Chapter 9 :: Les dîners avec toi

Published: 01-10-03 - Last update: 01-10-03

Comments: Je n’ai pas oublié mon « autre couple » Saeko et Toshio….et un tout en deux chapitres J’espère ne pas mettre trop trompée sur le caractère de Saeko. Forcément, il est différent de celui qu’on lui prête d’habitude. Peut-être trop romantique? Merci encore pour les reviews, n'hésitez pas à me faire part de tout commentaire suspectible de faire avancée l'histoire ou de recentrer les caractères (ou n'importe quoi d'autre)

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Rues de Tokyo, 17.30  

Saeko se rendait au café Cat’s Eyes en attendant son rendez-vous avec Tosh. Tosh et plus Toshio. Cela signifiait donc qu’il était déjà devenu un ami. Enfin, « déjà » tout est relatif. Cela faisait déjà trois semaines qu’ils s’étaient rencontrés.  

Le café pris, après leur rencontre, s’était transformé en déjeuner qui avait duré presque tout l’après midi. Il y avait longtemps que Saeko ne s’était pas sentie aussi bien. Pour être honnête, elle ne s’était jamais conduite ainsi, avec quiconque. Normalement elle portait un masque. Elle était la femme fatale, l’inspectrice de police efficace et froide, sachant ce qu’elle voulait et l’obtenant par tous les moyens possibles. Son sourire était devenue une arme qu’elle savait plié à ses caprices et à ses besoins. A force de jouer ce rôle, il était devenu une partie d’elle même…C’était étrange, elle ne se souvenait pas qu’elle avait été différente, plus insouciante, plus libre. Elle ne le regrettait pas…Sa façon de se comporter était devenue naturelle et définissait, à ses yeux, la véritable Saeko.  

Mais elle se transformait au contact de Tosh. Elle se voyait éclater de rire pour une de ses réflexions incongrues, froncer les sourcils quand une de ses remarques l’énervait..et, plus encore, était capable de l’observer avec tendresse, sans ressentir le besoin de parler. Elle faisait tout cela sans y réfléchir, instinctivement. En s’y arrêtant plus longuement, cette attitude nouvelle la déstabilisait. Elle sentait qu’elle ne contrôlait plus tout et cette sensation était effrayante tout autant qu’attrayante. Il lui faisait découvrir des parties d’elle même qu’elle ignorait posséder ou qu’elle avait cachés depuis la disparition d’Hideyuki.  

Toshio ne s’en rendait pas compte, il était d’un naturel et d’une franchise qui la surprenait quelquefois.  

Elle n’était pas habituée à évoluer dans un monde sans faux semblants.  

Elle n’était pas habituée à être accepter tel qu’elle était.  

Saeko avait du faire ses preuves deux fois plus que les autres, parce qu’elle était l’enfant du préfet de police et parce qu’elle était une femme. Encore aujourd’hui, chacune de ses victoires avait un goût de doutes, malgré ses compétences.  

Toshio s’émerveillait de ce qu’elle disait mais n’hésitait pas à lui montrer son désaccord et son incompréhension, et elle ne le prenait pas mal. Il la considérait comme son égale, différente mais complémentaire et semblable.  

Tout cela faisait qu’elle recherchait sans cesse sa compagnie, une recherche réciproque d’ailleurs. Pendant ses trois semaines, elle l’avait vu presque 4 à 5 fois par semaine. Normalement des rencontres si proches l’auraient vite lassée, mais, ils en souhaitaient toujours d’autres. Des bribes de leur dernier dîner lui revenait en mémoire.  

Restaurant « La loupiote dorée », quartier chic de Tokyo, soir précédent, 20.30  

« - Waouhh, Saeko tu es resplendissante ce soir ! »  

« - Merci…mais je suis sur que tu dis ça à toutes les filles avec lesquels tu sors… »  

« - Je ne sais pas. Ce serait sans doute vrai si je sortais avec beaucoup de filles, puisque j’ai un goût en la matière très sur…et ca n’enlèverait rien à la sincérité du compliment. »  

« - J’ignore si je dois me mettre en colère ou éclater de rire devant une telle réplique. Par contre, toi, tu n’et pas au mieux de l’élégance. Je t’avais pourtant dit que le restaurant où on allait ce soir était d’un plus haut standing que d’habitude. »  

En effet, si Saeko portait une jupe bordeaux à la dernière mode, avec un bustier évocateur, son compagnon, quand à lui, portait un affreux pantalon gris et…comble du mauvais goût une veste noir trop courte. Certes, il avait quand même abandonné son sempiternel jean et ses baskets. En outre, il était toujours trop grand quels que soit les habits qu’il portait.  

Toshio prit un air faussement contrit.  

« - Ne me dis pas ça…J’ai mis trois heures à me préparer et à essayez d’être à la hauteur. En me regardant dans la glace avant de partir, je me suis trouvé un charme irrésistible… »  

« - Irrésistible, rien que ça ? »  

« - En fait, les termes exacts était « mignon à croquer », mais utiliser de tels mots ne fait pas trop viril, non ? »  

Elle sourit largement. Aucun homme qu’elle connaissait n’aurait reconnu avoir oser dire « Mignon à croquer »….d’ailleurs aucun ne l’aurait dit, de toute manière. C’était le charme de Toshio. Il reprit, tout d’un coup plus inquiet.  

« - Dis, tu crois qu’ils me laisseront rentrer ? Je ne voudrais pas gâcher notre soirée simplement parce que je n’ai aucun goût vestimentaire. La prochaine fois, je te téléphonerais pour que tu me donnes des indications… »  

«- Bah, je ne crois pas qu’il y aura des problèmes. Toute compte fait, tu n’es pas si repoussant que ça.. »  

« - Trop gentille, Milady… »  

C’était Saeko qui avait proposé ce restaurant. C’était un de ces endroits très à la mode et très cher. Normalement Toshio l’invitait dans des restaurants très sympathiques mais beaucoup moins snob. Elle savait pertinemment qu’il y serait mal à l’aise. Pourquoi l’avait-elle proposé alors ? Un double test. Le premier pour voir s’il accepterait. Il avait passé ce stade sans problème. Il n’avait pas même hésité. Si cela faisait plaisir à Saeko, il voulait bien s’y rendre avec elle. Le deuxième test était de voir comment il se comporterait avec des personnes que Saeko avait l’habitude de côtoyer…Voulait-elle le comparer avec d’autres hommes, qui, avant, faisaient parti de ses proies favorites ?  

En déposant ses affaires au vestiaire, elle eu une angoisse. Que voulait-elle prouver ? Elle n’aimait pas les gens qui étaient derrière la porte. Elle les trouvait superficiels et insignifiants. Toshio valait mieux que tous les autres réunis. Elle avait été stupide. Elle était à deux doigts de trouver une excuse stupide pour ressortir de cet endroit oppressant. Mais, elle vit Tosh qui l’attendait en lui souriant. Qu’importe ce que penseraient ces snobinards, ils n’allaient pas lui gâcher sa soirée avec Tosh.  

En effet, si, en pénétrant dans la grande salle, il y eu quelques regards peu flatteurs pour le compagnon de Saeko Nagomi, aucun des deux n’y prit garde. Ils choisirent une table éloignée du brouhaha et des fortes lumières et entamèrent un délicieux repas.  

La soirée se terminait calmement. Saeko et Tosh n’avaient pas arrêté de discuter. Tout s’était très bien passé. Elle l’avait écouté parlé de son travail. Lors de leur deuxième rencontre, il lui avait dit qu’il était prof. Elle avait été surprise. Elle sortait avec un prof, de physique qui plus est. Au grand jamais elle n’aurait cru ça possible. Elle avait imaginé la tête de son père, s’il apprenait ça.  

Elle avait également parlé de son métier. Quand elle lui avait dit ce qu’elle faisait, il avait été intéressé. De toute façon, il était intéressé par tout ce que disait Saeko. Il savait l’écouter.  

Bien sur, la conversation avait porté sur d’autres sujets que le travail. Un peu sur tout, un peu sur rien, beaucoup sur eux. Une conversation entre amoureux, en définitive, même si aucun des deux ne l’aurait reconnu… en tout cas pas Saeko.  

Après avoir parler de choses et d’autres, Tosh, dont le sourire n’avait pas disparu un seul instant, sauf peut être quand il avait vu le menu et n’avait rien compris aux plats proposés, lui demanda :  

« - Alors, tu as réfléchi ? »  

« - Réfléchi à quoi ? »  

« - Au nom de nos enfants ? La première fois que je t’ai rencontrée, je t’ai dit que, pour le nom de nos enfants, j’attendrai de t’avoir inviter à dîner. Je sais que ce n’est pas notre première sortie, mais je me suis dit qu’il te fallait sans doute un peu de temps pour quelque chose de si important… Mais, je crois que maintenant tu as eu le temps de réfléchir, non ? Alors, les prénoms de nos enfants ? »  

C’était exactement une réflexion à la Tosh. Complément déplacée, sans vraiment de lien avec la soirée. Une autre femme aurait peut-être été mal à l’aise, mais pour Saeko cela faisait parti des plaisirs de discuter avec Tosh.  

« - Bien sur…Déjà, le nom de famille…pas question qu’ils prennent le tien, trop moche, donc je crois qu’ils conserveront le mien. Déjà, nous en aurons trois…En donc les noms sont logiques.. »  

Elle énonça les noms avec sérieux en lui montrant à chaque fois un doigt de sa main.  

« - Pim…Pam…Poum…. »  

Il éclata de rire.  

« - Tu aimes bien les P. Mais c’est parfait, pour les initiales sur les habits…Il auront tous les mêmes, donc ils pourront se les échanger… »  

Ce fut au tour de Saeko de rire. Il continua.  

« - Ah, tu retrouves ton sourire… Je croyais que tu commençais à te lasser de ma compagnie. »  

En réalité, Saeko s’était tout d’un coup, sentie coupable de lui avoir imposé cette épreuve. Elle venait de se rendre compte qu’elle voulait partir et se retrouver seule avec lui. Elle se demandait encore ce qu’elle avait voulu prouver en l’emmenant ici.  

« - Tu plaisantes ? Ta compagnie m’est infiniment précieuse… Mais, je commence à étouffer ici. Tu ne voudrais pas que nous sortions un peu… »  

« - Une promenade digestive après ce repas de rois ! Parfait….Mais dis-moi…Comment fait-on pour payer dans ces endroits ? »  

Elle souria.  

« - Je te rappelle que c’est moi qui t’es invité.. »  

Il fit mine de l’arrêter.  

« - Attention, Tosh, ne me met pas en colère en te comportant comme un macho. Va plutôt chercher nos affaires pendant que je règle l’addition. De toute façon, le salaire d’un pauvre petit prof n’est pas suffisant pour ce resto… »  

Tosh haussa les épaules. Après tout, si Saeko souhaitait lui payer à manger…Il n’était pas du genre à se sentir diminuer si son amie lui payait de temps en temps un repas. Il partit donc vers les vestiaires, mais se retourna et apostropha en souriant Saeko.  

« - Et depuis quand un flic gagne-t-il bien sa vie ? »  

Elle haussa les épaules.  

« - A tout de suite Tosh. »  

Les nuits étaient maintenant froides. L’automne était véritablement arrivé sur Tokyo. Le vent mordant venait envelopper les quelques rares passants qui osaient encore sortir.  

Un couple avançait en se tenant serré l’un contre l’autre. A première vue, il n’était pas trop assorti. La femme dégageait une forte présence sensuelle au moindre de ces gestes. L’hommes, quand à lui, semblait gêné par un corps trop grand et trop maigre. Mais, leurs yeux ne mentaient pas quand au plaisir qu’ils avaient d’être si proches.  

Depuis quelques temps, ils ne parlaient plus. Ils n’en avaient pas besoin.  

Mais Saeko réfléchissait profondément. La sensation que Tosh faisait naître en elle la troublait. Elle ne voulait pas reconnaître qu’il était déjà trop tard, qu’elle était déjà amoureuse. Elle se croyait seulement attirée par cet étrange garçon. Elle savait que cette attirance était réciproque. Elle avait donc un choix à faire. Normalement, dans de telles circonstances, elle devait faire passer un test à son prétendant. Mais, lançant un coup d’œil à ce dernier, elle se mit à douter à ce qu’il y arrive (je ne sais pas du tout en quoi consiste le test…je n’ai pas lu le volume du manga en relation. J’imaginerais que c’est physique..)  

« - Hé bien, Saeko tu me regardes bizarrement…Viendrais-tu de découvrir que je suis un extraterrestre ? »  

« - Arrêtes de plaisanter…En fait, je me demandais, Est ce que tu fais du sport ? »  

« - Drôle de question à 3.00 du matin… En fait, si tu considères qu’un peu de jogging tout les matins c’est du sport, alors oui… Par contre, s’il s’agit de séances de musculation intensive, alors c’est non… Pourquoi cette question ? »  

« - Pour rien, comme ça… » Non, pas question de lui faire passer le test. Il le raterait sans aucun doute.  

Arrivés devant la porte d’entrée de l’inspectrice, ils s’arrêtèrent. Saeko aurait bien aimé continuer la soirée, mais elle avait appris à connaître Toshio. C’était quelqu’un qui prenait son temps, il ne s’engageait pas rapidement. En outre, sa dernière expérience amoureuse lui avait laissé des blessures encore fraîches. Il ne voulait pas précipiter les choses. Un homme qui n’était pas pressé de conclure avec elle, encore une attitude particulière de Tosh.  

Elle n’aimait pas le moment de lui dire bonsoir. Elle se sentait bête dans ses cas là. Elle préférait s’éclipser au petit matin normalement. Mais, ce n’était pas dans les options possibles avec Tosh…  

« - Dis Saeko, tu fais quelques chose demain soir, à 19.00 ? »  

« - Non, je n’ai rien de prévu… »  

« - Que dirais-tu si je t’emmenais dans un endroit particulier ? »  

« - Comment ça particulier ? »  

« - Mais, non, ne t’inquiètes pas… C’est un endroit tout à fait respectable. »  

Saeko n’aimait pas être laissée dans l’ignorance. Mais, elle avait confiance en peu de personnes et Tosh en faisait déjà parti.  

« - Tu me promets que ce n’est pas pour te venger de cette soirée ? »  

« - Pourquoi voudrais-je me venger ? Nous étions bien, non ? Je reconnais que le décor était trop clinquant à mon goût, mais la nourriture était succulente et ta présence enchanteresse… En plus, j’ai mangé gratuitement ! ! »  

« - Attention, ne crois pas que ce sera toujours comme ça… »  

« - Ah, mince moi qui croyais que j’allais pouvoir me faire entretenir par une beauté…encore un des mes fantasmes qui tombe à l’eau…Non, sérieusement, je souhaite t’emmener dans un de mes endroits préférés. »  

« - Bon, si tu me jures que tout y sera normal… »  

« - Merci, c’est très important pour moi… Par contre, je te demanderais d’apporter des habits cools… ».  

Elle souria.  

« - Cool ? Ah, ah, ah, je savais bien que c’était un piège parce que je t’ai obligé à abandonner tes baskets. »  

« - Je suis pris en flagrant délit, excuse moi. Non, c’est un endroit où il fait froid, il faudrait que tu prennes un survêtement. Est ce que tu as ça dans tes armoires ? »  

Elle fit mine de se mettre en colère.  

« - Quoi, tu penses que je n’ai pas de survêtement… »  

« - Oh si…simplement il faudrait être sur qu’il n’est pas plein de mites…Reconnais que ce ne dois pas être ton habit préféré ! »  

Il est vrai que Saeko était beaucoup plus à l’aise avec ses jupes fendues qu’avec n’importe quoi d’autre.  

« - C’est ça, serais-tu en train d’insinuer que je n’ai pas la silhouette d’une femme faisant du sport ? ».  

« - Ouh, ouh, terrain miné….Tu fais semblant d’être en colère ! Tu as la silhouette d’un ange pour moi, tu le sais très bien. Et puis, regarde moi. Si je m’arrêtais seulement au physique, je serais un hypocrite de première classe. »  

Il se pencha vers elle.  

« - C’est d’accord Mademoiselle Nagomi ? Nous nous donnons rendez vous à la sortie de mon lycée, demain ? »  

C’est vrai qu’elle allait devoir retrouver son survêtement, mais elle était intriguée. Où Toshio voulait-il l’emmener ?  

« - Ok, Monsieur Tomori »  

Il se pencha encore plus et lui déposa un baiser sur les lèvres. Elle n’était pas encore habituée à ces baisers. Ils étaient remplis de tendresse. Ils avaient un goût de sincérité qui persistait après que leurs lèvres se soient séparées. Chaque fois qu’il l’embrassait, elle avait l’impression qu’il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert, mais qu’il ne s’octroyait pas ce droit. Elle lui en était reconnaissante.  

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