Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 28 chapters

Published: 05-12-19

Last update: 03-01-20

 

Comments: 58 reviews

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DrameAction

 

Summary: NC-17 - Mick disparaît et son absence rouvre des plaies mal refermées...

 

Disclaimer: Les personnages de "Que passe un ange... " sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Que passe un ange...

 

Chapter 16 :: Chapitre 16

Published: 21-12-19 - Last update: 21-12-19

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires qui me font chaud au cœur. Rkever, je n'ai jamais caché que je publiais sur HFC des histoires déjà publiées auparavant. donc oui, l'histoire était déjà écrite. Je ne me laisse pas influencer par les commentaires car les histoires sont déjà longuement réfléchies avant d'être écrite sinon je ne pourrais pas tenir le rythme de publication. Ne me faites pas dire que vos commentaires sont inutiles bien au contraire puisqu'ils m'aident à progresser dans mon travail (qui reste un loisir bien heureusement ;) ) et m'encouragent. Alors continuez tant que l'envie vous dit. Bonne lecture et merci encore^^

 


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Chapitre 16  

 

Après une heure passée avec leur enfant, le Professeur vint retrouver Ryo et Kaori. Il réussit à les convaincre de lui confier leur fille pour qu’il put l’examiner. Il voulait pouvoir répondre à leurs questions de manière claire et précise le moment venu, se doutant que comprendre ce qui était arrivé à Eirin, prénom qu’ils lui avaient donné, leur permettrait de soulager un peu leur angoisse et leur culpabilité.  

 

Ils restèrent un moment silencieux, toujours enlacés, jusqu’à ce que Kaori s’endormit. Se souvenant qu’Eriko n’avait pas voulu rentrer, Ryo décida d’aller la voir. Il voulait également prévenir Sayuri et toute la bande et gérer la veillée funèbre. Ils descendit donc dans la salle d’attente des urgences après avoir prévenu une infirmière. Il trouva d’abord les téléphones et composa le numéro de la journaliste. Il attendit qu’elle décrocha, passant une main sur son visage pour chasser la fatigue. Jetant un œil vers l’extérieur, il vit que la neige avait cessé de tomber et qu’un beau soleil d’hiver nimbait les arbres nus d’une froide lumière.  

 

- Allô ?  

- Sayuri, c’est Ryo.  

- Que se passe-t-il ?, demanda Sayuri, la voix tendue, après quelques secondes de silence.  

- Kaori a eu un accident à l’aéroport. Elle… le bébé est mort., lui apprit-il.  

 

Il entendit le sanglot étouffé qu’elle laissa échapper.  

 

- Je… Je prends le premier avion. Je serai là demain.  

- D’accord.  

- Comment va Kaori ?  

- Elle est dévastée. C’est… C’est dur., souffla-t-il.  

- Courage. Je te laisse. Je dois me dépêcher.  

- A demain, Sayuri.  

 

Il raccrocha et se tourna vers le hall, trouvant rapidement Eriko, endormie dans un coin. Il approcha d’elle, prenant place à ses côtés, et l’appela doucement. Elle se réveilla au bout de quelques secondes, légèrement désorientée. Elle observa ses traits, angoissée.  

 

- Alors ?, l’interrogea-t-elle.  

- Le bébé n’a pas survécu., dit-il simplement.  

- C’est pas vrai…, souffla-t-elle.  

- Mais que s’est-il passé ?  

- Je ne sais pas. Son coeur battait, elle dormait. Elle s’est réveillée, se plaignant d’avoir mal au ventre. Quelques secondes après, les battements de coeur ont ralenti jusqu’à s’arrêter. Elle a perdu les eaux. Ils lui ont fait une césarienne en urgences mais ça n’a pas été suffisant pour sauver notre fille., lui résuma-t-il, sentant la peine revenir.  

- Une fille…  

- Eirin, c’est le prénom qu’on lui a donné. Elle était parfaite, Eriko. Elle était si belle., soupira-t-il, sentant les larmes revenir.  

 

Il ne put rien faire pour les empêcher de tomber et la styliste passa un bras autour de ses épaules pour le soutenir. Elle ne l’avait jamais vu ainsi et, si elle avait douté qu’il n’aimait pas cet enfant, elle en aurait été pour ses frais.  

 

- Je peux prévenir les autres si tu veux., lui proposa-t-elle, malgré les larmes qui s’amoncelaient dans ses yeux.  

- Préviens Miki. Pour ce qui est de Mick et Kazue, je ne sais pas si elle voudra les voir. Dis-leur à tous de ne pas venir ici. Je ne pense pas qu’on restera encore longtemps.  

- Très bien.  

- Rentre chez toi, Eriko. Tu as besoin de te reposer aussi. Je retourne auprès de Kaori.  

 

Elle acquiesça et il la quitta, retournant auprès de sa partenaire. Quand il entra, le Professeur était assis dans un coin, veillant le sommeil de la jeune femme.  

 

- Où est le bébé ?, demanda Ryo.  

- A la morgue. Je me suis arrangé avec un de mes amis pour la veillée funèbre. Il la transportera dans une heure et vous pourrez la rejoindre cette après-midi.  

- Kaori doit rester hospitalisée ?  

- Après sa césarienne, oui pendant quelques jours. J’ai demandé une autorisation de sortie sous décharge. Vous aurez l’après-midi avec la petite et, ce soir, elle dormira à la clinique.  

- Merci.  

- Comment tu vas, Ryo ?, s’inquiéta le vieil homme.  

 

Le nettoyeur se massa le cou pour en chasser la tension.  

 

- Je ne sais pas. J’ai mal d’avoir perdu cette enfant que je n’ai presque pas connue. Je suis heureux de savoir Kaori de retour. J’espère qu’on trouvera le moyen d’avancer mais je ne sais pas si elle m’en laissera l’opportunité maintenant qu’il n’y a plus rien pour nous lier. Je l’ai brisée, doc, je lui ai fait du mal comme jamais et, sans le bébé, je pense qu’elle serait déjà loin.  

- Si je peux te donner un conseil, Ryo : si tu veux la garder, en faire ta femme, fais tout ce qui est en ton pouvoir, sinon, laisse-la partir, vous vous faites du mal. C’est déjà allé beaucoup trop loin une fois, il ne faut pas que ça recommence.  

- Je la veux à mes côtés comme elle aurait dû l’être depuis longtemps. Je me battrai pour cela sauf si elle est vraiment décidée à partir., admit-il.  

- Bien. Alors bonne chance. Si tu veux, rentre chez toi une heure ou deux le temps de te doucher et changer. Ca te ferait du bien de prendre l’air.  

- Je ne veux pas la laisser seule.  

- Je reste ici jusqu’à ce qu’elle sorte. Je vous laisserai avec votre enfant le temps d’aller faire un tour à la clinique.  

 

Ryo tergiversa un moment puis céda et rentra chez lui, se douchant rapidement, changeant de vêtement. Il se fit un café mais fut incapable d’avaler quoi que ce soit d’autre. Il s’arrêta devant la pièce qui faisait face à sa chambre, pièce voisine à la chambre de Kaori dans laquelle avaient longtemps été entassés des cartons de toute sorte. Il regarda, le coeur serré, le lit de bébé qu’il avait monté, la table à langer et l’armoire. Ca avait été l’un de ses derniers projets, quelque chose qui devait montrer à la jeune femme qu’il voulait faire partie intégrante de leur vie. Il n’en avait parlé à personne, ne voulant pas risquer de voir l’information fuiter. Il attrapa le doudou qu’il avait acheté impulsivement et l’emporta avec lui, refermant doucement la porte. Il avait le temps d’aviser de ce qu’il ferait de tout cela plus tard. Il passa par la chambre de Kaori et prit quelques vêtements de rechange et ce qu’il trouva en affaires de toilette. Il s’arrêta dans une supérette sur le chemin qui le menait à l’hôpital pour compléter.  

 

Lorsqu’il arriva dans sa chambre, elle s’était réveillée. Le Professeur l’auscultait, vérifiait la cicatrice de la césarienne et donna son feu vert pour la sortie. Elle lui lança un regard perdu et il s’approcha d’elle, prenant place à ses côtés.  

 

- Où est Eirin ?, demanda-t-elle.  

- Un de mes amis l’a emmenée pour la veillée. Vous allez la rejoindre bientôt., lui apprit le médecin.  

- Je l’ai auscultée ainsi que le placenta et le cordon. Je peux vous expliquer ce qui est arrivé si vous en avez besoin.  

 

Les deux parents se regardèrent et acquiescèrent.  

 

- Le cordon a été fragilisé pendant la chute. Il y avait certainement une anomalie et un anévrisme s’est formé qui a éclaté. Le bébé n’était plus alimenté. Il n’avait rien et, si on l’avait repéré plus tôt, on aurait pu le mettre au monde. Mais c’est le problème des anévrismes : c’est très soudain et on a rarement le temps d’intervenir., leur expliqua-t-il, désolé.  

- Merci Professeur., murmura Kaori, la voix étranglée.  

- De rien, Kaori. Tu pourras te préparer à sortir.  

- Je t’ai ramené des vêtements propres et de quoi te laver, si tu veux., proposa Ryo.  

 

Il entendit son ami se racler la gorge et se tourna vers lui. Le Professeur regarda avec insistance les mains de la jeune femme et Ryo comprit alors le dilemme. Elle ne pouvait pas se débrouiller seule. Kaori détourna les yeux par pudeur, les joues légèrement rouges.  

 

- Je vais faire les papiers., annonça le vieil homme, s’en allant.  

- Si tu veux, je peux… enfin, je veux dire, je peux t’aider., bafouilla le nettoyeur.  

- Je crois que je n’ai pas trop le choix., murmura-t-elle.  

 

Nerveux, il alla au lavabo mouiller le gant et le savonner et revint vers elle. Il le passa délicatement sur son visage et dans son cou. Les doigts fébriles, il défit les cordons qui tenaient sa blouse et descendit le tissu, s’arrêtant à la limite de sa poitrine.  

 

- Tu les as déjà vus… marmonna-t-elle, gênée.  

 

La pudeur soudaine du nettoyeur la mettait très mal à l’aise. Il avait l’habitude de déshabiller les femmes et l’avait déjà vue nue alors il n’y avait pas de quoi faire tant d’histoires…  

 

- Je sais mais ce n’est pas pareil…  

- Pourquoi ? Parce que j’ai des ecchymoses et que c’est moins excitant ? Parce que ma poitrine est trop pleine ou que j’ai donné naissance à notre fille ?, demanda-t-elle agressivement.  

- Parce que je t’aime et que la dernière fois, je t’ai blessée., répondit-il, la culpabilité perçant dans sa voix.  

 

Elle se sentit touchée par son aveu et, le cumul du stress aidant, elle se mit à pleurer. Cette dernière fois, ils avaient aussi conçu un bébé qu’ils venaient de perdre… C’était dur et elle ne savait plus où elle en était. Il remonta la blouse sur elle et la prit dans ses bras, la berçant doucement.  

 

- Je me sens vide, Ryo, vide et inutile. J’ai l’impression d’être morte avec elle. Elle était ce qui me permettait de tenir. Comment je vais faire sans elle ?, pleura-t-elle.  

- Un jour à la fois, Kaori. Prends le temps. Tu es épuisée et sous le choc. Je serai là pour toi si tu le veux. Je voudrais vraiment qu’on puisse faire le deuil d’Eirin à deux, que tu puisses te reposer sur moi tant que tu en auras besoin.  

- Combien de temps, Ryo ? Combien de temps seras-tu capable de rester avec moi avant que tu ne repartes à nouveau, que tu me blesses à nouveau ? Je ne le supporterai plus.  

- Je ne veux plus m’enfuir, je ne veux plus te blesser. Je suis prêt à rester pour le restant de mes jours.  

 

Elle s’écarta légèrement de lui pour le regarder droit dans les yeux et lut sa sincérité. Malgré tout, elle ne put y croire : c’était bien connu, chat échaudé craint l’eau froide.  

 

- Je n’arrive pas à te croire. Je ne sais même pas si j’ai envie d’y croire. Je ne sais pas si j’ai encore envie de faire l’effort. Pour moi, Eirin était la dernière chose qui nous liait et j’étais prête à beaucoup de choses pour elle mais…  

 

Elle se mordit la lèvre pour réprimer les sanglots qui menaçaient de revenir.  

 

- Mais elle n’est plus là. Nous n’avons plus d’obligation l’un envers l’autre, je le sais. Mais, je ne veux pas te perdre., admit Ryo.  

- Tu m’as déjà perdue., murmura-t-elle.  

 

Ryo prit son menton entre ses doigts et l’obligea à lui faire face. Son regard était empreint de douceur et de tendresse pour elle.  

 

- Sans aucune prétention de ma part, je n’en suis pas si sûr mais je te laisserai du temps. Tu vas devoir passer quelques jours à la clinique mais après, je voudrais que tu reviennes à la maison.  

- A la maison ? Quelle maison Ryo ? C’est ton appartement, pas le mien., répondit-elle amère.  

- J’en ai été l’occupante provisoire, la femme de ménage, ce que tu voudras, mais ce n’est pas chez moi. C’est chez toi., renchérit-elle.  

- C’est là où tu as tort. Je n’ai eu un chez moi qu’à partir du jour où tu y as emménagé. Tu en as fait une maison. Avant, j’avais juste quatre murs et un toit. C’était froid, sale, un endroit juste bon pour dormir et prendre une douche. Ce n’était pas un endroit où je me plaisais à rentrer.  

- Mais je suis arrivée et j’ai tenu l’endroit en ordre, propre. Tu avais quelqu’un pour te faire à manger même si ce n’était pas bon, faire tes lessives et repasser ton linge. Dommage que je n’étais pas assez bonne à ton goût, sinon tu aurais aussi pu soulager tes pulsions sexuelles…, railla-t-elle, ses yeux lançant des éclairs.  

 

Ryo était nerveux et il se leva. La tentation était grande d’aller dans son sens et fuir tout cela. C’était une conversation plus qu’éprouvante pour lui mais elle méritait qu’il dépassa ses limites. S’il abandonnait maintenant, il la perdrait définitivement et cela, il ne le pouvait pas.  

 

- Tu n’y es pas, Kaori. Ta présence seule a suffi à faire de cet endroit une maison. Tu as apporté de la chaleur et des rires dans ma vie. C’est comme si tu avais fait entrer la lumière dans l’appartement. On pourrait même déménager dans un igloo, dans une yourte au fin fond de la Mongolie. Tant que tu serais là, je me sentirais à la maison.  

 

Kaori leva les yeux et croisa son regard : le voile se déchirait sur des années de solitude. Ca lui faisait simultanément du mal et du bien qu’il lui avoua cela.  

 

- Pourquoi tu fuyais alors ? Pourquoi tu te comportais comme si tu t’en fichais ?  

- Parce que… parce que je ne pouvais pas te laisser approcher., avoua-t-il.  

 

Elle le regarda les yeux écarquillés, incapable de dissimuler ses émotions. Incompréhension, soulagement, colère et désillusion bataillaient ferme.  

 

- Je ne comprends pas, Ryo. Tu veux dire que tout ce temps, tu m’as menti ?  

- Oui.  

- Et aujourd’hui, tu me dis que tu veux de moi ?  

- Oui.  

- Pourquoi je devrais te croire ?, lui demanda-t-elle.  

 

Il détourna le regard, touché plus qu’il n’aurait voulu l’admettre. Il fallait croire qu’inconsciemment, il avait espéré que lui dire de belles phrases suffirait…  

 

- Pourquoi je devrais prendre pour argent comptant ce que tu me dis aujourd’hui alors que tu n’as cessé de me mentir ? Y a-t-il au moins un jour où tu as été honnête avec moi ?  

 

Oui, pensa-t-il, même si elle ne se souvenait pas de certains.  

 

- Il y en a eu comme le jour où tu as été enlevée par Kreutz. Je n’ai pas menti sur mes sentiments pour toi. Seulement je n’ai pas su aller au-delà., avoua-t-il.  

- Je… Je ne sais pas, Ryo. Tu ne peux pas juste me demander de rentrer et espérer que tout va s’arranger parce que tu m’avoues avoir menti pendant des années. C’est… c’est trop facile., soupira-t-elle.  

- Je sais. Promets-moi juste d’y réfléchir. Si tu ne le fais pas pour nous, fais le juste pour toi. Ca te donnera le temps de reprendre le dessus, de décider ce que tu veux faire de ta vie. Je ne t’obligerai pas à rester. Je respecterai tes choix.  

 

Elle sonda son regard un moment puis acquiesça. Elle n’avait après tout nul part où aller, à part squatter chez des amis, et elle avait des habitudes à l’appartement.  

 

- Je vais y réfléchir. Tu m’aides à m’habiller, s’il te plaît ?  

 

Il sortit les vêtements et sous-vêtements et l’aida prudemment à cause de sa cicatrice et des ses deux mains blessées. Les débuts furent plus que gênants lorsqu’il fallut parer au problème de suite de couches et ce fut un Ryo rouge tomate qui mit en place une serviette hygiénique sur la culotte qu’il enfila ensuite à sa partenaire qui aurait pu en rire si elle n’avait pas été elle aussi rouge de honte. Lorsqu’il retira la blouse d’hôpital pour l’aider à passer son soutien-gorge, il ne put s’empêcher de s’émouvoir à la vue de ce corps meurtri mais dont il se souvenait de la douceur et de la façon dont il s’imbriquait parfaitement au sien.  

 

- J’aurais dû t’acheter un poncho., plaisanta-t-il en sortant un gilet, à enfiler au dessus d’un chemisier.  

- Oui. On peut juste le poser sur mes épaules et tu attacheras le premier bouton uniquement.  

 

Délicatement, communiquant simplement, il réussit à l’habiller sans trop de souci et, lorsque le Professeur arriva avec un fauteuil roulant, il finissait de lui brosser les dents. Il jeta un regard malicieux aux deux.  

 

- Il a été sage ?, demanda-t-il, désignant Ryo du menton.  

- Oui. Je peux sortir ?, l’interrogea-t-elle, anxieuse, son regard se voilant de tristesse.  

 

Elle voulait retrouver sa fille, pouvoir la voir encore le temps qu’elle serait là, la tenir dans ses bras et mémoriser ses traits. Ryo la comprenait et avait le même envie qu’elle mais il y avait un point à régler car la veillée funèbre aurait lieu le soir même. Il s’assit à ses côtés et prit sa main bandée délicatement.  

 

- Kaori, Eriko a prévenu Miki de ce qui est arrivé et moi, j’ai eu ta sœur qui arrive cette après-midi. Tu acceptes leur présence à tous à nos côtés ?, lui demanda-t-il.  

- Oui, bien évidemment.  

- Et celle de Mick et Kazue ?, ajouta-t-il avec beaucoup d’hésitation.  

 

Il sentit ses doigts se crisper sur les siens. Il devait lui poser la question : c’était à elle de choisir. Elle baissa les yeux et réfléchit un instant. Elle tenait encore Mick pour responsable de tout cela et n’avait pas encore réussi à passer l’éponge. Elle n’était pas sûre de pouvoir supporter sa présence alors qu’elle venait de perdre son bébé et encore moins celle de Kazue avec son ventre rond et leur enfant bien en vie.  

 

- Je ne préférerais pas., murmura-t-elle.  

- C’est peut-être monstrueux de ma part mais je n’ai pas envie de les voir., avoua-t-elle.  

- Kaori, je ne t’en veux pas., la rassura-t-il.  

- Allez, viens, on s’en va d’ici., dit-il, la soulevant du lit pour la poser dans le fauteuil.  

 

Ils quittèrent l’hôpital et rapidement se retrouvèrent aux pompes funèbres qui s’occupaient de leur bébé. Eirin avait été habillée et enroulée dans une couverture. Ils furent installés dans une salle qui donnait sur une terrasse et, malgré le froid hivernal, ils restèrent un long moment dehors à trois dans le plus grand des silences. Dans le courant de l’après-midi, Miki et Umibozu arrivèrent, bientôt suivis d’Eriko toujours aussi pâle. Un peu plus tard, ce fut Sayuri qui se présenta en compagnie du Professeur qui avait été la chercher à l’aéroport.  

 

- Nous sommes au complet., souffla Ryo peu après, regardant Kaori.  

- Mick et Kazue…, commença Miki étonnée.  

- Je ne les ai pas appelés., répondit-il, coupant court.  

 

Une main posée sur son épaule par son mari avertit la jeune femme de ne pas poser plus de questions.  

 

- Je vais prévenir les employés qu’on peut procéder., proposa le nettoyeur, le coeur lourd.  

- Attends encore un peu, s’il te plaît., murmura Kaori, dont les larmes couraient librement sur ses joues.  

 

Elle caressait sans discontinuer le visage du bébé, n’arrivant pas à la laisser. Elle avait le terrible sentiment de l’abandonner alors qu’elle savait qu’il n’en était rien, qu’Eirin n’était déjà plus.  

 

- Dis-lui au revoir, Kaori., lui conseilla-t-il.  

- Je n’y arrive pas., hoqueta-t-elle.  

- Tu es forte, ma chérie. Eirin ne sera pas seule là-haut. Je suis sûre que ton frère s’en occupe déjà., tenta de l’encourager Sayuri malgré sa gorge serrée.  

 

Ryo lui lança un regard reconnaissant. Même s’il paraissait détaché, il n’en menait pas large et se montrait juste fort pour elle.  

 

- Souviens-toi, Kao : elle est là avec Hide., enchaîna Ryo, posant une main sur son coeur.  

 

Kaori lui lança un regard torturé puis déposa un baiser sur le front de sa fille qu’elle tendit ensuite à Ryo.  

 

- Ne me la redonne pas : je ne serais plus capable de la lâcher., avoua-t-elle.  

 

Elle regarda tous leurs amis et sa sœur dire au revoir au bébé puis vit Ryo partir. Instantanément, ils l’entourèrent, les deux mains d’Umi sur ses épaules l’empêchant de bouger. Elle aurait certainement sauté de son siège sinon.  

 

Ryo prit quelques minutes seuls pour dire au revoir à sa fille également puis la confia au personnel. La cérémonie rituelle fut rapide et le cercueil d’Eirin fut bientôt transporté dans une autre pièce. Deux heures plus tard, les employés revinrent et tendirent respectueusement au père une urne contenant les cendres de leur enfant. Bientôt tous quittèrent les lieux et regagnèrent leurs domiciles ou la clinique.  

 

- Est-ce qu’elle risque de croiser Kazue ?, demanda Ryo, inquiet.  

 

Ils venaient de quitter le chevet de Kaori qui s’était endormie, aidée par un sédatif, et se trouvaient dans le couloir.  

 

- Normalement non. Elle ne travaille plus depuis hier et son prochain rendez-vous est prévu dans deux semaines. Kaori sera sortie d’ici là. Je ne la garderai pas plus de deux ou trois jours. Elle rentre chez toi après ?  

- Je ne sais pas. Je lui ai proposé mais je ne suis pas sûr qu’elle acceptera.  

- Sois patient. Elle est épuisée moralement et physiquement et les jours qui viennent risquent d’être durs car elle subira les contre-coups de l’accouchement sans le bébé qui va avec.  

- C’est-à-dire ?  

- Montée de lait, perte de sang, fatigue et chute des hormones…, le prévint le médecin.  

 

Ryo soupira de dépit. Il espérait vraiment que les choses allaient enfin tourner en leur faveur…  

 

- Va te reposer, Ryo. Essaye de manger aussi. Elle remontera la pente, elle est forte.  

- J’espère Doc.  

 

Il le laissa et regagna son appartement où l’attendait Sayuri. Il tenait dans ses mains l’urne funéraire, cette urne qui resterait chez eux quarante neuf jours avant d’être mise dans la stèle des Makimura comme l’avait souhaité Kaori. Il chercha du regard où la poser.  

 

- Mets-la là., lui indiqua Sayuri, dégageant un endroit sur une étagère.  

- Tu as raison, elle sera à l’abri., dit-il, calculant que l’emplacement était dans un angle mort.  

- Comment tu vas, Ryo ?, lui demanda la journaliste avec sollicitude.  

- J’ai perdu ma fille et certainement la femme que j’aime. Comment veux-tu que j’aille ?, répondit-il cyniquement.  

- Bats-toi pour elle, Ryo. Eirin est morte et c’est triste mais vous êtes vivants et, même si tes intentions étaient mauvaises quand elle a été conçue, c’est bien parce qu’il existait des sentiments plus profonds, non ?  

- Oui et tu le sais bien.  

- Ces sentiments sont toujours là ?, l’interrogea-t-elle, lui touchant le coeur.  

- Oui.  

- Alors, il faut qu’elle le sache et il faut que tu lui redonnes confiance parce que Kaori ne peut pas vivre sans toi et ce ne sont pas seulement les deux derniers mois qui me l’ont appris. Cela fait quatre ans que je le sens à travers nos discussions et nos lettres. Elle est toi comme tu es elle et il est temps que vous soyez un tout. Si la mort d’Eirin doit avoir servi à quelque chose, ce doit être à cela.  

 

Ryo regarda la jeune femme et lut toute l’assurance qu’elle avait en ses paroles. Elle aurait pu lui en vouloir pour ce qui arrivait à sa sœur mais elle l’encourageait au contraire à persévérer. Il était de plus lui-même persuadé que s’il ne tentait pas sa chance avec Kaori, il faillirait à sa fille, à sa mémoire. Un ange était passé dans sa vie qui lui avait fait réaliser que les miracles existaient même issus du plus profond des ténèbres. Elle était en eux et, s’ils n’essayaient pas, elle mourrait définitivement. Il sentit le doudou au fond de sa poche. Le sortant, il se leva et le posa à côté d’elle. 

 


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