Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prose

 

Author: Mercury80

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 28 chapters

Published: 05-12-19

Last update: 03-01-20

 

Comments: 58 reviews

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DrameAction

 

Summary: NC-17 - Mick disparaît et son absence rouvre des plaies mal refermées...

 

Disclaimer: Les personnages de "Que passe un ange... " sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: Que passe un ange...

 

Chapter 14 :: chapitre 14

Published: 19-12-19 - Last update: 19-12-19

Comments: Bonjour, voici la suite de l'histoire. Eh oui, j'ai cédé à la facilité avec le bébé. Voyons si j'arriverais encore à maintenir le suspens malgré un schéma apparemment éculé… ^^ Bonne lecture et merci pour vos commentaires^^

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28


 

Chapitre 14  

 

Cela faisait maintenant deux mois que Kaori était partie. Deux très longs mois pendant lesquels Ryo n’avait eu aucune nouvelle, tout comme le reste de la bande d’ailleurs. Il se demandait comment elle allait, si sa grossesse se passait bien, si elle ne souffrait pas de nausées ou de la fatigue. Par moments, il sentait la panique le gagner en se demandant si elle n’y avait pas mis un terme parce qu’avec le recul, elle ne voulait pas garder un enfant conçu dans ces conditions. Il avait décidément tout gâché… Mais aussitôt il se reprenait : Kaori lui aurait dit, d’une manière ou d’une autre, elle le lui aurait dit. Elle ne lui cacherait pas une chose aussi importante même si elle lui en voulait. Il la connaissait suffisamment pour le savoir. Alors il se laissait de nouveau aller à penser à elle.  

 

Après la claque de leur dernière conversation où elle lui avait pointé sa négligence, il avait progressivement repris le dessus. Le jour même, il l’avait passé dans le canapé à réfléchir et assimiler les deux nouvelles qu’elle venait de lui apprendre : elle partait et elle était enceinte. Elle allait avoir son enfant, leur enfant. Ils s’aimaient et il n’avait jamais su trouver le moyen de laisser cette relation éclore mais ils avaient créé cette vie. Il savait que maintenant, s’il voulait vraiment la voir revenir, il n’avait plus d’autre choix que d’accepter de la laisser entrer pleinement dans sa vie. Il ne pouvait plus laisser ses peurs guider ses choix, d’autant plus avec un bébé dans la partie.  

 

Il n’avait jamais rêvé d’être père. Ses rêves les plus fous consistaient à tenir la femme de sa vie entre ses bras, ce qui serait déjà énorme pour le nettoyeur qu’il était. Alors un bébé, et de la femme qu’il aimait comme un fou, et fou il l’avait été, c’était plus que le jackpot du loto. C’était complètement inespéré. Quand il avait enfin réalisé tout ce que ça impliquait, il n’avait pas souhaité fuir ou ne jamais la revoir : il avait juste pensé qu’il ne tiendrait pas cinq mois sans savoir.  

 

Il s’était réveillé le matin suivant dans le canapé, frigorifié parce qu’il n’avait pas fermé la fenêtre qu’elle avait ouverte la veille. Il avait regardé son appartement dégoûté et était monté prendre une douche. Habillé, il était sorti faire les courses qui n’avaient pas consisté cette fois à n’acheter que de l’alcool mais des vraies denrées alimentaires, du café et des sacs poubelles à profusion. Il avait relégué les bières au fond du frigo puis, armé d’un sac, il avait ramassé tous les déchets qui traînaient dans le séjour, grimaçant en découvrant les auréoles sur le tapis et les coussins du canapé. Elle aurait encore été là, elle l’aurait étripé. Il fut tenté de les retourner pour ne plus les voir mais se résolut à trouver un moyen de les effacer, y arrivant à force de produit détergent et d’huile de coude. Ce n’était pas encore parfait mais c’était déjà mieux…  

 

Au bout de quelques jours, l’appartement avait retrouvé son lustre et une odeur fraîche et propre. Ne lui manquait que l’odeur sucrée et le chantonnement de Kaori. Ryo se sentait comme apaisé par ce retour à la normale comme si nettoyer son refuge l’avait aidé à reprendre un peu le contrôle de sa vie. Il se rendit compte qu’en près d’une semaine, il n’avait pas dragué ni bu une goutte d’alcool et il ne s’en portait pas plus mal. Il montait parfois fumer une cigarette sur le toit et son regard s’égarait souvent sur l’horizon, pensant à elle.  

 

Quand il eut terminé cette phase de réappropriation, il retrouva une certaine routine : passer au tableau le matin, puis rendre visite à Miki et Umi, histoire de bavarder un peu et de voir s’ils avaient des nouvelles, faire le tour des indics et de Shinjuku, puis retour à l’appartement. Il ressortait le soir mais ne s’abîmer plus la santé dans les bars et cabarets. Il y passait, buvait un verre, laissait les filles l’approcher mais sans leur sauter dessus, prenait les informations dont on lui faisait part et repartait, se couchant à des heures beaucoup plus raisonnables… sauf quand il cédait à la nostalgie et passait dans la chambre de Kaori où il pouvait rester très longtemps.  

 

Donc cela faisait deux mois maintenant qu’elle était partie et il avait rendez-vous au Cat’s avec une jeune et jolie cliente à en juger le son de sa voix une heure plus tard. Il était donc arrivé en avance pour tuer le temps.  

 

- Bonjour, tout le monde., fit-il en entrant dans le café.  

- Bonjour Ryo., répondit Miki posément.  

 

Le nettoyeur sentait que son amie mourrait d’envie de lui poser des questions et qu’elle se retenait depuis de longues semaines maintenant. Umi à son habitude essuyait de la vaisselle et restait désespérément neutre.  

 

- Vas-y, je t’écoute., s’entendit-il dire.  

 

Il en fut lui-même le premier surpris. Se sentait-il soudain capable d’assumer ce qu’il avait fait ? Etait-il prêt à endosser la responsabilité du départ de leur amie ? Il fallait le croire même s’il ne s’en était pas rendu compte.  

 

- Kaori m’a dit que vous vous étiez disputés violemment, qu’elle n’avait plus confiance en toi…, commença Miki.  

- Que s’est-il passé, Ryo ? Pourquoi ma meilleure amie est partie et ne donne pas de nouvelles ?  

 

Voilà qui répondait à une de ses interrogations : Kaori n’avait pas non plus appelé Miki et ça l’attrista qu’elle se fut ainsi coupée de tous.  

 

- Tu te souviens de l’affaire Nichols ?  

- Comment pourrais-je oublier ? Depuis rien n’a plus été pareil…, soupira-t-elle.  

- Ca avait déjà changé avant, Miki, mais cette affaire a servi de révélateur…  

 

Ryo regarda sa tasse de café sombrement, réfléchissant non pas à se dédouaner mais à expliquer le plus clairement ce qui s’était passé.  

 

- Kaori et moi nous aurions dû nous rapprocher après votre mariage mais je n’ai pas pu assumer ce que je lui avais dit. Mes peurs étaient encore trop vives. On a commencé à s’éloigner. J’ai recommencé mes frasques, je l’ai traitée toujours plus mal et je l’ai brisée petit à petit.  

- Je n’arrive pas à te comprendre, Ryo., soupira Miki.  

- Moi non plus si ça peut te rassurer., dit-il, tentant d’alléger l’atmosphère.  

- Dans le même temps, elle s’est rapprochée de Mick et lui montrait des signes de regrets. Il a peut-être vu une ouverture et ses sentiments ont refait surface. Plus je la blessais, plus elle se rapprochait de lui, plus j’étais odieux et ainsi de suite. Je suis responsable de ce qui s’est passé.  

- Tu ne peux pas savoir comment Mick aurait agi s’il avait été moins proche de Kaori., intervint Umibozu.  

- Ca n’aurait peut-être rien changé : il voulait sauver Kazue.  

 

Le nettoyeur regarda son ami et acquiesça. C’était en effet possible.  

 

- Le jour où tout s’est arrêté, ils m’ont avoué qu’ils n’avaient pas été jusqu’au bout, que la simulation s’était arrêtée aux attouchements en surface., avoua Ryo.  

- C’est une bonne nouvelle., déclara Miki, soulagée.  

- Je ne les ai pas crus. Je n’ai pas fait confiance à ma partenaire., lâcha le nettoyeur, la culpabilité irradiant sa voix.  

 

Umibozu posa la tasse qu’il tenait et le torchon. Il avait un très mauvais pressentiment.  

 

- Qu’est-ce que tu as fait, Ryo ?, lui demanda-t-il d’une voix calme.  

- J’ai… J’ai couché avec Kaori… par vengeance., admit-il.  

- Oh mon dieu., souffla Miki.  

- Tu l’as forcée à…  

- Non., fit Ryo.  

 

Il baissa le regard, honteux.  

 

- J’ai fait pire : je lui ai laissé croire que c’était réel. Je lui ai fait avouer ses sentiments, m’assurer de sa confiance et j’ai couché avec elle. Il a fallu que j’en arrive là pour me rendre compte à quel point on s’était perdus, à quel point je m’étais perdu., finit-il.  

- Ce que tu lui as fait, c’est… c’est… c’est ignoble !, fulmina Miki, très fâchée.  

 

Il sentit un poing enserrer son tee-shirt et le soulever et affronta la colère d’Umibozu.  

 

- Tu as osé lui faire du mal… Après tout ce qu’elle a fait pour toi, après tout ce qu’elle avait enduré, il a fallu que ton ego surdimensionné lui inflige ton besoin de domination, de mâle alpha. Je te conseille de ne plus l’approcher si c’est pour encore une fois la faire souffrir., gronda-t-il.  

- Je veux la retrouver, Umi. J’ai enfin réalisé à quel point elle était importante pour moi. Je veux la retrouver et m’excuser, faire ce qu’il faut pour qu’elle accepte de revenir.  

- Si tu la blesses encore, tu en répondras par les armes, Ryo., le prévint-il.  

 

Le nettoyeur acquiesça. Il n’avait jamais vu son ami aussi fâché. C’était rassurant de savoir qu’un autre que lui tenait aussi à Kaori.  

 

- Je ne veux plus lui faire de mal. Je veux qu’on forme une famille tous les trois.  

- Elle est enceinte et tu veux les garder près de toi ?, lui demanda Umibozu.  

- Oui, jusqu’au bout., souffla Ryo.  

 

Le mercenaire le reposa au sol, lui permettant de mieux respirer.  

 

- Enfin une sage parole. Alors tâche de te comporter comme tel dès à présent qu’on ait des choses à lui dire pour la faire réfléchir quand elle appellera., lui conseilla-t-il.  

- Tu as…, lui demandèrent en même temps Miki et Ryo.  

- Elle appellera., répondit-il simplement, reprenant son torchon et un verre.  

 

Il se mit à l’essuyer : pour sa part, la conversation était terminée. Il aurait pu frapper Ryo pour son acte odieux mais le nettoyeur semblait avoir déjà pas mal cogité sur la chose et ressentir une culpabilité profonde. C’était déjà un grand pas que d’avoir osé leur avouer sa faute et affronter leur regard. Il n’avait après tout pas pour habitude de s’arrêter pour regarder en arrière et essayer de corriger ses erreurs. Alors, il ferait preuve d’un peu de mansuétude surtout si cela pouvait enfin apporter le bonheur à leur amie. Si toutefois, elle trouvait en elle la force de pardonner, ce dont il n’aurait pas juré, se souvenant de la profondeur de sa colère et de son désespoir.  

 

La clochette tinta et une jolie jeune femme brune entra dans le café.  

 

- Bonjour, je voudrais commander un cocktail XYZ, s’il vous plaît., demanda-t-elle, jetant un regard inquiet vers le colosse dressé derrière le comptoir.  

- Bonjour, Ryo Saeba, c’est avec moi que vous avez rendez-vous., se présenta-t-il sérieusement.  

 

Ils prirent place à une table et l’entrevue se passa correctement sous l’oeil vigilant des deux tenanciers. Le nettoyeur n’eut aucun geste ni mot déplacés mais ils tiquèrent quand il invita sa cliente à venir dormir chez lui. Lui tenant la porte, il la laissa sortir et se tourna vers ses amis, leur faisant un clin d’oeil et un petit sourire mystérieux.  

 

Le lendemain, ils revinrent au café et le nettoyeur leur confia sa cliente une petite heure, le temps d’aller à la pêche aux informations sur le fiancé de la jeune femme qui avait brusquement disparu. Dès qu’il fut sorti, Miki se tourna vers la jeune femme, inquiète.  

 

- Il ne vous a pas trop ennuyé la nuit dernière ?  

- Non, pourquoi ?, demanda-t-elle sans comprendre.  

- Euh pour rien… Pas de sensation étrange alors que vous vous douchiez ?  

- N… Non., répondit-elle un peu plus déboussolée.  

- Il n’a même pas essayé de vous tripoter ou de vous sauter dessus ?, s’enquit l’ex-mercenaire.  

- Non. Monsieur Saeba s’est comporté en parfait gentleman. Il m’a proposé son lit et a pris le canapé, il fait la cuisine et refuse que je l’aide pour les tâches ménagères. Je ne serais pas déjà fiancée, je me laisserais bien tenter…, avoua-t-elle, rougissant.  

 

C’était le monde à l’envers, pensa Miki, et cette cliente ne fut que la première d’une longue liste.  

 

- Dis, Nounours, tu penses que Kaori s’est transformée en dépravée ? Parce que nos deux pervers sont devenus des hommes sortables après tout…, s’interrogea-t-elle soudain, son amie lui manquant.  

- Kaori restera Kaori. Elle n’a jamais fait semblant., répondit-il, gêné.  

 

Miki le regarda un moment puis comprit ce qu’il voulait lui dire. Elle acquiesça, posant un moment les yeux sur le téléphone, puis soupira.  

 

Un mois plus tard, Ryo revenait de la gare lorsqu’il entra dans le café. Le pied posé sur le seuil, il dévisagea l’homme qui lui fit face tenant par la taille une jeune femme ravissante.  

 

- Bonjour Ryo., fit Kazue, l’embrassant sur la joue.  

- Bonjour, ma belle. Comment tu vas ?, demanda-t-il, fixant un instant son ventre qui s’était arrondi.  

- Bien merci. Et toi ?  

- Ca va., répondit-il.  

 

Il sentait la tension dans le café et la comprenait : c’était la première fois que Mick et lui se retrouvaient après le dénouement de l’affaire Nichols.  

 

- Mick., fit-il, reconnaissant enfin sa présence.  

- Ryo. Viens Kazue, on s’en va., dit-il, détournant le regard.  

- Mais on vient juste d’arriver., objecta-t-elle.  

- On est des hommes civilisés, Mick, non ?  

- Oui., répondit celui-ci, dérouté mais soulagé.  

 

Tous trois prirent place autour du comptoir et Miki leur servit une tasse de café.  

 

- Tu as des nouvelles ?, demanda l’américain, gardant le regard baissé sur sa tasse.  

- Non., répondit le japonais.  

 

Le silence s’installa, pesant, jusqu’à ce Miki le brisa.  

 

- Alors cette grossesse, Kazue ?, s’enquit-elle.  

- Tu sais, passé le premier trimestre, c’est un plaisir.  

- Tu ressens quoi ?, continua Miki, jetant un rapide coup d’oeil vers Ryo.  

- Pas grand-chose pour le moment. Ca fait comme des bulles. C’est étrange. J’ai hâte de le sentir bouger. Mick lui parle souvent mais moi, je n’y arrive pas.  

- Kazue…, grogna l’américain.  

- Quoi ? T’es trop mignon quand tu le fais., susurra-t-elle.  

 

Ryo regarda la conversation prendre un ton léger. Il se demanda comment il aurait été si Kaori avait été là. Serait-il prévenant et gaga ou se tiendrait-il éloigné de cette petite chose ? Il ne savait pas. Il l’aimait déjà mais il n’avait aucune idée du père qu’il serait, s’il serait capable de se montrer tendre et compréhensif et non froid et autoritaire. Il avait été nul avec Kaori, serait-il capable d’encourager leur enfant à avoir confiance en lui ? Un rire résonna dans la pièce et il releva la tête : Miki et Kazue avaient un large sourire aux lèvres. C’était bon de sentir la légèreté revenir et il se tourna vers le siège à côté du sien, le trouvant vide. Il toucha l’assise doucement et laissa échapper un soupir imperceptible. Il devait encore attendre deux mois avant de la revoir.  

 

Lorsqu’il rentra ce soir-là, le téléphone sonnait. Il eut beau se dépêcher, il ne put décrocher avant l’arrêt de la sonnerie. Machinalement, il appuya sur le bouton du répondeur et s’en alla vers la cuisine quand la voix qu’il entendit le fit s’immobiliser.  

 

- Je te préviens, Ryo Saeba, si tu comptes m’ignorer, prépare-toi parce que j’appellerai toutes les demies heures jusqu’à ce que je t’ai de vive voix et même en pleine nuit !  

 

Il sourit un instant amusé : il n’y avait que les sœurs Tachiki pour ne pas avoir peur de lui et Sayuri avait une petite chose dont Kaori manquait, la confiance en elle. Il regarda l’horloge et prit un magazine le temps de patienter. Même s’il savait qu’il allait passer un sale quart d’heure, il ne tenterait pas d’échapper à cet appel : ce serait la première fois en trois mois qu’il aurait de ses nouvelles.  

 

- Bonsoir, Sayuri., l’accueillit-il immédiatement.  

- Bonsoir Ryo ! Je te préviens que tu as intérêt à avoir d’excellentes raisons pour que je ne débarque pas à Tokyo te faire la peau !, le prévint-elle.  

- Comment as-tu pu lui faire une chose pareille, Ryo ? C’est ignoble, immonde, répugnant. Elle… elle…  

- Elle ne méritait pas cela., finit-il pour elle.  

 

Il entendit Sayuri pousser un long soupir au bout du fil.  

 

- Pourquoi Ryo ?  

- Parce que je suis un con doublé d’un idiot. J’étais fou de jalousie et incapable de voir plus loin que le bout de mon nez. J’étais complètement irrationnel comme on peut le devenir quand on est blessé par la personne qu’on aime. J’ai brisé ta sœur au lieur de l’aimer comme j’aurais dû le faire., avoua-t-il.  

 

Il entendit un sanglot en fond sonore et son coeur se serra.  

 

- Comment elle va ?, demanda-t-il doucement.  

- Pas très bien à mon idée mais Eriko me dit qu’elle remonte la pente, que ça a été pire.  

- Je peux lui parler ?  

 

Il entendit le mouvement d’air d’un combiné qu’on baissait et imagina très bien la conversation quasi muette entre les deux femmes.  

 

- Elle… elle dort., mentit Sayuri, jetant un regard à sa sœur qui pleurait, adossée au mur à deux mètres d’elle.  

- D’accord. Comment se passe sa grossesse ?  

- Plutôt bien si on omet les nausées matinales et le manque de sommeil., l’informa-t-elle.  

- Ca se voit ?  

- Non, pas encore. Elle a de trop bons abdominaux., plaisanta la journaliste.  

- C’est vrai qu’elle est très sportive. Dis-lui qu’elle me manque et rappelle-lui qu’elle m’a fait une promesse. Je veux la voir dans deux mois. Je veux être là pour la fin de sa grossesse et le restant de sa vie., lui demanda Ryo.  

- Je lui dirai. Bonsoir Ryo., souffla Sayuri en raccrochant.  

 

Elle se leva et enlaça sa cadette. Kaori laissa éclater son chagrin, chose qu’elle n’avait pas encore réussi à faire en présence d’Eriko. Elle n’avait jusque-là tenu que sur la colère et la rancoeur. Les défilés lui avaient occupé l’esprit, les soirées qui les suivaient lui avaient apporté leur lot de distraction et d’hommes l’entourant, le regard empli de convoitise. Elle aurait pu à plusieurs reprises faire comme certaines de ses collègues repartir au bras d’un monsieur très riche, s’envoyer en l’air pour la nuit puis passer à un autre mais elle n’arrivait pas à oublier ses deux yeux gris nuit qui la hantaient. Aucun homme ne pourrait le remplacer et, même si elle n’était pas prête à lui pardonner, elle n’était pas non plus prête à laisser entrer quelqu’un d’autre dans sa vie, encore moins dans son lit.  

 

Il n’y avait donc que depuis qu’elle était arrivée à New York deux jours plus tôt qu’elle avait laissé la carapace se fendre. Devant sa sœur, elle n’avait pas pu jouer la femme forte et rancunière. Elle n’était plus que l’amoureuse malmenée et blessée qui voulait autant qu’elle en voulait à l’homme qu’elle aimait. Sayuri lui avait laissé le temps de venir vers elle et la première journée, la future maman l’avait passée à dormir, épuisée. La journaliste avait posé la journée suivante et elles étaient restées à deux. Elle avait écouté sa sœur calmement malgré l’envie de trucider un certain nettoyeur de sa connaissance, à vrai dire deux même, et ce n’est qu’à la fin de son récit quand Kaori s’était enfin calmée, qu’elle avait décroché le téléphone pour appeler Ryo et lui dire sa façon de penser.  

 

Quand le son de la voix de Ryo résonna dans la pièce, Kaori sentit sa colère flamber mais également son coeur battre plus vite. C’était un résumé de l’ambivalence de ses sentiments. Elle l’aimait comme elle lui en voulait. Quand il avait admis ses erreurs, quand il avait expliqué son comportement, elle avait craqué et les premières larmes étaient tombées. Il était devenu fou parce qu’il l’aimait… Comment pouvait-on faire quelque chose d’aussi ignoble par amour ? D’abord Mick qui s’en prenait à elle pour sauver Kazue, puis Ryo qui l’avait marquée au fer rouge parce qu’il avait été fou de jalousie, parce qu’il l’aimait.  

 

Pouvait-elle leur pardonner ? Elle fut étonnée car oui, elle pouvait le faire mais elle aurait besoin de temps. Le problème, c’était de réinstaurer une relation de confiance, une relation saine qui exclurait toute possibilité que l’expérience arriva de nouveau. C’était la partie la plus difficile, surtout avec Ryo, et elle ne savait pas si elle aurait la force de le faire. En tous cas, elle ne s’en sentait pas capable ce jour-là. Elle était encore trop fragile…  

 

Sayuri berça sa sœur encore un long moment avant de la sentir se calmer. Voyant son visage livide, elle la força à s’allonger et à se reposer un moment.  

 

- Tu dois te ménager, Kaori. Tu vas avoir un bébé. Il faut que tu penses à lui d’abord.  

- Je sais. Je peux rester ici quelques jours ?  

- Autant de temps que tu voudras. Si tu ne veux pas repartir au Japon, tu peux emménager ici et on s’occupera à deux de cet enfant., lui proposa-t-elle.  

- Je… Non, il a besoin d’un père. Je veux que ce bébé puisse connaître son père même si on ne peut pas vivre ensemble.  

- Très bien. Mais sache que ma porte sera toujours ouverte.  

- Merci. Merci d’être là pour moi.  

- J’aurais peut-être dû insister pour que tu viennes vivre avec moi quand je suis partie du Japon. Tu aurais peut-être été plus heureuse., regretta Sayuri.  

 

Kaori posa une main sur celle de sa sœur. Elle imagina un moment ce qu’aurait pu être sa vie, plus simple, moins risquée, plus normale en somme…  

 

- Non, c’était le mieux à faire. A part ces quelques mois où tout est parti en vrille, j’étais bien. Ryo s’est bien occupé de moi…, admit la rouquine.  

- Il s’est bien occupé de toi ou tu t’es bien occupée de lui ?, rétorqua sa sœur malicieuse.  

- C’est réciproque même si ce n’est pas évident…, soupira Kaori.  

 

Elle le pensait réellement et cela ouvrit une brèche supplémentaire dans sa colère, brèche que les deux mois qui suivirent occupés par les défilés, quelques appels au Cat’s et la présence de sa sœur virent s’agrandir. Ce fut donc une jeune femme dont les plaies commençaient à cicatriser qui débarqua à l’aéroport de Tokyo Narita et posa un regard plus serein sur sa ville.  

 

- On est rentré à la maison., murmura-t-elle, posant une main sur son ventre arrondi. 

 


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