du trottoir, elle me lance un regard entendu, un petit sourire narquois au bord des lèvres. Flûte, elle a pigé mon problème. Me voilà doublement pris au piège.  

 

 

-Écoute-moi bien espèce de sale petit obsédé libidineux, autant toi que moi avons besoin de nous plonger sérieusement dans ce dossier dans les dix prochaines minutes. Alors concentrons-nous sur votre placement dans le bâtiment ce soir et je te trouve un moyen de sortir d'ici par la porte de derrière. Quant à toi Mick, je trouve que ce genre de conversation devant ta fiancée est quand même plutôt dangereux.  

 

 

Ayant lancé sa petite phrase assassine, elle replace - avec cette nonchalance tranquille et tellement sexy qui la caractérise - cette petite mèche qui lui barre le visage, puis elle ramène tranquillement la pile de dossiers vers elle. Mick est maintenant juste raide et pâle comme la Mort. La mâchoire crispée, une goutte de sueur perlant sur la tempe, il ose un regard terrifié vers Kazue qui devise au bar avec Miki. Elle nous tourne le dos et, par chance, ne semble pas avoir entendu notre conversation. Cependant, je n'en mettrais pas ma main à couper...  

Mick fait alors signe des deux mains à cette filoute de Saeko de se taire, avant d'attraper le plan du bâtiment et d'afficher un air outrancièrement sérieux pour l'observer. Ses yeux filent du plan à Kazue et de Kazue au plan puis, comme la jeune femme continue de discuter avec Miki comme si de rien n'était, il finit par se détendre. Mais sa voix est quelque peu trop aigüe lorsqu'il résume le dispositif.  

 

 

-Bon, je me charge de la protection du Président Tkoji en me plaçant ici et Ryo se chargera de celle de Makato en surveillant l'autre partie de la salle. Pour tes hommes, nous sommes des gardes du corps engagés par les deux PDG et ils se répartiront dans l'espace qui est ici, de façon à nous laisser le champ libre pour pouvoir gérer la surveillance des immeubles voisins.  

 

 

-C'est ça. Bien, maintenant, voyons les plans des immeubles autour, annonce Saeko, une petite étincelle victorieuse dans le regard, en nous tendant d'autres feuilles.  

 

 

Mais le karma de Saeko n'est pas bon ce soir, il est dit qu'on ne lui fera pas le plaisir de rester concentrés sur sa mission. De toute façon, Mick et moi avons déjà fait les repérages hier, tout autour du bâtiment qui abritera le rassemblement, mais ça, nous nous sommes bien gardés de le lui dire. Habitude de professionnels, il faut toujours avoir un coup d'avance, en mission comme avec les femmes... En parlant de femmes, Mick vient de tourner la tête vers la devanture, et ses yeux lancent soudain des éclairs quand il aperçoit ta silhouette et celle de celui qui t'accompagne.  

 

 

-Mais c'est pas vrai ! Il existe encore çui-là ?  

 

 

***********************  

 

 

 

-Voilà Kaori, tu es arrivée.  

 

 

Je lève la tête vers Tybault pour le remercier et reste médusée devant son regard profond et tendre. Il y a tant d’attentes dans le noir de ses pupilles, tant de projets que je ne peux m’empêcher de rougir et de bafouiller.  

 

 

-Heu, je... Merci Tybault... Ah ... C’est gentil à toi d’être venu... Surtout que... tu as tant de choses à faire.  

 

 

-Je sais, mais pour moi, tu es plus importante que toutes ces choses-là kaori.  

 

 

Là, c’en est vraiment trop pour moi et je pique du nez pour fixer mes chaussures. Je n’ai toujours pas l’habitude d’être traitée ainsi... Tous ces mots doux me mettent presque mal à l’aise. Je me suis toujours comportée comme un garçon manqué et les rares moments de tendresse que tu m’as accordés se sont toujours déroulés au seul bruit des battements de mon cœur. Alors... entendre ça... Je ne sais ni quoi dire, ni quoi faire... Et pourtant, c’est après ce genre de phrases que j’ai soupiré toutes ces années.  

 

 

-Regarde-moi Kaori...  

 

 

La panique commence à me gagner. Je ne comprends pas ce qui se passe, mais je n’ai pas envie de lever la tête, pas envie de le regarder... Et s’il cherchait à m’embrasser ? Étrangement, alors que je connais déjà le goût de ses lèvres, aujourd’hui je redoute qu’il m’embrasse.  

 

 

-Kaori...  

 

 

Sa main vient se poser doucement sous mon menton et je ne peux que redresser la tête vers lui. Ses doigts glissent sur ma joue puis vont chercher ma main que je leur abandonne.  

 

 

-Tu sais que nous n’avons toujours pas terminé cette discussion à propos de mon départ pour Paris. J’aimerais que tu y réfléchisses... vraiment. Je ne veux pas te presser, prends tout ton temps, tu n'auras qu'à me donner ta réponse quand nous serons rentrés à Nagoya.  

 

 

Mon cœur se serre, et ma main que caressent ses doigts devient moite. C’est vrai, nous n’avons jamais reparlé de cette bombe lâchée au cours de la soirée d'anniversaire. J’avais sciemment évité le sujet, mais maintenant je ne peux plus fuir... La balle est dans mon camp, je dois décider si je me sens prête à quitter le Japon et tout recommencer ailleurs. Je sais que je ne veux pas partir, tout comme je ne voulais pas quitter Tokyo. Mais je l’ai pourtant fait. Serai-je capable de supporter encore une fois cette déchirure ?  

 

 

-Oui, je te le promets... Je vais y réfléchir.  

 

 

-Merci. Cela me rend heureux de savoir que tu vas y penser…  

 

 

Ses yeux se plissent et ses lèvres s’étirent en un léger sourire. Impossible de mettre en doute ses dernières paroles, car cette petite lueur qui éclaire son regard est le reflet d’un sentiment léger, léger comme le bonheur, léger comme cette petite mèche qui s’est échappée de son catogan pour venir caresser sa joue... Impossible de mettre en doute ses paroles quand son sourire s’élargit encore et qu’il se penche vers moi jusqu’à ce que sa bouche vienne frôler mon oreille… Impossible de douter quand son souffle joyeux me murmure : « Oui, tu me rends heureux, heureux comme un roi Kaori… Et j'aimerais un jour que tu deviennes ma reine... »...Oui, je perçois pleinement son bonheur quand, alors que je reste comme tétanisée par ce que je viens d’entendre, ses lèvres quittent mon oreille et qu’il attrape délicatement mon menton pour le lever vers lui.  

 

 

Au moment où je croise cette petite étincelle de satisfaction dans ses pupilles noires, un éclair me traverse et j’ai un mouvement instinctif de recul. Non ! Je ne veux pas qu’il m’embrasse ici, devant les fenêtres du Cat’s. Je ne pourrais l’expliquer, mais mon corps refuse qu’il vienne poser ses lèvres sur les miennes. Le rouge me gagne, mon pied recule, et lorsque je touche la vitre de ma main, je comprends enfin pourquoi... Cette aura qui se diffuse au travers du verre pour transmettre sa force à chaque parcelle de mon corps, ce souffle qui me gagne et me fait vibrer si intensément que, sous le coup de la surprise, je dois fermer les yeux... Cette énergie si intense... C'est toi... Tu es là, à l’intérieur. Je ressens ta présence, ta puissance… et ta colère, ou du moins un sentiment sourd et complexe, proche de la frustration.  

 

 

Le visage de Tybault se rapproche encore du mien, mon cœur bat à tout rompre tandis que la panique me gagne complètement. Instinctivement, je lutte contre la légère mais impérieuse pression qu’exercent ses doigts de chaque côté de mon menton et, au moment où ses lèvres vont atteindre leur but, je tourne la tête vers la fenêtre pour ne plus leur offrir que ma joue gauche.  

 

 

Le regard plongé dans la salle du Cat’s, je fixe ton dos large et puissant.La panique qui vrillait mon cœur s’apaise instantanément. C’est comme si cette vitre créait un contact entre nous, comme si de nouveau je me trouvais à tes côtés, forte de mes anciennes certitudes et de tous ces sentiments qui me réchauffaient le cœur.  

 

 

-Kaori ?  

 

 

Le contact se rompt dès l’instant où ma main quitte la fraîcheur de la vitre pour finir emprisonnée dans celles de Tybaul. Je me sens soudain seule, si seule.  

 

 

-Kaori...  

 

 

Je me rends alors compte à quel point cette situation est embarrassante, et ce n'est pas le regard perplexe que m'offre Tybault, quand je me tourne vers lui, qui va m'aider à me sentir mieux. Je viens de l'humilier et il aurait le droit de m'en vouloir... Mais il me regarde simplement avec des yeux tristes et les lumières qui y brillaient, il y a quelques secondes à peine, se sont éteintes. Je m'en veux et je balbutie difficilement quelques excuses.  

 

 

-Je... Pardon, je... Mais tout le monde nous regarde... Je ne peux pas... Euh... Pour Paris, je te promets d'y penser.  

 

-Oui, tu as raison, admet-il, l'endroit n'est pas le plus approprié pour ça... Je vais y aller moi aussi, j'ai un rendez-vous important ce soir. A demain ma reine, ajoute-t-il dans un français élégant, avant de porter ma main à ses lèvres pour un baise-main qui se veut amusé, mais qui cache mal un sourire désabusé.  

 

 

**************  

 

 

-Non mais comment ce plouc ose-t-il embrasser la douce main de ma belle Kaori ?! s'énerve Mick, tu as vu ça Ryo ? Mais je suis bien content, il s'est pris un râteau d'anthologie ! annonce-t-il, hilare, pour conclure la scène qui s'est déroulée au dehors. Heureusement que Kaori a du caractère, ELLE !  

 

 

Je sais qu'il me toise et que ses yeux bleus me fusillent. Je n'ai pas oublié ses menaces lorsque nous étions sous ta fenêtre. Il m'avait rappelé qu'il ne s'était effacé que pour ne pas entraver un possible rapprochement entre nous, mais que si je ne bougeais pas, il se battrait pour essayer de te conquérir. Il ne sait pas ce qu'il s'est passé ensuite. Je ne suis pas une midinette, je n'aime pas m'épancher pendant des heures sur mes histoires de cœur. Seule Saeko a pu deviner quelque chose, vu que je lui ai demandé un complément d'information sur miss Mokkori-Frappée, et Miki aussi surement, si j'en juge par les regards qu'elle me lance de temps en temps depuis ce jour-là, comme pour m'encourager silencieusement.  

 

J'ignore donc Mick et sa colère et continue de faire semblant de découvrir le plan du bâtiment, apposant une croix sur chaque fenêtre qui pourrait s'avérer dangereuse.  

 

 

 

-Yes man, bog off !! rage-t-il en anglais à l'encontre de la fenêtre, j'espère que cette fois tu as pigé qu'elle ne veut pas de toi ! Moi je serais d'avis qu'on affrète un avion rien que pour lui et qu'on le balance à l'intérieur avec un aller-simple pour Paris ! Ce serait une bonne...  

 

 

-Au fait, Ryo, puisqu'on parle de Paris, j'ai ton dossier, l'interrompt soudainement Saeko, tandis que Mick, coupé dans son élan vengeur, vient s'affaler sur la table.  

 

 

-Pourquoi ? Tu pars pour Paris toi aussi ? me demande-t-il en haussant un sourcil.  

 

 

-Mais non imbécile, lance Falcon qui suit de loin la conversation en rangeant derrière le comptoir, elle parle sûrement de ce Tybault ! Faut suivre, c'est toi qui l'a baptisé "Paris" en plus !  

 

 

-Non Falcon, je parle de la sœur de Paris... euh non, Tybault... Rhaaa !! s'agace notre belle inspectrice, une goutte de sueur perlant au coin de la tempe, Mick, arrête de l'appeler comme ça, je finis par m'emmêler les pinceaux et par ne plus savoir qui est qui !!  

 

 

-Voilà qui résume plutôt bien le problème de notre miss Mokkori-Frappée, ne puis-je m'empêcher de penser tout haut en compulsant rapidement le dossier.  

 

 

-C'est à dire ? m'interroge Miki, soudainement intéressée, depuis le bar.  

 

 

-Si je comprends bien ce que je lis ici, d'après certains rapports de psychiatres, la sœur de Tybault semblerait avoir du mal à couper le « cordon gémellaire ».  

 

 

-Cela arrive parfois chez les jumeaux, déclare la voix étonnamment calme et posée de Kazue derrière nous. Cela concerne plutôt habituellement les vrais jumeaux, les monozigotes. De par les liens tactiles qui se sont créés in utéro, on peut dire qu'ils sont attachés par une relation émotionnelle profonde. Il arrive parfois que l'éducation, ou certains événements de la vie, font qu'ils ne forment plus qu'une sorte d'unité et qu'ils soient capables de ressentir l'un pour l'autre une profonde empathie réciproque.  

 

Elle fait enfin pivoter son tabouret pour se tourner vers nous sans pour autant nous regarder, avant de continuer :  

 

-J'ai étudié ce phénomène pendant mes études et j'ai trouvé cela passionnant de voir comment on retrouve dans les mythes et légendes les deux pendants de cette relation fusionnelle : soit un amour très fort, indissoluble et idéalisé, soit un lien asymétrique et destructeur pour l'un des deux, car il lui est impossible de se projeter autrement que dans cette relation de « couple ».  

 

 

La voix de Kazue résonne étrangement dans le silence qui règne depuis le début de son discours. Son regard fixe, peut-être sans la voir, ta silhouette qui se détache devant le café. Elle parle, mais son ton est neutre, sans vie, et son visage est sans expression. Et lorsque tu te tournes vers la porte pour pénétrer dans le café, elle tourne doucement la tête et ignore Mick pour ne s'adresser qu'à moi :  

 

 

-Fais attention Ryo, les amours impossibles, qu'elles soient gémellaires ou non, génèrent beaucoup de souffrances. 

 


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