Hojo Fan City

 

 

 

Data File

Rated PG-13 - Prose

 

Author: Sophie

Status: Completed

Series: City Hunter

 

Total: 40 chapters

Published: 15-09-03

Last update: 11-02-04

 

Comments: 102 reviews

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GeneralRomance

 

Summary: Il s'agit de tenter de répondre au challenge de Kaori "Jamais sans toi"...

 

Disclaimer: Les personnages de "Jamais sans toi (ou une autre avancée)" sont la propriété exclusive de Tsukasa Hojo.

 

Tricks & Tips

What does HFC mean?

 

It's the name of the web site. HFC = Hojo Fan City.

 

 

   Fanfiction :: Jamais sans toi (ou une autre avancée)

 

Chapter 39 :: Un nouveau monde !!!

Published: 29-01-04 - Last update: 29-01-04

Comments: Plus que deux chapitres…courage C'est un moment magique…Il en existe. De ces moments où l'on sait que notre place était là et pas ailleurs. Je sais qu'il est de bon ton d'être désabusée et revenue de tout mais Ryô et Kaori ont aussi, selon moi, le droit à ces moments si rares…C’est de votre faute, vous qui parliez de fin triste..alors forcément moi je réagis à l’opposé….tant pis si c’est romantique (ou plutôt tant mieux…) Long chapitre, mais je vois la nécessité de le conserver tel quel…C’est un tout…Et c’est la conclusion de l’histoire. Le casser en deux, c’est un peu le détruire…SVP, lisez le quand même… Je sais, depuis le réveil de Kaori mes personnages sont partis en live…et j’en fais peut-être un peu trop…Je suis toujours le challenge, mais, si j’avais été seule ce chapitre ne se serait pas passé comme ça (même si on serait arrivé au même endroit) Ah oui, mon histoire est quand même soft…Rien qui ne puisse heurter nos plus jeunes lecteurs (Mélu je parle de toi, là, lol…) Quelques reviews (avant le final) seront toujours les bienvenues…J’espère que vous aimerez !!! Les chapitres sont, évidemment, pour tous, mais particulièrement pour Rosi-Chan (même si pas sur qu’elle me lise) et Mélu : Bon anniversaire les filles…bien qu’en avance...Voilà mon (modeste) cadeau.

 


Chapter: 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40


 

 

Cette voix, sa voix…Si le ton n’avait pas été légèrement ironique, la jeune femme aurait pu être aux anges.  

« - Kaori, je te demande de bien t’habiller et toi, tu mets un jean. Franchement, quel genre de femme es-tu ? » (Forcément avec Ryô pour être féminine il faut une jupe à la Saeko ou pas de jupe du tout d’ailleurs…)  

L’intéressée en question est surprise. Elle ne s’attendait pas à ce genre de réflexion. De quoi parlait-il donc ? Il pourrait commencer par dire bonsoir et expliquer pourquoi il s’était volatilisé de si bon matin.  

« - Pardon ? » C’est la seule chose qu’elle arrive à dire.  

 

Il sort de l’ombre où il s’est tenu en l’attendant.  

Non pas vêtu de son sempiternel jean, de son tee-shirt et de sa veste habituelle, mais d’un costume 3 pièces tout droit sorti d’un excellent tailleur. Pas un smoking (trop coincé pour lui), mais une tenue à la fois décontractée et classe, mettant en avant tout son charisme et sa prestance.  

Kaori ouvre grand les yeux. Elle est subjuguée et légèrement déstabilisée. Ryô si bien habillé, qu’est ce que cela signifie ? Une légère pointe de jalousie la traverse rapidement… "Et si il était avec une autre femme le jour de son anniversaire à elle ? Sinon quelle raison de le voir ainsi? ". Mais impossible de garder ce sentiment en elle très longtemps. Dieu qu’il est beau et que son regard, pour une fois sérieux, est hypnotisant.  

 

Il s’approche d’elle.  

Elle n’ose pas bouger. Que doit-elle faire ? Elle n’apprécie pas trop cette proximité et en même temps elle le supplie mentalement de continuer, d’avancer, de combler cette distance entre elle et lui. Mais Ryô ne semble pas entendre sa supplique. Il s’arrête à 2 mètres d’elle.  

« - Tu n’as pas eu mon mot ! » Une affirmation, toujours une pointe de recul, comme s’il menait le jeu. Mais quel jeu ?  

« - Quel mot ? » Mais de quoi parle-t-il donc ? Ne devrait-il pas s’approcher et l’embrasser ? "Mais qu’est ce qui m’arrive, à moi ?….c’est Ryô…c’est pas….enfin bref, ce N’est QUE Ryô…. Kaori réagit, tu ne vas rester comme ça à être complètement larguée….détournes toi de son regard"  

Mais impossible de ne pas plonger dans ces yeux sombres, légèrement rieurs qui s’accrochent aux siens. Furtivement, elle a la sensation d’être une biche hypnotisée par un lion. Trop majestueux, trop grand, trop dangereux. Et étrangement ce sentiment n’est pas si désagréable en fin de compte. Elle se sent désirée et ça fait du bien. Ça donne l’impression d’être vivante.  

C’est stupide mais c’est agréable. (cf tome 14 quand Ryô la « coince » entre lui et la bibliothèque)  

 

Il lui saisit le poignet, l’entraîne vers la porte, l’ouvre et ils pénètrent dans l’appartement. Elle l’a suivi sans protester, totalement décontenancée. Kaori, cependant, retrouve vite ces esprits. Elle ne se laissera pas conduire comme une poupée de chiffon.  

« - Quel mot, Ryô ? » Cette fois-ci, sa voix semble plus assurée.  

Il attrape un post-it près du téléphone et lui tend.  

« - Celui-ci ! »  

Elle l’attrape et le lit : "Kaori, habilles toi chic. Ce soir, on sort, Ryô."  

Elle ne l’avait pas vu ce mot. Elle avait été kidnappée si vite ce matin qu’elle n’avait pas fait attention à cette petite tâche jaune près du téléphone. Elle ne s’était même pas approchée du combiné.  

« - Mais, je n’ai rien de chic à mettre et puis pourquoi …. »  

Il ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase. La revoilà en train de le suivre, tirée par son poignet…  

Ils entrent dans la chambre de la jeune femme. Ryô la lâche, ouvre l'armoire et fouille à l'intérieur quelques minutes.  

Elle reste interdite, observant cet homme si….bref regardant Ryô, de dos, s'affairant dans son armoire.  

Elle aimerait sortir de la torpeur qui l'a envahit quand elle l'a vu. Mais l'énergie qu'il dégage est si envoûtante. Elle se surprend à sourire. Voilà une facette de son partenaire qu'elle ne voit pas souvent. Et, avouons-le, elle trouve ça charmant. Mais elle aime cet homme avec ses défauts de toute façon, alors…  

Enfin, il émerge et sort la robe qu'Eriko lui avait offert il y a si longtemps, après une expérience plus ou moins ratée. Un souvenir doux amer.  

La robe de Cendrillon comme elle l'appelle ironiquement!  

Kaori pique un fard.  

« - Celle-ci est parfaite ! Non ? » Il lui tend. « Dépêches toi de la mettre, on va être en retard. Change toi vite ! »  

Kaori se saisit de la robe en question. Elle ne sait pas trop quoi penser. Un hasard ? De sa part cela semble bien improbable.  

Toute à ses pensées, machinalement, elle commence à se déshabiller quand….Tilt…. Ryô est toujours dans sa chambre, légèrement bavant…Il bave devant elle !! Incroyable, cette soirée est vraiment celle des comportements nouveaux chez son partenaire. Elle ne peut s’empêcher de sourire et de rougir légèrement.  

« - Ryô… »  

« - Oui ? » Plein d’espoirs…Peut- être va-t-elle proposer de passer directement aux choses sérieuses ?  

« - Je n’aimerais pas mettre du sang sur ton beau costume … » Dit-elle en lui montrant ostensiblement une massue en mousse (et pas en bois bien dur)….  

« - D’accord, D’accord, je m’en vais, mais dépêches toi…. »  

 

Repensant à la tête de son partenaire, Kaori ne peut s’empêcher de rire. Elle a enfin reprit le contrôle. Du moins, son contrôle….si ce n’est pas celui de la situation.  

Elle finit de se changer. Pour lui faire plaisir et faire honneur à la robe, elle décide de se maquiller légèrement. Miki et Eriko lui avaient donné quelques conseils. Elle les applique rapidement….Un peu d’ombre à paupières, et un peu de poudre…. Impossible, cependant, d’imposer un semblant d’ordre à ses mèches rebelles.  

Elle se lève et s’observe dans une glace. Un léger voile recouvre sa bonne humeur. Elle se sent si peu jolie, si peu digne de lui. Elle n’aime pas l’image que lui renvoie ce miroir. Et si Ryô ne la voyait pas comme elle le souhaiterait ? Si sa gentillesse n’était que naturelle? Ces yeux deviennent tristes " C'est toujours moi…." Elle se trouve si gauche, si normale, sans aucun talent, sans aucun don qui pourrait la rendre particulière (mis à part le lancé de massues mais ce n'est pas vraiment à mettre en avant) aux yeux de l'homme qu'elle aime. Lui qui côtoie des belles filles sans cesse…pourtant, il n'est pas question de rater une soirée en sa compagnie... "Et puis zut, s'il n'est pas content, c'est à prendre ou à laisser…"  

Elle se détourne de son image et gagne la porte. Avant de tourner la poignée et de sortir, une bouffée d'angoisse la saisit. " S'il me dit que je ressemble à un travesti mal fagotté, je le tue…"  

Elle respire profondément et ouvre la porte.  

 

Elle pénètre dans le salon. Il se lève du canapé sur lequel il l'attendait (et pour une fois il ne lisait pas de revues pornos). Il la regarde. Aucune remarque sarcastique ne sort de sa bouche. Il a l'air ébahi. Lirait-elle même de l'admiration dans son regard ? Si elle n’avait pas été si peu convaincue de son manque de séduction, elle aurait pu y reconnaître, outre de l’admiration, du désir et du plaisir.  

Qu'importe! Il est temps d'obtenir des informations, de ne plus être passive, chose qu'elle déteste.  

« - Alors Ryô, que nous vaut cet habillement ? Tu as trouvé une nouvelle affaire ? Comment ça se fait que je ne sois pas au courant ? »  

Il semble sortir de sa contemplation.  

« - Mais non, bête ! C’est ton anniversaire aujourd’hui ! Je dois t’offrir un cadeau à la hauteur du tien !!! Pas question, sur ce coup là, que mon cadeau soit moins bien ! »  

« - C’est un peu tard, non ? »…Après tout, même si elle est heureuse, elle a le droit de le taquiner….elle a été si déçue de ne pas le voir ce matin.  

« - Non, certaines choses n’arrivent jamais trop tard… »  

« - Si tu le dis. On va où ? »  

« - Surprise Mademoiselle Makimura ! » Il l’attrape par le bras, la fait pivoter et l’entraîne vers la porte. « Fais moi confiance ! Tu te souviendras de ton anniversaire ! »  

Hum, s’il n’avait pas été si convaincant, elle aurait cru encore à une mauvaise blague. Mais, après tout, s’il avait envie de lui offrir une soirée, elle n’allait tout de même pas refuser simplement parce qu’elle ne savait par où ils allaient. Cependant, avec Ryô, il fallait toujours faire attention. Ceci dit, ils n’auraient pas été habillées comme ça, s’il avait prévu une soirée MacDo – Bowling…Bah, elle n’avait qu’à garder une bonne massue (en chêne véritable, cette fois-ci) à portée de main.  

 

Ils sortent dans la rue et avancent dans Shinjuku. La nuit, la ville s’offre une autre atmosphère. Mais ils ne se dirigent pas vers les bas fonds et les bars de nuit (Kaori est soulagée). Ryô l’entraîne vers les lumières du quartier des divertissements.  

C’est une nuit claire, sans nuage, même si la lune seule réussit à entrer en compétition avec les lumières artificielles. L’air est doux. Le printemps vient de faire une entrée à Tokyo.  

La foule les frôle.  

Des hommes et des femmes les regardent. Pas tous, mais certains. C’est vrai qu’ils forment un couple très beau, ils vont si bien ensemble, ils ont l’air de si bien s’entendre. Elle parle, il sourit et lui répond. Ils ont l’air libre de toute contrainte, savourant seulement la présence de l’autre.  

 

Malheureusement, Ryô reste Ryô (malheureusement ou heureusement ? en tout cas, malheureusement pour Kaori). Une magnifique brune aux longs cheveux entre dans son champ de vision. Elle se trouve à quelques mètres de lui, regardant la devanture d’une vitrine. Cette femme n’est pas belle, elle est superbe, tout simplement. Irrésistible….Surtout pour l’étalon de Shinjuku…  

Instinctivement, sans réfléchir, il lui saute dessus.  

« - Hello, ma toute belle, que dirais-tu d’un petit tour dans un petit hôtel de Tokyo ? »  

A cet instant, Ryô est redevenu le pervers habituel. Plus beaucoup de charme dans son maintien, plus de profondeur dans son regard, limite écoeurant…  

Kaori est trop surprise, trop désemparée pour intervenir. Dégoûtée serait le mot exact. Elle reste à le regarder, n’arrivant pas à croire qu’il s’agit réellement du même homme. Mais elle sait bien que si.  

Elle se retrouve seule, pendant que son partenaire essaye pathétiquement de ne pas faire fuir la ravissante inconnue qui est persuadée d’être tombée sur un vicieux.  

Un homme l’aborde. Kaori est décontenancée. Au début, elle ne comprend pas ce qu’il lui dit. Puis, il lui demande si elle est seule, continue en expliquant que ce n’est pas naturel qu’une jeune femme aussi jolie soit abandonnée dans les rues de Shinjuku, et finit en lui proposant de l’accompagner pour dîner dans un des restaurants les plus chics de la ville.  

Mi flattée, mi interloquée, Kaori reste sans voix. Au bout de quelques instants, elle se reprend. Elle n’aime pas du tout ce genre d’homme. Elle n’est pas la pour répondre à son besoin. Pour qui la prend-t-il ? Elle va répliquer, commence à ouvrir la bouche, quand une voix grave, derrière elle, s’élève, avec un soupçon de menace.  

« - Cet homme t’importune, Kaori ?...Écoutez mon vieux, mon amie n’est pas intéressée par vous. »  

Ryô.  

L’homme comprend instantanément qu’il ferrait mieux de partir rapidement. Il se dit qu’il aurait du se douter qu’une aussi jolie fille ne pouvait pas être seule. Il a croisé pendant un instant le regard de l’autre et il a comprit que ce dernier ferrait tout pour elle. Il a visé trop haut cette fois. Il disparaît sans demander son reste.  

Kaori rougit. Ryô a prit sa défense. Il l’a cru en mauvaise situation et a aussitôt abandonné son plan de drague (qui pourtant, à notre plus grande surprise semblait faire de l’effet : l’habit peut-être ?) Elle aurait très bien pu remettre le malappris en place toute seule, mais il est intervenu…Il a dit "amie"…  

Timidement, elle se retourne et le regarde.  

 

Ryô se rend alors compte qu’aucune femme n’arrive à la cheville de Kaori. Même les plus divines. Parce que Kaori est celle que son cœur a choisie envers et contre tous, même contre lui-même. Comment ne pas être démuni devant sa candeur, sa naïveté sur certains sujets, sa grande perspicacité sur d’autres, sa façon de le regarder si particulière ?  

Cette soirée leur appartient. Alors son radar libidineux : au placard….ou dirigé exclusivement sur Kaori. C’est même plutôt facile tout compte fait.  

 

Il se penche vers elle et, de sa main, effleure délicatement sa joue. La légère rougeur de Kaori s’accentue.  

« - Je suis désolé. » Son regard semble faire écho à ses mots.  

Malgré ou à cause de la tendresse du ton, la jeune femme a retrouvé de l’énergie, de la présence d’esprit. Elle n’est pas une victime.  

« - Si tu parles de cette fille, elle était vraiment sublime.Comment résister ? (Elle n’allait tout de même pas lui montrer combien son attitude l’avait blessée) Si tu parles de cet homme, j’aurais sorti une massue, s’il avait été trop entreprenant….Cependant… merci d’être intervenu….j’aurais pu m’en sortir seule, mais, bon, bref, merci… »  

Il sourit ironiquement. Elle baisse les yeux. "Quoi, j’ai bien le droit de lui dire merci, pourquoi sourit-il ainsi ?"  

« - Elle n’était que belle, elle n’était pas toi…et ce bellâtre t’approchait un peu trop…. »  

Kaori rit. Un compliment et un aveu de jalousie !!! Elle devrait peut-être l’obliger à faire un test de dépistage de substances hallucinogènes.  

Mais il ne lui laisse pas de temps de répliquer : « Allez Kaori, profitons de cette soirée. »  

 

Et ils en profitent. C’est une soirée ordinaire mais magique, car ils sont ensemble comme un vrai couple…écho lointain d’une soirée similaire…. Mais là, c’est elle, Kaori, avec Ryô… Il le sait… Il l’assume.  

C’est le bonheur… Que peut-elle espérer de plus ? Il est là, prés d’elle. Il lui sourit… Il a l’air calme, serein, heureux…comme elle ! Ils ont l’air un !  

 

Déambulation dans les rues animées, film de cinéma classique (un de ses préférés), restaurant calme, boîte branchée…  

Cette fois-ci, lors du slow, elle est allée naturellement vers lui, un peu timide tout de même. Et c’est naturellement qu’il l’a accueilli. Il n’a même pas essayé d’atteindre les endroits les plus sensibles. (Incroyable !!!).  

Cette soirée est parfaite pour Kaori : rires, sourires, discussions libres, danses, musique en sourdine.  

Pourquoi ne pas y croire ? Pour un soir ? Plus ? Pour une vie ? Elle a attendu si longtemps… elle ne veut pas être séparée de lui.  

Ils sont seuls, ensemble.  

Une bulle les entoure.  

Un monde se crée…  

Ce n’est plus Ryô et Kaori, c’est eux…  

 

La nuit s’écoule… et le temps fuit…  

 

Après la boîte, elle a cru qu’ils allaient rentrer….mais non, il l’a conduite sur le port… Trop symbolique. Elle se souvient.  

On ne rejoue pas la même scène, mais c’est proche, trop proche pour être une coïncidence. Mais pourquoi parler de ça, maintenant ?  

Kaori regarde la mer. Ryô est derrière elle. Le paysage, en fin de compte, a peu d’intérêt. Ils sont perdus dans leur pensées : passées, présentes, futures. Ils réfléchissent aux choix faits et aux choix à faire, à la présence si proche de l’autre. A la communication entre les êtres humains. Aux liens…Aux vielles questions, aux anciennes inquiétudes, aux nouvelles peurs.  

Pourquoi ne pas en parler, après tout ?  

« - Tu savais que c’était moi, ce soir là ! »  

« - Évidemment, je ne suis pas aveugle… Kaori, je te reconnaîtrai n’importe où, habillée, maquillée n’importe comment…Tu fais partie de moi. »  

« - Mais, alors… »  

« -Pourquoi ai-je fait comme si je ne te reconnaissais pas ? Te faire plaisir ? Te voler une soirée ? Faire comme un couple normal ? Moi aussi, j’y aspire de temps à autre. »  

S’il savait, pourquoi n’avait-il pas… ? La question la taraude depuis longtemps.  

« - Pourquoi ne m’as tu pas embrassée ? » Ça y est, elle lui a demandé. Elle ferme les yeux de peur d’entendre sa réponse. Elle craint qu’il ne recule ou sorte une de ses formules toutes faites…  

« - Je ne sais pas… J’en avais envie plus que tout, mais je savais que la vraie Kaori en aurait souffert… »  

Elle reste muette en entendant cette déclaration. Que peut-on répondre à ça ?  

 

Sa présence l’enivre. En plus il est charmant. Comment le remercier ?  

Elle soupire et se laisse aller à l’arrière. Il est là. Elle se repose sur son torse. Il l’enlace. Elle s’y sent bien…même si l’idée d’être protégée est un peu rétrograde…Oh !! Et puis, elle a beau être une femme du 21ième siècle, forte, courageuse, indépendante, débrouillarde… Ça fait du bien de pouvoir se reposer sur quelqu’un de temps à autre, de savoir que l’on peut compter sur une personne et qu’elle peut compter sur nous, indéfectiblement.  

Ils restent ainsi quelques minutes, toujours à contempler la mer, reposés.  

 

Mais une fulgurante pensée traverse Kaori. Une idée qui remonte de si loin, qui vient de sa connaissance (ou de sa méconnaissance ?) de Ryô. Rien qu’à l’idée de ce qu’implique sa question, elle se tend et devient pivoine.  

« - Ryô, et si tout change ? »  

« - Quoi, si tout change ? »  

« - Si on devient plus que des "partenaires"…si le quotidien devient habitude puis lassitude. Si tu te lasses de moi ? »  

« - Ou là !!! Tu es déjà en train de penser à ça ? Moi, je pense d’abord à l’extase de nos deux corps enlacés… »  

Elle sursaute à cette évocation mais il ne desserre pas son étreinte.  

Il reprend, mi figue, mi raisin : « Et puis entre mes instincts d’étalon et tes massues vengeresses (ton caractère de cochon (dis très très bas)), comment tomber dans la routine? Sans compter notre métier. Sans compter ce qui nous relie. »  

Elle reste silencieuse. La question était stupide. Qui vivra, verra. Ils ne se sont pas encore embrassés, alors pourquoi pense-t-elle déjà à après ?  

 

Tendrement, il la fait se retourner. Ils se font face. Il l’attire à lui et l’enlace…mais ne l’embrasse pas. Elle est déçue mais ne le montre pas.  

Ils se séparent et il lui attrape le bras.  

« - Allez viens, on va dans le parc !!! » et le voilà qui l’entraîne derrière lui, courant.  

« - Hein quoi ? Pourquoi le parc ? Ryô arrête, c’est pas facile de courir avec ce genre de robe… »  

Il ralentit le rythme mais continue de la guider jusqu’à l’entrée du parc. (c’est un parc urbain, il n’est pas fermé pendant la nuit…comme Les chartreuses à Lyon…).  

Haletante, elle s’arrête pour reprendre son souffle.  

« - Ok, Ryô, on est arrivé. Il n’a pas disparu dans la quatrième dimension…Super…et maintenant qu’est ce qu’on fait là ?… »  

Il lui lance un clin d’œil et pénètre dans le parc.  

Elle hésite.  

« - Heu, il est peut être tard, non ? Enfin, je veux dire, de nuit, comme ça… »  

« - Allons Kaori. Tu es avec le professionnel le plus craint du milieu. Que peux-tu risquer ? »  

Elle part d’un rire franc. C’est vrai que peux-elle risquer ? Il est avec elle et elle a des massues en provision (puisque aucune n’a servi de toute la soirée).  

Elle le suit et ils s’engouffrent dans le parc.  

 

Il atteignent un banc et s’assoient. Les odeurs des cerisiers en fleur viennent les enivrer. C’est la nuit, mais les odeurs sont toujours présentes. Les bruits ont disparu pour laisser la place à la nature endormie.  

Un silence s’installe entre eux.  

Ryô est adossé, les bras prenant appui sur dossier du banc. Plutôt une attitude décontractée. Kaori a croisé les genoux car la robe est quand même bien fendue, mais elle aussi est dans une position détendue.  

Ici les lumières de la ville sont tamisées. D’un accord tacite, ils lèvent les yeux au ciel et observent les étoiles. Magnifique !  

Paix.  

Pourtant….  

 

« - Ryô, j’ai peur… » Pas la peine d’être plus explicite, il a compris.  

« - Hein, toi qui effrayes même les plus grands criminels avec ta massue… »  

« - Idiot…C’est pas facile à dire, tu sais…Dis, tu pourrais être l’homme d’une seule femme ? » Pourquoi ces maudites craintes reviennent-elles ?  

« - Et priver toutes les autres de ma présence, non ! »  

Mais pourquoi a-t-il dit ça ? Mais, elle sait très bien qu’il ne s’agit que d’une pirouette, pour éviter d’exprimer la vérité. Elle répond sur le même ton amusé.  

« - C’est vrai ! Ne plus être harcelée par un pervers ce serait un trop beau cadeau pour les femmes japonaises ! »  

Léger silence.  

« - Alors qu’as-tu pensé de ta soirée, Kaori ? »  

« - La seule ? Pour mon anniversaire ?»  

« - Non ! La première, seulement j’espère être un peu moins gentleman les autre fois… »  

« - C'est-à-dire ?…. »  

« - Pouvoir plus te tripoter…. »  

« - Ryô !! » Elle réfléchit un instant. « Ah, je suis tripotable maintenant ?… »  

« - Plus encore… Bon, disons, pouvoir être encore plus proche de toi »  

« - Proche comment ? » Elle le taquine gentiment…  

« - Proche comme …hum….deux lapins…. »  

Kaori rit largement à l’évocation…  

« - Oh, l’image romantique, c’est bon… »  

 

Le silence se réinstalle entre eux. Ce n’est pas un silence gêné, cependant tous deux sentent bien qu’il reste des ombres.  

 

C’est Ryô qui réengage la conversation, moitié pour elle, moitié pour lui :  

« - Vivre dans la peur, c’est vivre à moitié… »  

« - Mais… »  

« - Je sais, c’est banal…mais je me sens tellement mieux avec toi à mes cotés que j’en ai honte… »  

« - Ah non, on ne revient pas là dessus, Ryô Saeba…c’est trop facile. »  

« - Je ne voudrais pas te lier à moi s’il reste une possibilité… »  

« - Arrête, on ne va pas camper sur ces positions éternellement… » Il commence franchement à l’énerver en n’acceptant pas les faits. Faudra-t-elle qu’elle le secoue ?  

« - J’aurais toujours peur d’avoir mal choisi… »  

Kaori explose. Trop c’est trop. Elle se lève de son banc et fait les 100 pas devant lui.  

« - Bien sur que tu as peur, que j’ai peur, et alors ? Depuis quand le grand City Hunter se laisse-t-il dominer par ses inquiétudes…le tueur froid, l’homme qui a été élevé chez les guérillos, l’homme qui regarde la mort dans les yeux et lui rit sarcastiquement au nez ? »  

Elle n’a pas pu s’empêcher de lui renvoyer l’image qu’il essaye d’avoir en règle générale dans les situations critiques (bon, il y a aussi celle du pervers, mais cette fois-ci elle l’oublie). Un surhomme, c’est vraiment ce qu’il veut être ?…Ne voit-il pas que ce dont elle a besoin c’est de lui, de Ryô Saeba…. Personne d’autre.  

Il s’étonne de sa véhémence. Il essaye pourtant encore d’éviter l’inévitable. De la protéger…  

« - Ryô, regardes moi ! Premièrement, c’est moi qui aie choisi et deuxièmement c’est à moi d’avoir peur. Non seulement, je rêve d’être lié à toi mais en plus, ce faisant, tu risques encore plus d’être atteint à travers moi…Alors, je t’en prie, arrêtes de te plaindre et de te demander si ton choix est le bon. Tu ne vois pas que c’est ce que je voulais depuis 10 ans et que, pourtant, j’ai autant d’inquiétudes que toi…des craintes sur toi, pour toi, sur moi, sur nous…Contrairement à Falcon ta cécité n’est pas physique…T’es encore plus aveugle que lui, tu sais… »  

Il la regarde. Elle est si jolie en colère. Ces yeux envoient des éclairs et dissimulent mal son envie de lui. Ces sentiments pour lui sont visibles dans le moindre de ces gestes. Il sait qu’il les partage.  

Elle est si innocente, mais l’innocence du cœur, celle qui permet d’offrir sa sympathie à qui lui demande. Elle est aussi force et courage, timide et volontaire…Et bien d’autres qualificatifs qui la rende unique à ses yeux.  

 

Il se lève et se plante devant elle.  

« - Tu est en train de me dire que je me cache derrière mon indécision ? »  

« - Exactement… » Mais la colère est tombée, elle lui sourit…  

 

Il comprend alors qu’on n’est jamais maître de son destin mais que de rares fois on peut l’influencer…que l’Homme est libre de ses choix…et qu’être humain c’est aussi en accepter les conséquences. Que la rédemption ne passe par forcément par le refus de toute forme de bonheur…Que de chemin parcouru pour réussir à contempler le visage rayonnant de sa partenaire qui le dévore d’envie.  

Impossible de tout contrôler, vain de le vouloir. La vie, c’est aussi tenter et croire au-delà même de la foi. Stupidement. Indéfectiblement. Éternellement.  

Il sait que jamais elle n’osera faire le premier pas, mais l’appel de son âme résonne en lui.  

Il est allé trop loin. La ligne rouge est depuis longtemps franchie.  

Ils souffrent tout les deux de cette situation bancale. A quoi cela sert-il de souffrir ? Pas grand chose de noble là dedans… Oui, il voulait la protéger, mais il y avait aussi de la peur, de l’orgueil et de la fierté….  

Il avait tant de chose à dire à Kaori, à vivre avec elle, des choses qu’il n’avait pas osées car il croyait que demain viendrait assez tôt. Mais, ils avaient failli se perdre. Et il avait compris qu’il n’y aurait jamais de douleur aussi forte pour eux que celle-là.  

 

Il plonge dans ces yeux bruns et n’a plus aucun doute.  

Il la prend dans ses bras et l’embrasse. Au début, elle est surprise, déroutée. Mais ce baiser, elle l’attend depuis si longtemps qu’elle le lui rend avec encore plus de force.  

Ils s’embrassent. Ils s’embrasent  

Peut-on vraiment décrire leur baiser ? Une plongée dans un océan de sensations et de sentiments. Une disparition momentanée du moi, une communion avec l’univers, un état second d’apesanteur.  

Avec ce baiser ils se sont tout dit et, en même temps, ont seulement amorcé leur découverte de l’autre.  

Ils se connaissent et s’aiment depuis si longtemps et pourtant, pourtant, ils savent qu’une vie ne leur suffira pas pour se prouver leur amour.  

De ce baiser ils ne garderont pas beaucoup de souvenirs, seulement, l’accord tacite qui ne fait que confirmer ce qu’ils sont l’un pour l’autre.  

Le baiser ne promet rien. Pas de promesse d’amour éternel. Chacun n’a que trop conscience de l’inéluctabilité de leur mort. Et c’est justement cette connaissance qui les pousse enfin à vivre, à accepter leurs sentiments réciproques, à les partager. Vivre malgré les dangers, les souffrances, les doutes, les larmes, les peurs… Leur échange est le terme d’un long et difficile chemin et le commencement d’une connaissance.  

Ce baiser aurait pu être une explosion mais c’est une concrétisation, l’émergence de sentiments qui les dévoraient de l’intérieur et à qui, enfin, on permet d’affleurer à la surface des êtres.  

Il est impossible de le décrire totalement. Il est aussi unique que Ryô et Kaori le sont. Peut-être sucré, tendre, gourmand mais également salé, impatient, insatiable !!! Il est une folle ronde de possibilités.  

 

Quand le baiser se termine, que la terre semble reprendre sa marche normale, ils se séparent avec réticente.  

« - Rentrons… » Ryô.  

« - Ok… »  

 

Dans l’appartement, une gêne subite les saisit. Il est particulièrement difficile de remettre une éternité d’habitudes en cause. Ryô ne veut toujours pas presser les choses. Paradoxalement, il a l’impression que le temps ne compte plus pour eux.  

Ils vont se séparer. Chacun dans sa chambre pour réfléchir aux implications, aux comportements à prendre dés que le jour sera levé.  

Elle le retient par le bras.  

Il se retourne et la dévisage.  

Sans le regarder, elle lui demande :  

« - Ryô, nous c’est plus qu’un baiser… » mi question, mi affirmation. Surtout il y a une autre demande derrière celle-ci. Ryô la comprend très bien.  

« - Tu es sûr ? »  

« - Non… »  

« - Alors ? »  

Le temps d’un battement d’aile d’un papillon qui durerait une éternité, ils restent là, sans bouger. Elle le tient par le bras. Il la regarde. Elle a les yeux baissés.  

 

Soudainement, elle s’élance vers lui et l’embrasse.  

Étrange échange. Il est surpris par ce baiser.  

Elle semble y chercher une réponse, une confirmation.  

Il essaye d’y mettre son besoin, son désir et tous les sentiments qu’il a pour elle : respect, confiance, tendresse et tellement d’autres qui le submergent…Et au dessus de tout, il y a l’amour qu’elle lui inspire. C’était donc ça, l’amour ! Comment se tromper sur cette lame qui le traverse ? Pas de la fraternité, ni de la protection, ni de la reconnaissance.  

Une conviction bien plus forte, profonde et infinie comme le ciel, chaude et réconfortante comme la terre. Il est surpris par le nombre de sensations et de pensées dont Kaori est la source.  

 

Elle se détache de lui à regret. Elle a trouvé sa réponse. Elle est paniquée à l’idée d’être séparée de lui. En tout cas, cette nuit. Mais comment lui faire comprendre ? Elle pense qu’il va partir et ne sait pas le retenir. Va-t-il lui reposer la question ?  

Moment de flottement. Les mots perdent leur signification. Il ne reste que deux êtres humains et l’amour qui lutte contre la peur de se tromper, de souffrir.  

 

Ryô tend la main à Kaori. Une invitation autant qu’une demande. Leurs yeux se cherchent. Ils se trouvent. Ce qu’elle y voit la rassure et la convint, si besoin est. Elle accepte cette main tendue en même temps que son cœur explose de joie.  

Il la guide vers sa chambre.  

 

La porte se referme discrètement derrière eux.  

 

Plus tard…  

Elle se réveille, un peu désorientée dans le lit de Ryô. Pas en pyjama. Elle a fini par attraper une chemise de Ryô qui traînait. Elle sent des bras vigoureux qui l’enlacent. Elle se tourne sur sa gauche et le voit à coté d’elle. Elle contemple son visage, si près du sien qu’elle sent son souffle sur son nez. Il dort, et, pour la première fois, elle comprend qu’il se repose vraiment, que ses démons intérieurs se sont apaisés. Elle le sait car, elle aussi, ressent cette compréhension intime. Celle d’être exactement à sa place, en accord total avec l’univers.  

Elle a fusionné avec lui. Elle ne sait pas qu’elle autre mot utiliser. Elle a eu l’impression terrible de se perdre et de renaître, de ne faire plus qu’une seule entité avec Ryô. Un accord intérieur.  

Elle n’a guère eu le temps de rationaliser ses émotions. C’était si fort qu’elle n’a même pas envie d’y réfléchir. Elle a senti ne faire qu’un avec Ryô, sans pour autant abandonner son identité propre.  

Elle s’approche encore un peu de lui. Il ressert instinctivement son étreinte, comme pour la lier à jamais à lui, pour être sur de ne pas la perdre. Elle sourit. Ne sait-il pas encore qu’il ne la perdra jamais ?  

Leurs respirations s’harmonisent. Elle se rendort.  

 

Quiétude. Apaisement. Ensemble. En phase.  

Ils dorment.  

 

 

 


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