Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 28 chapters

Published: 05-12-19

Last update: 03-01-20

 

Comments: 58 reviews

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DrameAction

 

Summary: NC-17 - Mick disparaît et son absence rouvre des plaies mal refermées...

 

Disclaimer: Les personnages de "Que passe un ange... " sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How many words are necessary in a chapter?

 

For normal fanfictions, the minimum is 600 words. For poetry, the minimum is 80 words and for song fics, the minimum is 200 words. These values can be change at any moment, if we think it's necessary. The average is 1500 words per chapter, so you can see that the minimum we're asking for is quite less.

 

 

   Fanfiction :: Que passe un ange...

 

Chapter 19 :: chapitre 19

Published: 24-12-19 - Last update: 24-12-19

Comments: Bonjour, la suite de l'histoire. Merci à toutes pour vos commentaires. Sofia, pour mémoire, Ryo et Kazue n'ont fait que dormir ensemble dans le même lit. Eh oui notre étalon s'est bien comporté et n'en a pas profité alors… je n'en profiterai pas non plus. Un chapitre peut-être un peu dur mais qui fait la bascule. Bonne lecture et merci pour vos reviews^^. Pas de MAJ demain, je vous souhaite à tous un très joyeux Noël

 


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Chapitre 19  

 

Tous deux habillés d’un haut blanc sur un bas noir, Kaori et Ryo se retrouvèrent dans le salon, fixant l’urne d’Eirin. Le jour de l’enterrement était arrivé et ils avaient du mal à accepter cette dernière séparation avec leur fille. Cela faisait sept semaines, quarante-neuf jours, maintenant qu’elle était née et décédée sans avoir eu le temps de pousser un cri dans ce bas monde, quarante-neuf jours qu’ils avaient passé dans les limbes d’une relation perdue à tenter de définir ce que pourrait être leur relation à venir, autant de jours de douleurs et de larmes, autant de jours à espérer un avenir meilleur avec ou sans l’autre.  

 

- Je n’arrive pas à croire que ça fait déjà tout ce temps qu’elle est partie., murmura Kaori.  

- Il faut y aller., répondit Ryo qui avait du mal à garder son sang froid.  

 

Il ignora le regard blessé de sa partenaire et, après avoir enfilé une veste noire, prit l’urne et le doudou. Il sentait ses mains trembler contre la boite et réprimait difficilement les larmes qui montaient. Il s’était juré de ne pas craquer aujourd’hui. Il avait laissé libre cours à son chagrin pendant la nuit et le ferait de nouveau celle qui suivrait si nécessaire mais il se montrerait fort pour Kaori. C’était elle qui souffrait le plus et qui avait besoin de soutien.  

 

Elle mit sa veste noire et le suivit sans mot dire mais son attitude froide et distante lui faisait mal. Depuis le jour de la naissance d’Eirin, elle ne l’avait pas vu pleurer, triste peut-être une fois ou deux quand ils parlaient d’eux deux, mais il semblait surtout détaché, indifférent. Il lui avait dit qu’il l’aimait, qu’il voulait d’une vie à deux. Il avait avoué lui avoir menti pendant des années et bien des choses avaient changé mais ça ne lui suffisait pas. La mort d’Eirin le laissait indifférent et elle n’arrivait pas à l’accepter.  

 

Quand ils arrivèrent au cimetière, Miki, Umibozu, Saeko et Reika étaient déjà là. Une voiture s’arrêta peu après et Mick et Kazue, Samuel dans les bras, en sortirent. Eriko et le Professeur ne tardèrent pas. Kaori aurait aimé avoir Sayuri à ses côtés mais elle n’avait pas pu se libérer une deuxième fois en si peu de temps. Sentant la main de Ryo dans son dos, elle se tourna vers le cimetière et avança vers la stèle de son frère. Elle avait décidé de lui confier sa fille, ce dont Ryo lui avait secrètement été reconnaissant. Discrets, les employés du cimetière attendaient, laissant le temps aux personnes de faire leurs au-revoir.  

 

- Tu nous as quittés beaucoup trop tôt, mon ange. J’aurais aimé te voir grandir et t’épanouir mais tu es partie avant même de nous avoir montré la couleur de tes yeux. Tu vas nous manquer, Eirin. Je te confie au soin de ton oncle. Occupe-toi bien d’elle, aniki., bafouilla la maman, les larmes roulant sur ses joues.  

 

Elle sentit une main dans son dos et releva le visage vers Ryo qui avait un regard sombre… mais sec.  

 

- Adieu Eirin., dit-il simplement.  

 

C’était le mieux qu’il pouvait. Il ne trouvait aucun autre mot assez juste et, s’il avait dû en dire plus, il se serait effondré et il ne pouvait pas.  

 

Ils sentirent leurs amis s’approcher et les entourer et, au bout d’un certain temps, les employés s’approchèrent pour mettre l’urne et le doudou dans la stèle. Mick et Kazue s’éloignèrent les premiers pour prendre soin de Samuel qui réclamait son repas puis les autres suivirent, laissant les deux parents seuls. Ils restèrent murés dans leurs pensées, dans leur tristesse, pendant de longues minutes, avant de se diriger vers la sortie du cimetière.  

 

- J’ai préparé une collation à l’appartement. Si vous voulez venir, vous êtes les bienvenus., les informa Kaori.  

 

Plus que jamais, elle avait besoin d’eux. Elle venait de prendre une décision radicale quant à son avenir et avait besoin d’un peu de temps pour affronter les conséquences : elle allait partir. Tout était fini pour elle. Elle avait longuement hésité les dernières semaines mais l’attitude de Ryo à l’enterrement avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Elle venait de comprendre qu’en fait, il se fichait d’Eirin. Sa mort l’avait laissé insensible et, encore, c’était le meilleur scénario dans son esprit. Elle ne voulait même pas imaginer qu’il put en être soulagé. Elle ne pouvait pas vivre avec lui dans ces conditions. Mieux valait tirer un trait sur toute cette histoire et repartir sur de bonnes bases, loin de lui, loin de Tokyo. Elle ferait ses bagages définitivement le soir même et irait certainement rejoindre Sayuri à New York. Elle réfléchirait après à ce qu’elle ferait.  

 

Tous acceptèrent et ils prirent la route vers Shinjuku. Kaori mémorisa chaque image de sa ville qui lui manquerait tant par la suite. Elle se sentait triste à l’idée de ne plus revoir ses amis, de ne plus pouvoir venir se recueillir sur la tombe de son frère, son père et de sa fille mais elle devait aller de l’avant.  

 

Ryo était lui aussi plongé dans ses pensées. Il se demandait comment les choses allaient évoluer à partir de maintenant. La période de deuil était passée, même si la douleur était encore présente. Combien de temps devait-il lui laisser avant de tenter un peu plus de la persuader d’aller plus loin ? Une semaine, un mois, plus ? Il ne savait pas. Ce qu’il savait, c’était qu’il avait besoin d’elle pour tenir le coup parce que ça devenait de plus en plus difficile de maintenir le cap sans signe encourageant de sa part. Il avait muselé tous ses sentiments depuis son retour et il avait besoin de pouvoir en laisser s’exprimer quelques-uns sans quoi il allait exploser. Il se sentait bouillir intérieurement et il savait que ce n’était jamais bon.  

 

Ils se retrouvèrent donc bientôt à une dizaine dans l’appartement, assis ou debout, par petit groupes à discuter dans le calme. De fil en aiguille, les conversations se délièrent et l’ambiance se fit un peu plus légère. Eirin n’était pas oubliée mais la vie reprenait doucement ses droits. En parfaite maîtresse de maison, Kaori passait à travers les groupes s’assurant que tous avaient ce dont ils avaient besoin. Elle en profitait pour adresser un petit mot à chacun, le remercier de sa présence, d’avoir été là, de son amitié… Au bout d’un moment, épuisée émotionnellement, elle monta sur le toit prendre l’air et ce fut sans surprise qu’elle vit arriver Umibozu quelques minutes plus tard.  

 

- Tu as décidé de partir, n’est-ce pas ?, lui demanda-t-il.  

 

Elle ne fut même pas surprise qu’il s’en fut aperçu. Il était le plus apte à voir et entendre au-delà des apparences.  

 

- Oui. Tout ça, c’est fini pour moi. J’ai besoin de partir pour me reconstruire., avoua-t-elle.  

- Ryo ?  

- Fini. Il n’est pas l’homme qu’il me faut., répondit-elle simplement, refusant de l’accabler.  

 

Elle n’aurait jamais dû être aussi naïve à son sujet. Elle s’était amourachée d’un homme dur et imperméable aux sentiments. Elle s’était laissée enfermer dans une relation à sens unique. Elle était finalement seule responsable du marasme de sa vie sentimentale. Ryo n’avait été qu’égal à lui-même.  

 

- Je pense que tu fais une erreur mais je respecterai ton choix., affirma Umibozu.  

- Merci, Umi. Merci pour avoir été là et m’avoir protégée. Merci d’avoir aidé Ryo quand il en a eu besoin., lui dit-elle d’une voix émue.  

- Quand pars-tu ?  

- Je fais mes bagages ce soir. Demain, je partirai d’ici et dans la semaine de Tokyo. Je vais aller chez Sayuri si elle m’accepte.  

- Prends soin de toi., lui conseilla-t-il.  

 

Elle acquiesça et il la laissa seule, croisant Ryo qui montait. Il avait besoin de prendre l’air, sentant la douleur reprendre le dessus un peu trop tôt à son goût, leurs amis étant encore là et Kaori pouvant revenir à n’importe quel moment. Pour cela, Eriko lui avait tendu une énorme perche qu’il avait saisie.  

 

- Ca va, Kaori ?, s’inquiéta-t-il.  

- Oui. J’avais juste besoin de prendre l’air. Tout va bien en bas ?  

- Oui. Eriko se demandait où tu étais., l’informa-t-il, la fixant du regard.  

- Je vais redescendre.  

 

Il l’arrêta, une main sur son bras. Il vit la douleur dans ses yeux ainsi qu’une lueur déterminée, sans arriver à dire si c’était bon pour lui ou non.  

 

- Il faudra qu’on parle, Kaori., murmura-t-il.  

- Quand ils seront partis.  

- D’accord.  

 

Elle le laissa seul et descendit rejoindre leurs amis. Ryo la suivit une dizaine de minutes plus tard après avoir repris le dessus sur ses émotions. Une heure plus tard, leur appartement commença à se vider et ils restèrent seuls. Kaori s’éclipsa quelques minutes et revint avec deux tasses de café. Ils prirent place dans le divan et burent leur boisson en silence. La journée avait été chargée émotionnellement et touchait enfin à sa fin.  

 

- Je m’en vais, Ryo., lâcha-t-elle soudain, les yeux rivés sur le liquide noir.  

 

Il releva brusquement la tête. Ce n’était pas ce qu’il était prêt à entendre ce jour-là. Il avait besoin d’elle pour vivre, pour lutter contre le désespoir, contre l’envie de tout laisser tomber et elle l’abandonnait. Il allait se retrouver seul une nouvelle fois. Il sentit son coeur se barricader à nouveau comme avant.  

 

- Pourquoi ?, demanda-t-il, les dents serrées.  

- Nous n’avons plus rien à faire ensemble. Tout est fini. Eirin est enterrée. Il est temps de tourner la page., répondit-elle.  

- Alors tout ce temps que tu as passé ici depuis son décès, ce n’était que cela, l’attente de son enterrement ?  

- Non, je ne savais pas ce que j’allais faire.  

- Qu’est-ce qui t’a décidée ?  

 

Il se leva et se mit à arpenter la pièce, les mains enfoncées dans les poches pour éviter un geste malheureux, le visage sombre. Il avait envie de casser quelque chose, de passer ses nerfs sur ce qu’il trouverait. S’il l’avait pu, il serait descendu à la salle de tir vider un chargeur mais la conversation n’était pas finie.  

 

- Toi.  

- Moi ?, fit-il, s’arrêtant surpris.  

 

Il lui fit face puis s’approcha d’un pas vif. Il l’attrapa par le bras et la força à se lever pour l’affronter.  

 

- Qu’est-ce que j’ai fait qui t’ait décidée, Kaori ? Parce qu’à part me montrer présent et faire le maximum pour toi, je ne vois pas ce que j’ai fait de mal., rétorqua-t-il blessé.  

- Eirin. Tu t’en fichais d’elle. Tu n’as pas pleuré une seule fois, Ryo. Tu ne me parles quasiment jamais d’elle. Tu es totalement indifférent à ce qui lui est arrivé. Je… Je ne peux pas le supporter. C’était notre fille, notre bébé… Tu dis que tu m’aimes, tu as changé mais elle était ce que nous avions de plus précieux et elle t’indiffère., lui expliqua-t-elle, pleurant.  

 

Elle sentit la poigne de son partenaire se resserrer sur son bras et laissa échapper un cri de douleur. Réalisant, il la relâcha et posa un regard noir sur elle.  

 

- Hors de ma vue…, gronda-t-il, furieux.  

 

Elle le dévisagea une seconde et partit se réfugier dans sa chambre. Ryo ne se retourna même pas pour savoir où elle alla. Il était furieux et cela lui semblait encore un bien faible qualificatif pour ce qu’il ressentait réellement. Comment osait-elle penser que la mort de leur fille l’avait laissé insensible ? Comment pouvait-elle croire qu’il ne ressentait rien et qu’elle était la seule à souffrir ? Il n’avait fait que mettre un masque pour pouvoir être là pour elle et ça lui revenait en pleine tête comme un boomerang.  

 

S’imaginait-elle que non seulement il pleurait la mort de leur fille mais culpabilisait pour sa souffrance à elle aussi ? Il savait que si Mick était responsable de la situation, il était l’unique coupable parce qu’au fond, Mick ne l’avait pas forcé à coucher avec elle et la mettre enceinte. C’était entièrement de sa faute aussi s’il n’avait pas été capable d’agir sur ses sentiments avant cela et qu’il avait fallu son acte odieux et l’annonce de son départ et de sa grossesse pour trouver en lui la force d’avancer. Il devait lui dire et lui expliquer mais, pour le moment, il devait surtout se calmer. Alors il se tiendrait à l’écart, laisserait la nuit passer et ils reparleraient demain matin à tête reposée. Il refusait d’agir encore une fois sous le coup de la colère.  

 

Dans sa chambre, Kaori sortit les valises, le coeur lourd, et commença à y entasser tous ses vêtements soigneusement. Elle voyait toute sa vie défiler devant ses yeux, repensait à tout ce qu’elle avait vécu avant la mort d’Hide et depuis qu’elle avait emménagé ici. Elle se souvint amèrement de ses rêves de jeune femme qui tournaient autour de lui, de son envie de sentir ses lèvres l’embrasser, ses bras l’entourer et de perdre la tête lovée contre lui. Elle avait eu tout cela mais elle en avait payé le prix, cher, beaucoup trop cher. Son armoire et sa commode vides, elle referma les deux valises pleines et les posa dans un coin. Elle n’avait laissé que des vêtements propres pour le lendemain. Il lui restait à emballer ses quelques bibelots et surtout les livres qu’elle avait entreposés sur une étagère.  

 

Elle jeta un œil dans le couloir et, ne voyant pas Ryo, elle se dirigea vers la pièce voisine pour y récupérer un ou deux cartons. Elle ouvrit la porte et alluma la lumière et resta sidérée sur le pas de la porte. Elle sentit ses jambes vaciller et s’appuya sur le bâti. Où étaient les cartons ? Il y en avait plein avant, il n’y avait pas de chambre de bébé aménagée ici, pas de lit à barreaux blancs, de murs peints en beige avec des motifs d’ours jouant peints en blanc, de table à langer prête à accueillir un bébé hurlant parce que sale, ni encore d’armoire.  

 

Trouvant en elle le courage d’avancer, elle vit que le lit était fait avec des draps d’un ton jaune pâle, une gigoteuse prête à abriter les rêves de l’enfant et un mobile avec des petits ours qui volaient. Elle tira sur la cordelette sans réfléchir et la musique se mit en route, les ours tournant lentement au-dessus du lit. Ses larmes aussi se mirent à couler et elle s’effondra.  

 

Le nettoyeur était à la porte et la regardait, le coeur serré. Il l’avait entendue sortir de sa chambre et se diriger vers la pièce. Il avait voulu l’arrêter pour lui éviter un choc parce qu’il ne lui avait jamais montré ce qu’il avait préparé mais était arrivé trop tard.  

 

- C’était la chambre que j’avais préparée pour le bébé dont je ne voulais pas., dit-il, la gorge serrée.  

 

Ses accusations restaient dures à encaisser. C’était une nouvelle preuve du fossé qui s’était creusé entre eux. Elle se tourna vers lui en entendant sa voix et tout en elle hurla sa douleur et la culpabilité. Elle s’en voulait d’avoir douté de lui et de l’amour qu’il portait à leur enfant. Il craqua face à cela et s’approcha d’elle, l’accueillant quand elle se jeta dans ses bras. Ils restèrent un moment enlacés partageant enfin l’angoisse qu’ils ressentaient face à cette perte douloureuse.  

 

- Je suis désolée, Ryo. Tu avais l’air si impassible., bafouilla-t-elle.  

- Je voulais juste être fort pour toi. Il n’y a que la nuit que je me laissais aller quand j’étais sûr que tu ne m’entendrais pas., lui expliqua-t-il.  

- Mais pourquoi ?  

- Parce que tout ça, c’est de ma faute, alors la moindre des choses, c’était de t’aider à traverser cette épreuve et te préserver.  

- Tu es un idiot, Ryo. J’avais besoin de toi avec moi, pas pour moi., lui reprocha-t-elle doucement.  

 

Il médita ses paroles et admit qu’elle n’avait pas tout à fait tort. Il resserra son étreinte sur elle et elle se laissa aller.  

 

- Dis-moi que tu vas rester. J’ai besoin de toi, Kaori., murmura-t-il.  

- Je pense que ce serait bien pour toi aussi. On a encore besoin de temps., ajouta-t-il, la voix emplie d’espoir.  

- Du temps pour quoi, Ryo ? Redevenir partenaires ?, l’interrogea-t-elle, tendue.  

- Faire le deuil d’Eirin dans un premier temps. Redevenir partenaires serait ensuite un bon point de départ pour plus. Je te l’ai dit : je n’ai plus peur d’avancer. J’ai compris mes erreurs, je ne veux pas les réitérer. Ta place est avec moi et la mienne avec toi., lui dit-il.  

 

Elle resta silencieuse mais ne s’éloigna pas de lui pour autant. Elle était perdue dans ses pensées et pesait le pour et le contre. Il était prêt à enfin accéder à son désir le plus cher mais, aujourd’hui, elle ne savait plus si elle le voulait encore. D’un autre côté, elle avait le sentiment que quelque chose s’était réchauffé en elle, peut-être un fond d’espoir, et elle n’était pas prête à tuer ce quelque chose dans l’oeuf.  

 

- On a perdu quelque chose de précieux, Ryo, en plus de notre fille, je veux dire. On se faisait confiance et c’était ce qui nous permettait de fonctionner si bien ensemble. Cette confiance s’est brisée entre nous bien avant l’affaire avec Nichols. On n’arrivait plus à se parler, tu te rappelles ?, dit-elle à voix basse.  

- Oui, je me souviens. C’est mon comportement qui nous a brisés.  

- Je ne sais pas si on arrivera à retrouver cette osmose. Je n’aurais plus la patience.  

- J’ai changé, Kaori.  

- J’ai vu mais tu ne pourras pas m’empêcher de me demander : pour combien de temps ? Le temps que je t’assure définitivement de mon retour, le temps qu’on forme ce couple dont tu me parles ou pour toujours ?, lui demanda-t-elle, s’écartant légèrement de lui sans quitter ses bras pour le regarder droit dans les yeux.  

 

Sa question était légitime. Pour le moment, il était motivé par le souvenir d’Eirin, par l’envie de retrouver sa partenaire et même la femme qu’il aimait mais une fois qu’il aurait tout obtenu, saurait-il gardé le cap ?  

 

- Je veux que ça dure toujours mais je ne me leurre pas. Je connais mes faiblesses et j’aurai certainement besoin de ta force par moments., avoua-t-il.  

- Est-ce que tu la trouveras en toi pour au moins nous donner une chance, Kaori ? Je ne suis pas pressé, c’est toi qui donneras le rythme et, si un jour tu veux vraiment jeter l’éponge, je te promets de ne pas m’y opposer.  

 

Elle quitta la chaleur de ses bras et fit le tour de la pièce lentement, réfléchissant, finissant par s’immobiliser de l’autre côté du lit. Elle s’appuya dessus et regarda la gigoteuse qu’elle caressa du bout des doigts.  

 

- Je ne pensais pas que tu réagirais ainsi., murmura-t-elle, pensive.  

- Je te crois quand tu me dis que tu aimais Eirin et que sa mort ne t’a pas laissé insensible., admit-elle.  

- Je te crois quand tu me dis que tu as changé et que tu veux plus pour nous deux., ajouta-t-elle, les yeux toujours rivés sur le vêtement.  

 

Elle marqua une pause qui rendit Ryo très nerveux et releva le regard pour croiser le sien.  

 

- Je n’ai pas encore la force de te pardonner ce qui s’est passé ce jour-là et j’espère la trouver en moi comme c’est arrivé pour Mick.  

- Je l’espère aussi., balbutia-t-il, anxieux.  

 

Il n’avait toujours pas la réponse qu’il souhaitait ardemment entendre et sa patience était mise à rude épreuve.  

 

- Nous n’irons nul part si nous n’arrivons pas à restaurer la confiance qui nous unissait, Ryo, et je t’avoue que je ne sais pas comment faire ni si nous y arriverons mais, pour ce que nous avons été et pour Eirin, j’ai… j’ai envie d’essayer., accepta-t-elle.  

- Vraiment ?, demanda-t-il sans y croire.  

- Oui, vraiment., répondit-elle.  

 

Ils se regardèrent un moment comme intimidés puis Ryo fit le tour du lit et la prit dans ses bras. Il était soulagé de savoir qu’elle resterait, soulagé de savoir qu’elle voulait essayer de venir vers lui. Il avait envie de beaucoup plus qu’une simple étreinte mais il n’osait même pas l’embrasser de peur de l’effaroucher en allant trop vite. Il n’avait jamais été superstitieux mais croisa les doigts en espérant qu’ils arriveraient à se trouver.  

 

- Merci de nous donner une chance, Kaori., murmura-t-il.  

- Ce sera la dernière, Ryo. Je n’aurai pas la force de revivre tout ce par quoi on est déjà passé., le prévint-elle.  

- Je ferai de mon mieux pour ne rien gâcher.  

- Je n’userai plus de mes massues. Je ne veux plus être une caricature de moi-même. Il n’y aura pas d’avertissement, je ferai mon sac, te dirai au revoir et m’en irai.  

- J’ai compris, Kaori. Ca fait huit mois que j’ai compris., répondit-il très sérieusement.  

- Mais je dois t’avouer…  

- Quoi ?, fit-elle anxieuse en s’écartant de lui.  

- Tes massues risquent de me manquer., conclut-il, le regard pétillant.  

- Si ce n’est que ça, on pourra toujours s’arranger…, concéda-t-elle sur le même ton.  

 

Ils se sourirent timidement puis sortirent de la pièce un petit moment plus tard, refermant délicatement la porte. Ils se séparèrent devant la chambre de la jeune femme où elle pénétra pour défaire ses bagages précédemment faits. Elle prit avec émotion le cadre-photo.  

 

- Cette journée a été dure, Hide. J’espère qu’on voit enfin le bout du tunnel. J’ai besoin d’un peu de calme et de sérénité. Tu me manques, grand frère, mais je suis aussi rassurée de savoir ma fille avec toi là-haut. J’aimerais tant que tu me fasses un signe pour me dire comment tout cela va se terminer.  

 

Elle caressa le visage de son frère puis posa le cadre sur sa table de chevet. Vingt minutes plus tard, elle descendait en cuisine où Ryo préparait le repas. Elle s’était habituée à le voir ici et cuisiner pendant les six semaines où elle avait dépendu de lui. La dernière semaine, ils avaient alterné. Elle le regarda et se demanda comment agir : s’asseoir et le regarder faire ? Ressortir et le laisser seul ?  

 

- Je peux t’aider ?, demanda-t-elle finalement.  

- Un repas à quatre mains ? Ce sera une première pour nous, non ?, répondit-il d’un ton léger, le regard pétillant.  

- Il faut bien un début à tout, non ?, répondit-elle, légèrement nerveuse.  

 

Pour toute réponse, il lui tendit un couteau et elle se mit à côté de lui. 

 


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