Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated R - Prose

 

Author: nodino

Beta-reader(s): Amelds

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 22 chapters

Published: 17-02-10

Last update: 17-11-18

 

Comments: 139 reviews

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RomanceDrame

 

Summary: Une nuit, tout bascule et la rupture devient inévitable... L'amour aussi... Mais jusqu'où peut on aimer quand on est City Hunter ?

 

Disclaimer: Les personnages de "Ain't no sunshine." sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Ain't no sunshine.

 

Chapter 17 :: A la croisée des chemins... : un ennemi invisble

Published: 31-03-16 - Last update: 08-09-18

Comments: Bonjour à tous. Voici la suite, j'espère qu'elle vous plaira. C'est de l'action, pas un poil de romance lol , et j'avoue que ce n'est pas facile. Merci beaucoup à Cris que je torture avec mes petits bouts de texte et qui m'aide à débloquer tout ce qui grippe dans mon petit crâne, à ma super beta Amelds et à tous ceux qui ont la gentillesse de me laisser une review. Encore une fois j'espère que ce chapitre vous plaira et je vous dis à bientôt.

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22


 

-Surtout ne bougez pas ! Restez au sol ! crie-je à Mademoiselle Taki et Monsieur Makato avant de me ruer vers Mick. L'adrénaline afflue en masse dans mes veines quand je le rejoins en deux enjambées. La mare de sang qui auréole le bas de son corps s'est encore élargie le temps que j'arrive. Les sens aiguisés à l'extrême et l'arme au poing, je me prépare à essuyer un second tir tout en cherchant du bout des doigts son pouls, n'importe quoi qui démentirait son corps inerte et son aura quasi inexistante. Pas de second tir. La petite veine palpite faiblement contre mon doigt, mais il perd du sang, beaucoup de sang, et anormalement vite surtout. C'est pas bon signe ça. Toujours pas de réplique. « Qu'est-ce que tu fous Futago, qu'est-ce que c'est que ce bordel ?? »  

Mon premier réflexe est de déplacer Mick sur le coté, à l'abri du mur. La porte vitrée a implosé sous l'impact de la balle et le feuilletage de sécurité crée un voile opaque mais rester là est risqué. Sitôt à couvert, je soulève rapidement son pardessus, m'attendant au pire. Le sang provient du bas du corps, pourvu que ce ne soit pas le ventre... Non, c'est le haut de la cuisse. Le sang imbibe par saccades le pantalon déjà engorgé. Ce n'est pas le ventre, mais ce n'est guère mieux : une artère. Voilà pourquoi il se vide de son sang. Merde... Il y a urgence ; si je n'arrête pas rapidement l'hémorragie, il est mort dans dix minutes. Déconne pas Mick... Je lui parle sans m'en rendre compte en appuyant fortement dans le creux de l'aine pour comprimer l'artère. Mais ça suffit à peine à ralentir le flux. Je dois faire un garrot. Immédiatement.  

Une bande, il me faut une bande ! Je regarde frénétiquement autour de moi, avant de tomber sur Mademoiselle Taki. Autour de son cou, un foulard.  

 

-Mademoiselle ! Votre foulard !  

 

-Qu... Quoi ? balbutie-t-elle péniblement en relevant la tête qu'elle avait cachée sous ses bras en se jetant au sol.  

 

-Votre foulard, vite !!.  

 

-Ou... Oui... souffle-t-elle après avoir pâli en écoutant ma demande. Elle prend une profonde inspiration et, les traits tirés par l'angoisse en regardant la baie vitrée au-dessus de moi, commence à vouloir se lever.  

 

-Non, restez au sol ! Rampez, le tireur ne vous verra pas comme ça.  

 

Pourquoi ne bouge-t-il toujours pas d'ailleurs ce tireur ? L'air est saturé d'angoisse, celle de Makato et celle de la jeune femme qui me regarde en réfléchissant à ce que je viens de lui dire, mais je n'y décèle pas cette vibration soudaine qui précède un danger immédiat. Ça m'offre la possibilité de m'occuper de Mick mais je n'aime pas ça. Qu'est-ce qu'il attend, qu'est-ce qu'il veut bon sang !?  

 

-D'a... d'accord Monsieur Saeba... J'arrive.  

 

Le visage fermé et concentré sur moi, elle avance un bras, puis l'autre et se met ensuite à ramper plus rapidement sous le regard affolé de son patron qui murmure : « Non, non, restez là, ne me laissez pas seul ». D'un regard je le fais taire et continue à encourager la jeune femme qui, une fois elle aussi à l'abri du mur, se met à genoux et me tend son foulard en tremblant.  

 

-Merci, maintenant mettez votre poing à la place du mien pendant que je fais un garrot.  

 

Je vois bien que le sang qui continue de couler abondamment la panique et le fait que mes mains en soient recouvertes ne l'aide pas à se concentrer. Elle tremble de tous ses membres, sa respiration est saccadée comme si elle manquait d'air et je la devine prête à s'effondrer. Je la comprends, la tension doit lui sembler insoutenable dans ce petit hall. Je lui prends le bras et accroche son regard perdu. Je dois la calmer.  

 

-Regardez-moi. Cet homme a besoin de vous. Moi aussi. Il lui faut un garrot. Je sais que vous avez peur, ajouté-je en la voyant pâlir encore plus à ma demande. Mais vous pouvez le faire. Je compte sur vous ? affirmé-je dans une question qui n'en est pas une.  

 

Son visage livide se fige et, courageuse, elle me fixe dans les yeux en hochant légèrement de la tête. Brave petit soldat.  

 

-Très bien, allons-y. Je m'occupe du point de compression et vous entourez sa jambe avec le foulard. Elle hoche encore une fois la tête et attrape la jambe de Mick au moment où, de l'extérieur, retentit la voix de Falcon.  

 

-Ryo ! Mick ! Est-ce que tout le monde va bien ?  

 

-Non ! réponds-je sur le même ton pour me faire entendre, Mick est blessé.  

 

-Bon sang ! réplique Saeko, pendant que j'indique par gestes à Mademoiselle Taki comment faire le garrot. Mais comment ça ? Est-ce qu'il y a d'autres blessés ? Monsieur Makato ?  

 

-Non ! Ce n'était pas lui qui était visé, mais bien Mick ! Je lui fais un garrot mais il va falloir le sortir d'ici rapidement.  

 

-Quoi ? s'étonnent les voix à l'extérieur, Mick ? Mais pourquoi ?  

 

C'est bien la question que je me pose aussi. Pourquoi Mick ? C'est Makato la cible normalement. Mick était bien visible derrière la porte vitrée, ce n'est donc pas une erreur, me dis-je en levant les yeux vers le petit homme. Et c'est en le voyant tenter de se lever subrepticement, sa mallette de documents toujours entre les mains que je comprends. Le tireur aurait eu plus de mal à l'atteindre avec nous deux à ses côtés. Nous aurions été aux aguets, prêts à le mettre en sécurité à la moindre alerte et à riposter dans la seconde. Avec Mick à terre, non seulement il a un adversaire de moins, mais surtout, obnubilé par mon partenaire, je suis moins concentré sur Makato. Il essaie de me faire commettre une erreur de débutant : quitter des yeux mon client. L'enfoiré, il a bien failli m'avoir ... Mais je vais rectifier ça rapidement. J'attrape mon Magnum de ma main libre et le pointe vers le PDG qui s'apprête à se relever. D'une balle je fais voler la mallette qui retombe au sol, le flanc percé, en se vidant de son contenu.  

 

-J'ai dit « Au sol » ! et on ne bouge plus, sinon la prochaine balle sera pour vous !  

 

-Ryo ! Ryo ! appellent les voix depuis l'extérieur tandis que Makato s'écrase au sol, qu'est-ce qui se passe ?  

 

-Rien. Tout va bien ! Je gère, réponds-je en vérifiant la tenue du garrot.  

Il est bien serré, ça va, le sang a cessé de couler. On peut souffler, me dis-je en félicitant Mademoiselle Taki d'un pouce levé tout en dardant un œil sévère vers Makato.  

 

-On arrive !  

 

-Ne bougez surtout pas, restez à couvert ! Cet enfoiré risque de vous tirer dessus.  

 

-Quoi ?  

 

-Je pense que Mick était une diversion pour mieux descendre Makato.  

 

-Une diversion... Tu sais ce qu'elle te dit la diversion ? murmure alors une voix faiblarde en provenance du sol.  

 

En rencontrant le regard bleu azur de Mick je me sens soulagé. Un énorme poids dont je ne soupçonnais pas la présence libère ma poitrine et l'air me semble plus respirable. Cela va nous faciliter les choses pour l'évacuer s'il a repris conscience. C'est presque en souriant que je lui réponds :  

 

-...Qu'elle est une petite nature, je sais... Bien content de te revoir parmi nous mon pote.  

 

-Qu'est-ce qui s'est passé ? demande-t-il en essayant de se redresser sur un bras, avant de se laisser retomber dans un gémissement.  

 

-Reste tranquille imbécile, tu vas faire bouger ton garrot.  

 

-Quoi, un garrot ? Mais qu'est-ce qui m'est arrivé ? s'inquiète-t-il.  

 

-Futago a joué au tir au pigeon sur ta petite personne. Tu as sûrement l'artère fémorale déchirée.  

 

-Une artère ? Ah merde...  

 

-Comme tu dis, mais tu as eu de la chance, grâce à Mademoiselle Taki, on a réussi à arrêter l'hémorragie, dis-je en indiquant la secrétaire à genoux près de lui. D'un coup d’œil, il balaie les mains pleines de sang de la jeune femme pâle, les taches sur ses vêtements et la trace rougie qu'elle a laissée sur sa joue, sûrement en replaçant une mèche de ses cheveux. Elle a l'air hébété de celle qui ne comprend pas qu'elle vient de réussir quelque chose d'extraordinaire en sauvant une vie. Le « Merci » de Mick exprime qu'il en a bien conscience lui. En croisant son regard, elle semble soudain émerger de cette bulle qui la protégeait de la violence de la situation et s'incline très légèrement en réponse à son remerciement, avant de balbutier quelques mots sans suite. Puis, comme surprise par sa propre réaction, elle recule avec précaution pour s'adosser contre le bas-mur.  

 

-Bon, et on fait quoi maintenant ? demande Mick. On attend la cavalerie ?  

 

-Ils sont dehors. A couvert. Futago, je ne sais pas encore lequel des deux, nous prend pour cible pour détourner notre attention de Makato. Il va donc falloir réfléchir à comment vous sortir d'ici rapidement, lui et toi, sans qu'il ou elle nous tire tous comme des lapins. Est-ce que tu peux bouger sans trop utiliser ta jambe ?  

 

-Oui je pense, répond-il en grimaçant tandis qu'il mobilise sa jambe valide pour s'asseoir et s'adosser contre le bas-muret. Le salaud, il ne m'a pas loupé !  

 

-Te plains pas, il a évité ton mokkori, plaisanté-je pour détourner son attention de la douleur. Plus la situation est critique plus l'humour est nécessaire, alors vu son teint cireux et le contexte, je peux en faire des caisses :  

 

-De pas beaucoup ceci dit, ça s'est joué à un poil de mokkori. Il n'a pas fini d'être rabougri après toutes ces émotions !  

 

-Bordel ! Mon... Mon mokkori, s'affole-t-il en venant instinctivement vérifier que son précieux est toujours à sa place. Non c'est bon, tout va bien, se rassure-t-il après constatation tactile. Bordel Ryo, tu sais bien qu'on ne rigole pas avec ça, c'est sacré ce genre de chose... Aïe je souffre, gémit-il à l'attention de la jeune femme à ses côtés qui penche alors vers lui un regard soucieux.  

 

Bon, tout va bien, me dis-je maintenant qu'il est concentré sur autre chose que sa douleur, je peux réfléchir à comment nous sortir de ce guêpier. Parce que pour l'instant, c'est à ça que ressemble ce hall d'entrée : un foutu guêpier dans lequel nous sommes pris au piège. Ce mur de soubassement que surplombe la baie vitrée est la seule protection sure qui nous est offerte, et l'ascenseur la seule issue de secours. Mais entre les deux, un hall entier à traverser à découvert. Si au moins je pouvais savoir où il se trouve, maugréé-je en me positionnant sur un genou pour jeter un œil sur l'extérieur.  

 

-Qu'est-ce que tu fous ? demande Mick en essayant de glisser vers moi.  

 

-Arrête de t'agiter je t'ai dit, reste sage. J'essaie de voir d'où il a bien pu tirer, dis-je en observant les immeubles alentour. Vu d'où la balle est arrivée, je connais l'angle de tir, mais c'est trop juste pour le situer exactement. Allez Futago, montre-toi...  

 

Mais rien. Rien qui puisse indiquer sa présence de quelque façon que ce soit. Les bâtisses restent silencieuses et muettes dans le matin blême et glacial. Et lui est là, quelque part derrière une fenêtre ou couché sur un toit. Je l'imagine, les cheveux tirés en arrière par son catogan, à attendre la plus petite erreur de notre part. Heureusement que je leur ai dit de rester à l'abri, pensé-je en regardant les voitures de Falcon et Saeko derrière lesquelles je les devine prêts à s'élancer. D'ailleurs j'entends soudain la voix de Falcon.  

 

-Est-ce que tout va toujours bien ? Comment va Mick ?  

 

-Ça va, on gère pour l'instant. L'hémorragie est contenue... et il a l'air d'aller très bien même, ajouté-je en découvrant le regard de Mademoiselle Taki posé sur lui. Il a l'air d'avoir repris du poil de la bête.  

 

-On cherche comment vous sortir de là.  

 

-Moi aussi Falcon, moi aussi.  

 

-Il va falloir se dépêcher par contre, intervient Saeko, mon équipe ne va pas tarder à arriver.  

 

Elle a raison. Officiellement, nous ne sommes que de simples gardes du corps embauchés par Makato pour veiller sur sa sécurité et il ne faudrait pas que la situation nécessite que la police mette le nez d'un peu plus près dans nos affaires. Cette fine couverture ne tiendrait pas longtemps si tout dégénérait en guerre des tranchées avec blessés en prime. Il faut qu'on sorte rapidement de là, conclus-je en balayant une fois de plus du regard le nœud du problème, ce fameux hall à découvert et en m'arrêtant sur la seule issue : l'ascenseur.  

Moi je pourrai passer, mais ni Mick ni les deux autres n'en auront la capacité. La baie vitrée offre au tireur tout le loisir de scruter le moindre mouvement et de tirer sur le premier qui se montrerait. Le seul moyen serait de lui cacher la vue... Oui, c'est ça !  

Tandis que la solution se profile dans ma tête, je regarde Mick. Il faut qu'il ait la force de courir car il faudra faire vite une fois que j'aurai lancé l'offensive. Mais je le connais. Malgré sa blessure il est assez résistant à la douleur pour y arriver. Celui qui m'inquiète le plus c'est Makato. Je regarde le petit homme qui se terre au sol comme je le lui ai ordonné. Lui est totalement imprévisible. Il doit se sentir observé car il lève la tête vers moi ; la peur et la nervosité dégoulinent de son regard fuyant. Pas étonnant, me dis-je en attrapant mon téléphone et en composant le numéro de Saeko, il se sait la cible d'un tueur, normal qu'il meure de trouille, mais il va falloir le surveiller de près.  

 

Lorsque j'entends Saeko décrocher, je colle le combiné contre ma bouche pour qu'elle m'entende et je m'adresse à ceux qui sont avec moi :  

 

-Ecoutez-moi bien, je vais tenter quelque chose. Quand je vous en donnerai l'ordre, vous allez courir le plus vite possible jusqu'à l'ascenseur. Au premier étage, il y a un escalier qui donne sur une porte de secours. Il faut que vous arriviez jusque-là pour que les autres vous récupèrent et vous mettent à l'abri. Mick, est-ce que ça va aller ?  

 

-T'inquiète, me répond-il, tu sais bien que je suis un pro. Même cul-de-jatte, je te gagne un marathon.  

 

-Je vous aiderai s'il le faut Monsieur Angel, assure la secrétaire, en le fixant intensément.  

 

-Pas la peine, fanfaronne-t-il en replaçant machinalement une mèche de cheveux blonds.Je suis un nettoyeur. Une blessure par balle c'est du pipi de chat pour moi.  

 

Étonnant... En temps normal et même en situation de crise, rien n'empêche Mick de jouer au bourreau des cœurs, surtout si la fille est jolie et qu'elle joue à l'infirmière...  

 

-Pourquoi tu me mates avec ce sourcil levé toi ? m'apostrophe-t-il avec morgue en surprenant mon regard, tu ne me crois pas capable de courir c'est ça ? Je te prends à la course dès qu'on sort de là.  

 

-Pas de souci, je te fais confiance. Après un crash d'avion et le PCP, je sais qu'une patte folle n'est rien pour toi. Tenez-vous prêts. Saeko, est-ce que c'est bon de votre côté ?  

 

-Oui, me répond la commissaire, je suis dans ma voiture, Falcon et Miki aussi. On y va dès que tu donnes le top départ. C'est quoi le top départ d'ailleurs ?  

 

-Tu le reconnaîtras, dis-je sans rien préciser de plus avant de raccrocher. J'attrape mon Magnum, y fixe le silencieux et d'un hochement de tête m'adresse à ceux qui ne me lâchent désormais plus du regard : « Maintenant ! ».  

 

Tout se fige. Comme à chaque fois que je suis concentré et dans l'urgence. Le temps ne ralentit pas, mais ma perception décuplée m'en donne la sensation. Je m'élance en me jetant au sol, sur le dos. Tout en glissant en arrière, je tire quatre fois d'affilée dans les deux baies vitrées qui donnent sur l'extérieur. Comme prévu elles n'explosent pas mais se fissurent en milliards de microscopiques morceaux, occultant complètement la vue sur ce qui se passe à l'intérieur. Les yeux fixés sur un des trous formés par l'un des impacts dans le verre, je bloque d'une main ma glissade et, d'un mouvement de jambe, me réceptionne, accroupi sur le carrelage. D'un bond maîtrisé je me retrouve derrière la baie vitrée. Cette sensation de maîtrise absolue est toujours là quand je place le silencieux du canon dans un trou d'impact ; je la laisse totalement m'envahir au moment où je ferme les yeux. Concentration. Perception. Malgré mes yeux fermés, je sais exactement où se trouve chaque chose, chaque élément, chaque personne autour de moi. Dans mon dos, je peux sentir au déplacement d'air que Mick et Mademoiselle Taki se sont levés pour s'élancer vers l'ascenseur. L'onde de choc de chacune de leurs enjambées se diffuse du sol jusqu'à moi. Ils courent. Mal. Mick traîne difficilement sa jambe et à la pesanteur de chacune de ses réceptions je devine que la jeune femme doit essayer de le soutenir. A moi de jouer maintenant pour leur permettre d'atteindre l'ascenseur. A nous deux Paris-Plouc ou qui que ce soit d'autre derrière son viseur.  

 

Je me concentre pour ressentir encore plus profondément les ondes qui vibrent jusqu'à moi depuis l'extérieur. Mes yeux clos m'aident à me fondre dans l'air pour ne faire plus qu'un avec cet espace qui s'étire pendant que chacune de mes terminaisons nerveuses réceptionne les informations avec plus de force encore. Mon bras semble fusionner avec le Magnum dont le canon darde l'œil noir sur les immeubles alentour, à la recherche de cet ennemi invisible. « Allez Futago ! Montre-toi. ».  

Plus loin, je dois me projeter plus loin encore... Ressentir plus fort... Le temps s'arrête, suspend tout. Autour de moi et jusqu'aux confins de la ville, il n'y a plus rien d'autre que mon 357, ma respiration, quelques battements de cœur... et lui... lui... Quelque part... Chaque fibre de mon corps est tendue, prête à vibrer à la moindre perception que mes sens pourraient lui envoyer. Je me recentre, encore... plus profondément, encore... je ne suis plus moi-même, je ne suis plus que cet instinct animal et puissant qui guide mes sens aiguisés à l'extrême vers sa proie, prêt à fondre sur elle. Une expiration...longue... profonde... mon souffle m'emmène plus loin encore dans les limbes de la concentration. Je ne suis même plus moi, je ne suis plus que le bras de la justice.  

 

Je  

 

suis  

 

prêt...  

 

Il est...  

 

Là.  

 

Son aura n'a même pas vacillé, pas besoin. A ce point de perception il n'est même plus nécessaire de baisser sa garde, ma seule volonté d'atteindre ma cible suffit pour guider mon bras. Je le tiens. Nous sommes désormais liés par un lien invisible créé par la seule force de l'indicible, de l'inexplicable, qui m'indique l'angle parfait de tir. Je sais désormais que même les yeux fermés je vais l'atteindre. Un dernier souffle. Il emporte avec lui les derniers doutes et les infimes vibrations de mon doigt sur la gâchette. Il est désormais sûr.  

 

J'appuie sur la détente...  

 

Touché.  

 

Au mouvement de recul du 357, quand la balle jaillit du barillet, je reprends conscience de l'espace et du temps et celui-ci reprend sa course. Je reste aux aguets devant la fenêtre, le canon toujours dans le trou formé par l'impact, prêt à refaire feu. Je l'ai touché. Je le sais, je le sens. Je ne sais ni où ni comment mais je sais que je l'ai touché. Il est toujours vivant, sûrement sonné et surpris mais vivant. Je reste donc sur mes gardes.  

 

Je ressens de nouveau dans le sol le rythme claudiquant et traînant de la course de Mick et de son aide. Mais rien du côté de Makato. Pourquoi ? Je jette un coup d’œil dans sa direction et fronce les sourcils en l'apercevant prostré au sol, dans la posture qu'il a adoptée après mon coup de semonce.  

 

-Allez ! l'interpellé-je avec force ! Debout ! Levez-vous et suivez-les !  

 

Il ne bouge pas, les deux mains sur la tête et tremblant de tous ses membres.  

 

-Makato ! grondé-je, ne m'obligez pas à venir vous chercher.  

 

Ça y est, mon ton a fait mouche. Il lève la tête et sa figure au teint livide se tourne dans la direction des feuilles qui se sont éparpillées un peu partout autour de lui. Il tend la main dans leur direction et en attrape une en tremblant. Bon sang ! Il va toutes mes les faire lui !!  

 

-Laissez ça et levez-vous !!  

 

-Monsieur ! s'écrie alors sa secrétaire qui vient de lâcher Mick pour courir vers lui et l'attraper par le bras pour l'aider à se lever, venez vite !!  

 

-N... non ! Mes dossiers ! bafouille alors le PDG en la repoussant et en ramassant frénétiquement les feuillets autour de lui. Laissez-moi, il faut que je les ramasse !  

 

-Monsieur, venez ! insiste-t-elle avec plus de force en lui reprenant le bras.  

 

Je fronce les sourcils. Je savais que je ne devais pas lui faire confiance. Il nous met tous en danger cet imbécile, alors même si c'est par la peau des fesses, il va y aller dans cet ascenseur !  

Mais alors que je m'apprête à me précipiter dans leur direction, je sens une onde de danger vriller dans l'air et le feuilletage de la baie vitrée se démultiplie à son extrémité en formant un cercle autour d'un nouvel impact de balle. Merde, Futago a vite repris ses esprits, je ne dois pas l'avoir gravement touché. Et il a trouvé comment parer à son problème de vue ; il va tirer jusqu'à ce que le feuilletage ne suffise plus et que la vitre s'effondre sur elle-même. Effectivement, au deuxième coup de feu, toute la partie de la vitre sur la droite cède et explose, envoyant vers le centre de la pièce une myriade de petits fragments de verre.  

 

-Vite ! Tout le monde à l'ascenseur ! Dépêchez-vous ! crié-je tandis que Makato replonge en avant et que la jeune femme à son côté s'accroupit en hurlant, les mains sur la tête en un archaïque réflexe de protection.  

 

Tout autour de moi étincellent les microscopiques cristaux brillants qui sont projetés par la puissance des impacts. Tandis que la baie vitrée est criblée de balles et que je me rue dans la direction de Makato, un affreux pressentiment d'urgence me crispe l'estomac. Merde, ça va mal tourner si on ne bouge pas de là. Makato, Mick et Mademoiselle Taki se trouvant en plein milieu du hall, ils seront visibles dès que Futago aura fini de détruire la baie vitrée, s'ils ne se prennent pas une balle perdue avant. Il faut absolument que je mette tout le monde à l'abri dans l'ascenseur !  

 

En deux enjambées je les rejoins et j'agrippe sans ménagement Makato par le dessus de sa veste pour le remettre debout tout en attrapant la main de Mademoiselle Taki pour la relever. D'un regard, j'enjoins à Mick de continuer d'avancer et dirige tout le monde vers l'ascenseur.  

 

-Allez ! Dépêchez-vous ! Je les exhorte à courir d'une forte poussée dans le dos mais à ce moment-là, Makato m'échappe et se jette de nouveau sur ses feuillets au sol.  

 

-Mais lâchez-ça Bordel ! Je jure et l'attrape plus fermement cette fois au niveau du col. Hors de question qu'il risque notre vie pour deux ou trois dossiers ! Mais plus que nerveux, il devient cette fois complètement hystérique et se débat entre mes doigts. Mes yeux croisent les siens. Son regard est comme fou. Hagard. Perdu entre la terreur pure et l'obsession absolue. Derrière nous, les balles fusent dans notre direction. Bon sang, s'il le faut je l'assomme mais ça devient plus qu'urgent de nous tirer de là. Alors que je m'apprête à mettre cette pensée à exécution, il se débat soudain plus fortement et se projette latéralement, heurtant violemment Mademoiselle Taki. Sous le choc elle bascule et je la vois avec angoisse reculer vers le centre du hall, là où se concentrent les tirs à l'aveugle de Futago.  

 

De nouveau, le sentiment que le temps s'étire m'interpelle. Je crie en me jetant vers elle pour la rattraper, prêt à rouler au sol une fois que je l'aurai dans mes bras. Tous mes muscles se tendent dans sa direction, je sais que je peux la récupérer à temps, je suis assez rapide pour l'attraper avant qu'elle ne se retrouve à découvert. Seulement, au moment où j'amorce la rotation qui me permettra de tomber sur le côté après l'avoir réceptionnée, au moment même où je me retrouve face à la baie vitrée, le verre se creuse face à moi, prenant la forme circulaire caractéristique d'un impact de balle. Merde, je suis cette fois sur sa trajectoire et il est trop tard pour éviter quoi que ce soit.  

 

Instinctivement je cligne des yeux, anticipant le choc brutal de la blessure et la douleur. Le temps s'arrête. Le silence emplit le hall. Mon corps se crispe.  

 

Rien.  

 

J'ouvre les yeux...  

 

Mick.  

 

Il est face à moi. Les yeux écarquillés. Les traits figés. La bouche ouverte en un O muet. La main sur sa poitrine. Rouge sang.  

 

Merde ! Merde ! Merde !!  

 

Le choc de mon corps entrant en contact avec celui de Mademoiselle Taki me ramène à la réalité et j'accompagne le mouvement, l'entraînant avec moi dans une roulade au sol qui nous conduit devant l'ascenseur où d'une dernière poussée je la projette littéralement.  

 

-Couchez-vous, je reviens !  

 

Lorsque je me retourne, d'un coup d'œil circulaire j'embrasse la scène. Mick est au sol. Sur le côté Makato ramasse avec une frénésie surréaliste les dernières feuilles qui traînent au sol et les enfourne dans sa mallette. La colère me saisit instantanément, occultant la panique que l'état de Mick a allumée en moi. Je ne sais pas ce qui me retient de laisser Makato crever avec ses maudits documents. Mais malgré moi je me dirige à grandes enjambées vers lui et l'attrape cette fois comme un vulgaire paquet de linge. Je le bloque sous mon bras avant de retourner en courant devant la cage d'ascenseur et de le balancer contre le mur du fond où il s'écrase avant de glisser mollement sur le sol, complètement sonné.  

 

Deux secondes plus tard, je suis aux côtés de Mick, retirant doucement sa main pour voir l'état de sa blessure.  

 

-Merde Mick, qu'est-ce que t'as foutu ? Je murmure plus pour moi-même que pour lui, mais ses yeux deviennent vitreux et je veux qu'il reste conscient.  

 

-Ouais... Je sais... C'est con... J'ai voulu vous couvrir... Oublié... ma jambe... Kazue va me tuer.  

 

-Et tu l'auras bien mérité mon pote, crois-moi, dis-je en passant son bras autour de mes épaules avant de me relever.  

 

-Elle va encore... s'inquiéter...  

 

-Elle est forte, elle attendra juste que tu te remettes pour te filer la raclée de ta vie.  

 

Un gémissement décousu se fait entendre. Il rit. Faiblement. Ça va aller.... Du moins j'essaie de m'en convaincre. Les yeux fixés sur la porte métallique de l'ascenseur, je le porte plus que je ne l'aide à avancer vers ce qui est notre seul moyen de sortir tous d'ici. Une fois à l'étage, il faudra encore traverser le couloir et rejoindre la porte de secours pour qu'il soit pris en charge par les autres. Il faut qu'il tienne le coup. Le poids de son corps pèse un peu plus à chaque pas contre moi. Je fixe l'ascenseur. Nous passons devant la baie vitrée désormais complètement à nu.  

Les tirs ont cessé. Ce n'est pas étonnant si on suit la logique du tireur. Makato est désormais intouchable vu qu'il est au fond de l'ascenseur, dont les portes se sont refermées. Il a perdu et il le sait. Nous lui tournons le dos. Il pourrait terminer ce qu'il a commencé. Mais il a baissé sa garde et je sens jusqu'ici qu'il n'en fera rien.  

 

Lorsque les portes s'ouvrent devant nous, je constate que Makato est toujours groggy au sol. Tant mieux, ça m'évite de devoir lui coller une droite pour qu'il y reste. A peine un pied dans l'ascenseur, je frappe sur le bouton de l'étage et, dans un dernier regard de défi, me tourne dans la direction d'où je sais que Futago m'observe. Je ne le vois peut-être pas, mais je sais que lui si. Nous n'en avons pas encore fini. Une fois que j'aurai mis Mick et les autres à l'abri, je compte bien revenir vers lui. Je viens de remporter cette bataille avec pertes et fracas, mais je suis déterminé à ne pas laisser cette guerre s'éterniser. Nous devons en finir. Aujourd'hui.  

 

Alors que les portes coulissent pour se fermer, Mick s'affaisse soudain un peu plus contre moi. Tout en l'appelant, je l'accompagne dans son mouvement pendant qu'il glisse et l'allonge sur le sol, gardant sa tête appuyée contre ma cuisse  

 

-Monsieur Angel ! s'angoisse Mademoiselle Taki, ses grands yeux éperdus cherchant une réponse dans les miens.  

 

-Mick ! Mick ! C'est pas le moment de jouer la belle endormie, tiens le coup bordel ! Mick !  

 

Je l'appelle, je dis n'importe quoi pour le sortir de sa torpeur. Tant qu'il reste conscient je sais qu'il est vivant, j'ai besoin d'avoir cette assurance pour rester concentré. Le miroir qui se trouve au fond me renvoie l'image de la scène qui se joue dans l'habitacle : Mademoiselle Taki à genoux, morte d'angoisse, Makato avachi dans le coin opposé, serrant toujours sa maudite mallette contre lui et moi, les traits durs, le regard sombre, les vêtements et les bras maculés du sang de celui que je tiens allongé contre moi. Je prends conscience qu'il émerge au mouvement de sa main dans le reflet à l'instant où je le ressens contre ma jambe.  

 

-...t'interdis... de... m'embrasser...  

 

-Quoi ? fais-je avant de percuter que c'est sa réponse à mon appellation de «belle endormie ». Je ne te promets rien si tu rejoues à la belle au bois dormant !  

 

-Préfère... Kazue...  

 

-Ouais, alors garde les yeux ouverts !  

 

Malgré le soulagement qui m'étreint au point que je sois encore capable d'un trait d'humour, je sais que tout est incertain. Sa poitrine se soulève de façon erratique, son teint est plus qu'inquiétant et son pouls encore plus faible qu'il ne l'était après la première balle. Sa blessure ne saigne pas énormément mais j'ignore quels dégâts elle a pu provoquer à l'intérieur. Et ce foutu ascenseur qui semble mettre des plombes pour passer du rez-de-chaussée au premier !! On aurait plus vite fait de passer par les escaliers !  

 

-Elle... va... encore... s'inquiéter... halète-t-il dans un murmure.  

 

-T'inquiète, on va vite te remettre sur pied.  

 

-Elle... s'inquiète toujours... Par ma faute... J'ai tout foiré... Tu avais raison...  

 

L'ascenseur s'arrête enfin. Je passe mes bras autour de Mick pour l'attraper et pouvoir le porter dès que la porte daignera s'ouvrir. Au moment où je me penche vers lui, il pose la main sur ma figure et me force à le regarder. Ses yeux sont vitreux. Merde...  

 

-Tu... lui... diras hein ?  

 

-Ferme-la Angel, arrête tes conneries, tu lui diras toi-même ! dis-je d'un ton sans réplique pendant que les portes s'écartent et que Mademoiselle Taki s'élance en courant dans le couloir, tirant derrière elle un Makato encore un peu sonné mais toujours avec sa mallette contre lui.  

 

-Tu... lui... diras... répète-t-il dans un souffle qui semble à chaque mot être le dernier... Pour moi... Tu lui diras... Tu... lui...  

 

-Putain Mick, déconne pas !  

 

Je grogne et le secoue, mais il ne m'entend déjà plus et le poids que je sens contre moi n'est plus retenu par une quelconque volonté. Je sens poindre dans l'estomac cette panique annonciatrice des mauvais jours, mais je la fais taire en allant puiser dans ma rage de faire mordre la poussière à Futago la force de me relever et de le porter pour sortir de l'ascenseur. Je DOIS le sortir de là. Il VA s'en sortir. Il FAUT qu'il s'en sorte. Je n'accepte aucune autre alternative. Du bout du couloir, Miki et Falcon arrivent en courant vers nous.  

 

-Ryo !! Bon sang que s'est-il passé ??? s'écrie Miki, effarée par le sang qui nous recouvre tous les deux.  

 

-Il a reçu une deuxième balle. Il faut l'emmener chez le Doc, ça urge. Où sont Makato et Mademoiselle Taki ?  

 

-On les a croisés, me répond Falcon en avançant les mains pour attraper Mick. Ils doivent déjà être dans la voiture de Saeko. Elle va les emmener loin d'ici. Ryo... insiste-t-il en voyant que mes mains refusent de lâcher celui que je serre contre moi.  

 

-Je l'emmène, Falcon.  

 

-Non, réplique avec assurance le mercenaire. Toi, tu vas rester ici. Je te connais. Nous savons tous les deux que tu as quelque chose à terminer ici. Nous allons nous occuper de lui, je te jure que je ne vais pas ralentir jusqu'à ce qu'il soit entre les mains du Doc.  

 

Mes doigts se desserrent et, avec le plus de précautions possible, il prend Mick dans ses bras et se tourne pour emprunter le chemin en sens inverse.  

 

-Et Kaori ? me demande Miki, sur le départ elle aussi.  

 

-Ka... Elle n'était pas dehors avec vous ?  

 

-Non, quelque chose a dû la retarder, me lance-t-elle en s'élançant à la suite de son mari.  

 

-Préviens-la de vous rejoindre à la clinique.  

 

Mais je ne sais pas si elle m'a entendu, la porte au bout du couloir bat déjà dans le vide après qu'ils l'aient franchie en courant. Une seconde plus tard, je suis de nouveau dans l'ascenseur, qui semble se rappeler maintenant qu'il a une certaine vitesse de descente à respecter. Lorsque les portes coulissent et s'ouvrent sur le hall d'entrée, le froid me saisit. Le vent glacial s'engouffre par les encadrures vidées de leur vitrage et vient balayer les éclats de verre au sol. Ici et là des traces de sang. Dans l'air, résonnent encore les hurlements de Mademoiselle Taki et je peux sentir autour de moi l'odeur âcre de la sueur de Makato, sa peur ancrée dans les murs. Je balaie d'un clignement de paupières l'image de Mick face à moi, la main sur la poitrine et les yeux écarquillés de surprise.  

Je traverse le hall rapidement, le verre crisse sous ma semelle, en laissant ces pensées derrière moi. Une fois arrivé devant ce qui reste de la porte, j'enjambe la mare de sang et me dresse dans l'encadrure, le regard levé vers cet immeuble dans la seconde rue, celui où je sais trouver mon ennemi.  

Le deuxième round va commencer, prépare-toi Futago, j'arrive. 

 


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