Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 28 chapters

Published: 05-12-19

Last update: 03-01-20

 

Comments: 58 reviews

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DrameAction

 

Summary: NC-17 - Mick disparaît et son absence rouvre des plaies mal refermées...

 

Disclaimer: Les personnages de "Que passe un ange... " sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Que passe un ange...

 

Chapter 5 :: chapitre 5

Published: 10-12-19 - Last update: 10-12-19

Comments: Bonjour, la suite. Merci pour vos commentaires les filles. C'est un plaisir de vous lire en retour comme toujours. Bonne lecture^^

 


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Chapitre 5  

 

Après être repassés par l’appartement où ils se douchèrent et se changèrent, Ryo emmena Kazue à la clinique. Un silence lourd pesait dans l’habitacle qu’aucun des deux ne tenta de briser. Ils avaient tous les deux perdus leur moitié même s’il n’aurait jamais avoué que c’était ce qu’il ressentait. Kaori lui manquait et il se demandait où elle était. Il avait peur de ne plus la revoir, de ne plus pouvoir la serrer dans ses bras ou entendre le son de sa voix. Il ressentait un vide profond en lui. C’était une sensation inédite qu’il avait bien du mal à maîtriser.  

 

Lorsqu’il s’arrêta devant la clinique, Kazue resta un moment sans bouger, le regard perdu dans le vide, puis se tourna vers lui.  

 

- Si tu la retrouves, ne déconne pas. J’ai besoin que vous soyez forts tous les deux…, murmura-t-elle.  

- Tu es sûre que tu vas pouvoir travailler. Le Professeur comprendrait…  

- Ca m’occupe l’esprit et, si je dois m’effondrer, il saura s’occuper de moi malgré ses travers…, le rassura-t-elle.  

- Très bien. Appelle-moi quand même s’il faut venir te rechercher plus tôt.  

 

Elle descendit de voiture et ferma doucement la porte. Ryo la regarda pénétrer dans l’enceinte de la clinique puis redémarra, reprenant le chemin de l’immeuble. Pris d’un doute, il passa par le cimetière pour la troisième fois depuis hier soir. Il arpenta les allées, scrutant les visages qu’il croisait. Il arriva devant la stèle recherchée et s’immobilisa. Il n’y avait pas de trace de passage mais à quoi devait-il s’attendre ? Un bouquet de fleurs ? Une bougie ? Où aurait-elle trouvé cela en pleine nuit ? Un mot disant « si tu me cherches, je suis passée par ici », pensa-t-il en souriant amèrement. Pourquoi l’aurait-elle ménagé après ce qu’il lui avait fait ?  

 

- Je suis un con, Maki. Je ne sais pas ce que tu as vu en moi de bien pour elle mais je ne fais que la blesser. Aide-moi à la retrouver., soupira-t-il.  

 

Il tapota sur la stèle doucement comme il lui aurait tapé sur l’épaule puis s’en alla. Il se gara dans le sous-sol de l’immeuble et resta un moment dans la voiture, se demandant par où continuer ses recherches. Se sentant pour une fois démuni, il sortit de la voiture et remonta à l’appartement.  

 

Kaori le connaissait trop bien. Elle avait les moyens de se cacher de lui si elle le voulait et nul doute qu’elle le voulait après ce qu’il lui avait dit la veille. Il rentra dans l’appartement, posa sa veste dans la penderie à côté de celle de Kaori, enleva ses chaussures qu’il rangea à côté de celles de Kaori puis se dirigea vers la cuisine. Un café lui ferait du bien. Il se versa une tasse du breuvage fumant et le porta à ses lèvres.  

 

Soudain, ses yeux s’écarquillèrent de stupéfaction. Il jeta un regard vers le café frais et chaud, café qu’il n’avait pas fait ce matin, ni Kazue. Il posa la tasse calmement et retourna à la penderie pour trouver la veste et les chaussures qu’elle portait hier soir et il entendit enfin le son de la douche qui coulait. Elle était rentrée… Il sentit son coeur bondir de joie et le soulagement se répandre en lui. Il grimpa les escaliers quatre à quatre et ouvrit les portes menant à la salle de bains sans ménagement et surtout sans réfléchir.  

 

Surprise, Kaori se retourna dans la douche et, après deux secondes de stupéfaction, attrapa une serviette qu’elle mit devant elle pour se protéger. Les deux secondes avaient été cependant amplement suffisantes à Ryo pour apercevoir le corps de sa partenaire et éveiller ses pulsions, un magnifique coucou faisant son apparition avant qu’il eut pu le réprimer.  

 

- Sors d’ici !, cria-t-elle, rouge de gêne et de colère.  

- Kaori…  

- Dehors !, dit-elle en lui envoyant une massue sur la tête.  

 

Ryo valsa dehors et atterrit le nez dans le mur, entendant la porte reclaquer violemment.  

 

- Bon, apparemment tu vas bien., marmonna-t-il.  

 

Dans la salle de bains, Kaori se glissa de nouveau sous la douche pour se rincer, réprimant les tremblements qui l’avaient prise. Elle croisa les bras autour d’elle, cachant sa poitrine dénudée même s’il n’était plus là. Elle revit son regard, ce regard qui l’avait détaillée en un instant et qui avait brillé d’une lueur particulière. Elle avait remarqué son excitation et, bien que flattée, elle se sentait aussi profondément en colère parce que ce n’était pas la première réaction qu’elle attendait de lui après la veille au soir.  

 

Rincée, elle sortit de la douche et attrapa une serviette qu’elle enroula autour d’elle, appréciant la sensation de chaleur après sa nuit passée dehors à déambuler dans les rues et à méditer devant la tombe de son frère. Elle essuya le miroir et s’observa, les deux mains en appui sur le lavabo. Elle était blessée, profondément même. Elle le voyait à la lueur de ses yeux. Elle n’avait jamais pensé qu’ils en arriveraient un tel point.  

 

« Je te déteste », les mots lui revinrent en mémoire et elle frissonna. Ce n’était pas des paroles en l’air. Lorsqu’elle les avait prononcées, elle les pensait réellement. Etait-ce le cumul de la situation et de ces mois de descente aux enfers ou cette dispute qui avait vraiment été plus forte que les autres, elle n’aurait su le dire mais, pendant un laps de temps suffisamment conséquent, elle l’avait détesté. Dès lors, sortir de son emprise, partir de là, loin de lui, avait été une nécessité absolue malgré le danger. Elle avait besoin de réfléchir, de prendre du recul, de sortir de cette prison dont les murs se refermaient sur elle. Elle s’était sentie oppressée…  

 

Il lui avait fallu plus de deux heures avant de réussir à respirer normalement, à faire passer la boule d’angoisse qui lui enserrait la gorge, à faire évacuer la chape de plomb qui pesait sur son crâne et ses pensées. « Je te déteste », pour quoi exactement ? Son amour refoulé ? Les rebuffades à répétition ? De ne pas s’intéresser à elle ? De courir après les autres ? De ne pas la remarquer ? De ne pas essayer de la monter à son niveau ? Elle ne savait même pas. Il y avait beaucoup de choses qu’elle n’aimait pas chez lui mais elle n’en était jamais arrivé là… Elle n’avait jamais eu le sentiment de le détester.  

 

Elle croisa son regard dans le miroir. Elle y lisait beaucoup d’incertitudes. Pour elle qui n’avait déjà pas énormément confiance en elle, ce n’était pas une bonne nouvelle. Avant, elle avançait au moins sur quelques faits établis : il l’aimait même s’il ne voulait pas lui dire, il en était venue à la considérer comme sa partenaire et il lui faisait confiance. Mais depuis quelques mois, tout s’était effrité et, hier soir, il avait tout balayé du revers de la main, la laissant suspendue dans le vide sans pont sous ses pieds, sans corde à laquelle se raccrocher. Elle se mordit la lèvre, cherchant à maîtriser l’angoisse qui la prenait.  

 

Se détournant de l’image consternante qu’elle se renvoyait, elle sortit de la salle de bains et se dirigea vers sa chambre, apercevant en passant son cher partenaire avachi dans le canapé avec une de ses lectures favorites. Elle réprima un soupir d’agacement et alla s’habiller. La première chose qu’elle vit en ouvrant son armoire fut sa valise. Elle ne put en détacher les yeux pendant quelques secondes en se demandant : et si… Se secouant, elle attrapa un jean, un pull et des sous-vêtements et s’habilla avant de se coiffer puis, prenant son courage à deux mains, elle descendit et se dirigea sans un mot à la cuisine où le café qu’elle avait préparé était prêt.  

 

Ryo la regarda passer et ne sut quoi faire. Devait-il la suivre ou lui laisser un peu le champ libre ? Devait-il s’excuser platement ou jouer l’autruche comme il savait si bien le faire ? Devait-il lui demander des comptes sur ses tribulations nocturnes ou attendre qu’elle vint vers lui pour lui en parler ? Car il mourrait d’envie de savoir où elle avait été, ce qu’elle avait fait, qui elle avait pu rencontrer… Ce dernier point lui fit froncer les sourcils et il serra les poings, nerveux. Si ça se trouvait, elle avait rencontré quelqu’un et s’était jetée à sa tête, juste pour oublier ce qu’il lui avait dit… C’était impensable pour lui mais pas inimaginable.  

 

Dans la cuisine, Kaori prit le temps de boire son café. Elle savait qu’elle aurait des explications à lui donner et n’était pas impatiente d’affronter son courroux. Il lui redirait encore une fois qu’elle avait été inconsciente et imprudente, qu’elle ne savait pas réfléchir froidement ni prendre sur elle quand la situation l’imposait… Elle soupira. Après tout, elle aussi pouvait lui reprocher de ne pas être venu la chercher… La situation devenait vraiment ingérable entre eux. Malgré le peu d’envie, elle posa sa tasse et alla le retrouver dans le salon, prenant place à l’autre bout du divan, les mains posés sur ses genoux.  

 

- Tu as déposé Kazue à la clinique ?, commença-t-elle.  

- Oui.  

- Comment va-t-elle ?  

- Elle était inquiète à cause de toi., lui répondit-il sur un air de reproche.  

 

Kaori détourna le regard, peinée d’avoir infligé cela à son amie. Ryo la regarda et sentit un pincement au coeur. Il revécut la peur qui l’avait assailli toute la nuit et sentit la colère revenir.  

 

- Tu te rends compte du danger dans lequel tu t’es mise ?, dit-il d’une voix qu’il aurait voulue plus posée.  

- Je sais mais je n’en pouvais plus., murmura-t-elle, triturant ses doigts.  

- Cesse de jouer les martyrs, Kaori. La vie est dure et tu le sais !, la morigéna-t-il.  

- Je ne joue pas les martyrs, Ryo ! Comment veux-tu que j’oublie que la vie est dure ? Tu me le montres assez souvent ! J’ai déjà vécu assez de drames pour le savoir !, répondit-elle en se levant furieuse.  

- Je n’ai pas besoin que tu me rappelles que je suis nulle, bonne à rien ou un boulet ! Tous tes gestes, toutes tes paroles parlent pour toi ! Tu ne m’aimes pas en tant que femme, tu ne m’apprécies pas en tant que partenaire de travail, tu me dénigres en tant que ménagère ! La seule chose que je sais bien faire, c’est de te corriger à coups de massue : c’est le seul domaine dans lequel j’excelle, semble-t-il, mais tu me diras en quoi ça nous est utile ? A rien, sauf à nous faire du mal !, explosa-t-elle.  

- Arrête alors ! Je ne t’ai jamais demandé d’intervenir dans ma vie sentimentale !, lui reprocha-t-il, se levant à son tour.  

 

Elle lui fit face, les poings serrés. Elle avait un tant soit peu espéré qu’il nierait certains points, qu’il tenterait de la convaincre qu’elle valait un peu mieux que ce qu’il lui jetait à la figure. Elle pensait que ce temps qu’ils avaient passé loin l’un de l’autre lui aurait fait voir qu’elle lui manquait ou qu’elle comptait pour lui mais, apparemment, elle s’était leurrée. Elle avait eu le temps de se calmer et de revenir à des sentiments plus raisonnables mais ce n’était pas son cas à lui ou alors, il avait enfin dévoilé sa pensée profonde… Ce ne pouvait être que cela…  

 

- Tu as raison., murmura-t-elle soudain, baissant les yeux.  

- Je pensais que j’avais un peu d’importance à tes yeux, que je comptais un peu mais je me suis trompée., admit-elle, la voix tremblante.  

 

Ryo la regarda, sentant son coeur se serrer. Pourquoi n’arrivait-il pas à garder la tête froide dès que les choses devenaient sérieuses ? Kaori n’était pas un élément du décor, une quantité négligeable. C’était la femme qui faisait battre son coeur et elle méritait beaucoup plus d’égards. Mais il n’arrivait pas à se contrôler quand elle était là. La seule chose qu’il voulait, c’était la prendre dans ses bras et lui faire l’amour mais il ne pouvait pas alors il la tenait à distance du mieux qu’il pouvait… enfin de la pire façon aurait été plus juste.  

 

- Kaori…, l’appela-t-il.  

- Non, tais-toi. Si j’avais compté pour toi, tu m’aurais rejointe cette nuit. Tu ne m’aurais pas laissée seule, surtout avec ce qui se trame autour de nous., affirma-t-elle.  

- J’ai passé la nuit à te chercher. J’ai fait toutes les rues de Shinjuku, je suis allé au cimetière deux fois et encore une fois ce matin en revenant de la clinique… Alors ne me dis pas que je ne t’ai pas cherchée !, s’offusqua-t-il.  

- Tu m’as cherchée toute la nuit ?, s’étonna-t-elle.  

 

Il acquiesça et vit son regard incrédule qui tourna vite à l’orage. Elle se sentait bafouée. Il avait l’affront de lui mentir sans honte, sans tressaillir, alors qu’elle était devant lui et qu’ils savaient tous les deux que c’était faux.  

 

- Comment tu peux oser me mentir si effrontément ? Pourquoi ne pas avouer tout de suite que tu as passé la nuit dehors, à te saouler dans un bar ou à draguer des bunnies ?, se mit-elle à crier.  

- Parce que tu sais très bien, tout comme moi, que ta recherche n’a pas duré tout ce temps !  

- Ah oui vraiment ? Comment tu peux savoir cela ? Tu as des dons de divination ?, rétorqua-t-il durement, s’approchant d’elle.  

- Non, je n’en ai pas besoin ! Tu n’es qu’un menteur, Ryo. Tu ne m’as jamais cherchée. Tu peux le faire croire aux autres mais tu ne m’as pas cherchée…, déclara-t-elle, sûre d’elle, soutenant son regard.  

 

Il sentit la fureur s’emparer de lui. Il ne pouvait pas admettre qu’elle le crut capable de la laisser livrée à elle-même sans remuer ciel et terre. Il ne pouvait pas la laisser le traiter de menteur alors qu’il avait eu peur pour elle et qu’il avait passé la nuit dehors à la chercher anxieusement, ne voulant pas que leur dernière conversation fut une dispute. Sa main claqua froidement sur sa joue et il en fut le premier stupéfait : il n’avait pas pour habitude de frapper une femme mais ça avait été plus fort que lui.  

 

Kaori le regarda incrédule, se tenant la joue. Elle sentit les larmes couler le long de sa joue.  

 

- Je ne suis pas un menteur., gronda-t-il, les dents serrées.  

- Ah non ? Alors comment expliques-tu que tu ne m’aies pas retrouvée avec tous les émetteurs que j’ai sur moi ?, répondit-elle, retrouvant son aplomb.  

 

Elle avait dépassé tous ses seuils de tolérance. C’était comme si elle ne sentait plus rien, ni douleur, ni tristesse, ni colère. Il ne restait que la réalité froide et éclairée d’une lueur blafarde.  

 

- J’avais ma veste, mes chaussures et mon collier. Trois émetteurs sur moi, Ryo. Tu vas trouver quoi comme excuse ? Une panne simultanée des trois émetteurs ?, lui asséna-t-elle, le regard dur.  

 

Il fit un pas en arrière comme si elle l’avait frappé à son tour et se sentit blêmir. Il avait commis une faute impardonnable, une erreur de débutant, la chose qu’il refusait de voir arriver et celle qu’il craignait le plus en sa présence : il avait complètement perdu son sang froid.  

 

- Je… Je n’ai pas pensé à utiliser tes émetteurs., admit-il, la voix blanche.  

- J’ai couru toute la nuit, sans utiliser la voiture.  

- Tu n’as pas pensé à…  

 

Kaori ne pouvait y croire et elle prenait conscience de l’importance que cette révélation avait pour eux. Ils en étaient arrivés à un point où elle n’était plus une faiblesse pour lui mais une véritable faille. Ils mettaient leur vie en danger en continuant ainsi. Sa nervosité grandissant, elle ne put réprimer le fou-rire qui la prit. Il n’y transparaissait aucune joie, aucune hilarité, juste un profond désespoir.  

 

- Calme-toi, s’il te plaît., murmura Ryo, pris au dépourvu.  

- Je… Je ne peux pas. Tu te rends compte de ce qu’on devient ? Je vais te tuer, Ryo. Tu me pousses tellement à bout que je fais n’importe quoi. Tu es tellement à bout que tu fais n’importe quoi.  

- Tout est de ma faute en somme., remarqua-t-il d’un ton acerbe.  

- Tu es le seul à ne pas vouloir affronter la réalité ! Je ne suis peut-être pas parfaite mais je n’ai jamais fait que de te suivre et d’être là pour toi.  

- C’est plutôt moi qui suis là pour toi à tout le temps te sauver les miches, il me semble., l’attaqua-t-il.  

 

Il se sentait acculé et il ne voulait pas laisser la situation lui échapper. Il se savait encore une fois de mauvaise foi mais il était nerveux et aussi fatigué de cette nuit de recherche…  

 

- Oh oui, le grand Ryo a sauvé la pauvre et fragile Kaori des méchants qui voulaient lui faire du mal je ne sais combien de fois ! Mais peut-être que si le grand Ryo faisait vraiment le nécessaire pour l’entraîner, la pauvre et fragile Kaori saurait mieux se débrouiller avec les méchants ! Peut-être que si tu daignais me consacrer un peu plus de temps en tant que partenaire et non pas comme femme de ménage, tu aurais un peu moins de choses à porter sur les épaules !, lui dit-elle.  

- Tu parles d’une femme de ménage ! Tu ne sais même pas cuisiner !, lui lança-t-il.  

- Celle-là, tu me l’as déjà servie à de nombreuses reprises., ironisa-t-elle.  

- Je suis même étonné de ne pas encore avoir reçu un coup de massue pour couper court à la conversation…, remarqua-t-il, une lueur de défi dans le regard.  

 

A vrai dire, il espérait qu’il ferait mouche et qu’elle dégainerait. Ensuite, elle s’en irait furieuse, ils resteraient éloignés l’un de l’autre pour la journée et les choses rentreraient dans l’ordre d’elles-mêmes… Les esprits s’apaiseraient, ils remettraient un couvercle sur le tout et finie la dispute.  

 

- Je ne me sens pas obligée de céder à tous mes instincts primaires quand j’ai une conversation sérieuse., lui rétorqua-t-elle, lui coulant un regard noir.  

- Dis tout de suite que je suis un gamin.  

- Tu es impossible ! Ca ne nous mènera à rien de continuer ainsi. Je vais aller au tableau et on reprendra cette conversation plus tard., finit-elle par abdiquer.  

 

Elle se dirigea vers la penderie et enfila sa veste et ses chaussures. Elle le vit du coin de l’oeil faire de même et la suivre par la porte.  

 

- Que fais-tu ?, demanda-t-elle, les dents serrées alors qu’ils descendaient.  

- Je ne te laisse pas seule. Tu as oublié hier ?, lui dit-il, ouvrant la porte qui donnait sur la rue.  

- Non, je n’ai pas oublié et surtout pas que j’ai réussi à me sortir de là sans toi…, répondit-elle.  

- Tu n’auras pas toujours cette chance., décréta-t-il.  

 

Elle s’arrêta et il lui fit face.  

 

- Tu n’en as toujours pas assez ? Il faut encore que tu me rappelles que je ne suis pas à la hauteur ?  

- Je ne vois pas de quoi tu parles…, mentit-il, haussant les épaules.  

- Si j’ai réussi à m’échapper hier, c’était uniquement un coup de chance alors ? Ce n’est pas parce que j’ai passé du temps avec toi et fait fonctionner mon petit cerveau de moineau pour trouver une solution ? Ce n’est pas grâce à l’entraînement que Miki, Umi et Mick ont bien voulu me dispenser, contrairement à toi, et que j’ai su mettre en pratique ? Non, pour Mossieur Ryo, je n’ai toujours pas été à la hauteur.  

- Arrête de monter sur tes grands chevaux. Tu nous en fais tout un mélodrame. Tu…  

 

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il finit écrasé sous une massue un million de tonnes.  

 

- Je n’avais vraiment pas envie d’en finir comme cela…, murmura-t-elle, les larmes aux yeux.  

- Je te montrerai ce que je vaux un jour. J’aurais juste aimé que ce soit grâce à toi que j’y arrive… Je vais à la gare et je reviens. Je ferai peut-être un tour par le parc pour faire redescendre la température avant., l’informa-t-elle.  

- Et cette conversation est loin d’être finie, Ryo, même si ce sera peut-être la dernière que nous aurons !  

 

Elle n’attendit pas de réponse de sa part et s’en alla. Elle marcha d’un pas déterminé jusqu’à la gare, ne s’arrêtant que pour mieux observer le bâtiment avant de s’y engouffrer. Parvenue au tableau, elle vit afficher un code XYZ. Se sentant soudain très lasse, elle posa une main à côté pour se tenir, les yeux rivés sur les trois lettres. Elle aussi avait envie de lancer un XYZ à qui voudrait l’entendre et l’aider à sortir de cette impasse dans laquelle ils étaient. Mais elle savait que personne ne pouvait le faire.  

 

Elle ne voulait pas en parler à Miki qui ne faisait que s’énerver sur Ryo et la pousser à lui sortir le grand jeu pour le faire sortir de sa réserve. Elle savait que ce n’était pas la façon dont il fallait l’aborder. Eriko l’avait déjà aidée en lui permettant de passer une soirée de rêve avec lui. Depuis, elle lui avait conseillé de le rendre jaloux mais Kaori n’aimait pas la duplicité : elle ne voulait pas jouer avec les sentiments de deux hommes. Elle avait même tenté d’être indifférente comme l’était Saeko mais elle n’y arrivait pas, ce n’était pas son tempérament. Elle l’aimait beaucoup trop pour pouvoir cacher ses sentiments.  

 

Le seul avec qui elle arrivait encore à parler calmement de Ryo, c’était Mick. Il lui offrait une oreille attentive et bienveillante et ses conseils lui semblaient judicieux, faits de patience et de beaucoup de dévouement. Il la rassurait sur ses capacités et ses qualités, riait de ses défauts, la faisant rougir légèrement de honte, lui dispensait des petits gestes affectueux dont elle manquait cruellement. Parfois il la draguait ouvertement, lui jouant le rôle de séducteur, ce qui la détendait… jusqu’à ces dernières semaines quand un sentiment sous-jacent était venu s’ajouter à ce mélange : il commençait à prendre le jeu au sérieux. Ce n’avait été qu’une intuition mais Kazue le lui avait confirmé. Elle n’avait pas voulu tout cela : elle aimait Ryo, même si c’était âpre et sans retour et sans espoir. Mick était un ami…  

 

- Où es-tu, Mick ? Tu me manques tellement., murmura-t-elle en essuyant les larmes qui perlaient à ses yeux.  

 

Soudain, une main saisit la craie du tableau et traça son prénom en dessous du XYZ. Kaori releva les yeux et sentit une présence familière derrière elle.  

 

- Heureux de savoir que j’ai encore une place dans ton coeur, ma belle., souffla une voix chaude à son oreille.  

 

Elle tressaillit à la sensation qui la prit. Les yeux écarquillés, elle se retourna lentement et fit face à son ami. Il lui souriait, un regard intense posé sur elle. Elle n’arrivait pas à croire qu’il était là devant elle. Pourquoi ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Elle porta une main à son visage pour s’assurer qu’il était réel et étouffa un sanglot quand elle sentit la chaleur irradier sur sa paume. Elle se jeta à son cou, soulagée.  

 

- Tu es vivant !, balbutia-t-elle.  

- Oui, plus que jamais, ma Kaori., répondit-il, refermant son étreinte sur elle.  

- Mais où étais-tu ? Que faisais-tu ? Que…  

- Chut…, lui intima-t-il, remontant les mains le long de son corps pour entourer son visage.  

- C’est toi qui m’a suivie toute la nuit, n’est-ce pas ? Et ce matin aussi ?, lui demanda-t-elle.  

 

Il l’observa attentivement puis lui sourit tendrement. Ses dons s’étaient bien affinés avec le temps. Il caressa doucement ses pommettes, lui faisant signe que oui.  

 

- Tout va bien, ma douce. Les choses vont rentrer dans l’ordre., la rassura-t-il.  

 

Kaori sentit soudain la faiblesse s’emparer de son corps et un voile noir lui tomber dessus. Elle s’effondra dans les bras de son ami qui relâcha les points de pression qu’il avait usés pour la rendre inconsciente. Certains badauds s’arrêtèrent, s’inquiétant de son malaise, mais l’américain enlaça son amie, déposant un léger baiser sur ses lèvres.  

 

- Tout va bien. C’est l’émotion des retrouvailles., dit-il, un grand sourire aux lèvres, le regard pétillant.  

 

Il se tourna vers le tableau où il effaça le message puis, la prenant dans ses bras, il finit par l’emmener à l’extérieur de la gare où l’attendait une voiture. Il déposa son précieux fardeau sur la banquette arrière et l’enroula dans une couverture spéciale qui bloquerait le signal des émetteurs dont il la savait affublée avant de lui retirer ses chaussures et de les enfermer dans une boite en plomb. Ainsi assuré de ne pas être suivi, il donna le signal du départ au chauffeur qui s’engouffra calmement dans la circulation tokyoïte…  

 

Ils passèrent devant l’immeuble de briques rouges et Mick leva un regard froid vers le sommet où il vit Ryo fumant une cigarette, l’air sombre.  

 

- C’est à mon tour de prendre soin d’elle, l’ami., murmura-t-il. 

 


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