Chapter 12 :: Chapitre 12 : Comment en est-on arrivé là?

Published: 26-10-03 - Last update: 26-10-03

Comments: Une fois n'est pas coutume, voici un chapitre très très court. Ca peut vous paraitre étrange étant donné que j'ai l'habitude des grands romans (pour ceux qui ne l'auraient pas encore remarqué) mais il fallait absolument que cette partie de l'histoire soit séparée du reste. Je trouve que je me suis assez bien rattrapée par rapport au chapitre précédant (ça a été? pas trop chiant à lire?). Merci quand même de vous accrocher. Bonne lecture!

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Le réveil de ce matin se fait dans un vacarme assourdissant dans la capitale japonaise.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Les sirènes des policiers, ambulanciers et pompiers raisonnent dans toute la ville.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Dans l’ambulance, Ryô est seul. Seul au milieu de tous ces infirmiers et infirmières qui se bousculent dans tous les sens.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Personne n’a pu l’accompagner dans la camionnette. Ce n’est pas faute d’avoir supplié ces gars en blouse blanche, pourtant. Mais ils avaient refusé ; d’après eux, un seul passager est permis pour mesure d’hygiène ou un truc stupide dans ce genre-là.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Il se sent seul, si seul à présent. Ce n’est certainement pas autour de lui qu’il éprouve ce sentiment de vide solitude, non… c’est devant lui, sous ses yeux. Il tient la main de la jeune fille, il ne la lâche pas et ne l’abandonnera sûrement plus.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Elle est blanche, plus pâle encore qu’il ne l’avait jamais vue auparavant. On pourrait croire qu’elle dort paisiblement si seulement elle n’était pas entourée de ses kilomètres de fil raccordés à des centaines de machines. Elle ferait croire qu’elle sourit si seulement ce sal masque en plastique ne lui amochait pas la moitié du visage. Elle vous laisserait espérer que tout va bien, que ce n’est qu’un rêve, un cauchemar.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Quelqu’un lui secoue l’épaule droite. Il tourne la tête vaguement, plus par réflexe d’ailleurs. Un de ses grands hommes blancs semble lui parler, mais il ne le voit même pas. L’homme s’énerve puisque Ryô ne comprend pas ce qu’il demande. De l’index, il lui montre le lit où est étendue la jeune fille… la jeune fille dont il refuse de lâcher la main. Est-ce cela qu’il veut ? Il veut que le nettoyeur l’abandonne à son triste sort ? Non, il veut l’emmener là où Ryô n’a pas le droit d’aller. C’est seulement maintenant qu’il s’en rend compte, mais il se trouve dans un de ces longs couloirs d’hôpital entièrement décontaminé. Il ne sait même pas comment il a atterri à cet endroit.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Dans un ultime effort, ses doigts se desserrent petit à petit de la main fine qu’ils entouraient et protégeaient. Tout doucement, peut-être même trop lentement aux yeux des médecins appelés d’urgence. Cependant, ils lui accordent tout le temps dont il a besoin. Une jeune infirmière l’a ensuite attrapé par les épaules et lui a désigné un banc pour qu’il puisse s’asseoir.  

- Vous pouvez rester ici, monsieur. Dès que l’opération sera terminée, les médecins sortiront de cette porte et viendront vous parler. Mais l’opération risque de durer un bonne partie de la journée je crois, vous feriez peut-être mieux d’aller vous détendre ailleurs, non ?  

Il hoche la tête négativement. Non, il ne veut pas s’en aller. Quitte à rester ici le restant de ces jours, il ne s’en ira pas tant qu’on ne lui aura pas apporté des nouvelles, de bonnes nouvelles.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Une demi heure plus tard, cette même infirmière réapparaît devant lui. Il ne s’était pas aperçu de son absence, et encore moins de son retour. Tout en lui souriant, elle lui tend un plateau.  

- Tenez, vous devriez déjeuner.  

Ses yeux vides se posent alors sur le présent : un jus de fruit accompagné d’une pomme. Deux tranches de pain avec toutes sortes de confitures à côté. Et une tasse de café.  

Ryô n’a pas faim, il ne veut rien. Juste qu’on lui rende la jeune fille.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Il doit déjà être quatre heures, si ce n’est plus. Toute la bande est venue le rejoindre dans l’après-midi, ainsi que le lieutenant Matt. Falcon a soigné Ryô. Comment ont-ils fait pour ne pas remarquer toutes ses blessures alors que tous ces médecins travaillent tous dans un hôpital ? Miki lui apporte très facilement la réponse : le comportement du japonais est bien plus alarmant que ses quelques plaies sanglantes. Ce dernier ne dit toujours rien. Il n’a pas touché au plateau de son déjeuner, le café est entièrement refroidi à présent. Il ne fait rien, il ne répond pas, il n’écoute même pas. Ses yeux sont rivés sur la porte par laquelle elle est entrée il y a déjà près de sept heures.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

La nuit vient de tomber dehors. Le petit groupe a jugé préférable de laisser Ryô seul. Seule Kaori est restée près de lui, elle ne pouvait pas se soumettre à la pensée de l’abandonner dans cet état. C’est encore pire que le jour où elle l’a retrouvé sur le sommet de la grande tour, car là, il est noyé par son chagrin, et non pas par l’alcool.  

Elle a posé sa tête sur l’épaule de l’homme. Elle est si fatiguée, elle est à bout pratiquement et l’inquiétude en rajoute une couche. Elle ferme tout doucement les yeux. Elle s’en veut de ne pas rester tout à fait présente auprès de son partenaire dans un tel moment, mais comment peut-elle faire autrement ?  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Enfin, un médecin sort de cette fichue salle blanche. Il parait épuisé lui aussi après plus de douze heures d’opération non stop. Mais Ryô ne bouge toujours pas. La jeune infirmière s’est approchée du médecin qui semble se lancer dans une longue conversation. Elle désigne ensuite le nettoyeur du doigt et le médecin s’avance près de lui.  

- Monsieur Saeba ?  

Ce dernier sort enfin de sa léthargie.  

- Pouvez-vous me suivre monsieur ?  

Ryô regarde Kaori. Son air si serein ne lui donne aucune envie de la réveiller.  

- Ne vous en faites pas, monsieur, le rassure l’infirmière. Je n’ai rien de spéciale à faire, je vais m’occuper d’elle.  

Ryô lui sourit pour la remercier et suit le médecin.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Ryô et le médecin marchent à travers d’innombrables couloirs. La personne hospitalisée a été transférée dans le bloc de réanimation, situé à l’opposé du bloc opératoire. Aucun des deux n’a encore ouvert la bouche, mais le nettoyeur peut remarquer une certaine tension chez le docteur, ce qui ne le rassure bien sûr pas.  

- Nous sommes presque arrivés, monsieur Saeba.  

- Hum hum…  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

Une fois sur place, Ryô peut voir à travers la vitre une petite chambre encombrée de toutes sortes de machineries, toutes reliées vers le centre de la pièce. Sous la tonne de câbles, il peut distinguer la forme incertaine d’un être humain. Si ses yeux ne lui permettaient de distinguer les reliefs, Ryô ne pourrait voir la jeune fille étendue sur le lit tant sa peau blanche la fait disparaître par rapport aux draps.  

Mais comment en est-on arrivé là ?  

C’est le moment ou jamais, après tout, il est trop tard à présent. Le médecin prend une profonde inspiration et annonce d’une voix monocorde le déroulement de l’opération. Ca lui fait gagner quelques secondes, une minute ou deux tout au plus. Mais l’heure de la lourde tâche sonne. Celle-ci reste sans aucun doute la plus dure à révéler…  

- Monsieur Saeba, murmure-t-il presque. Elle est…  

Mon dieu, mais comment en est-on arrivé là ?  

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