Chapter 28 :: Diagnostic

Published: 26-11-03 - Last update: 26-11-03

Comments: Trois pages tout rond ! ! C’est peut – être long pour un diagnostic mais je voulais que tout le monde soit au courant de la situation de Kaori. Je ne rentre pas dans des détails médicaux que je serais incapable de fournir, mais j’espère que c’est tout de même un peu crédible. Je remercie toutes celles qui me laissent de rewiews (je prend note de tout et essaye d’intégrer des changements en conséquence)..et aussi tous les auteurs qui donnent envie d’écrire (et surtout de lire). Les uns comme les autres, continuez !!!

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« - Alors ? »  

C’était Mick qui avait posé la question. Mais l’inquiétude se lisait sur tous les visages qui entouraient le professeur. Malheureusement, le visage sérieux et préoccupé de ce dernier n’était pas une invitation à l’apaisement.  

Ils étaient tous là.  

Mick, Miki, Falcon, Kazue et Ryô.  

Tous attentifs à la déclaration du professeur, attendant qu’il leur permettre d’espérer mais effrayés de ce qu’il pourrait leur dire.  

Cette question aurait du être posée par Ryô. Mais il n’avait pas ouvert la bouche depuis leur arrivée.  

Professionnels et efficaces, jugeant la gravité de la situation d’un coup d’œil, Kazue et le professeur s’étaient partagés les tâches. Lui s’occupait de Kaori, elle de Ryô. En quelques phrases, Mick et Falcon les avait mis au courant des circonstances.  

Kazue avait été étonnée de l’importance des blessures du nettoyeur. Silencieusement, tout en le soignant, elle s’était demandée comment il avait pu supporter une telle douleur sans rien dire, pendant si longtemps. Il avait des cotes cassées et une fracture au genou. En soi, ce n’était peut-être pas si grave en comparaison d’autres blessures qu’il avait déjà reçu, mais les cotes cassées s’appuyaient sur des organes très sensibles et risquaient à chaque instant de les perforer. Quand à son genou, c’était un miracle qu’il puisse encore le garder vertical. Bref, il devait souffrir le martyr et il n’avait rien dit….  

Mais un fait encore plus étonnant avait sidéré Kazue. Il n’avait pas essayé une seule fois de la toucher. Il avait été docile, il l’avait laissée le bander sans rien tenter. Ces yeux n’avaient pas une seule fois quittés la porte derrière laquelle le docteur examinait Kaori.  

Une fois les soins apportés, Kazue avait proposé à tout le monde de se restaurer, en attendant que le professeur ait terminé. Mick s’était approché d’elle et l’avait remercié d’un sourire pour cette tentative de les distraire tous de trop sombres pensées. Conscients également de cette démarche, Miki et Falcon avait accepté. Seul Ryô n’avait pas bougé de sa chaise, droit, digne, attentif. Il n’avait fait que secouer lentement la tête, dans un signe de refus, regardant toujours la porte, comme s’il pouvait voir à travers à force de la scruter. Kazue avait renoncé à essayer de le faire réagir.  

Et maintenant ils étaient là. Tous en quête d’un mot pour les rassurer, d’une seule parole.  

Dés que le professeur était sorti de la chambre où reposait Kaori, le groupe complet, s’était levé et l’avaient entouré.  

Mick avait parfaitement résumé leur attente : « Alors ? »  

Le professeur ne répondit pas tout de suite.  

Il avait été médecin chez les guérillos où la vie d’un homme n’était importante que tant qu’il tenait un fusil et pouvait se battre. Le professeur avait déjà lutté pour garder en vie des cas désespérés.  

Il avait côtoyé la mort sous bien des formes.  

Il avait vu des miracles se réaliser sur des hommes qu’il aurait presque enterrés 10 minutes avant. Il avait soigné des blessures affreuses, purulentes, sans espoir. Il avait du dire à des amis qu’il fallait se résigner. Mais à chaque fois, c’était difficile.  

Il avait cru qu’en venant au Japon il n’aurait plus à subir çà. Qu’il n’aurait plus à annoncer qu’il redoutait le pire.  

Un médecin apprend à affronter la mort, mais il n’arrive pas à surmonter la tristesse qui l’accompagne sinon il perd son humanité.  

Il avait déjà soigné une Kaori inconsciente et blessée mais là c’était différent.  

Il regardait tous ces visages autour de lui. Des gens qu’il connaissait et qui attendait de lui une parole réconfortante.  

Et il ne pouvait pas leur dire ce qu’ils rêvaient d’entendre.  

Il ne pouvait pas leur mentir.  

Il devait leur dire la vérité.  

« - Kaori a pris une dose massive de ppcp. » Il décida de commencer par une évidence.  

« - Quand se réveillera-t-elle ? » Tout le monde se tourna vers Ryô qui avait posé cette question d’une voix calme et étrangement dénuée d’émotions. Il n’avait pas demandé : « Mourra-t-elle ? » comme si cette question était trop stupide, trop irréaliste pour être posée.  

Le professeur secoua la tête lentement.  

« - Ce n’est pas si simple Ryô. » Il fixait le japonais, comme s’il ne parlait que pour lui. « Celui qui lui a fait ça ne voulait pas qu’elle devienne dépendante à la poussière d’ange. On n’a pas habitué son corps à être peu à peu intoxiqué. Elle a reçu une véritable overdose de ppcp. Une fois dans son organisme, la drogue l’a poussée à utiliser toutes ses forces. Quand les muscles se sont trouvés vidés, il a fallu trouver une autre source d’énergie. Alors, elle a commencé à puiser l’alimentation nécessaire dans ses fonctions vitales. Le cerveau a alors réagi. Il a tout arrêté. C’était la seule réaction possible pour survivre assez longtemps, pour attendre de l’aide. C’était une réaction désespérée, mais la seule. »  

Il avait essayé d’utiliser des termes simples, pour que tous puissent le comprendre. En réalité c’était bien plus complexe…Une histoire de neurotransmetteurs et d’inhibition par le ppcp. Chacun devait cependant avoir une bonne idée de ce qui s’était passé pour Kaori.  

« - Quand se réveillera-t-elle ? » Ryô avait écouté l’explication mais elle lui semblait secondaire par rapport à l’unique question qui le préoccupait. Il voulait d’abord une réponse, les détails viendraient ensuite.  

Malgré la voix atone de Ryô, le professeur pu lire toute la détresse et l’inquiétude dans son regard. Il en fut ébranlé. Il comprit alors que Ryô venait d’appréhender ce qui allait être dit. Qu’il demandait une sorte de dénégation de la part du professeur. Une dénégation que celui-ci ne pouvait lui fournir. Ce dernier soupira lentement.  

C’était le moment. Plus question de se retrancher derrière l’explication.  

« - Je ne sais pas. »  

Premier coup. Il leur laissa le temps de digérer l’information. Il constata que tous les regards s’étaient voilés, les épaules s’étaient courbées, comme si le coup était trop brutal. Le professeur avait reconnu son ignorance.  

Il continua  

« - Elle se réveillera quand son corps aura reconstitué ses réserves et que son cerveau n’aura plus peur de perdre le contrôle. Pour le corps, je vais lui administrer certaines substances qui l’aideront à ce débarrasser de la toxine. Mais, personne ne peut savoir quand elle reprendra conscience et même si elle reprendra conscience. »  

Deuxième coup. Maintenant, il avouait son impuissance à faire un pronostic. Kazue se colla à Mick qui entoura ses épaules d’un bras. Falcon et Miki aussi se rapprochèrent. Seul Ryô ne bougea pas.  

Le silence dura encore plus longtemps. Comme si aucun n’arrivait à croire que ce qu’il avait entendu était la réalité.  

Puis Miki rompit le silence.  

« - Pourquoi n’est ce pas comme pour Ryô et Mick ? »  

« - La dose qu’elle a reçu était trop forte. Aucun organisme n’aurait pu la supporter. Elle n’est pas intoxiquée à la ppcp. Ryô et Mick étaient dépendants de la drogue. Pour Kaori s’est différent. Le ppcp était fait pour droguer les gens. Il pouvait les tuer, mais avant tout il les transformait. La drogue n’a pas transformé Kaori. »  

« - Mais quelles sont les chances pour qu’elle s’en sorte ? » C’était Falcon qui avait demandé ça. Ils fallaient qu’ils sachent tous à quoi s’en tenir.  

Le professeur ouvrit les bras.  

« - Je ne peux pas vous répondre. J’aimerais beaucoup, mais ça serait vous mentir. Quand j’étais en Amérique du Sud, certains officiers ont cru qu’ils pourraient faire de meilleurs soldats en leur donnant plus de ppcp. Tous sont tombés dans le coma… Et aucun ne s’est réveillé… » Il lu le désespoir se peindre sur chacun des visages autour de lui. Il continua alors précipitamment. « Mais attendez…Le fait est qu’on en a tué beaucoup car ainsi ils ne servaient à rien, quant aux autres on ne les a pas beaucoup aidé… »  

Devant la mine complètement déroutée des autres, il ne s’arrêta pas. « Comprenez bien, il ne s’agit pas d’un coma habituel, si je puis m’exprimer ainsi. Il n’est pas lié à une blessure à la tête ou à un traumatisme. C’est presque…une décision…(il ne savait pas comment leur présenter les choses d’une façon simple pour qu’enfin ils comprennent). Écoutez moi attentivement. Kaori doit avoir envie de revenir parmi nous. Elle doit sentir qu’elle est en sécurité mais pas seulement. Elle doit aussi savoir que ces amis sont là, qu’ils veulent qu’elle revienne… Elle a besoin de notre présence. »  

Il les avait tous regardés pendant sa déclaration. Mais on sentait qu’il s’adressait aussi et surtout à Ryô.  

« - On ne comprend pas très bien…ce que vous voulez nous dire… » Miki était perdue.  

Ce fut Kazue qui répondit.  

« - …C’est que Kaori a besoin de nous. Il faut que nous restions près d’elle. Nous ne sommes pas obligés de lui parler, mais simplement d’être là. Il ne s’agit même pas de la veiller, il s’agit d’être là, simplement. La véritable décision de revenir parmi nous revient inconsciemment à Kaori, n’est ce pas professeur ? Suis-je claire ? »  

Tous hochèrent la tête en silence. Tous sauf Ryô, seul Mick sembla s’en apercevoir et peut être le professeur mais il fit mine de ne rien remarquer.  

« - Exact. C’est exactement ça. Kaori a besoin de notre force….et pas physiquement, elle a besoin de notre chaleur. Cependant, vous devez savoir que plus son coma durera moins les chances qu’elle se réveille seront grandes. »  

C’était le troisième et dernier coup qu’il leur porterait. Il leur avait tout dit.  

Tous étaient ébranlés par le diagnostic que le professeur leur avait fait. Il avait fait part de son impuissance à leur donner les chances de Kaori à s’en sortir. Mais en regardant un à un leur visage, il comprit également qu’il ne leur avait pas enlevé tout espoir. Ils étaient résolus à rester auprès de Kaori tant qu’elle aurait besoin d’eux. Ils ne s’avouaient pas vaincus. Il pu lire une nouvelle résolution dans leur yeux.  

Dans tous leur yeux ? Non, Ryô restait littéralement au dehors de cette transformation.  

Miki passa aux détails techniques.  

« - Nous devons donc rester avec elle, n’est ce pas ? »  

Le professeur hocha la tête.  

« - Oui, ça serait bien qu’il y ait toujours au moins une personne avec elle. Vous pouvez lui parler, parler entre vous…. Il faut qu’elle sache que vous croyez en elle. N’organisez pas une fête dans sa chambre quand même ! ! »  

Tous (sauf Ryô) sourirent à cet essai de rendre l’atmosphère moins pesante.  

« - On peut donc y aller ? », Toujours Miki.  

« Bien sûr… »  

Tous passèrent le seuil de la chambre de Kaori. Ils étaient remplis de tristesse et d’inquiétude mais ils sauraient faire face à cette épreuve. Ils étaient persuadés que Kaori se réveillerait.  

Tous ? Non. Ryô resta dans le couloir, immobile.  

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