Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

What do the ratings mean?

 

- G: General Audience. All ages admitted. This signifies that the fanfiction rated contains nothing most parents will consider offensive for even their youngest children to see or hear. Nudity, sex scenes, and scenes of drug use are absent; violence is minimal; snippets of dialogue may go beyond polite conversation but do not ...

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 18 :: A la croisée des chemins... : Confrontation

Published: 05-06-16 - Last update: 08-09-18

Comments: Bonjour à tous. Voici la suite. J'ai dû retravailler plusieurs fois dessus, je crois que l"'action" même minime, ce n'est définitivement pas mon truc lol Bref, j'ai quand même fini par venir à bout de cette confrontation et j'espère que ça vous plaira. Un grand merci à ma Beta et à Cris pour leurs coups de main respectifs. A bientôt

 


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...Mal...  

 

...Si mal...  

 

...Ouvrir... les yeux...  

 

...Fatiguée...  

 

… Je sombre...  

 

*******************  

 

Le regard levé vers la porte qui donne accès au toit j'amorce la montée des marches. Pas la peine de courir, il ne se cache plus. Je sais qu'il m'attend. Je prends mon temps, je DOIS prendre mon temps. Je le sais parce que j'ai vu mon reflet, dans le miroir de l'ascenseur que je viens de quitter. Les traces sombres du sang séché sur mon visage accentuaient mes traits durcis par la colère et en voyant la flamme qui dévorait mon regard je me suis dit qu'il fallait que je me reprenne. Je lutte encore pour ne pas grimper quatre à quatre ce foutu escalier, et exploser cette porte en criant vengeance et cribler de balles sans sommation cet ennemi qui a tant de sang sur les mains. Celui de Mick en particulier. Son image, les yeux grands ouverts de surprise et la main sur la poitrine, s'impose à moi. La rage afflue aussitôt. Je la balaie d'un revers de la main. Non, je dois rester professionnel. Le Ryo qui pouvait sans remord abattre un adversaire n'existe plus. Je ne suis plus cet homme... Je suis celui que tu as fait de moi.  

Je vais lui régler son compte, ça c'est sûr... je monte une marche... Mais je dois me rappeler ce pour quoi je suis là... Je pose ma main sur la rampe, laissant glisser le métal froid contre ma paume... Je suis Ryo Saeba, un nettoyeur.... encore une marche... Pas un meurtrier... une autre... Mais je dois l'arrêter.  

 

J'atteins enfin le palier. De nouveau maître de moi, je fixe la porte métallique. C'est la dernière barrière entre nous, terminé le jeu de cache-cache. Qui vais-je trouver ? Lui ? Elle ?  

Le suspense a assez duré. J'enclenche le chien de mon arme, appuie fermement sur la poignée et donne la poussée nécessaire pour que la porte s'ouvre seule. Que la partie commence.  

 

Lorsque le battant découvre le toit, je ne ressens aucun danger. Ça ne colle en rien avec la tentative de meurtre sur Makato ni avec tout ce que j'ai pu voir de ce Paris-Plouc ou sa mokkori-frappée de sœur. Etrange. Je choisis d'avancer avec précaution, on ne sait jamais avec Futago. Mais mon instinct me dit que je ne crains rien. Repoussant la porte derrière moi, je fais un tour d'horizon et le découvre enfin, accoudé à la rambarde, là où je l'attendais. Je pouvais sentir son regard sur moi quand je traversais la rue. Il m'a vu me diriger vers lui, il sait donc que je suis là, mais il ne montre aucune réaction. Il se comporte comme n'importe quel quidam qui admirerait la vue sur Tokyo. Je m'approche, les sourcils froncés.  

 

-Tybault, dis-je froidement en guise de salutation, ou devrais-je dire Futago ?  

 

-Tybault, ça ira bien, me répond-il laconiquement... Ou Paris, ou Paris-Plouc ou tout autre surnom dont vous m'affublez dans mon dos, ajoute-t-il, une pointe de sarcasme sec dans la voix.  

 

En silence et l'arme au poing, j'avance sans répondre, prêt à parer le moindre mouvement d'attaque. Même si je ne ressens toujours aucun danger je préfère m'attendre à tout et ne pas le quitter des yeux. Mais il reste immobile, sans esquisser le moindre geste en direction du fusil longue portée qui repose contre le mur. Accoudé nonchalamment, il se contente de continuer à observer le paysage, ou plutôt le hall de l'immeuble dévasté devant lequel la foule commence à s'amasser. Je ne vois de lui que sa longue chevelure attachée en catogan, sa parka et son treillis, qui contrastent avec ses élégants costumes habituels. Mais je devine que j'ai devant moi le vrai Tybault, que le reste n'était qu'une image.  

 

-Vous en avez mis du temps à venir... ironise-t-il d'un ton étrangement badin.  

 

-J'essayais de trouver des raisons pour ne pas vous descendre directement en arrivant ici, réponds-je en arrivant à sa hauteur.  

Je pose à mon tour un coude sur la rambarde de la barrière de protection et me tourne vers lui pour mieux observer son profil. Sur sa joue, révélée par une mèche soulevée par le vent, une jolie estafilade laisse glisser un petit filet de sang vers sa mâchoire. Sûrement mon coup de feu de tout à l'heure. Un petit sentiment de satisfaction me traverse, même si je comprends mieux pourquoi l'accalmie n'a duré que quelques instants. Je l'ai touché mais trop peu pour l'empêcher de reprendre rapidement ses esprits. Je serre mon poing sur la crosse. Quelques centimètres plus à droite et Mick ne serait pas en ce moment entre la vie et la mort.  

 

-A priori vous en avez trouvé... poursuit-il d'un air indifférent cette drôle de conversation. Une raison de ne pas me descendre précise-t-il en tournant la tête vers moi pour me regarder enfin dans les yeux. La flamme qui y brûle contraste étrangement avec le ton et les traits de son visage. La détermination que j'y lis me transperce. Il me hait. Il arrive à maîtriser le reste mais il ne peut cacher ce qui émane de son regard. Il me hait et lutte aussi de son côté pour garder le contrôle. Je me demande pourquoi il ne me provoque pas en duel pour en finir. Qu'est-ce qui le retient ? Il doit sûrement attendre quelque chose de moi pour rester ainsi bloqué aux courtoisies d'usage. Finalement il y a peut-être un danger, mais il n'est pas là où je l'attends.  

 

-Pourquoi vous n'essayez pas de me descendre ? continue-t-il de sa voix monocorde.  

 

-Kaori n'aimerait pas.  

 

-Aaahhhh... Kaori. Ma douce et tendre petite reine.  

 

-Ne parlez pas d'elle comme ça. Le frémissement de dégoût habituel quand j'entends ce surnom ridicule refait surface. Je vous interdis de parler d'elle, de même simplement prononcer son nom.  

 

-Tiens donc... sourit-il narquoisement, on serait jaloux Monsieur Saeba ?  

 

-Je ne suis pas là pour parler d'elle. Le son qui sort de ma gorge change, devient menaçant. Je dois garder le contrôle.  

 

-Mais bien sûr que si... Tout a à voir avec elle.  

 

-Tybault... grincé-je encore une fois. Je vous préviens...  

 

-Vous savez qu'elle va partir avec moi pour Paris ? me lance-t-il en ignorant mon avertissement. Elle a accepté ma proposition et nous partons tout à l'heure.  

 

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Il m'envoie un demi-sourire victorieux tandis que ses yeux s'étirent et laissent filtrer le fiel qui l'anime. Fier de sa tirade, il continue, acide :  

 

-Elle vous quitte Ryo... Vous avez perdu. Elle m'a choisi, moi... Encore une fois.  

 

Je pourrais le détromper mais c'est bon, je sature de cette conversation à la con. Je m'attendais à beaucoup de choses : un duel, un déluge de tirs ou même une bagarre rangée, mais pas à ce genre de provocation vaine. Et je n'ai ni le temps ni l'envie de papoter avec lui devant une tasse de café pour décider de qui tu préfères. Je l'ai assez laissé mener la danse, à mon tour de tenir les rênes, je vais me faire un plaisir de le ramener à la réalité. D'une rapide enjambée, je le rejoins et l'empoigne violemment par le haut de sa veste. Un éclair de peur traverse son regard tandis que ses bras amorcent un geste défensif vers son ventre. Mais je n'ai pas l'intention de le frapper, du moins pour l'instant. J'affermis ma prise vers le haut et force mon poing contre sa mâchoire. Le voir grimacer de douleur serait presque grisant, en tout cas, ça me procure un petit frisson pas désagréable. Voilà ma vision de notre affrontement, plus que son discours sans queue ni tête.  

 

-Ecoutez-moi bien, je ne sais pas ce qui vous passe par la tête et franchement je m'en fous. Si c'est tout ce que vous avez à me dire, alors on peut dire que cette conversation est close et je vous amène au commissariat où des tas de personnes attendent des réponses de votre part.  

 

-Je ne crois pas non... articule-t-il péniblement en montant sur la pointe des pieds pour libérer un tant soit peu sa mâchoire de la pression de mon poing. Malgré son malaise physique évident, il semble sûr de lui.  

 

-Non ?  

 

Je perçois du coin de l’œil sa main qui se déplace maladroitement en direction de sa poche. Je le toise d'un œil mauvais mais le laisse faire. Un début d'inquiétude, qui n'a rien à voir avec un quelconque risque qu'il attrape une arme, commence à poindre. Il peine à récupérer ce qu'il cherche car je refuse de desserrer ma poigne mais il finit par ressortir son téléphone. Il l'allume avec difficulté et le tend pour que je regarde l'écran. Sans comprendre je fixe la photo. Non... Kaori...  

 

 

Un feu glacial me consume aussitôt, ravageant tout sur son passage, et j'oublie toutes les barrières que j'ai dressées pour garder le contrôle à l'instant où je reconnais dans ce corps recroquevillé au sol ta silhouette, avec ce que mon regard de nettoyeur note au premier coup d’œil : les cordes... les ecchymoses... la bombe. Il a osé s'en prendre à toi ! Bon sang ! Je vais le tuer...  

Un feulement rauque émerge du fond de mon ventre et gonfle jusqu'à éclater en cri de rage quand je soulève littéralement de terre ce connard qui en lâche son téléphone de surprise. Je le pousse vers le parapet en le tenant à bout de bras jusqu'à ce qu'il cogne contre la rambarde du fond. Mon cri nourrit cette espèce de fureur qui me brûle et annihile toutes mes pensées, à part ce leitmotiv qui pulse dans mon crâne : il t'a fait du mal. Quand elle atteint son paroxysme et que je perds pied, je resserre encore plus fortement ma poigne sur la parka de celui qui, pour moi, n'a plus rien d'un homme... et le balance de l'autre côté de la rambarde. Ma main se referme sur le col de sa veste et le rattrape in extremis, l'empêchant de disparaître dans le vide à la seule force de mon bras. Sans aucune pitié pour le masque de terreur figé sur sa figure j'accroche son regard puis le ramène vers ma main, pour qu'il comprenne bien de quoi il retourne. Cette main est la seule chose qui le retienne à la vie. Si je lâche, il tombe... Si je lâche, il meurt... Et je meurs d'envie de le lâcher.  

Je veux qu'il ressente cette certitude dans chaque intonation de ma voix, qu'il le lise dans mes yeux et je sais qu'il le voit quand je plonge de nouveau mon regard dans le sien pour lui poser cette unique question :  

 

-Où est-elle ?  

 

Son corps gesticule ridiculement dans le vide, comme une marionnette désarticulée, et ses yeux roulent dans tous les sens. En contrebas, les bruits de la ville font écho à ses gémissements terrifiés.  

 

-At... tends... halète-t-il d'une voix blanche en s'agrippant à mon poignet et en oubliant le vouvoiement dont il usait encore il y a trente secondes.  

 

-Où est-elle !?  

 

-C'est pas... ce que... tu... crois... parvient-il à articuler en tentant de fixer mon regard.  

 

-J'ai dit : OU-EST-ELLE !?!  

 

-Nonn... s'affole-t-il en découvrant que mon pouce s'est désolidarisé de ma prise.. Non ! Je veux... la... sauver.  

 

La sauver... Ce dernier mot, lâché dans un gémissement à peine audible agit comme un électrochoc et, dans la seconde qui suit, Tybault s'effondre en tremblant de tous ses membres sur le sol où je viens de le relâcher. A quatre pattes, il tente tout d'abord de reprendre son souffle mais c'est peine perdue, l'adrénaline lui coupe les jambes et il se retient au muret pour ne pas s'écrouler complètement. Moi j'ai le cœur qui bat à toute vitesse et la tête qui bourdonne. Il me faut quelques secondes pour quitter cet état second dans lequel je me trouve mais je me reprends. Malgré cette colère froide qui bouillonne toujours en moi, j'ai l'esprit clair. Le surplombant de toute ma hauteur je commence l'interrogatoire :  

 

-J'écoute. Et y'a intérêt que ce soit intéressant.  

 

-C'est... Elle est avec Paris...  

 

-Vous foutez pas de moi ! sifflé-je en le saisissant de nouveau par le col pour ramener son visage à quelques millimètres du mien. Apprenez-moi quelque chose que je ne sais pas et vite, ma patience a atteint ses limites il y a cinq minutes déjà ! Pourquoi vouloir « la sauver" alors que vous vous êtes juste servi d'elle ?  

 

-Je ne me suis pas...  

 

-J'ai dit : « Vous foutez pas de moi! ».  

 

-Ok Ok reconnaît-il... J'ai tenté... J'ai essayé de la protéger... C'est Paris...  

 

-Continuez, intimé-je sans relâcher la pression.  

 

-Je voulais tout arrêter, avoue-t-il, fébrile. Je l'ai dit à Paris. Elle a menacé de s'en prendre à Kaori. J'ai voulu la prévenir et la mettre à l'abri mais c'était trop tard. Elle m'a envoyé cette photo pour me forcer à venir ici et terminer cette mission. Je n'avais pas le choix.  

 

-On a toujours le choix, asséné-je sans pitié pour ses pauvres excuses en le regardant tomber par terre, après l'avoir brusquement relâché. Et vous avez choisi d'obéir au lieu de la « sauver » justement.  

 

Sans répondre, il pose la main sur la fermeture éclair de sa parka et mon regard suit sans comprendre son mouvement vers le bas tandis qu'il l'ouvre jusqu'à ce que... Bordel, qu'est-ce que c'est que ce merdier encore !? Sur son abdomen, cinq pains d'explosifs et une petite lumière rouge, qui clignote à côté du détonateur et ne présage rien de bon. Tout à coup, le geste défensif qu'il a eu tout à l'heure prend un autre sens. Il ne craignait pas que je le frappe, il craignait surtout que je déclenche la bombe en le frappant. Ma fureur s'estompe aussitôt, comme soufflée par un coup de vent d'orage tandis que je me mets à sa hauteur pour accéder à l'engin.  

 

-Merde... Je murmure, ébranlé par la visible complexité du dispositif  

 

-Comme je disais, je n'avais pas trop le choix répète-t-il, un petit rire amer sur les lèvres. Elle n'a pas apprécié que je veuille tout quitter pour partir avec Kaori. Elle a voulu s'assurer que j'irai jusqu'au bout cette fois.  

 

J'examine minutieusement l'explosif et ce que je constate ne me plaît pas du tout. L'assemblage est impossible à démonter et possède un dispositif d'allumage à distance, relié par deux fils bleu et rouge... s'il essaie de couper le moindre fil ou d'enlever la ceinture, l'information sera immédiatement transmise jusqu'au déclencheur. Mais ce genre de bombe est particulièrement difficile à assembler, c'est forcément le boulot d'un spécialiste. Comment sa mokkori-frappée de sœur a-t-elle pu avoir accès à ce genre d'engin ? Cette femme est décidément difficile à cerner... et complètement barge, me dis-je en regardant son frère.  

 

-Vous ne la connaissez pas, réplique-t-il en récupérant son vouvoiement distancié. Il a lu en moi comme dans un livre. Je souris cyniquement.  

 

-Elle est prête à tuer son frère... Pas la peine d'en savoir plus. Bon sang c'est mal barré ! je jure en serrant les poings. Je ne peux rien faire sans risquer de déclencher la bombe. Et Kaori... demandé-je en repensant soudain à la photo.  

 

-...a la même oui. Nos deux bombes sont reliées. Si l'une se déclenche, l'autre aussi. Les explosifs sont la spécialité de Paris.  

 

Il blêmit d'inquiétude en parlant. Je sens la même angoisse enserrer ma poitrine. Vos bombes sont reliées... Tu es aux mains d'une dingue qui est prête à tout pour se venger de Makato et si elle est prête à sacrifier son frère, alors ta petite vie n'aura aucune valeur pour elle. Surtout si en plus elle te considère comme responsable de sa désaffection. Quant à lui, je lis dans ses yeux brûlants que tuer Makato ou Mick ne lui aurait posé aucun problème. Il les aurait descendus tous les deux sans aucun remord, tout comme il a tué ses autres victimes. Mais là, la donne a changé. Il l'a dit : Tout a à voir avec toi. Voilà ce qu'il attend de moi. Malgré sa haine, il sait qu'il ne peut rien faire. Il a besoin de moi. Et son discours acerbe sur votre départ pour Paris prend un autre sens. A défaut de pouvoir me tirer dessus, me provoquer sur ce sujet était son seul moyen de m'atteindre. Ça lui coûte d'avoir besoin de moi, mais il n'avait pas le choix. Quand il a compris qu'il ne pourrait terminer sa mission, il m'a laissé parvenir jusqu'à lui. Moi, son ennemi. Pour toi. Et de la même façon, malgré mon mépris pour lui et mon envie viscérale de lui faire payer ce qu'il a fait, je sais que je vais collaborer avec lui. Pour toi.  

 

-D'où vient cette bombe ? Il en existe très peu en circulation.  

 

J'attrape mon téléphone pour prendre une photo et l'envoie aussitôt à Falcon.  

 

-C'est elle qui l'a fabriquée. Le chef du clan Aryû lui a appris ce qu'il savait, elle a développé le reste elle-même... Ce sont ceux qui l'avaient enlevée, explique-t-il en anticipant la question suivante.  

 

Je tique en entendant le nom du clan. Ça me dit quelque chose... Il faudra que j'y revienne plus tard, là il y a plus urgent.  

 

-Moi je connais le meilleur. Il saura comment déconnecter ces saloperies. En attendant, il faut récupérer Kaori. Encore une fois, où est-elle ?  

 

-Sur les docks. On y a des entrepôts. Elle m'a dit qu'elle était dans le plus grand des deux.  

 

-Je veux l'adresse, dis-je en me relevant pour jeter un œil par-dessus les toits de la ville en direction des docks. Kaori...Tu es là-bas, dans ces bâtisses que je devine à l'autre bout de la ville et je devrais déjà avoir sauté dans la Mini pour foncer dans cette direction. Mais il faut d'abord un plan et ce plan passe par éloigner cette mokkori-frappée de toi.  

 

-Vous allez appeler votre sœur pour lui dire que Makato est mort.  

 

-Quoi ? S'étonne-t-il. Vous êtes sûr ? Elle verra bien en arrivant que ce n'est pas le cas...  

 

-C'est pourquoi il faut qu'on trouve Kaori avant qu'elle n'arrive ici. Vous l'appellerez sur la route et le temps qu'elle arrive on aura récupéré Kaori. Falcon aura sûrement trouvé comment désamorcer vos bombes. C'est faisable, précisé-je en réponse au doute qui trouble son regard. Je ne ferai jamais rien qui risquerait sa vie.  

 

Je vois qu'il réfléchit à toute allure et je commence à m'impatienter. Chaque seconde qui passe est une seconde de trop. Tu es seule, mal en point et en danger, et le simple fait d'imaginer ces pains de plastique sur toi m'est insupportable.  

 

-On y va, on n'a pas de temps à perdre !  

 

-Non, réplique-t-il brusquement en se mettant soudain à marcher de long en large. Je laisse fuser un juron et j'ai de nouveau très envie de le balancer par-dessus bord.  

 

-Je ne vous demande pas si vous êtes d'accord, dis-je en plissant les yeux.  

 

-Je vais l'appeler, me rétorque-t-il, sa voix redevenue lointaine. Mais je ne viens pas avec vous. Je vais rester ici et l'attendre. Je vais l'occuper, ça vous laissera un peu plus de temps pour trouver Kaori et la sauver.  

 

Je le fixe en silence. Ce qu'il me dit est lourd de sens. Je veux vérifier qu'il en a bien conscience.  

 

-Vous savez que si vous ne venez pas avec moi je ne pourrai pas vous enlever votre ceinture.  

 

-.... Oui.  

 

-Pourquoi ?  

 

-J'ai une chance de la convaincre. Lui expliquer. Je suis son frère. Elle m'écoutera.  

 

-Vous y croyez ? Sérieusement ?  

 

-Je dois essayer, élude-t-il en me renvoyant mon regard agacé. Et au moment où j'y croise cette étincelle de culpabilité, je sais qu'il ne changera pas d'avis. Il se sent coupable. De ne pas avoir été là lors de l'enlèvement de sa sœur et de ne pas avoir compris ce que les grands pontes de l'entreprise familiale avaient décidé de faire. Il se sent aussi coupable de t'avoir entraînée là-dedans. Je le vois même s'il le cache bien derrière son assurance dédaigneuse. Je pourrais tenter de le convaincre mais on n'a pas le temps et ça, c'est son choix. Sa rédemption.  

Malgré moi je sens poindre un début de respect pour cet homme froid et arrogant. Il ne manque pas de courage, même si réussir à vous sauver tous, toi, sa sœur et lui-même me semble complètement irréaliste. Mais je lui reconnais au moins le mérite de vouloir essayer.  

 

-OK. J'y vais alors.  

 

Mais au moment où je me retourne pour partir, un sentiment d'inachevé m'arrête. Il y a urgence c'est vrai, mais je n'oublie pas qu'on a des comptes à régler avant de se quitter. D'un mouvement d'épaule je me redresse alors dans sa direction et l'interpelle.  

 

-Hey...  

 

Mon poing droit est déjà parti quand je croise son regard étonné et écrase sa mâchoire avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre.  

 

-Ça c'est pour Mick.  

 

Il accuse violemment le choc en reculant de deux pas et en portant la main à sa figure. Ma bouche amorce un demi-sourire et, sans lui laisser le temps de se remettre, les deux pieds fermement ancrés dans le sol, je lui décoche dans la foulée une bonne droite dans l'arcade.  

 

-Et ça c'est pour Kaori.  

 

La flamme meurtrière qui brûle dans son regard s'éteint aussitôt en entendant ton nom. Il se redresse sans rien dire, passe le pouce sur ses blessures et je peux lire dans ses pupilles foncées la multitude de pensées qui s'agitent dans son esprit. Je ne lui laisse pas le temps de décider si oui ou non il va me rendre mes coups ou laisser couler et, le prenant de court, lui tends la main. Il la regarde d'abord sans comprendre puis choisit de l'ignorer, avant de me demander, le visage grave :  

 

-Vous lui direz...  

 

Bon sang c'est quoi cette manie de me faire jouer ce rôle de messager ? Les derniers mots de Mick me reviennent aussitôt en mémoire et il me faut faire un effort pour ne pas l'envoyer paître mais je n'en ai pas l'occasion car il reprend, les traits soudain plus tirés et le regard las, comme s'il prenait brusquement conscience de ce qu'il va risquer pour toi :  

 

-... Non, ne lui dites rien... Vous prendrez soin d'elle.  

 

-Ça a toujours été mon intention... mais elle n'a besoin de personne pour ça.  

 

-J'appellerai Paris quand vous serez loin, pour vous laisser de l'avance.  

 

-Je vais la sortir de là, je vous le promets.  

 

Ses lèvres jusque là pincées s'étirent en un petit sourire et il prend alors la main que je gardais tendue dans sa direction.  

 

-Merci Ryo.  

 

-Merci Paris-Pl... Heu Tybault. Prenez soin de vous.  

 

A cet instant, alors que nos mains scellent la fin de notre rivalité et que nous enterrons la hache de guerre, le vent se met à souffler. D'épais nuages viennent occulter les rayons du soleil. Le temps se couvre et s'annonce sombre, mais depuis le haut de cet immeuble où nous nous trouvons, nos regards convergent vers les docks où nos volontés conjointes s'envolent vers un objectif commun. Toi.  

 

 

**************  

 

… J'ouvre les yeux...  

 

… Mal au crâne...  

 

...Où suis-je ?...  

 

… Où es-tu …  

 

… Ryo... 

 


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