Chapitre 19 :: Premiers pas vers la raison…

Publiée: 11-07-06 - Mise à jour: 11-07-06

Commentaires: Bonjour à tous. Voici un nouveau chapitre pour la semaine, mais la mauvaise nouvelle c’est que je vais être en vacances donc je vais être en vadrouille aux 4 coins de la France (pour moi c’est une super bonne nouvelle) et par conséquent je ne pourrais plus écrire aussi régulièrement qu’avant. Donc à partir du chapitre 20 je ne serais plus en mesure de majer une fois par semaine ! Je m’en excuse d’avance mais j’attendais ces vacances avec impatience pour pouvoir passer du temps avec ma petite famille. Voilà sans plus attendre bonne lecture et à la semaine prochaine pour la suite.

Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

L’impatience commençait à gagner Kaori. Bien trop mal à l’aise pour regarder le spectacle, elle fixait désespérément la porte de la boite depuis plus d’une heure, en espérant que TEZUKA finisse par pointer le bout de son nez.  

Alors que la porte s’ouvrait pour la énième fois, elle vit enfin entrer l’homme qu’elle recherchait depuis des semaines. Il était accompagné d’une jolie jeune fille qui, d’après Kaori, devait avoir à peine 18 ans. Cette dernière n’était visiblement pas du milieu et semblait tellement terrifiée par tout ce qui se passait autour d’elle qu’elle se raccrochait à TEZUKA comme à une bouée de sauvetage. La malheureuse ne savait pas qu’elle était en fait tombée dans les griffes d’un proxénète sans scrupule qui abusait de sa crédulité.  

TEZUKA, plutôt grand, dépassait la jeune fille d’une tête. Son physique plutôt flatteur était mis en valeur par un jean et un tee-shirt moulant sous une veste noire. Après un regard circulaire dans la salle, il s’avança vers la scène et prit place à une table, suivi de près par la jeune fille. Il commanda ensuite des boissons et se pencha pour murmurer quelque chose à l’oreille de sa compagne. De là où elle se trouvait, Kaori ne pouvait entendre quels bobards il lui débitait, mais avec son sourire enjôleur, il devait sûrement être en train de la convaincre qu’elle était la seule femme de sa vie.  

De l’autre côté de la salle, Ryo observait également le couple avec attention. Connaissant les activités de TEZUKA, la jeune femme qui l’accompagnait devait probablement être une nouvelle recrue. Encore une fugueuse, se dit-il. Au bout de quelques minutes, la jeune fille se leva et se dirigea vers les toilettes. Dès qu’elle fut hors de vue, TEZUKA sortit de sa poche un comprimé qu’il jeta dans le verre de la demoiselle. Un bon moyen pour obtenir son entière coopération. Ryo reporta son attention sur Kaori. Cette dernière avait dû voir ce que venait de faire TEZUKA et il craignait sa réaction. Il n’avait pas tort : elle venait de se lever et se dirigeait maintenant vers la table du couple.  

Kaori fulminait. Cette espèce de poseur venait de droguer le verre de la malheureuse, elle en était certaine. Elle ne pouvait pas laisser cette jeune fille à son sort. Elle se leva et prit la direction des toilettes. Au passage, elle fit semblant de trébucher près de la table de TEZUKA et feignit de se rattraper à celle-ci. Elle en profita pour renverser le verre contenant la drogue sous les yeux écarquillés de TEZUKA. Il pesta après elle et l’invectiva violemment. Sans un regard dans sa direction, elle se précipita vers les toilettes pour rejoindre la jeune fille et tenter de lui faire prendre conscience de la réalité des choses.  

Elle la trouva près du lavabo en train de se rafraîchir le visage. Elle avait dû pleurer car ses yeux étaient rougis. De près, elle paraissait encore plus jeune, trop pour finir dans la rue. La jeune fille sursauta quand Kaori posa sa main sur son épaule.  

- Excusez-moi, Mademoiselle. Savez-vous qui est l’homme qui vous accompagne ? Je ne voudrais pas vous affoler davantage mais ce type est connu des services de police pour proxénétisme. Vous ne devriez pas rester avec lui, surtout dans un endroit pareil !  

La jeune fille fondit de nouveau en larmes. Les mots prononcés par cette inconnue n’avaient fait que renforcer les craintes qu’elle nourrissait depuis qu’elle avait franchi le pas de cette boite de striptease. Entre deux sanglots, elle expliqua à Kaori qu’elle s’appelait Yûki et qu’elle avait fugué. Elle avait fait ensuite la rencontre de TEZUKA qui lui avait promis de lui faire gagner de l’argent facilement. Evidemment, c’était trop beau pour être vrai. Maintenant, la seule chose qu’elle désirait était de retrouver ses parents et la sécurité de son foyer.  

Sensible à sa détresse, Kaori lui proposa de l’aider à s’enfuir avant que TEZUKA ne lui remette le grappin dessus. Après un rapide coup d’œil dans les toilettes, elle découvrit une petite fenêtre qui devait donner sur l’arrière du bâtiment. Consciente du fait qu’il fallait agir vite, Kaori demanda à Yûki de grimper la première.  

Pendant ce temps, TEZUKA avait de nouveau commandé un verre pour Yûki et y avait remis un comprimé. Ne la voyant pas revenir au bout d’une dizaine de minutes, il commença à se poser des questions.  

- Bon sang, qu’est-ce que cette pleurnicheuse peut bien faire dans les toilettes ?  

Cette trop longue absence ne lui plaisait pas du tout. Il décida d’aller voir ce qui se passait. Devant les toilettes pour Dames, il attendit qu’une jeune femme sorte pour y jeter un coup d’œil. Il ouvrit brusquement la porte et fonça à l’intérieur. Personne ! Son regard fut soudain attiré par une paire de jambes qui venait de disparaître derrière une fenêtre.  

- Merde !  

Il sortit des toilettes en trombe et se précipita vers la sortie de la boîte. Une fois dehors, il regarda de chaque côté de la rue, mais il ne vit rien. La fenêtre devait donner sur l’arrière du bâtiment. Il s’élança alors, espérant la rattraper à temps. Une fois qu’il lui aurait remis la main dessus, il lui apprendrait, par la force s’il le fallait, qu’elle lui appartenait maintenant.  

Ryo se leva à l’instant même où il vit TEZUKA se ruer vers la sortie du club. La fille qui l’accompagnait avait dû mettre les voiles. Il réalisa alors que Kaori non plus n’était pas revenue des toilettes.  

- Mais ce n’est pas vrai, elle veut ma peau !  

Il s’élança derrière TEZUKA. Malheureusement pour lui, la piste était pleine à craquer et il perdit un temps fou à slalomer entre la foule pour atteindre la sortie.  

Il fallait se dépêcher, se dit Kaori, TEZUKA n’allait pas tarder à se rendre compte que Yûki avait disparu. Elle jeta un rapide coup d’œil à la jeune fille pour s’assurer qu’elle était toujours déterminée à s’enfuir. Ce qu’elle vit la rassura. Malgré sa peur, Yûki irait jusqu’au bout. Elles se mirent à courir dans les ruelles, espérant gagner suffisamment d’avance sur TEZUKA pour qu’il ne puisse pas les rattraper. Malheureusement pour elles, elles n’avaient pas été assez rapides. La jeune fille était tellement terrifiée que ses jambes avaient du mal à avancer, permettant à TEZUKA de gagner rapidement du terrain. Une voix s’éleva derrière elles, sommant Yûki de revenir sous peine de représailles.  

Au détour d’une ruelle, Kaori aperçut une poubelle. D’une voix rendue essoufflée par leur course, elle demanda à Yûki de se glisser à l’intérieur pendant qu’elle attirait TEZUKA ailleurs. La jeune fille obtempéra sans sourciller.  

Son plan fonctionna à merveille. TEZUKA passa devant la poubelle sans s’arrêter. Comme il n’avait pas encore réalisé que Yûki n’était pas seule, cela ne le surprit pas de n’apercevoir, au détour d’une ruelle, qu’une seule silhouette devant lui.  

Kaori s’engagea dans une allée et s’aperçut trop tard que c’était une voie sans issue. Faisant un brusque demi-tour, elle revint sur ses pas avant de s’arrêter, le cœur battant la chamade. TEZUKA venait de débouler dans l’impasse. Il s’avança, un sourire confiant aux lèvres, pensant avoir remis la main sur la fugitive.  

Kaori recula jusqu’à ce que son dos cogne contre le mur. Il n’y avait plus aucune échappatoire. Le souffle court, elle le vit s’approcher lentement d’elle. L’assurance qu’il affichait jusqu’alors laissa soudain place à de la surprise, quand il se rendit compte de sa méprise. Le regard mauvais, il demanda :  

- Où est Yûki ?  

- Je ne vois pas de qui vous parlez, mais cessez de me poursuivre, sinon je hurle !  

- Tu peux t’époumoner tant que tu veux, ici, personne ne se mêle de ce qui ne les regarde pas !  

Il avait raison. Crier ne lui servirait à rien, son seul espoir résidait dans le fait qu’elle puisse suffisamment semer le doute dans son esprit. D’un autre côté, c’était une excellente occasion pour lui poser des questions sur Myabi. Elle hésita avant de jouer le tout pour le tout.  

- Est-ce que vous vous souvenez d’une jeune fille du nom de Myabi NOMURA ? Vous l’avez rencontré il y a un an de cela. Au fait, je suis au courant de vos activités de proxénète : vous ramassez des jeunes fugueuses et ensuite vous leur faites faire le trottoir pour votre compte ! – s’exclama Kaori, d’une voix révoltée.  

TEZUKA fut si surpris par ces accusations qu’il en resta bouche bée. Qui était cette fille et que lui voulait-elle ? Il se ressaisit cependant rapidement. Son visage lui était familier mais il n’était pas capable de la situer. Il se rapprocha de quelques pas afin de mieux distinguer son visage, et reconnut la fille qui avait renversé le verre qu’il destinait à Yûki.  

- Mais bon sang, qui êtes-vous ?  

- Je suis à la recherche de Myabi. Dites-moi où elle se trouve !  

- Vous êtes de la Police ?  

- Non, je suis juste à la recherche de Myabi !  

- Je ne vois pas de qui vous voulez parler ! - lui répondit-il, d’une voix pleine de sarcasme.  

- Ne vous moquez pas de moi ! D’après la police, vous étiez son proxénète.  

Elle savait décidément beaucoup de choses. A cause d’elle, il avait perdu Yûki et elle risquait de lui causer d’autres ennuis... Sans que rien ne le laisse présager, il se jeta sur elle.  

Kaori se débattit du mieux qu’elle put mais elle eut vite fait de comprendre que TEZUKA était bien plus fort qu’elle. Il réussit à la bousculer et la faire tomber par terre. Se plaçant ensuite au-dessus d’elle, il lui immobilisa les bras au-dessus de la tête.  

- On fait moins la fière maintenant !  

- Lâchez-moi !  

- Trop tard ma belle. A cause de toi, j’ai perdu ma marchandise, alors il faut bien que quelqu’un paye les pots cassés. Comme tu as l’air de vouloir retrouver Myabi, je vais t’envoyer la retrouver !  

A ces mots, Kaori cessa immédiatement de se débattre. Elle voulait en effet retrouver Myabi...  

Ryo avait perdu TEZUKA en sortant du club. Heureusement pour lui, il l’avait entendu hurler après une certaine Yûki, qui devait certainement être la jeune fille qui l’accompagnait. Il l’avait ainsi suivi grâce à sa voix. Il finit par le rejoindre et découvrit TEZUKA maintenant Kaori à terre. Une rage froide l’envahit.  

Le regard sombre, il s’approcha et s’arrêta juste derrière TEZUKA. D’un geste brusque, il l’attrapa par l’épaule et l’envoya valser quelques mètres plus loin de Kaori.  

- Je crois qu’on a des choses à se dire, TEZUKA.  

- Mais qu’est-ce que …??  

- Si tu veux t’en prendre à quelqu’un, choisis au moins quelqu’un à ta taille. Espèce de minable...  

TEZUKA se releva d’un bond, prêt à foncer tête baissée sur l’impudent qui l’avait pris par surprise. A sa grande consternation, ce dernier ne lui accordait plus un regard. Il s’était tourné vers la jeune femme étendue par terre et lui tendait une main pour l’aider à se relever.  

Kaori regardait sans mot dire la main tendue vers elle. Elle ne rêvait pas, c’était bien celle de son voisin. Quand elle leva la tête et croisa son regard, elle y lut tellement de colère qu’elle prit peur. Finalement, elle préférait avoir affaire à TEZUKA plutôt qu’à lui !  

Comme elle n’esquissait aucun geste dans sa direction, Ryo perdit patience et lui saisit le bras pour la remettre debout sans ménagement.  

- Je peux savoir ce que vous faites ici ? - vociféra-t-il. - Ce quartier est un véritable coupe-gorge. Vous n’avez rien à faire ici !  

Le ton abrupt de Ryo la fit sortir de son mutisme. Elle maîtrisait parfaitement bien la situation avant qu’il n’arrive, sûr de son fait !  

- Mais de quoi est-ce que vous vous mêlez ? Je ne vous ai rien demandé ! - Elle vit un muscle de sa mâchoire se contracter.  

- Vous êtes complètement inconsciente ou quoi ? Si je n’étais pas intervenu, vous seriez déjà en train de faire le tapin pour ce type !  

- Je ne vous permets pas !  

Ryo avait une furieuse envie de la secouer comme un prunier. Elle était la seule personne qui puisse le mettre en rogne à ce point. Ce qu’il ressentait en sa présence était contradictoire : quand il n’était pas en train de la protéger, il avait envie de lui tordre le cou ! Ils n’accordaient plus aucun regard à TEZUKA et se chamaillaient comme s’ils étaient seuls au monde.  

TEZUKA les regardait se disputer comme des chiffonniers en se demandant qui étaient ces deux individus. Il en profita pour sortir une arme de sa veste et la pointer sur eux. Ils étaient bien trop occupés à se disputer pour se rendre compte de quoique ce soit.  

Ryo lança sa jambe si vivement que TEZUKA n’eut pas le temps de réagir. Son pied fit voler l’arme de sa main et lui arracha un cri de douleur.  

- Terminé la plaisanterie ! – Ryo l’attrapa par la veste – Tu vas me dire où je peux trouver Lola avant que je ne te règle ton compte.  

- Qui ?- demanda TEZUKA d’un ton sarcastique.  

Ryo lui assena un violent coup de poing dans le ventre, pliant TEZUKA en deux. Lui attrapant les cheveux, il lui releva la tête.  

- Et maintenant, est-ce que tu vois mieux ?  

- Je l’ai vendue à la vieille Ming pour son agence - réussit-il à répondre, avant de cracher du sang.  

Ryo le relâcha, le laissant s’affaler au sol. Il se tourna ensuite vers Kaori et, d’un ton incisif, lui intima l’ordre de le suivre.  

- J’ai aussi des questions à lui poser... - lui répondit-elle chichement. Maintenant qu’elle l’avait vu à l’action, elle n’osait plus trop le contrarier.  

- Ecoutez, ma patience a des limites et vous les avez largement dépassées ! - tonna-t-il.  

- Je ne faisais que mon travail !  

- Je ne veux pas le savoir! Ce n’est pas un endroit pour vous. Je vous ramène !  

- Mais…  

- Il n’y a pas de mais ! - coupa-t-il d’une voie tranchante.  

Alors qu’il tentait de la ramener à la raison avec sa gentillesse coutumière, TEZUKA en profita pour s’éloigner discrètement. Peu après, il se mit à courir quand soudain son pied heurta le pistolet qui lui avait échappé des mains quelques minutes plus tôt. Il s’en saisit immédiatement. A cette distance, ce type ne pourrait plus l’atteindre. Il tira plusieurs coups dans leur direction. Voyant qu’il n’avait pas réussi à les toucher, il reprit la fuite.  

Au bruit des détonations, Ryo se jeta sur Kaori pour la protéger. Ils tombèrent lourdement au sol. Se relevant ensuite sur un genou, il sortit son Magnum. Au moment où il enclenchait le chien, Kaori se positionna dans sa ligne de mire, les bras tendus.  

- Non, ne faites pas ça !  

Ryo lut tellement de détermination dans son regard qu’il ne douta pas un seul instant qu’elle se sacrifierait plutôt que de le voir descendre ce minable. Une seule question lui traversa l’esprit : pourquoi ? Une bouffée de rage l’envahit alors.  

- Vous êtes malade ou quoi ? Pourquoi voulez-vous protéger un type qui a voulu vous descendre ?  

- Je ne veux pas avoir la mort de quelqu’un sur la conscience, même si ce type est le pire des salauds. Je vous en prie, M. SAEBA, ne le tuez pas...  

Elle s’avança vers lui et posa une main légère sur son bras, répandant une douce chaleur qui le toucha au-delà d’un simple contact physique. Il ne sut pour quelle raison exactement mais il rengaina son arme, au grand soulagement de Kaori. Il avait les infos qu’il voulait, il n’avait donc plus besoin de courir après TEZUKA. Mais désormais, un autre problème se présentait à lui...  

Et ce problème avait pour nom Kaori.  

Chapitre: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30