Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 48 chapters

Published: 01-05-20

Last update: 17-06-20

 

Comments: 35 reviews

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HumourRomance

 

Summary: La naissance et l'évolution d'une colocation un peu spéciale... (AU)

 

Disclaimer: Les personnages de "Friends Hunter" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Friends Hunter

 

Chapter 28 :: Chapitre 28

Published: 28-05-20 - Last update: 28-05-20

Comments: Bonjour, voici la suite. On va aborder des passages plus douloureux, alors forcément moins drôles. C'est le hiatus entre l'écrit et le visuel puisque le visuel va s'arrêter sur les apparences et tempérer d'une boite à oh là où l'écrit va passer plus de temps à décrire les sentiments. Mais ne vous inquiétez pas, les moments légers reviendront et j'ai vraiment fait mon possible pour trouver le juste milieu. Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


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Chapitre 28  

 

Habillée de sa belle robe blanche, entourée de son frère et sa belle-sœur, sa future belle-mère et son père un mètre plus loin avec les sœurs de Ryo, Kaori attendait devant la mairie.  

 

- Quelle heure est-il ?, demanda-t-elle anxieusement une nouvelle fois.  

- Dix heures dix. Il a peut-être crevé en route, Kaori. Cesse de t’inquiéter autant., lui répondit Hideyuki, l’entourant de ses bras.  

- Regarde, il arrive., souffla soudain Saeko.  

 

Quand elle y regarda de plus près, elle se retint de tout commentaire cependant. Kaori se tourna vers son fiancé et s’élança vers lui, soulagée de le voir enfin. Ryo l’accueillit et l’entoura de ses bras, rassurant. Il croisa le regard de son ami et celui-ci, au bout de quelques secondes, réalisa ce qui allait se passer. Incapable de soutenir davantage ce regard qui s’emplissait de colère et de désillusion, Ryo baissa la tête et observa Kaori lovée contre lui, inconsciente du fait que d’ici quelques secondes ou quelques minutes, son monde allait imploser.  

 

Il ferma les yeux et réprima les larmes qui demandaient à jaillir. Pourquoi ? Pourquoi n’avait-il pas su mieux se contrôler ? Pourquoi avait-il craqué au dernier moment ? Pourquoi avait-il gâché ce qu’il avait de plus beau, de plus cher au monde ? Il tenait la femme de sa vie dans ses bras, une femme merveilleusement belle dans sa robe de mariée toute simple mais tellement elle, une femme drôle et généreuse qui avait fait de sa vie un paradis.  

 

- Tu es enfin arrivé. J’étais inquiète. J’avais peur pour toi. Qu’est-ce que tu as fichu, Ryo ?, lui dit-elle avant de s’écarter de lui.  

- Tu n’as pas su mettre ta cravate ? Attends, je vais m’en occuper. Il faut qu’on se dépêche., l’informa-t-elle, levant les bras et les passant dans son cou pour la mettre correctement.  

 

Ryo posa les mains sur les siennes pour l’arrêter malgré l’émotion suscitée par ce simple geste. Il était rentré après son incartade, s’était douché et habillé pour le mariage. Il avait pensé oublier cet incident de parcours, ne rien dire et laisser le mariage avoir lieu. Elle n’en saurait jamais rien et tout finirait bien. Mais plus il approchait de la mairie, plus sa conscience lui pesait. Cela faisait trop longtemps qu’il lui mentait, qu’il lui cachait des choses. A quoi rimer de se marier, de lui jurer fidélité s’il lui mentait autant ? Infidèle, il l’était déjà physiquement mais sentimentalement et moralement depuis plus longtemps encore.  

 

- Ryo, on doit se dépêcher., murmura-t-elle, ne comprenant pas son attitude depuis qu’il était arrivé.  

 

Il n’avait pas dit un mot. Il semblait hagard, n’avait a priori pas beaucoup dormi et elle se demanda ce qui lui trottait dans la tête. Elle posa une main sur son visage et lut la culpabilité.  

 

- Tu as la gueule de bois et tu crains que je me fâche ? Ne t’inquiète pas. Tout va bien. C’est notre journée aujourd’hui. Une journée qui restera gravée dans nos mémoires. Un moment de bonheur, alors si tu as pris un peu d’avance, ce n’est pas bien grave., le rassura-t-elle.  

 

Il ferma à nouveau les yeux, la culpabilité grandissant encore plus. Il l’aimait tellement et elle lui donnait encore un exemple aujourd’hui de ce qui l’attirait chez elle. Quel con il faisait ! Il venait de vivre les plus beaux mois de toute sa vie, une vie qui lui promettait un avenir radieux plein d’amour et de bonheur et il avait tout foutu en l’air pour quoi ? Quelques minutes de plaisir insouciant, vengeur, sans conséquence, débridé et surtout sans saveur… Au delà de perdre ce futur, il allait blesser la femme qu’il aimait et qui l’aimait à un point qu’il n’avait jamais imaginé.  

 

- Ryo ?, entendit-il, sa voix se teintant de doute et d’anxiété.  

- Ryo, parle-moi., le pressa Kaori, sentant l’angoisse monter.  

 

Il ouvrit les yeux et plongea son regard dans le sien. Ils restèrent ainsi figés un instant avant qu’elle ne s’écarte de lui, terrifiée, blessée.  

 

- Non…, souffla-t-elle.  

- Je suis désolé, Kaori., murmura-t-il.  

- Qu’est-ce que tu as fait ?, lui demanda-t-elle d’une voix blanche sans même être sûre de vouloir le savoir.  

- J’ai couché avec une autre femme cette nuit., avoua-t-il, baissant les yeux pour ne pas voir sa tristesse.  

 

La gifle partit d’elle-même et claqua si fort qu’elle alerta les sœurs, mère et futur beau-père du marié qui firent pour approcher mais furent retenus par Hideyuki. Ce dernier crevait d’envie d’aller trouver le couple et de soustraire sa petite sœur à l’épreuve qu’elle devait affronter mais il ne devait pas. Il serait là pour elle après. Pour le moment, elle devait aller au bout de son chemin de croix même s’il souffrait pour elle et encore, beaucoup moins qu’elle.  

 

Kaori sentit tout son monde s’écrouler autour d’elle. Ca ne pouvait pas arriver. Il ne pouvait pas lui avoir dit qu’il l’avait trompée la nuit juste avant leur mariage, elle ne pouvait pas l’avoir giflé en réponse et pourtant elle observa sa main rougie, dont la chaleur cuisante était douloureuse mais pas autant que celle qu’elle ressentait dans tout son être. Il l’avait fait. Il était allé se perdre dans les bras d’une autre, s’épancher dans son corps comme il l’avait fait en elle… Que lui avait-il dit ? L’avait-il trouvé belle ? Sexy peut-être ? Plus douce ? Plus sauvage ? Plus expérimentée ?  

 

Elle regardait encore ses mains et vit cette bague de fiançailles qui devait devenir son alliance. Elle se mit soudain à rire nerveusement. Hideyuki sentit son cœur se briser en voyant sa petite sœur dont le fou-rire se mêlait aux hoquets des sanglots. Il s’attendait à la voir à tout instant s’effondrer et tomber par terre et fit un pas pour être plus près, juste au cas où.  

 

Cette bague, ces fiançailles, tout cela n’avait été qu’une mascarade au final. Elle avait le sentiment de s’être faite avoir sur toute la ligne. Elle avait servi de faire-valoir, de passe-temps nocturne, de femme de ménage, de femme à tout faire… et pour tout faire, elle avait tout fait. Se calmant soudain, elle retira la bague et l’observa un moment entre ses deux doigts.  

 

- Tiens, je n’en ai plus besoin. La comédie a cessé, les masques sont tombés. Merci d’avoir pris le temps de m’initier au sexe en me laissant croire que tu m’aimais., lui dit-elle avec tout le mépris qu’elle ressentait.  

 

Elle laissa tomber la bague avant même qu’il n’ait tendu la main et, sans un autre regard, elle s’en alla arrachant son voile sans égard et le laissant s’envoler. Ryo se baissa pour ramasser l’anneau et le regarda avant de le ranger dans sa poche, le cœur lourd. Il se tourna vers sa fiancée, ex-fiancée, et vit qu’elle avait été rejointe par son frère.  

 

- Je te ramène, Kaori., lui proposa Hideyuki.  

- Je… Non… J’ai besoin de rester seule…, bafouilla-t-elle, sentant ses nerfs lâcher.  

- Tu ne peux pas…  

- Si… Je ne ferai rien d’inconsidéré, je te promets. J’ai vraiment besoin d’être seule, Hide., murmura-t-elle, essuyant ses yeux où les larmes commençaient à perler.  

- D’accord. Kaori, je…  

 

Il se tut. Que pouvait-il lui dire ? Qu’il était désolé ? Ca lui semblait juste insignifiant et ça ne l’aiderait pas.  

 

- Tu sais où me trouver., lui dit-il.  

 

Elle acquiesça et jeta un regard perdu derrière lui qui se durcit quand elle vit Ryo approcher.  

 

- Je ne veux plus le voir. Je ne veux voir personne., avertit-elle son frère.  

 

Sans attendre, elle tourna les talons et s’en alla avant que d’autres ne se décident à venir. Entendant même les pas approcher, elle se mit à courir et disparut dans la plus proche rue.  

 

- Kaori !, cria Ryo, inquiet.  

- Laisse-la, Ryo !, lui ordonna Maki, le regard dur.  

- Elle ne doit pas…, commença le pompier.  

- Elle ne doit pas quoi ? Souffrir ? Pleurer ? Te détester ? Il aurait peut-être fallu y penser avant, non ? Je ne sais pas ce que tu as fait, Ryo, mais je sais ce que tu vas faire : la laisser tranquille., lui dit son ami.  

 

Ryo regarda Hideyuki et comprit le message. Il baissa les yeux et passa une main dans ses cheveux.  

 

- T’avais l’intention de te marier ?, lui demanda son ami prudemment.  

- Quand je suis parti de la maison, oui. Je voulais effacer mes erreurs et aller de l’avant mais j’ai changé d’avis en route. Ce n’était pas honnête vis-à-vis d’elle. Je… Je l’ai trompée, Maki., avoua l’ex-futur marié, s’attendant à essuyer une sacrée colère de son ami.  

- Qu’est-ce qui t’est passé par la tête, Ryo ? Tu ne l’aimais pas assez ?, l’interrogea Hide, tendu.  

- Trop de pression dernièrement. J’ai perdu de vue ce qu’on était., fit Ryo, jetant un regard en arrière vers sa mère et son ex-futur beau-père qui approchaient.  

- Ca n’excuse pas ce que j’ai fait. Kaori était submergée par la préparation du mariage, par les tensions familiales incessantes et, moi, je n’ai pas su affronter. J’ai fui. J’ai voulu me rattraper à la dernière minute et qu’on finisse à deux mais tout ça…, dit-il en désignant la mairie, les personnes qui l’entouraient et son costume.  

- Tout ça, c’était trop et trop éloigné de ce que nous étions. Alors ajoute les avis négatifs, les doutes qui s’immiscent, la peur de mal faire, l’envie de protéger, les non-dits qui s’accumulent… J’ai craqué hier soir et j’ai voulu oublier à mon ancienne manière., acheva-t-il.  

- Ryo mon chéri…, intervint sa mère, les larmes aux yeux.  

- Que se passe-t-il ?, lui demanda-t-elle.  

 

Il se tourna vers elle et réprima son envie de se défouler sur elle, sur le beau mariage dont elle avait rêvé pour eux qui n’étaient pas ce qu’ils voulaient. Il vit Mitsuhide juste derrière et lui lança un regard noir.  

 

- Vous pourrez dire que vous aviez raison. Nous n’allons pas nous marier., dit-il d’une voix dure, tirant sur sa cravate pour la retirer.  

- J’aurais préféré avoir tort que de voir ma fille souffrir. Je vais aller voir Kaori., fit son père, peiné.  

- Personne n’ira voir Kaori. On va tous la laisser en paix, elle en a besoin., répondit Hideyuki calmement.  

- Ryo ?, fit-il, voyant son ami partir.  

- Ne t’inquiète pas. Je vais à l’église prévenir que le mariage est annulé., le rassura-t-il sombrement.  

- Tu veux que j’y aille., lui offrit Maki.  

 

Ryo le regarda un moment stupéfait de sa proposition. Il s’était attendu à la colère et la rancoeur de son ami. Ca lui aurait semblé plus logique que son soutien.  

 

- Tu devrais me foutre ton poing dans la gueule pour ce que j’ai fait, Hide., murmura-t-il.  

- J’en ai eu envie. Peut-être encore un peu mais je me sens responsable de ce qui s’est passé. Je pense que nous sommes tous un peu responsables de n’avoir pas vu ce que nous faisions à Kaori et par répercussion à toi. Saeko m’avait prévenu qu’elle souffrait de nos disputes perpétuelles avec mon père et qu’elle était débordée. Elle m’avait dit qu’on devrait prendre sur nous et prendre plus soin d’elle mais je me suis laissé dépasser. Je me sens responsable., affirma-t-il, jetant un regard à son père qui baissa les yeux.  

- Responsables peut-être et encore c’est discutable mais je suis le seul coupable., soupira Ryo.  

- Je vais venir avec toi, mon chéri., proposa Isabel.  

- C’est gentil, maman, mais je préfère y aller seul et j’ai besoin de rester seul après aussi, alors ne viens pas, n’appelle pas. Je te donnerai des nouvelles., lui indiqua-t-il.  

 

Isabel baissa les yeux, cachant ses larmes, et fut entourée par Mitsuhide et ses filles qui la soutinrent.  

 

- Tu m’en veux ?, bafouilla-t-elle, levant un regard humide vers elle.  

 

Il approcha d’elle, hésita puis la prit dans ses bras.  

 

- Non, c’est à moi que j’en veux. J’aurais dû être là pour juguler ta frénésie légendaire, ta joie maternelle et ton envie de bien faire. C’était à moi de m’opposer à toi pour ce qu’on voulait. Kaori ne le pouvait pas, pas alors qu’elle entrait dans la famille, pas avec son sens de la famille., lui expliqua Ryo avant de s’écarter d’elle.  

- Donne-moi du temps, maman…  

 

Elle l’observa puis acquiesça, tentant de masquer son anxiété toute maternelle. Ryo lui sourit pauvrement puis s’en alla.  

 

- Ca m’étonne que tu ne l’aies pas corrigé…, pipa Saeko à son mari.  

- Moi aussi. Ca lui aurait peut-être même fait du bien., répondit-il, une légère trace d’humour dans la voix.  

 

Saeko le regarda surprise puis esquissa un sourire, comprenant son point de vue.  

 

- Qu’est-ce qu’on peut faire maintenant ?, se demanda Isabel à voix haute.  

 

Tous se regardèrent, circonspects. La nouvelle les avait tous laissés un peu abrutis.  

 

- On pourrait peut-être déjà aller à l’appartement et rendre sa chambre à Kaori., proposa Saeko.  

- Il faudra bien qu’elle dorme à un moment et ce serait déjà bien de lui épargner d’avoir à débarrasser tout ce qui lui rappellera le mariage., expliqua-t-elle.  

- Tu as raison, Saeko. Allons-y., approuva Hide.  

- Je viens avec vous., s’imposa Isabel.  

- Il faudra aussi ramener ses affaires de la chambre de Ryo à la sienne., se justifia-t-elle.  

- Et si on ramenait ses affaires à l’appartement, Hideyuki ?, suggéra Mitsuhide.  

 

Hideyuki faillit le remettre en place, plus par habitude qu’autre chose, mais se retint. Ces chamailleries inutiles avaient pesé sur Kaori. Il était temps d’y mettre fin.  

 

- On lui proposera mais, pour le moment, rendons-lui déjà sa chambre dans son appartement., répondit le fils.  

- Mais elle serait mieux…  

- Papa, cet appartement, elle l’a refait de ses mains. Elle y vit avec deux amies. Elle a son atelier. C’est peut-être proche de lui mais c’est son appartement. Alors on lui proposera mais laisse-la choisir., répliqua Hideyuki calmement.  

 

Son père écouta, entendit ses paroles et acquiesça. Tous se mirent en route pour l’immeuble.  

 

Essoufflée, Kaori s’arrêta, s’appuyant contre le mur. Elle n’avait pas fait attention au chemin qu’elle avait pris et fut surprise de l’endroit où elle se trouvait bien qu’en y réfléchissant, ce n’était pas si déraisonnable. Elle essuya du revers de la main ses yeux rougis où le mascara qu’elle avait pour une fois mis avait coulé laissant de grandes traces noires sur ses joues. Fébrile, ayant du mal à calmer les sanglots qui la prenaient encore, elle approcha et frappa à la porte. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit sur Maître Yamamoto.  

 

Il la contempla un instant puis s’effaça. Sans un mot, il la conduisit vers l’atelier, le bruissement de sa robe de mariée produisant un bruit étrange dans sa maison. Arrivés dans la grande pièce baignée d’une douce lumière, il lui indiqua une grande table abîmée par le temps.  

 

- Il faut la poncer et elle est très fragile. Prends-en soin., lui dit-il.  

 

Kaori approcha de la table, les larmes continuant à rouler silencieusement sur ses joues. La crise s’était apaisée en approchant de ce lieu. Elle posa les doigts sur le plateau et les laissa glisser en fermant les yeux, faisant le tour du meuble lentement. Quand elle entendit des pas revenir, elle rouvrit les yeux et vit son mentor lui tendre un vieux pantalon de jogging et un tee-shirt deux fois trop grand pour elle.  

 

- C’est à mon fils. Il les a oubliés depuis longtemps. Ce sera plus pratique que ta robe. Je te laisse. Je ne te dérangerai pas. Quand tu auras besoin de moi, viens me chercher., l’informa-t-il d’un ton posé.  

- Merci., murmura-t-elle, prenant les vêtements.  

 

Il se retira et Kaori entreprit de déboutonner sa robe, ce qui n’était pas une mince affaire. Après tout, elle l’avait choisie pour que Ryo la lui enlève. Elle n’avait jamais envisagé l’enlever elle-même, encore moins avant de s’être mariée. Elle sentit les larmes revenir de plus belle et se retrouva pliée sous la douleur de cette séparation, de cette trahison. Après plusieurs minutes, elle parvint enfin à se redresser et enfila le pantalon et le tee-shirt. Reniflant, encore secouée par des sanglots résiduels, elle attrapa le papier à poncer et se mit à travailler ce plateau.  

 

Progressivement, elle s’absorba dans la tâche, s’appliquant consciencieusement, oubliant doucement la réalité, le temps qui passait, les larmes, la douleur. C’était ce qu’elle avait cherché sans le savoir, cet apaisement qu’elle avait trouvé en ces lieux durant toutes ces semaines stressantes.  

 

Après des heures passées à effectuer ces mouvements de pression et légères rotations de manière répétitive, elle prit un chiffon et ramassa les poussières avant d’aller prendre un autre chiffon propre, de le mouiller et de laver le plateau ainsi mis à nu. Satisfaite, elle caressa le plateau. Epuisée, elle posa la joue dessus et ferma les yeux. Irrémédiablement, elle sentit les souvenirs remonter à la surface, des souvenirs sensuels de ses doigts caressant la peau de Ryo et son cœur se serra. Les larmes refaisant leur apparition, elle se redressa et entreprit de poncer les pattes de la table, méthodiquement, consciencieusement. Elle ne se rendit même pas compte du passage éclair de son maître d’apprentissage dans la pièce, venu juste s’assurer qu’elle n’avait pas fait un malaise. Il n’avait pas entendu un bruit depuis des heures et s’était inquiété. Rassuré, il était reparti, la laissant seule. Il ne servait à rien de lui dire que la nuit était tombée, qu’elle devait penser à dormir, et surtout pas qu’un certain jeune homme était passé pour s’assurer qu’elle était là.  

 

Ayant quitté la place de la mairie, Ryo était rentré à l’immeuble et avait récupéré sa mini avant de foncer à l’église. Quand il pénétra dans le bâtiment, c’était un joyeux bordel. Les groupes s’étaient formés dans différents coins, s’inquiétant du retard des autres invités, discutant et riant malgré tout. Dès qu’il fit son apparition, il fut rejoint par ses amis et ses cousins.  

 

- Ca y est, on va pouvoir commencer., s’écria Miki, anxieuse.  

- Je vais aller voir, Kaori., fit-elle précipitamment.  

- Miki, attends…, l’interpela Ryo.  

- J’ai cru que tu avais changé d’avis mon pote. Je me réjouissais déjà de pouvoir aller courtiser ma Kaori d’amour., plaisanta Mick, provoquant une moue douloureuse de Kazue.  

 

Cependant quand il croisa le regard de son ami, l’américain sentit que quelque chose n’allait pas. Ryo avança jusqu’à l’autel et interpela tout le monde. Peu à peu, le silence se fit et les invités approchèrent ainsi que le prêtre.  

 

- Le mariage n’aura pas lieu. Kaori et moi… nous sommes séparés., leur annonça-t-il.  

 

Le silence qui suivit sembla irréel. N’ayant rien à ajouter, il descendit les deux marches et avança dans l’allée centrale. Il sentit une main se glisser autour de son bras.  

 

- Tu t’es enfin rendu compte de qui tu attendais, mon amour., susurra Elena, avec un regard aguicheur.  

- J’avais celle que j’attendais, Elena. Je ne commettrai pas deux fois la même erreur. J’espère juste qu’un jour, elle arrivera à me pardonner., répondit-il, se dégageant de sa prise.  

 

Il reprit son chemin et retrouva le grand air avec soulagement. Il sortit une cigarette et l’alluma, ses doigts tremblant légèrement.  

 

- Que s’est-il passé, Ryo ?, entendit-il derrière lui.  

 

Il se tourna et affronta le regard de son ami américain. Tirant une longue bouffée, il chercha un instant quoi lui dire, puis laissa échapper la fumée, la comparant un peu à sa vie qui lui avait échappé.  

 

- Je l’ai trompée cette nuit., admit-il.  

- Quoi ? Tu déconnes ou quoi ? Putain, tu as une femme merveilleuse que tu aimes et qui t’aime et tu vas voir ailleurs la veille de votre mariage ? Il te faut quoi, Ryo ?, se fâcha Mick.  

- J’ai déconné, je le sais.  

- On était ensemble hier soir, Ryo. Qui c’était ?, lui demanda son ami, les yeux plissés.  

- Si je dois répondre à cette question à quelqu’un, ce sera à Kaori. C’est la seule concernée., répondit Ryo, le visage fermé.  

- Maintenant, foutez-moi tous la paix. Je n’ai pas besoin qu’on me rabâche que j’ai merdé., asséna-t-il à son ami ainsi qu’aux autres qui arrivaient.  

 

Sans attendre, il se dirigea vers la mini et y grimpa, ignorant les cris d’appel de Miki. Il démarra sur les chapeaux de roue, faisant crisser les pneus, et s’en alla, retournant chez lui. Quand il arriva, il croisa Hide qui descendait, un carton dans les bras.  

 

- On a vidé la chambre de Kaori des affaires du mariage et repris dans ta chambre ses affaires pour les remettre dans la sienne., lui apprit son ami.  

- Merci pour elle, Hide. Elle… elle est rentrée ?, lui demanda Ryo, ne sachant s’il avait encore le droit de s’inquiéter pour elle.  

- Non et elle n’est pas rentrée à notre appartement non plus. Je ne sais pas où elle peut être., soupira Maki.  

- Si elle n’est pas à l’atelier, j’ai ma petite idée. Laissons-lui un peu de temps. Si elle n’est pas rentrée cet après-midi, j’irai voir., lui proposa le pompier.  

- Ryo…, réprouva Hide.  

- J’irai m’assurer qu’elle est en sécurité, Hide. Je ne chercherai pas à lui parler. Je ne veux pas la blesser plus.  

 

Ce fut ainsi qu’il toqua à la porte de Maître Yamamoto en fin d’après-midi, s’assura qu’elle était là et repartit, jetant, malgré toute sa bonne volonté, un coup d’oeil à travers la verrière pour la voir, juste un instant s’était-il dit. Il resta plusieurs minutes à la regarder travailler, absorbée par sa tâche. Elle portait encore les traces de la douleur qu’il lui avait infligée et il sentit son cœur se serrer. Au même moment, ils auraient dû danser, rire, s’embrasser. Ils auraient dû respirer la joie et le bonheur. Au lieu de cela, ils étaient tous les deux seuls et mal… par sa faute. Malgré cela, il savait qu’il avait fait le bon choix, que se marier sur un mensonge n’aurait pas été une bonne chose…  

 

Quand il la vit se redresser, s’essuyant le front, il sourit face à son look négligé, ses cheveux légèrement en bataille, mais la culpabilité revint quand il vit son visage livide et ses yeux rougis. La voyant tourner le visage vers lui, il se planqua lâchement. Un moment désorienté, il s’adossa au mur et laissa sa tête tomber en arrière.  

 

- Je suis tellement désolé, Sugar. Je n’ai jamais voulu te faire de mal. Je n’ai jamais voulu cela. Je ne sais même pas comment je vais pouvoir vivre sans toi., murmura-t-il, sentant les larmes inonder ses joues. 

 


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