Hojo Fan City

 

 

 

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Rated G - Prosa

 

Autore: Sayaka1537

Status: Completa

Serie: City Hunter

 

Total: 30 capitoli

Pubblicato: 31-01-06

Ultimo aggiornamento: 15-10-07

 

Commenti: 157 reviews

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General

 

Riassunto: "On parle beaucoup de ce qui se passerait pour nos deux nettoyeurs si Ryô retrouvait une personne appartenant à son passé, mais qu'en est-il de Kaori ? Ne pourrait-elle pas elle aussi avoir ses blessures ? Plus ou moins bien refermées ? En dehors de ses histoires de famille je veux dire...Car enfin, la première fois que l'on voit Kaori, elle réagit tout de même particulièrement violemment face à cette prostituée. Qu'y a-t-il derrière cette aggressivité qui lui est si peu familière ??? Seulement un amour-propre blessé ? Ou bien beaucoup plus ? D'anciens souvenirs sont enfouis au plus profond de nous, car ils nous font souffrir et l'on ne souhaite pas se les rappeler. Mais si jamais ils remontent à la surface....ils font tout voler en éclat sur leur passage..."

 

Disclaimer: Les personnages de "La Force du Passé" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

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   Fanfiction :: La Force du Passé

 

Capitolo 23 :: Comment continuer à avancer après ça ?

Pubblicato: 21-06-07 - Ultimo aggiornamento: 21-06-07

Commenti: Coucou tout le monde ! Désolée pour cet intermède un peu trop long entre ces deux chapitres, mais révisions et bac obligent... ^^ A présent que tout ça est enfin terminé, j'ai pu me remettre à ma fic ! :-) Ce chapitre fut très dur à écrire mais aussi très intéressant d'un point de vue psychologique, aussi et malgré son manque de gaieté j'ai pris profondément beaucoup de plaisir à l'écrire. J'espère qu'il vous plaira même s'il n'est pas évident ! Encore merci pour tout votre soutien et bonne lecture !!! ;)

 


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« Avant tout, entrez. » répondit doucement la belle médecin.  

S’écartant pour les laisser passer, elle laissa Ryô guider Kalitori alors qu’elle refermait la porte derrière eux. Les rejoignant, elle murmura :  

« Ne paniquez surtout pas Kalitori. Les yakusas ne l’ont pas exactement ménagé, c’est vrai, mais il va s’en sortir. » Voyant la jeune femme hésiter, semblant vouloir demander quelque chose, elle rajouta :  

« Non. C’est sûr maintenant. Il n’est pas en danger. » ‘Ou plus.’ Songea-t-elle amèrement.  

« Puis-je le voir, Mademoiselle ? Je vous en prie... ; » demanda Kalitori, éperdue.  

« Bien sûr. » sourit Kazue. « Mais attention, je risque de changer d’avis si vous me redites encore Mademoiselle… » plaisanta-t-elle dans un clin d’œil en entraînant Ryô et Kalitori à sa suite.  

 

Ouvrant finalement la porte de la chambre de Kitao, elle n’eut que le temps de s’écarter : Kalitori s’était précipité sur son frère telle une tornade.  

« Faites attention, il doit se reposer. » sourit Kazue. « Il dort, peut-être ne devriez-vous pas le…  

Mais elle s’interrompit. Kitao avait difficilement ouvert les yeux à tout ce bruit et, alors qu’il découvrait sa sœur en pleurs à son chevet, un pale sourire vint éclairer son visage.  

Sans plus rien ajouter, Kazue referma silencieusement la porte.  

 

« Et toi, Ryô ? Est-ce que ça va ? »  

« J’en ai vu d’autres. » lui répondit-il, cynique mais se voulant rassurant malgré tout. « Kaori et Kinasawa par contre, c’est moins bien. »  

« Et tu les as laissées seules chez toi ?! » s’écria Kazue sur un ton de reproche.  

« Bien sûr que non ! Falcon et Miki vont rester chez moi cette nuit. Il fallait que je prévienne Kalitori, je ne pouvais la laisser plus longtemps dans l’ignorance. Et puis… Kazue, avais-je…avions-nous raison, Mick et moi ? »  

 

Kazue lui jeta un regard perçant, avant de lancer :  

« Tu étais le médecin du groupe en Amérique, toi ou quoi ? Oui, tu avais raison. »  

Ryô eut presque envie de se jeter à son cou à ces mots.  

« Où est-il ? » murmura-t-il, la voix frémissante d’émotions contenues. Kazue sourit.  

« Viens, je t’emmène le voir. »  

 

La suivant, Ryô demanda à voix basse, sentant brusquement son enthousiasme retomber :  

« A-t-il des chances de s’en sortir ? »  

« Difficile à dire. La balle était plutôt mal placée mais nous avons malgré tout réussi à l’extraire. A présent, il faut éviter l’infection. Et espérer… »  

« Espérer… Oui, espérer. » prononça Ryô d’une voix qu’il voulait calme, alors que Kazue ouvrait la porte, lui faisant découvrir le professeur penché sur lui.  

 

* * * *  

 

« Miki. Falcon. »  

« Bonsoir Ryô. » lancèrent en réponse Miki et Falcon, assis à la table de bois, l’air défait.  

Ayant posé sa veste et son arme, Ryô vint les rejoindre et sans s’embarrasser de fioritures :  

« Kaori et Kinasawa ? »  

« Elles dorment. » répondit Miki.  

« Sûre ? »  

« Je crois bien que oui, ou alors elles sont vraiment douées pour contrefaire leurs respirations… » fit Miki dans un sourire qui s’effaça bien vite.  

« Et toi, Ryô ? Comment ça va de ton côté ? »  

« Kitao est sorti d’affaire. D’après Kazue, ses jours ne sont plus en danger. »  

Falcon hocha la tête et Miki souffla de soulagement.  

« Ouf ! Enfin une bonne nouvelle ! Je suis vraiment heureuse pour Kalitori en tout cas ! »  

« L’autre nouvelle est douce-amère. » lança brusquement Ryô.  

« Quoi ? Que veux-tu dire ? Quelle autre nouvelle ? »  

« Sommes-nous sur le point d’apprendre ce que Mick et toi nous avez caché ? » demanda Falcon comme un ours mal léché, ce qui aurait fait sourire Ryô en d’autres circonstances.  

« Caché ? Mick et Ryô ? Mais comment cela ? » demanda Miki, qui là ne comprenait plus.  

« Nous n’avons plus revu Mick, tu n’as pas remarqué ? » demanda alors le géant en croisant les bras. « Et le corps d’Eichi non plus. Ai-je tort ? » apostropha-t-il alors Ryô.  

Cette fois, Ryô eut un vrai sourire.  

« Non. Non, tu as raison, mon cher Mammouth. » répondit-il amusé.  

« Mais alors… Est-ce que cela signifie… Ryô, tu n’es quand même pas en train de dire qu’Eichi est… »  

« Vivant ? Non. Mais pas mort non plus. »  

« Que… » Et soudain, le visage de Miki s’illumina. Elle avait saisi.  

« Il… Oh non, ne me dis pas qu’il… »  

« Hélas si. » laissa tomber Ryô à nouveau sombre. « Lorsque Kinasawa a affirmé qu’il était mort, Kaori l’a crue. Mais lorsque je me suis penchée sur elle pour la soulever dans mes bras, j’ai eu l’impression confuse que cet homme n’était pas mort. Je ne sais pas, il… Il ne respirait pas la mort. Et à voir la réaction de Mick, il a pensé pareil que moi. C’est pour ça que vous ne les avez plus revus. Il a aussitôt foncé chez le doc. Il a du y arriver légèrement avant toi et Kitao. » Ryô s’interrompit un instant, rapporter cette nouvelle à haute voix lui coûtait.  

« J’avais bien raison, Eichi n’est pas mort. Kinasawa l’a cru mort parce qu’il… »  

Inspirant un grand coup, Ryô se lança enfin :  

« Parce qu’il est tombé dans le coma. »  

 

Un lourd silence s’installa autour de la table. Ryô avait eu le temps de digérer l’information, mais pour les deux autres le coup était rude. Devaient-il se réjouir parce qu’Eichi était « en vie » ? Etait-il même en vie ?  

 

Ce fut Miki qui reprit la parole la première :  

« Ryô, que… Qu’allons-nous dire à Kinasawa et Kaori ? »  

« Je ne sais pas, Miki. Franchement, je n’en sais rien du tout. »  

« Tu… Tu devrais leur dire, je crois… Elles ont le droit de savoir… »  

« Et s’il ne se réveille jamais ? » lança Falcon, résumant bien la pensée de Ryô.  

« Oui, c’est exactement cela. Si je leur dis et qu’il ne se réveille pas, je ne ferai que plus de dégâts encore que ce qui a été fait. Mais s’il se réveille un jour et qu’elles apprennent alors que je leur ai caché une telle chose, je crois bien qu’elles ne me le pardonneraient jamais. »  

Personne ne répondit. Que répondre, d’ailleurs ? Miki et Falcon n’avait aucune idée de ce qu’il valait mieux faire pour les deux femmes endormies à l’étage. Brusquement, Miki releva la tête, le regard enflammée comme si elle défiait Ryô.  

« Et demain ? Quand tu vas voir l’état dans lequel elles vont être ? Te crois-tu réellement capable de ne rien leur dire ? »  

« Oui. »  

 

Miki, désarçonnée, regarda Ryô stupéfaite.  

« J’ai fait pire dans ma vie. » murmura tristement Ryô. « Oui, ce sera difficile de me taire. Mais je me répèterai que je ne fais que leur épargner quelque chose de pire. Ce que nous nous ressentons cette nuit, n’est-ce-pas ? »  

Encore une fois, il n’obtint pas de réponse à une question de pure rhétorique.  

 

« D’accord, Ryô. C’est ton choix. Et sache que je te suivrai. Même si je ne t’approuve pas ici. » Ryô se contenta de la remercier d’un regard expressif, il sentait sa gorge se nouer et ne tenait pas à ce que ses amis entendent une voix rendue rauque par l’émotion.  

« Tu es sûr de ce que tu fais ? » demanda gravement Falcon.  

« Non. Non, bien sûr que non je ne le suis pas. Comment pourrais-je l’être ? J’essaye juste de faire ce que je crois le mieux pour elles. »  

« Tu as bien cru que le mieux pour Kaori était de partir loin de toi alors tu peux bien te tromper ! » lança Miki avec ferveur.  

 

Les deux hommes la regardèrent en silence quelques instants, durant lesquels elle se sentit rougir de plus en plus. Elle s’avança soudain, et posant une main sur le bras de Ryô :  

« Oh ! Excuse-moi Ryô. Je suis vraiment désolée de t’avoir jeté ça au visage ! Je… Pardonne-moi, mais je… » Et brusquement, Miki se retrouva sanglotant dans les bras de Ryô, qu’il avait refermés sur elle. Malgré ses nerfs, elle aussi craquait.  

 

Mais elle se reprit rapidement et, se dégageant :  

« Désolée. Je n’aurais pas du. Mais c’est trop d’émotions pour moi en une même nuit. »  

Tâchant de sourire, Ryô lui caressa la joue pour en effacer les traces de larmes, avant de se pencher pour lui chuchoter à l’oreille :  

« Falcon sera mieux placé cette nuit pour te faire oublier, resplendissante Miki… » L’intéressée eut un pale sourire en coin avant de lui donna une gentille tape sur l’épaule et de sortir de l’appartement. Après un bref signe de tête, Falcon la suivit, laissant Ryô seul dans l’appartement déserté.  

 

 

 

Ce ne fut qu’alors qu’il se retrouvait seul en tête-à-tête avec le silence qu’il réalisa l’impact que les événements avaient eu sur lui. Plus qu’il ne le pensait et surtout bien plus qu’il ne l’eut voulu.  

 

Se dirigeant vers le bar, il se prépara un cocktail d’alcools forts, le plus serré possible. S’installant dans un fauteuil qu’il tourna de façon à voir les lumières de la ville, il se sentit partir dans ses pensées, écoutant vaguement les glaçons s’entrechoquer dans son verre.  

Eichi… « Se réveillera-t-il ? » Cette phrase tournait et retournait dans sa tête. Sur un champ de bataille il serait mort. Mais ils n’étaient pas sur un champ de bataille. Et la médecine moderne disposait de moyens impressionnants.  

Mais il n’en restait pas moins qu’il était impossible de prévoir si quelqu'un se réveillerait d’un coma. Kazue le lui avait bien confirmé et même certifié. Alors ? Comment annoncer une telle chose à Kaori et Kinasawa ?  

Non, il valait mieux la leur dissimuler. Sinon, il les empêcherait de se reconstruire. Enfin, surtout Kinasawa. En admettant déjà qu’elles puissent se reconstruire dans l’état actuel des choses.  

 

Il prit d’une traite une immense gorgée de son mélange très personnel. Même lui n’aurait pu le boire en entier d’un seul coup. Il sentait déjà l’alcool commencer à faire son effet. Parfait.  

C’était une fuite et il le savait, mais c’était sa manière de gérer les problèmes.  

Se levant, il se dirigea vers le toit. Cette vue de la ville endormie l’apaisait toujours. C’était son refuge. Passant devant les portes des chambres, il hésita un instant, mais ne voulant pas courir le risque de les réveiller il continua son chemin.  

 

Arrivé sur le toit, il s’accouda à la rambarde, son verre toujours à la main, le liquide virevoltant sous son impulsion.  

Cette ville, Eichi la verrait-il encore ?  

Ces lumières, ses yeux s’ouvriraient-ils dessus à nouveau ?  

Ces rues, ses pieds les parcourraient-ils une ultime fois ?  

 

Ryô aurait voulu se secouer, ce style de pensées ne lui ressemblait ni ne lui convenait. Mais si l’alcool émoussait la douleur, il émoussait aussi la volonté. Contrôler ses pensées lui devenait de plus en plus malaisé. Peut-être bien allait-il s’endormir là après tout. Cette pensée ne lui déplaisait pas, tellement pas à vrai dire qu’il finit le breuvage d’une traite.  

 

* * * *  

 

Kaori ouvrit lentement les yeux. Découvrant son nouvel environnement, elle se demanda un instant où elle se trouvait, avant que la soirée de la veille ne lui revienne brutalement en mémoire. Sentant alors un mal de tête carabiné lui vriller le crâne, elle promena un regard vide sur ce qui l’entourait, réalisant alors se trouver dans la chambre de Ryô.  

 

Se renfonçant sous les draps, elle huma son odeur. Cela lui fit du bien, mais ne put atténuer cette terrible sensation de vide en elle. Il lui semblait qu’on lui avait arraché quelque chose de précieux qu’elle ne retrouverait plus jamais. De toute façon, elle ne serait plus jamais la même, c’était évident. Et Kinasawa non plus.  

Deux femmes à la dérive. Deux femmes meurtries par la vie que l’on ne pouvait plus sauver.  

L’image de Ryô s’imposa à Kaori, mais elle se demanda alors si même lui y parviendrait.  

Eichi était mort, il ne pouvait effacer ce fait. Eichi était mort ! Et c’était Kalina qui l’avait tué. Kalina… Une haine sourde s’empara d’elle.  

 

Kalina… Celui qui avait réduit à la misère tant de gens.  

Kalina… L’ennemi de Kalitori.  

Kalina… Celui avait enlevé et fait torturer Kitao.  

Kalina… celui qui avait sauvé Eichi, seulement pour mieux le pervertir ensuite.  

Kalina… Celui qui avait l’avait tué !  

Kalina, Kalina et encore Kalina ! On en revenait toujours à Kalina !  

 

Kaori frémit de rage. Si la mort lui avait paru trop douce la veille au soir, c’était à présent la prison qui lui semblait trop simple. Elle se demanda où était Kalina à présent. Qu’en avait fait Ryô ? L’avait-il remis à Saeko ? Non, il n’en avait probablement pas encore eu le temps ou l’occasion. Mais dans ce cas, où le gardait-il ? Elle devait l’apprendre, par quelque moyen que ce soit. Elle devait avoir une conversation sérieuse avec lui, et cette conversation s’accompagnerait d’une arme.  

 

Elle savait ce que penserait Ryô de tout ceci. N’avait-il pas dit à Emily : « Dans votre cœur, ça ne vous rendra pas votre frère. » ?  

Oui, peut-être bien. Peut-être bien que cela ne lui rendrait pas Eichi. Mais elle effacerait au-moins la honte qu’elle sentait l’entacher à l’idée de ne rien faire pour le venger alors qu’il était mort assassiné.  

 

D’un mouvement brusque, elle écarta les couvertures et, s’arrachant à l’odeur de son amour, elle se dirigea vers la porte. Mais elle se rendit compte avant d’y parvenir qu’elle ne portait que ses sous-vêtements. Apparemment, Ryô l’avait déshabillée avant de la mettre au lit.  

Ouvrant l’armoire, elle prit la première de ses chemises qui lui vint sous la main. Elle lui arrivait au genou et était bien trop large mais cet état de fait lui allait très bien.  

Ouvrant la porte sans bruit, elle descendit silencieusement. Dans le salon, elle remarqua d’un coup d’œil le bar ouvert. ‘Ryô s’est encore servi de l’alcool. Ça ne m’étonne pas. Eh bien, à mon tour.’ Et, continuant son chemin, elle descendit au sous-sol.  

 

Installant une cible, elle choisit son arme et, le regard fixé sur le centre de cette première cible d’une longue série, chargea l’arme d’un coup sec. Se mettant en position, elle leva lentement le bras pour tirer. Malgré le recul qui vint faire vibrer son bras, elle ne desserra pas les dents.  

L’arme qu’elle utilisait était à la limite de la puissance qu’elle pouvait encaisser, mais c’est ainsi qu’elle l’avait voulu. Le regard ne décrochant pas de sa cible, elle vida son chargeur en un instant. Mécaniquement, elle en saisit un autre, et releva le bras pour refaire feu.  

A chaque détonation qui retentissait, elle se promettait de faire dire à Ryô où était Kalina. Elle ne savait pas encore comment elle s’y prendrait, mais elle parviendrait à l’apprendre.  

Mais il faudrait ruser. Il lui serait facile de comprendre pourquoi elle voulait tant le voir sinon.  

 

Pourtant, elle l’apprendrait. Elle saurait. Elle en faisait le serment au nom d’Eichi.  

 

* * * *  

 

De l’eau. Il sentait de l’eau. Oui, c’était bien de l’eau qui aspergeait son visage. C’était frais. Très agréable. Progressivement, il se réveillait sous la douce caresse. Ouvrant lentement et difficilement les yeux, il réalisa qu’il se trouvait sur le toit. C’est en voulant bouger qu’il se rendit compte qu’il avait été allongé sur le sol.  

 

« Aïe ! Ma tête ! Oulah… »  

 

Ryô tangua dangereusement. Se tenant le front de deux doigts écartés, il fit un effort pour se lever. Au-dessus de lui, les nuages s’amoncelaient, sombres, et une pluie fine tombait.  

Inspectant ses vêtements, il se dit qu’il ne devait pas pleuvoir depuis longtemps, sinon ses vêtements seraient trempés. Mais cette pluie fine était transperçante et il ferait mieux de bouger de là. Sa tête tournait encore un peu toutefois, aussi leva-t-il le visage vers le ciel, laissant la pluie qui s’accentuait ruisseler sur son visage.  

 

Les souvenirs de la veille lui revenaient par vague, avec leur lot de souffrance. Son dernier souvenir conscient était ici. Il avait du tomber d’une traite. Se remémorant tout ce qu’il avait pu mettre dans son verre, ses lèvres dessinèrent un sourire ironique. Avec ça, même lui ne pouvait tenir longtemps. Il ne se souvenait pas être tombé, dans son dernier souvenir il était debout à contempler la ville. Et son verre, où était-il ?  

Rouvrant les yeux, il inspecta le sol autour de lui. Un verre à moitié brisée gisait non loin de lui.  

 

« Eh beh… Bravo mon vieux… Joli travail ! Kaori va être ravie ! »  

 

A ces mots, il songea brusquement avec amertume que Kaori n’aurait probablement rien à faire d’un verre cassé aujourd’hui. Dans son esprit encore un peu embrumé, il se demanda où la jeune femme pouvait bien être et si elle dormait encore...  

A cet instant retentit un premier coup de tonnerre, accompagné d’un éclair aveuglant. L’orage était sur lui.  

 

Cela ne gênait pas plus Ryô que cela. Il en avait connu des orages, dans la jungle sud-américaine ! La pluie lui ferait peut-être du bien après tout. Si elle pouvait le laver de la soirée de la veille…  

Il avait à la fois réussi et échoué. Réussi à sauver un homme, mais échouer à ramener tout le monde vivant. Il n’avait pas été assez rapide cette fois-là, et il s’en voulait. Si seulement il s’était aperçu que Kalina était réveillé ! C’était probablement Kinasawa qui avait hâté son réveil en le secouant ainsi… Il aurait du le prévoir. Bon sang, il aurait du le prévoir…  

 

Levant le regard vers le ciel, il laissa une nouvelle fois la pluie battre son visage, écoutant les coups de tonnerre qui s’intensifiaient. Les éclairs également traversaient le ciel à intervalles réguliers.  

 

‘Un temps parfait pour un tel matin…’ songea Ryô. Un temps qui était bien représentatif du désordre du monde.  

 

Ryô sentait ses vêtements, trempés à présent, commencer à coller à son corps. En temps normal, Kaori aurait déjà ouvert la porte du toit à la volée, s’étonnant de ne pas le voir redescendre devant un tel orage. Elle l’aurait réprimandé avec colère mais tant de tendresse dans le regard. Ces jours-là étaient probablement finis. Pour le moment du moins. Il prévoyait que Kaori aurait du mal à remonter la pente cette fois. Il savait qu’elle allait désormais avoir terriblement besoin de lui.  

‘Eh bien d’accord.’ pensa Ryô avec rage. ‘Je serai là.’  

 

Et brusquement, il brandit avec violence le poing vers le ciel, debout sur ce toit, ruisselant de pluie :  

« Vous m’entendez ? Je me fous de tout ce que vous pouvez amasser comme épreuves pour elle, je serai là, encore et toujours je serai là ! Et pour Kinasawa aussi ! Alors laissez-nous un peu tranquilles ! »  

 

La scène était bouleversante que cet homme défiant les éléments et hurlant en quelque sorte une supplique à une oreille qui ne l’avait jamais écouté. Qu’il n’avait jamais sollicité non plus d’ailleurs. Cette pensée frappa Ryô de plein fouet. A qui s’adressait-il là ? A qui ordonnait-il de les laisser tranquilles ? Il ne croyait en rien, qu’en lui-même. Tout cela n’était qu’ineptie.  

Et brisant cet intermède tragique, il vint s’appuyer au bord du toit, soupirant.  

 

Las, il était de nouveau las après son explosion d’énergie. Le mal de crâne qu’il avait oublié un instant revenait en force cogner contre ses tempes. Se les malaxant doucement du bout des doigts, il ferma les yeux. Autour de lui l’orage n’avait rien perdu de sa force. Il se dit que s’il restait là encore longtemps il allait attraper un rhume et que cela n’arrangerait en rien ni ses affaires ni celles de Kaori et Kinasawa.  

‘Elles ont besoin de toi, ce n’est pas le moment de les laisser tomber. Allez, bouge-toi…’  

Il se secoua ainsi jusqu’à ce qu’enfin il parvienne à se remuer. Après un dernier regard sur la ville qui semblait inanimée (avec un temps pareil les gens ne devaient pas oser sortir de chez eux), il s’obligea à rentrer à l’intérieur de l’immeuble. Il devait savoir ce que faisaient Kaori et Kinasawa. Il se demanda alors avec amertume comment avait été leur réveil ce matin…  

 

* * * *  

 

« Des… Des détonations ? »  

 

Ryô était étonné. A peine avait-il fermé la porte du toit sur le bruit grondant de l’orage que malgré le bruit de fond ses oreilles entraînées l’avait alerté. On tirait dans le sous-sol.  

Mais qui ? Un soupçon se fit jour dans son esprit, mais il ne voulait pas penser à cette solution. Surtout pas. Et pourtant…  

 

Se précipitant, il dévala les marches pour atteindre les chambres. S’arrêtant sans bruit devant celle de Kinasawa, il vérifia sans produire le moindre son que celle-ci dormait toujours sur le lit. Rassuré, il referma silencieusement la porte.  

En quelques pas, il fut devant sa propre porte. Une boule dans sa gorge s’était formée entretemps, mais il n’avait pas le temps d’avoir peur. Il ne lui en fallut que peu pour comprendre que ses soupçons étaient fondés. C’était Kaori qui tirait.  

Le visage de Ryô se ferma, devenant dur. Ce n’était pas une réaction qui ressemblait à Kaori.  

Non, c’était une réaction qui lui ressemblait, à lui. Et il n’aimait pas cela.  

 

Faisant volte-face, il sortit rapidement de la chambre et descendit à son tour au sous-sol.  

 

 

 

Cachant soigneusement sa présence, il en profita pour observer la jeune femme.  

Il n’y avait rien à redire sur le plan technique à sa position, mais Ryô aurait pu lui répéter ce qu’il avait dit à Emily : Il y avait bien trop de froide hargne dans sa manière de tenir cette arme. Il nota alors soudain ce qu’elle avait dans les mains…  

‘Trop puissant pour toi, mon amour…’ songea-t-il douloureusement. ‘Tu dois probablement faire un effort pour encaisser le choc, mais ton corps ne tiendra pas indéfiniment…’  

Il pouvait voir la jeune femme serrer les dents à chaque recul et cette vision lui fit mal. Jetant un coup d’œil sur les cibles, il put voir que son tir s’était amélioré, elle s’était probablement déjà entraînée sans le lui dire.  

Mais là… Là ça n’avait plus rien à voir avec un entraînement. Là elle faisait la même erreur qu’Emily, la même erreur que lui à une époque et en un sens la même erreur qu’Eichi.  

Il devait arrêter ça.  

 

Doucement, il se saisit de son arme qu’il avait attrapée au passage avant de descendre, et tranquillement visa. Attendant le moment propice…  

Brusquement il fit feu, et la cible qui attendait de recevoir la dernière balle du chargeur de Kaori tomba au sol avant que celle-ci ne l’atteigne, et la balle alla se ficher dans le mur derrière.  

 

Kaori ne poussa pas un cri de surprise, comme si elle s’était toujours attendue à ce qui venait de se passer. Sans un mot, elle se retourna, et rien ne marqua ses traits lorsqu’elle découvrit Ryô, à présent bien en vue dans l’encadrement de la porte.  

« Ryô. » prononça-t-elle simplement d’une voix sans expression, qui remua considérablement l’intéressé.  

« Kaori, je… Je crois qu’il faut qu’on parle. » 

 


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