Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated G - Prosa

 

Autore: Mercury80

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 29 capitoli

Pubblicato: 19-10-19

Ultimo aggiornamento: 16-11-19

 

Commenti: 54 reviews

» Scrivere una review

 

RomanceAction

 

Riassunto: AU Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi Ryo n'était pas attiré par les adolescentes? N'a-t-il jamais fauté?

 

Disclaimer: Les personnages de "Un amour d'adolescente" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

How can I become a Beta Reader?

 

Just log in and change your Beta reader's profile, by agreeing to become one. Fill in the form to give some pieces of informations, like your strengthes (eg: grammar, spelling,...) or weaknesses (eg: continuity,...). Indicate if you accept all kinds of fics or refuse some, like NC-17 fics. You can also put what languages you are confortable with ( ...

Read more ...

 

 

   Fanfiction :: Un amour d'adolescente

 

Capitolo 5 :: chapitre 5

Pubblicato: 23-10-19 - Ultimo aggiornamento: 23-10-19

Commenti: Bonjour, la suite de l'histoire. Merci pour vos commentaires qui me font chaud au cœur. Rk, j'avoue qu'au départ quand j'ai "rêvé" l'histoire je ne pensais pas réintégrer des scènes du manga. L'intrigue de fond me plaisait mais j'ai trouvé mes marques réellement au cours des premiers chapitres avec l'idée de rester proche du manga, tout en racontant ce qui aurait pu être. J'arrête le blabla. Bonne lecture et merci por vos reviews^^

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29


 

Chapitre 5  

 

Trois jours s’étaient écoulés depuis la dispute avec Hideyuki et son absence pesait dans les relations du couple. Kaori souffrait de l’absence de son frère, de leurs disputes et s’en voulait d’avoir créé une situation qui les faisait tous souffrir. Elle avait remarqué que Ryo s’arrangeait pour être toujours présent dans le salon aux alentours de dix heures, heure à laquelle il arrivait toujours avant. Elle avait aussi vu la déception voiler un bref instant son regard quand la porte ne s’ouvrait pas. Elle ne savait pas quoi faire pour améliorer les choses.  

 

De son côté, Ryo, même s’il ne le voulait pas, ne pouvait s’empêcher d’en vouloir à Kaori pour ce qui s’était passé. Il perdait son meilleur ami, le seul homme en qui il avait suffisamment confiance pour avoir accepté de travailler avec lui, le seul à qui il avait parlé de son secret et qu’il avait écouté attentivement parler de ses problèmes familiaux sans faux intérêt. Malgré cela, il voyait à quel point elle aussi était affectée par cette deuxième dispute et les conséquences qu’elle avait générées. Son coeur lui disait de la soulager, de tenter d’apaiser sa peine mais son cerveau ne le laissait pas faire, pas encore… Sa colère n’était pas encore tout à fait sous contrôle et il ne pouvait se permettre de déraper avec elle.  

 

Ce troisième jour, quand Hide ne se présenta pas une nouvelle fois, Ryo s’était isolé sur le toit un moment avant de partir, l’en informant brièvement en prenant sa veste et lui demandant de ne pas sortir. Elle l’avait regardé partir, le coeur serré, et s’était occupée de Kei jusqu’au moment de sa sieste.  

 

Après maintes tergiversations et avoir débarrassé et rangé tout le salon, qui ressemblait enfin à un endroit décent pour la première fois depuis que Ryo y avait emménagé, elle s’était assise sur le canapé en fixant le téléphone. Prenant son courage à deux mains, elle décrocha et composa le numéro de son ancienne maison. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle dirait à son frère à part lui demander pardon. Elle ne savait pas comment elle s’y prendrait non plus mais elle devait le faire.  

 

Le téléphone sonna dans le vide un moment avant que le répondeur se mit en route. Kaori faillit raccrocher mais, au dernier moment, ne le fit pas.  

 

- Hideyuki, c’est… c’est Kaori. Je sais que tu es fâché et que tu m’en veux mais je voudrais qu’on se parle. J’ai… J’ai besoin de toi, aniki. Tu me manques. Je voudrais que tu me laisses une chance de t’expliquer… s’il te plaît, Hide. Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour Ryo. Il est autant victime que toi.  

 

Elle entendit la sonnerie de fin de la messagerie et raccrocha en soupirant. Elle avait tendu une perche à son frère en espérant qu’il l’accepterait. Elle ne savait quoi faire de plus pour améliorer la situation. Elle aurait pu aller le voir directement mais, d’après les informateurs de Ryo, le Trust la savait au Japon et la cherchait. Il ne comprenait pas pourquoi ils ne s’en prenaient pas directement à Hideyuki, dont il avait des nouvelles par son réseau, et la cherchaient encore mais c’était un avantage pour eux : tant qu’elle restait cachée, ils étaient tous en sécurité. Elle avait donc fait la seule chose possible pour tenter d’arranger les choses et ne pouvait maintenant qu’attendre.  

 

Ryo avait déambulé dans les rues de sa ville un bon moment, s’arrêtant de temps à autre pour parler à ses indics, avant de prendre place sur un banc du parc. Quelques minutes plus tard, Saeko s’assit à ses côtés sans même le regarder.  

 

- Tu as vu Hide ces derniers jours ?, lui demanda-t-il sans préambule.  

- Non… mais je l’ai eu au téléphone. Il est très remonté., lui apprit-elle.  

- Je m’en doute. Tu peux lui passer un message ? Il t’écoutera peut-être.  

- Ryo, je n’aime pas me retrouver entre vous., murmura Saeko, contrariée.  

- Je ne te demande pas de prendre position, Saeko. Juste de lui passer un message. Il faut qu’on se parle. Je sais qu’il est fâché mais je doute qu’il se moque du sort de sa sœur et de son neveu.  

- Quoi ?, s’inquiéta-t-elle.  

- Kaori est en danger ?  

- Oui. Le Trust cherche à la kidnapper pour appâter Hideyuki pour ensuite m’appâter. C’est moi le cadeau aux organisations. Ils veulent m’éliminer, je pense, ou me rallier à leur organisation mais je ne le ferai jamais.  

 

Il regarda d’un œil sombre le parc et les passants qui déambulaient dans les allées. Il avait l’habitude d’être en danger et la situation n’avait en soi rien d’exceptionnelle si ce n’était la présence de Kaori et de Kei. Il ne voulait pas qu’il leur arriva quoi que ce fut. Il ne pourrait jamais se le pardonner. Il avait réussi à vivre sans eux pendant deux ans mais, maintenant qu’ils étaient là, il savait que ça n’avait été qu’une impression : il avait juste été en attente. Il voulait plus avec eux, une vraie relation dans la durée, jouer son rôle de père et conjoint, et c’était pour cela qu’il ne voulait pas se laisser aller à écouter son coeur avant d’être sûr de tout maîtriser.  

 

- C’est vrai ce qu’il m’a dit pour Kaori et toi ?, s’enquit-elle doucement.  

- Oui. Une histoire un peu tordue née d’un malencontreux mensonge d’une jeune fille amoureuse., soupira-t-il.  

- Tu as l’air de plutôt bien le prendre…, remarqua Saeko, surprise.  

 

Elle savait que Ryo était intransigeant. Il n’accordait pas facilement sa confiance et était capable de couper les ponts rapidement et sans regrets si nécessaire.  

 

- Kaori n’avait que seize ans. Elle était jeune et dans une situation difficile. Elle était affolée. Elle a fait des erreurs qu’elle n’a pas su gérer. Il s’est emporté au mauvais moment et moi j’aurais dû être plus curieux ou plus vigilant, tout dépend du point de vue. On s’est tous plantés à un moment ou à un autre. Nous souffrons tous chacun de notre côté.  

- Tu as Kaori, Ryo. Tu as sa petite sœur…, dit-elle.  

- Pour sa sécurité. Dis-lui que rien ne l’empêche de venir vivre avec nous à l’appartement. Je ne cherche pas à les séparer.  

- C’est ça ton message ?  

- Non. Je veux lui parler. Demain à dix heures à notre lieu habituel. Tu lui passeras le message ?  

- Je le ferai mais je ne peux pas le forcer à venir., lui dit-elle.  

- Je sais. Merci Saeko.  

 

Ryo se leva, fourra ses mains dans ses poches et regarda un moment les alentours. Un léger sourire fendit son visage et, sans rien dire, il s’en alla. Une minute plus tard, lorsqu’il fut hors de vue, une haute silhouette vêtue d’un imper usé sortit des buissons.  

 

- Il en a du culot de s’adresser à toi…, maugréa Hideyuki.  

- Il connaît mon pouvoir de persuasion., remarqua malicieusement l’inspectrice.  

- Tu as tout entendu ?  

 

Hide acquiesça sombrement. Cela faisait trois jours qu’il ressassait inlassablement les paroles échangées, ce qu’il aurait pu dire ou faire pour changer la donne. Il s’était encore une fois emporté sous l’effet de l’émotion. Il avait été tellement heureux de revoir sa sœur mais, lorsqu’il avait appris que son propre ami était le père de son enfant, que c’était lui qui l’avait éloignée du Japon, que la réponse à ses inquiétudes avait été à ses côtés pendant tout ce temps, l’entendant se morfondre de ses erreurs, la colère avait pris le dessus, la colère et un profond sentiment d’injustice, comme si le destin se moquait de lui en lui soustrayant sa dernière famille par le biais de son meilleur ami.  

 

- Que vas-tu faire, Hide ?, s’enquit Saeko.  

- Je ne sais pas. J’ai besoin de temps., répondit-il avant de s’éloigner.  

 

Saeko le regarda partir en soupirant. La vie n’était décidément pas facile pour les Makimura… Elle espérait que les choses se rétabliraient entre le frère et la sœur ainsi qu’entre les deux amis. Elle n’aimait pas voir les deux hommes qu’elle appréciait le plus souffrir. De plus, City Hunter assurait un équilibre dans le milieu et, si les partenaires ne s’entendaient plus, cet équilibre, fragile, pouvait être brisé…  

 

Hideyuki rentra chez lui. Mu par une impulsion soudaine, il se réfugia dans la chambre de Kaori. A part les draps du lit qu’il avait fini par retirer, rien n’avait bougé. Il trouva sur l’étagère, légèrement caché par des livres, le doudou qu’elle trimballait partout en étant petite et l’attrapa en souriant.  

 

Il avait élevé Kaori suite au décès de leur père. Elle n’avait que cinq ans alors et, encore adolescent, il avait joué à la fois le rôle du parent et du frère. Il savait ce que c’était que se retrouver jeune chargé de famille. C’était dur et fatiguant. Vu leur différence d’âge, personne n’avait jamais songé à ce qu’ils furent père et fille et il n’avait au moins pas eu à affronter les préjugés et jugements inéluctables. Il n’avait pas rêvé de grandes choses pour elle, juste de lui faire faire des études qui lui permettraient de trouver un emploi convenable, puis de rencontrer quelqu’un de bien avec qui elle se marierait et fonderait une famille. C’était certainement vieux-jeu mais, après ses débuts de vie difficiles, il estimait, pour sa part, que ce serait une belle revanche sur le destin…  

 

Le choc avait été grand lorsqu’elle lui avait annoncé sa grossesse et qu’elle lui avait dit vouloir garder le bébé. Il avait été déçu que le destin eut encore déjoué ses plans, qu’il se fut encore une fois acharné sur elle. Il avait été en colère lorsqu’elle lui avait avoué s’être donnée à un homme qu’elle connaissait à peine malgré toutes ses recommandations et surtout être tombée amoureuse de lui en si peu de temps. Si encore il l’avait forcée d’une manière ou d’une autre, s’il l’avait trompée honteusement et maltraitée au petit matin, mais non, elle s’était donnée et restait amoureuse de lui au point de vouloir le protéger et protéger le fruit de cette nuit-là.  

 

Il devait l’avouer : il avait été jaloux qu’un autre homme l’eut supplanté dans son coeur. Il se voyait encore le héros de la petite Kaori, le pourfendeur de mèches, le grand frère sur qui elle se reposait et auprès de qui elle se conseillait avant de prendre une décision. Ils avaient toujours eu des discussions ouvertes mais pas cette fois-là. Elle avait pris sa décision seule, sans lui en parler, sans prendre son avis. Ce jour-là, il s’était rendue compte que sa petite sœur avait grandi. Elle s’était imposée à lui en tant que jeune adulte, femme, future mère… Elle prenait ses responsabilités. Il aurait dû être fier d’elle mais il n’était pas préparé à cela.  

 

Il se haïssait pour ce qu’il lui avait dit. Dans le fond, il avait provoqué ce qu’il craignait le plus : il s’était retrouvé seul et il n’était pas prêt. C’était l’ironie de l’histoire. Il avait fait en sorte d’élever Kaori pour lui donner les bonnes bases d’une vie adulte mais il n’avait jamais songé à cela pour lui-même. Son père n’avait pas eu le temps de finir cette partie de son éducation. Il n’était pas prêt à vivre pour lui-même, en tant qu’Hideyuki Makimura. C’était peut-être cela qui faisait qu’il ne se sentait à l’aise nul part. Il était le fils de, le frère de, le partenaire de mais il avait du mal à être lui pour lui-même. Alors, quand Kaori lui avait appris sa grossesse et avait voulu voir le père de l’enfant seule, en l’écartant de sa vie puisque c’était ainsi qu’il l’avait ressenti, il l’avait très mal pris.  

 

Il s’en était rapidement rendu compte, juste deux heures à errer dans les rues de son quartier pour se remettre les idées en place. Cependant, quand il était rentré, elle n’était plus là et ce qui lui avait fait dire que c’était définitif, c’était l’absence de toutes ses affaires de cours… Il avait alors téléphoné à toutes ses amies qu’il connaissait puis les jours suivants avait essayé de la voir au lycée mais le proviseur lui avait signifié qu’il n’avait plus le droit de le tenir informé en ce qui la concernait, qu’elle s’était émancipée et qu’elle avait fait transférer son dossier scolaire dans un autre établissement. Il l’avait d’abord regardé bizarrement en se disant que, si la sœur cherchait ainsi à se protéger, il était arrivé un évènement dramatique entre eux. En quinze ans de métier, il en avait déjà entendu des histoires moches, même dans des familles apparemment soudées. En voyant la douleur du jeune homme, son regard s’était adouci et il avait posé une main sur son épaule.  

 

- Elle finira par revenir. Elle avait l’air en colère mais très triste également. Elle a sûrement besoin d’un peu de temps., lui avait-il dit.  

- Peut-être.  

 

C’était le jour de l’anniversaire de Kaori, la dernière fois où il avait eu des nouvelles d’elle. Sa jeune sœur enceinte de dix-sept ans était dans la nature quelque part. Il avait bien songé à demander de l’aide à Ryo mais il ne se sentait pas encore de lui expliquer son attitude déplacée envers elle. Il voulait la retrouver par lui-même et s’excuser. C’était sa sœur, sa responsabilité. Il se rendit compte qu’il ne savait pas non plus de combien de mois ou semaines elle était enceinte ni quand cette soirée avait eu lieu. Kaori n’était pas une fêtarde mais elle avait dormi plusieurs fois hors de la maison ces derniers mois alors à laquelle était-elle tombée enceinte ?  

 

Hideyuki soupira et repartit dans le salon. En passant, il vit la lumière du répondeur et le mit en route, s’en allant vers la cuisine.  

 

- Vous avez un nouveau message : « Hideyuki, c’est… c’est Kaori. Je sais que tu es fâché et que tu m’en veux mais je voudrais qu’on se parle. J’ai… J’ai besoin de toi, aniki. Tu me manques. Je voudrais que tu me laisses une chance de t’expliquer… s’il te plaît, Hide. Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour Ryo. Il est autant victime que toi. »  

 

Il se figea en entendant sa voix dans l’appartement. Il ressentit la peine et rien que cela suffit à faire s’évanouir la colère au départ. Elle était sa famille. Elle lui disait clairement qu’il avait encore sa place. Pourtant quand il entendit parler de son ami, il sentit la fureur le reprendre. C’était Ryo qui avait dragué Kaori, Ryo qui l’avait mise enceinte, Ryo qui l’avait envoyée loin de lui, Ryo vers qui elle s’était tournée en rentrant, Ryo chez qui elle voulait rester… Il était sa famille alors pourquoi le préférait-elle ?  

 

Jaloux ! résonna dans sa tête. Il écarta cette pensée d’un geste de la main mais elle revint tourner en boucle jusqu’à ce qu’il l’admit : il était jaloux de la place que son ami avait pris dans la vie de sa sœur et il l’aurait certainement été de tout autre homme. Mais c’était encore plus dur venant de lui. Il n’aurait jamais pensé que Kaori se serait intéressée à ce genre d’homme. Ryo était un libertin, un dragueur invétéré, pervers… Hideyuki sourit ironiquement : qui essayait-il de leurrer ? Il le connaissait mieux que cela. Ryo ne se résumait pas qu’à cela sinon il ne se serait jamais lié d’amitié avec lui. Il était plus profond, plus ambigu que cela, et, si Kaori avait senti l’homme sous le masque, alors il était plus que concevable qu’elle fut tombée amoureuse de lui.  

 

Il hésita à ressortir et aller la voir, les voir, mais il devait admettre qu’il se sentait mal à l’aise à l’idée de retourner chez eux après la dispute. En fait, il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait dire à sa sœur pour se faire pardonner des deux scènes qu’il lui avait faites. Il pensa à ce petit bonhomme avec qui il n’avait même pas fait connaissance et à qui il avait dû faire très mauvaise impression… Son neveu… Le fils de Kaori… et Ryo. Non, il ne se sentait pas d’y aller.  

 

En revanche, il se rendit au rendez-vous que Ryo lui avait fixé le lendemain matin. A l’heure dite, le nettoyeur l’attendait déjà, nonchalamment assis sur leur banc. Quand Hide arriva, il se leva et lui tendit la main en geste de paix. L’ex-inspecteur accepta, surpris. Après leur dernière altercation, il ne s’attendait pas à cela.  

 

- Tu n’as pas plutôt envie de me mettre un poing à la figure ?, lui dit-il.  

- Pour quoi faire ? Tu as besoin qu’on te remette les idées en place ?, rétorqua Ryo, d’un ton léger.  

- Non, ça va aller.  

 

Ils s’assirent sur le banc et un long silence gêné s’installa entre eux.  

 

- Je suis désolé, Hide. Si j’avais su que j’avais ta sœur à mes côtés, je te l’aurais dit., déclara soudain Ryo.  

- Tu ne t’en es jamais douté ? Elle a bien dû te donner des indices, non ? Kaori n’est pas l’un des prénoms les plus populaires…  

- C’est vrai, sauf que je ne lui ai jamais demandé son prénom. J’avais pris le pli de l’appeler Sugar Boy et, consciemment ou pas, ça m’allait très bien, je n’avais pas besoin d’en savoir plus. Je l’ai guidée dans les démarches mais c’est elle qui a tout fait seule aussi. Je savais que je ne pourrai pas la garder près de moi et j’ai voulu la rendre un maximum autonome.  

- Tu aurais pu la reconnaître…, pipa Hideyuki.  

- Comment Hide ? Tu n’as jamais voulu me la présenter. Tu ne m’as même jamais montré une photo d’elle, même après. Je ne savais pas à quoi ressembler ta Kaori., répondit patiemment Ryo.  

 

Hide repensa à tout ce qu’ils avaient partagé et il devait admettre qu’il avait toujours gardé Kaori pour lui, qu’il l’avait protégée de son nouveau monde et même de Ryo.  

 

- Tu as raison. Elle m’a laissé un message hier…, lui apprit Makimura.  

- Elle a fait ça ?, s’étonna Ryo qui n’était pas au courant.  

- Oui. Elle voulait me parler pour arranger la situation. Elle doit sacrément t’aimer, Ryo. Elle pensait que j’étais capable de refuser pour elle mais pas pour toi.  

- Elle s’en veut de ce qui s’est passé. Elle était jeune, Maki. Le soir où on s’est revus, elle m’a fait croire qu’elle avait dix-neuf ans et elle les faisait. Coiffée, maquillée et habillée comme elle l’était, je n’en ai pas douté. Elle voulait juste profiter d’une soirée avec moi et moi avec elle. Elle n’avait certainement pas prévu que la soirée se finirait dans mon lit. Je ne l’avais pas vu venir non plus., lui expliqua-t-il.  

 

Il croisa le regard sceptique de son partenaire et s’ébouriffa les cheveux.  

 

- Je ne dis pas que je n’avais pas pensé à coucher avec elle mais tu sais très bien que je n’emmène pas de femme chez moi. Je ne voudrais pas qu’une innocente se fasse tuer alors que je veux juste ses charmes…  

- Alors pourquoi elle ?, poussa Hide.  

- Elle est différente…, répondit simplement Ryo.  

 

Hide médita sur ces simples mots et ce qu’il savait. Il n’avait pas espéré un Ryo pour sa petite sœur mais visiblement un lien particulier les unissait, peut-être même s’aimaient-il sincèrement, et c’était ce qu’il voulait pour elle. Il aurait bien évidemment aimé que sa sœur ne fit pas partie de ce monde violent et sombre mais elle était forte et visiblement amoureuse.  

 

- Tu crois qu’elle me pardonnera ce que je lui ai dit ?, lui demanda Maki, les yeux baissés.  

- Elle t’attend. Elle veut ton pardon. Elle sait qu’elle est à l’origine de tout cela et s’en veut énormément., lui expliqua Ryo.  

- Non, elle n’est pas responsable.  

- Si Maki, elle l’est. Comprends-moi, je… tiens à elle et je ferai tout pour soulager sa peine mais pas lui mentir. Elle est adulte et c’est une jeune femme responsable. Tu l’as bien élevée. Elle est capable d’assumer ses erreurs.  

- Comment peux-tu dire que tu tiens à elle et ne pas vouloir la protéger?, se fâcha Maki.  

- Au contraire, je serai là pour la soutenir et c’est parce que je tiens à elle et la respecte que je ne veux pas lui ôter ses responsabilités., le contra Ryo, les plongeant quelques instants dans le silence.  

- Ryo, tu lui donneras cela., demanda Hide.  

 

Il lui tendit une boite rouge.  

 

- C’est son anniversaire. Aujourd’hui elle a vingt ans., soupira Hideyuki.  

- Vraiment ? Je ne savais pas. Donne-lui toi-même, Hide.  

- Ryo, c’est important qu’elle l’ait aujourd’hui. C’était mon père qui voulait le lui donner pour ses vingt ans, un cadeau de la mère de Kaori. Kaori n’est pas ma sœur de sang. Mon père l’a ramenée à la maison alors qu’elle était bébé., commença Hide avant de lui raconter toute l’histoire.  

 

Ryo l’écouta sans rien dire. Kaori lui avait dit qu’elle était une enfant adoptée, qu’elle l’avait découvert par hasard et n’en avait rien dit à son frère pour ne pas le blesser alors il se tut également à ce sujet et le laissa parler.  

 

- Si tu passais à la maison ? Ce serait un beau cadeau d’anniversaire que de remettre tout à plat et de reprendre votre relation sur de meilleurs bases, non ? Tu pourrais lui donner ton cadeau en même temps., lui proposa le nettoyeur quand son partenaire eut terminé.  

- Tu crois ?  

 

Ryo regarda son ami avec un léger sourire. Il ne le laisserait pas faire la même erreur avec sa sœur qu’avec Saeko. Il ne ferait pas traîner les choses en longueur.  

 

- J’en suis sûr. Les anniversaires, ce n’est pas mon truc mais te connaissant et connaissant ta sœur, c’est le votre. Alors viens.  

- Je passerai ce soir après mon rendez-vous.  

- Un rendez-vous ? Une jolie demoiselle ?, demanda Ryo, prenant son air lubrique.  

 

Il reçut une légère tape sur la tête de la part de son partenaire qui plissa les yeux de mécontentement. Cette réaction réchauffa Ryo plus que n’importe quel mot.  

 

- Tu as une femme et un fils à la maison maintenant. Pas question de faire l’idiot…, le sermonna Hide.  

- J’ai rendez-vous au Silky club ce soir à dix-neuf heures, rendez-vous professionnel.  

- Je n’aime pas cela, Hide. Je vais y aller à ta place., proposa Ryo, l’air neutre.  

- Non, c’est mon rôle. Je passerai après en espérant qu’elle acceptera de me voir.  

- Elle acceptera. J’en suis certain.  

 

Ils se jaugèrent un moment du regard puis sourirent.  

 

- Merci Ryo.  

- Merci à toi d’être venu. Ami ?, lui demanda Ryo en lui tendant la main.  

- Ami., répondit Hideyuki, la serrant.  

 

Ils se séparèrent, chacun prenant une direction différente. Ryo retrouva le chemin de l’appartement et trouva Kaori astiquant toutes les fenêtres. C’était fou comme en trois jours elle avait réussi à faire de son taudis un lieu vivable. Elle avait marqué l’endroit de son empreinte. L’air n’était plus saturé d’odeur de cigarette masquant le renfermé, le sol était propre, il n’y avait plus de cartons qui traînaient ni de déchets jonchant le sol. Elle l’avait proprement éjecté de chez lui pour fumer, suite à une scène mémorable où elle l’avait incendié quand il avait osé sortir un paquet de cigarettes devant Kei… Elle avait fait de ses murs un foyer et il ne s’en sentait pas plus mal… sauf parfois à hésiter de toucher quelque chose tellement c’était propre…  

 

Il approcha doucement d’elle et la saisit par la taille, la descendant de son escabeau. Elle poussa un léger cri de frayeur et se laissa tomber dans ses bras qu’il referma sur son ventre. Il profita quelques secondes de leur étreinte avant de la lâcher.  

 

- Ryo…, commença-t-elle, rouge de colère.  

- J’ai vu ton frère., la coupa-t-il.  

 

Il vit ses grands yeux s’ouvrir de surprise et l’espoir y renaître.  

 

- Et alors ?, souffla-t-elle.  

- On a parlé. Il passera ce soir pour te voir. Plus de non-dits, plus de colère, compris ?, lui dit-il sérieusement.  

- Promis. Merci., répondit-elle, émue.  

 

Elle passa les bras autour de sa taille et se serra contre lui. Il l’enlaça à son tour et profita de ce moment puis chacun repartit à ses occupations.  

 

Le soir venu, Kaori prépara un repas digne d’un festin. Elle ne savait pas si Hideyuki dînerait avec eux mais elle gérait son anxiété en cuisinant. Ryo regarda pour la énième fois la pendule et fronça les sourcils. Son rendez-vous prenait du temps et il n’aimait pas cela.  

 

- Je descends le sac poubelle. Tu peux surveiller que la casserole ne déborde pas ?, demanda Kaori, sortant de la cuisine.  

- Donne, je vais le faire. J’en profiterai pour en griller une vu que je ne peux plus fumer sous mon propre toit., la taquina-t-il.  

 

Elle lui adressa un sourire faussement contrit et il descendit. Il pleuvait des cordes dehors et il maugréa. Soudain, un bruit attira son attention et il se retourna. Une silhouette voûtée apparut dans l’ombre. Sur ses gardes, Ryo la regarda approcher et reconnut Hideyuki lorsqu’il passa près du réverbère. Il était salement amoché, un filet de sang coulant de ses lèvres.  

 

- Makimura !, fit-il inquiet.  

 

Il attrapa son ami qui s’effondrait. Puisant dans les forces qu’il lui restait, Hide sortit une boite de sa poche.  

 

- La bague… Donne-la lui. Veille bien sur elle., murmura-t-il.  

 

Ryo sentit alors le poids de son ami se faire plus lourd… 

 


Capitolo: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29


 

 

 

 

 

   Angelus City © 2001/2005

 

Angelus City || City Hunter || City Hunter Media City || Cat's Eye || Family Compo || Komorebi no moto de