Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 28 chapters

Published: 05-12-19

Last update: 03-01-20

 

Comments: 58 reviews

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DrameAction

 

Summary: NC-17 - Mick disparaît et son absence rouvre des plaies mal refermées...

 

Disclaimer: Les personnages de "Que passe un ange... " sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How many words are necessary in a chapter?

 

For normal fanfictions, the minimum is 600 words. For poetry, the minimum is 80 words and for song fics, the minimum is 200 words. These values can be change at any moment, if we think it's necessary. The average is 1500 words per chapter, so you can see that the minimum we're asking for is quite less.

 

 

   Fanfiction :: Que passe un ange...

 

Chapter 8 :: chapitre 8

Published: 13-12-19 - Last update: 13-12-19

Comments: Bonjour, voici la suite. Saintoise, je maje tous les matins. L'attente est peut-être longue parfois mais c'est déjà pas mal non? ;) Merci à toutes pour vos commentaires : c'est toujours un plaisir de vous lire et de voir vos réactions face à l'histoire. Bonne lecture et merci pour vos reviews^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28


 

Chapitre 8  

 

Lorsqu’il arriva au Cat’s le lendemain matin, rien ne laissait voir que Ryo avait passé une nuit blanche. Jusqu’à trois heures du matin, il avait fait la tournée des cabarets, réussissant à glaner quelques informations utiles, puis il était rentré dans l’optique de grappiller quelques heures de sommeil, ce qui n’aurait pas été du luxe vu qu’il n’avait pas dormi depuis soixante-douze heures. Il s’était donc mis au lit et avait patiemment attendu Morphée mais elle n’avait pas daigné se présenter. Il avait en revanche bien eu le temps de ressasser tout ce qui s’était passé avec Kaori non seulement les deux derniers jours mais encore plus en amont, depuis le mariage de Umi et Miki.  

 

Il avait vraiment agi comme le dernier des crétins. Il avait foutu en l’air sept années de collaboration par peur de la perdre alors qu’elle était en danger avant même d’être sa partenaire. Certes, accepter d’en faire sa compagne renforcerait le capital-risque mais pas proportionnellement à ce qu’ils y gagneraient tous deux. Il devait quand même admettre que cesser de lutter contre ce qu’il ressentait le soulagerait d’une grande partie de ses soucis, que sa vie gagnerait certainement en douceur, ne serait-ce que par la disparition des massues et autres engins de torture, sans compter sur la tendresse que sa partenaire ne manquerait de lui prodiguer s’il la laissait faire. Ce dernier point restait néanmoins sensible. Il craignait de ne plus savoir se montrer dur quand cela serait nécessaire, qu’elle le ramollit d’une certaine façon… Saurait-il lutter contre cela ? Peut-être…  

 

Il se tourna dans son lit, cherchant le sommeil. Il s’imagina les nuits avec elle, la passion d’avant-sommeil, le confort de ses bras pour dormir, la sensation de ne plus être seul enfin… Finies les nuits de beuverie et de drague infructueuse, finies les filles d’un soir, fini de faire le guignol dans la rue… Saurait-il s’y tenir ? Aurait-il la force de lutter contre ses démons pour ne se consacrer qu’à une seule femme ? Il pouvait le faire et il pouvait compter sur elle pour l’aider dans les moments de doute. Kaori savait l’aimer sans l’oppresser. La pression, il se l’était mis tout seul. La dernière question était : était-ils capables de remonter la pente ? Pouvait-elle lui donner une dernière chance ? Il se mit à l’espérer.  

 

Ce fut donc d’humeur un peu plus légère qu’il se leva et se prépara avant de partir rejoindre ses amis. Il retrouva Umi et Saeko, arrivée quelques minutes plus tôt.  

 

- Des nouvelles de Miki et Kazue ?, demanda-t-il d’abord.  

- Elles vont bien étant données les circonstances. Kazue est inquiète mais elle tient le coup., répondit Umi.  

- Bien. J’ai réussi à resserrer le périmètre dans la zone industrielle. Ils se trouvent dans l’une de ces zones., dit-il en indiquant trois endroits sur une carte de Tokyo.  

- Ils ne seront pas là., fit Saeko, pointant l’une des zones.  

- Il y a depuis une semaine des manœuvres coordonnées des forces de police, de l’armée et des pompiers. Ce serait inconscient de leur part.  

- Ca ne nous laisse que deux zones alors., constata Umi.  

- C’est encore trop. Le temps qu’on arrive et repère les lieux, ils fileront. On doit arriver en sachant où ils sont.  

 

Tous trois réfléchirent un moment puis Saeko releva les yeux.  

 

- Je peux essayer d’avoir accès aux vidéos prises par les hélicoptères qui participent aux manoeuvres. Elles sont principalement ciblées sur la zone écartée mais le champ ne s’arrête pas à cela. Les deux autres zones sont assez proches pour pouvoir peut-être en tirer quelque chose., pensa-t-elle.  

- Essaye. On est coincés jusque là alors que Nichols étend son réseau., fit Ryo, pensant à Kaori qui était entre leurs mains.  

 

Saeko partit sans tarder, laissant les deux hommes seuls. Ils attendirent plus de deux heures avant de la voir revenir avec les bandes en question qu’elle les laissa visionner. Une heure plus tard, ils avaient repéré les lieux, obtenu les plans de l’inspectrice et se préparèrent à intervenir.  

 

Kaori se réveilla péniblement, une douleur insoutenable lui vrillant le crâne. Elle voulut se lever mais un bras pesait sur sa taille. Elle se rendit alors compte qu’un corps d’homme nu, et en forme, reposait contre son dos et tout lui revint en mémoire. Elle réprima les larmes qui lui montèrent aux yeux et se demanda comment sortir de là, de cet enfer. Elle ne pouvait que se fier à Mick pour sa sécurité immédiate et sur Ryo pour la sortir de là.  

 

Elle avait eu le temps de voir qu’elle se situait bien trop haut pour pouvoir sortir par la fenêtre, que les issues et bouches d’aération avaient été scellées et il ne restait pour sortir que la porte qui était fermée par une clef que Mick détenait. Même si elle réussissait à sortir de la chambre, il lui faudrait descendre une dizaine d’étages et réussir à sortir de là sans être vue. Elle ne connaissait pas la configuration de l’immeuble ni celui de la zone. La seule chose qu’elle avait vue, c’était que l’entrée principale était complètement à découvert et qu’il y avait beaucoup d’hommes bien armés qui tournaient dans les locaux. Elle savait choisir ses batailles et celle-ci n’était pas une de celles qu’elle pouvait réussir seule. Il lui faudrait donc patienter.  

 

Elle souleva doucement le bras de Mick mais il le resserra sur elle, laissant sa main à nouveau voguer sur son corps en marmonnant. Gênée, elle plaqua sa main sur la sienne sur son ventre, l’empêchant de bouger. Elle repensa à la nuit passée et ne put s’empêcher de rougir. Malgré toutes ses résistances, malgré son amour pour Ryo, il avait su allumer la flamme du désir en elle à plusieurs reprises. Elle avait le sentiment d’avoir trahi son partenaire, l’homme qu’elle aimait. Elle se sentait sale et mal à l’aise dans ce corps qui ne semblait plus lui appartenir. Elle avait toujours pensé que le sexe et l’amour étaient liés et elle tombait donc de haut à s’apercevoir que son corps pouvait se passer de sentiments pour ressentir du plaisir.  

 

Soudain, des lèvres se posèrent sur son épaule et remontèrent vers son cou. Elle se sentit frémir, ne souhaitant pas revivre tout cela, ne pas perdre de nouveau tout contrôle sur son corps.  

 

- Arrête, s’il te plaît. Tu as eu ce que tu voulais…, murmura-t-elle.  

- J’en veux plus, Kaori., répondit-il.  

- Donne-moi du temps., l’implora-t-elle.  

- Très bien., abdiqua-t-il.  

 

Il la fit tout de même se retourner et déposa un baiser sur ses lèvres.  

 

- Je ne te laisserai pas fuir comme il le fait.  

- Où veux-tu que j’aille ?, répondit-elle, réprimant un accès de colère.  

 

Elle dégagea son bras brusquement et sortit du lit, emportant le drap avec elle.  

 

- Ne t’avise pas d’entrer dans la salle de bains pendant que j’y suis. Tu ne couperas pas à la massue, flingue ou pas flingue., le prévint-elle, lui lançant un regard noir.  

 

La porte fermée, il se laissa retomber dans le lit et passa une main dans ses cheveux. Il entendit l’eau de la douche se mettre en route et ne put qu’imaginer la jeune femme se glisser sous l’eau.  

 

Kaori laissa l’eau chaude délasser ses muscles un moment avant de se demander si la salle de bains n’était pas truffée de caméras comme la chambre. Elle se sentit blêmir en réalisant que toute la nuit dernière avait été filmée et pria pour que Ryo ne tomba jamais dessus. Elle aurait déjà bien du mal à le regarder en face quand ils se retrouveraient. Si elle devait lire dans ses yeux la désapprobation en plus de supporter sa honte, elle ne s’en remettrait peut-être pas. Elle accéléra donc le mouvement et sortit rapidement, s’entourant d’une serviette avant de sortir de la pièce.  

 

- Il y a d’autres vêtements dans l’armoire si tu veux., lui apprit Mick avant de prendre la place et de refermer la porte.  

 

Elle ouvrit le meuble et observa les tenues en grimaçant : tout ce qu’elle n’aimait pas ou plutôt qui ne lui allait pas. Elle sortit une mini-jupe noire assortie d’un haut de la même couleur et s’habilla.  

 

- Tu es très sexy., entendit-elle soudain derrière elle.  

 

Mick l’observait d’un œil où brillait le désir et elle ne put s’empêcher de faire un pas en arrière.  

 

- Je ne vais pas te sauter dessus. Je n’en ai pas besoin., rétorqua-t-il d’une voix suffisante.  

- Ne crois pas que je te sauterai dans les bras non plus., répondit-elle.  

- Tu t’habitueras à moi. Allez, viens. Allons voir Jack pour lui dire que tu es parvenue à de meilleurs sentiments.  

- Je ne te donnerai pas Ryo., lui affirma-t-elle.  

- Ne t’inquiète pas pour cela. Je n’ai pas besoin que tu sois active pour le faire venir.  

 

Ils rejoignirent Nichols qui était au téléphone avec un interlocuteur hispanophone. Quand il raccrocha, il se tourna vers eux et posa un regard intéressé sur Kaori.  

 

- Je dois dire que Mick avait raison. Vous êtes une jeune femme aussi ravissante habillée que déshabillée., commença-t-il.  

 

Kaori sentit la bile lui brûler la trachée. Il les avait épiés comme un sale voyeur. Elle sentit la main de Mick serrer la sienne, lui intimant de rester calme, et ne répondit pas.  

 

- Alors avez-vous fait votre choix ?, lui demanda-t-il.  

- Je… Je veux vivre…, balbutia-t-elle, les mots lui faisant un mal atroce.  

- Bien. Je me doute que ce n’est pas de gaieté de coeur donc, tant que vous ne nous aurez pas prouvé votre loyauté, vous resterez enfermée et sous la responsabilité de Mick. Si vous vous enfuyez, je vous tuerais tous les deux., lui affirma-t-il, le regard froid.  

- Je n’ai pas besoin de vous pour le moment. Ramène-la à sa chambre., ordonna-t-il ensuite.  

 

Ils ressortirent et firent le chemin inverse dans un silence lourd. A peine la porte refermée, Kaori s’assit sur le bord du lit, contemplant les traces de sang sur le drap avant de tirer la couverture.  

 

- Ce que tu me fais, Mick, c’est innommable…, lui dit-elle, le regard rivé au sol.  

 

Il serra les dents.  

 

- Lui et moi nous ressemblons, tu sais. Je suis prêt à tout pour celle que j’aime., répondit-il.  

- Même à lui faire mal ?, répondit-elle, la voix étranglée.  

- Kaori…  

 

Il se tut et quitta la chambre. Kaori se mit face à la fenêtre et put voir au loin Shinjuku. Son quartier lui manquait et elle se demandait si elle le reverrait, si elle aurait encore l’occasion de le parcourir aux côtés de l’homme qu’elle aimait. Elle était tendue. Elle aurait aimé pouvoir s’apaiser à son contact, juste sentir sa présence autour d’elle, peut-être l’aurait-il prise dans ses bras pour une fois… Elle en avait tellement besoin…  

 

- Tu me manques, Ryo., murmura-t-elle.  

 

Tous ces mois, tous leurs problèmes lui semblèrent soudain futiles. Elle avait pensé qu’ils auraient une dernière conversation mais une dernière avant quoi ? Partir ? Evoluer ? Elle n’avait pas su à l’époque. Elle sourit amèrement à cette pensée, ce n’était qu’hier matin après tout… Elle savait à présent qu’elle ne pourrait pas partir. Il comptait trop pour elle et, qu’elle que fut la nature de leur problème, ils réussiraient à le résoudre. Elle avait confiance en eux pour cela.  

 

Soudain, Mick pénétra, l’air sombre, dans la pièce accompagné de deux gardes. Kaori se sentit blêmir et recula contre le mur comme pour fuir.  

 

- Viens, on doit partir. La planque est compromise. Il va arriver., lui apprit-il.  

- Ryo ?, répondit-elle, d’une voix pleine d’espoir.  

- Oui. Allez, viens. Ne m’oblige pas à user de la force., dit-il, attrapant son bras et la tirant pour la faire sortir de la chambre.  

 

Il la confia aux deux gardes et revint dans la pièce, un instant, l’inspectant et regardant une dernière fois dans les armoires, avant de les rejoindre et de prendre en charge sa compagne.  

 

Ryo et Umi arrivaient dans la zone industrielle quand le signal des émetteurs de Kaori revint subitement. Surpris, Umi sortit le récepteur et vit qu’il leur indiquait le lieu où ils se rendaient.  

 

- Tu y comprends quelque chose ?, lui demanda le géant.  

- Non. Soit on nous donne un coup de pouce, soit on nous emmène dans un piège., répondit Ryo, les dents serrés.  

- De toute façon, nous n’avons pas le choix. Nous devons y aller.  

 

Umi acquiesça seulement et, cinq minutes après, ils se garaient dans un endroit à l’abri. Ils approchèrent du bâtiment à couvert.  

 

- Tu sens comme moi ?  

- Oui, c’est vide., répondit le mercenaire.  

- On arrive trop tard., maugréa Ryo, serrant sa crosse à s’en blanchir les phalanges.  

- Il faut qu’on essaie de rentrer pour trouver des indices., lui dit Umibozu.  

- Soyons prudents. Ils ont peut-être piégé les lieux.  

 

Les deux hommes grimpèrent les étages avec précaution. Ils trouvèrent des planques d’armes, des salles qui avaient visiblement servi pour des exécutions et la chambre où Kaori était retenue.  

 

- Le signal vient de là., fit Umi en ouvrant une armoire.  

 

Ryo jeta un œil et vit le collier de Kaori posé sur une étagère à côté d’une boîte en plomb où il retrouva ses autres affaires. Il les rassembla et les mit en vrac dans un sac trouvé là. Ils firent le tour de la pièce attentivement. Umi retira les draps à la recherche de message caché.  

 

- Ryo., l’appela-t-il d’une voix sombre, sentant l’odeur de sang séché.  

 

Le nettoyeur s’approcha et sentit ses jambes vaciller à la vue des tâches de sang situées en plein milieu du lit. Il sentit une culpabilité sans nom le prendre en imaginant l’épreuve qu’elle avait dû vivre car il ne faisait aucun doute pour lui qu’il s’agissait du sang de Kaori et des circonstances dans lesquelles il était arrivé là.  

 

- Celui qui lui a fait ça a intérêt à être mort avant que je l’attrape…, gronda-t-il.  

- Je l’ai abandonnée, Umi. Je devais la protéger. Je l’ai abandonnée., ajouta-t-il, soudain abattu.  

- Reprends-toi, Ryo. Ne laisse pas tes sentiments prendre le dessus pour le moment., lui conseilla son ami.  

- Tu l’abandonneras si tu ne fais pas le nécessaire pour la retrouver.  

 

Ryo ne répondit pas et retira les draps à la fois pour soustraire une preuve à la police et pour confier le drap pour analyse au Professeur. Ils continuèrent et fouillèrent les deux étages suivants finissant par atteindre le bureau de Nichols. Tout avait été vidé. Il ne restait rien. Le nettoyeur approcha du bureau, furieux. Ils avaient été à cinq minutes de la retrouver, de leur mettre la main dessus…  

 

Il frappa du poing sur le plateau, faisant tressauter les stylos et autres bouts de papier encore présents. Il remarqua alors les clichés où figurait Kaori. Il les prit en même temps que le papier posé dessus où un message l’attendait : « Elle a résisté mais le plaisir des sens a été le plus fort... ». Il écrasa le papier dans le creux de sa main et, d’une main fébrile, observa les photos. Kaori y était embrassée par Mick, de force semblait-il, sur une autre, allongée, dénudée sous le corps nu de son ami, se débattant, sur une troisième les yeux voilés, les pommettes rosies, dans une expression qu’il avait trop vue sur le visage de ses conquêtes d’un soir, sur une quatrième, endormie, nue, enlacée par l’américain.  

 

- Ryo ?, l’interpela Umi, sentant sa tension.  

- On m’a laissé un petit souvenir du passage de ma partenaire ici., répondit-il, les dents serrés.  

- Ils l’ont battue ?  

- Mick lui a fait découvrir les joies du sexe et apparemment elle y a pris goût., rétorqua-t-il, amer.  

 

Il ne pouvait imaginer la voir dormir dans les bras de l’homme qui l’aurait agressée. Il ne pouvait croire qu’elle aurait pris du plaisir avec ce même homme. Il ne pouvait simplement pas croire qu’elle avait pris du plaisir avec un autre homme que lui. Il avait toujours pensé qu’il serait là pour empêcher d’autres hommes de lui tourner autour. Il était furieux et il ne savait plus dire si c’était contre lui ou contre elle ou même contre Mick. Il rangea les photos dans sa poche intérieure et ressortit de là.  

 

- Je voudrais repasser par la chambre une dernière fois avant d’appeler Saeko., l’informa Ryo, sombrement.  

- Je t’attends dehors., fit Umi quand ils arrivèrent devant la pièce.  

 

Le nettoyeur ne dit rien et entra dans la pièce. Il avança et s’arrêta faisant face au lit qui avait accueilli les relations intimes de la femme qu’il aimait et de l’homme qu’il avait considéré comme son meilleur ami. Pris d’une rage incontrôlable, il prit une chaise et la balança violemment contre une armoire. Il saccagea toute la pièce, laissant sa fureur déferler. Quand il eut fini, il se laissa tomber assis sur le lit, seul épargné par sa rage, la tête dans les mains, les yeux fermés. Il reprit lentement le contrôle de lui-même et rouvrit les yeux, prêt à partir. Il avisa alors l’un des briquets de Mick à terre et le ramassa. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu. La dernière fois, il lui avait dit qu’il était en panne mais qu’il le gardait comme une relique du passé… encore une, sourit amèrement Ryo. Il le mit avec les photos et ressortit de la pièce.  

 

- Tu as trouvé quelque chose ?, demanda Umi.  

- Le calme., répondit Ryo.  

 

Il passa devant son ami qui fronça les sourcils : il n’aimait pas ce qu’il ressentait. Cette aura-là faisait partie du passé pour lui et il ne pensait pas la revoir un jour : l’ange de la mort. Qui allait être sa cible ? La seule qu’il écartait était Kaori. Ryo n’était pas capable de tirer sur une femme mais Umi n’était pas sûr que son sort serait plus enviable si elle était dans sa ligne de mire. Elle serait peut-être en vie mais il pouvait la détruire moralement. Il se sentait le devoir de la protéger, le cas échéant. Il veillerait au grain. Résolu, il emboîta le pas de son ami et ils regagnèrent la mini d’où ils appelèrent Saeko pour lui donner le lieu précis et lui dire qu’il pouvait être investi par les forces de police.  

 

Ils se dirigèrent vers la clinique du Professeur et y furent accueillis par Miki qui patientait dans le jardin.  

 

- Falcon !, cria-t-elle en le voyant arriver.  

 

Elle se jeta à son cou, rassurée de le revoir en un morceau. Umi se mit à fumer au travers de son crâne rouge, embarrassé. Ryo les regarda mais ne ressentit rien au travers des barrières qu’il avait à nouveau dressées.  

 

- Je vous laisse. Je vais voir le vieillard., dit-il d’un ton neutre.  

- Attends. Vous avez du nouveau pour Mick et Kaori ?, demanda Miki, inquiète.  

- Explique-lui, Umi., fit le nettoyeur, blasé.  

 

Ryo partit en direction du bâtiment et entendit de loin un « quoi ? » interloqué de Miki. Pas besoin de demander ce que son mari venait de lui apprendre. Il entendit des pas s’approcher et soupira d’ennui par avance. Miki le rattrapa et le força à s’arrêter.  

 

- Tu ne peux pas croire qu’elle ait volontairement accepté cela.  

- Je ne crois rien, Miki. Je ne fais que constater., répondit-il d’une voix neutre.  

- Elle t’aime. Elle n’aurait jamais voulu cela., réitéra-t-elle.  

- Regarde par toi-même., dit-il, lui tendant les photos.  

 

Miki les prit d’une main tremblante et les regarda en fronçant les sourcils. Elle les lui rendit, les larmes aux yeux.  

 

- Tu penses ce que tu veux, Ryo. J’ai confiance en Kaori.  

- Tu ne sais pas ce qui lui passe dans la tête., rétorqua-t-il d’une voix dure.  

- En tous cas, elle ne mérite pas que tu la juges sur des photos sans avoir sa version des faits., lui opposa l’ex-mercenaire.  

- Elle a toujours été là pour toi, Ryo. Elle n’a jamais perdu confiance en toi malgré tout ce que tu lui as fait vivre. Elle mérite que tu sois là pour elle.  

- Je la retrouverai et la ramènerai. Pour le reste…  

 

Il ne termina pas sa phrase et les planta sans plus un mot pour entrer dans le bâtiment. Il trouva le Professeur dans son bureau. Il ne tourna pas autour du pot et lui confia le drap pour analyse, lui demandant sa discrétion. Il n’ajouta rien et repartit, souhaitant se retrouver seul.  

 

Il croisa Kazue dans les couloirs. Il sentit son coeur se serrer à sa pâleur et aux cernes sous ses jolis yeux d’habitude pétillant de vie et de joie.  

 

- Tu as des nouvelles ?, lui demanda-t-elle, la voix pleine d’espoir.  

- On a retrouvé leur planque mais ils venaient de la quitter. Je peux juste te dire que Mick est vivant.  

- Et Kaori est avec lui ?, s’enquit-elle d’une petite voix.  

- Oui.  

- Pourquoi Ryo ?  

 

Il détourna les yeux, ne supportant le désarroi et la douleur de son regard.  

 

- Je ne sais pas., murmura-t-il.  

- Laisse-moi rentrer avec toi ce soir, Ryo. Je ne veux pas dormir ici. J’ai… J’ai besoin d’être avec toi., l’implora-t-elle.  

 

Il hésita un moment puis acquiesça. Kazue alla chercher ses affaires et le rejoignit quelques minutes plus tard. Ils croisèrent Umi et Miki qui les regardèrent surpris. Le mercenaire interpela son ami qui fit marche arrière.  

 

- Ne fais pas de connerie, Ryo., lui conseilla-t-il.  

- Ne t’inquiète pas, Umi. Je ne suis pas à une près., ironisa-t-il, le laissant de nouveau.  

 

Ils rentrèrent à l’appartement, silencieusement.  

 

- Tu n’as pas mangé depuis quand ?, lui demanda Kazue.  

- Je ne sais plus. Hier peut-être…, répondit-il.  

- Je vais nous préparer quelque chose. Ca nous fera du bien.  

 

Elle le laissa pour aller en cuisine et, une demie-heure après, ils étaient attablés, mangeant en silence, chacun perdu dans leurs pensées. Après le repas, Ryo monta fumer une cigarette pendant qu’elle faisait la vaisselle. Il laissa son regard errer sur la ville cherchant l’apaisement. Où était-elle ? Etait-elle à nouveau dans ses bras, expérimentant les plaisirs de la chair ? La faisait-il vibrer comme il était sûr qu’elle en était capable ? Le transportait-elle dans un monde merveilleux où il perdrait la tête ? Il sentit la jalousie le mordre.  

 

- Mick a enlevé Kaori ?, entendit-il soudain derrière lui.  

 

Il disciplina ses traits pour ne pas se trahir face à Kazue.  

 

- Pourquoi dis-tu cela ?, l’interrogea-t-il innocemment.  

- J’ai entendu Miki en parler avec le Professeur., avoua-t-elle.  

- Pourquoi l’a-t-il fait d’après toi ?  

- Je ne sais pas., mentit-il, préférant éviter de la blesser tant qu’il n’était pas sûr.  

- Tu… Tu veux bien me prendre un peu dans tes bras ? J’ai froid là., lui dit-elle, posant une main sur son coeur.  

 

Il l’enveloppa amicalement et elle se blottit contre lui. Il sentit soudain sa tension retomber et elle se mit à pleurer. Il la serra un peu plus, triste pour elle et furieux de la douleur qu’elle allait bientôt affronter. Mick avait plongé la femme qui l’aimait dans une attente infernale, il les avait trahis tous les deux. Et Kaori… Il ne savait pas encore à quel point elle avait fauté mais le seul fait de savoir qu’elle avait pris du plaisir dans ses bras le mettait dans une colère noire. Il se concentra néanmoins sur le moment présent et la jeune femme qu’il tenait entre ses bras. Il chassa ses idées sombres et attendit qu’elle se calma.  

 

- Merci, Ryo. Merci d’être là., murmura-t-elle lorsqu’elle se calma enfin.  

- Je t’en prie. J’ai enfin une bonne excuse pour te tenir dans mes bras sans risquer une seringue ou une massue., plaisanta-t-il, tentant d’alléger l’ambiance.  

 

Il l’entendit rire légèrement et baissa les yeux vers elle lorsqu’elle s’écarta de lui.  

 

- Tu es un homme bien, Ryo., lui dit-elle.  

 

Ils s’observèrent un moment et, comme hypnotisés, leurs lèvres se trouvèrent. 

 


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