Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 48 chapters

Published: 01-05-20

Last update: 17-06-20

 

Comments: 35 reviews

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HumourRomance

 

Summary: La naissance et l'évolution d'une colocation un peu spéciale... (AU)

 

Disclaimer: Les personnages de "Friends Hunter" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Friends Hunter

 

Chapter 8 :: Chapitre 8

Published: 08-05-20 - Last update: 08-05-20

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Comme nous sommes dans une AU, nous pouvons déroger à certains pans de l'histoire originelle (c'est un peu le but, non? ;). Alors voici la première petite surprise de cette histoire. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 8  

 

Entendant du bruit dans l’appartement, Kaori toqua. Elle avait la clef et aurait pu l’utiliser mais, de nature discrète, elle n’aimait pas rentrer chez les gens sans y être invitée même si elle aurait certainement apprécié surprendre cette personne-là dans son quotidien.  

 

- Déjà debout ?, s’étonna Ryo en lui ouvrant.  

- Tu avais le temps avant de venir., lui dit-il.  

 

Il lui fit signe d’entrer, ravi d’avoir l’occasion de la voir de si bon matin. Il observa son visage radieux malgré la fatigue et le caressa du bout du doigt. Avec satisfaction, il vit ses joues se teinter de rose et le sentiment profond qui l’habitait et se concrétisait un peu plus chaque jour se renforça encore.  

 

- Je sais mais je voudrais passer au café après pour aider Miki. Il y a encore tellement de choses à faire., soupira-t-elle.  

- Tu travailles au restaurant ce soir ?, s’inquiéta-t-il.  

- Oui. Je prends mon service à dix-neuf heures.  

- Tu devrais prendre du temps pour te reposer, Kaori. Tu ne tiendras pas à ce rythme-là., fit-il, soucieux.  

- Rentre chez toi. Tu n’as pas besoin de faire le ménage ici. Va dormir ou te détendre quelques heures.  

- Tu acceptes que je te paye un loyer alors ?, répondit-elle, un sourcil levé.  

- Parce qu’on a un accord et je refuse d’avoir des dettes.  

- Hors de question., s’offusqua-t-il.  

 

Il savait pourtant qu’ils y viendraient un jour parce que les travaux de leur appartement avançaient bien plus que dans le sien et il savait qui en était responsable. Néanmoins, il ne se voyait pas lui demander de l’argent pour habiter un endroit où elle était à sa place… Kaori ôta son gilet et alla le pendre dans le placard de l’entrée.  

 

- Bon, alors je reste. Tu as fait la liste ?, lui demanda-t-elle.  

 

Il poussa un profond soupir pour bien lui montrer son mécontentement mais fondit devant le sourire triomphant qu’elle lui lança. Il ne pouvait pas résister face à la chaleur qu’elle lui envoyait et il devait l’avouer : devant partir dans peu de temps, il avait plus envie de profiter de sa présence que de se chamailler avec elle.  

 

- Tu veux un café ?, lui proposa-t-il.  

- S’il te plaît., dit-elle, étudiant la liste.  

- Tu n’as pas à tout faire, Kaori., lui indiqua-t-il.  

- Je t’ai mis tout ce à quoi je pensais mais tu sélectionnes ce que tu as envie de faire., murmura-t-il, observant sa silhouette et son air concentré, sentant le désir monter en lui.  

 

Kaori releva les yeux et le sonda un moment. Mal à l’aise, il détourna le regard, faisant mine de rassembler son portefeuille et ses clefs avant de partir.  

 

- Attends Ryo, tu as marqué suspendre des cadres mais lesquels ?, l’interrogea-t-elle.  

- Choisis ceux que tu veux. Ils sont dans le bureau.  

- Et je les mets où ?  

 

Il se tourna vers elle, tout en mettant son manteau, et observa la pièce avant de hausser les épaules.  

 

- Je ne sais pas. Considère que tu es chez toi et place-les comme ça te plairait., répondit-il.  

 

Il s’était voulu nonchalant voire indifférent mais, sans le vouloir, sa voix avait pris une intonation intime et lourde de promesses. Il se retint de se gifler car il se serait presque senti rougir en s’en rendant compte. Quand il revint à la réalité, il vit le regard intense que lui portait Kaori et aurait presque cru entendre son cœur battre alors qu’elle était à cinq mètres de lui. L’air était chargé d’électricité et il devait vite trouver quelque chose avant de déraper car il sentait qu’il ne lui en faudrait pas plus avant de réduire la distance entre eux et de faire quelque chose qu’il n’était pas encore tout à fait prêt à assumer et surtout qui le mettrait très très en retard pour sa garde.  

 

- J’ai même acheté un aspirateur. Regarde !, lâcha-t-il subitement, poussant la porte de l’autre placard.  

- S… super., murmura Kaori, sortant difficilement de sa petite bulle d’émotions.  

- Je… dois y aller., dit-il, attrapant son sac à dos nerveusement.  

- Tu pourras mettre la musique à fond et chanter comme tu aimes le faire. Mick est parti pour une semaine sur l’île d’Hokkaido et Falcon est en manœuvres militaires jusque lundi., lui apprit-il juste avant de disparaître.  

 

La jeune femme resta seule dans l’appartement à fixer la porte bêtement. En moins de cinq minutes, Ryo venait de l’envoyer moralement côtoyer les anges. Elle s’était sentie pousser des ailes quand il lui avait dit de se considérer chez elle avec un ton qui suggérait mille promesses de bonheur et félicité et qui avait attisé un peu plus encore les sentiments qu’elle lui vouait. Et juste avant de partir, il lui avait fait part d’une de ses petites manies, d’une chose qu’elle faisait pourtant attention de ne pas trop faire voir pour ne pas indisposer les autres… Comment savait-il qu’elle chantait d’ailleurs ? Elle faisait attention à cesser peu de temps avant qu’il ne revienne pour ne pas se faire surprendre. Elle sentit la chaleur gagner ses joues à l’idée qu’il avait pu l’entendre et l’écouter en cachette… Faisait-il d’autres choses en cachette la concernant ? La couleur vira au rouge pivoine à certaines images qui lui traversèrent l’esprit…  

 

Mortifiée, elle se dirigea vers la chaîne hi-fi et l’alluma avant d’entamer le ménage, décidant de nettoyer et dépoussiérer le canapé. Mortifiée, elle le fut encore plus quand, retirant les coussins des dossiers, une pile de magazines érotiques lui tomba dans les bras. Elle fit un bond en arrière en voyant toutes ces filles dénudées dévoiler leurs atours sans aucune pudeur parce que, bien sûr dans sa grande chance, certains magazines s’ouvrirent en grand sur la page centrale où la position du modèle laissait peu de place à l’imagination… Elle avait du mal à imaginer que ces « livres » appartiennent à Falcon ni que Mick ait eu l’indécence de cacher ces choses à cet endroit alors qu’il était invité chez Ryo, ce qui ne laissait que ce dernier… et un doute insidieux sur le genre de choses qu’il pouvait espérer d’elle… Elle n’était pas ce genre de fille-là. Le cœur lourd, elle abandonna son idée première, remit tous les magazines en place en les tenant du bout des doigts et réorganisa le divan.  

 

Pour oublier cet incident, elle sortit l’aspirateur flambant neuf dont le carton n’avait même pas été ouvert et le passa énergiquement dans tout l’appartement. Progressivement, elle se laissa gagner par la musique, ses pensées négatives s’effaçant, et, quand elle eut fini, ce fut en chantant qu’elle se rendit dans le bureau pour choisir les quelques cadres qu’elle accrocherait. Elle en sélectionna trois et les ramena dans le séjour. Les tenant à bout de bras, elle détermina leur emplacement et planta les clous qui les tiendraient en place. Absorbée par son activité, chantant à tue-tête, elle n’entendit pas la porte s’ouvrir. Soudain, la musique s’éteignit et, de surprise, elle manqua de lâcher le cadre qu’elle suspendait. Se retenant, elle le posa sur le clou puis descendit de la chaise avant de se tourner vers la personne qui venait de s’inviter.  

 

- Excusez-moi, je ne voulais pas vous surprendre mais j’ai frappé et vous n’avez pas dû m’entendre. Je me suis permise d’entrer comme j’entendais de la musique. Ryo est là ?, demanda-t-elle, le regard pétillant.  

 

Kaori observa la femme, le cœur battant. Elle déglutit, ravalant sa peur et tentant de maîtriser un autre sentiment irrationnel qu’elle n’avait jamais côtoyé : la jalousie. Pourquoi se demanda-t-elle ? Pourquoi se sentait-elle jalouse de cette dame beaucoup plus âgée que lui ? Parce qu’elle était élégante et encore très séduisante malgré les années ? Parce que ses traits qui trahissaient qu’elle n’était pas d’origine japonaise lui donnait ce petit côté exotique qui devait en subjuguer plus d’un ? A cause de la tendresse et de l’amour qui perçaient dans sa voix ou l’éclat de ses yeux quand elle avait prononcé son nom ? Ryo avait le droit d’avoir une vie… Il avait même le droit de lui mentir et lui dire qu’il l’aimait même si une autre qu’elle l’aimait également.  

 

- Pardon, je ne me suis pas présentée. En plus de vous avoir fait peur, je me montre impolie en pénétrant ici., s’excusa-t-elle, s’approchant de Kaori.  

- Isabel Saeba. Je suis la mère de Ryo., se présenta-t-elle, avec un sourire chaleureux.  

- La mère de Ryo…, murmura Kaori, réalisant sa méprise.  

 

Nerveuse, elle se mit à rire avant de se rappeler qu’elle n’était pas seule et qu’elle se montrait particulièrement grossière. Elle se calma rapidement et accepta la main tendue de la dame.  

 

- Excusez-moi. Je… Je ne sais pas ce qu’il m’a pris., lui dit-elle.  

 

Elle se voyait mal lui dire qu’avec le passif de son fils, elle avait pensé qu’elle était une de ses maîtresses.  

 

- Kaori Makimura, la…, commença-t-elle.  

- La fiancée de Ryo. Je suis tellement contente de vous rencontrer., s’extasia Isabel.  

 

Kaori était tellement abasourdie par la nouvelle qu’elle ne sut quoi dire. Sa fiancée ? D’où tenait-elle cela ? Question idiote, se morigéna-t-elle. Elle le tenait de Ryo. Comme elle n’était pas concernée, cela signifiait qu’il connaissait une autre Kaori et qu’il était bien plus avancé dans sa relation avec elle. Quel salaud ! Comment pouvait-il courtiser deux femmes en même temps ? Il avait au moins trouvé le moyen de ne pas se tromper dans les prénoms, pensa-t-elle amèrement.  

 

- Apparemment, il ne vous a pas prévenue qu’il m’en avait informée., s’amusa-t-elle.  

 

Incapable de parler, Kaori secoua la tête, refusant de verser la moindre larme pour cet immonde, cet ignoble, ce… ce… Elle n’arrivait plus à trouver les mots mais elle était sûre que, s’il avait été là, il se serait retrouvé enseveli sous une massue qui l’aurait amené jusqu’au rez-de-chaussée… a minima. Elle entendit soudain le rire amusé de son interlocutrice et tourna la tête vers elle, sincèrement désolée d’être aussi impolie avec elle.  

 

- Il m’avait dit que vous étiez quelqu’un de passionnée. « Un tempérament d’un feu aussi intense que sa crinière indomptable mais aussi d’une douceur et d’une tendresse infinies... », m’a-t-il dit. Il ne m’a pas menti., affirma Isabel.  

 

Elle appréciait cette jeune femme, celle qui avait su percer l’apparente indifférence de son fils. Elle l’avait senti plus détendu mais plus concerné aussi depuis quelques semaines et elle avait su, comme toujours, quel argument le forcerait à se dévoiler un petit peu.  

 

- Je… Je ne sais pas quoi vous dire., avoua Kaori qui avait la sensation de sortir des montagnes russes.  

 

Elle avait un peu l’impression d’avoir le tournis, les jambes flagada et l’estomac noué. Ryo l’avait présentée comme sa fiancée à sa mère. Elle en était un peu fâchée alors qu’il refusait d’aller plus loin que le flirt pour le moment et encore, tout dépendait des moments… mais en même temps, elle se sentait excitée, heureuse, au septième ciel… Elle n’arrivait à définir exactement ce sentiment de joie mêlée d’irréalité.  

 

- Voulez-vous un café ou un thé, peut-être ?, lui proposa-t-elle poliment.  

- Un café, s’il vous plaît., accepta la mère de Ryo.  

 

Kaori acquiesça et se retira dans la cuisine. La mère de Ryo… Elle se trouvait en présence de la mère de Ryo et, sans savoir pourquoi, elle n’avait jamais pensé que ça arriverait, peut-être parce qu’elle-même n’avait jamais eu de mère… Son cœur se serra à cette pensée. C’était étrange de se languir d’une personne qu’on n’avait jamais connue mais elle ressentait ce manque comme cela était déjà arrivé par le passé à certains moments de sa vie de fille puis jeune fille. C’était Hide qui avait dû gérer l’évolution : son premier soutien-gorge, l’apparition de ses règles, les leçons sur le sexe et les relations avec les garçons, les consultations gynécologiques… Elle se souvint de sa gêne lorsqu’il lui avait expliqué comment on faisait l’amour et en quoi c’était important qu’elle fasse attention à elle, à se respecter et bien se protéger si, un jour, le plus tard possible avait-il maugréé, ne pensant pas être entendu, elle décidait de franchir le pas. Si seulement il savait…  

 

Le café passé, une tasse de thé pour elle, elle revint dans le séjour et posa le plateau sur la table basse. Elle avait repris le dessus sur ses émotions et se sentait prête à gérer cette situation. Elle observa Isabel qui semblait perdue dans ses pensées alors qu’elle contemplait le dernier cadre qu’elle avait posé. Elle l’avait aimé au premier coup d’oeil, non pas parce que c’était le symbole du Japon, le Mont Fuji, mais parce qu’elle ressentait une certaine sérénité, un certain espoir dans cette photo de la montagne prise au travers d’un feuillage de printemps renaissant, d’un vert très tendre, et un tapis de fleurs blanches et roses, de fleurs de cerisiers.  

 

- Vous aimez ce cadre ?, lui demanda Kaori, un peu gênée de briser ce silence contemplatif quasi religieux.  

- Oui, c’est l’un des derniers voyages que nous avons faits en famille, avant que mon mari…, expliqua la mère de Ryo, incapable de finir sa phrase.  

- Je comprends., murmura Kaori, connaissant ce regard pour l’avoir vu chez son frère et dans son propre miroir.  

- Vous aussi vous avez perdu un être cher ?, s’enquit doucement Isabel.  

- Mon père et je n’ai jamais connu ma mère., répondit la jeune femme, maîtrisant sa voix avec difficulté malgré le temps passé.  

 

Isabel acquiesça, compréhensive, et se tourna vers la fiancée de son fils. Kaori lui proposa silencieusement de s’asseoir sur le canapé.  

 

- Vous avez été en orphelinat ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Non, j’ai été élevée par mon frère, Hideyuki., répondit Kaori, avec un sourire tendre.  

- Hideyuki… Hideyuki Makimura… Mais c’était le tuteur de Ryo au lycée, non ?  

- Oui, c’est ce que j’ai appris il y a peu.  

- Vous n’imaginez même pas à quel point je lui suis reconnaissante de ce qu’il a fait pour mon fils. Il a réussi à le canaliser et le réorienter vers la bonne voie. C’était une époque tellement difficile à l’époque que je ne savais plus quoi faire pour Ryo. Vous pourrez le remercier de ma part. Peut-être qu’un jour, nous aurons l’occasion de nous rencontrer, à votre mariage, je pense, mais remerciez-le déjà pour moi., lui demanda-t-elle, posant une main sur la sienne.  

- Je le ferai., affirma Kaori  

- Cela fait longtemps que Ryo et vous habitez ensemble ?, s’enquit soudain Isabel.  

 

Kaori faillit en recracher son thé car, à ne pas s’y tromper, sa « future belle-mère » arborait un regard on-ne-peut-plus explicite sur leur cohabitation. Elle s’étouffa et se mit à tousser douloureusement.  

 

- Oh, excusez-moi, je suis parfois indiscrète. Mais on sent votre présence dans cet appartement. Ca n’a jamais été aussi propre et ordonné. J’avais tanné Ryo des milliers de fois pour qu’il range ses livres et cesse de fumer à l’intérieur, sans succès. Vous avez su trouver les arguments apparemment., apprécia-t-elle.  

- A vrai dire, nous ne vivons pas ensemble…, commença Kaori.  

- Depuis longtemps. Ca ne fait que deux mois., mentit-elle après avoir vu la déception et l’incompréhension dans les yeux de la mère de Ryo.  

 

Elle n’avait aucune idée de ce qu’il lui avait dit et elle avait la désagréable impression de marcher sur des œufs, ne voulant ni trop en dire ni dédire le mensonge servi par Ryo à sa mère qui semblait ravie de la situation.  

 

- Et depuis combien de temps vous connaissez-vous ? Ryo n’aime pas s’étaler sur ce genre de choses et j’avoue que je profite un peu du hasard de son absence pour en savoir plus., admit-elle sans aucune honte.  

 

Kaori ne put que sourire à la spontanéité d’Isabel et à sa gentillesse.  

 

- Quelques semaines de plus. Nous nous sommes rencontrés sur une de ses interventions., avoua la rouquine, ne s’éloignant que peu de la réalité.  

- Il vous a sauvé la vie ?, demanda-t-elle, les yeux brillants de mille étoiles.  

- En fait, j’ai apporté les premiers secours à un passant qui a fait une crise cardiaque devant moi dans la rue et il a pris la suite.  

- C’est encore mieux., fit-elle, fière de son fils et de sa fiancée.  

- Quand vous allez raconter tout cela à notre réunion familiale dans dix jours, je suis sûre que les filles seront à vos pieds., lâcha-t-elle soudain.  

 

Les mots « réunion familiale » tourbillonnèrent dans la tête de la serveuse pendant ce qui lui sembla une éternité avant de revenir à la réalité.  

 

- La réunion familiale ?, fit Kaori, d’une voix blanche.  

- Oui, la réunion du vingt-six mars. Notre famille arrive d’Amérique Centrale dans six jours et nous avons prévu une grande réunion le dimanche qui suit. Ca tombe bien, c’est l’anniversaire de Ryo ce jour-là également. On pourra lui fêter ses vingt-cinq ans même s’il a horreur de cela., s’enthousiasma Isabel.  

- Vous pourrez ainsi rencontrer les sœurs et cousins-cousines de Ryo. Ce sera l’occasion de fêter vos fiançailles… Vous ne voudriez pas vous marier assez rapidement ? Ce serait l’occasion d’avoir toute la famille présente. Ils repartent dans un mois., osa-t-elle lui demander, pleine d’espoir.  

 

Kaori descendit une deuxième fois des montagnes russes. Voilà que du rôle de fiancée, elle se voyait poussée vers celui d’épouse alors qu’elle n’avait même pas encore embrassé son promis… Elle se contint mais faillit partir d’un rire nerveux, tant la situation lui semblait soudain ubuesque. Elle ne s’était pas levée ce matin en se disant qu’elle serait fiancée, bientôt mariée, et présentée à toute la famille de Ryo d’ici dix jours… Elle n’avait même pas imaginé rencontrer un jour sa mère, grossière, très grossière erreur, se dit-elle.  

 

- Je vais un peu vite en besogne peut-être., laissa échapper Isabel coupablement.  

- Un peu en effet mais je sens que vous ne voulez que le bonheur de Ryo, comme moi., tenta de la rassurer Kaori.  

 

Isabel la contempla un instant, les larmes au bord des yeux. Elle posa la main sur son genou et se pencha vers elle avec un sourire affectueux.  

 

- Je vous avoue que, connaissant le goût prononcé de Ryo pour les femmes, je m’attendais à trouver une femme plus… enfin, bien moins à ma convenance. Je pensais que toutes les qualités qu’il attribuait à sa fiancée n’étaient dues qu’à une espèce d’aveuglement passager, à l’empire des sens et des ébats sexuels auxquels ils s’adonneraient à deux. Je suis heureuse de m’être trompée, Kaori. Nous ne nous connaissons pas encore beaucoup mais je comprends ce qui a bouleversé mon fils et l’a poussé à prendre une décision si rapide. Ce n’était pas un coup de tête mais un coup de foudre. J’en suis ravie., lui confessa la mère de Ryo.  

 

Kaori l’observa, les larmes aux yeux. En entendant ses paroles sorties du fond du cœur, elle se sentit coupable d’avoir participé à ce mensonge. Elle n’aurait jamais dû cautionner cela et aurait dû lui dévoiler la vérité, qu’il y aurait peut-être quelque chose entre eux mais que pour l’instant, ils n’en étaient qu’à l’état de « potentiels ».  

 

- Je vais vous laisser maintenant. J’ai assez abusé de votre temps, Kaori. Embrassez Ryo de ma part. J’aurais aimé le voir mais je suis très heureuse de vous avoir rencontrée. A très bientôt, ma chérie., lui dit-elle, l’embrassant chaleureusement sur les deux joues.  

- A bientôt, Madame Saeba., murmura la jeune femme.  

- S’il vous plaît, appelez-moi Isabel., répliqua-t-elle.  

- Très bien, Isabel. A bientôt. Ce fut un plaisir pour moi également., admit Kaori.  

 

Elle raccompagna la mère de Ryo à la porte avant de la refermer quand celle-ci fut hors de vue. Elle s’adossa au panneau de bois, se sentant vidée de toute énergie. Elle regarda l’appartement et ne put qu’admettre l’évidence du changement. C’était comme si elle y habitait. Au fil des semaines, Ryo lui avait confié divers travaux de décoration pour rendre les lieux plus chaleureux en lui laissant carte blanche. Elle avait été heureuse de l’aider car il n’arrêtait pas de la bassiner avec l’ennui que c’était de courir les magasins, de marier les couleurs, que, de toute façon, il n’y connaissait rien… Une semaine, il lui avait demandé quelle couleur il devrait mettre dans le séjour, puis dans la cuisine, une autre, quel type d’éclairage se marierait le mieux avec la nouvelle décoration, encore une autre si elle ne pouvait pas lui trouver des coussins pour ajouter sur le canapé qui se ramollissait… Elle remarqua alors qu’il s’était conformé à toutes ses idées. Elle en était touchée et en même temps un peu agacée.  

 

Ne souhaitant plus rester, ayant besoin de se changer les esprits, elle laissa un mot et s’en alla, se changeant rapidement à son appartement avant d’aller au nouveau Cat’s où Miki faisait des travaux. Elle trouva son amie couverte de traces de gras, de poussière, les mains rougies à force de les tremper dans l’eau chaude. Après avoir fini les peintures de la salle de restaurant, Miki s’était attelée au nettoyage de la cuisine et elle en bavait. Kaori ne put s’empêcher d’éclater de rire en la voyant aussi sale et sa chevelure, généralement impeccable et chatoyante, complètement hirsute.  

 

- Ah ne te moque pas ! Je n’en peux plus. Je me demande si je ne ferais pas mieux de tout jeter et tout remplacer…, grogna-t-elle.  

- Ma seule consolation, c’est que ça me permet de ne pas penser à ce rustre de Falcon., maugréa-t-elle.  

- Ca ne va toujours pas mieux vous deux ?, s’inquiéta son amie.  

- Si c’est impec, on ne se parle pas. Tant qu’on ne se dit rien, on ne se dispute pas…  

 

Kaori se retint de faire remarquer à sa colocataire qu’à chaque fois que la situation dégénérait entre eux, cela venait d’elle. Falcon était plutôt du genre impassible, ce qui, elle devait admettre, était parfois agaçant. Mais Miki avait le don pour se monter toute seule et apparemment, leur passif était suffisamment important pour que la mayonnaise prit à tous les coups et que la moutarde lui monte au nez…  

 

- Tu n’as toujours pas envie de m’expliquer ce qui s’est passé ?, soupira Kaori.  

 

Elle ne voulait pas s’immiscer dans sa vie mais elle la voyait malheureuse et ça ne lui plaisait pas. Comprendre lui aurait peut-être permis de l’aider à tourner la page…  

 

- Non. Ca ne vaut pas la peine d’en parler…, répondit-elle, amère.  

- Mais je ne t’attendais pas avant midi. Tu as déjà fini le ménage chez Ryo ?, fit Miki, déviant la conversation.  

- J’avais besoin de me changer les idées., éluda-t-elle.  

- Je vais m’occuper des tables., fit-elle, s’éclipsant.  

 

Elle n’avait pas envie de parler avec Miki de sa rencontre avec Isabel. C’était quelque chose de privé et qu’elle ne voulait partager pour le moment qu’avec une personne et ladite personne arriva au moment où Miki lui annonça qu’elle rentrait.  

 

- Rentre Kaori. Tu en as assez fait., lui dit-elle.  

- Je finis cette table et je rentrerai après., répondit la rouquine, sentant Ryo arriver.  

- Bon d’accord mais ne te tue pas à la tâche.  

 

Kaori acquiesça et la laissa partir, continuant à poncer la table qu’elle rénovait. Elle sentit son regard sur elle et vit sa main caresser la surface déjà décapée, s’imaginant la même main sur son propre corps, la faisant frissonner.  

 

- C’est admirable., murmura-t-il.  

- Merci., répondit-elle à voix basse.  

 

Le silence s’installa quelques instants, Kaori, nerveuse, refusant de croiser son regard.  

 

- Tu m’as laissé un mot, Kaori., dit-il.  

 

Il n’était pas mécontent de la voir mais il était fatigué après sa garde et était parti pour dormir quand il avait vu sa note. Il avait eu un pressentiment, quelque chose qui lui laissait penser qu’il ne pouvait retarder la discussion. Alors quand il ne l’avait pas trouvée chez elle, il était venu jusque là et il n’avait pas vraiment envie de jouer au chat et à la souris.  

 

- Oui. J’ai reçu une visite de la mère de mon fiancé., lui annonça-t-elle, se redressant pour enfin l’affronter. 

 


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