Capitolo 22 :: Le temps continuera toujours de passer

Pubblicato: 27-06-10 - Ultimo aggiornamento: 27-06-10

Commenti: Et oui, je le savais que c'était pas possible en un chapitre ---: je souffre vraiment du syndrome de celle qui veut pas écrire le dernier chap ---: Donc désolée, mais cela ne se terminera surement que dans deux autres chapitres.

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Le temps passe, actuellement, en y faisant réellement attention, Ryo se disait parfois que c'était même étrange la manière dont le temps continuait de passer, inlassablement, continuellement, immuablement. Appuyé contre la rambarde de son immeuble, il regardait le soleil se lever sur son quartier, sur sa ville en repensant à l'année qu'il venait de passer. Trois ans auparavant, il se serait vu à ce même endroit à cet instant si on lui avait demandé, mais sa vie aurait été entièrement différente.  

Trois ans auparavant… En regardant les premiers rayons commençaient à miroiter sur les buildings aux surfaces vitreuses, annonçant déjà que cette journée de mi-juin serait, elle aussi, chaude. Il revoyait ces années défiler dans sa tête : des images qu'il aurait préférées ne jamais avoir vues, mais des images aussi que jamais il n'aurait crues voir se réaliser… Cette année là surtout, la plus difficile de sa vie, et pourtant, la plus merveilleuse aussi en certains points… Et le temps avait continué de passer, sans jamais s'arrêter pour voir les répercussions des évènements qui avaient eu lieu.  

Trois ans auparavant, à cette même date, il se trouvait à Hokkaido, sur une enquête avec Falcon pour leur inspectrice de choc. Trois ans auparavant, à cette même date, il commençait à s'inquiéter, sans rien laisser paraître ou du moins, espérant donner le change envers le géant qui l'accompagnait… Trois ans auparavant, à cette même heure, ce même jour, il ne savait pas encore que le soir venu, sa vie allait basculer vers l'enfer qu'il redoutait depuis toujours… Ou tout du moins, depuis que Kaori Makimura était entrée dans sa vie, chamboulant tous ses préjugés sur son passage… Depuis qu'il était devenu vivant.  

Que de choses avaient changé, et pourtant si peu à la fois. Si peu, et pourtant, c'était toute sa vie qui avait tourné sur ses bases, toutes les choses dont il était sûr et certain qui avaient changé… Et pourtant, tout lui paressait tellement identique que cela en était presque perturbant à voir. Comme ce soleil qui se levait malgré tout chaque matin, insouciant de la vie et de ceux qui espèrent que pourtant il ne se lèvera pas. Il le savait, il avait fait parti de ces personnes à un moment, voulant hurler le matin en regardant le jour se lever. Et pourtant, chaque matin en le voyant, il avait espéré que ce jour là verrait un changement, il y avait trois ans de cela aussi.  

On lui aurait dit, plus d'une dizaine d'années plus tôt, en rencontrant Kaori : "Ryo, dans quinze ans, cette femme, tu l'auras dans la peau aussi sûrement qu'une balle tirée à bout portant", il aurait ri. Il aurait même plus que ri : il aurait achevé la personne plutôt que de devoir la faire entrer à l'asile. Et pourtant, il se retrouvait là, sur ce toit, et il devait bien reconnaître la vérité de la chose. Mais aujourd'hui, il ne haïssait plus Makimura pour avoir mis cette femme dans sa vie, bien au contraire, et il espérait que son ami était bien là, quelque part, d'esprit sinon de corps, et approuvait ce qu'étaient devenues leurs vies à tous les deux.  

Trois ans auparavant, il avait pourtant haï Makimura comme jamais il ne l'aurait cru possible, allant jusqu'à frapper sur sa tombe en hurlant sur celle-ci. Trois ans auparavant, il avait même pleuré dans ce même immeuble pour la première fois de sa vie en écoutant une chanson, lui qui auparavant passait son temps à se moquer du côté fleur bleue de sa partenaire. La seule chanson que son esprit gardait en mémoire d'ailleurs, peut être parce que pour une fois, il avait intimement compris ce que les paroles voulaient dire pour en connaître le goût. Une aura s'approcha de lui en silence, mais il n'y prêta pas plus attention que cela, tournant juste la tête sur le côté quand Mick posa une main sur son épaule avant de s'appuyer à son tour à la rambarde.  

- Tu m'as l'air bien pensif l'ami.  

- Je réfléchissais  

- A quoi ?  

Un sourire songeur étira ses lèvres alors qu'il continuait de regarder les reflets sur l'immeuble d'en face, fumant tranquillement sa cigarette avant d'en proposer une à son acolyte.  

- Little moments.  

Debout à ses côtés, son ami américain tourna le dos à la ville, la tête penchée en arrière pour regarder le ciel se teinter de rouge en fumant une cigarette, ne cherchant pas vraiment à comprendre la réponse que Ryo venait de lui donner. Et sans le savoir, ses pensées suivaient le même cheminement que celles de son ancien partenaire. Trois ans… Il y a trois ans, à cette même date, il avait remué la ville entière, tentant de retrouver son premier amour disparu… Ne voulant pas avoir à regarder Ryo en face pour lui annoncer qu'il avait failli et perdu la trace de Kaori alors qu'il devait la surveiller… Trois ans… Trois ans auparavant… Trois ans demain. Il avait vu l'une des images les plus terrifiantes de sa vie, et pourtant, il avait eu l'occasion d'en voir des choses pas nettes au cours de son existence.  

Mais aujourd'hui il le savait : jamais il ne réussirait à s'enlever l'image du corps de Kaori Makimura pendue avec un couteau en pleine poitrine de son esprit. Jamais non plus, il n'oublierait que si l'homme se tenant à cet instant à ses côtés ne l'avait pas arrêté, il aurait sûrement achevé la jeune femme avec un geste d'une stupidité telle qu'il ne savait toujours pas comment il avait pu y penser… Mais surtout, en plus, jamais il n'oublierait que pour la première fois depuis qu'il le connaissait, il avait vu son meilleur ami manquer sa cible en faisant feu… Trois ans… Trois ans ? Pourtant, il n'avait pas vu ces années passer.  

Était-ce parce que durant cette année, trop de choses étaient arrivées ? Ou était-ce parce que durant ce laps de temps, court pour certains, il avait passé des mois perdus dans ses pensées ? D'abord en veillant Kaori à l'hôpital, ensuite en se torturant l'esprit face aux événements qui avaient suivi… Trois ans, pourtant, cela aurait dû lui paraître bien plus long que cela, mais il revoyait encore Kaori dans cette usine désaffectée comme si c'était hier… Tout comme dans son esprit était gravée l'image d'une larme roulant sur la joue de son meilleur ami, sur ce même toit… Trois ans…  

Trois ans… Trois années avaient passé, sans que personne n'y fasse réellement attention. Certains n'y verraient pas de quoi s'étonner, mais pour eux qui vivaient au jour le jour, cela était quelque peu troublant. Trois années, le regard perdu sur le lit en face d'elle, regardant leur petit Kazuki qui allait justement avoir deux ans en juillet, son esprit remonta aussi le temps, pensant à cette toute première rencontre qui avait changé sa vie. Si on lui demandait aujourd'hui, laquelle de ces deux rencontres avait été la plus marquante pour elle, entre Falcon et Kaori Makimura, d'instinct, elle serait tentée de répondre que c'était le géant, mais en y réfléchissant, elle ne savait pas vraiment.  

Qui des deux avait le plus marqué son existence ? Son mari ou sa rencontre avec sa meilleure amie ? Bien sûr, sans réfléchir, elle répondrait son mari, mais eu y réfléchissant justement, n'était-ce pas plutôt Kaori ?… Falcon lui avait sauvé la vie, elle en était tombée amoureuse, il l'avait formée aussi, mais en temps que femme, la femme qu'elle était aujourd'hui, ne le devait-elle pas à Kaori Makimura ? Sa première amie féminine, hors des factions de mercenaires ? La première personne à l'avoir traitée entièrement en temps que personne plutôt qu'en temps que soldat ?  

Elle adorait son mari, plus que tout, et elle savait qu'il l'aimait aussi, mais il avait d'abord vu en elle l'enfant à sauver et à entraîner, l'avait mise de côté pour la pousser vers une vie normale, la vie qu'il souhaitait pour elle. Mais la réelle première personne à l'avoir regardée comme "Miki : Mercenaire, femme, et tout le reste", c'était Kaori Makimura. La première personne à l'avoir regardée et l'avoir acceptée tel quel, sans vouloir la changer ou prendre de décision pour elle, c'était Kaori Makimura. Peut-être parce qu'elle aussi savait ce que l'on ressentait quand les gens pensaient pour vous sans jamais demander votre avis. Kaori Makimura… Sa meilleure amie… La femme à laquelle elle avait fait le plus de mal, sans jamais le vouloir… Trois années…  

Il y avait trois ans, elle voulait tout faire pour pousser Ryo Saeba à avouer ses sentiments envers sa partenaire de travail. Tout faire, pour que sa meilleure amie trouve ce bonheur auquel elle-même avait pu goûter grâce à leur aide à tous les deux… Si à l'époque, on lui avait dit que cette année là, elle serait la cause de tant de souffrance chez sa meilleure amie, elle aurait sûrement sorti sa mitraillette pour tirer sur l'imbécile qui lui annonçait cela… Et pourtant… Et pourtant, par sa faute, trois années auparavant, Kaori avait failli mourir, sortant de l'épreuve infligée par sa faute à elle, à son passé à elle, avec des cicatrices pour en témoigner.  

Mais en un sens, Miki Ijuin pouvait être fière d'elle : elle avait réussi au-delà de tous ses espoirs concernant les sentiments de Ryo Saeba, poussant celui-ci à se dévoiler plus qu'elle ne l'aurait jamais cru possible dans ses rêves les plus fous… Mais voilà, une fois de plus, sans le savoir, elle avait fait souffrir sa meilleure amie, alors qu'à cette époque là, elle aurait voulu la protéger envers et contre tout en remerciement de son soutien quand Falcon avait douté d'eux par sa faute. En regardant le petit garçon dormant paisiblement sur son matelas, insoucieux des problèmes de la vie, elle sourit machinalement.  

Jamais elle n'y avait réellement songé avant de prendre conscience de son existence… Non, ce n'était pas totalement juste. Elle avait songé à devenir mère quand Umi disait qu'il ne voulait pas d'enfants, mais jamais elle n'avait eu cette envie d'elle-même : de penser comme ça, sans raison : "je veux un enfant à moi". Et pourtant, il était là, bien réel, image miniature troublante par sa ressemblance à son père, tellement adorable, tellement paisible… Quand le Doc lui avait annoncé sa grossesse, elle avait été stupéfaite, puis joyeuse, puis triste en apprenant celle de Kaori, de ce bébé qui ne verrait jamais le jour. Et quelque part, elle avait hurlé en elle-même d'être une fois de plus celle qui faisait du mal à sa meilleure amie… Sa meilleure amie…  

Au fil des mois, trois ans plus tôt, suite au retour de Kaori à Shinjuku, elle avait peu à peu perdu sa meilleure amie. Et elle en avait souffert, oui, elle en avait souffert. Souffert de ne pas avoir de présence féminine sur laquelle se reposer, surtout au début quand Umi ne savait pas encore si cette grossesse était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Souffert de se sentir rejetée… Mais elle ne savait pas… Elle ne l'avait apprise qu'en mars et elle s'était haïe… Quand Kaori était rentrée de son escapade à New York, elle avait aussitôt cherché à savoir pourquoi elle était partie, mais son ami ne lui avait rien dit, se contentant de garder le silence et de serrer sa tasse de café dans sa main. Et Ryo lui avait dit de changer de sujet.  

En temps normal, elle se serait offusquée du ton qu'il avait employé alors, mais son regard, et la main de Falcon posée sur son épaule à elle l'avait retenue. Alors elle avait arrêté de poser des questions, changeant le sujet pour parler de sa grossesse… Et Kaori avait commencé à s'éloigner d'elle peu à peu, ne rendant plus que des visites irrégulières au Cat's, ne l'appelant plus pour lui parler de tout et de rien, refusant les sorties shopping pour le bébé… Et personne ne disait jamais rien. Elle voyait les regards autour d'elle, tous savaient quelque chose, tous sauf elle.  

Et un jour, face au mutisme de son amie qui refusait une fois de plus de regarder son échographie, les hormones aidant, elle avait fini par craquer, se mettant à hurler sur Kaori Makimura, elle ne se souvenait même plus quoi. Falcon avait bien tenté de la faire cesser, mais qui pouvait retenir une femme enceinte en colère ? Elle n'avait arrêté qu'une fois que Kaori avait relevé les yeux sur elle, et pour la première fois de sa vie, elle avait vu de la haine dans les yeux de son amie… Avant que celle-ci ne parte en courant du café, une main sur la bouche, tentant de retenir ses larmes…  

Comme à chaque fois, elle n'avait rien compris, alors que les autres eux, au vu des regards qu'ils posaient sur elle, si. Saeko était sortie aussitôt du café à la suite de la sœur de son ancien amour, suivie de peu par Mick, ne laissant que Falcon et Ryo avec elle. Et Falcon l'avait lâchée, alors que tout comme elle, il avait vu le regard de Ryo posé sur elle, le même regard que des mois avant cela, il avait eu à son encontre dans une usine désaffectée. Et cette fois, elle ne l'avait pas accueilli avec indifférence mais avec effroi… Mais Falcon lui avait su, malgré ce regard qu'il ne la toucherait pas. Le nettoyeur numéro un avait juste pris l'échographie posée sur le comptoir avant de la regarder un instant.  

- La prochaine fois, avant de lui parler comme tu viens de le faire, regarde cette image Miki.  

Elle s'était mise à trembler, ne comprenant pas que Falcon se tienne debout en silence alors que pour elle, il menaçait son enfant à naître.  

- Regarde le bien, ce bébé, et pense à tout ce que tu veux que sa vie soit. Et savoure ces pensées Miki.  

Il avait alors relevé ses yeux sur elle avant de faire glisser, du bout des doigts, l'image sur le comptoir en direction de son mari.  

- Imagine les bien, et ensuite, pense à Kaori qui aurait dû être à son septième mois de grossesse aujourd'hui.  

Non, il n'avait pas porté la main sur elle, mais ses paroles lui avait fait bien plus mal qu'un coup. Elle n'avait pas pu bouger, paralysée par l'horreur de ce qu'il venait de lui dire, alors qu'il se levait pour se diriger vers la porte du café. Tout ce qu'elle avait pu faire avait été de ramener ses mains sur son ventre, comme pour éviter qu'on lui prenne le sien à elle pour la punir.  

- Mais tu vois, y'aura même pas de prochaine fois. Je vais l'emmener loin de toi avant que ça la tue une bonne fois pour toute, ton amitié.  

Et ce coup là aussi avait fait mal lui rappelant alors que ce qu'il s'était passé des mois plus tôt était loin d'être oublié dans l'esprit du nettoyeur. Et il avait fait ce qu'il lui avait dit, ne ramenant Kaori en ville que plusieurs semaines plus tard, et même là, elle l'avait juste appris de la bouche de Mick qu'ils étaient de retour, mais cette fois ci, elle ne lui en avait pas voulu, comprenant que son amie puisse ne pas vouloir la voir avec son gros ventre… Ou au moins, essayant de la comprendre le plus possible. En fait, cette année là, elle n'avait pas revu Kaori avant la naissance de Kazuki, en juillet, et même là, Kaori était passée à l'hôpital, son amant sur ses talons, mais elle n'était pas entrée dans sa chambre en présence du bébé.  

A vrai dire, elle avait mis des mois, avant de réussir à tenir Kazuki dans ses bras après… Car après son accouchement, peu à peu, Kaori avait commencé à revenir, toujours en présence de Ryo. Au départ, elle n'arrivait pas à poser les yeux sur le nouveau né, puis, doucement, comme par peur, elle avait commencé à s'en approcher. Mais elle avait qu'en même mis des mois avant de réussir à le tenir dans ses bras, au premier Noël de leur enfant en fait, et même là, Ryo était derrière elle, l'aidant à le porter alors qu'elle s'était mise à pleurer en le regardant… Trois années… 

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